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La pinte,Bruxelles et le tracteur.

La pinte, Bruxelles et le tracteur.

Ce titre surréaliste pourrait être celui d’un tableau de l’artiste belge René Magritte. Il n’en est rien. C’est encore une fois le Premier ministre anglais qui m’a inspiré, mais il est vrai que ce dernier verse parfois dans le surréalisme. Tout est parti de la lecture de la chronique d’Eric Albert dans le journal « Le Monde » du mercredi 12 janvier 2022.

Le journaliste rappelle que depuis trente ans le premier ministre anglais en exercice a toujours su très habilement déformer des faits relatifs à la question européenne.

Il cite dans le désordre la demande italienne de fabriquer des préservatifs plus petits, de raser le bâtiment actuel du parlement au profit d’une tour immense ou encore le souhait par les bureaucrates de Bruxelles d’imposer un test d’odeur au fumier…Boris Johnson a l’art de détourner les informations pour conforter les certitudes de son électorat euro-sceptique.

Dernièrement, afin de montrer tout l’intérêt du Brexit il a expliqué que les producteurs de Champagne allaient, pour le marché britannique, sortir des « règles européennes » en vigueur et re-fabriquer des bouteilles d’une contenance d’une pinte (0,57 litre).Celles qu’appréciait paraît-il,  Sir Winston Churchill : « assez pour deux au déjeuner et une au dîner ». Comme relève le journaliste: « l’information a fait le tour du monde : elle est drôle, simple, et le 23 décembre 2021, il ne se passait pas grand-chose d’autre. »

Il semble cependant que dans le monde viticole aucun producteur n’ait envisagé ce type de contenance.

Eric Albert conclut sa chronique par une interrogation  » Cinq ans de crise politique et institutionnelle pour en arriver là, cela en valait-il la peine ? »

Vous connaissez mon attachement à la Grande-Bretagne. Nos amis anglais ont une approche de l’univers de la collection de miniatures automobiles que j’apprécie, leurs manifestations sont conviviales et bien organisées, leur sens de l’humour et leur grande connaissance des modèles réduits m’ont toujours séduit.

J’ai là-bas beaucoup d’amis et nous évitons soigneusement de parler du Brexit, laissant cela aux grandes personnes.

EuroTunnel : en route pour la Grande -Bretagne !
EuroTunnel : en route pour la Grande -Bretagne !

Je me suis souvenu que dans les années cinquante, bien avant de rejoindre le marché commun en 1973, les fabricants anglais de miniatures automobiles avaient su faire preuve d’une véritable indépendance par rapport aux autres fabricants européens. 

Je m’explique. Nous avons vu précédemment (lire d’où venons nous?) que les premières reproductions de machines agricoles en jouets le furent à l’échelle du 1/32. Cette échelle correspondait à celle des figurines agricoles fabriquées par Britains en Grande-Bretagne, Quiralu en France ou Elastolin en Allemagne.

Cette échelle a été conservée partout en Europe, sauf en Grande-Bretagne ! Les deux grands fabricants, Dinky Toys et plus tard Corgi Toys, se sont affranchis de cette échelle pour adopter celle de leur gamme existante (1/43 pour les automobiles et le 1/50 pour les utilitaires).

Cette décision me paraît des plus logiques. Enfant j’ai personnellement dû me rabattre sur les miniatures agricoles de chez Corgi Toys. Solido n’avait d’yeux que pour les miniatures associées à la vitesse, tandis que Dinky Toys France et Norev ne juraient que par les berlines familiales.

Les fabricants français ont laissé le champ libre aux fabrications de jouets agricoles britanniques.

Vous connaissez tous la grande variété des produits proposés par Corgi Toys. La lecture des catalogues prouve l’intérêt de la firme de Swansea pour le monde agricole.

Elle veillera d’ailleurs à rajeunir constamment son offre. Le Massey- Ferguson type 65 sera remplacé par le célèbre et universel 165 . Les Fordson connaitront aussi, comme les vrais, des cures de rajeunissements au fil des ans. Corgi Toys a complété ses tracteurs avec une très belle gamme d’accessoires, preuve que la marque a pris ce marché au sérieux .

C’est pourtant Dinky Toys Liverpool qui fut le premier à produire des tracteurs miniatures à l’échelle du 1/43, et ce dès le début de l’aventure, en 1933. La raison est bien connue. Cette échelle correspondait à celle des trains Hornby.

Cependant, la firme de Liverpool n’affichera pas le volontarisme de son concurrent Corgi Toys. Elle peinera à offrir une offre élargie, renouvelée et modernisée. Il faudra attendre le milieu des années soixante pour voir de nouveaux tracteurs au catalogue, les David Brown.

