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Une étape décisive.

Episode 4. Une étape décisive.

Pour  mieux comprendre et analyser l’histoire de nos miniatures automobiles, il faut d’abord connaitre l’histoire de ceux qui les ont conçues.  Qu’ils soient industriels, petits entrepreneurs ou même, dans les années soixante modestes artisans.

Après les exemples des miniatures produites par SR, CR, CD (voir le blog il était une fois)  et les Jouets Citroën,  (voir le blog l’odysée en C4 ), le modèle suivant va marquer une  véritable révolution . 1932 va être une année décisive.

1932 est  l’année de la  première utilisation du zamac, en France, par Solido pour injecter des miniatures automobiles.

Cette avancée technique mérite à elle seule l’incorporation des modèles de la série Major dans cette liste de 10. La qualité de fabrication , de finition (chromage) et l’aspect ludique (carrosserie démontable et modulable) sont aussi des éléments à mettre au crédit de ce choix. Solido par ce choix technique révolutionne aussi l’assemblage du jouet qui se faisait par agrafe ou par soudure.

Vous pouvez relire le blog « le gout du luxe »retraçant le parcours de Ferdinand de Vazeilles. Un autre élément est à prendre en considération  pour appuyer ce choix et bien comprendre l’étape décisive que fut l’apparition de ces modèles démontables de la série Major.

1932 marque l’ apparition des autos de « petite » taille chez les marchands de jouets, qu’il faut bien différencier des bazars, et des autres marchands de couleurs. 

Jean de Vazeilles, le fils de Ferdinand, le créateur de la marque  l’a lui même  raconté. Lors du lancement des fameuses Major , Ferdinand de Vazeilles est lui-même allé placer ses jouets dans la fameuse boutique du Nain Bleu rue Saint-Honoré.

Pour cela il a dû créer ses fameuses boîtes. Les coffrets . Avant cela les marchands de jouets n’avaient guère envie de distribuer des miniatures conçu pour une vente au comptoir comme c’était le cas dans les bazars. Il faut penser à la conception même de ces magasins de jouets. Souvent une grande vitrine donnant sur la rue.  Mettre en évidence et donner envie d’acheter  des autos de petite taille  est un casse-tête pour le commerçant. D’où la création de présentoirs ou de de coffrets de grande taille. Dans ces cas, ils peuvent faire concurrence aux jouets en tôle de grande taille.

Un autre point est à prendre en considération. L’arrivée des Solido en magasin de jouets coincide avec un prix de vente conséquent.

Ces rares magasins ne distribuent que des articles de haut de gamme . Le prix d’un coffret Solido peut donc concurrencer un modèle de la marque Jep en tôle. En feuilletant les catalogues d’étrennes des grands magasins du milieu des années trente, les coffrets Solido sont les seules petites autos représentés au milieu des autos en tôle de chez Jep, CIJ et autres. Les Major et leurs dérivés plus accessibles  Junior et Baby ont donc une place primordiale dans ce panthéon de l’histoire des miniatures française.

Plus de 20 ans se sont écoulés entre la Major Solido et le modèle suivant. La guerre est passée par là. Il est à noter que Solido a réussi à produire un peu durant la guerre.

Nous sommes en 1954. C’est aussi à mes yeux une étape très importante. L’arrivée du plastique . Un plastique de qualité, la Rhodialite développée par Rhône-Poulenc.

Ce n’est pas la première utilisation du plastique  en France pour produire des jouets. Ce qui justifie mon choix c’est l’utilisation de cette matière, souvent associée à des jouets bas de gamme, avec l’idée de fabriquer un jouet de qualité, détaillé, fidèle, et comble du luxe vendu avec un étui individuel.

J’ai choisi la Simca Aronde Norev, car elle débuta la série. Elle sera mise en vente avec une belle boîte illustrée. En comparaison, la Simca Aronde de Dinky Toys sera le premier modèle de Bobigny a, enfin, recevoir un étui individuel avec la Buick Roadmaster et le Peugeot D3A Mazda.

