Archives de catégorie : souvenirs

les souvenirs de collectionneur de Vincent Espinasse

coffret Dalia

Un Dalia dans les ronces de Guernica.

Qu’est-ce qui fait que certains spectacles sont inoubliables ? Selon le metteur en scène italien Giorgio Strehler, l’étincelle magique peut se déclencher à tout moment, durer une seconde ou tout le spectacle, ne pas se répéter d’un jour sur l’autre : cela dépend des acteurs mais aussi du public. De nombreux facteurs entrent en compte, cela ne s’explique pas forcément. Il s’agit d’une étrange alchimie, qui fait que ce jour là, un instant se transforme en un moment de grâce.

Avez-vous déjà réfléchi à la question de savoir pourquoi un modèle vous émeut plus qu’un autre ? Qu’est-ce qui provoque l’étincelle ? C’est la question que je me suis posée devant ce coffret Dalia, le jour où je l’ai acquis, il y a fort longtemps.

Car en effet, j’ai ressenti une émotion très particulière devant cet ensemble Dalia d’autos aérodynamiques démontables.

J’ai été conquis sur le champ. La première explication est purement esthétique. L‘emballage est luxueux, il contient des miniatures très bien finies aux formes avant-gardistes.

Le chromage des châssis et du capot est de superbe qualité, de même que les peintures aux teintes acidulées qui habillent les carrosseries. La qualité du zamac est également irréprochable. Il n’y a quasiment jamais de métal fatigue sur ce type de fabrication, ce qui n’est pas le cas des Solido contemporaines de ces mêmes coffrets. Ces modèles sont de véritables créations qui ne peuvent être confondues avec les Major et les Junior produites en même temps chez Solido. Dalia avait des liens commerciaux avec Solido bien avant que la firme française ne fabrique des jouets.

Devant ce type de produits, on ne peut que s’interroger. Avant guerre, les miniatures espagnoles sont rares. Il y a de très beaux jouets produits de l’autre côté des Pyrénées, mais le matériau utilisé est le plus souvent la tôle peinte ou lithographiée (Paya, Rico…). La conjugaison de deux éléments, la provenance ibérique et la date de production du coffret (1935-1936), attisent la curiosité et questionnent.

Le contraste est saisissant entre le luxe de ce coffret et la situation du pays au même moment.

Pablo Picasso Guernica
Pablo Picasso Guernica

Ce coffret est contemporain de la guerre civile espagnole qui débute en 1936. On pense tout de suite à Guernica  de Pablo Picasso ou à la fameuse photo de Robert Capa « Mort d’un soldat républicain », où l’anarchiste républicain Federico Borell Garcia tombe en arrière, fauché en plein assaut. Avec le tableau de Picasso, cette photo symbolisera la guerre d’Espagne. Nous sommes bien loin de la futilité d’un coffret de jouets.

mort d'un milicien Robert Capa
mort d’un milicien Robert Capa

 

 

En Espagne, à cette époque, il y a une grande disparité de pouvoir d’achat entre la classe ouvrière et celle qui possède le capital. Ce type de jouet, luxueux était forcement réservé à l’élite dirigeante.

Le trouble que je ressens devant ce coffret vient de mon questionnement : comment des coffrets aussi luxueux ont-ils pu être diffusés dans une période aussi noire ? Ballotée entre les républicains et les nationalistes la population avait bien d’autres soucis que d’acheter des jouets. Pour certains, c’était plutôt de survie et d’exil dont il était question. Le coffret double, comprenant toutes les carrosseries fait figure de luxe absolu. Le prix de vente très élevé de ce genre d’article a dû limiter sa diffusion à la caste dirigeante. Il n’a pu en être autrement. Dans ce contexte, la production de ce type de jouets paraît incongrue, voire indécente.

Cependant, peut-être faut-il voir dans la volonté de produire de beaux jouets, même en période trouble, une vision optimiste de l’avenir, propre aux pays latins ?

Par opposition, je pense au catalogue du fabricant allemand Tipp co de 1939 que j’ai récupéré dans les archives de Jacques Greilsamer. Le catalogue est en noir et blanc. La majorité des pages est consacrée aux jouets de guerre. La couverture du catalogue est édifiante : l’aigle nazi figure à la une avec une croix gammée.

C’est presque un catalogue de propagande. On en oublie que Tipp Co est un fabricant de jouets. Nous sommes bien loin des chaudes couleurs du coffret Dalia.

