Archives de catégorie : camions

Orgueil et préjugés

Orgueil et préjugés

C’est au milieu d’une banale conversation avec Thierry Redempt, un des anciens rédacteurs du magazine « Passion 43 », que j’ai appris l’arrêt de ce journal. La nouvelle m’a laissé totalement indifférent.

Compte tenu de la manière dont j’avais été écarté de sa réalisation, cela aurait dû me réjouir, j’aurais dû y voir comme une revanche. Il n’en a rien été. Il faut avouer que la nouvelle était attendue depuis un certain temps.

Du contenu fantomatique de la revue n’émergeaient plus que les articles de M. Dufour. Il est resté sur le pont jusqu’au bout, comme le capitaine dont le navire fait naufrage.

Les erreurs qui altéraient les publications antérieures ont été reproduites. Même cause, même effet. Les belles intentions du départ se sont vites évanouies, amateurisme et clientélisme ont bien vite dominé l’aventure.

j’ai vu des similitudes avec l’histoire d’une marque automobile : je veux parler ici de la firme automobile espagnole Pegaso.

Elle a comme point commun avec ce magazine le fait d’avoir été créée par une personne mégalomane qui disposait de moyens financiers certains mais qui ne connaissait pas le marché. Et tout s’est terminé comme pour le journal précité par un incroyable gâchis.

Reprenons l’histoire. Elle commence après la seconde guerre mondiale, dans l’Espagne franquiste, coupée du monde. Le pays manque de tout. C’est peu dire que la guerre civile a laissé des traces dans la population et dans l’économie. Le réseau routier est calamiteux, ce qui ne favorise pas le transport des biens et des personnes. Le pays a donc besoin de camions et de cars.

C’est dans ce contexte très difficile, que l’Instituto Nacional de Industria (INI), le ministère de l’économie franquiste, suit les conseils de l’ingénieur Wifredo Ricart et crée en 1946 la ENASA (Empresa Nacional de Autocamiones S.A.), sur les ruines du constructeur Hispano-Suiza. L’entreprise d’Etat a pour mission de produire camions et cars. C’est sa priorité absolue . De l’autre côté du rideau de fer, on aurait parlé d’un plan quinquennal. Finalement, sous deux régimes politiques opposés on trouve une même approche de l’économie.

En 1948, Wilfredo Ricard, lance un projet utopique. Il a c’est vrai un passé glorieux. Il a c’est certain du talent. Lorsque qu’a éclaté la guerre civile en Espagne, en 1936, il était à Milan. Il travaillait chez Alfa Romeo sur des projets de monoplaces où il avait le titre de chef des études spéciales. C’est dans ce contexte qu’il a eu un différent avec Enzo Ferrari. De retour en Espagne en 1945, il est donc à l’origine de la création de la ENASA.

Cependant, quand on a connu les belles mécaniques sportives, travailler sur des camions, aussi beaux soient-ils, peut sembler une régression. Il réussit donc à convaincre quelques ingénieurs de la ENASA de se mettre à étudier un coupé sportif.

L’orgueil et l’esprit de revanche sur Ferrari semblent être les moteurs du projet. Il réussit à convaincre le pouvoir politique, l’Etat franquiste de se lancer dans cette folle aventure. Comme on l’a vu en Allemagne ou en Italie, les dictateurs ont toujours eu besoin de recourir à l’image toute puissante de l’automobile pour affirmer leur suprématie.

Et c’est ainsi que dans cette Espagne qui manque de tout, le pouvoir franquiste va donner son accord à l’ENASA pour épauler Wilfredo Ricard dans la construction d’une auto de sport. Ce sera La Pegaso Z 102. Gilles Bonnafous dans un excellent article de 2004 publié dans Motor Legend qui m’a grandement aidé pour la réalisation de ce blog, en raconte la genèse. la Lettre Z, en espagnol se prononce Céta. Et le CETA (Centro de Estudios Tecnicos de Automocion) est le bureau d’étude créé par Ricart en 1946. Le chiffre 2 indique qu’il s’agit du second projet. Le premier était celui d’une berline V12 qui ne verra jamais le jour . 84 exemplaires de la Z 102 sortiront des chaines. Un fiasco.