Quel tour de force de la part de Norev de pouvoir offrir une auto comportant autant de pièces rapportées avec un prix de vente si bas.

N’oublions pas que nos belles Dinky Toys sont monoblocs. Les détails sont soulignés au pochoir. Il faudra attendre plus de 10 ans pour voir des Dinky Toys avec des pare-chocs rapportés (Ferarri 275GTB) !

Les frères Véron auront réussi un beau tour de force en lançant des modèles de grande qualité accessibles à tous. Le succès sera au rendez-vous auprès des enfants, même s’il faudra attendre longtemps, les années 1990- 2000, pour une reconnaissance de la part des collectionneurs qui longtemps dédaigneront les Norev du fait de leur carrosserie en plastique.

Le dernier modèle du jour est aussi une Solido. Elle porte la référence 121. C’est la Lancia Flaminia.

Elle synthétise toutes les  innovations technique de la firme d’Oulins. Avec l’arrivée de la série 100, en 1957, Solido n’a cessé d’innover. cela perdurera durant toute cette série. Aprés  avoir été le premier fabricant au monde à équiper ses miniatures de suspensions (voir le blog sur la Jaguar Type D) Solido sera aussi le premier à équiper une miniature de portes ouvrantes (voir le blog sur la Lancia Flaminia). Solido collectionnera les  premières .

Difficile ne pas parler des blindés et leurs fameuses chenilles. Solido ajoutera aux innovations la qualité.

Difficile aussi de ne pas commenter le choix , souvent judicieux des modèles. Solido a compris très vite l’intérêt de sortir des modèles de sport et de course, au contraire de Dinky Toys qui n’a pas vu le changement arriver

Solido mérite bien, à mes yeux, d’apparaitre deux fois au palmarès des dix miniatures  françaises les plus marquantes de l’histoire. 

Vous pouvez aussi relire le premier épisode expliquant la genèse de cette histoire.

Un pari fou.

Episode 1. Un pari fou.

Mon trajet quotidien à bicyclette, de quelques 30 kilomètres, est ponctué d’arrêts aux feux rouges. J’en profite pour reprendre mon souffle, surtout dans la montée de la rue des Pyrénées, mais aussi pour lever le nez de mon guidon et observer la ville. Les gens, leur chien, les frontons des immeubles, les arbres, et bien sûr les affiches des kiosques et des panneaux publicitaires.

Ce matin-là, c’est la une du magazine, « Entreprendre », sur le kiosque situé place Gambetta qui attire mon attention.  » DOMINIQUE ROMANO – IL INVESTIT SUR DES PROJETS FOUS . Vente-privée, start-up , Seine St-Denis, La Pérouse…

Entreprendre Dominique Romano Il investit sur des projets fous
Entreprendre Dominique Romano Il investit sur des projets fous

Le feu passe au vert et je repars, tout ébouriffé encore par ce titre. Les héros sont désormais des capitalistes entrepreneurs. De mon temps c’était Tintin. Autre époque, autres références.

Le même jour, en fin d’après-midi, une personne avec des lunettes noires entre discrètement dans la boutique. Il reste 10 minutes à scruter minutieusement les vitrines, et pose une question. Au son de sa voix je le reconnais : Edmond Magne, un ancien confrère qui était établi à Drancy au milieu des années 80. Edmond est un passionné. C’est le genre d’amateur qui a du mal à contenir sa passion et qui, parfois, s’est laissé entrainer par ses pulsions d’achat. Certains ont ainsi gardé de lui des souvenirs mitigés.

Edmond indique avoir accumulé 70 000 modèles. Il a fondé une association: AAMAATOL .  J’admire chez Edmond la volonté qu’il a, et ce depuis que je le connais, d’ouvrir un musée. C’est son objectif, depuis près de 40 ans. A chacune de nos rencontres, je lui demande des nouvelles de son projet, le sujet revient comme un serpent de mer.

