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Un pari fou.

Episode 1. Un pari fou.

Mon trajet quotidien à bicyclette, de quelques 30 kilomètres, est ponctué d’arrêts aux feux rouges. J’en profite pour reprendre mon souffle, surtout dans la montée de la rue des Pyrénées, mais aussi pour lever le nez de mon guidon et observer la ville. Les gens, leur chien, les frontons des immeubles, les arbres, et bien sûr les affiches des kiosques et des panneaux publicitaires.

Ce matin-là, c’est la une du magazine, « Entreprendre », sur le kiosque situé place Gambetta qui attire mon attention.  » DOMINIQUE ROMANO – IL INVESTIT SUR DES PROJETS FOUS . Vente-privée, start-up , Seine St-Denis, La Pérouse…

Entreprendre Dominique Romano Il investit sur des projets fous
Entreprendre Dominique Romano Il investit sur des projets fous

Le feu passe au vert et je repars, tout ébouriffé encore par ce titre. Les héros sont désormais des capitalistes entrepreneurs. De mon temps c’était Tintin. Autre époque, autres références.

Le même jour, en fin d’après-midi, une personne avec des lunettes noires entre discrètement dans la boutique. Il reste 10 minutes à scruter minutieusement les vitrines, et pose une question. Au son de sa voix je le reconnais : Edmond Magne, un ancien confrère qui était établi à Drancy au milieu des années 80. Edmond est un passionné. C’est le genre d’amateur qui a du mal à contenir sa passion et qui, parfois, s’est laissé entrainer par ses pulsions d’achat. Certains ont ainsi gardé de lui des souvenirs mitigés.

Edmond indique avoir accumulé 70 000 modèles. Il a fondé une association: AAMAATOL .  J’admire chez Edmond la volonté qu’il a, et ce depuis que je le connais, d’ouvrir un musée. C’est son objectif, depuis près de 40 ans. A chacune de nos rencontres, je lui demande des nouvelles de son projet, le sujet revient comme un serpent de mer.

Cet aprés-midi, je renouvelle ma question. Et là, Edmond retire ses lunettes noires, me regarde dans les yeux et me répond : « Cela va se faire ! »

« J’ai acquis un terrain de 600 m2 » me dit-il. Et il continue à m’exposer son projet .Monter un complexe, dans la région de Troyes : un musée et une petite salle de spectacle…A ce niveau du récit, je me dois de préciser qu’Edmond a changé de métier et qu’il il est désormais dans le show business. Il programme des chanteurs et des groupes de musiciens.

Comme je m’inquiète de la restauration il me répond du tac au tac : « C’est prévu !  Et ce sera de la gastronomie française !  »

Aux détails et arguments qui étayent la réponse, je comprends qu’Edmond est assurément un fin gourmet voire un peu cordon bleu. Quel projet !

Certes c’est ambitieux mais je suis médusé et admiratif d’un tel enthousiasme. Le soir en vélo, je revois l’affiche et je ne peux n’empêcher de faire le lien entre le titre du magazine et l’ambitieux projet d’Edmond. J »imagine sa rencontre avec M. Romano.

Je me dois cependant ici de mettre en garde Edmond. C’est un projet que j’ai envisagé un moment, il est assez utopique. Le collectionneur prend facilement sa collection pour un musée. Or la collection est une démarche personnelle, sa constitution répond aux goûts et aux choix de ce dernier. Une collection personnelle n’est pas faite pour recevoir la visite du public. Quant au musée, il se doit d’éveiller la curiosité du spectateur, il a un rôle pédagogique.

Une récente visite au musée du Louvre, au département des arts de l’Islam m’a inspiré ces quelques idées. A l’entrée du département le musée a installé quelques vitrines avec des oeuvres phares qui permettent au grand public de mieux appréhender la visite. Ces quelques pièces maitresses sont replacées dans le temps et dans l’espace avec une carte. C’est simple et efficace.

Comme moi, Edmond est amateur de jouets français. Il aura d’ailleurs cette phrase : « Mon truc, c’est la France ! » il voulait bien sûr parler des fabrications françaises.