Fierté de toute une nation, cette auto connaitra bien sûr quelques reproductions en miniature. Le coupé sera immortalisé par Anguplas à l’échelle du 1/87. Mais c’est la version de Rico qui est la plus connue. L’auto est reproduite à une échelle légèrement supérieure au 1/43. Le fabricant espagnol a choisi une version rare, la cabriolet. La miniature est équipée d’une petite friction. Cet accessoire à la mode à l’époque, n’apporte vraiment rien au jouet, mais il n’en a pas déformé les lignes .

Rico déclinera aussi toute une série de camions Pegaso Z-207 « Barajas », tous plus beaux les uns que les autres. Leur réalisation soignée les place au niveau des plus belles reproductions de jouets de l’époque. J’apprécie cette technique très particulière qu’ont utilisée les fabricants espagnols de jouets, qui consistait à peindre les carrosseries injectées en plastique.

La technique est peu fréquente mais confère au jouet une finition de grande qualité. Norev s’y essaiera, le temps d’un test en vue des futures Jet-Car. Les fabricants espagnols étaient fort habiles dans l’art d’utiliser les pochoirs. Pour d’évidentes raisons de coût de production et pour rester dans des gammes de prix abordables dans ce pays à reconstruire, Rico n’a pas injecté en zamac, mais a choisi le plastique. Le zamac arrivera en Espagne, plus tard, quand le pays commencera à se relever économiquement. Les modèles Pegaso n’étaient déjà plus fabriqués. Il faudra cependant attendre pour voir du zamac de belle qualité. Les premiers modèles injectés souffrent aujourd’hui de métal fatigue.

Une autre reproduction, d’origine espagnole sans doute, est à signaler. Il s’agit d’un bel et très éphémère coupé Z103. Réalisé en plastique, à une échelle proche du 1/40. Je ne me rappelle plus où j’ai acquis cette miniature il y a 40 ans, mais le mystère entourant cet objet (modèle publicitaire?) m’a convaincu de la conserver. Je ne regrette pas ce choix aujourd’hui. Même M. Dufour, familier des productions espagnoles, grand connaisseur en la matière n’avait jamais vu ce jouet.

J’ai commencé cet article en citant une conversation que j’avais eu avec Thierry Redempt. C’est par une autre conversation avec M. Gillet, amateur éclectique, passionné de l’Espagne et de son histoire que je le terminerai. Cette conversation m’a conduit à m’intéresser à un autre détail, des plus intéressants, relatif à la marque Pegaso. Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine, pour la suite de cette aventure, qui va se révéler être un véritable chemin de croix.

Heureux comme un Saviem dans l’eau

Heureux comme un Saviem dans l’eau

Comme me dit mon frère, spécialiste en communication, l’important, c’est de faire le « buzz ». Traduisez par l’événement. Ainsi, désormais, sur les réseaux sociaux, on assiste à une véritable surenchère de photos et de vidéos. C’est à celui qui réussira à attirer le plus grand nombre de visiteurs sur son compte et pourra ensuite s’en glorifier.

Les médias ne sont pas en reste, ils comptabilisent les visites sur les réseaux sociaux des hommes politiques ou du spectacle. C’est à cela qu’on mesure l’importance de telle ou telle personnalité. Le contenu importe peu, c’est le chiffre qui compte.

Prenons la photo que mon frère a postée sur Facebook. Une explication s’impose. Nous avions acheté quelques jours auparavant une collection. Ayant loué un étal à la bourse de Houten aux Pays-Bas, nous avons profité de notre arrivée la veille de l’événement pour déballer la marchandise et l’étiqueter. L’hôtel est un superbe établissement situé à quelques centaines de mètres du hall d’exposition où se déroule l’événement. Les chambres sont spacieuses, voire luxueuses, mais le week-end, l’hôtel pratique des prix plus abordables. Mon frère a tout de suite répéré la baignoire avec jacuzzi. Comme j’avais un rendez-vous avec un marchand anglais, je le laissai seul et je l’habilitai à faire un rapide nettoyage de la marchandise. En effet, la personne à qui j’avais acheté le matériel avait subi une inondation. Comme elle n’avait pas jugé utile de jeter les cartons mouillés une odeur d’humidité forte et tenace avait imprégé les modèles.

