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Habits de noce.

Habits de noce.

Les photos de jeunes mariés, immortalisés en studio, ont une dimension particulière. Ces derniers comprennent que l’instant est important et que, durant des décennies, cette image servira de repère, pour le meilleur ou peut-être pour le pire.

Ils posent fièrement et n’ont pas peur de défier le temps et les événements à venir, comme les jeunes matelots qui se faisaient photographier avant leur départ pour Terre-Neuve, encore inconscients de ce qui les attendait.

J’ai retrouvé cette dimension dans les clichés de Yann Arthus-Bertrand. Une exposition à Nice était consacré à ce photographe-réalisateur.

Le personnage est atypique, sa vie pleine de rebondissements. Un brevet de pilote d’avion, l’amour de la nature, des animaux, et la passion de la photographie ont façonné l’artiste que nous connaissons. Nous avons tous en mémoire les images aériennes de la planète qu’il a publiées dans son livre « La terre vue du ciel » en 1992.

Les photos aériennes ne sont pas le seul centre d’intérêt du photographe. Il peut aussi se mettre au niveau de son sujet et immortaliser sur la pellicule la complicité entre l’homme et l’animal.

Il utilise pour ce travail un accessoire, une bâche tendue, qui lui sert de studio. Cet accessoire deviendra sa marque de fabrique, et dès lors il l’utilisera pour tous ses portraits. Pour l’occasion il travaille avec de la lumière artificielle et des assistants.

Ces clichés ne peuvent laisser indifférents. On perçoit la force de la relation entre l’homme et l’animal. On devine la fierté, mais aussi la tendresse. Pour l’occasion, comme on le fait pour toute photo importante, les protagonistes ont revêtu des vêtements qui les mettent à leur avantage et honorent leur compagnon. L’un et l’autre s’en trouvent magnifiés.

J’ai retenu six photos que le conservateur du musée de la photographie Charles Nègre à Nice a judicieusement accrochées. Ces clichés qui se mettent en valeur les uns les autres ont pour point commun le cheval et son cavalier.

L’artiste a choisi un cadre très large, qu’il a dénommé « bâche décalée » montrant l’installation de la fameuse bâche mais au milieu d’un décor naturel, immédiatement identifiable. Ainsi « Parouss » étalon karatchaï monté par Roussian Liskanitch est photographié au milieu d’un décor moscovite tandis que « Valur » étalon islandais monté par Linda Run est au centre d’un paysage volcanique.

On se sent tout petit au milieu de ces photos. L’adage qui dit que le cheval est la plus noble conquête de l’homme semble ici prendre tout son sens.

Mais pour assouvir sa soif de conquête, l’homme a trouvé un autre moyen, plus rapide, plus fiable pour se déplacer. Et petit à petit, le chemin de fer a supplanté le cheval.

Au point que l’homme a conçu des wagons pour le transporter, d’un point à un autre, comme une simple marchandise. Aurait-on imaginé au milieu du 19eme siècle ce type de transport ?

Le transport des chevaux apparaît comme une nécessité pour consolider la conquête de l’Ouest américain. Mais lors de la première guerre mondiale, il faudra aussi emmener rapidement les équipages sur les champs de bataille.

La paix revenue, les courses hippiques vont conduire l’homme à carrosser de beaux et luxueux camions. Les anglais se sont montrés experts dans cet art et cela s’est traduit dans les reproductions de camions miniatures.

Le camion Maudslay de chez Dinky Toys, luxueusement carrossé en transport de chevaux est somptueux. Il est le parfait exemple du soin que l’homme a pris pour concevoir des véhicules « confortables » pour déplacer les chevaux.

La première mouture du jouet est aux couleurs de la British Railways, l’équivalent de notre « SNCF » en Grande-Bretagne, prouvant bien toute l’importance du ferroviaire pour ce type de transport. Le camion ne vient qu’au bout de la chaîne du transport.