Cher Edmond, voilà ce que tu pourrais faire à l’entrée de ton musée : un classement chronologique des 10 modèles réduits d’automobiles de fabrication française qui ont marqué l’histoire par leur  innovation technique, le matériau utilisé ou la fonction ludique . Je te fournis ma liste :

  1.   SR Unic taxi (plomb)

2.   CR double phaeton (tôle)

3.  CD Delahaye (plomb)

CD Delahaye limousine
CD Delahaye limousine

4.  jouet Citroën, Citroën C4 (plastiline/tôle)

"Les jouets Citroën" Citroën C4 berline
« Les jouets Citroën » Citroën C4 berline

5.  Solido coffret d’autos Major démontables (zamac)

Coffret Solido Major pour le marché anglais
Coffret Solido Major pour le marché anglais

6.   Norev Simca Aronde (plastique/tôle)

Norev Simca Aronde premier modèle première boîte "lapin"
Norev Simca Aronde premier modèle première boîte « lapin »

7.   Solido Lancia Flaminia (zamac)

Solido Lancia Flaminia (rare couleur)
Solido Lancia Flaminia (rare couleur)

8.   RD Marmande. Panhard Levassor 13,6 L course 1902 (bois)

RD Marmande Panhard Levassor 13,6L course 1902
RD Marmande Panhard Levassor 13,6L course 1902

9.   Champion Lola T70 (plastique/zamac)

Safir Champion maquette bois Lola T70
Safir Champion maquette bois Lola T70

10.    AMR Porsche RSR turbo Martini Le Mans 1974(white metal).

Lors des  quatre prochains épisodes, je donnerai  et développerai les explications sur mes choix. Que ceux qui s’alarment de ne pas voir leur marque favorite dans cette liste attendent donc un peu pour m’écrire.

Et les Dinky Toys?

Elles ne ne viennent qu’après …en 1970-1980. Ces années marquent l’arrivée du phénomène de la collection de miniatures.

Dinky Toys n’a jamais innové. Si ses modèles ont marqué une époque, une génération, ce n’est pas pour leur innovation technique ni pour les choix audacieux des matériaux entrant dans leur fabrication. C’est la qualité de fabrication et le réseau de distribution (magasins de jouets renommés) qui ont contribué à la légende.

D’ailleurs l’idée de départ de Meccano, celle de créer des éléments d’animation pour les trains Hornby, à l’échelle « O » , donc au 1/43, est sérieusement écornée quand on analyse un peu la gamme des berlines Dinky Toys. Les premières en plomb, matériau déjà obsolète en 1934 sont réduites à une échelle proche du 1/50.

Les deux premières miniatures que l’enfant peut identifier sans se tromper, la Simca 5 et la Peugeot 402 sont également reproduites à des échelles nettement inférieures au 1/43. Il suffit de les comparer avec les modèles JRD en plastiline   ou Rivarossi   en bakélite !

Il faudra attendre la 24 N , la Citroën Traction avant pour avoir une vraie Dinky Toys France au 1/43 !

Dès les années soixante-dix, le modèle aura quelque chose de mythique et passera aux yeux de nombreux collectionneurs pour une pièce rare, malgré le nombre d’exemplaires produits, comme le souligne Jean-Michel Roulet dans son ouvrage.

 

L’air de rien.

L’air de rien.

« L’aérodynamique, c’est pour ceux qui ne savent pas construire de bons moteurs ». Cette phrase lapidaire est d’Enzo Ferrari.

Il était coutumier de ce genre de déclarations, quitte à expliquer plus tard, voyant qu’il avait fait fausse route :

« C’est en perdant que l’on voit avec plus de clarté les raisons de la défaite, alors qu’il est beaucoup plus difficile de comprendre les améliorations à apporter sur un modèle victorieux ».

Au début de l’année soixante, l’ingénieur Ferrari, Carlo Chiti, fait installer une soufflerie à Maranello. La concurrence est rude. Les constructeurs anglais ont infligé à Ferrari de lourdes défaites en Formule 1 et dans la catégorie « sport », Maserati devient menaçant avec ses Birdcage.

Les résultats sont là dès 1961, avec les TR61 qui marquent un vrai changement. Désormais les prototypes Ferrari entrent dans l’ère de la modernité.