Pourtant tout avait bien commencé pour Dinky Toys. La firme avait même dédié un numéro de code désignant la série agricole, le 27. Au début de l’aventure, elle attribuait à chacune de ses branches un numéro spécifique : berlines (40), cabriolets (38), voitures américaine (39) etc….

Chaque produit numéroté 27 était suivi d’un suffixe composé d’une lettre de l’alphabet. Le 27 A Massey Harris fut le plus célèbre. Il eut une vie très longue …trop longue même ! Imaginez que ce tracteur était encore en vente en 1970. Il avait été rebadgé « Massey Fergusson » du fait de la transformation de la société.

Les vénérables roues en zamac brut avec moyeux peints de couleur jaune avaient fait place à des jantes plastique/zamac montées sur pneus en caoutchouc. Le personnage était désormais en plastique comme le pot d’échappement.

Pour l’occasion, Liverpool avait créé un coffret et avait attelé à son tracteur une remorque de type rateau.  Une façon de se rappeler qu’il y a très longtemps elle avait proposé un superbe coffret cadeau contenant plusieurs miniatures de la gamme 27. Plus tard un autre coffret « supertoys » dans lequel le Massey Harris était attelé à une remorque de type rateau sera proposé.

Pour être le plus complet possible, n’oublions pas le très rare coffret conçu en France de type « importation » avec étiquette en langue française. De couleur rouge, dans l’esprit de ceux créés pour les camions laitiers Nestlé, Meccano France avait choisi l’épandeur pour être attelé au tracteur.  L’attache permettant à l’ensemble d’être fixé sur le socle manque très souvent.

Pour les amateurs de variantes de boîtes, l’intérieur du coffret peut être de couleur jaune ou de couleur rose, comme sur les camions laitiers d’ailleurs, et ce en fonction de la période de production. Les intérieurs roses ont précédé les jaunes.

Ce beau et symbolique tracteur a même fait un grand voyage en Afrique du Sud. Pour l’occasion il a reçu un marquage (Diesel Harris) et bien sûr une boîte spécifique. Ce dernier est très rare.

Le deuxième tracteur de la gamme 27 a été le Field Marshall. Il porte la référence 27 N. Lui aussi connaîtra une interminable carrière. Equipé de roues en zamac avec moyeux peintes de couleur argent, puis vert il finira comme le Massey Fergusson avec des jantes plastique/zamac et un personnage en plastique.

Un véhicule possède un charme certain et l’on aurait aimé d’ailleurs que Dinky Toys poursuive dans cette voie : le motocart. D’abord livré en boîte de 4 pièces, il recevra plus tard une boîte individuelle. Trois nuances de vert existent. Le vert foncé est rare comme le vert très pâle d’ailleurs.

Je passe sur les accessoires, ils figurent dans le coffret cadeau. Une mention spéciale, pour le plus rare à mes yeux, la triple tondeuse qui fut livrée en étui individuel. Ses couleurs chamarrées et sa conception ingénieuse marquent le sommet de gamme. On peut d’ailleurs l’atteler à la Land Rover, autre incontournable de la série 27. (voir le blog consacré à ce modèle)

Dans la gamme 27, figure enfin un break woody. On retrouve là toute la singularité britannique : le nom de l’auto reproduite ne figure pas, ni sur les boîtes de 6 pièces ni sur l’étui individuel ! Il s’agit en fait d’une Plymouth. Mais dans une logique ne pouvant appartenir qu’à une firme anglaise, les dirigeants de Meccano avaient décidé qu’il fallait un break pour compléter l’offre « agricole ».

Un break en finition « bois », donnant un côté rustique au modèle leur semblait la meilleure idée, au point de faire l’impasse sur le nom du constructeur !

Mes amis anglais, ne changez rien ! C’est comme cela que l’on vous apprécie. Il faut aussi savoir cultiver sa différence. Jusqu’à un certain point cependant !

Rendez-vous début septembre pour le prochain article.

 

 

Comme par magie.

Comme par magie.

C’est le titre d’un article du journal « Le Monde » du 12 Janvier 2021 qui m’a inspiré le sujet du jour. « Premier ministre et prestidigitateur ». L’article est signé Eric Albert. Il analyse un documentaire diffusé sur France 5 ce même jour.

Deux journalistes, Walid Berrissoul et Florentin Collomp font le portrait du Premier ministre britannique en exercice, Boris Johnson, et font un parallèle entre son élection et le métier de prestidigitateur.