Ce formidable jouet a une histoire singulière. Le début de sa production coïncide avec la guerre de Corée (1950-1953). Quel rapport me direz-vous ? le gouvernement anglais impliqué dans les forces onusiennes va, temporairement, rationner l’utilisation du zamac dans l’industrie britannique.

C’est d’ailleurs pour cette raison que les Matchbox ont vu le jour : Lesney a utilisé astucieusement sa ration de matière première (le zamac) pour fabriquer des modèles au 1/75 au lieu des modèles au 1/43 ou au 1/20. Dinky Toys, lui, expérimentera l’aluminium.

Notre Maudslay servira avec le camion Studebaker citerne, et l’Avro Vulcan à l’expérimentation de l’aluminium afin de combler le manque de zamac. En main le camion est très léger. Un des inconvénients de l’aluminium est la mauvaise tenue de la peinture aux chocs car elle n’accroche pas aussi bien que sur le zamac.

Ce camion est aussi singulier pour une autre raison. Une version sera réalisée pour le marché américain, sans la mention « British Railways » qui n’évoque pas grand chose pour le petit américain mais avec celle d’ « Express Horse Van Hire Service ». Il conserve cependant sa belle robe bordeaux. Fait très rare chez Dinky Toys, une autre numérotation sera appliquée et une boîte spécifique sera créée avec la nouvelle numérotation. Cela se reproduira aussi pour la MG TF.

Ce camion marque le point culminant de la relation entre le mythique importateur américain Hudson Dobson et la firme de Liverpool.

Je m’explique. Après guerre en 1946-1947, à la reprise de l’ activité économique, une très grande partie de la production est envoyée outre-Atlantique. La Grande-Bretagne, comme l’Europe, est économiquement sinistrée. Il faut faire rentrer des devises.

Outre-Atlantique, les importateurs savaient déjà,  négocier durement et tordre le cou aux fabricants. L’importateur exigeait des conditions tellement avantageuses qu’il devenait difficile pour Dinky Toys de produire une boîte spéciale et une décoration spécifique tout en préservant son profit.

Bien plus tard, Dinky Toys relancera son modèle selon une technique qui semblait inusable, mais qui finira par trouver ses limites : une finition bicolore, certes du plus bel effet, gris perle et jaune pâle, et deux chevaux …en plastique ! le tour était joué.

Dinky Toys avait créé avant guerre, puis repris après, un petit coffret d’animaux de ferme avec deux superbes chevaux que l’enfant pouvait placer dans son Maudslay à la sortie du wagon à bestiaux Hornby.

Ce beau Maudslay fut si célèbre que d’ autres fabricants anglais, lui consacrèrent une reproduction. Tout d’abord Charbens. L’échelle est plus proche du 1/55. Il n’a certes pas l’élégance du Dinky Toys mais il est bien plus rare. Le trouver avec une boîte peut demander du temps. De plus, il souffre parfois de métal fatigue.

Morestone livrera également une version, mais à l’échelle du 1/87 qui n’est pas très fréquente.

Preuve que ce type de transport a toujours passionné nos amis anglais, Budgie proposera lui un Bedford TK équipé d’une carrosserie spécifique. Il se caractérise par sa capucine et ses portes latérales et arrière ouvrantes permettant à l’enfant de faire descendre les petits chevaux en plastique.

J’ai gardé pour la fin ce modèle de fabrication inconnue. Il est réduit au 1/50. C’est aussi une carrosserie spécifique qui ne pourra resservir à une autre déclinaison. On devine l’attachement du fabricant envers ce type de véhicule !

J’ai laissé de côté les tracteurs semi-remorque et leur remorque spécifique simulant de vrais « box ambulants ». Ils sont bien sûr de conception plus moderne, un peu trop moderne pour moi.

Citons Matchbox dans sa gamme au 1/60 qui proposa un beau Dodge aux couleurs de la fameuse course d’Ascot avec ses inévitables petits chevaux en plastique qui devaient bien souvent être l’élément déclencheur du choix de l’enfant.

