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Le filon de la gendarmerie.

Le filon de la gendarmerie.

Les fabricants de jouets français ont mis du temps avant de reproduire des miniatures de la police ou de la gendarmerie.

Lors d’un précédent blog, j’avais souligné les scrupules des industriels du jouet à reproduire ce type de véhicules dont l’image est associée à celui qui a mal tourné. (lire le blog « le blues de la police »).

La C-I-J va être la première en France, à briser ce tabou (voir le blog les deux harengs). Devant le succès rencontré par ces modèles police et gendarmerie, tous les fabricants, qu’ils injectent du zamac ou du plastique (Minialuxe sera le premier dans cette matière) vont lui emboîter le pas.

Norev, leader français des fabrications de miniatures en plastique, ne pouvait rester sans réagir devant l’évident succès de Minialuxe, son concurrent d’Oyonnax, dans cette niche des véhicules de la gendarmerie.

Elle comprit tout le bénéfice qu’elle pouvait tirer auprès de la clientèle en déclinant sa Citroën DS21, et surtout sa berlinette Alpine. Pour l’occasion elle conçut pour ces deux modèles un gyrophare convaincant, ainsi qu’une petite antenne.

Pour sa Land Rover châssis court, elle a créé une antenne fouet. Une fois de plus, on comprend tout le bénéfice que le fabricant pouvait tirer de cet accessoire. En ajoutant un gyrophare et des décalcomanies papier, le tour était joué. Une version de couleur sable, tout à fait crédible, a été produite..

Bien plus tard dans la série jet car, L’ Alpine A310 a également été déclinée en gendarmerie.

Dinky Toys France est d’abord passé totalement à côté de ce type de véhicule et c’est bien dommage. Equipée d’une antenne fouet, la Peugeot 403 familiale aurait été parfaite.

Il faut dire qu’à cette époque tout allait encore bien à Bobigny et l’entreprise n’éprouvait pas le besoin de se remettre en question.

Plus tard sur les conseils de Claude Thibivilliers, arrivé en 1965, elle se laissa convaincre de produire un tel modèle. La Renault Sinpar gendarmerie illustra parfaitement l’attente de la clientèle. Une antenne en plastique, un support en acier la maintenant courbée, deux personnages en pleine action, un poste-radio, une capote, un pare-brise repliable, voilà bien le type de modèle qui répondait à la demande. Il connaîtra deux références et perdra son filin en acier dans le temps. Le véhicule est une belle réussite . Il me procura, enfant, beaucoup de plaisir.

Dans un effet entrainant, Solido, comprit qu’il fallait aussi sacrifier à cette mode « gendarmerie ». Mais comment faire ?

En 1967 l’entreprise n’avait à son catalogue aucun modèle susceptible de remplir cette mission. Une fois n’est pas coutume, le fabricant d’Oulins proposa une auto totalement imaginaire : une « Alfa Romeo GTZ tubolare police des autoroutes ».

Cette dénomination fantaisiste, « police des autoroutes », colle bien à la miniature. Ne la cherchez pas en photo ! Mais elle aurait sûrement ravi les apprentis pilotes de la gendarmerie.

Elle permettra à Solido d’amortir son moule qui ne semble pas avoir rencontré un vif succès en version compétition. Une peinture bleue, des décalcomanies sur les portes, le capot avant et le pavillon, une antenne bien sûr, et, surtout, un petit gyrophare créé spécialement. C’est un jouet, mais il a fière allure.

Le modèle symbolise tout à fait ce type de véhicule d’intervention rapide qui venait juste d’apparaître en France sur les autoroutes.

Autre particularité, la voiture ne fait pas partie de la série 100, comme la version sportive dont elle est déclinée, mais appartient à la gamme militaire (série 200). Elle a connu les deux variantes d’aménagement intérieur qui se caractérisent par la présence d’une roue de secours rapportée puis moulée. Pour l’occasion, la tonalité de la couleur bleue évolue (plus foncée à la fin) et ses phares en plastique passent du cristal transparent au jaune.

Elle connaîtra deux boîtages, preuve d’un certain succès et d’une pérennité. Enfin, il existe une variante plus rare qui empruntera durant quelque temps (1968) la teinte bleu-marine foncé (et non noire comme décrit par erreur dans le livre de Bertrand Azéma) du Renault 4×4 Gendarmerie sorti cette année là.