Ces derniers ont déclaré au sujet de leur travail « On cherchait à répondre à la question : qu’est ce qu’il se passe quand quelqu’un est élu sur un mensonge ? « 

Il arrive que les médias fassent le rapprochement entre le monde féérique de la magie et les déclarations de personnages influents. Sur le ton de la dérision, bien entendu. Comparer un homme politique à un magicien est rarement très flatteur pour ce dernier.

Dans mon activité professionnelle la magie intervient parfois. Il faut savoir ouvrir les yeux. Des choses insignifiantes aux yeux du plus grand nombre ont le pouvoir de vous faire chavirer.

Depuis près de quarante ans j’ai le privilège d’exhumer chez les gens des objets liés à leur passé ou à celui de membres leur famille. Des petits rien.

Dernièrement au fond d’un sac contenant des miniatures j’ai trouvé un badge des années 70, période peace and love offert par Toyota à l’époque où la marque se lançait à la conquête du monde.

Un petit rien mais qui, placé à côté de vos Toyota Cherryca Phenix leur donne une touche personnelle et imprime à la vitrine une identité, la vôtre. La vue de ce badge me ramène à chaque fois au souvenir de sa découverte.

Un autre jour ce fut une simple épinglette Lada, qui m’apparut au milieu de quelques miniatures Norev. Ces objets révèlent les liens qui unissent les gens et les firmes automobiles.

En interrogeant les vendeurs, on ravive leurs souvenirs. On entre peu à peu dans leur vie. La magie d’un objet insignifiant opère donc parfois.

J’ai pu dégager une constante dans ces petites collections constituées dans les années cinquante. Immanquablement, les collectionneurs ont cherché à avoir une représentation des autos populaires qu’ils croisaient dans la rue.

Les Dinky Toys ont su répondre à l’attente de ces jeunes amateurs. Ces apprentis collectionneurs se sont heurté à un obstacle. Vous ne voyez pas ? Où trouver la reproduction d’une Renault 4cv ou d’une Frégate ? Dinky Toys ne pouvait reproduire à cette époque les modèles de Boulogne-Billancourt.

Un contrat liant la Régie Renault à la C-I-J réservait à cette dernière le droit de reproduire les modèles de Boulogne-Billancourt en zamac. Les reproductions en plastique (Norev et Minialuxe notamment) n’étaient pas concernées par cette interdiction (voir le blog consacré à ce sujet).

Norev qui utilisait la Rhodialite a bien entendu inscrit à son catalogue ces modèles populaires. Bon nombre d’amateurs qui ne juraient que par le « métal » des Dinky Toys y virent un sacrilège. Norev a pourtant offert une superbe 4cv et une Frégate très bien proportionnée.

Parfois, j’ai eu la surprise de trouver dans ces collections des années cinquante une petite Frégate en tôle. Ce modèle est rare. Une petite décalcomanie apposée sur la malle arrière au niveau de la plaque d’immatriculation indique « 1952 ». Il est fort possible que ce modèle ait été offert à l’époque dans les concessions Renault. Elle devait être moins chère à produire par rapport à la C-I-J. La régie semble avoir opté pour un ferblantier français inconnu.

Aligner une Renault Frégate ou une 4cv représentait donc un vrai casse-tête pour les collectionneurs en herbe.

Souvent, les gens faisaient l’impasse sur les Renault dans leurs collections, parfois, à contrecoeur, ils se tournaient vers les C-I-J.

Les C-I-J étaient généralement distribuées dans les bazars et les marchands de couleurs. Pour certains amateurs cela leur conférait un côté ordinaire.

La 4cv et la Frégate de chez C-I-J sont parfois présentes au milieu des Dinky Toys. Elles sont souvent mises à part par les vendeurs, du fait de leur finition plus sommaire et de l’absence de marquage sur le chassis.

Les années ont passé, et aujourd’hui encore ces Renault Frégate n’attirent pas trop la convoitise des collectionneurs. Plusieurs raisons peuvent être avancées.

L’échelle retenue par la C-I-J, le 1/45 environ, est sûrement la première d’entre elles. La gamme des coloris également. Il faut dire qu’à la sortie de la seconde guerre mondiale, les coloris offerts par les constructeurs ne sont pas très flatteurs. La Frégate C-I-J en pâtit peut être plus que les autres.

Je me suis pourtant efforcé de rechercher les variantes. Elles sont nombreuses ! Du fait du désintérêt de nombreux amateurs elles sont assez abordables.