Voici quatre coffrets que j’ai pu acquérir au fil des ans. Je me souviens fort bien de l’acquisition du premier. Un exposant de pièces automobiles de Rétromobile l’avait lui-même acquis dans les années 70 en Espagne à l’occasion d’une manifestation automobile où il exposait. L’objet l’avait séduit et il l’avait conservé jusqu’à ce moment où, voulant faire une autre acquisition, il avait été obligé de le remettre en vente. Vingt ans après, lors du salon champenois, il m’avait demandé si je l’avais toujours conservé. Il avait semblé content que je réponde par l’affirmative. Je pense qu’il était très attaché à l’objet.

Plus tard, j’ai acquis les coffrets de petite taille. L’un est consacré aux voitures particulières et l’autre aux utilitaires. Enfin, dernièrement j’ai mis la main sur le dernier coffret, plus modeste certes, mais non dénué d’intérêt.

 

les camions citerne Air BP

De l’éloquence du slogan publicitaire

J’aime écouter de la musique lors de mes déplacements en auto. Lors de mon dernier séjour aux USA, j’ai donc cherché une station radio à mon goût.

Mon choix s’est porté sur la fréquence 99.9 qui diffusait du rock’n roll période 1960-1980. En fait c’était la seule station que je captais dans mon auto de location. Toutes les dix minutes revenait une annonce publicitaire : « we are at the corner of thanksgiving… » : pour appuyer sa campagne publicitaire un volailler local faisait régulièrement gagner une dinde.

Mais ce que j’ai retenu de cette annonce, c’est la fin du slogan publicitaire : « Don’t be a turkey ! » En clair, ne soyez pas une dinde, ne commandez pas votre dinde autre part que chez le volailler en question.

Je me suis alors rappelé qu’un fabricant de jouets avait aussi basé son slogan publicitaire sur un volatile. Budgie Toys avait trouvé ce fameux slogan : « They speak themselves ! » (ils parlent d’eux-mêmes !). Pour l’occasion, l’entreprise avait pris comme image un perroquet (« Budgie », en anglais, désigne une perruche) comme celui qui accompagne parfois les portraits de François 1er et qui à la Renaissance symbolise l’éloquence.

Pourtant, Budgie Toys n’est pas passé à la postérité et n’a détrôné ni Dinky Toys ni Corgi Toys. Le slogan publicitaire ne fait pas tout, d’ailleurs je ne sais pas si le volailler de Pennsylvanie a rencontré le succès escompté.

Je vais tenter à partir d’un modèle phare de la gamme Budgie Toys d’établir un comparatif avec d’autres fabricants. J’ai choisi le mythique AEC  tracteur semi-remorque « BP aviation ». Très fragile, il est difficile à se procurer. J’ai eu du mal à en trouver un sans vider ma tirelire. Longtemps, ce camion était synonyme de valeur marchande élevée. L’engin est assez impressionnant, mais la gravure et la finition n’ont rien d’exceptionnel. La gamme Budgie Toys a du succès auprès des collectionneurs en raison de l’originalité des véhicules proposés : c’est son point fort. La comparaison avec les citernes Tekno aux couleurs BP est assez édifiante. Ce dernier proposera aussi une version aux couleurs d’Air BP. Il est sûr que le type de citerne standard est moins crédible que celui de l’AEC.

Par contre, la qualité de fabrication du Tekno est très élevée, même si parfois il y a quelques surprises, notamment au niveau de l’ajustement des éléments de carrosserie.

Tekno produira d’abord une version de la citerne BP pour le marché danois, toute verte avec des inscriptions en danois, puis une autre pour le marché international aux célèbres couleurs vert/blanc/jaune. Ces versions ainsi décorées et équipées de jantes flasquées en tôle sont peu fréquentes. Les autres versions avec jantes moulées sont plus courantes. Les trappes de remplissage d’abord en zamac finiront en plastique. A cette occasion, la cabine recevra un aménagement intérieur.

Signalons le très rare  Scania en version Air BP réalisé à la fin. Nous n’avons que peu d’informations concernant cette tardive production d’origine.

Un autre fabricant danois, Vilmer, inscrira une citerne Air BP à son catalogue. Il s’agit d’un Volvo N88 porteur citerne. L’ensemble avec sa remorque est de belle facture. La remorque était vendue à part. C’est un modèle original et l’on doit remercier Vilmer d’avoir reproduit ce type de véhicule tout à fait crédible dans un paysage aéroportuaire.
Pour mémoire il ne faut pas oublier le Dinky Toys France, l’Unic Esterel.

