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Pas de quoi en faire un disque !

Pas de quoi en faire un disque !

Désormais, rien n’arrête les metteurs en scène d’opéra, Calixto Bieito introduit des Mercedes de seconde main dans Carmen tandis que Laurent Pelly invite un kombi Volkswagen dans son Arianne à Naxos. Alors, pourquoi pas un tracteur dans le ballet « Appalachian Spring » de Martha Graham ? (voir le blog consacré à cette commande de Martha Graham au compositeur Aaron Copland )

En 1944, date de la création du ballet, la mécanisation est une chose acquise pour les campagnes américaines. La chorégraphe aurait donc pu choisir un tracteur d’occasion, parfait pour épauler le jeune couple débutant dans la dure vie de fermier. Voici quelques jouets représentant le matériel qu’elle aurait pu choisir pour son décor.

Un tracteur de seconde main.

La marque qui me semble répondre le mieux aux attentes des petits paysans en herbe est Kansas Toys. Son Fordson est de bonne facture.

Mais ce sont surtout les accessoires créés pour être attelés au tracteur et animer les travaux des champs qui sont somptueux. Charrue, semoir, rouleau et brise-mottes ont été proposés par ce fabricant. Ces ensembles articulés sont de belle qualité. Les couleurs vives finissent d’habiller ces jouets.

Kansas proposa aussi une locomobile à vapeur. Le fabricant est ici facilement identifiable, ce qui n’est pas toujours le cas avec ce type de jouets, du fait qu’il a choisi de cercler d’un trait de couleur le pourtour des roues, simulant un bandage.

Barclay qui est le fabricant le plus prolifique pour ce type de jouets injectés en plomb a bien sûr également proposé des tracteurs. Celui équipé de roues jumelées avant (row crop) est en fait emprunté à la série militaire. Observez le fermier : il a revêtu un casque. Barclay n’a pas jugé utile de modifier le personnage militaire de son tracteur d’artillerie.

L’autre modèle de taille plus modeste semble reproduire un Fordson. Il a aussi été vendu en coffret tractant trois wagonnets.

Savoye a également inscrit deux tracteurs à son catalogue. Le premier est équipé de roues de type artillerie, assez succinctes..On adhère ou pas à ce type de jouets, il faut peut-être du temps pour en apprécier le charme désuet.

L’autre version de forme simplifiée, inspire la puissance. Elle est équipée des fameuses et facilement identifiables jantes en bois de grand diamètre de couleur rouge.

Enfin, Tootsietoys a reproduit un beau tracteur de la marque Star. A l’inverse de Barclay, la firme de Chicago modifiera son tracteur pour l’adapter à l’univers militaire et le transformer en tracteur d’artillerie. Le capot moteur reste identique, mais on notera l’ajout d’un caisson à munitions et la présence d’un soldat au volant. La boîte en carton est des plus rares. Elle contenait des accessoires.

Le tracteur d’avant-garde

Une autre hypothèse fort séduisante pour la chorégraphe d’avant-garde que fut Martha Graham aurait été de présenter sur scène, dans son décor, un tracteur » ultramoderne ».

Alors, imaginons donc ces jeunes fermiers miser sur l’avenir avec du matériel sophistiqué. Le temps de faire les démarches à la banque, deux ans se sont écoulés pour obtenir l’emprunt permettant l’achat du tout nouveau et ultramoderne Ferguson TE20 .

Vous le connaissez sûrement par son nom : « Petit Gris ». C’est un « outil » qui a contribué au développement des campagnes. Il bénéficie surtout d’une invention révolutionnaire : un attelage hydraulique pour accrocher les outils.

Dans l’esprit du grand public ce tracteur marque un tournant esthétique. Fini les tracteurs aux formes cubiques. Les angles droit des « Fordson » et autres tracteurs de la marque « Star » ont fait place aux rondeurs du Ferguson.

De manière étrange, ce tracteur n’aura pas le même succès chez les fabricants de jouets. J’avance l’hypothèse selon laquelle c’est la couleur de ce dernier, gris, peu engageante pour un jouet, qui a conduit les fabricants a préférer les teintes vives, le rouge du Massey Harris, l’orange, du Field Marshall ou même le plus sobre bleu du Fordson.(voir l’article sur le Massey Harris).

