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Une bonne surprise.

Une bonne surprise.

« Ah ! Je ne me souvenais plus de celle-là ! » Voilà la réflexion qui m’est venue au moment d’examiner une des miniatures Tekno que je vous présente ce jour.

Je crois entendre mon père qui s’émerveillait d’un rien : une variante de couleur ou de décalcomanie, issue d’une série qu’il appréciait plus particulièrement. Une joie simple. Une joie d’enfant.

Ces Scania Vabis de chez Tekno, équipés de la cabine profonde et du capot moteur ouvrant, sont alignés au fond d’une vitrine. Ils ne sont pas disposés devant comme ceux de la première génération dont le capot ne s’ouvre pas, et pour lesquels j’ai une nette préférence.

Je préfère les variantes plus anciennes, moins sophistiquées. Les parties ouvrantes, les suspensions, les aménagements intérieurs, les gadgets, et les accessoires qui à partir de 1960 sont devenus incontournables pour les fabricants de jouets sous peine d’être dépassés par la concurrence me laissent un peu indifférent.

Ces aménagements correspondent pourtant aux innovations techniques inhérentes à ma génération. Je suis né en 1963. Mais c’est ainsi.

Je dois donc me plier en deux et me contorsionner pour les voir et les extraire de la vitrine afin de les photographier. C’est sûrement la raison pour laquelle j’ai tant tardé à écrire la suite du premier blog paru il y a deux ans en mars 2018. La préparation des photos qui nécessite de sortir les modèles des vitrines et des cartons est la partie la plus fastidieuse de l’élaboration d’un article. Il faut prévoir beaucoup de temps pour une séance de photos de miniatures de camions. Aujourd’hui, j’ai trouvé ce temps et je suis motivé par l’envie de finir ce que j’ai commencé.

Il y a donc deux ans, en mars 2018, j’avais présenté la première partie (voir la première partie consacré aux Scania semi-remorque citerne de premier type). Compte tenu du grand nombre de variantes que nous avions rassemblées avec mon père, il m’a paru évident, du fait de la présence de deux cabines différentes  de scinder le sujet en deux.

Si la carrière du Scania Vabis 75-76 en version tracteur semi-remorque citerne de chez Tekno fut limpide et simple, celle de son successeur, immédiatement reconnaissable à son capot moteur ouvrant, sa cabine profonde, et son aménagement intérieur sera plus tourmentée.

La nouvelle cabine apparaît en 1965. Ce qui peut troubler le collectionneur de Tekno, c’est la reprise de l’appellation 76 sur les premiers exemplaires des nouvelles cabines. Les premières variantes sont toujours équipées de bouchons de citerne en zamac, peints de couleur argent, puis en zamac brut, empruntés aux modèles de la première génération.

Le passage au marquage 110 sur les capots moteur, coïncide avec le remplacement sur les citernes des bouchons en zamac par des bouchons en plastique, de couleur blanche, que je trouve moins esthétiques.

Avant d’aborder les différentes variantes, je pense qu’il faut signaler que Tekno préférera diffuser le tracteur Volvo N88 Titan attelé à la citerne plutôt que notre Scania Vabis 110. Ce dernier, était plus sophistiqué, donc plus cher à fabriquer. La situation économique de Tekno, à cette époque, puis son rachat et son déménagement dans le Jutland ne sont pas étrangers à cela.

Les trois versions aux couleurs « Scania Vabis », semblent avoir été produites uniquement pour un usage promotionnel mais on ne peut pas exclure que des exemplaires aient été distribués dans le commerce.

Celles que je vous présente ont été récupérées dans les locaux de l’importateur Scania Vabis France dans les années 80. Ce sont des versions rares. On peut tenter un classement chronologique. La version avec deux tons de bleu est la première. Elle reprend en effet l’harmonie de couleurs de la version antérieure, la 76.

La seconde semble être celle dont la partie supérieure de la citerne reçoit une finition de la même couleur que celle appliquée sur les flancs.

Enfin, celle que je décrivais au début de cet article, celle que j’avais effacée de ma mémoire, reçoit une finition simplifiée, dans une nuance de bleu nettement plus claire.

