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C’est béton !

C’est béton !

La photo est troublante. Elle interroge. C’est le but d’une oeuvre d’art. Elle a été prise par Marc Riboud et s’intitule « High court, bâtiment conçu par Le Corbusier ».

Marc Riboud High Court, bâtiment conçu par Le Corbusier, Chandigarh, 1956
Marc Riboud High Court, bâtiment conçu par Le Corbusier, Chandigarh, 1956

L’homme au centre de la photo porte un turban et une barbe grise. Dans notre imagerie occidentale on associe cette représentation à celle d’un habitant de l’Inde. Cette tenue séculaire contraste avec la structure en béton, moderne, située derrière lui. Nous sommes en 1956.

Le Caravage La vocation de Saint Matthieu
Le Caravage La vocation de Saint Matthieu

Un rayon de soleil illumine en diagonale le bâtiment, rappelant le trait de lumière traversant la célèbre toile du Caravage, la vocation de Saint Mathieu. On pourrait interpréter celui de la photo comme une approbation céleste de l’architecte et du matériau.

L’homme est connu. Il s’agit de Charles-Edouard Jeanneret, plus connu sous le nom de Le Corbusier. Avec Oscar Niemeyer, ils ont marqué l’histoire de l’architecture moderne. L’utilisation comme « matière première » du béton caractérise leurs bâtiments et même leurs villes, Chandigarh pour le premier et Brasilia pour le second.

La reconstruction après la seconde guerre a fait la part belle à ce matériau. Le béton a longtemps véhiculé une image négative. Les premiers défenseurs de la nature s’inquiétaient de son omniprésence dans la ville au détriment des espaces verts.

Cinéastes, écrivains, chanteurs, tous ont, à travers leur travail alerté les citadins. Cette prise de conscience a pris de l’ampleur après les mouvements sociaux de la fin des années soixante. Ceux qui sont de ma génération ont été bercés par le disque de Maxime Le Forestier « Mon frère » et de sa chanson « Comme un arbre »:

Entre béton et bitume

Pour pousser je me débats

Mais mes branches volent bas

Si près des autos qui fument

Entre béton et bitume

 

Depuis l’arrivée d’Anne Hidalgo à la mairie de Paris, les chantiers se sont multipliés. Aux quatre coins des rues, des blocs en béton censés délimiter les restrictions de chaussée ont surgi. Ils demeurent, ici et là, abandonnés, comme les jouets d’un enfant qui aurait oublié de ranger sa chambre.

Un de mes instituteurs disait « finissez d’abord ce que vous avez commencé avant d’entreprendre autre chose ». La leçon est oubliée, à Paris, le « temporaire » a fait place à du « définitif ».

Cependant, un affichage de la municipalité m’a fait réfléchir. La ville de Paris a en effet lancé une opération nommée « Rencontre inattendue ». Cela consiste à fondre dans la ville près de 80 oeuvres d’art dans les lieux du quotidien. Tout s’est éclairé : ces blocs de béton sont peut être à percevoir différemment.

"rencontres inattendues" Ville de Paris
« rencontres inattendues » Ville de Paris

Leur disposition, leurs tags, leurs formes contrariées, leurs brisures, leur saleté participent sans doute à ce que l’on nomme une « performance artistique ». D’ailleurs, rue de Rivoli, devant le musée du Louvre ils sont là, distants de quelques centaine de mètres chacun. Participent-ils au plaisir de la visite de ce lieu culturel ?

Même lorsqu’elle omniprésente il est bien difficile de s’habituer à la laideur.

Il faut être un artiste pour donner une âme au béton.

Et il faut avoir une âme d’enfant pour apprécier les reproductions de véhicules transportant ce matériau.

Dans la réalité, le camion toupie est associé à l’image des chantiers et des camions maculés de boue. Malgré ces clichés défavorables, les fabricants ont su rendre attractif ce type de jouet. Ils ont paré les toupies de couleurs chamarrées, donnant à ces accessoires des allures de fêtes foraines. Ils ont ajouté une fonction ludique en installant une crémaillère qui permet le basculement de la toupie.