Le dessin de la boîte est superbe. Le reste est le parfait symbole du déclin de Dinky Toys France dans ces années-là. La citerne est certes réaliste mais peu crédible sur le tarmac d’un aéroport.

Je n’ai pas un bon souvenir avec ce camion. Enfant, j’avais choisi ce véhicule, attiré par la boîte et surtout la possibilité de remplir la citerne et de la vider à l’aide des six tuyaux. Le catalogue était assez explicite. Je revois encore ma déception devant le piètre résultat des opérations : je n’arrivais plus à évacuer l’eau de la citerne et trois jours après des taches brunes sont apparues. Ma première déception avec les Dinky Toys ! Comme quoi il ne faut pas se laisser abuser par la publicité et les beaux slogans !

le voyage en Volkswagen 1200 Mercury en Allemagne

Le voyage de Pinocchio à Wolfsburg ou le voyage en Volkswagen 1200 Mercury en Allemagne

Nous sommes installés dans le taxi nous conduisant à l’aéroport de Florence. Nous écoutons distraitement la radio qui diffuse des chansons italiennes. Puis vient le bulletin d’informations qui marque le passage d’une tranche horaire à la suivante.

Le ton du journaliste ne laisse aucun doute, l’information est importante : « Lo scandalo Volkswagen ! »

J’imagine le journaliste en train de s’époumoner devant son micro. Arrivé à l’aéroport, j’ai la confirmation de ce qu’il me semblait avoir compris bien que je ne parle pas l’italien. En attente de son vol un passager parcourt un journal allemand et la une, en caractères gras barre toute la page : un « Katastroph » géant associé au logo VW finit de m’éclairer.

C’est alors qu’en détournant les yeux je suis tombé nez à nez avec une boutique de souvenirs comme on en trouve dans tous les aéroports. Elles se ressemblent toutes, il n’y a que les symboles touristiques qui changent. Des grappes de Pinocchio côtoient les panetones. Pour comprendre l’importance de Pinocchio en Italie, il faut se souvenir que l’histoire de Pinocchio a servi à l’alphabétisation de la population italienne. On le trouve partout.

La veille, à la sortie du musée des offices, j’avais pu constater que des génies du marketing l’avaient associé au Caravage et à Giotto.

Mais en ce jour, je ne peux m’empêcher de faire l’association entre le pantin italien et le scandale Volkswagen, car aujourd’hui les menteurs ce sont ceux qui généralement sont réputés pour leur rigueur.Massimo, l’ami italien de ma fille, est presque un peu vexé de s’être fait voler la vedette dans l’art de la duperie.

 

Mais l’histoire de Pinocchio c’est aussi celle de la rédemption. Ainsi la fée bleue vient remettre Pinocchio dans le droit chemin. Or, La fée bleue c’est aussi comme cela que l’on surnomme l’électricité. L’auto électrique saura-t-elle racheter la berline équipée de son vilain moteur diesel ? Je rêve de voir les publicitaires s’emparer du sujet. Volkswagen pourrait reprendre l’idée du Pinocchio ayant menti sur les normes anti-pollution, la fée bleue arrivant dans son auto électrique pour sauver la planète.

On a toujours loué l’audace et le génie créatif des campagnes de publicité Volkswagen. A défaut d’avoir eu la malice italienne, les Allemands auront-ils l’humour anglo-saxon ?

Je vais donc vous présenter une Volkswagen qui a été produite chez nos amis italiens et plus précisément turinois. Mercury fera à cette occasion une entorse à la reproduction d’autos italiennes ou américaines. Ce sera la seule. Il est vrai que cette Volkswagen 1200 aura eu un succès planétaire. La reproduction est réussie, on reconnaît la patte italienne dans la réalisation. L’échelle d’abord. L’auto est plus proche du 1/45 comme toute la gamme Mercury de la même époque. C’est un modèle 1954 avec vitre ovale. Contrairement aux autres fabrications, notamment celles de Märklin, elle ne connaitra pas de modernisation en 1958 lors du passage à la vitre arrière rectangulaire.

Elle connaîtra une variante pour le marché suisse aux couleurs des célèbres postes du pays. A la fin de la production, elle recevra un châssis en zamac chromé en place de celui peint de couleur argent comme toutes les autres miniatures Mercury de la même époque.