Quelques tracteurs semi-remorque citerne 110 sont décorés aux couleurs de petites compagnies scandinaves locales. Le trait commun des D-A-K, des Scully, des Koppartrans et des Scandiflex est qu’ils ont été réalisés à la fois avec ce tracteur Scania 110 et  avec le Volvo N88. L’explication se trouve encore une fois dans le coût de fabrication réduit qui résulte de l’utilisation de la cabine Volvo.

Ces versions sont peu fréquentes, mais elles ne peuvent rivaliser en rareté avec les versions 75-76. La Koppartrans était réservée au marché suédois. Les autres sont des versions promotionnelles. Cependant il faut savoir qu’à partir de la débâcle de Tekno dans les années soixante-dix, elles ont été aussi distribuées dans le commerce, d’abord au Danemark puis aux Pays-Bas, en Allemagne et en Grande-Bretagne.

La version aux couleurs du carrossier « Titan » est très rare. Je ne l’ai jamais revue ! Elle est peu spectaculaire, mais l’amateur de Tekno saura apprécier cette version. Des surplus circulent, qui sont dépourvus de la décalcomanie à l’arrière. Ils ont peu d’intérêt.

Celle aux couleurs Chevron Calpam est fort réussie. Ce distributeur devait avoir une flotte composée uniquement de Scania. Tekno n’a jamais équipé cette citerne avec un tracteur Volvo. Notons que cette belle version existe avec le marquage 76 ou 110 et donc avec bouchons en zamac ou en plastique. J’ai préféré la première.

Il faut aussi signaler deux versions qui m’ont fait défaut pendant près de 25 ans. Et pour cause. Quand je les ai acquises, j’ai compris pourquoi. Elles ont été référencées par Hans Hedegard et Dorte Johansen, les auteurs de l’ouvrage sur les Tekno.

Elles venaient directement de chez Tekno et des vitrines du fameux hall d’exposition qu’avait cette firme, vitrine qui fut pillée à la fermeture. Un collectionneur établi dans le Jutland les avait précieusement gardées et en avait fourni la photo aux auteurs du livre. Je reste persuadé qu’elles sont uniques. Les décalcomanies sont empruntées à la série des Mini Dodge produite par Tekno au milieu des années cinquante.

Quelle importance faut-il accorder à ces variantes uniques ? Elles sont historiques, mais ne peuvent intéresser qu’un passionné de la marque.

J’ai laissé les étiquettes correspondant aux lots. Elles font pour moi partie de l’histoire de la marque.

J’ai gardé le meilleur pour la fin. Finalement, les deux versions les plus difficiles à se procurer sont les deux versions arborant les couleurs des deux grandes compagnies pétrolière, la Shell et la BP.

Vous avez sûrement en collection les versions avec un tracteur Volvo N88. Mais les avez-vous déjà vues avec un Scania 110 ?

Ces deux versions de Scania Vabis 110 sont rarissimes. Le seul élément que j’ai en ma possession est l’endroit où, il y a fort longtemps, je les ai trouvées : aux Pays-Bas, à une époque où ne circulaient pas tous ces faux.

Je les ai recroisées deux fois. Je les ai obtenues dans des conditions très favorables, au prix des versions avec tracteur Volvo. Il est clair que les vendeurs n’avaient pas connaissance de la rareté. J’ai examiné bien attentivement ces exemplaires : pas de doute, ils sont d’origine. J’ai entendu parler d’un autre collectionneur qui les possédait. Il est fort possible que se soit l’importateur aux Pays-Bas qui soit à l’origine de cette commande car les Scania Vabis sont très populaires dans ce pays. Il est vrai que l’importateur néerlandais de Tekno a toujours eu un rapport privilégié avec la direction danoise (voir l’article consacré aux Opel Record 1958).

 

 

Toute une vie de combat.

Toute une vie de combat.

Ils sont là, impeccablement alignés, comme à la parade. Pas un capot ne dépasse.En regardant avec mon père ces camions citernes alignés les uns à côté des autres dans la vitrine, nous nous remémorons combien il a été difficile de les rassembler. C’est près de 40 ans de recherches Toute une vie, ou presque…

Chaque camion a une histoire. Je repense à l’espoir que je plaçais  dans les lettres contenant ma liste de recherche qu’avant chaque voyage j’envoyais systématiquement à mes contacts scandinaves.