Une fois encore, je me suis aperçu de ce que l’on devait aux fabricants de jouets danois, passés maitres dans ce type de jouet. (voir le blues de la police). Micro et Birk , les deux grandes firmes danoises d’avant-guerre ont mis à leur catalogue un camion toupie.

Birk s’est servi du châssis et de la calandre communs à tous les modèles de la gamme, et n’a créé que la carrosserie spécifique.

Quand à lui, Micro a créé de toute pièce un moule. Dans les deux cas les toupies ont été injectées séparément et ont reçu une peinture qui contraste avec celle de la carrosserie. Micro a poussé le luxe jusqu’à une  finition bicolore du plus bel effet. Elles sont articulées, permettant à l’enfant de simuler leur vidange. Les deux fabricants ont pris soin de mouler une goulotte, l’accessoire permettant de canaliser le béton lors de la vidange de la toupie.

Après-guerre, Tekno et Vilmer proposeront de nombreuses déclinaisons de ce type de camions. On peut y voir une forme de surenchère entre ces deux firmes danoises.

Avec son beau Ford V8, Tekno ouvre le bal. Une manivelle permet à l’enfant d’orienter la toupie. Une innovation apparait sur ce jouet : la goulotte est orientable et amovible. C’est une réussite. Les couleurs choisies sont harmonieuses, joyeuses, loin des clichés liés au travail pénible et boueux des chantiers.

Il faut croire que ce type de véhicule rencontra le succès car Tekno, dans sa gamme de camions Dodge réduite au 1/60, déclinera également une version toupie malgré le coût de la création de cet accessoire. Du fait de sa dimension (hauteur), il ne pourra être placé dans le beau coffret de montage que Tekno distribua pour écouler une partie de sa production.

Vilmer, autre grand fabricant danois d’après-guerre, lui emboitera le pas avec son Chevrolet. Une déclinaison toupie sera créée, dans la veine du Tekno, dotée de caractéristiques similaires. Vilmer accentuera le côté ludique en affublant sa toupie d’une décalcomanie multicolore qui donne à l’objet une allure de toupie de parquet.

La première série sera équipée d’une direction que l’enfant actionnait depuis une roue de secours placée sur le pavillon. Plus tard Vilmer supprimera cet accessoire et dotera son jouet de suspensions.

Astucieusement, Vilmer a conçu un autre camion, un Bedford type S, sur lequel la toupie initialement conçue pour le Chevrolet s’adapte sans problème. Ce Bedford sera décliné en deux versions, châssis court (à essieu simple) ou long (double essieu).

A l’arrivée le collectionneur se retrouve avec une flotte de toupies pouvant constituer un thème à elle seule. Nous verrons dans le prochain épisode comment les nouvelles méthodes de transport du béton apparues au milieu des années cinquante, dans des cuves sphériques puis dans des bacs, ont donné l’occasion aux fabricants scandinaves de montrer leur savoir-faire en proposant des reproductions de ce type de camions.

Je dédicace ce blog à monsieur Herman Hirsch, fidèle lecteur germanique.

Conditionné par la publicité.

Conditionné par la publicité.

Nous sommes assaillis par la publicité. Tous les supports sont bons. Radio, télévision, affiches placardées sur les murs. On frise l’overdose. Dans le sport, pas un centimètre carré n’échappe à la publicité. Les joueurs de football sont ainsi devenus de véritables placards publicitaires.

Grâce à un angle de prise convenu, tout champion qui se retrouve face à une caméra est placé devant le nom d’un annonceur qui vante les mérites d’une pâte à tartiner, d’un crédit à la consommation ou d’une serviette hygiénique.

Durant le Tour de France cycliste même les masques servant à se protéger de la propagation du virus ont été les vecteurs d’une publicité. Tout se fait avec le plus grand naturel. Très souvent les produits n’ont aucun rapport avec le sport pratiqué.

