Archives par mot-clé : Jean de Vazeilles

Mission accomplie

Mission accomplie.

Non ce n’est pas d’Apollo ou de la victoire Ford aux 24 heures du Mans 1966 dont je vais vous parler ce jour. Pourtant on pourra y voir certaines similitudes : un objectif à atteindre et une longue route semée d’embûches avant la délivrance.

L’objectif c’était la transmission et le partage des connaissances avec les collectionneurs. La longue route comporta des engagements rompus et diverses tensions. La délivrance, ce fut la publication par mes enfants de l’intégralité des blogs en version papier. Une seconde édition a dû été lancé devant le succès de la première. Il  reste quelques exemplaires à vendre.

Le Livre ! ...six livres ! plus de 2000 pages de partage de connaissance
Le Livre ! …six livres ! plus de 2000 pages de partage de connaissance

Comme il est loin mon premier blog. Mes premiers textes étaient écrits sur des feuilles, à l’ancienne. J’avais toujours un papier plié en quatre dans ma poche, il me permettait lorsqu’une idée venait, de la consigner.

Quand mon épouse a commencé à lire mes premiers textes elle a compris qu’il allait y avoir du travail pour remettre en forme mes écrits gribouillés bien souvent sur un coin de table et parfois décousus. En voyant le chemin parcouru, nous en rions souvent, nous revoyant assis sur le canapé à tenter de déchiffrer ma prose. Ce ne fut pas toujours un long fleuve tranquille.

Ce blog hebdomadaire doit sa naissance à une rupture de contrat entre M . Faujanet, propriétaire du feu journal « Passion 43 » et moi. Durant des mois et par l’intermédiaire de Didier Beaujardin ce dernier m’a sollicité pour que je participe à l’aventure du journal qu’il envisageait de lancer. Après m’avoir convaincu, il a changé d’avis et m’a écarté de manière peu élégante. Cette mise à l’écart a décuplé mon envie de réaliser quelque chose, qui, à ma manière, me permettrait de partager et de transmettre mes connaissances.

La possibilité de choisir mes sujets, de ne pas s’inquiéter du taux de fréquentation et de n’avoir aucun compte à rendre à un quelconque annonceur m’a donné une grande liberté de création.

J’ai souhaité un libre accès à ces informations, sans publicité et en toute indépendance par rapport à mon activité professionnelle. Les modèles que j’avais à vendre n’ont jamais influencé le choix des sujets abordés. C’est un point important à préciser.

ll restait à nous mettre, mon épouse et moi au travail. L’affront résultant de ma mise à l’écart de la rédaction du magazine a vite été oublié au profit d’une cause bien plus positive : remercier mon père à travers ces articles. Notre collection est atypique, elle n’est pas personnelle, nous l’avons constituée conjointement mon père et moi.

J’ai compris très rapidement comment mon père appréciait ce travail. Le dimanche matin, quand un article lui plaisait je recevais très tôt un petit message de félicitations qui me faisait chaud au coeur. Il aura gardé jusqu’au dernier moment une candeur rare et une capacité à s’émerveiller. (lire le blog Comme dans un rêve )

Il pensait vraiment qu’à un moment nous n’aurions plus d’arguments, mon épouse et moi pour développer des sujets. Pas plus tard qu’hier, le 13 mai 2023, lors de l’exposition que le musée Maillol a consacré au photographe Elliot Erwitt, j’ai pensé à mon père. Une incroyable photographie prise à Moscou le 24 juillet 1959 mettant en scène un Richard Nixon courroucé et un Nikita Khrouchtchev les yeux mi-clos, comme groggy m’a fait sourire et m’a inspiré ces quelques lignes.

Cette photo sera détournée par l’équipe de campagne de Richard Nixon lors des élections.

Son index accusateur, ses mâchoires serrées donnent de lui l’image d’un homme qui n’a pas peur de dire ce qu’il pense. Un homme qui a le courage de défendre les valeurs de l’Amérique face au bloc communiste.

Comme le révélera plus tard le photographe de l’agence Magnum Elliot Erwitt, les propos tenus à ce moment étaient très éloignés de tout cela. La photo est prise sur le stand d’une société américaine fabricant des cuisines lors d’une foire commerciale internationale à Moscou. Les deux hommes devisent sur la valeur nutritive de la soupe de choux rouge par rapport à la viande rouge ! La planche contact exposée montre bien que l’ambiance était cordiale ce jour là, en tout cas très éloignée de l’utilisation que les proches de Nixon feront de la photo.