Le moment le plus agréable, c’est celui où je pouvais rayer sur cette liste le modèle enfin déniché. Il a fallu beaucoup d’efforts et de patience pour les réunir. Cela m’a permis d’appréhender la rareté de chacun d’eux, à la mesure de la difficulté que j’avais eu à me les procurer, et au nombre d’exemplaires que j’avais ou non revus. C’est ce qui forme « l’expérience ».

Le vocabulaire employé pour qualifier cette quête peut se comparer à celui des militaires. Il y a eu des duels, des batailles et des conquêtes. Il a fallu des heures de repérage, de la stratégie et des alliances opportunes.

Peut-on dire pour autant que durant quarante ans ma vie a ressemblé à celle d’un militaire ? Certes non, mon objectif bien pacifique ne visait qu’à ramener dans notre vitrine, les précieuses petites citernes. Il est agréable aujourd’hui de se rappeler les batailles gagnées mais aussi les batailles perdues qui ont sû renforcer notre combativité.

Pour faire suite aux articles consacrés aux autres Scania-Vabis produits par Tekno, voici, dans un premier temps, un article consacré aux versions avec semi-remorque citerne et cabine 75-76.

(voir l’article consacré aux premières versions du Scania-Vabis semi remorque frigo)

(voir l’article consacré aux versions  Scania-Vabis semi remorque frigo)

(Voir l’article consacré  aux versions Scania-Vabis porteur bâché) (voir l’article consacré aux versions  Scania-Vabis porte autos).

Si l’obtention des versions « Esso », »Gulf » et « Scania-Vabis » (orange et kaki) ne pose pas de difficulté particulière, autant dire qu’il en est pas de même pour toutes les autres !

On peut scinder en deux groupes les autres versions publicitaire avec tracteur Scania-Vabis 75-76 : dans le premier groupe, les modèles réservés à un marché particulier et dans le second groupe les modèles promotionnels.

Commençons par les versions qui étaient destinées à un pays particulier, celui où le pétrolier était implanté. Elles ont notamment été distribuées dans les stations service de ces compagnies pétrolières. Les boîtes réalisées aux couleurs de chaque société semblent l’attester. Citons pour la Suède « Koppartrans et Uno X », pour les Pays Bas « Orion », pour le Danemark « Ora », pour les USA « Mobil », Caltex/ Aviation fuel et enfin pour la Finlande « OY Hercofinn ».

 

Toutes ces versions sont difficiles à se procurer, en particulier la finlandaise. Lorsque l’exemplaire connu qui avait servi au référencement du livre sur les Tekno était mis en vente, il ne fallait pas le laisser passer ! les deux versions américaines m’ont aussi donné pas mal de fil à retordre.

Le second groupe est constitué des véhicules qui ont été réalisés pour la marque Scania-Vabis et qui ont été diffusés comme cadeaux dans son réseau de concessions. Ils se reconnaissent aux harmonies de couleurs rouge et blanc et aux deux tons de bleu qui les habillent. Il est intéressant de constater que ces couleurs seront conservées sur la deuxième variante, le Scania 110, qui suivra le 75-76.

J’ai trouvé des exemplaires de ces variantes à marquage « Scania-Vabis » en France. En effet, ces camions ont été diffusés dans notre pays dès l’ouverture du marché commun.

Le tracteur 75-76 ne reçoit jamais d’aménagement intérieur. La citerne est toujours équipée de trappes de citerne moulées en zamac. Comme les jantes, elles seront d’abord peintes de couleur argent, puis ensuite montées brutes.

 

Désormais le marché a bien changé. Si internet a facilité les contacts et les échanges, il a malheureusement permis de diffuser des faux. Les voyages permettent d’apprendre et de comprendre l’histoire de la fabrication des modèles. Lors des manifestations, les faussaires ne se seraient pas risqués à mettre sur la table des produits refaits : ils auraient été bien vite démasqués par les collectionneurs. Internet a ouvert la voie à leur coupable commerce.

Tout dernièrement, visitant une collection en Italie, j’ai demandé l’autorisation au collectionneur de prendre en main un Tekno dans sa vitrine. Il me semblait étonnant qu’un tel modèle puisse atterrir dans une vitrine en Italie. Certes cela peut arriver je vous rassure. Mais mon doute était justifié. J’ai expliqué à la personne les raisons pour lesquelles son Tekno n’était qu’une reproduction. Il l’avait acquis sur Ebay. Le travail était soigné mais avec un peu de « métier » il était facile de repérer l’imposture.