Tekno, qui n’avait pas encore de tracteur à son catalogue a choisi ce petit Ferguson. Dans la même  logique, le fabricant danois choisira la couleur orange pour décorer sa miniature. Plus tard quelques exemplaires seront réalisés de couleur grise. C’est un grand classique. C’est surtout le coffret avec tous les accessoires qui provoque la convoitise. Tekno a su mettre en avant tout l’intérêt technique de ce tracteur et notamment son système hydraulique .

Un autre fabricant danois, Lion Molberg a offert en reproduction son descendant qui porte sur le capot l’inscription « Massey Ferguson ». En effet, en 1953 Ferguson s’associera à l’un de ses concurrents, Massey Harris pour créer Massey Ferguson. C’est un jouet splendide et une vraie rareté.

La vie des jouets étant tout sauf un long fleuve tranquille, le moule sera cédé en …Colombie. Chico Toys, l’heureux nouveau propriétaire de l’outillage sortira son modèle dans les années soixante-dix. C’est bien évidemment comme toutes les productions sud-américaines de l’époque une pièce rare, d’autant qu’une partie de la production a été injectée avec du zamac de médiocre qualité qui n’a pas bien résisté dans le temps.

J’en ai croisé deux dans ma vie et je les ai pieusement conservés.

Enfin le modèle produit par Micro Modèls, de couleur grise est tout simplement une rareté.Il est injecté en zamac. Dans les années 90 des copies en white metal furent réalisées .  Il est reproduit  au 1/32. On appréciera le commentaire sur la boîte: « Le tracteur le plus populaire au monde, utilisé quotidiennement dans plus de 76 pays » .

Je l’ai eu en 1986.  Je ne me souviens pas en avoir revu un autre neuf en boîte. Je l’avais acquis à Donnington, auprès d’un amateur venu en vacances  de Nouvelle-Zélande, voir sa famille restée dans la « vieille Europe ». J’ai revu cette personne 25 ans plus tard aux Etats-Unis lors d’une manifestation de jouets anciens et elle se souvenait de notre rencontre en Grande-Bretagne et de ce fameux tracteur.

Qui mettra en scène « La marcha  de triunfo » ?

Y avait-il des mélomanes à la direction de chez Massey Ferguson ? C’est la question que l’on peut se poser à la vue de la pochette de ce disque qui, dans une logique qui m’échappe, sera offert dans ses concessions.

La photo de la pochette ainsi que le titre laissent interrogateur : « La marcha de triunfo » en espagnol. On y voit en photo une parade de tracteurs et autres engins de la marque Massey Ferguson. Les fières postures des conducteurs sont également une interrogation.

Certes, ce sont des Massey Ferguson qu’ils ont entre les mains, mais de là à parader si fièrement ! On est loin de l’image du paysan partant aux champs.

Le titre du disque, « La marcha de triunfo  » semblerait plus indiqué pour un opéra ballet à la gloire du roi Louis XIV, composé par Lully. Les beaux habits de nos glorieux conducteurs pourraient presque nous transporter à Versailles.

Cependant en cherchant le nom et l’origine de l’orchestre on s’aperçoit qu’il s’agit en fait de morceaux d’accordéon, plus près du bal musette du samedi soir que de la galerie des glaces.

Et puis, observez bien. Aucune présence féminine sur la photo. Dans les années cinquante, pour vendre des tracteurs il fallait placer de solides paysans pour conforter l’acheteur sur l’aspect viril de l’engin. Aujourd’hui, aucune marque ne se risquerait à une telle photo. On sait combien, à la campagne comme ailleurs, le rôle de la femme a son importance.

C’est bien ce que Martha Graham mettait en scène dans son ballet : un jeune couple à la campagne, et la vie devant lui.

Restons sur cette belle image.

 

 

 

 

 

 

Oh celle-là, elle est moche !

Oh celle-là, elle est moche !