Cet aprés-midi, je renouvelle ma question. Et là, Edmond retire ses lunettes noires, me regarde dans les yeux et me répond : « Cela va se faire ! »

« J’ai acquis un terrain de 600 m2 » me dit-il. Et il continue à m’exposer son projet .Monter un complexe, dans la région de Troyes : un musée et une petite salle de spectacle…A ce niveau du récit, je me dois de préciser qu’Edmond a changé de métier et qu’il il est désormais dans le show business. Il programme des chanteurs et des groupes de musiciens.

Comme je m’inquiète de la restauration il me répond du tac au tac : « C’est prévu !  Et ce sera de la gastronomie française !  »

Aux détails et arguments qui étayent la réponse, je comprends qu’Edmond est assurément un fin gourmet voire un peu cordon bleu. Quel projet !

Certes c’est ambitieux mais je suis médusé et admiratif d’un tel enthousiasme. Le soir en vélo, je revois l’affiche et je ne peux n’empêcher de faire le lien entre le titre du magazine et l’ambitieux projet d’Edmond. J »imagine sa rencontre avec M. Romano.

Je me dois cependant ici de mettre en garde Edmond. C’est un projet que j’ai envisagé un moment, il est assez utopique. Le collectionneur prend facilement sa collection pour un musée. Or la collection est une démarche personnelle, sa constitution répond aux goûts et aux choix de ce dernier. Une collection personnelle n’est pas faite pour recevoir la visite du public. Quant au musée, il se doit d’éveiller la curiosité du spectateur, il a un rôle pédagogique.

Une récente visite au musée du Louvre, au département des arts de l’Islam m’a inspiré ces quelques idées. A l’entrée du département le musée a installé quelques vitrines avec des oeuvres phares qui permettent au grand public de mieux appréhender la visite. Ces quelques pièces maitresses sont replacées dans le temps et dans l’espace avec une carte. C’est simple et efficace.

Comme moi, Edmond est amateur de jouets français. Il aura d’ailleurs cette phrase : « Mon truc, c’est la France ! » il voulait bien sûr parler des fabrications françaises.

Cher Edmond, voilà ce que tu pourrais faire à l’entrée de ton musée : un classement chronologique des 10 modèles réduits d’automobiles de fabrication française qui ont marqué l’histoire par leur  innovation technique, le matériau utilisé ou la fonction ludique . Je te fournis ma liste :

  1.   SR Unic taxi (plomb)

2.   CR double phaeton (tôle)

3.  CD Delahaye (plomb)

CD Delahaye limousine
CD Delahaye limousine

4.  jouet Citroën, Citroën C4 (plastiline/tôle)

"Les jouets Citroën" Citroën C4 berline
« Les jouets Citroën » Citroën C4 berline

5.  Solido coffret d’autos Major démontables (zamac)

Coffret Solido Major pour le marché anglais
Coffret Solido Major pour le marché anglais

6.   Norev Simca Aronde (plastique/tôle)

Norev Simca Aronde premier modèle première boîte "lapin"
Norev Simca Aronde premier modèle première boîte « lapin »

7.   Solido Lancia Flaminia (zamac)

Solido Lancia Flaminia (rare couleur)
Solido Lancia Flaminia (rare couleur)

8.   RD Marmande. Panhard Levassor 13,6 L course 1902 (bois)

RD Marmande Panhard Levassor 13,6L course 1902
RD Marmande Panhard Levassor 13,6L course 1902

9.   Champion Lola T70 (plastique/zamac)

Safir Champion maquette bois Lola T70
Safir Champion maquette bois Lola T70

10.    AMR Porsche RSR turbo Martini Le Mans 1974(white metal).

Lors des  quatre prochains épisodes, je donnerai  et développerai les explications sur mes choix. Que ceux qui s’alarment de ne pas voir leur marque favorite dans cette liste attendent donc un peu pour m’écrire.

Et les Dinky Toys?

Elles ne ne viennent qu’après …en 1970-1980. Ces années marquent l’arrivée du phénomène de la collection de miniatures.