La banalisation de cette pratique date d’environ trente ans.

Trop c’est trop.

Il y a quarante ans, je me souviens que des collectifs dans la capitale luttaient contre cette publicité envahissante. A l’époque, bien plus jeune, je n’avais pas compris ce mouvement.

La publicité me semblait inventive, attrayante. J’appréciais celle des années 50. C’est l’époque où j’ai découvert Savignac et le musée de la publicité.

Ce n’est donc pas un hasard si très tôt la publicité  nous a influencés mon père et moi, dans notre collection de miniatures. Mieux, elle est devenu notre moteur.

Ainsi, notre approche des Dinky Toys, C-I-J et JRD tournait autour des véhicules publicitaires : Renault 1000kg et Citroën 1200kg .

Notre choix s’étant d’abord limité aux fourgons, il était logique de découvrir ceux proposés par Tekno. La firme scandinave était la spécialiste du genre. Mieux, elle concevait ses modèles dans le but de décliner des variantes publicitaires. Tekno offrait aux annonceurs un support modulable afin qu’ils puissent aisément accoler leurs messages publicitaires et leurs couleurs.

Le principe du modèle publicitaire est de véhiculer un message en faveur d’une marque ou d’un produit. La publicité doit nous surprendre, nous faire découvrir des produits dont nous ne saurons plus nous passer et leurs qualités.

Dans une langue qui nous est familière cela ne pose en général, aucun problème. Mais dans une langue inconnue, on s’interroge souvent sur la nature de l’activité de la société promue sur le fourgon .

Ainsi, lors de mes voyages nordiques, ce fut un réel plaisir à Copenhague de passer devant une enseigne Fona, Magasin, Ekstra Bladet, Politiken et de pouvoir mettre un nom sur l’activité de ces sociétés (dans l’ordre : électroménager, grand magasin de Copenhague et journaux)

J’ai aussi pu constater que la marque Cloetta existait toujours. Sur le ferry effectuant la traversée entre Helsingor et Helsingborg distante de quelques kilomètres, nous n’avons pu nous empêcher, mon père et moi, d’acheter quelques barres chocolatées de la marque. Nous les avons dégustées religieusement en évoquant entre deux bouchées combien ces modèles nous avaient donné du fil à retordre avant de rejoindre nos vitrines.

Cloetta est une firme suédoise, et Tekno déclina pour ce marché scandinave son camion Volvo et son fourgon Volkswagen.

C’est aussi en Suède, dans un restaurant, que j’ai découvert la nature de l’activité de Slotts, autre modèle mythique de la firme Tekno : de la moutarde.

Je pense que le serveur a dû me prendre pour un original en me voyant emporter un sachet de ce précieux condiment. Il trône en vitrine avec mon modèle comme une barre de Cloetta et une pile Hellesens !

Ma dernière découverte est des plus déconcertantes. Après mon accident de vélo et la pose d’une prothèse de la hanche le chirurgien m’a convoqué pour la visite de sortie. A cette occasion il m’a remis mon dossier médical.

A l’intérieur, un document cartonné édité par le fabricant de la prothèse, m’expliquait ce que je pouvais ou ne pouvais absolument plus faire.

Quelle ne fut pas ma surprise de voir que le fabricant de ma prothèse n’était rien que moins que la firme Leo ! celle-là même qui commanda à Tekno dans les années soixante une variante à ses couleurs du camion Volvo Express ridelles.

A cette occasion, Tekno modifia son moule au niveau des ridelles afin d’appliquer plus facilement les décalcomanies. Elle ajouta quatre caisses en bois estampillées Leo. C’est un camion rare que nous avons eu très tôt dans notre collection.

Je ne sais pas encore si je mettrai mon dossier médical en vitrine avec mon camion mais on comprend toute la fierté du collectionneur Tekno de pouvoir se dire que sa prothèse porte le label d’une firme qui a travaillé avec sa marque de jouets favorite.