« Oh celle-là, elle est moche ! Je ne comprends pas que l’on puisse l’acheter ! Qu’en pensez -vous ? Ne me dites pas qu’elle vous plait ! »

C’est ainsi qu’un client s’exprimait à la boutique au sujet d’une auto, un jouet américain de la marque Barclay, un véhicule en forme de bouteille de lait, réduit à l’échelle du 1/43 environ. En voyant l’objet sur mon bureau, dérouté, cet amateur de Solido et de Dinky Toys s’était laissé aller à émettre cet avis résolument tranché.

Je me suis juste permis de lui faire la remarque suivante : « Il serait plus juste de dire que le modèle ne vous plaît pas » .

En fait cette réaction est des plus logique. Lorsque l’on n’a pas toutes les clefs, on laisse plus facilement parler ses émotions. Devant cet objet inconnu et de forme étrange, notre homme avait eu une réaction de rejet.

« ouvrir les yeux des collectionneurs »

Je me souviens que je n’appréciais pas la peinture du douanier Rousseau. Comme mon client, j’avais de grandes réserves sur l’intérêt de ce peintre.

Pourtant, poussé par la curiosité et par l’envie de comprendre je suis allé au musée d’Orsay découvrir l’exposition qui lui était consacrée il y a quelques temps. Ce fut une superbe découverte. Tout d’abord , il faut saluer le travail des commissaires des expositions de ce musée. Ils rendent passionnante la moindre exposition. Nous sommes repartis emballés par cette visite. Surtout nous  avons découvert l’univers d’un artiste. Sachant qu’il s’inspirait des catalogues des grands magasins de l’époque pour y trouver ses décors, j’ai constaté que pour représenter ses navires, avions ou dirigeables il avait pris pour modèles les jouets figurant dans les catalogues d’étrennes. Ceci n’était pourtant pas mentionné dans les passionnants commentaires.

Le blog est donc un formidable outil pour ouvrir les yeux des collectionneurs sur des produits qu’ils n’auraient pas regardé dans d’autres circonstances. Il ne s’agit pas d’inciter à collectionner tel ou tel produit mais simplement de donner des clefs afin de mieux comprendre. Petit à petit, je constate que de nombreux amateurs s’intéressent à des productions qui leur étaient inconnues.

Pour ma part, ce sont les petits ouvrages japonais de M. Noboru Nakajima, édités au milieu des années soixante-dix qui furent le déclencheur de ma curiosité pour l’univers de la miniature automobile. Ils m’ont révélé la diversité et surtout la dimension abyssale de cet univers. Une vie entière ne suffirait pas à tout étudier.

On est admiratif devant la volonté qu’a eu M. Nakajima de rassembler ces miniatures. N’oublions pas qu’à son époque internet n’existait pas. Il fallait beaucoup de courriers pour concrétiser achats et échanges. On sait que ce dernier a beaucoup pratiqué par échange, comme beaucoup de collctionneurs de cette époque. Et là cela renforce mon admiration.

La course aux « Slush »

Voici donc quelques modèles en « slush » que j’ai acquis récemment, et que je tenais à vous présenter. (voir le blog consacré à ces modèles publié précédemment).

Chaque année, lors de mon voyage outre- Atlantique j’ai pour challenge de complèter ma collection de « slush » (modèles injectés en plomb)

Mes préférées sont les autos de course.(voir le blog consacré  à ce sujet)

Voici quelques exemplaires qui sortent des sentiers battus. Outre les couleurs vives, caractéristiques de ces jouets, c’est l’échelle de reproduction, peu fréquente qui m’a impressionné.

La Miller de chez Lincoln est au 1/41 environ.

L’étrange « Bearcat » de chez Kansas est reproduite à une échelle similaire. Le dessin original et, disons-le, rustique, contraste avec la belle Miller.

La Barclay équipée de son système d’éclairage est également rare. En fait c’est cet équipement qui lui confère sa rareté. On appellera cela « version luxe ».