François Hurel dans son livre « Ferrari au Mans 1961-1967 » estime que les Bugatti victorieuses au Mans avant la guerre étaient pourvues d’un Cx aérodynamique bien supérieur aux premières Testa Rosa, qui plafonnaient à 255km/h dans les Hunaudières.

Comme les constructeurs français qui utilisent des mécaniques de petite cylindrée DB, VP, ou Panhard, Porsche a toujours oeuvré dans l’efficacité aérodynamique  C’est le moyen de compenser le manque de chevaux du moteur, notamment au Mans, dans l’interminable ligne droite des Hunaudières. Ainsi dès 1956, Porsche présente des 550 en carrosserie coupé. (voir le blog sur la Porsche 550 de Solido).

La Porsche Carrera 6 va également faire l’objet d’une étude poussée dans le but de compenser son handicap moteur par rapport aux surpuissantes Ford MK2 de 7 litres de cylindrée ou aux Ferrari 330 P3. Les Carrera 6 utilisent des moteurs de 2 litres (1991cm3).

Il n’est pas question d’aller chercher ces autos en performance pure bien sûr, mais de de gommer une partie du handicap de puissance en travaillant intelligemment sur le Cx de la carrosserie pour l’adapter à la physionomie du circuit du Mans.

Porsche va se présenter au Mans en 1966 avec 6 autos. Trois sont engagées en catégorie sport, catégorie pour laquelle la Porsche Carrera 6 a été homologuée au départ. Les trois autres sont engagées en catégorie prototype, Porsche ayant adopté sur ses 6 cylindres une injection Bosch et un allumage électronique lui faisant gagner10cv (voir le livre de François Hurel « Sport et prototypes Porsche au Mans 1966-1971).

Ces trois autos arborent une carrosserie très différente. Elles sont équipées d’une carrosserie longue queue et d’un capot avant plus long, plus effilé. François Hurel avance un gain de 15Km/h par rapport aux modèles Carrera 6 engagés en sport. En ligne droite, la vitesse passe effectivement de 280Km/h à 295Km/h .

Discrètes aux essais, elles vont surprendre plus d’un observateur en course. Songez. Nous sommes en plein combat Ford-Ferrari. Chaque constructeur a engagé une armada. Ferrari va sombrer totalement. Ford triomphe avec les trois premières places mais, derrière, Porsche accroche les 4ème, 5 ème et 6 ème places.

Les autos ont tourné sans encombre et ont surclassé leurs concurrents en catégorie 2 litres. Porsche remporte l’indice de performance, et aussi la catégorie Sport avec la Carrera 6 courte. La toute nouvelle 911 fraîchement homologuée remporte elle aussi sa classe. Le public retiendra la victoire de Ford bien entendu, mais les spécialistes ont bien compris que désormais il allait falloir compter avec Porsche.

Il faudra attendre que le fabricant de kits en white metal, Mini Racing mette le modèle à son catalogue au début des années 80 pour que les collectionneurs puissent placer dans leurs vitrines une reproduction de ces fameuses versions longues.

Près de 40 ans plus tard, Spark proposera aux amateurs l’intégralité des Porsche Carrera 6 au départ de l’édition 1966. Comme très souvent avec ce fabricant d’origine marseillaise exilé en Chine, le résultat est exceptionnel.

Pourtant, les collectionneurs auraient pu avoir une reproduction de cette auto bien avant celle de Mini Racing.

Lors d’une rencontre avec Claude Thibivilliers à la suite de l’article sur le Berliet Stradair en plastique (lire cet article) j’ai eu la chance de découvrir un projet que ce dernier avait soumis à la direction de Bobigny.

Rappelons que Claude Thibivilliers a été projeteur maquettiste de février 1965 à décembre 1968 et chef de recherches de janvier 1969 jusqu’à son départ en février 1971.

Le projet n’est pas daté. Cependant, Claude Thibivilliers a gardé les photos de l’auto parues dans la presse et deux feuilles de croquis réalisés sur un bloc aux couleurs de l’imprimerie Henon dans le 20ème arrondissement, l’endroit même où étaient imprimés les boîtes et les catalogues !