Il n’en est pas de même des collectionneurs de Dinky Toys qui n’ont rien d’autre à mettre en vitrine que de la bière Kronenbourg ou une batterie Baroclem !

Prochain blog, le dimanche 10 Janvier. Meilleurs  voeux pour l’année  2021  à tous.  Retrouvons un peu de réconfort, d’espoir  avec nos jouets et nos collections dans ce monde bien tourmenté. Vive 2021 ! …et bientôt le numéro 7 de Pipelette. L’année commence bien !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Emballez c’est pesé !

Emballez c’est pesé !

C’est un débat qui perdure. Il divise. Il crée des tensions entre collectionneurs. Il y a ceux qui veulent uniquement avec et ceux qui se moquent de cet accessoire, arguant qu’ils collectionnent les modèles réduits pas les emballages. On ne peut que constater l’écart grandissant désormais entre un modèle mis en vente avec son étui et un modèle qui en est dépourvu.

Si mon père était encore là, il vous expliquerait que lorsque nous avons commencé notre collection au milieu des années soixante-dix, la boîte commençait à être considérée comme faisant partie, à juste titre, du jouet. C’est un phénomène qui est venu de Grande-Bretagne. Nous avons donc dans la mesure du possible acheté avec boîte.

Quand vous collectionnez de manière aussi étendue que nous l’avons fait, trouver une seizième couleur d’Alfa Romeo Giulietta sprint  avec ou sans boîte ne pose pas véritablement de problème. Je pourrais également prendre l’exemple des Tekno.

A un moment, c’est bien la variante qui intéresse plus que la boîte, n’en déplaise aux quelques collectionneurs qui ne voient pas la différence entre une couleur rare, même sans boîte et une couleur banale mais qui a son étui individuel.

C’est peut être aussi cela l’expérience. Il est difficile d’expliquer ce point de vue aux inconditionnels des boîtes.

Pourtant, il y a des modèles qui sans boîte présentent moins d’intérêt. Tous les promotionnels. Dans ce cas l’acheteur doit payer le produit avec une substantielle différence. Baroclem, Renfort Nylon, Primistères, et les fourgons de chez Tekno. On comprend tout l’intérêt du boîtage publicitaire réalisé pour le commanditaire.

Les modèles réalisés pour des marchés export, imprimés dans la langue du pays auquel  ils sont destinés, ont évidement un intérêt nettement supérieur par rapport à un modèle de base.

Tekno a été une compagnie très rapidement tournée vers l’exportation. Les premiers marchés ont été les Etats-Unis comme pour la plupart des firmes européennes après-guerre. Dans un premier temps, Tekno a surchargé ses boîtes danoises à l’aide de petites étiquettes en papier écrites en langue anglaise qui décrivaient le modèle qui se trouvait à l’intérieur. Dans le même temps ces modèles recevaient le plus souvent une décoration à l’aide d’une décalcomanie en anglais (Mail, Black Maria, Taxi, Fire dept…)

Plus tard, Tekno se pliera à la volonté de l’importateur américain en distribuant ses modèles aux USA dans des emballages thermoformés. Un simple socle en carton et une bulle transparente enfermait la miniature qui pouvait être accrochée sur des tringles sur un présentoir spécifique. C’est Tootsietoys qui avait répandu cette façon de faire.

Trouver une Volvo Amazon encore dans son emballage relève de la gageure .

Et l’Europe ? Aux Pays-Bas, l’importateur Tekno a également fait réaliser une boîte spéciale pour l’opel Rekord 1958, voiture très populaire dans ce pays. (voir le blog consacré à cette auto).

En Allemagne une boîte promotionnelle a été réalisée pour la Ford Taunus 17M.