C’est là tout le pouvoir d’une image sortie de son contexte. Rapprochons l’anecdote du catalogue Solido de 1977.

Si on le regarde brièvement à un instant T, on est rassuré sur l’avenir de l’entreprise. C’est également la portée que donne à ces images M. De Vazeilles, qui dirige à cette époque l’entreprise avec ses deux soeurs. Il est sur le départ et comme il le dira plus tard dans une interview, il a laissé de nombreux projets aux repreneurs. Je fus le premier trompé.

En voyant les nombreuses nouveautés sur le catalogue, je me souviens avoir été confiant quant à la pérennité de l’entreprise. En analysant les dessins de Jean Blanche, pourtant, on pouvait émettre quelques doutes qui se confirmeront dans l’année, lors de la parution des modèles.

La première « nouveauté » est une déclinaison de la « Daytona Gr4 » version NART…le problème vient du fait que Solido a choisi la seule Daytona ayant participé au Mans qui possédait un spoiler avant particulier. Plus tard quand la BAM décidera de réaliser l’intégralité des Daytona ayant pris le départ de la classique mancelle, elle réalisera cette pièce en white metal et la vendra séparément.

Quand à la Porsche 917/10 Uniroyal, elle sortira dans une livrée unicolore et non bicolore comme l’original.

Pire, la Ford Escort groupe 2 qui accumulait les victoires au championnat du monde des rallyes, particulièrement lors des manches disputées sur terrain cassant, ne recevra jamais ses extensions d’aile et ses appendices aérodynamiques…le dessin de Blanche est révélateur…l’auto est une sage et banale berline routière recevant la décoration de celle qui s’était imposée au RAC en 1975.

Idem pour l’Alpine A441 turbo, la Ferrari 512M Piper… J’arrête là le descriptif, la liste est longue. Le catalogue est une succession de décorations bâclées, de modèles inexacts, incomplets ou de modèles qui ne verront jamais le jour !

Il y a même une Dinky Toys (Opel Rekord 1900) sur le Saviem SM300 porte-autos page 18 ! On est loin de l’image idyllique qu’on avait de Solido.

Il ne faut pas se fier aux images ! Elles demandent souvent une analyse, elles prennent leur sens avec ce qui les précède et ce qui les suit, comme les vignettes du catalogue Solido 1977 le prouvent.

J’ai en réserve une soixantaine de blogs qui ne demandent qu’à être finalisés, approfondis, complétés . Les sujets bien sûr sont infinis. Mon père peut être rassuré.

Pourtant le blog que vous lisez est le dernier. Plusieurs éléments sont venus modifier la donne. Le premier, c’est la création de la Newsletter hebdomadaire sur le site de mes enfants. Je n’aime pas utiliser cet anglicisme. J’aurais appelé cela « chronique hebdomadaire présentant les nouveautés de la semaine à venir ».  L’exercice est différent par rapport au blog. Cela demande de la réactivité, et je n’ai plus la liberté de choisir mes thèmes comme dans le blog. Je suis lié aux modèles programmés à la vente. C’est différent.

Cette « Newsletter » n’est pas arrivée par hasard. Cela mérite quelques explications que je pense instructives. Elle est née très exactement le dimanche 16 octobre 2022 sur le parking de la bourse aux jouets de Tournefeuille, près de Toulouse, d’un constat simple. En tant que collectionneur il me semble que les salles de ventes aux enchères ne savent pas mettre en valeur leurs produits. Je l’ai fait remarquer à une responsable de la société de vente aux enchères Collectoys : expliquer la provenance des produits, leur particularité, leur intérêt, leur vraie rareté… un ensemble d’éléments dont l’amateur a besoin avant de se décider à acquérir un modèle. Les bourses d’échange ont été très longtemps un endroit privilégié dans l’échange d’informations. Pour de multiples raisons elles ne peuvent plus répondre entièrement aux questionnements des collectionneurs.