Enfin, la Tip-Top Toy est une firme des plus intéressantes qui n’a rien fait comme les autres. Toute sa production, de belle qualité, s’identifie facilement. C’est Ferd Zegel qui m’a éclairé sur l’intérêt de cette firme. J’ai bien compris le message et je ne laisse jamais passer l’opportunité d’acquérir un modèle de cette marque quand l’occasion se présente.

Des modèles de taille XXXL

Savoye est également une firme intéressante, comme Tip-Top Toys. Ses productions sont reconnaissables aux jantes en bois peintes de couleur rouge dont le dessin est très particulier.

J’ai découvert le véhicule que je vous présente ce jour dans le livre de M. Noboru Nakajima puis dans celui de Philippe Moro et Mick Duprat consacré aux bus et aux cars en miniature. C’est un ouvrage plaisant à feuilleter dotés de superbes photos où les modèles sont mis en scène au milieu d’autres objets. Les photos prises par M. Duprat m’ont inspiré plus tard pour le blog.

L’objet est un incroyable tracteur semi-remorque …autocar. Sur les flancs de la semi-remorque la gravure « motor coach » est évocatrice. On imagine un intérieur cossu, douillet. Dans la réalité ce type de véhicule n’a pas connu le succès. Il est à rapprocher du Nite à deux étages, tout aussi surprenant. (voir le blog consacré aux modèles futuristes  américains).

Je ne collectionne pas les variantes de couleurs sur ce type de produit. J’ai pourtant fait une exception avec ce modèle. Il m’a été impossible de trancher entre les deux couleurs que je venais de dénicher ! On trouve les excuses que l’on peut pour garder un modèle .

Restons dans les véhicules utilitaires. Ce camion « Mack » équipé d’une caisse fourgon est impressionnant. Il est rare. Cela s’explique aisément. Le fabricant, peut-être Barclay, a dû essuyer de nombreuses pertes lors de sa production. Le modèle réduit est démesuré au vu de la technique d’injection utilisée. Lorsqu’on a le camion en main, malgré sa taille et sa forme compacte on saisit toute sa fragilité.

Le camion citerne « Esso Gas » est aussi de taille conséquente, mais on comprend que la fabricant maîtrisait son sujet. La gravure est acceptable.

Les deux camions de pompiers de chez Savoye sont évocateurs d’une époque. Ils semblent sortir d’un autre âge. Les roues de type artillerie, très hautes, empruntées à du matériel hippomobile leur donnent un aspect désuet.

Ces modèles précédent les Savoye équipées des fameuses jantes en bois décrites plus haut. Là, encore, je me souviens fort bien avoir repéré ces objets dans un des ouvrages de M. Nakajima. Les photos étaient en noir et blanc !

La limousine de chez Barclay est également une rare miniature pour la simple raison qu’elle est  reproduite au 1/43 ! Vous avez peut-être cru reconnaitre une Barclay très fréquente qui lui ressemble, mais qui elle, est reproduite au 1/60 !

Nées pour choquer

Pour finir, j’ai gardé deux modèles. Comme mon client, en les voyant, j’aurais pu dire : « Qu’elles  sont moches ! »

Si les modèles dits futuristes ne m’attirent pas plus que cela au plan esthétique, ils m’intéressent au plan historique. Ils annoncent le changement qui s’opérera dans les années 70, avec les Hot Wheels et les autres modèles fantaisistes de chez Matchbox. Comme dans l’art, on peut voir un courant se profiler.

Imaginons la tête du dirigeant de Meccano en voyage aux USA dans les années trente devant ce type de modèles. Comment aurait-il réagi ? Sarcasme, moquerie, haussement d’épaules sûrement.

Pourtant dans les années soixante-dix ce type de véhicules fantastiques, voire démoniaques, seront légion et attireront après 1968 un important public, comme si les évènements de cette année avait fait tomber les interdits.

En les voyant, je m’interroge sur les motifs qui ont conduit les fabricants Erie et Futuristic le bien nommé à concevoir ce type de véhicules. N’y a-t-il pas la volonté de choquer, de provoquer ? Je vois dans ces jouets comme une prophétie de chaos.

Ils sont rares. Je ne pense pas que le succès ait été au rendez-vous. Ce qui est sûr c’est qu’ils avaient quelque chose de précurseur. A ce titre, ils méritent une place dans mes vitrines.