En1968, année prémonitoire, Solido va élargir son offre avec un joli coffret, à l’intérieur de la gamme militaire. Il est constitué du Renault 4×4 décoré à l’aide d’une grenade, symbole graphique de la gendarmerie, d’une moto BSA , de deux figurines et deux cônes de Lübeck.

Le socle en plastique et la cartouche de protection en carton sont communs aux deux autres coffrets proposés simultanément. Le modèle est fabriqué par Monovac, à Monaco. Monovac est la propriété de Ferdinand de Vazeilles, père de Jean qui, au milieu des années cinquante, a laissé l’ entreprise Solido à ses enfants, avant de créer cette firme spécialisée dans l’injection plastique (maquettes…)

Bien plus tard, au milieu des années soixante-dix, au moment de la cession de l’entreprise par la famille de Vazeilles, Solido se souviendra de ce coffret.

Elle réutilisera la moto et les deux gendarmes. La Renault 12 break remplacera le 4×4. Pour l’occasion elle recevra un gyrophare.

Ce coffret est devenu culte par la reproduction, la première, d’un accessoire qui venait de faire son apparition à la suite des premières limitations de vitesse , un radar.

Pour l’occasion Solido a créé un vilain buisson en plastique qui servait à maintenir le radar en place.

Dans ces années soixante-dix, Solido avait un catalogue plus diversifié. Depuis la disparition de Dinky Toys, berlines et breaks avaient fait leur apparition au catalogue au milieu des coupés sportifs et des voitures de compétition. Il fut donc facile de trouver une remplaçante à la GTZ « police des autoroutes ». Ce fut l’Alpine Renault A310.

La miniature est fort réussie. Un gyrophare, une petite antenne, bien sûr, des, décalcomanies sur les portières. Cette fois, les clients ont eu droit à un modèle réaliste.

Il existe au moins trois couleurs, sans compter les nuances différentes. L’Alpine Renault sera suivie d’un break Peugeot 504 bénéficiant du même équipement et …d’un panneau « halte » inséré dans la cale de blocage de la boîte carton. La miniature a belle allure, elle bénéficie d’une qualité de fabrication héritière de la série 100.

Dans les années quatre-vingt-dix, comme un clin d’oeil au passé, Solido ressortira un coffret Gendarmerie. Le coffret contient une Peugeot 205 sur laquelle Solido s’est contenté d’une tampographie gendarmerie. Le modèle n’apporte pas grand chose. Seul le Saviem VAB est original. Ce n’est plus le grand Solido innovant même si le graphisme du coffret est réussi.

Pour rester dans le thème, signalons qu’à cette époque des hélicop-tères de belle qualité ont été déclinés en version Gendarmerie (Alouette et Gazelle).

L’effervescence créative du milieu des années soixante a disparu. Mais il y a bien eu chez les fabricants de jouets français un mouvement tendant à proposer des modèles « Gendarmerie ».

Le lien entre ces modèles est l’adjonction d’une antenne et d’un gyrophare. A part la Renault Sinpar de chez Dinky Toys, toutes ont été des déclinaisons de modèles au catalogue, permettant au fabricant de proposer à peu de frais des modèles différents. Au regard du nombre de modèles fabriqués, le filon semble avoir été rentable. Merci donc à C-I-J d’avoir créé cette antenne fouet qui a montré la voie aux autres fabricants français.

 

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Au pied de la montagne.

Au pied de la montagne.

En 1966, les amateurs de sport automobile n’ont d’yeux que pour le duel qui oppose Ferrari et Ford pour la victoire au Mans.

Après deux tentatives, Ford parviendra-t-il à décrocher la couronne ?

Depuis plusieurs années, la référence en matière de course d’endurance, c’est Ferrari. Lors de la précédente édition des 24 heures, elle a décroché un neuvième succès. Un record.

Pourtant, en 1966, qui pouvait deviner que ce serait sa dernière victoire au classement général ?

Qui pouvait prévoir que la marque qui allait dominer l’endurance les 20 prochaines années, et supplanter Ferrari au nombre de victoires au classement général et au nombre de couronnes mondiales serait Porsche ? Personne ou presque.