La firme de Briare a reproduit les deux types de calandre : celle à barres (1952) et celle ovale (1955). Plus tard (1957), dans sa série Europarc, elle offrira une seconde mouture, plus imposante, au 1/43, dans des finitions bicolores. Si cette miniature est réussie, on peut s’interroger sur la pertinence de la création de ce nouveau moule, pour une auto qui n’a jamais eu la faveur du public.

La première série se distingue, outre sa calandre à barres, par son marquage au pochoir sur le châssis. L’inscription « La Frégate Renault » fait penser à un usage promotionnel, d’autant que le logo C-I-J n’apparaît nullement et n’apparaîtra sur aucune version. Cette circonstance laisse souvent perplexe les vendeurs, quand, 60 ans plus tard, ils doivent identifier le fabricant du jouet. Il se peut que les premiers exemplaires aient été distribués par la Régie Renault comme celle en tôle décrite plus haut. Plus tard l’inscription au pochoir sera remplacée par une inscription en relief.

La Frégate, avec les deux types de calandre, est sortie avec un mécanisme à remontage à clef hérité des jouets d’avant-guerre. On connait les limites de ce type de mécanisme mais cela conférait au jouet un côté « luxe ». Ces versions sont peu fréquentes, notamment celle avec calandre ovale, presque anachronique en 1955.

Les premiers exemplaires sont équipés de jantes en aluminium, qui seront remplacées à partir des modèles équipés de calandre ovale par des jantes de couleur jaune, puis rouge . Elles souffrent souvent de déformations (réaction chimique entre la jante et le pneu nylon)

On notera les variantes de couleurs, grises ou bordeaux, qui connaitront de nombreuses et très subtiles nuances. La version finie en noir est assez rare.

Le modèle équipé de la calandre ovale connaitra des couleurs plus vives, plus joyeuses (bleu France, rouge…).

La rupture du contrat d’exclusivité pour la reproduction des modèles de la Régie par la C-I-J aura un effet inattendu : ne souhaitant pas rester sur un échec, la firme de Briare sortira une nouvelle mouture de la Frégate

Vous pouvez aussi lire l’histoire de Renault Frégate Kemmel de chez C-I-J.

Au bonheur des dames

Au bonheur des dames.

« Nous sommes en guerre ». Voilà comment le 16 mars 2020, le Président de la République a présenté la situation du pays face à la crise sanitaire . Il l’a répété à six reprises. Dans son dessin à la une du journal « Le Monde » du mercredi 18 mars, Plantu n’a pas hésité à le représenter avec le costume du Général De Gaulle, ses deux étoiles, et son micro. Ce sont bien les symboles de la résistance de notre pays en 1940 contre l’envahisseur.

Oui, mais voilà, cette fois l’ennemi est invisible.

Coïncidence étrange, tandis que les habitants de Paris fuyaient vers la province à la suite des mesures de confinement, les rues de la Capitale s’ornaient des affiches d’une exposition organisée par la mairie de Paris, toujours aussi inspirée, au musée de la libération : « 1940 les parisiens dans l’exode ».

Nous avons retenu de nos cours d’histoire comment l’Angleterre fut pendant des siècles notre ennemi héréditaire : que de batailles, de traités de paix bafoués, d’alliances malheureuses. Waterloo marqua le coup d’arrêt des querelles entre nos deux nations. L’heure était venue de l’industrialisation, en Grande-Bretagne d’abord, puis partout dans la vieille Europe et désormais, ce n’est plus sur les champs de bataille que se joue la suprématie mais dans les usines.

La paix est nécessaire au développement économique. La France bénéficiait d’un essor économique, quand la Prusse, habilement, piégea Napoléon III dans le but de créer un nouveau  pays : l’Allemagne. La guerre était inévitable. De 1870 à 1944 c’est de la Prusse puis de l’Allemagne que sont venus les l’envahisseurs.

J’ai trouvé il y a quelques années cette figurine en plomb de fabrication française. On y voit une cage où est enfermé l’empereur Guillaume.

L’objet semble inspiré d’une image d’Epinal que je me souviens avoir vue dans un de mes premiers livres d’histoire.  Elle représentait une des cages de bois où le roi Louis XI faisait enfermer ses prisonniers de haut rang. C’est Victor Hugo qui, dans son roman « Notre dame de Paris », a popularisé ces « tombeaux », l’appellation « fillettes du roy » étant par contre fantaisiste car le terme désignait non les cages mais les fers entravant les prisonniers.

L’empereur Guillaume II a l’air à l’étroit dans sa cage. Il a l’air furieux. Comme au zoo, une pancarte figure devant les grilles avec cette inscription « sauvage ». Une colombe, symbole de la paix, s’est posée sur le dessus de la cage.