Si ces quelques lignes ont pu éveiller votre curiosité de collectionneur, faire évoluer le regard que vous portez sur tout ce que vous ne collectionnez pas, tout ce qui n’est pas Dinky Toys, elles auront atteint leur but.

PS: le nouveau Pipelette (5) est disponible à la lecture sur la page d’accueil du site de l’Auto Jaune Paris. Bonne lecture.

 

 

 

 

 

à la conquête de l’Ouest en camion Mack

Les collectionneurs ont toujours un œil sur le passé. Pour ma part, j’ai toujours du plaisir à m’intéresser aux conditions de fabrication d’un type de jouet, ou à l’histoire de l’entreprise qui l’a produit. Avec mon père, très tôt, nous avons eu envie de rassembler ce que les pionniers de la collection appellent « les avant-guerre » par opposition aux « après-guerre ».

Le classement des modèles selon qu’ils ont été produits avant ou après la seconde guerre mondiale a le mérite de la clarté. Après avoir posé cette ligne de partage, il faut rajouter une troisième catégorie, celle des modèles produits pendant la guerre, période courte, mais assez importante.

Camion Mack
Camion Mack

La chose se complique avec les productions américaines. J’ai mis un temps certain à réaliser que l’Amérique était entrée dans le conflit beaucoup plus tard que l’Europe. En conséquence de cela, les collectionneurs américains classent les productions de 1941 dans les modèles d’avant-guerre. Pour les fabricants de jouets américains, l’entrée dans le conflit armé de leur pays a eu de fortes répercussions. Ce n’est pas le conflit lui-même qui en est la cause, mais l’accélération de l’industrialisation rendue nécessaire par son imminence. La fabrication de masse impose une constance dans la qualité de production. Le plastique et le zamac sont des matières qui répondent à ce critère. Les petites unités de fabrication qui produisent des jouets en plomb injecté (slush) vont toutes disparaître durant cette période. Lorsque la firme Barclay se met à utiliser le zamac, il est déjà trop tard pour qu’elle puisse concurrencer les firmes comme Tootsietoys ou Hubley qui ont su anticiper leur reconversion et utilisent cette nouvelle matière depuis un certain temps. Ainsi, la fin du conflit sera aussi celle des jouets en tôle, en cast iron et en plomb. Ces matériaux ne répondent plus aux nouvelles exigences industrielles. Pour les jouets en tôle la disparition se fera progressivement jusque dans les années 70, pour les jouets en plomb et en cast iron l’arrêt sera brutal.

A travers un camion qui nous est familier, le Mack, je vais essayer de vous faire découvrir l’univers complexe des fabricants de jouets en plomb américains. La silhouette du Mack nous renvoie aux clichés en noir et blanc pris durant le premier conflit mondial.

Le fabricant de miniatures en plomb soufflé le plus représentatif et le plus diffusé se nomme Barclay, à tel point que pour beaucoup de vendeurs de jouets miniatures aux Etats-Unis, toutes les autos en plomb soufflé sont automatiquement dénommées « Barclay ». C’est le nom générique identifiant ce type de production.

S’il est exact que Barclay a dominé le marché du jouet en plomb, il ne faut pas méconnaître ses concurrents. Dans l’état du Kansas, trois firmes, C-A-W Novelty, Mid West Novelty et Kansas Toys, la bien nommée, ont également produit des jouets en plomb soufflé. A l’automne dernier, j’ai rencontré un collectionneur originaire de cet Etat très fier de ces anciennes productions locales. Il faut dire que le Kansas était plus connu à l’époque du Far West et des Pawnees qu’il ne l’est maintenant.