Et enfin, le plus spectaculaire, le Bedford TK, tracteur de Corgi Toys aux couleurs du cirque Chipperfields qui sera ensuite décoré aux couleurs de « Newmarket racing stables ». Ce dernier sera ensuite remplacé par un Berliet. Mais nous approchons des années 80.

Trouver sa place

Trouver sa place !

« Je suis là depuis trois jours, je n’ai pas vu un seul film. Je n’arrive pas à m’intégrer. Je ne sais pas où me mettre. Il n’y pas tellement de bistrots à Cannes »

 

niveleuse
niveleuse

Ainsi parlait la romancière Marguerite Duras dans une interview à un journaliste radio en 1975 lors du festival de Cannes. Elle disait combien elle était contrariée par l’absence de cafés ou de restaurants bon marché, d’endroits d’où l’on peut observer les gens en prenant du bon temps. Avec des mots simples, sans superlatif, sans chercher à donner d’elle-même une image flatteuse, elle expliquait son désarroi et son ennui.

Dans le monde artificiel du cinéma, des récompenses et des paillettes, elle ne trouvait pas sa place.

Revenu dans l’univers de la collection de miniatures automobiles, je me suis fait cette réflexion à propos des toutes petites firmes de jouets d’origine anglaise. Trouver sa place sur le marché en Grande-Bretagne fut difficile pour beaucoup d’entre elles. Il faut dire que le marché était dominé par quatre groupes puissants dont chacun possédait une marque proposant des miniatures : Meccano (Dinky Toys), Mettoys (Corgi Toys) Tri-Ang Minic (Spot-On) et Lesney (Matchbox).

Ces quatre-là dominaient sans partage le marché, ne laissant que des miettes aux autres.

Quelques petites firmes avaient réussi à se faire une place dans la miniature grâce à leur activité première, celle des figurines. Profitant de leur implantation dans les magasins de jouets, elles avaient inscrit des miniatures à leurs catalogues. Ce fut le cas de Crescent Toys, de Charbens et de Jo Hill Co. On trouve ensuite un ensemble hétéroclite de petites firmes qui se partageaient le reste du marché. La plus prolifique fut Morestone devenue par la suite Budgie Toys. Enfin une kyrielle de petites firmes produisait de façon plus ou moins éphémère des jouets de qualité aléatoire.

On imagine bien que les jouets issus de ces petites entreprises, quasi artisanales pour certaines, furent distribués à travers un réseau de revendeurs particuliers : celui des magasins à qui les grandes marques étaient refusées : le réseau des bazars. Implantés dans des zones rurales ou ouvrières, ces magasins proposaient des produits bon marché de fabrication asiatique (Empire made) ou anglaise, issus de petites firmes.

Jouets souvent simples, désuets, ils ont pourtant beaucoup de charme. Un thème revient particulièrement : celui des travaux publics. Ainsi, au fil des années j’ai pris un grand plaisir à rassembler ces petits jouets. Il y a 25 ans ils n’intéressaient pas grand monde. Désormais ce n’est plus le cas. Malheureusement.

Voici donc un échantillon d’engins de travaux publics provenant de petites firmes anglaises. La principale difficulté est de trouver ces jouets en excellent état de conservation et en boîte. Ils en étaient d’ailleurs quelquefois dépourvus à l’origine. Il est intéressant de constater que ces petites firmes ne reculaient pas devant la difficulté. En effet la reproduction de ce type d’engins n’est pas des plus aisées techniquement. La reproduction des chenilles est révélatrice de cette difficulté.

les camions citerne Air BP

De l’éloquence du slogan publicitaire

J’aime écouter de la musique lors de mes déplacements en auto. Lors de mon dernier séjour aux USA, j’ai donc cherché une station radio à mon goût.

Mon choix s’est porté sur la fréquence 99.9 qui diffusait du rock’n roll période 1960-1980. En fait c’était la seule station que je captais dans mon auto de location. Toutes les dix minutes revenait une annonce publicitaire : « we are at the corner of thanksgiving… » : pour appuyer sa campagne publicitaire un volailler local faisait régulièrement gagner une dinde.