Enfin, une très rare version sera produite pour le Japon, sans estampille Mercury, ni sur la boîte ni sur le chassis . La boîte est standard pour tous les modèles ayant connu ce type d’exportation. Seule une étiquette , propre à chaque modèle est accolée sur une languette. Même la nuance de rouge est différente.

 

Le voisin du 43.

Le voisin du 43.

C’est l’histoire banale d’une rue du 19 ème arrondissement. Une rue sans histoires. Une rue calme, quasiment sans commerces, ce qui est révélateur à Paris du peu d’intérêt de l’endroit. C’est pourtant dans cette rue, qu’il y a trente deux-ans, en 1984, j’ai choisi d’ouvrir mon magasin au 41. 

C’est la modicité du prix de la boutique qui m’a motivé. Il faut dire que le commerce qu’elle abritait était fermé depuis plus de 20 ans. Le plancher était en piteux état, à travers ses découpes on voyait la cave. A cette époque, la seule boutique de la rue se situait tout en amont, à l’angle du parc. Il s’agissait d’une boutique de jouets qui faisait aussi papeterie et librairie.

A la droite de la boutique, on trouvait un plombier qui était le descendant du peintre Mucha.

J’étais à peine ouvert, quand un couple qui habitait la rue est venu me voir pour me confier que la vue des Dinky Toys éveillait en eux des souvenirs car les deux époux avaient travaillé à l’usine de Bobigny au début de leur vie professionnelle. Il faut dire que Bobigny n’est pas très loin de ma boutique.

Un an après, j’ai rencontré l’homme qui allait me fournir plus de quatre-vingt Dauphine Dinky Toys aux couleurs « bleu Bobigny ». Encore une fois c’est bien le quartier où j’avais élu domicile qui fût à l’origine de cette rencontre. Elle eut d’ailleurs des conséquences tardives. Bien après l’acquisition des Dauphine Bobigny j’ai acquis auprès de la même personne des prototypes en bois et des essais de couleur.

C’est elle également  qui m’a appris que la direction de Meccano s’était installée au début des années soixante-dix, après le départ de Bobigny, avenue Jean Jaurès au lieu dit « Le Belvédère », à 400 mètres de ma boutique.

Puis vint la collection de M. Chaudey. Comme le couple qui était venu me voir à l’ouverture de la boutique, il avait habité le quartier à l’époque où avec son épouse il travaillait à Bobigny. Ce fut la plus belle collection de Dinky Toys qu’il m’a été donné d’acquérir. Elle comprenait plus de trente prototypes ! Finalement, ce petit quartier qui semblait de prime abord sans attrait m’avait comblé de surprises toutes plus agréables les unes que les autres. 

Puis un jour, mes voisins du 43 décidèrent de partir. J’avoue que jusqu’à ce qu’un des deux frères pousse la porte de ma boutique j’avais j’ignoré l’activité du 43. Je ne suis pas curieux de nature. Nous n’avions jamais poussé la conversation au-delà des politesses d’usage. Il m’indiqua qu’il partait parce que les locaux étaient devenus trop exigus pour poursuivre leur activité de mouliste.

Il m’apprit que c’était leur officine qui avait notamment réalisé le moule de la DS présidentielle de Dinky Toys. Selon lui, quelques coques brutes, issues des premiers tests d’injection devaient encore traîner quelque part.

On imagine aisément qu’avant d’être livré à son commanditaire, le moule devait être testé. Il ne retrouva jamais ces coques. Mais bien plus tard, au moment de la rédaction du dernier opus du livre de Jean-Michel Roulet, comme je lui racontais cette anecdote, il se souvint qu’il avait acquis au marché aux puces quelques coques brutes dont certaines avaient encore leurs carottes d’injection. Elles n’avaient pas été perdues pour tout le monde. On peut imaginer que le compagnon qui avait trouvé ces carrosseries les avait cédées à un brocanteur de Saint-Ouen.

Quelques années plus tard, j’allais rendre visite à M. Juge. Ce dernier était le responsable technique de la firme Champion. Il me parla longuement du voisin du 43. Il y était venu très souvent et se rappelait très bien du nom du mouliste qui lui avait réalisé quelques miniatures : André Fétu.

J’appris à cette occasion que ce mouliste réalisait les moules mais également le modèle en amont, c’est à dire le prototype en bois, à une échelle trois fois plus importante que celle du modèle envisagé. Les défauts, les déformations, les asymétries sont bien plus visibles sur un modèle trois fois plus grand.