La route pour rentrer en région parisienne est longue et je me suis dit que nous devrions reprendre à notre compte ces remarques formulées quelques heures plus tôt. Une semaine après, le 23 octobre paraissait la première Newsletter. Depuis cette date elle paraît toutes les semaines. Elle a beaucoup de succès. J’avoue avoir du plaisir à la réaliser, je me suis surpris, j’aime improviser sur des modèles très différents. Bientôt vous pourrez consulter toutes les Newsletter sur une partie du site commercial qui sera dédiée à cette parution hebdomadaire.

L’autre élément qui a fini de me convaincre a été la publication en version papier du blog. La fin d’un cycle en quelque sorte.

J’avais l’habitude d’interrompre de juin à septembre la publication du blog. Je termine donc la saison. Je continue par ailleurs le magazine Pipelette qui sort une fois par an et qui a trouvé ses marques. Le numéro 10 sortira en décembre. Il est bien avancé. Il reste dans l’esprit du blog.

Je profite de l’occasion pour vous donner le lien permettant de vous inscrire à la Newsletter. Je vous rassure c’est gratuit et vous ne serez pas importuné par les publicités. 

Cliquez sur le lien suivant et indiquez votre adresse mail:

http://eepurl.com/hO1OSj

 

Une étape décisive.

Episode 4. Une étape décisive.

Pour  mieux comprendre et analyser l’histoire de nos miniatures automobiles, il faut d’abord connaitre l’histoire de ceux qui les ont conçues.  Qu’ils soient industriels, petits entrepreneurs ou même, dans les années soixante modestes artisans.

Après les exemples des miniatures produites par SR, CR, CD (voir le blog il était une fois)  et les Jouets Citroën,  (voir le blog l’odysée en C4 ), le modèle suivant va marquer une  véritable révolution . 1932 va être une année décisive.

1932 est  l’année de la  première utilisation du zamac, en France, par Solido pour injecter des miniatures automobiles.

Cette avancée technique mérite à elle seule l’incorporation des modèles de la série Major dans cette liste de 10. La qualité de fabrication , de finition (chromage) et l’aspect ludique (carrosserie démontable et modulable) sont aussi des éléments à mettre au crédit de ce choix. Solido par ce choix technique révolutionne aussi l’assemblage du jouet qui se faisait par agrafe ou par soudure.

Vous pouvez relire le blog « le gout du luxe »retraçant le parcours de Ferdinand de Vazeilles. Un autre élément est à prendre en considération  pour appuyer ce choix et bien comprendre l’étape décisive que fut l’apparition de ces modèles démontables de la série Major.

1932 marque l’ apparition des autos de « petite » taille chez les marchands de jouets, qu’il faut bien différencier des bazars, et des autres marchands de couleurs. 

Jean de Vazeilles, le fils de Ferdinand, le créateur de la marque  l’a lui même  raconté. Lors du lancement des fameuses Major , Ferdinand de Vazeilles est lui-même allé placer ses jouets dans la fameuse boutique du Nain Bleu rue Saint-Honoré.

Pour cela il a dû créer ses fameuses boîtes. Les coffrets . Avant cela les marchands de jouets n’avaient guère envie de distribuer des miniatures conçu pour une vente au comptoir comme c’était le cas dans les bazars. Il faut penser à la conception même de ces magasins de jouets. Souvent une grande vitrine donnant sur la rue.  Mettre en évidence et donner envie d’acheter  des autos de petite taille  est un casse-tête pour le commerçant. D’où la création de présentoirs ou de de coffrets de grande taille. Dans ces cas, ils peuvent faire concurrence aux jouets en tôle de grande taille.

Un autre point est à prendre en considération. L’arrivée des Solido en magasin de jouets coincide avec un prix de vente conséquent.

Ces rares magasins ne distribuent que des articles de haut de gamme . Le prix d’un coffret Solido peut donc concurrencer un modèle de la marque Jep en tôle. En feuilletant les catalogues d’étrennes des grands magasins du milieu des années trente, les coffrets Solido sont les seules petites autos représentés au milieu des autos en tôle de chez Jep, CIJ et autres. Les Major et leurs dérivés plus accessibles  Junior et Baby ont donc une place primordiale dans ce panthéon de l’histoire des miniatures française.

Plus de 20 ans se sont écoulés entre la Major Solido et le modèle suivant. La guerre est passée par là. Il est à noter que Solido a réussi à produire un peu durant la guerre.