Mais ce que j’ai retenu de cette annonce, c’est la fin du slogan publicitaire : « Don’t be a turkey ! » En clair, ne soyez pas une dinde, ne commandez pas votre dinde autre part que chez le volailler en question.

Je me suis alors rappelé qu’un fabricant de jouets avait aussi basé son slogan publicitaire sur un volatile. Budgie Toys avait trouvé ce fameux slogan : « They speak themselves ! » (ils parlent d’eux-mêmes !). Pour l’occasion, l’entreprise avait pris comme image un perroquet (« Budgie », en anglais, désigne une perruche) comme celui qui accompagne parfois les portraits de François 1er et qui à la Renaissance symbolise l’éloquence.

Pourtant, Budgie Toys n’est pas passé à la postérité et n’a détrôné ni Dinky Toys ni Corgi Toys. Le slogan publicitaire ne fait pas tout, d’ailleurs je ne sais pas si le volailler de Pennsylvanie a rencontré le succès escompté.

Je vais tenter à partir d’un modèle phare de la gamme Budgie Toys d’établir un comparatif avec d’autres fabricants. J’ai choisi le mythique AEC  tracteur semi-remorque « BP aviation ». Très fragile, il est difficile à se procurer. J’ai eu du mal à en trouver un sans vider ma tirelire. Longtemps, ce camion était synonyme de valeur marchande élevée. L’engin est assez impressionnant, mais la gravure et la finition n’ont rien d’exceptionnel. La gamme Budgie Toys a du succès auprès des collectionneurs en raison de l’originalité des véhicules proposés : c’est son point fort. La comparaison avec les citernes Tekno aux couleurs BP est assez édifiante. Ce dernier proposera aussi une version aux couleurs d’Air BP. Il est sûr que le type de citerne standard est moins crédible que celui de l’AEC.

Par contre, la qualité de fabrication du Tekno est très élevée, même si parfois il y a quelques surprises, notamment au niveau de l’ajustement des éléments de carrosserie.

Tekno produira d’abord une version de la citerne BP pour le marché danois, toute verte avec des inscriptions en danois, puis une autre pour le marché international aux célèbres couleurs vert/blanc/jaune. Ces versions ainsi décorées et équipées de jantes flasquées en tôle sont peu fréquentes. Les autres versions avec jantes moulées sont plus courantes. Les trappes de remplissage d’abord en zamac finiront en plastique. A cette occasion, la cabine recevra un aménagement intérieur.

Signalons le très rare  Scania en version Air BP réalisé à la fin. Nous n’avons que peu d’informations concernant cette tardive production d’origine.

Un autre fabricant danois, Vilmer, inscrira une citerne Air BP à son catalogue. Il s’agit d’un Volvo N88 porteur citerne. L’ensemble avec sa remorque est de belle facture. La remorque était vendue à part. C’est un modèle original et l’on doit remercier Vilmer d’avoir reproduit ce type de véhicule tout à fait crédible dans un paysage aéroportuaire.
Pour mémoire il ne faut pas oublier le Dinky Toys France, l’Unic Esterel.

Le dessin de la boîte est superbe. Le reste est le parfait symbole du déclin de Dinky Toys France dans ces années-là. La citerne est certes réaliste mais peu crédible sur le tarmac d’un aéroport.

Je n’ai pas un bon souvenir avec ce camion. Enfant, j’avais choisi ce véhicule, attiré par la boîte et surtout la possibilité de remplir la citerne et de la vider à l’aide des six tuyaux. Le catalogue était assez explicite. Je revois encore ma déception devant le piètre résultat des opérations : je n’arrivais plus à évacuer l’eau de la citerne et trois jours après des taches brunes sont apparues. Ma première déception avec les Dinky Toys ! Comme quoi il ne faut pas se laisser abuser par la publicité et les beaux slogans !