Sur ces croquis, il a consigné les modifications à apporter au modèle de base : un capot avant plus effilé et surtout, le capot arrière long équipé de deux stabilisateurs. A la vue des croquis et des mesures qu’il a prises, on suppose qu’il était sur place au Mans. Le dessin du capot court, capot de secours, aperçu sans doute au fond du camion atelier ou dans l’enceinte de ravitaillement accrédite cette hypothèse. Claude Thibivilliers le réalisera également. Voulait-il proposer à la direction un modèle avec les deux capots interchangeables à la manière des gadgets que proposait Corgi Toys à l’époque ? On ne le saura jamais.

Claude Thibivilliers avait également gardé un châssis sur lequel il avait indiqué au marqueur les modifications à apporter afin de montrer à sa direction la charge de travail à effectuer.

Le plus surprenant est ailleurs. L’auto reproduisant cette fameuse longue queue portant le numéro 31 est injectée en plastique (rouge) puis peinte de couleur blanche. Il s’est servi de cette dernière pour réaliser son modèle. On peut donc imaginer que plusieurs exemplaires ont été injectés. Que sont-ils devenus ?

Il reste heureusement cet exemplaire et ces croquis. C’est une belle découverte que cette auto, surtout pour l’amateur de Porsche de ces années-là que je suis. (lire le blog précédent consacré à la Porsche Carrera 6)

P.S: Geoff  Goodson, lecteur assidu du blog et fin collectionneur d’outre-Manche,  me signale que Claude Thibivilliers avait publié dans le numéro  66 de Modélisme une photo de ce modèle. Monsieur Greilsamer s’était empressé d’ acquiescer à l’idée.  Merci Geoff pour ce complément d’informations fort intéressant.

 

Au pied de la montagne.

Au pied de la montagne.

En 1966, les amateurs de sport automobile n’ont d’yeux que pour le duel qui oppose Ferrari et Ford pour la victoire au Mans.

Après deux tentatives, Ford parviendra-t-il à décrocher la couronne ?

Depuis plusieurs années, la référence en matière de course d’endurance, c’est Ferrari. Lors de la précédente édition des 24 heures, elle a décroché un neuvième succès. Un record.

Pourtant, en 1966, qui pouvait deviner que ce serait sa dernière victoire au classement général ?

Qui pouvait prévoir que la marque qui allait dominer l’endurance les 20 prochaines années, et supplanter Ferrari au nombre de victoires au classement général et au nombre de couronnes mondiales serait Porsche ? Personne ou presque.

Comme le raconte fort bien François Hurel dans son indispensable livre « Sport & prototypes Porsche au Mans 1966-1971 » aux éditions du Palmier, Stuttgart amorce en 1965 une nouvelle organisation. C’est la montée dans l’organigramme d’un certain Ferdinand Piëch, neveu de Ferry Porsche, ingénieur de son état, qui devient le responsable de la compétition.

C’est aussi à ce moment qu’apparaissent les noms des ingénieurs Hans Mezger (moteur), Helmuth Bott (châssis) et Peter Falk (développement). Des noms que l’on va recroiser les vingt années suivantes, et qu’on associe aux sucès de la marque.

Comme l’explique François Hurel, « Ferdinand Piëch ne nourrissait aucun complexe et était dévoré par l’ambition. C’était un gagneur ! ».

Voilà comment Porsche, qui se cantonnait à des victoires de classe, décida de passer à la vitesse supérieure en cette année 66. Avant, seuls les tracés comme la Targa Florio ou Sebring, favorables à des autos légères, maniables et robustes pouvaient convenir pour la victoire au général.

Un des premiers signes de ce changement est symbolique. Le passage à la couleur blanche à la place de la couleur argent adoptée en 1932, sous le régime nazi par Mercedes puis Auto Union. Après la seconde guerre mondiale, les autos de course allemandes, dont les Porsche d’usine, avaient  gardé cette identification. Pourtant, l’Automobile Club de France avait attribué une couleur à chaque pays dès la création des premières compétitions automobiles afin que le public identifie les concurrents. Le sentiment nationaliste était déjà fort présent à cette époque. La couleur blanche fut attribuée aux concurrents Allemands, le rouge aux Italiens le bleu aux Français et le vert aux Anglais…Ce changement de couleur apparaît comme la volonté de Porsche de montrer que l’on repart pour une nouvelle aventure.