Nous sommes en 1954. C’est aussi à mes yeux une étape très importante. L’arrivée du plastique . Un plastique de qualité, la Rhodialite développée par Rhône-Poulenc.

Ce n’est pas la première utilisation du plastique  en France pour produire des jouets. Ce qui justifie mon choix c’est l’utilisation de cette matière, souvent associée à des jouets bas de gamme, avec l’idée de fabriquer un jouet de qualité, détaillé, fidèle, et comble du luxe vendu avec un étui individuel.

J’ai choisi la Simca Aronde Norev, car elle débuta la série. Elle sera mise en vente avec une belle boîte illustrée. En comparaison, la Simca Aronde de Dinky Toys sera le premier modèle de Bobigny a, enfin, recevoir un étui individuel avec la Buick Roadmaster et le Peugeot D3A Mazda.

Quel tour de force de la part de Norev de pouvoir offrir une auto comportant autant de pièces rapportées avec un prix de vente si bas.

N’oublions pas que nos belles Dinky Toys sont monoblocs. Les détails sont soulignés au pochoir. Il faudra attendre plus de 10 ans pour voir des Dinky Toys avec des pare-chocs rapportés (Ferarri 275GTB) !

Les frères Véron auront réussi un beau tour de force en lançant des modèles de grande qualité accessibles à tous. Le succès sera au rendez-vous auprès des enfants, même s’il faudra attendre longtemps, les années 1990- 2000, pour une reconnaissance de la part des collectionneurs qui longtemps dédaigneront les Norev du fait de leur carrosserie en plastique.

Le dernier modèle du jour est aussi une Solido. Elle porte la référence 121. C’est la Lancia Flaminia.

Elle synthétise toutes les  innovations technique de la firme d’Oulins. Avec l’arrivée de la série 100, en 1957, Solido n’a cessé d’innover. cela perdurera durant toute cette série. Aprés  avoir été le premier fabricant au monde à équiper ses miniatures de suspensions (voir le blog sur la Jaguar Type D) Solido sera aussi le premier à équiper une miniature de portes ouvrantes (voir le blog sur la Lancia Flaminia). Solido collectionnera les  premières .

Difficile ne pas parler des blindés et leurs fameuses chenilles. Solido ajoutera aux innovations la qualité.

Difficile aussi de ne pas commenter le choix , souvent judicieux des modèles. Solido a compris très vite l’intérêt de sortir des modèles de sport et de course, au contraire de Dinky Toys qui n’a pas vu le changement arriver

Solido mérite bien, à mes yeux, d’apparaitre deux fois au palmarès des dix miniatures  françaises les plus marquantes de l’histoire. 

Vous pouvez aussi relire le premier épisode expliquant la genèse de cette histoire.

Le gout du luxe.

Le goût du luxe

Je n’irai pas par quatre chemins. Au risque de diviser et de créer la polémique entre collectionneurs, Solido est à mes yeux la marque de jouets la plus passionnante du siècle dernier. Elle a su se montrer innovante tout en assurant la constance de sa production.

Je suis un collectionneur éclectique, mes centres d’intérêt sont nombreux, mais s’il faut avoir une préférence, c’est à Solido qu’elle va.

L’acquisition récente de quelques coffrets de montage Solido m’a ramené à l’excellent ouvrage de Bertrand Azéma, « Jouets Solido 1932-1957 », ouvrage qui fait la part belle au créateur de la marque, Ferdinand De Vazeilles, et aux premières productions.

J’ai relu l’interview qu’avait donné son fils, Jean de Vazeilles en 2001 Ce dernier lui avait succédé en 1953.

Ferdinand et Jean de Vazeilles représentent à eux deux près de cinquante ans d’histoire de la production .

Et l’on constate que Solido a toujours été en avance sur les autres. La firme a produit pendant cinquante ans des jouets de qualité, robustes et ludiques grâce à leur conception intelligente.

Le fil rouge qui relie les premières Solido aux dernières n’est pas toujours évident à percevoir. On peine à établir le lien entre une auto de type « 140 » de 1932 (c’était la dimension en cm), qui prendra le nom de  » Major » en 1938 et une Alfa Romeo 2600 encore disponible en 1978 en coffret « Week End 1 » devenu par la suite « Caravaning 1 ».