On peut dire en fait qu’un changement s’opéra lors du rachat de Tekno par Algrema un fabricant de poupées danoise. C’est à ce moment que Tekno laissa faire les différents importateurs de ses produits. Nous avons vu précédemment comment Dalia, distributeur en Espagne avait relevé le défi des boîtages (voir le blog consacré à ce sujet)

En Allemagne c’est la société Walco qui fut chargée de diffuser les Tekno. La firme n’hésita pas à créer des coffrets de montage, profitant de la conception de ces miniatures tardives. Les Chevrolet Corvair Monza, les Mercedes 280sl et d’autres fin de production connurent ces boîtes.

Aux Etats-Unis c’est la société  MPC  qui se chargera de diffuser les produits danois. Comme en Allemagne c’est le principe de « modèle à assembler » qui a été mis en avant. Les boîtages sont de taille respectable, comme si dans ce pays tout devait être plus grand qu’ailleurs .

A la même époque, fin des années soixante, sur la côte Est, la société « Global Scale Model Collection » de New York qui importait  déjà les Schuco, diffusera dans des boîtages conçus pour les miniatures allemande de la gamme Micro Racer quelques modèles Tekno. L’étiquette autocollante portant la référence du modèle Tekno qui se trouve sur les languettes  prouve bien qu’il ne s’agit pas d’un bricolage. J’ai pu acquérir au moins deux modèles dans ce type  de boîtage. Je n’ai pas de doute sur le fait qu’il en existe d’autres.

Comment ne pas mentionner les rares boîtages Solido contenant des modèles Tekno. Comme pour les Walco, les modèles n’ont pas grand intérêt à mes yeux, mais les boîtes elles, sont des plus intéressantes. Solido semble avoir réutilisé les boîtes qu’elle avait conçues pour les collectionneurs, produits qui n’avaient pas dû avoir le succès escompté.

Un collectionneur m’a expliqué que Solido s’était servi de ce type de boitage pour les salons du jouet et pour ses représentants. Chaque boîte reçoit une décalcomanie avec le logo Solido et le numéro de catalogue ainsi que le nom de la marque et du modèle représenté. Cette hypothèse est assez séduisante, car on trouve aussi dans ces boites les modèles qu’importait Solido vers la fin des années soixante : Mebetoys, et bien sûr Tekno.

Il se peut que le surplus de ces boîtes ait été distribué dans le  commerce, en vertu du fameux principe selon lequel rien ne se jette dans l’industrie du jouet !

Prochain blog le 18 Octobre 2020.

 

 

 

Une bonne surprise.

Une bonne surprise.

« Ah ! Je ne me souvenais plus de celle-là ! » Voilà la réflexion qui m’est venue au moment d’examiner une des miniatures Tekno que je vous présente ce jour.

Je crois entendre mon père qui s’émerveillait d’un rien : une variante de couleur ou de décalcomanie, issue d’une série qu’il appréciait plus particulièrement. Une joie simple. Une joie d’enfant.

Ces Scania Vabis de chez Tekno, équipés de la cabine profonde et du capot moteur ouvrant, sont alignés au fond d’une vitrine. Ils ne sont pas disposés devant comme ceux de la première génération dont le capot ne s’ouvre pas, et pour lesquels j’ai une nette préférence.

Je préfère les variantes plus anciennes, moins sophistiquées. Les parties ouvrantes, les suspensions, les aménagements intérieurs, les gadgets, et les accessoires qui à partir de 1960 sont devenus incontournables pour les fabricants de jouets sous peine d’être dépassés par la concurrence me laissent un peu indifférent.

Ces aménagements correspondent pourtant aux innovations techniques inhérentes à ma génération. Je suis né en 1963. Mais c’est ainsi.

Je dois donc me plier en deux et me contorsionner pour les voir et les extraire de la vitrine afin de les photographier. C’est sûrement la raison pour laquelle j’ai tant tardé à écrire la suite du premier blog paru il y a deux ans en mars 2018. La préparation des photos qui nécessite de sortir les modèles des vitrines et des cartons est la partie la plus fastidieuse de l’élaboration d’un article. Il faut prévoir beaucoup de temps pour une séance de photos de miniatures de camions. Aujourd’hui, j’ai trouvé ce temps et je suis motivé par l’envie de finir ce que j’ai commencé.