En 1966 Porsche est au pied de la montagne. Le chemin est semé d’embûches. Les victoires s’accumulent, mais il faudra quand même attendre 1969 pour savourer la première couronne mondiale et 1970 pour la première victoire au Mans.

En attendant, l’équipe décrite plus haut vient de concevoir la Carrera 6. Elle est superbe et tranche avec sa devancière la 904. Les ingénieurs sont repartis de zéro. Enfin presque.

Comme l’explique François Hurel, c’est « presque » une vraie voiture de course ». Le bureau d’étude en avait la volonté et la capacité, mais Ferry Porsche fit remarquer à ses jeunes ingénieurs qu’un lot de près de 100 suspensions, freins et roues avait été fabriqué en vue d’une seconde série de Porsche 904, qui n’avait pas vu le jour en raison de l’émergence du projet Carrera 6. Il demanda donc qu’on utilise ces produits sur le prochain modèle, la Carrera 6 !

Les ingénieurs vont devoir se plier aux exigences du patron et revoir leur copie. Ainsi la Carrera 6 va être équipée des grandes roues de 15″ de la 904 au lieu des roues de 13″ qui lui auraient conféré un meilleur Cx aérodynamique. Ces révélations de François Hurel expliquent donc la forme et la hauteur des passages de roue. Ces ailes avant, tout en rondeur donnent à l’auto une physionomie agréable, plaisante à l’oeil.

La voiture va devenir pour les fabricants de jouets l’icône de cette période. Il est révélateur que la Porsche Carrera 6 soit l’auto la plus reproduite en miniature malgré un palmarès modeste (une seule victoire au classement général à la Targa Florio 1966). Les vedettes de l’époque décrites plus haut ne connaitront pas ce succès chez les industriels du jouet. C’est un comble, qui trouve son origine dans la volonté de ne pas jeter un stock de pièces.

Le modèle qui succède à la Carrera 6 en 1967, la 907, aura un palmarès plus glorieux et comptera deux victoires au général. Elle sera même en lutte pour le titre jusqu’à la dernière épreuve. Equipée de jantes de 13″ élargies, ses ailes avant, plates et son capot avant, effilé, plus aérodynamique lui confèrent une allure très différente, nettement moins esthétique, mais bien plus efficace au niveau du coefficient de pénétration dans l’air ! C’est une auto de course ! Le volant est passé à droite, comme pour tous les prototypes de l’époque.

On trouve une reproduction de la Carrera 6 chez Corgi Toys, et ce à deux échelles différentes,  comme Gama, Dalia,   et Mercury,  mais aussi chez Siku, Pilen, Nacoral, Joal,  Norev, Vinyl line, Marx, Buby, Blue Box, Dinky Toys, Solido Chiquicars, Clé, Jean, Brosol, Clifford Tootsietoys, Schuco, Zee toys, Joustra, KDN, Ideal…et même un fabricant russe inconnu !

Bref, il est plus rapide de donner l’identité des quelques fabricants de jouets qui n’ont pas inscrit à leur catalogue la Porsche Carrera 6 : Minialuxe, Champion, Politoys, Tekno, Diapet

Mebetoys l’avait programmée ,et la voiture figure au catalogue…face à la concurrence l’entreprise choisira de se replier sur la 910, comme Märklin et Matchbox d’ailleurs. Jouef qui venait de sortir la 904 l’avait également programmée pour ses circuits électriques, avant de se raviser. On note d’ailleurs un succès généralisé chez les fabricants de circuits électriques.

Pas de doute cette Porsche Carrera 6, indémodable, symbolisera la voiture de course pour le grand public.

Il en est pour preuve sa longévité dans les catalogues des fabricants : Siku, Pilen et Norev entre autres l’ont gardée comme une icône dans leur catalogue. Indémodable de par ses rondeurs et une forme de modernité qui a fasciné les enfants pendant presque 20 ans !