 

D’autres versions promotionnelles ont surement existé. Prochainement, la suite des l’histoire des citernes mais avec pour tracteur  le modèle qui a remplacé le 75/76 , le Scania 110.

Des Cam cast à la station service

Des Cam cast à la station service – 2

Voici la suite de notre série sur les Cam cast entamée avec les Dodge fourgons : voir Les embouteillages dans l’Ohio. Nous avions quitté notre petit fabricant de l’Ohio avec sa série de fourgons.

De conception similaire, monobloc, moulé dans un zamac très dense, voici donc la citerne. Sa réalisation a nécessité un nouveau moule. Il est probable que Cam cast n’avait pas envisagé la création d’un autre support publicitaire que le fourgon.

Citernes Cam cast
Citernes Cam cast

Il aurait été alors plus simple et moins couteux de mouler la cabine avec le châssis et d’adapter ensuite un fourgon, une citerne ou bien d’autres carrosseries. La ligne harmonieuse de la cabine a été conservée. Le traitement de la citerne est minimaliste. Les orifices de remplissage ne sont pas reproduits. L’essentiel pour ce fabricant était de symboliser une citerne.

Comme pour les fourgons, le modèle a surtout concerné une clientèle locale : Marathon marque distribuée dans l’Ohio et Farm bureau qui devait être une laiterie. Mais, et c’est logique pour ce genre de produit, figurent aussi des marques nationales (Shell, Gulf Sunoco). Il est plus difficile de se procurer ces citernes que les fourgons. Cam cast a t-il produit d’autres miniatures ? le mystère reste entier.

Nous y reviendrons prochainement pour un dernier épisode…

Le voisin du 43.

Le voisin du 43.

C’est l’histoire banale d’une rue du 19 ème arrondissement. Une rue sans histoires. Une rue calme, quasiment sans commerces, ce qui est révélateur à Paris du peu d’intérêt de l’endroit. C’est pourtant dans cette rue, qu’il y a trente deux-ans, en 1984, j’ai choisi d’ouvrir mon magasin au 41. 

C’est la modicité du prix de la boutique qui m’a motivé. Il faut dire que le commerce qu’elle abritait était fermé depuis plus de 20 ans. Le plancher était en piteux état, à travers ses découpes on voyait la cave. A cette époque, la seule boutique de la rue se situait tout en amont, à l’angle du parc. Il s’agissait d’une boutique de jouets qui faisait aussi papeterie et librairie.

A la droite de la boutique, on trouvait un plombier qui était le descendant du peintre Mucha.

J’étais à peine ouvert, quand un couple qui habitait la rue est venu me voir pour me confier que la vue des Dinky Toys éveillait en eux des souvenirs car les deux époux avaient travaillé à l’usine de Bobigny au début de leur vie professionnelle. Il faut dire que Bobigny n’est pas très loin de ma boutique.

Un an après, j’ai rencontré l’homme qui allait me fournir plus de quatre-vingt Dauphine Dinky Toys aux couleurs « bleu Bobigny ». Encore une fois c’est bien le quartier où j’avais élu domicile qui fût à l’origine de cette rencontre. Elle eut d’ailleurs des conséquences tardives. Bien après l’acquisition des Dauphine Bobigny j’ai acquis auprès de la même personne des prototypes en bois et des essais de couleur.

C’est elle également  qui m’a appris que la direction de Meccano s’était installée au début des années soixante-dix, après le départ de Bobigny, avenue Jean Jaurès au lieu dit « Le Belvédère », à 400 mètres de ma boutique.

Puis vint la collection de M. Chaudey. Comme le couple qui était venu me voir à l’ouverture de la boutique, il avait habité le quartier à l’époque où avec son épouse il travaillait à Bobigny. Ce fut la plus belle collection de Dinky Toys qu’il m’a été donné d’acquérir. Elle comprenait plus de trente prototypes ! Finalement, ce petit quartier qui semblait de prime abord sans attrait m’avait comblé de surprises toutes plus agréables les unes que les autres. 