Il y a donc deux ans, en mars 2018, j’avais présenté la première partie (voir la première partie consacré aux Scania semi-remorque citerne de premier type). Compte tenu du grand nombre de variantes que nous avions rassemblées avec mon père, il m’a paru évident, du fait de la présence de deux cabines différentes  de scinder le sujet en deux.

Si la carrière du Scania Vabis 75-76 en version tracteur semi-remorque citerne de chez Tekno fut limpide et simple, celle de son successeur, immédiatement reconnaissable à son capot moteur ouvrant, sa cabine profonde, et son aménagement intérieur sera plus tourmentée.

La nouvelle cabine apparaît en 1965. Ce qui peut troubler le collectionneur de Tekno, c’est la reprise de l’appellation 76 sur les premiers exemplaires des nouvelles cabines. Les premières variantes sont toujours équipées de bouchons de citerne en zamac, peints de couleur argent, puis en zamac brut, empruntés aux modèles de la première génération.

Le passage au marquage 110 sur les capots moteur, coïncide avec le remplacement sur les citernes des bouchons en zamac par des bouchons en plastique, de couleur blanche, que je trouve moins esthétiques.

Avant d’aborder les différentes variantes, je pense qu’il faut signaler que Tekno préférera diffuser le tracteur Volvo N88 Titan attelé à la citerne plutôt que notre Scania Vabis 110. Ce dernier, était plus sophistiqué, donc plus cher à fabriquer. La situation économique de Tekno, à cette époque, puis son rachat et son déménagement dans le Jutland ne sont pas étrangers à cela.

Les trois versions aux couleurs « Scania Vabis », semblent avoir été produites uniquement pour un usage promotionnel mais on ne peut pas exclure que des exemplaires aient été distribués dans le commerce.

Celles que je vous présente ont été récupérées dans les locaux de l’importateur Scania Vabis France dans les années 80. Ce sont des versions rares. On peut tenter un classement chronologique. La version avec deux tons de bleu est la première. Elle reprend en effet l’harmonie de couleurs de la version antérieure, la 76.

La seconde semble être celle dont la partie supérieure de la citerne reçoit une finition de la même couleur que celle appliquée sur les flancs.

Enfin, celle que je décrivais au début de cet article, celle que j’avais effacée de ma mémoire, reçoit une finition simplifiée, dans une nuance de bleu nettement plus claire.

Quelques tracteurs semi-remorque citerne 110 sont décorés aux couleurs de petites compagnies scandinaves locales. Le trait commun des D-A-K, des Scully, des Koppartrans et des Scandiflex est qu’ils ont été réalisés à la fois avec ce tracteur Scania 110 et  avec le Volvo N88. L’explication se trouve encore une fois dans le coût de fabrication réduit qui résulte de l’utilisation de la cabine Volvo.

Ces versions sont peu fréquentes, mais elles ne peuvent rivaliser en rareté avec les versions 75-76. La Koppartrans était réservée au marché suédois. Les autres sont des versions promotionnelles. Cependant il faut savoir qu’à partir de la débâcle de Tekno dans les années soixante-dix, elles ont été aussi distribuées dans le commerce, d’abord au Danemark puis aux Pays-Bas, en Allemagne et en Grande-Bretagne.

La version aux couleurs du carrossier « Titan » est très rare. Je ne l’ai jamais revue ! Elle est peu spectaculaire, mais l’amateur de Tekno saura apprécier cette version. Des surplus circulent, qui sont dépourvus de la décalcomanie à l’arrière. Ils ont peu d’intérêt.

Celle aux couleurs Chevron Calpam est fort réussie. Ce distributeur devait avoir une flotte composée uniquement de Scania. Tekno n’a jamais équipé cette citerne avec un tracteur Volvo. Notons que cette belle version existe avec le marquage 76 ou 110 et donc avec bouchons en zamac ou en plastique. J’ai préféré la première.