Comme le raconte fort bien François Hurel dans son indispensable livre « Sport & prototypes Porsche au Mans 1966-1971 » aux éditions du Palmier, Stuttgart amorce en 1965 une nouvelle organisation. C’est la montée dans l’organigramme d’un certain Ferdinand Piëch, neveu de Ferry Porsche, ingénieur de son état, qui devient le responsable de la compétition.

C’est aussi à ce moment qu’apparaissent les noms des ingénieurs Hans Mezger (moteur), Helmuth Bott (châssis) et Peter Falk (développement). Des noms que l’on va recroiser les vingt années suivantes, et qu’on associe aux sucès de la marque.

Comme l’explique François Hurel, « Ferdinand Piëch ne nourrissait aucun complexe et était dévoré par l’ambition. C’était un gagneur ! ».

Voilà comment Porsche, qui se cantonnait à des victoires de classe, décida de passer à la vitesse supérieure en cette année 66. Avant, seuls les tracés comme la Targa Florio ou Sebring, favorables à des autos légères, maniables et robustes pouvaient convenir pour la victoire au général.

Un des premiers signes de ce changement est symbolique. Le passage à la couleur blanche à la place de la couleur argent adoptée en 1932, sous le régime nazi par Mercedes puis Auto Union. Après la seconde guerre mondiale, les autos de course allemandes, dont les Porsche d’usine, avaient  gardé cette identification. Pourtant, l’Automobile Club de France avait attribué une couleur à chaque pays dès la création des premières compétitions automobiles afin que le public identifie les concurrents. Le sentiment nationaliste était déjà fort présent à cette époque. La couleur blanche fut attribuée aux concurrents Allemands, le rouge aux Italiens le bleu aux Français et le vert aux Anglais…Ce changement de couleur apparaît comme la volonté de Porsche de montrer que l’on repart pour une nouvelle aventure.

En 1966 Porsche est au pied de la montagne. Le chemin est semé d’embûches. Les victoires s’accumulent, mais il faudra quand même attendre 1969 pour savourer la première couronne mondiale et 1970 pour la première victoire au Mans.

En attendant, l’équipe décrite plus haut vient de concevoir la Carrera 6. Elle est superbe et tranche avec sa devancière la 904. Les ingénieurs sont repartis de zéro. Enfin presque.

Comme l’explique François Hurel, c’est « presque » une vraie voiture de course ». Le bureau d’étude en avait la volonté et la capacité, mais Ferry Porsche fit remarquer à ses jeunes ingénieurs qu’un lot de près de 100 suspensions, freins et roues avait été fabriqué en vue d’une seconde série de Porsche 904, qui n’avait pas vu le jour en raison de l’émergence du projet Carrera 6. Il demanda donc qu’on utilise ces produits sur le prochain modèle, la Carrera 6 !

Les ingénieurs vont devoir se plier aux exigences du patron et revoir leur copie. Ainsi la Carrera 6 va être équipée des grandes roues de 15″ de la 904 au lieu des roues de 13″ qui lui auraient conféré un meilleur Cx aérodynamique. Ces révélations de François Hurel expliquent donc la forme et la hauteur des passages de roue. Ces ailes avant, tout en rondeur donnent à l’auto une physionomie agréable, plaisante à l’oeil.

La voiture va devenir pour les fabricants de jouets l’icône de cette période. Il est révélateur que la Porsche Carrera 6 soit l’auto la plus reproduite en miniature malgré un palmarès modeste (une seule victoire au classement général à la Targa Florio 1966). Les vedettes de l’époque décrites plus haut ne connaitront pas ce succès chez les industriels du jouet. C’est un comble, qui trouve son origine dans la volonté de ne pas jeter un stock de pièces.

Le modèle qui succède à la Carrera 6 en 1967, la 907, aura un palmarès plus glorieux et comptera deux victoires au général. Elle sera même en lutte pour le titre jusqu’à la dernière épreuve. Equipée de jantes de 13″ élargies, ses ailes avant, plates et son capot avant, effilé, plus aérodynamique lui confèrent une allure très différente, nettement moins esthétique, mais bien plus efficace au niveau du coefficient de pénétration dans l’air ! C’est une auto de course ! Le volant est passé à droite, comme pour tous les prototypes de l’époque.