Puis un jour, mes voisins du 43 décidèrent de partir. J’avoue que jusqu’à ce qu’un des deux frères pousse la porte de ma boutique j’avais j’ignoré l’activité du 43. Je ne suis pas curieux de nature. Nous n’avions jamais poussé la conversation au-delà des politesses d’usage. Il m’indiqua qu’il partait parce que les locaux étaient devenus trop exigus pour poursuivre leur activité de mouliste.

Il m’apprit que c’était leur officine qui avait notamment réalisé le moule de la DS présidentielle de Dinky Toys. Selon lui, quelques coques brutes, issues des premiers tests d’injection devaient encore traîner quelque part.

On imagine aisément qu’avant d’être livré à son commanditaire, le moule devait être testé. Il ne retrouva jamais ces coques. Mais bien plus tard, au moment de la rédaction du dernier opus du livre de Jean-Michel Roulet, comme je lui racontais cette anecdote, il se souvint qu’il avait acquis au marché aux puces quelques coques brutes dont certaines avaient encore leurs carottes d’injection. Elles n’avaient pas été perdues pour tout le monde. On peut imaginer que le compagnon qui avait trouvé ces carrosseries les avait cédées à un brocanteur de Saint-Ouen.

Quelques années plus tard, j’allais rendre visite à M. Juge. Ce dernier était le responsable technique de la firme Champion. Il me parla longuement du voisin du 43. Il y était venu très souvent et se rappelait très bien du nom du mouliste qui lui avait réalisé quelques miniatures : André Fétu.

J’appris à cette occasion que ce mouliste réalisait les moules mais également le modèle en amont, c’est à dire le prototype en bois, à une échelle trois fois plus importante que celle du modèle envisagé. Les défauts, les déformations, les asymétries sont bien plus visibles sur un modèle trois fois plus grand.

Je me souviens lui avoir montré les prototypes et les empreintes servant à l’enfonçage chez Tekno. M. Juge admira la finesse et la grande dextérité des Danois, au niveau des micros soudures, technique qu’il n’utilisait visiblement pas. C’est à cette occasion qu’il me céda un ensemble de maquettes en bois ayant été réalisées au 43 rue Cavendish.

Certaines ont connu la série en série, comme la Lola T70, la Ligier JS5 ou la Ferrari 312T. Par contre, la Lancia Stratos, la Mirage Ford de 1967 ou l’Alpine Renault A442 de 1977 n’ont jamais vu le jour. J’avais aussi vu dans son bureau du boulevard Sébastopol, dans les années 90, une Porsche 935 Mugello 1976 qui a disparu. La mise en route d’un modèle nécessite de lourds investissements. Parfois la raison l’a emporté. Par exemple, la Mirage n’a connu qu’une saison et elle a toujours été aux couleurs Gulf. Dans ces conditions, il n’était pas facile de créer des versions différentes. Il en est de même pour la Porsche 935 qui dans sa carrosserie Mugello, phares dans le spoiler et ailes arrières rondes, n’a couru qu’une fois.

A l’opposé, la Lancia Stratos aurait pu être un vrai filon pour les amateurs de variantes. Mais la sortie du modèle Solido a dû tempérer les ardeurs des décideurs chez Champion.

la carte postale appartenant à Mr Raymond
la carte postale appartenant à Mr Raymond

M. Raymond, connu pour sa collection unique au monde de Peugeot 404 habite le quartier, comme son papa, qui lui habite la rue Cavendish. Intéressé par l’histoire du quartier, ce dernier m’a confié une carte postale des plus intéressantes. La vue est prise en bas de la rue Cavendish. En fait c’est l’immeuble du 43 qui est le sujet de la photo et plus précisément, le fameux local décrit ci dessus. Le fronton de l’entrée porte l’inscription « Monnier Modeleur ». Une quinzaine d’ouvriers et d’apprentis posent devant l’entrée. Notre modeleur des années 80 était donc le descendant d’une lignée établie au moins depuis le début du siècle dernier.