Quelle ne fut pas ma surprise à mon retour de trouver mon frère dans un bain de mousse géant, entouré des Saviem CIJ qui bénéficiaient ainsi d’un nettoyage à grande eau.

 

Amoureux de la marque, le vendeur en avait rassemblé huit, tous dans la même variante, calandre à une barre, cabine bleue et benne rouge foncé.

Aprés avoir immortalisé la scène, mon frère avait posté la photo sur sa page Facebook !

C’est ainsi que j’ai vu dans ce cliché l’opportunité de vous parler d’un modèle qui n’aurait peut être jamais eu l’honneur du blog. Il faut avouer que ce camion dans sa version de base est commun. C’est un grand classique de chez C-I-J. L’idée du fabricant d’équiper la cabine Saviem d’une benne de type charbonnière est excellente.

Les fabricants de jouets préférent bien souvent reproduire des bennes carrières équipées d’une casquette. Pourtant ces dernières semblent moins fréquentes dans la réalité que celle de type charbonnière. Elles circulent souvent en circuit fermé dans des carrières à ciel ouvert, à l’abri des du regard des automobilistes.

Ce n’est pas le cas des bennes de type « charbonnières ». Ayant grandi en Picardie, mes saisons ont été rythmées par celles des campagnes betteravières. Ce sont ces bennes de type « charbonnières » qui étaient utilisées lors des récoltes se déroulant durant l’automne et l’hiver.

Elles faisaient « la joie » des automobilistes. Chargés de manière déraisonnable ces camions laissaient tout au long du parcours les conduisant à la sucrerie de larges traces d’une terre grasse qui rendait la chaussée glissante et maculait les flancs des automobiles.

Aussi, sur le plateau, à la sortie de Compiègne, après Venette, pour rejoindre l’autoroute A1, je les ai souvent maudits ces camions. Il faut ajouter au désagrément l’odeur très particulière s’échappant des sucreries. Je retrouve ces mêmes effluves lorsque partant pour la Grande- Bretagne j’arrive à l’aube au niveau dit du « Camp du drap d’or », juste avant Calais. Au loin j’aperçois alors le halo des projecteurs illuminant la sucrerie et ses cheminées qui recrachent de longs panages blancs dont l’inclinaison s’est souvent révélée prometteuse d’une traversée agitée.

Et j’ai fini par éprouver une certaine sympathie pour ces camions qui me rappellent tant de souvenirs.

La première cabine Saviem, de type LRS a connu une vie sans histoire. Il n’y a pas de couleurs vraiment rares. La cabine qui lui a succédé, équipée d’une calandre verticale de forme rectangulaire à 3 barres horizontales est également assez facile à se procurer. Il a été produit une version équipée d’une casquette en tôle incorporée dans un sympathique coffret dénommé « Sablières de la Loire ». Il est certain que le surplus produit a été distribué en étui individuel.

Dans cette variante, ce sont les couleurs des jantes qui font la différence. Pour faire simple,  celles de couleur argent sont fréquentes, toutes les autres sont peu fréquentes.

Pour qui collectionne les C-I-J, la vraie difficulté est de se procurer les dernières productions. Lorsque Saviem a simplifié sa calandre en ne conservant qu’une barre horizontale, C-I-J a collé à l’actualité en modifiant son moule.

Cependant, il est assez difficile pour le collectionneur de répertorier toutes les dernières variantes. Tombée en décrépitude, la firme assemblait ses modèles avec ce qui restait à sa disposition. Cela se vérifie au niveau des assemblages de couleurs mais également aux jantes de couleurs variées qui les équipent.

C’est un pur bonheur et une véritable aventure qui attendent l’amateur intéressé. J’ai donc photographié les modèles que j’ai obtenus. Il y en a d’autres bien sûr.

La C-I-J a choisi des couleurs vives pour habiller ses modèles. Dans la réalité, la couleur grise était souvent de mise. Il faut dire que la couche de boue recouvrant les véhicules au bout de quelques trajets à la sucrerie rendait les couleurs difficilement identifiables.