Ce fut mon cas. Elle m’a séduite à jamais avec ses formes douces et demeure aujourd’hui encore ma favorite dans les autos de course. Rendez-vous dans quelques semaines pour une surprise de taille. La découverte récente d’un prototype provenant d’un fabricant français.(lire la suite de l’histoire)

C’est un métier !

C’est un métier !

Vous souvenez-vous de l’achat de votre dernière paire de chaussures? Non? c’est normal. Désormais, on achète généralement ses chaussures chez des commerçants qui pourraient le lendemain vendre des parapluies ou des surgelés.

Vous rappelez-vous la dernière fois qu’un vendeur vous a installé confortablement pour mesurer votre pied, a pris ensuite un chausse-pied pour vous passer la chaussure, vous a demandé de vous lever, et a finalement tâté l’extrémité de la chaussure pour voir où le pied arrivait ? Il y a très, très longtemps n’est-ce pas ?

Pourtant dans la boutique de mes parents, il aurait été impensable qu’un client se serve lui-même et enfile seul la chaussure à son pied.

Mon père qui reprenait l’affaire familiale avait appris son métier en passant son brevet de technicien du cuir. A la fin de ses études, il savait, entre autres, fabriquer une chaussure de A à Z. Je revois dans son bureau les exemplaires qu’il avait présentés en fin de cycle pour valider son diplôme comme d’autres présentent une thèse. Il était fier de me montrer son travail d’artisan. Ces chaussures, de taille réduite, de la pointure de celle d’un enfant de dix ans en fait, reprenaient exactement les formes des chaussures d’adulte.

Mon père aimait faire partager son métier et sa passion du cuir à ses clients en les conseillant. Une chaussure, il savait ce que c’était et comment c’était fait ! Il prenait parfois le temps de faire une réparation pour un client. C’était une autre époque. Il faut vivre avec son temps.

Désormais, une paire de chaussures cousues main, n’est pas à la portée de toutes les bourses…et qui sait encore apprécier ce travail ?

Dans mon magasin, il arrive qu’un nouveau client me demande mon avis. Que me conseillez-vous pour débuter une collection ? Pas facile de répondre à ce type de question…

Une collection c’est une réunion d’objets choisis en fonction d’une sensibilité personnelle. Elle reflète la personnalité de chacun et en dit souvent beaucoup sur son existence. Les souvenirs, les affinités pour un constructeur automobile, ou pour un fabricant de jouets, mais aussi les rêves. Tous ces éléments façonnent le collectionneur de jouets automobiles.

Si la personne a une affinité avec les Dinky Toys, alors je l’orienterai sans hésitation sur les camions de la série 25 anglaise !

Pourquoi ? Ces modèles répondent parfaitement à « l’esprit » Dinky Toys : des miniatures automobiles créées pour animer les réseaux de trains Hornby.

Quoi de plus vivant que ces camions 25 imaginés pour faire vivre les quais de marchandises Hornby. Avec un peu d’imagination, il est facile de voir le « 25 E » équipé de sa benne basculante venant chercher le sable qui arrive par wagon tombereau ou bien le  » 25C » avec sa carrosserie plateau chargeant ses fûts et ses sacs de toile sur le quai de la gare de marchandises. Avec leurs carrosseries variées ils ont attisé l’imagination des enfants.

Ces camions « 25 » ont participé à la vie des réseaux Hornby, bien plus encore que les autos, cantonnées au rôle de décor fixe. Observez les photos de diorama créés par Meccano, les autos sont le plus souvent sur des parkings. Ce n’est donc pas un hasard si la gamme des autos s’est rapidement développée de manière autonome.

Les autos de la série 24 ont pris leur indépendance dans les catalogues Meccano où rapidement elles ont été conçues comme des reproductions automobiles que les enfants pouvaient identifier comme telles : Daimler, Chrysler, Rolls Royce et Vauxhall. Elles ont rapidement perdu leur fonction d’animation des réseaux de train contrairement aux petits utilitaires.

Signalons une incohérence de la part de Meccano. On dit toujours que l’échelle choisie pour sa gamme Dinky Toys a été le 1/43, échelle correspondant à l’échelle de reproduction de ses trains Hornby.