Dinky Toys n’a jamais innové. Si ses modèles ont marqué une époque, une génération, ce n’est pas pour leur innovation technique ni pour les choix audacieux des matériaux entrant dans leur fabrication. C’est la qualité de fabrication et le réseau de distribution (magasins de jouets renommés) qui ont contribué à la légende.

D’ailleurs l’idée de départ de Meccano, celle de créer des éléments d’animation pour les trains Hornby, à l’échelle « O » , donc au 1/43, est sérieusement écornée quand on analyse un peu la gamme des berlines Dinky Toys. Les premières en plomb, matériau déjà obsolète en 1934 sont réduites à une échelle proche du 1/50.

Les deux premières miniatures que l’enfant peut identifier sans se tromper, la Simca 5 et la Peugeot 402 sont également reproduites à des échelles nettement inférieures au 1/43. Il suffit de les comparer avec les modèles JRD en plastiline   ou Rivarossi   en bakélite !

Il faudra attendre la 24 N , la Citroën Traction avant pour avoir une vraie Dinky Toys France au 1/43 !

Dès les années soixante-dix, le modèle aura quelque chose de mythique et passera aux yeux de nombreux collectionneurs pour une pièce rare, malgré le nombre d’exemplaires produits, comme le souligne Jean-Michel Roulet dans son ouvrage.

 

Comme par magie.

Comme par magie.

C’est le titre d’un article du journal « Le Monde » du 12 Janvier 2021 qui m’a inspiré le sujet du jour. « Premier ministre et prestidigitateur ». L’article est signé Eric Albert. Il analyse un documentaire diffusé sur France 5 ce même jour.

Deux journalistes, Walid Berrissoul et Florentin Collomp font le portrait du Premier ministre britannique en exercice, Boris Johnson, et font un parallèle entre son élection et le métier de prestidigitateur.

Ces derniers ont déclaré au sujet de leur travail « On cherchait à répondre à la question : qu’est ce qu’il se passe quand quelqu’un est élu sur un mensonge ? « 

Il arrive que les médias fassent le rapprochement entre le monde féérique de la magie et les déclarations de personnages influents. Sur le ton de la dérision, bien entendu. Comparer un homme politique à un magicien est rarement très flatteur pour ce dernier.

Dans mon activité professionnelle la magie intervient parfois. Il faut savoir ouvrir les yeux. Des choses insignifiantes aux yeux du plus grand nombre ont le pouvoir de vous faire chavirer.

Depuis près de quarante ans j’ai le privilège d’exhumer chez les gens des objets liés à leur passé ou à celui de membres leur famille. Des petits rien.

Dernièrement au fond d’un sac contenant des miniatures j’ai trouvé un badge des années 70, période peace and love offert par Toyota à l’époque où la marque se lançait à la conquête du monde.

Un petit rien mais qui, placé à côté de vos Toyota Cherryca Phenix leur donne une touche personnelle et imprime à la vitrine une identité, la vôtre. La vue de ce badge me ramène à chaque fois au souvenir de sa découverte.

Un autre jour ce fut une simple épinglette Lada, qui m’apparut au milieu de quelques miniatures Norev. Ces objets révèlent les liens qui unissent les gens et les firmes automobiles.

En interrogeant les vendeurs, on ravive leurs souvenirs. On entre peu à peu dans leur vie. La magie d’un objet insignifiant opère donc parfois.

J’ai pu dégager une constante dans ces petites collections constituées dans les années cinquante. Immanquablement, les collectionneurs ont cherché à avoir une représentation des autos populaires qu’ils croisaient dans la rue.

Les Dinky Toys ont su répondre à l’attente de ces jeunes amateurs. Ces apprentis collectionneurs se sont heurté à un obstacle. Vous ne voyez pas ? Où trouver la reproduction d’une Renault 4cv ou d’une Frégate ? Dinky Toys ne pouvait reproduire à cette époque les modèles de Boulogne-Billancourt.

Un contrat liant la Régie Renault à la C-I-J réservait à cette dernière le droit de reproduire les modèles de Boulogne-Billancourt en zamac. Les reproductions en plastique (Norev et Minialuxe notamment) n’étaient pas concernées par cette interdiction (voir le blog consacré à ce sujet).