Cet objet est rare, je ne l’ai rencontré qu’une fois. Je l’ai acquise, et l’ai placée au milieu de ma collection Plank.

Notre ennemi était donc clairement identifié durant ce conflit.

Durant le confinement, je suis allé travailler quasiment tous les jours pour assurer les envois à la boutique.

Pendant ces deux mois l’affichage publicitaire rencontré sur mon parcours en vélo est resté le même, le temps s’est arrêté, et par bonheur, il ne s’est pas figé sur des photos de hamburgers dégoulinants : l’affiche publicitaire qui a accompagné tous mes trajets faisait la promotion du musée de la grande guerre à Meaux.

Voilà encore une étrange coïncidence. Sur cette affiche, que j’ai eu le temps de détailler deux mois durant au gré des abribus de mon trajet, un personnage a fini par nettement se détacher. Il faut dire que le graphiste a rehaussé la croix qu’il arbore sur la manche droite : c’est bien sûr de l’infirmière dont je veux parler.

C’est après le conflit de 1914 que les historiens se sont intéressés au rôle primordial des femmes durant la guerre.

Celles qui ont fait tourner les usines ont eu droit aux honneurs de la presse pendant que les hommes se battaient au front.

Par contre, celles qui soignaient les blessés ont été passées sous silence. Il ne fallait pas démoraliser la population en montrant blessés et infirmières. 

Les temps ont changé. Désormais, l’infirmière a le droit de figurer sur l’affiche du musée au même titre que le « poilu », le biplan Spad, le taxi de la Marne, le char Renault FT17 et les autres symboles de ce conflit.

Une fois de plus cela nous ramène à la situation actuelle. Avec la crise sanitaire, les gens semblent découvrir le mérite et le dévouement du personnel soignant. Comment a-t-on pu attendre une situation extreme pour s’en apercevoir ? Comment nos dirigeants ont-ils pu être à ce point aveugles ?

Alors que les applaudissements  de 20 heures se sont taris, le blog du jour est juste un témoignage de reconnaissance au personnel soignant.

J’ai réuni quelques-unes des ambulances miniatures les plus marquantes, les plus originales de mes vitrines.

Pour reproduire des miniatures d’ambulance, les fabricants ont eu plusieurs options.

La première, la plus aboutie, est de créer un moule spécifique. Cela demande des moyens. Les carrosseries très typées des ambulances empêchent bien souvent de pouvoir réutiliser le moule pour un autre usage. Il y a certes la possibilité de proposer une variante d’ambulance pompier. Cependant certains ont réussi ce tour de force, comme Tekno.

La firme danoise a choisi comme premier modèle, au 1/43, une reproduction d’ambulance Packard. Pour Bent Danielsen c’est la toute première Tekno en zamac. Elle reproduit une ambulance de la compagnie Zonen.

Les premiers exemplaires, sublimes, sont équipés de roues en tôle formées de deux parties.

Les premières carrosseries sont de couleur blanche, puis une version sera déclinée en rouge et noir, au moment de la réunification des compagnies Falck et Zonen.

Plus tard, Tekno réussira à réutiliser ce premier moule en déclinant une version postale. A l’occasion, elle se servira de l’emplacement conçu pour fixer le drapeau pour installer un petit mat de couleur rouge. C’est un exemple rare de réutilisation d’un moule d’ ambulance miniature en une autre version.

Certains ont fait l’inverse.

Savoye a décliné son moule du fourgon police en ambulance. Il a fallu revoir l’inscription latérale. Le policier juché sur le marchepied, typique des paniers à salade américains, est ici réincarné en brancardier intrépide.

On se demande s’il ne va pas falloir une autre ambulance pour venir le ramasser après un virage pris de manière trop rapide.

Une autre option, très commune, consiste pour le fabricant de jouets à utiliser le moule d’une camionnette tôlée ou vitrée de son catalogue, et à l’affubler d’un autocollant ambulance ou mieux d’une croix rouge. C’est souvent le cas chez les petits fabricants.

Charbens avec sa Morris ou ce fabricant danois, encore inconnu à ce jour, avec sa camionnette Dodge, ont pu décliner une ambulance à peu de frais.

RW Ziss et son Ford Transit ou Lima avec sa Fiat 500C ont eux aussi opté pour une transformation minimaliste avec l’adjonction d’un simple décalcomanie. On pourrait en citer encore beaucoup d’autres.

Avec quelques investissements supplémentaires, une sirène, un aérateur, un gyrophare, le fabricant pouvait donner l’illusion d’une vraie création.

Lego avec ses sirènes positionnées sur le pavillon a parfaitement réussi son coup, tout comme Buby et sa Buick Caballero.