Mon frère en train de nettoyer des Saviem C-I-J
Mon frère en train de nettoyer des Saviem C-I-J

Est-ce le souvenir de la Picardie de son enfance et de ses routes boueuses qui a incité mon frère à mettre les miniature CIJ dans son bain moussant?    

 

voir le site de mon frère.    http://autojaunejunior.com/

 

 

Miracle à Milan

Miracle à Milan

C’est le titre du film de Vittorio de Sica et de Cesare Zavattini qui remporta la palme d’or à Cannes en 1951. Dans ce conte fantastique empreint de poésie deux mondes s’opposent : celui des gens cupides et celui des pauvres. Le miracle s’accomplit à la fin du film quand la fée Lolotta vient chercher les habitants d’un bidonville promis à la destruction en raison de la découverte d’un gisement de pétrole et les emmène au paradis. La fin du film est célèbre : gueux et mendiants survolent la cathédrale  de Milan à cheval sur un balai.

Je vous rassure, je n’ai pas enfourché un balai pour survoler le Duomo. Non, c’est un miracle bien plus modeste qui m’est arrivé à Milan.

La Citroën Ami 6 de chez JRD est un classique. Ce n’est pas ma reproduction favorite de cette célèbre berline car je préfère celle de Solido (voir le blog consacré à la Citroën ami 6 de chez Solido).

Il faut dire que Solido a été pragmatique en renonçant à reproduire le capot ouvrant. Incurvé en son milieu, il représente un véritable casse-tête.

Il est quasiment impossible de le fermer correctement sans laisser d’espace disgracieux au niveau horizontal du capot et sur les côtés. Solido a su éviter un piège dans lequel Dinky Toys, Norev et JRD sont tombés. Parmi ces derniers c’est JRD, et de loin, qui s’en est le mieux sorti. Longtemps, deux combinaisons de couleurs ont été répertoriées.

La très classique et très conventionnelle bleu pâle avec pavillon blanc et la plus rare orange avec pavillon blanc.

La rencontre avec un ancien représentant de JRD m’a fait découvrir au milieu des années 80, une superbe et rarissime version vert tilleul avec pavillon blanc. Je n’en ai jamais revu d’autre .

Mais revenons à la bourse de Milan, édition de décembre 2016.La manifestation était bien entamée, elle commence pour les exposants à 6H30. Je détaillais les miniatures sur la table d’un vendeur. Manifestement, j’avais devant les yeux une petite collection constituée d’époque, composée des grands classiques de la miniature. Des Märklin, des Corgi Toys ,des Quiralu, des Mercury des Solido, les reproductions des principales autos européennes des années soixante. Le collectionneur avait semble- t-il acheté une seule reproduction de chaque auto. Pas de doublon.

Parmi les miniatures figurait une Citroën Ami 6 berline bleu très pâle unicolore. Il s’agit d’une couleur classique chez Solido. Cependant, l’échelle de reproduction du modèle posé sur la table m’a permis d’identifier très rapidement un autre fabricant de miniatures. La silhouette proche du 1/41 ne pouvait être que celle d’une JRD, la Solido respectant strictement, elle, le 1/43. Cette variante de couleur m’était inconnue jusque là.

Un examen approfondi me confirma l’authenticité du modèle. C’est un plaisir certain que de découvrir après 40 ans de collection des couleurs inconnues, qui plus est chez un fabricant avec lequel on a des affinités.

Quelques mois plus tard, toujours à la même manifestation , et toujours en fin de matinée, alors que j’étais dans l’allée centrale de la manifestation, quelle ne fut pas ma surprise de voir un Saviem LRS pelleteuse dans les couleurs du Renault 120cv.

Il y a quelques années j’avais récupéré la version équipée d’une flèche treillis de couleur orange équipée de cette cabine Saviem LRS. Nous sommes en présence de modèles de transition qui empruntent les couleurs du Renault 120cv, et sont équipés de la cabine Saviem. (voir le blog consacré  à ce Saviem C-I-J …le chainon manquant).