Elles ont pour point commun d’être démontables et disponibles dans d’attrayants coffrets. Leurs montage, démontage et transformation ont occupé plusieurs générations d’enfants.

Pour mieux comprendre l’intérêt de cette firme, il faut remonter à sa création. Je me suis inspiré des écrits de Bertrand Azéma qui avait eu des relations privilégiées avec le fondateur, Ferdinand de Vazeilles.

En 1919, Ferdinand de Vazeilles est le premier industriel en France à créer une entreprise de fonderie sous pression.

C’est lors d’un voyage en Angleterre, juste après la grande guerre de 14-18 qu’il a découvert cet outillage révolutionnaire. Il comprend immédiatement que ce type de machine possède un potentiel infini dans ce monde de l’après 1918, qui est à reconstruire. Son premier client sera Pleyel, le fabricant de pianos. Très rapidement l’industrie automobile suivra. Renault et Citroën seront de fidèles clients de sa société « Aluvac ».

L’affaire prospère. Ferdinand de Vazeilles prospecte sans cesse de nouveaux secteurs industriels qui pourraient avoir besoin de ses services. Parmi ceux-ci , l’industrie du jouet lui semble tout indiquée.

Il trouve que les jouets disponibles à cette époque, surtout ceux fabriqués en France  dits « jouet de quat’sous » mais  aussi les jouets en composition, sont dépassés. Il démarche les industriels du secteur, mais n’essuie que des refus.

Qu’à cela ne tienne, il les fabriquera lui-même. Il scinde sa société en deux, pour, très peu de temps après, ne garder que la fabrication de jouets. Il fallait qu’il soit sûr de lui. Le succès sera vite au rendez-vous. Il s’est positionné sur le haut de gamme, avec des articles assez chers. La finition chromée des autos renforce cette impression.

Ferdinand de Vazeilles a toujours eu le goût du beau. Dès la création des premiers modèles, l’idée de les proposer dans de luxueux coffrets a germé. Pour diffuser les grandes boîtes de montage, au prix élevé, il se tourne évidemment vers les boutiques de jouets les plus renommées, comme le fameux Nain Bleu rue Saint-Honoré à Paris.

Ferdinand de Vazeilles doit composer et offrir également des coffrets de taille plus modeste, au prix plus accessible. Des boîtes de deux carrosseries seront ainsi très vite proposées à la clientèle.

Ces dernières assureront la renommée de la firme. Les grandes boîtes demeurent, elles ont un côté inaccessible et font rêver les enfants.

Le principe de ces coffrets prestigieux perdure jusqu’en 1956. A cette date, le coffret « Concours d’élégance » contient plus de 20 modèles ! C’est un sommet inégalé dans le domaine des coffrets de miniatures automobiles. Summum du luxe, pour ce coffret, la clientèle peut choisir entre trois tailles.

Je vous laisse imaginer la dimension des coffrets. Ils constituent un véritable catalogue couvrant la production Solido du moment. On y retrouve mélangés des camions, des autos, des scooters, des avions provenant de diverses séries. Les Mosquito sont au 1/75, les Baby au 1/60 et les Junior au 1/40 environ. Un inventaire à la Prévert en quelque sorte.

Précisons que sur les notices professionnelles, ces coffrets ne sont pas décrits. Solido demande aux professionnels intéressés de se rapprocher de l’entreprise pour obtenir des renseignements. Peu furent produits.

Solido devait réserver ces coffrets à un petit nombre de commerçants, ceux qui avaient la clientèle potentielle. On imagine la fierté du commerçant qui, au moment de Noël, pouvait présenter un coffret de ce type dans sa vitrine illuminée.

La volonté de proposer de beaux coffrets est toujours restée ancrée dans l’esprit de la famille. Des coffrets Junior de grande taille, certes plus modestes que les démesurés « Concours d’élégance », sont restés très longtemps au catalogue. Ils figurent sur les listes professionnelles jusqu’en 1967.

Quand la série 100 a été lancée, l’idée de la proposer parallèlement en version démontable ne semble pas avoir été retenue. Seuls trois modèles, au début des années soixante, connaîtront une déclinaison démontable : la Ford Thunderbird 63, l’Alfa Romeo 2600 et l’Aston Martin DB5 (voir les blogs consacrés à ce sujet).