Les trois firmes étaient situées précisément dans le nord du Kansas, entre les villes de Clay Center et de Clifton. C’est un dénommé C-E Stevenson qui est à l’origine de la création de cet ensemble industriel. Il commence par créer sa société, Mid West Novelty, en 1923. C’est un homme d’affaires déjà investi dans d’autres secteurs économiques qui voit là une opportunité d’étendre son activité à la miniature automobile. Dès 1925, il absorbe Kansas Toy qui vient de démarrer son activité. Selon Ferd Zegel, éminent spécialiste de ce type de jouets aujourd’hui décédé, C-E Stevenson préserve deux entités distinctes, mais fortement liées : Mid West Novelty fabrique et fournit à Kansas Toys les moules de ses nouveaux modèles. L’entreprise connaît un grand succès, grâce à l’intervention de Clayton D. Young, entreprenant commercial, qui n’hésite pas à contacter les grands magasins new-yorkais et leurs succursales (Sears, Kress, Kresge) afin d’assurer la diffusion de ces jouets. Kansas Toy deviendra après Barclay le plus important fabricant de jouets en plomb soufflé.

La crise de 1929 stoppera son extension. C-E Stevenson réussit ensuite à s’introduire chez C-A-W Novelty en devenant le fournisseur des roues en plomb et autres accessoires. La suite est facile à deviner, petit à petit il va devenir actionnaire principal de cette dernière. On retrouve enfin la trace de C-E Stevenson chez Lincoln White metal works, en tant que fournisseur de moules de miniatures automobiles.

C’est ainsi, que pour nous collectionneurs, il est bien difficile de se repérer entre ces quatre firmes. Les moules, les roues et les autres accessoires ayant joyeusement circulé entre ces entités qui n’ont jamais frappé les modèles de leur marque.

Prenons nos camions Mack de ce jour. La version équipée de ridelles hautes ajourées et d’un conducteur détouré semble être de chez Kansas Toys.

La version qui possède une cabine pleine est de chez Mid West Novelty : c’est un des traits de fabrication de ce dernier que d’injecter les modèles sans détourer l’intérieur des cabines. Ainsi des copies de Tootsietoys verront le jour chez Mid West Novelty, affublées de cabines pleines et de stries verticales.

Il semble que notre Mack de ce jour ait également été inspiré par celui de Tootsietoys. Je présente une version publicitaire ; il est probable que d’autres versions existent.

J’ai souhaité vous présenter également ce Mack camion semi- remorque porte-autos qui a été produit par Barclay. Son intérêt réside dans le choix du fabricant d’avoir proposé une cabine torpédo. Il semble que ce genre de carrosserie était réservée au transport des autos à l’intérieur d’une unité de fabrication. On peut facilement imaginer les modèles finis en bout de chaîne de montage et convoyés vers un lieu d’expédition ferroviaire. C’est un modèle attrayant. Nul doute que Barclay s’est inspiré lui aussi du modèle produit par Tootsietoys.

Les versions équipées d’une pelle en butte, de bennes sont également l’œuvre de Barclay. Soulignons les progrès du fabricant du New-Jersey avec le moulage en deux parties de ses camions bennes ce qui donne de la mobilité à l’objet.

Nous reviendrons prochainement sur ce sujet pour vous faire découvrir d’autres modèles en slush intéressants.

Barclay Ford A

Barclay Ford A

Découvertes au pays de l’oncle Sam

Après les Ford A de chez Tootsietoys à vocation promotionnelle, je vous invite aujourd’hui à poursuivre les découvertes.(voir l’article sur les Ford A Tootsietoys)

Tootsietoys et Barclay Ford A
Tootsietoys et Barclay Ford A

Selon moi, cette autre version promotionnelle de la Ford A est encore plus intéressante que les versions présentées précédemment. Elle a pour origine une autre grande manufacture américaine, Barclay. Elle est aussi en plomb. La technique d’injection est différente de celle utilisée par Tootsietoys et de ce fait, la gravure est moins fine, la finition plus rustique. C’est aussi un moulage monobloc. Le résultat est satisfaisant.

Comme pour les Tootsietoys décrites plus haut, toute la rareté de l’objet réside dans sa boîte. Je dois confesser que ce fut une découverte pour moi car je n’avais auparavant jamais eu l’occasion de rencontrer un boîtage pour une Barclay.

Comme pour les miniatures du géant de Chicago, le conditionnement se faisait en cartons assortis. Nul doute que là encore , Ford a mis la main à la poche pour la création de ces étuis. Il est intéressant de constater que la firme de Détroit a fait appel à deux firmes pour réaliser une auto similaire.