Tekno avec son beau gyrophare a su habiller son Ford Taunus Transit fourgon. Le brancard confirme la fonction sanitaire du jouet.

Rico et Commando ont également réussi à transformer leurs classiques fourgons DKW en ambulances ibériques spécifiques. Le vitrage intérieur peint en blanc mat, la sirène et l’aérateur positionnés sur le pavillon du DKW métamorphosent ces simples fourgons.

Les espagnols ont toujours su utiliser les pochoirs avec une grande dextérité. C’est une tradition. Ce furent des maîtres dans cet exercice. La petite croix rouge sur la sirène est une pure merveille dont je ne me lasse pas.

Le Romeo de chez Politoys est dans la même veine, un cran en dessous. Politoys s’est contenté de positionner deux gyrophares et de peindre les baies vitrées.

La version mexicaine excite la curiosité. Le gyrophare est surdimensionné, les baies vitrées latérales transparentes et enfin, les jantes à rayons laissent à penser à une ambulance « sportive », conduite par le héros local de l’époque Pedro Rodriguez. C’est Mc Gregor qui se chargea au Mexique, de la réalisation de ce modèle avec l’outillage Politoys.

Les fabricants allemands ont joué la facilité. Märklin et Gama se sont contentés de mettre un gyrophare sur leur modèle minibus.

Certains fabricants ont pu, avec un peu d’ingéniosité, transformer à peu de frais un modèle existant et offrir un produit très différent par rapport à la production de base.

En France, Polichinelle a adapté une carrosserie spécifique à son châssis de Willys de série. Cette miniature semble avoir été inspirée par la réalisation d’un carrossier local. Le petit fabricant français a fait l’effort de ne pas positionner le siège passager. L’espace vacant est occupé par un brancard livré avec la miniature.

Enfin, certains fabricants de jouets ont créé un moule reproduisant une carrosserie ambulance qu’ils ne  déclineront  pas dans d’autres versions. Voici quelques exemples.

Ma préférée est celle de Pilot. Le fabricant danois a conçu un moule spécifique de toute beauté. Les lignes sont pures. Cette Ford est rare.

Restons en Scandinavie avec cette Minicar norvégienne. Elle représente une Chevrolet. La carrosserie est des plus typées. Un mélange de savoir-faire scandinave et américain. A mes yeux, c’est l’ ambulance la plus rare que je possède. J’en ai vu deux dans ma vie, je les ai acquises et j’en ai cédé une M. Dufour.

Atypique, c’est le qualificatif qu’on peut attribuer à cette ambulance du début du siècle dernier produite en Allemagne par Fisher pour le marché anglais. c’est une Oldsmobile. En voyant l’objet on comprend que les presses ne pouvaient resservir pour un autre modèle.

Le Tub Citroën, d’avant-guerre diffusé par Les jouets Citroën est une réussite. Il reproduit un modèle vu durant l’occupation allemande. Il est aux couleurs de la croix rouge.

Afin de collecter des fonds, l’organisation internationale n’a pas hésité à s’associer avec un fabricant de jouets, et ce de l’après-guerre jusqu’aux années soixante-dix.  Une partie de la somme récoltée par le commerçant lors de la vente du jouet lui était reversée. C-I-J, avec son break Citroën, Polichinelle, et plus tard Majorette ont réalisé des séries pour l’organisation.

Le plus étrange est la création par une firme française qui demeure pour moi encore inconnue de ce fourgon Renault pour la croix rouge française. L’échelle est le 1/43. Ce fabricant ne semble pas familier avec la création de jouets. Le modèle a du charme, mais il y a une certaine approximation. La boîte est en plastique, transparente. On notera la fiche numérotée aux couleurs de la croix rouge .

La direction de Binns Road a toujours souhaité avoir une ambulance à son catalogue, et ce quasiment depuis les premières Dinky Toys. C’est une magnifique Bentley qui inaugure la série en 1935 sous la référence 30F. Les premières versions ont les vitres latérales découpées. Afin de simplifier la fabrication, ces baies seront occultées après.

Une Daimler lui succédera. Elle symbolise à elle seule le modèle « ambulance » chez Dinky Toys tant sa durée de vie sera longue. C’est à cause de ce modèle que Liverpool opposera son veto au projet de production de la Peugeot 203 ambulance à Bobigny.

La Daimler connaitra une copie au Japon réalisée par Marusan.

Les copies d’ambulances anglaises ont jalonné la production mondiale. Réduites, agrandies, ou de même taille, elles pourraient constituer un thème de collection. Cela a commencé très tôt, comme en témoigne cette Charbens, monobloc, très fortement inspirée de la Dinky Toys.