Les accessoires issus des modèles Junior, le hors-bord et la caravane, reprendront pour l’occasion du service, et ce jusqu’à la fin des années soixante-dix !

Au début des années soixante, la direction va, à sa manière ressusciter les « Concours d’élégance ». De mémoire, cette tentative n’a jamais été consignée dans aucun ouvrage. Il faut dire que très peu d’exemplaires semblent avoir survécu . Ces coffrets sont exceptionnels de par leur rareté.

Pour les fêtes de fin d’année (1963 sûrement), il s’agit de proposer un produit exceptionnel à une clientèle exigeante et fortunée. Pour ces coffrets cadeau, la direction a réutilisé les emballages destinés à ses premiers coffrets de montage poids lourds. Elle les a garnis de modèles issus des séries 100, 200 et 300 : deux chars, un Patton américain et un PT76 russe, deux camions, un Berliet TBO benne et un Renault 4×4 bâché, deux autos, une Citroën Ami 6 et une Ferrari 250GT 2+2 et enfin deux voitures de course, une monoplace Ferrari 156 et un coupé Abarth 1000. L’étude de la liste des modèles montre combien la gamme était étendue.

La direction semble s’être « amusée à bien marquer les contrastes : deux blindés appartenant à deux camps opposés, une paisible berline française et un fougueux coupé italien, une fine monoplace et une GT de petite cylindrée.

Autos, camions et même char de combat se mélangent. On est bien dans l’idée de proposer un échantillon de la gamme du moment. Le poids de l’ensemble a peut être été un frein à la constitution d’une boîte de plus grande taille ! Les modèles de la série 100 ont tous pris de l’embonpoint, et celui des chars et des camions est conséquent.

J’ai pu trouver deux autres coffrets avec les véhicules encore ficelés réalisés à la même époque et utilisant la même base, le coffret de montage Poids-Lourd.

Le premier ne contient que des autos de tourisme de la série 100. On notera que Solido a pris soin de présenter ses modèles avec les portes ouvertes. L’aspect visuel est des plus réussis. Les modèles sont bien sûr maintenus sur le socle par le même type de ficelle qui était utilisé avec les modèles Junior.

Il va de soi que l’intérêt de ce type de produit est de le trouver avec les miniatures encore ficelées sur le socle. Quel enfant a pu résister au plaisir de couper la ficelle pour jouer avec ces belles miniatures ? Ceci explique le fait qu’ils soient restés si longtemps inconnus.

Un second contient la gamme des autos de course. Il est tout aussi somptueux. C’est un condensé des voitures qui ont dominé les divers championnats automobiles sur la période de la fin des années soixante. On notera l’uniformité des couleurs pour les modèles de nationalité anglaise. Ils sont désormais finis dans un »racing green » des plus convaincants.

Avant ces grands coffrets illustrés, Solido testa sa formule de coffret en réutilisant des boîtes de couleur jaune destinées aux coffrets Junior . Ces derniers ont été listés par Bertrand Azéma. J’ai d’ailleurs trouvé la trace d’une « boîte Le Mans » dans la notice destinée aux professionnels de 1958 et 1959.

Dans ses recherches sur Dinky Toys, Claude Wagner a retrouvé dans un catalogue « Le Bon Marché » édité pour les fêtes de fin d’année une photo  de ce coffret jaune contenant les autos de course de la série 100.

Avec le même boîtage, de forme plus grande, il existe un autre coffret, où les autos sont présentées en arc de cercle, comme dans la courbe d’un circuit. D’autres coffrets existent, contactez-moi si vous possédez l’un d’eux !

Le fait que la direction n’ait jamais cherché à créer un emballage spécifique semble indiquer qu’il s’agissait de ballons d’essai.

Dernièrement, j’ai eu l’opportunité de récupérer auprès de Mme Azéma deux autres coffrets des plus étranges. Ils témoignent encore de la volonté de proposer des objets luxueux.

Dans ce cas particulier, Solido a choisi la couleur or pour décorer le coffret contenant les miniatures. En voyant la boîte, on imaginerait plutôt qu’elle est destinée à recevoir un flacon de parfum. L’examen des autos nous amène au début des années soixante-dix (1973-1974). Ces coffrets n’avaient jamais été ouverts. Le film plastique scellant l’ensemble prouve qu’ils sont d’origine.

