Norev Citroën SM garanti doré à l'or fin

L’aprés Mai 68 à Villeurbanne

L’après mai 68 à Villeurbanne.

Ce matin là, rue Decomberousse à Villeurbanne il règne une atmosphère tranquille.

Le personnel de l’usine Norev vient s’acquitter de sa tâche quotidienne. C’est un matin qui ressemble au précédent. La routine quoi. Mai 68 est déjà loin.

Quelles furent d’ailleurs les répercussions de mai 68 sur la gamme des miniatures Norev ?

Insignifiantes. Norev n’a pas saisi l’occasion pour proposer à ses petits clients un coffret « Woodstock » ou « Easy Rider ». La direction de Villeurbanne considérait sûrement que la vente de tels coffrets n’avait pas d’avenir sur le plateau du Larzac ou dans les contreforts de l’Ardèche, foyers de résistance à l’américanisation.

Plus sérieusement, ce type de produit ne reflétait pas la demande de sa clientèle de base.

Le seul signe visible sur la production, la seule concession faite au mouvement hippie sera l’édition, en 1971, trois ans après les événements, d’une petite planche de décalcomanies, avec quelques fleurs façon « peace and love » mais sans slogans !

Cette planche fut insérée dans la boîte de la Volkswagen 1300, de la Renault 4L, de la Simca 1000   et de quelques autres autos populaires bien sages. Elle fut, au début, apposée directement sur les modèles.

Pourtant une vraie révolution vient de s’opérer chez le fabricant lyonnais : le lancement de la série Jet Car.

Celle-ci utilise du zamac destiné à remplacer petit à petit la Rhodialite, matériau qui avait fait le succès de la marque.

Le changement se fera en douceur. L’introduction du zamac se fera d’abord avec l’injection des châssis dans une série dénommée « Cometal ».

Il faut voir dans cette série comme un test destiné à roder les machines, à apprivoiser cette matière nouvelle pour Norev.

Dans une même logique, Norev testera sur des séries de modèles en plastique ses nouvelles cabines de peinture. Ainsi quelques miniatures dont la Morris 850, la Fiat 2300, et la Lancia Flaminia recevront une finition « luxe », peinte. On retrouvera plus tard ces même teintes dans la série Jet Car.

En cette année 1971, la direction va fêter son anniversaire, 25 ans. L’entreprise a été créée en 1946. Depuis peu, le zamac est en train de supplanter la matière plastique dans l’injection des modèles. Pour marquer cet anniversaire c’est pourtant bien en plastique que sera injecté l’objet commémorant l’évènement : une pièce gravée des deux côtés, clin d’oeil aux pièces en or que l’on se transmet dans les familles, de génération en génération.

J’ai très peu d’informations sur la façon dont a été distribué ce rare produit. On peut simplement faire un parallèle avec la sortie, à la même époque d’un modèle « spécial », une Citroën SM « dorée à l’or fin » et distribuée en commerce dans un écrin particulier, un socle en plastique noir, inspiré des socles des premiers modèles en boîte écrin. Une inscription gravée sur le socle indique que le modèle est doré à l’or fin et un papier collé sur le couvercle de la boîte confirme que nous sommes  en présence d’un modèle hors du commun.

Le collectionneur de Norev aura remarqué que les changements opérés par sa marque favorite se font petit à petit. Pas de grands bouleversements. Observez les catalogues. On imagine que la direction se satisfaisait de présenter des couvertures identiques pendant des années : des drapeaux de tous les pays et des modèles présentés dans des vignettes façon timbre.

Seul le millésime changeait d’une année à l’autre. Pourtant en cette année 1971, la révolution de 1968 vient de  produire ses effets ! trois ans pour voir arriver la mode pop, ses fleurs, et ses flammes de couleur !

Cependant observez-bien la couverture : tout demeure bien en ordre, malgré les couleurs acidulées, les étoiles et les fleurs. Une DS de police et une Alpine de gendarmerie semblent ceinturer les autres miniatures.

Vous apprécierez aussi la petite bande dessinée. La direction de Norev semble envoyer un message  assez fort à ses jeunes clients, tentés de faire comme leurs parents, encouragés en cela par les discours libertaires entendus en 1968.

Le petit personnage créé dans ces années-là, Jimmy, incite le futur client à jouer partout avec ses Norev : à la maison, en vacances, à l’école…oui, mais uniquement à la récréation indique la bulle suivante !

Je suis persuadé que ma belle-soeur, enseignante en primaire appréciera ce message délivré par la direction de Norev ! Dommage pour les enseignants que les fabricants de jeux vidéo et téléphones portables n’aient pas glissé de tels messages dans les boîtes de leurs produits ! autre époque, autres moeurs.

PS: Mon fils vous a préparé une vidéo « le côté baroque des Dinky Toys ». C’est un support différent  qui a  également des avantages.

N’hésitez pas à laisser vos commentaires. C’est le début d’une série.

Regardez la vidéo: https://youtu.be/Q8u3y5gnK7E