Un Total transalpin

C’est une discussion avec un spécialiste du poids lourd qui est à l’origine de cet article. Je venais de mettre en vente un camion Fiat Moplast, sous la référence 682, reprenant ainsi celle utilisée par Mercury. Michel Fonteny a tout de suite relevé mon erreur.

détail de la fine calandre du Moplast
détail de la fine calandre du Moplast

Il faut dire qu’il a passé son enfance dans le milieu du transport routier et en a acquis une expérience telle qu’il est désormais au camion ancien ce que Scarlatti est au clavecin : un spécialiste ! J’ai suivi avec peine et application la description technique détaillée qu’il m’a livrée. La technique, ce n’est pas mon fort. Chaque fois que j’utilise la clef de contact de mon auto je suis émerveillé qu’elle démarre : émerveillé mais incapable de comprendre la magie qui s’opère. Quant à Monsieur Fonteny, intarissable sur le sujet, il m’a égrené tant de chiffres et de références que si j’avais été un inconditionnel de la Française des Jeux j’aurais pu remplir plusieurs bulletins de Loto. Gentiment, il a proposé de m’aider à la rédaction d’un article sur ces beaux camions italiens. J’ai choisi de laisser dans l’intégralité son travail de recherche. Vous trouverez son étude dans la fiche suivante. Pour ma part, je vais vous présenter les reproductions miniatures des camions Fiat conçus chez Moplast.

Moplast est une firme italienne installée à Tradate (Varese). Son activité est basée sur la fabrication d’objets en plastique de qualité. Cette firme existe toujours.  Cela nous rappelle l’histoire de firmes comme Bourbon et Vapé en France. L’arrivée de Moplast dans le monde du modèle réduit ne relève que d’un concours de circonstances. Il ne semble pas y avoir eu, comme pour Bourbon, une réelle volonté de se développer dans ce secteur. C’est certainement dans le souci de rentabiliser un investissement que Moplast a contacté des clients ayant des flottes de camions-citernes. Paradoxalement, la firme italienne ENI (Agip) ne semble pas avoir commandé de reproductions à ses couleurs, ce qui est un comble pour cette firme leader du secteur de la distribution des produits pétroliers dans la péninsule italienne.

Il faut distinguer deux types de distribution pour ces jouets. Ces modèles ne sont pas des promotionnels au sens où on l’entend généralement. Ils ont été distribués et vendus dans le réseau commercial des firmes dont ils portaient les couleurs, mais ils n’ont pas été distribués gracieusement par ces compagnies pétrolières. La seule exception est la version « officine Calabrese Bari ». Les autres versions ont été vendues dans les stations-service Gulf, Shell et Esso qui étaient toutes très bien implantées en Italie. La version Aral a bien entendu été réservée au marché allemand.

J’ai gardé pour la fin la version qui porte les couleurs de notre pétrolier national, Total. Contrairement à Esso, le pétrolier français, malgré son hégémonie, n’a jamais fait l’effort de séduire les fabricants de jouets.

A cet égard, je suis persuadé que des accords ont existé entre certaines compagnies pétrolières et des firmes célèbres de jouets. Amusez-vous à comptabiliser le nombre de véhicules aux couleurs Esso chez Dinky Toys ! Même la Triumph Spitfire arborera le célèbre slogan « put a tiger in your tank ». Total est une des firmes les moins représentées en miniature : JRD, Sésame et Bourbon, le tour est vite fait. Il semble qu’à l’origine, on doive cette commande à la branche italienne de Total. La boîte qui porte des inscriptions en langue italienne ne fait aucun doute. Une déclinaison Total Termo sera créée, certainement destinée aux distributeurs de fuel domestique locaux qui pouvaient ainsi faire graver leur raison sociale. Enfin, des versions pour le marché français sont apparues qui ont nécessité la création d’un nouvel étui. L’utilisation des couleurs du drapeau tricolore atteste du marché de destination. Le succès semble avoir été au rendez-vous. Il existe de très nombreuses variantes. Je n’ai gardé que cinq variantes d’assemblage de couleur bien que j’en aie répertorié au moins trois autres. Un autre indice prouve le succès commercial de ce véhicule : j’ai dénombré trois moules de citernes totalement différentes, prouvant que la production aux couleurs de Total s’est échelonnée sur un laps de temps assez long.

Tout au long de sa production, Moplast modernisera sa citerne : ainsi, les orifices de remplissage de la cuve connaîtront trois dessins différents. La dernière version, toute carénée, semble rare et je ne l’ai rencontrée qu’aux couleurs de Total. Cette version comporte un détail intéressant relatif au marché de destination du véhicule.

Toutes les versions de ce camion transalpin ont le volant à droite, comme c’était la coutume de l’autre côté des Alpes. Mais sur l’ultime production, Moplast a installé le volant à gauche.