Norev qui utilisait la Rhodialite a bien entendu inscrit à son catalogue ces modèles populaires. Bon nombre d’amateurs qui ne juraient que par le « métal » des Dinky Toys y virent un sacrilège. Norev a pourtant offert une superbe 4cv et une Frégate très bien proportionnée.

Parfois, j’ai eu la surprise de trouver dans ces collections des années cinquante une petite Frégate en tôle. Ce modèle est rare. Une petite décalcomanie apposée sur la malle arrière au niveau de la plaque d’immatriculation indique « 1952 ». Il est fort possible que ce modèle ait été offert à l’époque dans les concessions Renault. Elle devait être moins chère à produire par rapport à la C-I-J. La régie semble avoir opté pour un ferblantier français inconnu.

Aligner une Renault Frégate ou une 4cv représentait donc un vrai casse-tête pour les collectionneurs en herbe.

Souvent, les gens faisaient l’impasse sur les Renault dans leurs collections, parfois, à contrecoeur, ils se tournaient vers les C-I-J.

Les C-I-J étaient généralement distribuées dans les bazars et les marchands de couleurs. Pour certains amateurs cela leur conférait un côté ordinaire.

La 4cv et la Frégate de chez C-I-J sont parfois présentes au milieu des Dinky Toys. Elles sont souvent mises à part par les vendeurs, du fait de leur finition plus sommaire et de l’absence de marquage sur le chassis.

Les années ont passé, et aujourd’hui encore ces Renault Frégate n’attirent pas trop la convoitise des collectionneurs. Plusieurs raisons peuvent être avancées.

L’échelle retenue par la C-I-J, le 1/45 environ, est sûrement la première d’entre elles. La gamme des coloris également. Il faut dire qu’à la sortie de la seconde guerre mondiale, les coloris offerts par les constructeurs ne sont pas très flatteurs. La Frégate C-I-J en pâtit peut être plus que les autres.

Je me suis pourtant efforcé de rechercher les variantes. Elles sont nombreuses ! Du fait du désintérêt de nombreux amateurs elles sont assez abordables.

La firme de Briare a reproduit les deux types de calandre : celle à barres (1952) et celle ovale (1955). Plus tard (1957), dans sa série Europarc, elle offrira une seconde mouture, plus imposante, au 1/43, dans des finitions bicolores. Si cette miniature est réussie, on peut s’interroger sur la pertinence de la création de ce nouveau moule, pour une auto qui n’a jamais eu la faveur du public.

La première série se distingue, outre sa calandre à barres, par son marquage au pochoir sur le châssis. L’inscription « La Frégate Renault » fait penser à un usage promotionnel, d’autant que le logo C-I-J n’apparaît nullement et n’apparaîtra sur aucune version. Cette circonstance laisse souvent perplexe les vendeurs, quand, 60 ans plus tard, ils doivent identifier le fabricant du jouet. Il se peut que les premiers exemplaires aient été distribués par la Régie Renault comme celle en tôle décrite plus haut. Plus tard l’inscription au pochoir sera remplacée par une inscription en relief.

La Frégate, avec les deux types de calandre, est sortie avec un mécanisme à remontage à clef hérité des jouets d’avant-guerre. On connait les limites de ce type de mécanisme mais cela conférait au jouet un côté « luxe ». Ces versions sont peu fréquentes, notamment celle avec calandre ovale, presque anachronique en 1955.

Les premiers exemplaires sont équipés de jantes en aluminium, qui seront remplacées à partir des modèles équipés de calandre ovale par des jantes de couleur jaune, puis rouge . Elles souffrent souvent de déformations (réaction chimique entre la jante et le pneu nylon)

On notera les variantes de couleurs, grises ou bordeaux, qui connaitront de nombreuses et très subtiles nuances. La version finie en noir est assez rare.

Le modèle équipé de la calandre ovale connaitra des couleurs plus vives, plus joyeuses (bleu France, rouge…).