Un dernier élément est venu depuis éclairer ma lanterne. On sait qu’avec la Dauphine, la Régie Renault a rompu le contrat d’exclusivité qui la liait à la C-I-J (voir le blog consacré à ce sujet avec la Renault 4cv).

Récemment, j’ai eu la chance de récupérer deux documents destinés aux revendeurs avec des listes de prix. Un détail m’a profondément choqué. La mention « Renault » a disparu du nom de tous les modèles, sauf pour la 4cv et encore.

extrait du catalogue C-I-J Renault 4cv calandre à 3 barres
extrait du catalogue C-I-J Renault 4cv calandre à 3 barres

Celle-ci est décrite comme « 4cv Renault « et non » Renault 4cv ». C’est subtil mais il faut le souligner, on sent que Renault n’est plus en odeur de sainteté chez C-I-J.

Le nom Saviem lui est bien présent dans les catalogues. C’est fort étrange, car Saviem était la branche poids lourd de Renault. Il se peut que la C-I-J ait négocié, non pas un contrat d’exclusivité mais au moins un contrat l’autorisant à reproduire des « Saviem ». Pour être complet sur ce sujet, on note que le nom Simca apparaît également dans ce catalogue, mais que tous les autres noms de constructeurs sont absents. Simca et Saviem avaient sûrement dû accepter que la « C-I-J europarc » reproduise leurs modèles.

J’avance donc l’hypothèse selon laquelle la « C-I-J Europarc » a utilisé au plus vite l’accord de Saviem. Pour ce faire elle a remplacé la cabine Renault par celle du Saviem LRS qu’elle avait déjà en production sans même attendre que la nouvelle cabine Saviem JM240 plus moderne soit prête.

Pour le collectionneur français que je suis, fort sensible à ces deux firmes, la JRD et la « C-I-J Europarc », ce sont désormais deux petits miracles qui se sont accomplis à Milan. J’attends désormais le troisième.

 

Toute une vie de combat.

Toute une vie de combat.

Ils sont là, impeccablement alignés, comme à la parade. Pas un capot ne dépasse.En regardant avec mon père ces camions citernes alignés les uns à côté des autres dans la vitrine, nous nous remémorons combien il a été difficile de les rassembler. C’est près de 40 ans de recherches Toute une vie, ou presque…

Chaque camion a une histoire. Je repense à l’espoir que je plaçais  dans les lettres contenant ma liste de recherche qu’avant chaque voyage j’envoyais systématiquement à mes contacts scandinaves.

Le moment le plus agréable, c’est celui où je pouvais rayer sur cette liste le modèle enfin déniché. Il a fallu beaucoup d’efforts et de patience pour les réunir. Cela m’a permis d’appréhender la rareté de chacun d’eux, à la mesure de la difficulté que j’avais eu à me les procurer, et au nombre d’exemplaires que j’avais ou non revus. C’est ce qui forme « l’expérience ».

Le vocabulaire employé pour qualifier cette quête peut se comparer à celui des militaires. Il y a eu des duels, des batailles et des conquêtes. Il a fallu des heures de repérage, de la stratégie et des alliances opportunes.

Peut-on dire pour autant que durant quarante ans ma vie a ressemblé à celle d’un militaire ? Certes non, mon objectif bien pacifique ne visait qu’à ramener dans notre vitrine, les précieuses petites citernes. Il est agréable aujourd’hui de se rappeler les batailles gagnées mais aussi les batailles perdues qui ont sû renforcer notre combativité.

Pour faire suite aux articles consacrés aux autres Scania-Vabis produits par Tekno, voici, dans un premier temps, un article consacré aux versions avec semi-remorque citerne et cabine 75-76.

(voir l’article consacré aux premières versions du Scania-Vabis semi remorque frigo)

(voir l’article consacré aux versions  Scania-Vabis semi remorque frigo)

(Voir l’article consacré  aux versions Scania-Vabis porteur bâché) (voir l’article consacré aux versions  Scania-Vabis porte autos).

Si l’obtention des versions « Esso », »Gulf » et « Scania-Vabis » (orange et kaki) ne pose pas de difficulté particulière, autant dire qu’il en est pas de même pour toutes les autres !