On trouve une reproduction de la Carrera 6 chez Corgi Toys, et ce à deux échelles différentes,  comme Gama, Dalia,   et Mercury,  mais aussi chez Siku, Pilen, Nacoral, Joal,  Norev, Vinyl line, Marx, Buby, Blue Box, Dinky Toys, Solido Chiquicars, Clé, Jean, Brosol, Clifford Tootsietoys, Schuco, Zee toys, Joustra, KDN, Ideal…et même un fabricant russe inconnu !

Bref, il est plus rapide de donner l’identité des quelques fabricants de jouets qui n’ont pas inscrit à leur catalogue la Porsche Carrera 6 : Minialuxe, Champion, Politoys, Tekno, Diapet

Mebetoys l’avait programmée ,et la voiture figure au catalogue…face à la concurrence l’entreprise choisira de se replier sur la 910, comme Märklin et Matchbox d’ailleurs. Jouef qui venait de sortir la 904 l’avait également programmée pour ses circuits électriques, avant de se raviser. On note d’ailleurs un succès généralisé chez les fabricants de circuits électriques.

Pas de doute cette Porsche Carrera 6, indémodable, symbolisera la voiture de course pour le grand public.

Il en est pour preuve sa longévité dans les catalogues des fabricants : Siku, Pilen et Norev entre autres l’ont gardée comme une icône dans leur catalogue. Indémodable de par ses rondeurs et une forme de modernité qui a fasciné les enfants pendant presque 20 ans !

Ce fut mon cas. Elle m’a séduite à jamais avec ses formes douces et demeure aujourd’hui encore ma favorite dans les autos de course. Rendez-vous dans quelques semaines pour une surprise de taille. La découverte récente d’un prototype provenant d’un fabricant français.(lire la suite de l’histoire)

Le gout du luxe.

Le goût du luxe

Je n’irai pas par quatre chemins. Au risque de diviser et de créer la polémique entre collectionneurs, Solido est à mes yeux la marque de jouets la plus passionnante du siècle dernier. Elle a su se montrer innovante tout en assurant la constance de sa production.

Je suis un collectionneur éclectique, mes centres d’intérêt sont nombreux, mais s’il faut avoir une préférence, c’est à Solido qu’elle va.

L’acquisition récente de quelques coffrets de montage Solido m’a ramené à l’excellent ouvrage de Bertrand Azéma, « Jouets Solido 1932-1957 », ouvrage qui fait la part belle au créateur de la marque, Ferdinand De Vazeilles, et aux premières productions.

J’ai relu l’interview qu’avait donné son fils, Jean de Vazeilles en 2001 Ce dernier lui avait succédé en 1953.

Ferdinand et Jean de Vazeilles représentent à eux deux près de cinquante ans d’histoire de la production .

Et l’on constate que Solido a toujours été en avance sur les autres. La firme a produit pendant cinquante ans des jouets de qualité, robustes et ludiques grâce à leur conception intelligente.

Le fil rouge qui relie les premières Solido aux dernières n’est pas toujours évident à percevoir. On peine à établir le lien entre une auto de type « 140 » de 1932 (c’était la dimension en cm), qui prendra le nom de  » Major » en 1938 et une Alfa Romeo 2600 encore disponible en 1978 en coffret « Week End 1 » devenu par la suite « Caravaning 1 ».

Elles ont pour point commun d’être démontables et disponibles dans d’attrayants coffrets. Leurs montage, démontage et transformation ont occupé plusieurs générations d’enfants.

Pour mieux comprendre l’intérêt de cette firme, il faut remonter à sa création. Je me suis inspiré des écrits de Bertrand Azéma qui avait eu des relations privilégiées avec le fondateur, Ferdinand de Vazeilles.

En 1919, Ferdinand de Vazeilles est le premier industriel en France à créer une entreprise de fonderie sous pression.

C’est lors d’un voyage en Angleterre, juste après la grande guerre de 14-18 qu’il a découvert cet outillage révolutionnaire. Il comprend immédiatement que ce type de machine possède un potentiel infini dans ce monde de l’après 1918, qui est à reconstruire. Son premier client sera Pleyel, le fabricant de pianos. Très rapidement l’industrie automobile suivra. Renault et Citroën seront de fidèles clients de sa société « Aluvac ».