Je me souviens lui avoir montré les prototypes et les empreintes servant à l’enfonçage chez Tekno. M. Juge admira la finesse et la grande dextérité des Danois, au niveau des micros soudures, technique qu’il n’utilisait visiblement pas. C’est à cette occasion qu’il me céda un ensemble de maquettes en bois ayant été réalisées au 43 rue Cavendish.

Certaines ont connu la série en série, comme la Lola T70, la Ligier JS5 ou la Ferrari 312T. Par contre, la Lancia Stratos, la Mirage Ford de 1967 ou l’Alpine Renault A442 de 1977 n’ont jamais vu le jour. J’avais aussi vu dans son bureau du boulevard Sébastopol, dans les années 90, une Porsche 935 Mugello 1976 qui a disparu. La mise en route d’un modèle nécessite de lourds investissements. Parfois la raison l’a emporté. Par exemple, la Mirage n’a connu qu’une saison et elle a toujours été aux couleurs Gulf. Dans ces conditions, il n’était pas facile de créer des versions différentes. Il en est de même pour la Porsche 935 qui dans sa carrosserie Mugello, phares dans le spoiler et ailes arrières rondes, n’a couru qu’une fois.

A l’opposé, la Lancia Stratos aurait pu être un vrai filon pour les amateurs de variantes. Mais la sortie du modèle Solido a dû tempérer les ardeurs des décideurs chez Champion.

la carte postale appartenant à Mr Raymond
la carte postale appartenant à Mr Raymond

M. Raymond, connu pour sa collection unique au monde de Peugeot 404 habite le quartier, comme son papa, qui lui habite la rue Cavendish. Intéressé par l’histoire du quartier, ce dernier m’a confié une carte postale des plus intéressantes. La vue est prise en bas de la rue Cavendish. En fait c’est l’immeuble du 43 qui est le sujet de la photo et plus précisément, le fameux local décrit ci dessus. Le fronton de l’entrée porte l’inscription « Monnier Modeleur ». Une quinzaine d’ouvriers et d’apprentis posent devant l’entrée. Notre modeleur des années 80 était donc le descendant d’une lignée établie au moins depuis le début du siècle dernier.

Le Ring et la Maserati 250F

Le Ring

La richesse d’une langue peut se mesurer au nombre d’homonymes qu’elle compte.

Par ailleurs, en fonction du contexte, certains mots peuvent prendre des sens bien différents. Prenons le mot Ring. Son origine est anglo-saxonne. Il désigne un anneau. Il est souvent employé pour désigner une voie routière faisant le tour des grandes agglomérations. En Belgique, toutes les grandes cités ont leur Ring : Bruxelles, Anvers, … Pour les sportifs, le ring symbolise le combat de boxe ; il s’agit de l’espace délimité par les cordes où les boxeurs s’affrontent.

Pour ma part, ce mot a longtemps évoqué le circuit du Nürburgring en Allemagne. Peut-être est-ce la prononciation difficile de ce bourg allemand, dominé par le château du Nürburg, qui a fait que les journalistes ont assez vite établi une contraction et utilisé le terme « ring » pour parler de ce majestueux circuit situé dans  les collines de l’Eifel.

Depuis peu, le mot ring a pris une autre résonance pour moi. Anniversaire de la naissance de Richard Wagner oblige (22 mai 1813), j’ai véritablement découvert ce grand compositeur allemand. En 2012, avec un an d’avance sur la célébration, j’ai réservé mes places pour la tétralogie. Ce fut une révélation. Je me suis lancé dans un long processus d’exploration, de visionnage de mises en scène différentes afin de me préparer au mieux à cet événement.

Au fil des semaines, Brünnhilde, Siegfried et Wotan sont devenus des familiers. J’ai commencé à regretter de ne pas avoir fait d’avantage d’efforts à l’école où l’allemand était ma seconde langue vivante.

L’univers est fantastique, quand on y pénètre, on se laisse happer et on espère n’en jamais voir la fin. Sans cesse revisitée, l’œuvre perdure dans le répertoire classique.

Certains sont découragés par la durée : près de 15 heures découpées en quatre épisodes. Signalons que le tour du ring était aussi très long, plus de 22 minutes. Le spectateur devait donc patienter entre deux passages des bolides.

Pour illustrer ces propos, voici des reproductions de Maserati 250F, comme vous l’avez sûrement deviné, en rapport avec le fameux Grand Prix d’Allemagne de 1957. Le prochain article sera donc consacré à cette course du 4 août 1957.