La rupture du contrat d’exclusivité pour la reproduction des modèles de la Régie par la C-I-J aura un effet inattendu : ne souhaitant pas rester sur un échec, la firme de Briare sortira une nouvelle mouture de la Frégate

Vous pouvez aussi lire l’histoire de Renault Frégate Kemmel de chez C-I-J.

Au pied de la montagne.

Au pied de la montagne.

En 1966, les amateurs de sport automobile n’ont d’yeux que pour le duel qui oppose Ferrari et Ford pour la victoire au Mans.

Après deux tentatives, Ford parviendra-t-il à décrocher la couronne ?

Depuis plusieurs années, la référence en matière de course d’endurance, c’est Ferrari. Lors de la précédente édition des 24 heures, elle a décroché un neuvième succès. Un record.

Pourtant, en 1966, qui pouvait deviner que ce serait sa dernière victoire au classement général ?

Qui pouvait prévoir que la marque qui allait dominer l’endurance les 20 prochaines années, et supplanter Ferrari au nombre de victoires au classement général et au nombre de couronnes mondiales serait Porsche ? Personne ou presque.

Comme le raconte fort bien François Hurel dans son indispensable livre « Sport & prototypes Porsche au Mans 1966-1971 » aux éditions du Palmier, Stuttgart amorce en 1965 une nouvelle organisation. C’est la montée dans l’organigramme d’un certain Ferdinand Piëch, neveu de Ferry Porsche, ingénieur de son état, qui devient le responsable de la compétition.

C’est aussi à ce moment qu’apparaissent les noms des ingénieurs Hans Mezger (moteur), Helmuth Bott (châssis) et Peter Falk (développement). Des noms que l’on va recroiser les vingt années suivantes, et qu’on associe aux sucès de la marque.

Comme l’explique François Hurel, « Ferdinand Piëch ne nourrissait aucun complexe et était dévoré par l’ambition. C’était un gagneur ! ».

Voilà comment Porsche, qui se cantonnait à des victoires de classe, décida de passer à la vitesse supérieure en cette année 66. Avant, seuls les tracés comme la Targa Florio ou Sebring, favorables à des autos légères, maniables et robustes pouvaient convenir pour la victoire au général.

Un des premiers signes de ce changement est symbolique. Le passage à la couleur blanche à la place de la couleur argent adoptée en 1932, sous le régime nazi par Mercedes puis Auto Union. Après la seconde guerre mondiale, les autos de course allemandes, dont les Porsche d’usine, avaient  gardé cette identification. Pourtant, l’Automobile Club de France avait attribué une couleur à chaque pays dès la création des premières compétitions automobiles afin que le public identifie les concurrents. Le sentiment nationaliste était déjà fort présent à cette époque. La couleur blanche fut attribuée aux concurrents Allemands, le rouge aux Italiens le bleu aux Français et le vert aux Anglais…Ce changement de couleur apparaît comme la volonté de Porsche de montrer que l’on repart pour une nouvelle aventure.

En 1966 Porsche est au pied de la montagne. Le chemin est semé d’embûches. Les victoires s’accumulent, mais il faudra quand même attendre 1969 pour savourer la première couronne mondiale et 1970 pour la première victoire au Mans.

En attendant, l’équipe décrite plus haut vient de concevoir la Carrera 6. Elle est superbe et tranche avec sa devancière la 904. Les ingénieurs sont repartis de zéro. Enfin presque.

Comme l’explique François Hurel, c’est « presque » une vraie voiture de course ». Le bureau d’étude en avait la volonté et la capacité, mais Ferry Porsche fit remarquer à ses jeunes ingénieurs qu’un lot de près de 100 suspensions, freins et roues avait été fabriqué en vue d’une seconde série de Porsche 904, qui n’avait pas vu le jour en raison de l’émergence du projet Carrera 6. Il demanda donc qu’on utilise ces produits sur le prochain modèle, la Carrera 6 !