Cette année, deux autres exemplaires provenant directement de la famille de Vazeilles ont été mis sur le marché. Cette découverte prouve qu’une série a été faite. On comprend que le boîtage a été réalisé spécialement. Les miniatures sont dans leur boîte standard. Les boîtes superposées forment une colonne, insérée dans le luxueux carton.

Qui se souvient de ces éphémères coffrets ? Ils sont très rares. On comprend bien qu’une fois les fêtes de fin d’année passées, le commerçant pouvait facilement mettre en vente individuellement les miniatures des coffrets invendus.

On pourrait aussi ajouter à cette liste le rare cendrier avec la Panhard. Le cendrier est estampillé Solido. La boîte à elle seule transpire l’idée du luxe. D’ailleurs sur la notice le vocable est utilisé.

Durant la période de la présidence De Vazeilles, les coffrets hors norme ont été le fil rouge de la production. Ils témoignent d’une réelle volonté de proposer des jouets différents de ceux des concurrents, et d’associer à la marque une image de qualité. Une certaine idée du luxe en somme.

 

 

La Solido Ford Thunderbird au camping

La Solido Ford Thunderbird au camping

S’il est un trait qui caractérise bien Jean de Vazeilles, c’est d’être fidèle à ses convictions. Et c’est dans cet esprit qu’il reprend les rênes de Solido, l’entreprise familiale.

Ludiques. Les autos doivent être ludiques. Pour cela, son père avait conçu des jouets démontables. Et jusqu’à la cession de son entreprise au milieu des années soixante-dix, contre vents et marées, Jean de Vazeilles restera attaché à ce principe et veillera à ce qu’on propose des coffrets contenant des modèles à assembler. C’est ce qui avait fait la renommée de Solido dès le début des années trente.

Les axes aiguille, les couleurs flashy, les parties ouvrantes, les roues en nylon, rien ne viendra contrarier la certitude de Jean de Vazeilles selon laquelle les enfants ont plaisir à démonter leurs miniatures puis à les remonter. Certitude vérifiée, j’ai personnellement beaucoup utilisé la petite clef Solido. Cela fonctionnait si bien que l’on se prenait à rêver, on était le roi de la mécanique.

Nous avons vu il y a quelques temps comment la Ford Thunderbrid cabriolet avait servi de transition entre la série Junior et la série 100 (voir l’article sur la Ford Thunderbird cabriolet). L’histoire bégaie, et c’est sa descendante, la Ford Thunderbird coupé 1963 (voir l’article sur la Ford Thunderbird coupé référence 128) qui va inaugurer les nouveaux coffrets démontables succédant, dans l’esprit, aux coffrets Junior des années cinquante.

Il est bien difficile de savoir si cela est dû au lien avec la maison Ford, au hasard, ou tout simplement au besoin pour Solido d’amortir le moule de cette Ford Thunderbird coupé. N’oublions pas que Jean de Vazeilles était un bon gestionnaire. Le moule, coûteux, devait être rentabilisé au plus vite. Il aurait fallu lui poser la question.

Solido lancera donc deux coffrets : Week-End 1 et Week-End 2. Dans le premier c’est une Alfa Romeo 2600 qui est fournie. Dans le second c’est la Ford Thunderbird qui doit tracter la caravane.
L’Alfa Romeo avait précédé l’américaine au catalogue (référence 125) et possédait aussi les portes ouvrantes. La différence entre les deux coffrets consiste en la fourniture d’un hors-bord, d’une tente de camping et de personnages de la marque Starlux.

D’accord pour le hors-bord, mais quand on a ce type d’auto on va à l’hôtel et pas au camping !

Le coffret Week-end 2 connaîtra une très longue carrière. Encore une manière d’amortir au mieux l’outillage. Il sera rebaptisé « Caravaning » et la Thunderbird s’y verra finalement supplantée par une Renault 30 ou une Citroën CX plus en phase avec les années 80.

L’illustration du couvercle du coffret sera remaniée deux fois ! La dernière coïncide avec nos débuts de collectionneurs, au milieu des années soixante-dix ! C’était hier.