L’affaire prospère. Ferdinand de Vazeilles prospecte sans cesse de nouveaux secteurs industriels qui pourraient avoir besoin de ses services. Parmi ceux-ci , l’industrie du jouet lui semble tout indiquée.

Il trouve que les jouets disponibles à cette époque, surtout ceux fabriqués en France  dits « jouet de quat’sous » mais  aussi les jouets en composition, sont dépassés. Il démarche les industriels du secteur, mais n’essuie que des refus.

Qu’à cela ne tienne, il les fabriquera lui-même. Il scinde sa société en deux, pour, très peu de temps après, ne garder que la fabrication de jouets. Il fallait qu’il soit sûr de lui. Le succès sera vite au rendez-vous. Il s’est positionné sur le haut de gamme, avec des articles assez chers. La finition chromée des autos renforce cette impression.

Ferdinand de Vazeilles a toujours eu le goût du beau. Dès la création des premiers modèles, l’idée de les proposer dans de luxueux coffrets a germé. Pour diffuser les grandes boîtes de montage, au prix élevé, il se tourne évidemment vers les boutiques de jouets les plus renommées, comme le fameux Nain Bleu rue Saint-Honoré à Paris.

Ferdinand de Vazeilles doit composer et offrir également des coffrets de taille plus modeste, au prix plus accessible. Des boîtes de deux carrosseries seront ainsi très vite proposées à la clientèle.

Ces dernières assureront la renommée de la firme. Les grandes boîtes demeurent, elles ont un côté inaccessible et font rêver les enfants.

Le principe de ces coffrets prestigieux perdure jusqu’en 1956. A cette date, le coffret « Concours d’élégance » contient plus de 20 modèles ! C’est un sommet inégalé dans le domaine des coffrets de miniatures automobiles. Summum du luxe, pour ce coffret, la clientèle peut choisir entre trois tailles.

Je vous laisse imaginer la dimension des coffrets. Ils constituent un véritable catalogue couvrant la production Solido du moment. On y retrouve mélangés des camions, des autos, des scooters, des avions provenant de diverses séries. Les Mosquito sont au 1/75, les Baby au 1/60 et les Junior au 1/40 environ. Un inventaire à la Prévert en quelque sorte.

Précisons que sur les notices professionnelles, ces coffrets ne sont pas décrits. Solido demande aux professionnels intéressés de se rapprocher de l’entreprise pour obtenir des renseignements. Peu furent produits.

Solido devait réserver ces coffrets à un petit nombre de commerçants, ceux qui avaient la clientèle potentielle. On imagine la fierté du commerçant qui, au moment de Noël, pouvait présenter un coffret de ce type dans sa vitrine illuminée.

La volonté de proposer de beaux coffrets est toujours restée ancrée dans l’esprit de la famille. Des coffrets Junior de grande taille, certes plus modestes que les démesurés « Concours d’élégance », sont restés très longtemps au catalogue. Ils figurent sur les listes professionnelles jusqu’en 1967.

Quand la série 100 a été lancée, l’idée de la proposer parallèlement en version démontable ne semble pas avoir été retenue. Seuls trois modèles, au début des années soixante, connaîtront une déclinaison démontable : la Ford Thunderbird 63, l’Alfa Romeo 2600 et l’Aston Martin DB5 (voir les blogs consacrés à ce sujet).

Les accessoires issus des modèles Junior, le hors-bord et la caravane, reprendront pour l’occasion du service, et ce jusqu’à la fin des années soixante-dix !

Au début des années soixante, la direction va, à sa manière ressusciter les « Concours d’élégance ». De mémoire, cette tentative n’a jamais été consignée dans aucun ouvrage. Il faut dire que très peu d’exemplaires semblent avoir survécu . Ces coffrets sont exceptionnels de par leur rareté.