Il faut aussi signaler deux versions qui m’ont fait défaut pendant près de 25 ans. Et pour cause. Quand je les ai acquises, j’ai compris pourquoi. Elles ont été référencées par Hans Hedegard et Dorte Johansen, les auteurs de l’ouvrage sur les Tekno.

Elles venaient directement de chez Tekno et des vitrines du fameux hall d’exposition qu’avait cette firme, vitrine qui fut pillée à la fermeture. Un collectionneur établi dans le Jutland les avait précieusement gardées et en avait fourni la photo aux auteurs du livre. Je reste persuadé qu’elles sont uniques. Les décalcomanies sont empruntées à la série des Mini Dodge produite par Tekno au milieu des années cinquante.

Quelle importance faut-il accorder à ces variantes uniques ? Elles sont historiques, mais ne peuvent intéresser qu’un passionné de la marque.

J’ai laissé les étiquettes correspondant aux lots. Elles font pour moi partie de l’histoire de la marque.

J’ai gardé le meilleur pour la fin. Finalement, les deux versions les plus difficiles à se procurer sont les deux versions arborant les couleurs des deux grandes compagnies pétrolière, la Shell et la BP.

Vous avez sûrement en collection les versions avec un tracteur Volvo N88. Mais les avez-vous déjà vues avec un Scania 110 ?

Ces deux versions de Scania Vabis 110 sont rarissimes. Le seul élément que j’ai en ma possession est l’endroit où, il y a fort longtemps, je les ai trouvées : aux Pays-Bas, à une époque où ne circulaient pas tous ces faux.

Je les ai recroisées deux fois. Je les ai obtenues dans des conditions très favorables, au prix des versions avec tracteur Volvo. Il est clair que les vendeurs n’avaient pas connaissance de la rareté. J’ai examiné bien attentivement ces exemplaires : pas de doute, ils sont d’origine. J’ai entendu parler d’un autre collectionneur qui les possédait. Il est fort possible que se soit l’importateur aux Pays-Bas qui soit à l’origine de cette commande car les Scania Vabis sont très populaires dans ce pays. Il est vrai que l’importateur néerlandais de Tekno a toujours eu un rapport privilégié avec la direction danoise (voir l’article consacré aux Opel Record 1958).

 

 

Du temps que j’étais jeune.

Du temps que j’étais jeune.

Si vous me demandez quel est le véhicule qui m’a plus marqué dans ma vie, je vous répondrai sans hésiter, le vélo que j’utilisais pour aller à l’école tous les jours. Il symbolise mes premiers moments de liberté, d’aventure.

La route était bordée de grand arbres protecteurs. Mon école était distante d’environ un kilomètre. C’est sans doute la proximité de la forêt qui donnait à ce parcours un côté aventureux, surtout l’hiver, quand il faisait encore nuit le matin à 8 heures.

Durant les vacances, avec mon frère, nous allions en vélo de concession automobile en concession automobile afin de collecter des catalogues. Vous l’avez sûrement fait aussi ! Si le garage Simca était situé en ville, le garage Citroën, chose assez rare au milieu des années soixante-dix, était délocalisé sur l’ancienne route nationale menant à l’autoroute A1.

Y aller en vélo constituait déjà un petit périple. J’avais un sentiment étrange en amassant ces catalogues. En 1974, le catalogue d’une Citroën DS21 passait déjà pour une antiquité. J’appréciais pourtant à sa juste valeur ce document que je savais obsolète. Je comprenais aussi en feuilletant celui de la CX, tout juste disponible, que comme celui de la DS21, il serait dépassé lorsqu’un autre modèle la remplacerait dans la gamme.

Ainsi va l’histoire d’une marque automobile avec le lancement puis l’arrêt d’un modèle. Chaque année, lors du salon rémois « Les belles champenoises » je souris en voyant les amateurs de véhicules anciens mais aussi les visiteurs s’enthousiasmer devant les CX.

Je comprends aussi que j’ai pris un coup de vieux !