On peut scinder en deux groupes les autres versions publicitaire avec tracteur Scania-Vabis 75-76 : dans le premier groupe, les modèles réservés à un marché particulier et dans le second groupe les modèles promotionnels.

Commençons par les versions qui étaient destinées à un pays particulier, celui où le pétrolier était implanté. Elles ont notamment été distribuées dans les stations service de ces compagnies pétrolières. Les boîtes réalisées aux couleurs de chaque société semblent l’attester. Citons pour la Suède « Koppartrans et Uno X », pour les Pays Bas « Orion », pour le Danemark « Ora », pour les USA « Mobil », Caltex/ Aviation fuel et enfin pour la Finlande « OY Hercofinn ».

 

Toutes ces versions sont difficiles à se procurer, en particulier la finlandaise. Lorsque l’exemplaire connu qui avait servi au référencement du livre sur les Tekno était mis en vente, il ne fallait pas le laisser passer ! les deux versions américaines m’ont aussi donné pas mal de fil à retordre.

Le second groupe est constitué des véhicules qui ont été réalisés pour la marque Scania-Vabis et qui ont été diffusés comme cadeaux dans son réseau de concessions. Ils se reconnaissent aux harmonies de couleurs rouge et blanc et aux deux tons de bleu qui les habillent. Il est intéressant de constater que ces couleurs seront conservées sur la deuxième variante, le Scania 110, qui suivra le 75-76.

J’ai trouvé des exemplaires de ces variantes à marquage « Scania-Vabis » en France. En effet, ces camions ont été diffusés dans notre pays dès l’ouverture du marché commun.

Le tracteur 75-76 ne reçoit jamais d’aménagement intérieur. La citerne est toujours équipée de trappes de citerne moulées en zamac. Comme les jantes, elles seront d’abord peintes de couleur argent, puis ensuite montées brutes.

 

Désormais le marché a bien changé. Si internet a facilité les contacts et les échanges, il a malheureusement permis de diffuser des faux. Les voyages permettent d’apprendre et de comprendre l’histoire de la fabrication des modèles. Lors des manifestations, les faussaires ne se seraient pas risqués à mettre sur la table des produits refaits : ils auraient été bien vite démasqués par les collectionneurs. Internet a ouvert la voie à leur coupable commerce.

Tout dernièrement, visitant une collection en Italie, j’ai demandé l’autorisation au collectionneur de prendre en main un Tekno dans sa vitrine. Il me semblait étonnant qu’un tel modèle puisse atterrir dans une vitrine en Italie. Certes cela peut arriver je vous rassure. Mais mon doute était justifié. J’ai expliqué à la personne les raisons pour lesquelles son Tekno n’était qu’une reproduction. Il l’avait acquis sur Ebay. Le travail était soigné mais avec un peu de « métier » il était facile de repérer l’imposture.

 

D’autres versions promotionnelles ont surement existé. Prochainement, la suite des l’histoire des citernes mais avec pour tracteur  le modèle qui a remplacé le 75/76 , le Scania 110.

Une auto qui déménage

Une auto qui déménage

« Hi Vincent! come to see me. I have wonderful Tootsietoys’ private labels trucks! » C’est ainsi que m’interpella Steve Butler, l’accent américain en plus, lors de la dernière édition de la convention d’Allentown en Pennsylvanie.

Quinze ans auparavant, visitant sa collection j’avais pu admirer ces Mack Tootsietoys publicitaires.

« Private labels » c’est ainsi que les américains qualifient les modèles promotionnels. Entre-temps, je n’étais pas resté inactif et j’avais pu profiter de modèles mis en vente pour enrichir ma collection. Ainsi, devant l’étal de Steve, un seul modèle a retenu mon attention car j’avais déjà trouvé moyen d’acquérir les autres.

Il s’agissait d’un Mack « B » tracteur semi-remorque citerne « Union Carbide » de couleur argent. Pour être franc, lors de mon tout premier voyage outre-Atlantique, il y a fort longtemps , j’en avais déniché un, mais il était en état très moyen. Je ne l’avais pas conservé. Par contre je me souviens qu’à l’époque il ne figurait pas dans les ouvrages consacrés à ces modèles, mais sa finition ne laissait aucun doute sur son authenticité. Depuis ce temps lointain, c’était la première fois que l’occasion d’en acquérir un autre se présentait.