Si cela est vrai pour les autos, force est de constater que pour d’évidentes raisons de coût (la quantité de zamac est moindre pour un camion réduit au 1/50 qu’au 1/43), de logique de gestion (taille des boîtes de conditionnement identique pour les autos et les camions) mais aussi d’harmonisation et d’équilibre esthétique, ces camions série 25 sont réduits au 1/50 environ.

Le succès international de ces camions 25 est dû à une autre cause. Ces camions ont une forme générique. Après guerre Dinky Toys oubliera cet aspect, se cantonnant à reproduire des véhicules (trop?) typés britanniques (voir le blog consacré au Leyland Comet)

Tout enfant, qu’il soit américain, suédois, brésilien ou anglais, reconnaît dans ce jouet la reproduction du camion qu’il croise au coin de sa rue tous les matins. C’est l’image, le stéréotype du camion du milieu des années trente, avec son petit capot et ses deux gros phares accolés à la calandre .

Les couleurs participent aussi au charme de la série. Très colorés avant-guerre, période d’insouciance ils vont, à partir de 1946, date de la reprise d’activité à Binns Road, s’habiller de nuances sobres, représentatives de cette période d’après. Les nuances vont du beige au gris, en passant par le vert et le bordeaux.

C’est l’époque. Cependant, comme pour essayer de retrouver un peu de joie, Binns Road ajoutera un peu de jaune, de rouge et même d’orange. On note que généralement ces couleurs sont les plus difficiles à se procurer aujourd’hui, prouvant bien qu’elles ont été faites en petite quantité.

Enfin, dernier élément, et non des moindres pour justifier mon choix. Ces modèles, je parle des productions d’après-guerre, sont pour la plupart encore faciles à se procurer. Leur cote est donc très abordable. De plus, on peut assez facilement, trouver des modèles en très bel état de conservation. les prix sont raisonnables, la gamme n’attire pas les faussaires !

Je suis surpris qu’il n’y ait pas plus d’amateurs. Sûrement parce que peu de gens ont su montrer tout l’intérêt de ces camions qui synthétisent merveilleusement l’esprit Dinky Toys.

Un Dinky Toys doit-il être cher pour être beau ? sûrement pas ! Certains vont me dire qu’ils n’ont pas de boîtes ? J’entendais déjà il y a trente ans cet argument, notamment en Grande-Bretagne, où ces objets du fait de l’absence de boîtage intéressaient peu de collectionneurs.

Les mentalités évoluent lentement, et si je devais donner un conseil ce serait de profiter des prix modérés.

Green Cad’

Green Cad’

Splendide, impériale, elle trône dans une artère d’un quartier de New York que l’on devine huppé. Elle est à sa place . C’est une Cadillac. Rutilante dans sa robe bleu-vert métallisé.

Je devrais d’ailleurs dire « elles » car elles sont deux, en tout point identiques. Tout le long du film  « Green Book » de Peter Farrelly, elles vont servir de fil conducteur à l’histoire. Un road movie à travers les Etats du sud de l’Amérique avec pour acteurs un chauffeur italo-américain et trois musiciens de jazz.

Or au début des années soixante, dans les Etats du Sud, la ségrégation raciale est toujours très présente.

Le film est tiré d’une histoire vraie : la rencontre improbable d’un pianiste surdoué, Don Shirley qui, du fait de sa couleur de peau n’a pu faire une carrière de soliste et d’un immigré d’origine italienne, Tony Lip, qui accepte le boulot de chauffeur de maître le temps d’une tournée pour renflouer son compte en banque.

Tout les oppose. Si le pianiste noir est raffiné, cultivé, le chauffeur qui s’est donné comme surnom « Tony la tchatche » est plutôt mal dégrossi et capable de manger au volant de sa Cadillac son fried-chicken avec les mains !

Petit plaisir auquel il initiera son illustre passager.

En se tournant vers le jazz, Don Shirley a obtenu la reconnaissance d’un public de connaisseurs. Il sera même invité à la Maison Blanche, par les Kennedy qui veulent faire bouger les mentalités sur la question de la ségrégation raciale.