On notera la concordance des couleurs entre le modèle réduit et le boîtage. Barclay a également produit une version limousine avec 6 vitres. Il est fort possible que cette version ait aussi reçu un étui individuel.

Pour finir, je n’ai pu résister au plaisir de vous montrer une autre Barclay que je ne connaissais pas avant la mise en vente de cette collection. Outre l’aspect visuel de cette intéressante auto à traction avant, c’est surtout la boîte individuelle qui retient mon attention. On sent que Barclay a fait un réel effort pour proposer une auto ressemblante.

C’est indubitablement une auto promotionnelle et un produit qu’on peut qualifier de rare.

Tootsietoys Ford A

Tootsietoys Ford A

« La même que papa »

Lorsque nous avons commencé avec mon père, au milieu des années soixante-dix, la boîte avait peu d’importance. Mon père disait souvent que ce qui importait c’était l’état du jouet. Il ne voulait d’ailleurs que des objets en parfait état de conservation. Par voie de conséquence, nous avons eu beaucoup de choses en boîte. Cependant, il est vrai que l’absence de boîte ne l’a jamais empêché d’acheter un jouet. Moi non plus d’ailleurs.

Tootsietoys Ford A
Tootsietoys Ford A

Il n’est qu’un domaine où la boîte a toute son importance, c’est celui des modèles promotionnels. Elle véhicule souvent un message publicitaire et fait partie intégrante de l’objet.

J’ai beaucoup d’attirance pour les firmes de jouets américaines. Elle est due notamment à l’approche commerciale de ces firmes, très différente de celle des fabricants européens. Prenons l’exemple de Tootsietoys. Très rapidement, dans une logique de rentabilité l’entreprise a diffusé sa production à grande échelle, ce qui a permis de réduire les coûts.

Il faut dire que nous étions en période de croissance et que le marché, de taille conséquente, pouvait absorber cette production.

Quand, en Europe, le conditionnement des modèles se faisait par six, chez Tootsietoys il se faisait par boites de 12, voire plus ! L’étui individuel était tout simplement impensable car trop cher. On peut voir dans cet exemple parmi d’autres (uniformisation des accessoires, des couleurs, …) une similitude avec les techniques de fabrication mises en œuvre par l’industrie américaine au début du siècle dernier, notamment chez Ford.

Tootsietoys et Barclay Ford A en étuis individuels
Tootsietoys et Barclay Ford A en étuis individuels

Dernièrement, une importante collection a été mise sur le marché. Parmi de nombreux trésors, j’ai pu acquérir un ensemble de trois Ford A de chez Tootsietoys des plus intéressant. La Ford A de chez Tootsietoys a été réalisée en un très grand nombre d’exemplaires. Elle est injectée en plomb et munie d’une jolie calandre rapportée. Elle est assez fréquente.

Les trois exemplaires que je vous présente sont pourtant rares et doivent leur rareté aux étuis en carton annonçant « The new Ford ». Cet étui les distingue des modèles de base. Nul doute qu’elles furent distribuées chez Ford telles quelles. Il est possible que Tootsietoys les ait également distribuées avec leur étui en magasin.

Si tel est bien le cas, je pense que Ford a mis la main à la poche pour avoir le droit d’appliquer son slogan publicitaire et pour financer le surcoût de l’étui individuel.

La couleur de la carrosserie est assortie à celle de la boîte. J’imagine bien les vendeurs dans les concessions en 1928 offrir ces produits de grande consommation aux enfants dont les parents étaient venus admirer la nouvelle Ford.

J’imagine également ces enfants repartir à la maison avec la reproduction de la voiture que papa venait de commander.

Un dernier commentaire concernant la version « US Mail ». Dans tous les ouvrages consacrés à Tootsietoys, cette version est décrite comme ayant été diffusée uniquement dans les coffrets cadeaux. En clair cette auto n’aurait pas été vendue séparément. La découverte de ces étuis atteste du contraire. Il y a toujours à découvrir !