A côté trônait un « simple »International tracteur semi remorque de déménagement aux couleurs de « Dean Van Lines ».

« Et celui-là, tu l’as ? » me demanda-t-il. A sa manière de poser la question j’ai compris qu’il devait posséder une particularité. Je pratique Steve Butler depuis longtemps, et ce dernier sait se mettre au diapason de son interlocuteur. En regardant de plus près j’ai compris.

La boîte ! Une boîte promotionnelle ! Je n’avais jamais vu cette dernière. On sait que la firme de Chicago ne s’embarrassait pas de fioritures quand elle proposait des jouets. Un cent était un cent. Le camion était vendu sous bulle thermoformée, peu onéreuse et sans aucun attrait pour le collectionneur. De plus, le camion doit être laissé tel quel, car avec le temps une réaction fait que la peinture adhère à la bulle et s’arrache en cas d’ouverture..

Ce camion finira sa longue carrière au Mexique chez Tutsietoys. C’était avant l’heure une manière de délocaliser dans des pays où la main-d’œuvre était bon marché.

 

Un superbe étui décoré à usage promotionnel a été créé avec un GMC dessiné à la place de l’International fabriqué par Tootsietoys. Un détail ! Il est bien possible que Dean Van Lines ait commandé lui-même les étuis en fournissant à l’illustrateur des photos de sa flotte équipée de GMC.

 

Une fois acquis ce bel objet, j’ai pensé à un autre modèle, dont le seul lien avec le camion du jour est le nom de la compagnie de transport. « Dean Van Lines ». C’est une rareté. Il s’agit d’une Kuzma-Offenhauser.

Cela ne vous dit rien ? Normal. Cette auto a couru sous le nom de son commanditaire « Dean Van Lines » cette même entreprise de déménagement.

Je n’ai pas réussi à trouver plus d’informations sur cette relation. Cependant il semble que cette entreprise de déménagement avait trouvé dans la compétition automobile un vecteur publicitaire intéressant. La publicité devait être réservée aux acteurs du monde automobile, fournisseurs et accessoiristes: elle a contourné le problème en engageant des autos sous son nom commercial. Cette pratique m’a semblé innovante et pour le moins  ingénieuse.

Cette auto est assez connue en Europe. Elle a en effet remporté une éphémère épreuve, à Monza, disputée sous le nom de « course des deux mondes ». Cette épreuve opposait des autos disputant aux Etats-Unis les 500 miles d’Indianapolis et les monoplaces engagées dans le championnat du monde de formule 1.

Monza disposant d’un anneau de vitesse, cela rendait possible cette confrontation faisant honneur à la vitesse. En 1957 c’est Jimmy Bryan au volant de la « Dean Van Lines Spécial » qui remporta l’épreuve. Il remporta aussi, sur une auto similaire les 500 miles d’Indianapolis, en 1958.

Cette reproduction en miniature est une rareté. A l’époque l’ auto fit la une des actualités de sport automobile. Pourtant, un seul fabricant l’a inscrit à son catalogue. La défaite infligée par cette auto américaine, n’a pas suscité l’ardeur des fabricants de jouets européens qui ne voyaient pas d’intérêt à la reproduire.

Elle a pourtant intéressé un fabricant italien, E.G.M, de Milan, qui a dû y voir un moyen de se distinguer par rapport à la concurrence. La proximité du circuit de Monza où se déroulait l’épreuve n’est peut- être pas un hasard dans ce choix. J’ai eu la chance de me procurer cet  exemplaire dans une manifestation en Suisse, perdu sur une table. J’en étais tout étonné moi-même, ne la connaissant qu’à travers la photo dans le livre de Paolo Rampini page 396. Je n’en ai  revu  qu’une autre, que j’ai cédée à monsieur Dufour.

Quel étrange lien tout de même, entre ce camion de déménagement et cette monoplace au passé glorieux. Le slogan publicitaire aurait pu être « une auto qui déménage »