Ford et Solido: une longue complicité

Ford et Solido: une longue complicité

Avez-vous déjà compté le nombre de miniatures arborant le logo Ford dans la fameuse série 100 de chez Solido ? Il y en a huit, ce qui place le fabricant de Detroit au troisième rang des marques automobiles les plus représentées dans cette série. Ferrari détient le record avec 14 modèles. La seconde marche du podium est occupée par la firme allemande Porsche, avec neuf unités, juste devant Ford et ses huit modèles. Les trois marques représentent presque le tiers de la série 100. A travers ces chiffres, un constat s’impose. Celui de l’attachement et de la fidélité de Solido envers certaines firmes automobiles.

 

Pourquoi? M. De Vazeilles s’est exprimé sur le sujet en expliquant que certaines firmes comme Mercedes fournissaient les plans très facilement. D’autres entreprises comme Ferrari laissaient faire sans demander de contrepartie financière, comme c’est désormais le cas.
Il semble aussi qu’il y ait eu des affinités plus fortes avec certaines marques.

Ainsi, Ford a toujours bénéficié d’un traitement de faveur. Solido visait peut-être une ouverture sur le marché américain. On constate la volonté de proposer les déclinaisons et les évolutions d’un même modèle au fil des ans.

Par exemple, quand en 1956 Solido décide d’incorporer une version pick-up à sa gamme Junior, c’est une Ford qu’elle choisit. Près de quinze ans plus tard, dans sa série Major ressuscitée ce sera également une Ford, d’un millésime contemporain au coffret, qui remplira cette mission dans le coffret Major IV. Cette continuité montre bien les liens entre Solido et certaines firmes automobiles. Il aurait été intéressant que Bertrand Azéma questionne M. De Vazeilles sur ce sujet. Pouvait-il y avoir un contrat entre Ford et Solido ?

Dans la même logique, lorsque le cabriolet Ford Thunderbird a perdu son intérêt, il a été remplacé l’année de son éviction du catalogue, en 1963, par une autre version de la Thunderbird, plus moderne.

Solido ayant lancé en 1961 ses fameuses portes ouvrantes, elle choisit pour la nouvelle mouture de la Thunderbird la version coupé, avec portes ouvrantes bien entendu. Cela permettra au bureau d’étude de montrer l’étendue de son talent. Il est aussi très intéressant de constater que plus de vingt-cinq ans plus tard, quand Solido dans sa série Age d’or, se tourne vers les autos américaines de la période dite des « fifties » et des « sixties » très en vue dans les années quatre-vingt, c’est encore une Ford Thunderbird qu’elle propose. Ultime clin d’œil au passé, ce sera une version cabriolet du modèle 1961 ! Cette fois c’est le capot moteur qui est ouvrant.

Je me souviens très bien comment Bertrand Azéma m’a dévoilé la sortie prochaine de cette Age d’or avec des yeux gourmands. Nul doute qu’il avait conseillé le bureau d’étude dans ce choix.

Cette référence 128 va connaitre une très longue carrière. Lorsque l’on a commencé à chercher les variantes de couleurs au milieu des années 70, sa cote était basse du fait qu’elle était encore disponible dans les coffrets Caravaning. Cette ultime version était disponible en vert pomme. Quelle drôle d’idée !

Désormais c’est une auto prisée. Les nombreuses variantes de teintes excitent la convoitise des collectionneurs. Il y a pourtant à mes yeux de fausses raretés. Les versions bicolores, spectaculaires, ne sont pas rares. J’en ai vu bien plus souvent que des versions de couleur jaune, bleu métallisé ou rouge métallisé.

L’auto sera d’abord produite avec des phares moulés, peints de couleur or. Le châssis est généralement peint de couleur grise. Il faut toujours se méfier avec une firme comme Solido, des versions intermédiaires ne sont jamais à exclure.

En 1965, Solido voudra donner un coup de fouet à sa gamme en lançant la série « luxe 65 ». Il lui faudra créer et mouler une plaque minéralogique sous le pare-chocs avant pour apposer l’immatriculation en papier fournie avec chaque auto. L’entreprise profitera de cette modification pour équiper son modèle de phares translucides.

Il est intéressant de constater que Solido continuera d’employer certaines teintes après avoir effectué cette modification, ce qui tend à prouver une certaine rigueur dans le choix de ces teintes et surtout la programmation de ces dernières dans le temps.

(voir l’article sur la Ford Thunderbird cabriolet 113B)