Pour les fêtes de fin d’année (1963 sûrement), il s’agit de proposer un produit exceptionnel à une clientèle exigeante et fortunée. Pour ces coffrets cadeau, la direction a réutilisé les emballages destinés à ses premiers coffrets de montage poids lourds. Elle les a garnis de modèles issus des séries 100, 200 et 300 : deux chars, un Patton américain et un PT76 russe, deux camions, un Berliet TBO benne et un Renault 4×4 bâché, deux autos, une Citroën Ami 6 et une Ferrari 250GT 2+2 et enfin deux voitures de course, une monoplace Ferrari 156 et un coupé Abarth 1000. L’étude de la liste des modèles montre combien la gamme était étendue.

La direction semble s’être « amusée à bien marquer les contrastes : deux blindés appartenant à deux camps opposés, une paisible berline française et un fougueux coupé italien, une fine monoplace et une GT de petite cylindrée.

Autos, camions et même char de combat se mélangent. On est bien dans l’idée de proposer un échantillon de la gamme du moment. Le poids de l’ensemble a peut être été un frein à la constitution d’une boîte de plus grande taille ! Les modèles de la série 100 ont tous pris de l’embonpoint, et celui des chars et des camions est conséquent.

J’ai pu trouver deux autres coffrets avec les véhicules encore ficelés réalisés à la même époque et utilisant la même base, le coffret de montage Poids-Lourd.

Le premier ne contient que des autos de tourisme de la série 100. On notera que Solido a pris soin de présenter ses modèles avec les portes ouvertes. L’aspect visuel est des plus réussis. Les modèles sont bien sûr maintenus sur le socle par le même type de ficelle qui était utilisé avec les modèles Junior.

Il va de soi que l’intérêt de ce type de produit est de le trouver avec les miniatures encore ficelées sur le socle. Quel enfant a pu résister au plaisir de couper la ficelle pour jouer avec ces belles miniatures ? Ceci explique le fait qu’ils soient restés si longtemps inconnus.

Un second contient la gamme des autos de course. Il est tout aussi somptueux. C’est un condensé des voitures qui ont dominé les divers championnats automobiles sur la période de la fin des années soixante. On notera l’uniformité des couleurs pour les modèles de nationalité anglaise. Ils sont désormais finis dans un »racing green » des plus convaincants.

Avant ces grands coffrets illustrés, Solido testa sa formule de coffret en réutilisant des boîtes de couleur jaune destinées aux coffrets Junior . Ces derniers ont été listés par Bertrand Azéma. J’ai d’ailleurs trouvé la trace d’une « boîte Le Mans » dans la notice destinée aux professionnels de 1958 et 1959.

Dans ses recherches sur Dinky Toys, Claude Wagner a retrouvé dans un catalogue « Le Bon Marché » édité pour les fêtes de fin d’année une photo  de ce coffret jaune contenant les autos de course de la série 100.

Avec le même boîtage, de forme plus grande, il existe un autre coffret, où les autos sont présentées en arc de cercle, comme dans la courbe d’un circuit. D’autres coffrets existent, contactez-moi si vous possédez l’un d’eux !

Le fait que la direction n’ait jamais cherché à créer un emballage spécifique semble indiquer qu’il s’agissait de ballons d’essai.

Dernièrement, j’ai eu l’opportunité de récupérer auprès de Mme Azéma deux autres coffrets des plus étranges. Ils témoignent encore de la volonté de proposer des objets luxueux.

Dans ce cas particulier, Solido a choisi la couleur or pour décorer le coffret contenant les miniatures. En voyant la boîte, on imaginerait plutôt qu’elle est destinée à recevoir un flacon de parfum. L’examen des autos nous amène au début des années soixante-dix (1973-1974). Ces coffrets n’avaient jamais été ouverts. Le film plastique scellant l’ensemble prouve qu’ils sont d’origine.

Cette année, deux autres exemplaires provenant directement de la famille de Vazeilles ont été mis sur le marché. Cette découverte prouve qu’une série a été faite. On comprend que le boîtage a été réalisé spécialement. Les miniatures sont dans leur boîte standard. Les boîtes superposées forment une colonne, insérée dans le luxueux carton.

Qui se souvient de ces éphémères coffrets ? Ils sont très rares. On comprend bien qu’une fois les fêtes de fin d’année passées, le commerçant pouvait facilement mettre en vente individuellement les miniatures des coffrets invendus.