Les ingénieurs vont devoir se plier aux exigences du patron et revoir leur copie. Ainsi la Carrera 6 va être équipée des grandes roues de 15″ de la 904 au lieu des roues de 13″ qui lui auraient conféré un meilleur Cx aérodynamique. Ces révélations de François Hurel expliquent donc la forme et la hauteur des passages de roue. Ces ailes avant, tout en rondeur donnent à l’auto une physionomie agréable, plaisante à l’oeil.

La voiture va devenir pour les fabricants de jouets l’icône de cette période. Il est révélateur que la Porsche Carrera 6 soit l’auto la plus reproduite en miniature malgré un palmarès modeste (une seule victoire au classement général à la Targa Florio 1966). Les vedettes de l’époque décrites plus haut ne connaitront pas ce succès chez les industriels du jouet. C’est un comble, qui trouve son origine dans la volonté de ne pas jeter un stock de pièces.

Le modèle qui succède à la Carrera 6 en 1967, la 907, aura un palmarès plus glorieux et comptera deux victoires au général. Elle sera même en lutte pour le titre jusqu’à la dernière épreuve. Equipée de jantes de 13″ élargies, ses ailes avant, plates et son capot avant, effilé, plus aérodynamique lui confèrent une allure très différente, nettement moins esthétique, mais bien plus efficace au niveau du coefficient de pénétration dans l’air ! C’est une auto de course ! Le volant est passé à droite, comme pour tous les prototypes de l’époque.

On trouve une reproduction de la Carrera 6 chez Corgi Toys, et ce à deux échelles différentes,  comme Gama, Dalia,   et Mercury,  mais aussi chez Siku, Pilen, Nacoral, Joal,  Norev, Vinyl line, Marx, Buby, Blue Box, Dinky Toys, Solido Chiquicars, Clé, Jean, Brosol, Clifford Tootsietoys, Schuco, Zee toys, Joustra, KDN, Ideal…et même un fabricant russe inconnu !

Bref, il est plus rapide de donner l’identité des quelques fabricants de jouets qui n’ont pas inscrit à leur catalogue la Porsche Carrera 6 : Minialuxe, Champion, Politoys, Tekno, Diapet

Mebetoys l’avait programmée ,et la voiture figure au catalogue…face à la concurrence l’entreprise choisira de se replier sur la 910, comme Märklin et Matchbox d’ailleurs. Jouef qui venait de sortir la 904 l’avait également programmée pour ses circuits électriques, avant de se raviser. On note d’ailleurs un succès généralisé chez les fabricants de circuits électriques.

Pas de doute cette Porsche Carrera 6, indémodable, symbolisera la voiture de course pour le grand public.

Il en est pour preuve sa longévité dans les catalogues des fabricants : Siku, Pilen et Norev entre autres l’ont gardée comme une icône dans leur catalogue. Indémodable de par ses rondeurs et une forme de modernité qui a fasciné les enfants pendant presque 20 ans !

Ce fut mon cas. Elle m’a séduite à jamais avec ses formes douces et demeure aujourd’hui encore ma favorite dans les autos de course. Rendez-vous dans quelques semaines pour une surprise de taille. La découverte récente d’un prototype provenant d’un fabricant français.(lire la suite de l’histoire)

L’aprés Mai 68 à Villeurbanne

L’après mai 68 à Villeurbanne.

Ce matin là, rue Decomberousse à Villeurbanne il règne une atmosphère tranquille.

Le personnel de l’usine Norev vient s’acquitter de sa tâche quotidienne. C’est un matin qui ressemble au précédent. La routine quoi. Mai 68 est déjà loin.

Quelles furent d’ailleurs les répercussions de mai 68 sur la gamme des miniatures Norev ?

Insignifiantes. Norev n’a pas saisi l’occasion pour proposer à ses petits clients un coffret « Woodstock » ou « Easy Rider ». La direction de Villeurbanne considérait sûrement que la vente de tels coffrets n’avait pas d’avenir sur le plateau du Larzac ou dans les contreforts de l’Ardèche, foyers de résistance à l’américanisation.

Plus sérieusement, ce type de produit ne reflétait pas la demande de sa clientèle de base.