La CX, c’était ma génération, et elle est entrée au musée. Dans 20 ans ce sera la XM. Je serai bien âgé alors.

Les collectionneurs de miniatures sont très sensibles aux modèles de leur génération, ceux qu’ils ont connus. Certains ont eu la chance qu’on les leur offre, d’autres les ont simplement contemplés dans les catalogues ou dans les vitrines des magasins de jouets.

Dans mon activité professionnelle ce sont sûrement la Mercedes 230SL et la Jaguar Type E de chez Tekno qui semblent avoir marqué le plus les enfants de ma génération.

Ce sont bien sûr leurs nombreux gadgets qui ont donné à ces miniatures cette aura particulière : les sièges basculants et réglables, la direction, la roue de secours et toutes les parties ouvrantes.

Il y a du luxe dans les détails : garniture de portes, vitres de portières à moitié ouvertes. C’est aussi le poids de la miniature qui donne un sentiment de qualité hors du commun. Pourtant, au risque de vous décevoir, je ne suis pas sensible à ces éléments. Je ne suis pas amateur de jouets sophistiqués.

Il me semble que le jouet finit par y perdre de son âme. D’ailleurs, ces miniatures trop lourdes ne roulent pas très bien et l’excès de gadgets nuit à la pureté de la ligne. La Mercedes est souvent affectée d’un problème de jonction entre le châssis et la carrosserie.

Cependant, j’ai trouvé depuis peu un intérêt dans cette série, et c’est grâce à mon ami José Andrade et à ses connaissances dans les productions ibériques que mon intérêt pour cette gamme Tekno est apparu. Il m’a fait découvrir un grand nombre de variantes toutes plus intéressantes les unes que les autres.

C’est à travers la branche Dalia que je les ai découvertes. Un petit rappel s’impose. Depuis les années trente Dalia avait noué des liens commerciaux avec Solido.

Et quand Tekno a signé avec Solido un contrat portant sur la diffusion réciproque de produits dans leurs réseaux commerciaux, Dalia a été impacté. Comme elle le faisait avec Solido, Dalia a importé des carrosseries et accessoires de chez Tekno afin de les assembler et de les diffuser en Espagne.

Tekno était déjà mal en point et peu de modèles ont été concernés. Il s’agit du camion Ford D800, du Ford Taunus fourgon, de la MG 1100, de la Lincoln Continental, de la Ford Mustang, de la Corvair Monza, de la Jaguar Type E et et de la Mercedes 230SL.

Les couleurs diffèrent souvent de celles des modèles danois. Il en est de même pour les jantes. Ainsi, si vous voyez une Lincoln Continental affublée de jantes de forme conique en zamac brut, il y a une très forte probabilité pour que vous soyez en présence d’une Dalia.

Cela peut aider en l’absence de la boîte en carton plein. C’est dans le domaine du boîtage que José m’a appris l’existence de rares boîtes vitrine. Elles reprennent le format des boîtes Dalia Solido tardives mais elles sont de type vitrine : elles sont en carton et reçoivent un film en rhodoïd transparent. Le plus important est le tampon correspondant  au numéro de catalogue Tekno   sur les languettes (834 Ford Mustang, 829 Lincoln Continental….)

Les boîtes sont estampillées Tekno Dalia. Les Lincoln ainsi condtionnées reçoivent des jantes en acier concave. On retrouve ce type de boîte pour la Mercedes 230SL, la Ford Mustang et la Chevrolet Monza.

Avec ce type de boîte, le modèle prend un tout autre intérêt à mes yeux.

Finalement, sans José, je n’aurais pu réunir tous ces modèles avec ces boîtes spécifiques. Je regarde désormais ces miniatures avec un autre œil. Les avoir toutes est loin d’être facile. Elles sont bien plus rares que beaucoup d’autres Dalia Solido. Elles font partie d’un ensemble des plus intéressants dont le point commun réside dans les boîtages spécifiques réalisés pour l’exportation.