On pourrait aussi ajouter à cette liste le rare cendrier avec la Panhard. Le cendrier est estampillé Solido. La boîte à elle seule transpire l’idée du luxe. D’ailleurs sur la notice le vocable est utilisé.

Durant la période de la présidence De Vazeilles, les coffrets hors norme ont été le fil rouge de la production. Ils témoignent d’une réelle volonté de proposer des jouets différents de ceux des concurrents, et d’associer à la marque une image de qualité. Une certaine idée du luxe en somme.

 

 

Déjà 10 ans.

Déjà 10 ans.

L’eau a coulé sous les ponts.Il paraît déjà loin le voyage de noces à Madrid de 1956 avec la Fiat 1400. (voir le blog : Un Amour de Fiat.)

Quelques kilos de plus, un cheveu gris qu’on arrache, des lunettes, les signes du temps qui a passé sont bien là.

Une petite fille est venue agrandir la famille.

L’année 1966 a commencé sous de bons auspices. L’inter de Milan vient de remporter un second Calcio d’affilée. Trois en quatre ans, de quoi satisfaire notre homme, qui, bien qu’habitant Rome, demeure un fervent supporter du club milanais. La logique est familiale. C’est l’oncle qui a transmis au neveu la passion pour le club lombard.

Et c’est donc le coeur léger que la petite famille s’apprête à fêter les dix ans de mariage du couple.

Côté professionnel, la progression a été linéaire. Nouvel appartement dans le quartier du Trastevere, une télévision, un nouvel aspirateur et surtout, nouvelle auto. Ils ont revendu la vieille 1400 qui fut un bon achat et laissera de bon souvenirs : elle les a véhiculés pendant plus de dix ans sans aucune panne. Elle n’a à son passif qu’un changement de pare-brise.

Du coup, ils sont restés fidèles à la Fiat et ont commandé une 1500L…sera-t-‘elle aussi fiable ?

Cette auto est dérivée de la Fiat 1800, le haut de gamme de la marque. Elle possède un « petit » moteur 4 cylindres très sobre.

Et puis avec la naissance, il fallait une auto plus moderne, plus confortable. D’ailleurs ils vont pouvoir la tester sur un vrai trajet. En effet, pour les dix ans de mariage, quoi de mieux qu’un retour aux sources, un séjour à Madrid !

Le voyage a été long. le moteur a chauffé. Dès l’arrivée à Madrid, notre conducteur est allé dans un garage Seat afin de faire vérifier le radiateur et diagnostiquer les éventuels dégâts dus à la surchauffe.

Seat fabrique sur place des 1500, similaires à leur Fiat. C’est dire que cette mécanique n’a pas de secrets pour un concessionnaire Seat.

L’amabilité légendaire des espagnols, et du garagiste en particulier remontent le moral. La panne est-elle grave ? Le joint de culasse a-t-‘il été touché ? La petite fille a la mine déconfite et pour lui redonner le sourire, le garagiste lui offre un petit découpage : une Seat 1500, comme celle de papa, à découper et à assembler.

En attendant, pour oublier les déboires mécaniques, quoi de mieux qu’une visite au Prado. Si les galeries du musée sont trop longues pour la petite, elle pourra s’atteler à son découpage .

Il y a dix ans, nos amoureux n’avaient pu admirer les chefs-d’oeuvre de la peinture flamande se trouvant à l’étage inférieur.

La descente de croix de Van Der Weyden a de quoi émouvoir le visiteur le plus blasé. La beauté de ces primitifs flamands a redonné un peu de baume au coeur à nos amis car le moral était bien bas à la perspective d’un retour compliqué en Italie.

Il faut repasser à la concession Seat pour connaitre le diagnostic du garagiste. En poussant la porte du garage, c’est avec un grand sourire, que le mécanicien les accueille. « Ce n’est rien, dit-il, juste le manomètre de température d’eau qui était déficient. Il indiquait une température erronée ! »

C’est avec soulagement qu’ils quittent le garage. Sur le chemin les conduisant à l’hôtel le père repère un grand magasin de jouets.

Un souvenir d’enfance lui revient à l’esprit : celui d’une journée mal entamée qui avait bien fini, son père lui ayant offert un splendide coffret PM.

Il entre dans le magasin comme pour donner corps à ce souvenir enfoui qui vient de lui remonter à la mémoire.