J’aime également beaucoup la Pontiac de chez Guisval directement inspirée de celle de Binns Road. Copier une ambulance américaine en Espagne, il fallait oser.

Ce n’est qu’un aperçu rapide. Le sujet mériterait un ouvrage à l’instar de celui réalisé par le Docteur Force, dans les années 90, relatif aux véhicules d’incendie. Je conseille cet ouvrage, il est de très bonne qualité.

Enfin, vous ne pourrez plus exposer vos ambulances en vitrine sans faire une petite place à quelques figurines d’infirmières. Elles mettront en valeur vos miniatures.

PS: J’ai fait ce blog au mois d’Avril 2020. Le 29 Mai 2020, j’ai fait une lourde chute à vélo. Prothèse de la hanche ! J’ai pu, pendant les 12 jours d’hospitalisation, mesurer le sens des propos ce blog. Que serait on sans la bienveillance du personnel hospitalier ? Les infirmières apportent au patient ce plus qui  nous aide à remonter la pente. Leur gentillesse, leur dévouement nous font comprendre qu’il reste de belles choses ici bas. Merci mesdames les infirmières de la clinique Gaston Métivet  à Saint-Maur-des-Fossés.

 

Démagogie

Démagogie.

« Oh ! mais dans Pipelette il n’y a jamais les modèles que j’ai dans ma collection, c’est dommage ! »

Ce fut la première réflexion de M. Desbordes, après avoir feuilleté le numéro 5 de Pipelette. (disponible en ligne sur la page d’accueil du site Auto Jaune Paris).

Cette réaction m’a semblé presque normale. Le collectionneur a besoin de points de repère par rapport à SA collection. Reconnaitre des modèles qui lui sont familiers le conforte dans ses choix. Voir des objets qui lui sont totalement étrangers a quelque chose de déroutant.

1/ « un infatigable passeur »

J’ai tenté de lui expliquer ma vision des choses. Je me suis appuyé sur un article paru dans le journal du Monde le 2 Janvier 2019 signé Macha Séry en page 21. Cette journaliste rendait hommage à Claude Mesplède, spécialiste du polar décédé le 27 décembre 2018.

Ce dernier était critique littéraire et historien du roman policier. La journaliste le décrit comme étant un des meilleurs connaisseurs mondiaux du polar, un infatigable passeur… »

Cette expression « infatigable passeur «  m’a beaucoup touché. Très modestement, c’est un peu ce que nous cherchons à travers le blog et le magazine Pipelette. Il faut savoir refuser la facilité et montrer des produits méconnus, mettre en lumière des modèles qui pourraient tomber dans l’oubli quitte à perturber quelque peu les collectionneurs.

Pourtant, pas rancunier, je vais ce jour faire plaisir à M. Desbordes en présentant un de ses modèles fétiches. Il doit en avoir une douzaine. Ce chiffre me semble révélateur de l’intérêt qu’il porte à l’objet. Des souvenirs d’enfance sont sûrement derrière cet attachement.

Ce véhicule est peut-être celui qui a été produit en plus grande quantité chez Dinky Toys. Sa longévité au catalogue est exceptionnelle ! produit de  1958 à 1975 !

Vous l’avez peut-être reconnu, il s’agit du Berliet T6  tracteur d’artillerie (6 tonnes)  paru sous la référence 80 B puis renuméroté 818.

2/ Ce mal aimé.

Comme M. Desbordes, ce véhicule je l’ai eu enfant. Je dois avouer que ce cadeau ne m’avait pas beaucoup plu. C’est une tante de la Drôme qui, sachant que nous étions mon frère et moi dans une période que je qualifierais de « militaire » avait cru nous faire plaisir, en nous offrant à chacun, deux exemplaires de ce camion !

Ils étaient arrivés par la poste. Je me souviens du papier kraft typique des envois postaux de la fin des années soixante, bien entouré avec de la ficelle. Le tout dans une boîte à chaussures avec des papillotes, ces bonbons chocolatés enveloppés de papier brillant.

Je crois que j’avais préféré les bonbons aux camions.

Je venais d’acquérir le superbe AMX 30 de chez Solido. Alors, avec sa bâche en tôle pliée, ce modèle sans vitrage ni aménagement intérieur me donnait l’impression d’un jouet d’un autre âge.

J’ai très longtemps gardé une aversion pour ce camion. D’ailleurs, Il avait bénéficié d’une livrée personnelle grâce à l’achat de mes premiers pots de peinture pour maquette.