Pianiste reconnu, il est recherché par la bonne société chez qui il est de bon ton de l’inviter. Comme par défi choisit de faire une tournée dans les Etats du Sud.

Malgré sa renommée il va connaitre les humiliations faites aux gens de couleur : les hôtels, les restaurants, les bars réservés aux noirs. Le titre du film de Peter Farrelly, « Green book » reprend le titre du guide édité pour les gens de couleur qui voyageaient, afin de leur indiquer les endroits où ils étaient autorisés à s’arrêter.

Une des scènes les plus marquantes est celle où le trio est invité à jouer chez un riche propriétaire du Sud qui a organisé une réception fastueuse. La Cadillac est garée devant l’entrée de l’opulente demeure.

On leur fait remarquer que leur auto a la place d’honneur. Aux yeux de tous elle est bien le symbole de la réussite et ils sont accueillis comme des hôtes de qualité.

A l’entracte cependant, Don Shirley se verra interdire par le majordome l’accès des toilettes et sera invité à utiliser la cabane en bois, au fond du parc, réservée aux gens de couleur !

Il sera finalement moins bien traité que sa voiture.

De nombreux fabricants de jouet ont reproduit cette fameuse Cadillac 62 (millésime soixante), auto  qui a marqué une époque.

La couleur verte est omniprésente chez les différents fabricants de jouets qui l’ont mise à leur catalogue : du vert pâle  et du vert foncé de la Politoys au bleu-vert métallisé des Dinky Toys, Cherryca et Diapet.

La teinte de ces trois dernières ressemble à celle vue dans le film. A cette époque les peintures métallisées sont synonymes de luxe. Cette couleur sied parfaitement au modèle. Le fabricant anglais Lonestar optera pour un bleu soutenu et un  bleu pâle pour sa version réalisée pour Tootsietoy.

Et puis elle change de la couleur noire fortement associée à la marque. On ne compte plus les films avec des Cadillac noires, accessoires de la pègre, du pouvoir, de la finance. Cherryca Phenix la déclinera également dans cette teinte .

Le premier constat que l’on peut faire est qu’à part Politoys, les trois autres fabricants de jouets ont choisi une échelle de reproduction plus proche du 1/50, afin de la faire cohabiter avec le reste de leur gamme, sans que cela entraîne des surcoûts de fabrication et des problèmes de conditionnement.

La Politoys est donc au 1/43 mais souffre de ses parties ouvrantes disgracieuses. Dommage. Il existe, comme pour toutes les Politoys une dérivée mexicaine chez Mc Gregor . Elle porte sur son châssis le logo de la firme de Mexico. Elle est également équipée de jantes différentes qui évolueront au gré de la production.

Celle proposée par Dinky Toys est à l’image de la firme de Liverpool. Elle symbolise son déclin. Les formes sont brouillonnes, mal proportionnées. On a du mal à percevoir toute la classe de cette auto. Que dire des versions peu crédibles  « police US » et « police montée canadienne »?

Cherryca Phenix ne réussira pas non plus à traduire les qualités de la Cadillac. C’est bien le conditionnement (taille de la boîte) qui a contraint Cherryca à la compresser .

On ne comprend pas comment la marque japonaise qui a offert une belle Dodge Polara, une Chevrolet Impala ou une Ford Falcon des plus réussies a pu ainsi rater sa Cadillac. La firme japonaise avait les moyens d’offrir une « belle » Cadillac mais l’harmonisation des boîtages a eu le dernier mot. Dommage. Cette Cadillac est difficile à se procurer. Elle me semble plus rare que les autres reproductions d’autos américaines.

 

La version tardive, sortie chez Diapet est très rare. La boîte blanche, portant juste un tampon avec la référence et le nom du modèle prouve que la quantité produite fut des plus réduite. Elle se distingue par sa couleur (bicolore) et par le logo Diapet frappé sur le chassis.

On reste admiratif devant le talent d’un cinéaste qui, dans « Green book », en utilisant des véhicules d’une autre époque, quelque panneaux de signalisation ou des publicités réussit à nous replonger dans le passé.