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Green Cad’

Green Cad’

Splendide, impériale, elle trône dans une artère d’un quartier de New York que l’on devine huppé. Elle est à sa place . C’est une Cadillac. Rutilante dans sa robe bleu-vert métallisé.

Je devrais d’ailleurs dire « elles » car elles sont deux, en tout point identiques. Tout le long du film  « Green Book » de Peter Farrelly, elles vont servir de fil conducteur à l’histoire. Un road movie à travers les Etats du sud de l’Amérique avec pour acteurs un chauffeur italo-américain et trois musiciens de jazz.

Or au début des années soixante, dans les Etats du Sud, la ségrégation raciale est toujours très présente.

Le film est tiré d’une histoire vraie : la rencontre improbable d’un pianiste surdoué, Don Shirley qui, du fait de sa couleur de peau n’a pu faire une carrière de soliste et d’un immigré d’origine italienne, Tony Lip, qui accepte le boulot de chauffeur de maître le temps d’une tournée pour renflouer son compte en banque.

Tout les oppose. Si le pianiste noir est raffiné, cultivé, le chauffeur qui s’est donné comme surnom « Tony la tchatche » est plutôt mal dégrossi et capable de manger au volant de sa Cadillac son fried-chicken avec les mains !

Petit plaisir auquel il initiera son illustre passager.

En se tournant vers le jazz, Don Shirley a obtenu la reconnaissance d’un public de connaisseurs. Il sera même invité à la Maison Blanche, par les Kennedy qui veulent faire bouger les mentalités sur la question de la ségrégation raciale.

Pianiste reconnu, il est recherché par la bonne société chez qui il est de bon ton de l’inviter. Comme par défi choisit de faire une tournée dans les Etats du Sud.

Malgré sa renommée il va connaitre les humiliations faites aux gens de couleur : les hôtels, les restaurants, les bars réservés aux noirs. Le titre du film de Peter Farrelly, « Green book » reprend le titre du guide édité pour les gens de couleur qui voyageaient, afin de leur indiquer les endroits où ils étaient autorisés à s’arrêter.

Une des scènes les plus marquantes est celle où le trio est invité à jouer chez un riche propriétaire du Sud qui a organisé une réception fastueuse. La Cadillac est garée devant l’entrée de l’opulente demeure.

On leur fait remarquer que leur auto a la place d’honneur. Aux yeux de tous elle est bien le symbole de la réussite et ils sont accueillis comme des hôtes de qualité.

A l’entracte cependant, Don Shirley se verra interdire par le majordome l’accès des toilettes et sera invité à utiliser la cabane en bois, au fond du parc, réservée aux gens de couleur !

Il sera finalement moins bien traité que sa voiture.

De nombreux fabricants de jouet ont reproduit cette fameuse Cadillac 62 (millésime soixante), auto  qui a marqué une époque.

La couleur verte est omniprésente chez les différents fabricants de jouets qui l’ont mise à leur catalogue : du vert pâle  et du vert foncé de la Politoys au bleu-vert métallisé des Dinky Toys, Cherryca et Diapet.

La teinte de ces trois dernières ressemble à celle vue dans le film. A cette époque les peintures métallisées sont synonymes de luxe. Cette couleur sied parfaitement au modèle. Le fabricant anglais Lonestar optera pour un bleu soutenu et un  bleu pâle pour sa version réalisée pour Tootsietoy.

Et puis elle change de la couleur noire fortement associée à la marque. On ne compte plus les films avec des Cadillac noires, accessoires de la pègre, du pouvoir, de la finance. Cherryca Phenix la déclinera également dans cette teinte .

Le premier constat que l’on peut faire est qu’à part Politoys, les trois autres fabricants de jouets ont choisi une échelle de reproduction plus proche du 1/50, afin de la faire cohabiter avec le reste de leur gamme, sans que cela entraîne des surcoûts de fabrication et des problèmes de conditionnement.

La Politoys est donc au 1/43 mais souffre de ses parties ouvrantes disgracieuses. Dommage. Il existe, comme pour toutes les Politoys une dérivée mexicaine chez Mc Gregor . Elle porte sur son châssis le logo de la firme de Mexico. Elle est également équipée de jantes différentes qui évolueront au gré de la production.

Celle proposée par Dinky Toys est à l’image de la firme de Liverpool. Elle symbolise son déclin. Les formes sont brouillonnes, mal proportionnées. On a du mal à percevoir toute la classe de cette auto. Que dire des versions peu crédibles  « police US » et « police montée canadienne »?