L’été dans le Nord de la France, il faut parfois meubler les journées maussades. Mes grands-parents m’avaient acheté une belle maquette d’avion de chasse de chez Heller. En fait, c’est le dessin de Jean Blanche sur le couvercle de la boîte qui m’avait séduit et qui avait orienté mon choix. Pour bien faire les choses, on m’avait aussi acheté des pots de peinture et un pinceau.

Mes grands-parents m’avaient délivré de nombreux conseils, me faisant comprendre par cet achat raisonné que je rentrais un peu dans le monde de l’adulte responsable.

Je pense que je n’avais pas bien perçu le message car la couleur bleu pâle avait fini appliquée en motif camouflage sur mes camions Berliet T6, leur donnant un peu de vie et de gaieté. Dans un même élan, j’avais également redécoré ma caserne Depreux. Heureusement, la faible contenance des pots a stoppé mon élan.

3/ Empathie.

Plus tard, dans mon activité professionnelle d’achat-revente de collections, j’ai souvent croisé des véhicules qui ont subi les outrages d’apprentis maquettistes. J’ai toujours une forme d’empathie pour les auteurs des faits et je me garde de tout commentaire.

C’est d’ailleurs un vrai plaisir pour le professionnel que je suis de vivre ces moments, d’entrer dans le passé des gens. Les véhicules redécorés raniment souvent des souvenirs. Parfois, je me demande pourquoi ils ne veulent pas les garder. Peut-être pour se libérer du passé ?

« Les choses ont leurs secrets, les choses ont leurs légendes
Mais les choses nous parlent si nous savons entendre ».(Barbara « Drouot » paroles Monique Andrée Serf)

4/ Et arriva le prototype du Berliet T6

Gamin, je n’aurais jamais imaginé qu’un jour j’aurais  en main le prototype en bois qui servit à valider ce projet, ni même les plans originaux de ce Berliet T6.

Ce n’était qu’un jouet et non un objet de collection. A l’époque, je ne pensais pas du tout à collectionner contrairement à certains collectionneurs qui ont eu ce déclic très tôt.

Ce prototype je l’ai acquis avec un grand nombre d’autres véhicules en bois chez un ancien employé du bureau d’étude.

Je pense que pendant longtemps c’est le manque d’information concernant le vrai véhicule qui m’a troublé dans l’approche de ce jouet. Heureusement la revue « Charge Utile » a consacré il  y a quelques années des articles à ce camion.

Pour résumer, Berliet hérita du projet lors du rachat de Rochet- Schneider en 1951. Pour l’anecdote, j’avais secrètement espéré lors de l’achat du lot de plans que ces derniers soient estampillés Rochet- Schneider.

Ce n’est pas le cas, mais le nom de Berliet ne figure pas non plus dans le cartouche avec les caractéristiques.  Seul le nom Berliet figure sur le châssis. Il a dû être rajouté après la confirmation de paternité du nom du camion. Jean-François Colombet  de « Charge Utile » signale que  ce n’est qu’en 1955 que l’état passera commande de ce véhicule.  C’est donc à ce moment  que Meccano  va s’y intéresser. Signalons qu’il est reproduit au 1/59.

On appréciera la finition au tire-ligne figurant les reliefs des ridelles. C’est un véhicule impressionnant, le tracteur d’artillerie est une pièce majeure dans le parc mécanisé militaire.

Je ne vais pas faire l’inventaire des variantes mais juste signaler celles que j’apprécie. J’aime notamment les variantes tardives de ce type d’objets qui sont restés très longtemps au catalogue. Celle que j’ai dénommée « simplification extrême » est intéressante. Observez bien, Dinky Toys a même supprimé le pochoir argent du radiateur. Cela lui confère une allure bien particulière.

Celui de toute fin de production avec sa boîte spécifique, dépourvu d’une partie des inscriptions sur le châssis est assez difficile à se procurer. Les drapeaux tricolores, comme sur la Daimler automitrailleuse sont en papier  collé.

Avec le temps j’ai appris à regarder ce camion autrement et surtout à l’apprécier.

Sans démagogie j’avance. Mon seul objectif est de faire partager aux autres ma passion et de laisser aux générations suivantes un peu de matière pour poursuivre l’exploration de l’univers de l’automobile miniature.

PS: le site hébergeant le blog a été victime d’une attaque informatique ce vendredi 24 Mai 2019. Nous avons perdu 10 jours de travail. Sans Patrick Isola, l’informaticien  vous n’auriez pas eu ce  blog ce dimanche et peut être aurions-nous dû fermer le blog. Merci à lui d’avoir travaillé  d’arrache-pied pour remettre en ordre le blog.