Le seul signe visible sur la production, la seule concession faite au mouvement hippie sera l’édition, en 1971, trois ans après les événements, d’une petite planche de décalcomanies, avec quelques fleurs façon « peace and love » mais sans slogans !

Cette planche fut insérée dans la boîte de la Volkswagen 1300, de la Renault 4L, de la Simca 1000   et de quelques autres autos populaires bien sages. Elle fut, au début, apposée directement sur les modèles.

Pourtant une vraie révolution vient de s’opérer chez le fabricant lyonnais : le lancement de la série Jet Car.

Celle-ci utilise du zamac destiné à remplacer petit à petit la Rhodialite, matériau qui avait fait le succès de la marque.

Le changement se fera en douceur. L’introduction du zamac se fera d’abord avec l’injection des châssis dans une série dénommée « Cometal ».

Il faut voir dans cette série comme un test destiné à roder les machines, à apprivoiser cette matière nouvelle pour Norev.

Dans une même logique, Norev testera sur des séries de modèles en plastique ses nouvelles cabines de peinture. Ainsi quelques miniatures dont la Morris 850, la Fiat 2300, et la Lancia Flaminia recevront une finition « luxe », peinte. On retrouvera plus tard ces même teintes dans la série Jet Car.

En cette année 1971, la direction va fêter son anniversaire, 25 ans. L’entreprise a été créée en 1946. Depuis peu, le zamac est en train de supplanter la matière plastique dans l’injection des modèles. Pour marquer cet anniversaire c’est pourtant bien en plastique que sera injecté l’objet commémorant l’évènement : une pièce gravée des deux côtés, clin d’oeil aux pièces en or que l’on se transmet dans les familles, de génération en génération.

J’ai très peu d’informations sur la façon dont a été distribué ce rare produit. On peut simplement faire un parallèle avec la sortie, à la même époque d’un modèle « spécial », une Citroën SM « dorée à l’or fin » et distribuée en commerce dans un écrin particulier, un socle en plastique noir, inspiré des socles des premiers modèles en boîte écrin. Une inscription gravée sur le socle indique que le modèle est doré à l’or fin et un papier collé sur le couvercle de la boîte confirme que nous sommes  en présence d’un modèle hors du commun.

Le collectionneur de Norev aura remarqué que les changements opérés par sa marque favorite se font petit à petit. Pas de grands bouleversements. Observez les catalogues. On imagine que la direction se satisfaisait de présenter des couvertures identiques pendant des années : des drapeaux de tous les pays et des modèles présentés dans des vignettes façon timbre.

Seul le millésime changeait d’une année à l’autre. Pourtant en cette année 1971, la révolution de 1968 vient de  produire ses effets ! trois ans pour voir arriver la mode pop, ses fleurs, et ses flammes de couleur !

Cependant observez-bien la couverture : tout demeure bien en ordre, malgré les couleurs acidulées, les étoiles et les fleurs. Une DS de police et une Alpine de gendarmerie semblent ceinturer les autres miniatures.

Vous apprécierez aussi la petite bande dessinée. La direction de Norev semble envoyer un message  assez fort à ses jeunes clients, tentés de faire comme leurs parents, encouragés en cela par les discours libertaires entendus en 1968.

Le petit personnage créé dans ces années-là, Jimmy, incite le futur client à jouer partout avec ses Norev : à la maison, en vacances, à l’école…oui, mais uniquement à la récréation indique la bulle suivante !

Je suis persuadé que ma belle-soeur, enseignante en primaire appréciera ce message délivré par la direction de Norev ! Dommage pour les enseignants que les fabricants de jeux vidéo et téléphones portables n’aient pas glissé de tels messages dans les boîtes de leurs produits ! autre époque, autres moeurs.

PS: Mon fils vous a préparé une vidéo « le côté baroque des Dinky Toys ». C’est un support différent  qui a  également des avantages.

N’hésitez pas à laisser vos commentaires. C’est le début d’une série.

Regardez la vidéo: https://youtu.be/Q8u3y5gnK7E