Cherryca Phenix ne réussira pas non plus à traduire les qualités de la Cadillac. C’est bien le conditionnement (taille de la boîte) qui a contraint Cherryca à la compresser .

On ne comprend pas comment la marque japonaise qui a offert une belle Dodge Polara, une Chevrolet Impala ou une Ford Falcon des plus réussies a pu ainsi rater sa Cadillac. La firme japonaise avait les moyens d’offrir une « belle » Cadillac mais l’harmonisation des boîtages a eu le dernier mot. Dommage. Cette Cadillac est difficile à se procurer. Elle me semble plus rare que les autres reproductions d’autos américaines.

 

La version tardive, sortie chez Diapet est très rare. La boîte blanche, portant juste un tampon avec la référence et le nom du modèle prouve que la quantité produite fut des plus réduite. Elle se distingue par sa couleur (bicolore) et par le logo Diapet frappé sur le chassis.

On reste admiratif devant le talent d’un cinéaste qui, dans « Green book », en utilisant des véhicules d’une autre époque, quelque panneaux de signalisation ou des publicités réussit à nous replonger dans le passé.

 

La Cadillac du peuple

La Cadillac du peuple

« Vous savez, avec l’amour on arrangerait bien des choses. Même dans les bureaux de vote. D’ailleurs faut pas voter. Chacun le sait. Les gens votent, c’est comme cela ; c’est la Cadillac du peuple. Alors on les fait monter de temps en temps dans la Cadillac. Ils en descendent vite. »

Les propos sont de Léo Ferré. Je les ai relevés dans une émission de France Musique qui rendait hommage au poète. J’ai été touché par ces mots que Ferré débitait sur un ton presque anodin, bien loin de la gravité du propos. Il part d’un constat, puis rebondit et va là où on ne l’attend vraiment pas. N’est-ce pas le rôle de l’artiste de provoquer, de questionner, de faire réfléchir?  Avec ces mots simples il nous interpelle sur un sujet qui nous concerne tous, la démocratie.
Ce qui m’a accroché c’est bien sûr la comparaison entre l’action d’aller voter et celle d’un voyage en automobile de luxe. Mais c’est aussi le fait d’avoir choisi une marque qui ne viendrait pas spontanément à l’esprit.

Comme symbole d’un voyage luxueux, on penserait plutôt à la marque anglaise Rolls-Royce. On sait qu’une rumeur circula dans les années soixante sur le fait que Léo Ferré possédait une Rolls Royce.

La rumeur avait sûrement été lancée dans le but de troubler dans l’opinion publique l’image d’un artiste engagé et dérangeant. Mais elle n’avait aucun fondement comme le confirme le biographe de l’artiste Robert Belleret.

C’est peut être pour cela qu’il a choisi dans sa démonstration la marque Cadillac et non Rolls-Royce, pour ne pas troubler davantage les esprits. Ceci n’est qu’une supposition car Léo Ferré n’était pas du genre à esquiver.

Personnellement, si je dois associer la représentation du suffrage universel à celle d’un voyage, c’est plutôt l’image d’Ulysse qui me vient à l’esprit, lorsque revenant de l’île des morts, il demande à ses compagnons de l’attacher au mât de son navire pour ne pas succomber aux chant des sirènes.

Afin d’illustrer ces propos, j’ai choisi des miniatures de la marque Mercury. En effet la firme de Turin a inscrit  de manière quasi  simultanée à son catalogue une Rolls-Royce et une Cadillac Eldorado cabriolet. L’occasion était trop belle.

Cette dernière est considérée par beaucoup comme la plus belle miniature jamais reproduite. Mon père a toujours eu une grande affection pour cette auto, qui nous a marqués à tout jamais.

Au début des années 80, il en acheta 18 exemplaires différents issus d’une même collection.  La personne les avaient  toutes acquises dans les années soixante en magasin, fait rarissime  à une époque où l’on se contentait d’un seul exemplaire. On imagine combien cette auto lui tenait à coeur.

 

C’est un superbe modèle, image du luxe à l’américaine, vendue sous la référence 28   dès 1956. Cette miniature n’aurait pas déplu à Léo Ferré, lui qui naquît à Monaco. Il dut en croiser plus d’une dans les rues de la Principauté.

Sera-t-elle fiable pour aller voter dimanche ? Une chose est sûre, d’une telle auto, on n’a pas envie de descendre.