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Livraison au Cap en Bantam Karrier

Parmi tous les continents, l’Afrique est celui qui a engendré le moins de fabricants de jouets. Pour être plus précis, il faudrait dire le moins de fabricants de miniatures automobiles. Ce constat va de pair avec celui que l’on peut faire en ce qui concerne l’industrie automobile.

Bantam Karrier PMI
Bantam Karrier PMI

La situation de dépendance dans laquelle se trouvait nombre de pays africains a conduit à ce que le secteur de l’automobile reproduise ce qui existait dans les pays colonisateurs. Très rares sont les firmes africaines qui créeront leurs propres modèles. Pour cela, il aurait fallu des conditions économiques plus favorables que celles qui existaient de manière générale sur ce continent puisque la fabrication de miniatures automobiles dépend fortement de la culture automobile de la population.

L’Afrique du Sud cependant est un pays qui avait réuni toutes ces conditions. Sans nous étendre sur la méthode qui a consisté à écarter une très grande partie de la population du bénéfice de cet essor, il faut bien constater que l’Afrique du Sud sera le pays le plus actif pour la production de jouets en Afrique.

L’adoption d’un mode de vie fortement occidentalisé en est la raison. Il est certain que des firmes comme Corgi toys ou Matchbox étaient bien implantées en Afrique du Sud, comme elles l’étaient d’ailleurs au Liban et dans les pays du Maghreb. Ces firmes cependant ne fabriquèrent jamais sur place.

Seuls Dinky toys contournera l’embargo par l’intermédiaire de son importateur en Afrique du Sud, E. Harris, et assemblera des modèles sur place. Nous avouons que la conquête de ces modèles nous a donné bien du fil à retordre.

Si les Dinky toys Afrique du Sud sont bien connues des collectionneurs, qui connaît la firme PMI de Johanesbourg ? C’est en feuilletant le catalogue d’une salle des ventes anglaise, que nous avons été attirés par des photos de modèles de la firme PMI.

Il semblait qu’un collectionneur sud africain avait donné à vendre deux modèles, avec quelques Dinky toys assemblées là bas. Le premier était la reproduction au 1/43 environ (le tout mesure 17cm) d’un Karrier Bantam tracteur et de sa remorque plateau. L’ensemble est moulé assez finement, en zamac. Malheureusement, la qualité de celui-ci est assez médiocre et nous notons la présence de quelques traces de métal fatigue. La calandre rapportée, moulée également en zamac chromé constitue un détail intéressant. Les jantes en plastique de couleur noire portent les inscriptions « pmi ». Elles sont équipées de pneus en nylon de couleur grise. Un châssis en tôle noire maintient l’axe du tracteur. Le système de sellette est bien reproduit. L’ensemble est très réaliste ce qui donne à penser que ce petit tracteur semi remorque devait être fréquent en Afrique du Sud, dans les zones portuaires. La boîte le représente avec un chargement de caisses. l’inscription « S.A.R.H» (south african railways and harbour) et « S.A.S en H » (en afrikaans) figure sur la boîte mais pas sur le modèle réduit.

D’après M. Dufresne, grand spécialiste des langues, cette compagnie serait l’équivalent de la sernam de chez nous.il semble que Paolo Rampini n’ait pas eu connaissance de cette firme…

Un Mack pompier dans les rues de Londres

Il est parfois des logiques industrielles qui échappent au premier abord. Le cas de ce camion Mack pompier semi-remorque grande échelle en est une. C’est en effet le fabricant britannique Moore qui est l’auteur de cette reproduction.

Que peut bien faire ce beau camion Mack d’origine américaine dans les rues de Londres ? Le Royaume uni s’est toujours singularisé avec des véhicules que l’on ne rencontre nulle part ailleurs à l’exemple de ses autobus et de ses taxis. Les véhicules d’incendie ne font pas exception à la règle.

Camions Mack pompier Tootsietoys et Moore
Camions Mack pompier Tootsietoys et Moore

Les Merryweather et les Dennis, constructeurs britanniques de véhicules spéciaux, dont bien évidemment des véhicules d’incendie, ont produit des véhicules aux formes typiques que l’on ne croise que dans les pays du Commonwealth.

Remontons le temps. Tootsietoys, firme qui vit le jour dans les années 20, à Chicago, avait implanté une unité de fabrication en Grande-Bretagne. Ce fait est peu connu. Il y a une vingtaine d’années, dans une bourse à Londres, nous avons acquis un coffret Tootsietoys composé de camions Mack bulldog. La présentation du coffret ainsi que l’étiquette était identique aux coffrets américains. Mais un examen minutieux révéla une surprise : la présence de la mention Made in England. Plus tard, lors de nos voyages outre-atlantique, nous avons eu l’occasion de converser avec de grands amateurs de Tootsietoys. Nous leur avons signalé cette variante étrange et nous nous sommes aperçu que peu d’entre eux avait eu connaissance de cette branche anglaise. Nous avons découvert ensuite bien d’autres Tootsietoys « made in England » : Ford A, Ford T, Yellow cab… et un splendide coffret ayant pour thème la poste aérienne et comprenant des avions trimoteurs et des camions Mack qui avaient troqué la livrée US air mail pour celle du royal air mail !

Après quelques recherches auprès de gens compétents nous apprîmes que Jo Hill co, en parallèle à sa propre production, avait fabriqué sous licence ces Tootsietoys. On peut penser que Tootsietoys avait expédié en Grande-Bretagne des moules utilisés pour la production de modèles qui n’étaient plus à son catalogue. Le moulage, en plomb est plus grossier, plus empâté, que les modèles américains. Nous aurons le plaisir de vous présenter plus tard ces coffrets. Il y a donc bien eu une tentative d’implantation de production en Europe. Enfin, en Grande Bretagne pour être précis. Il est clair que Tootsietoys USA essaya par le biais d’importateurs de diffuser ses produits « made in USA » en Belgique, Suisse, Suède et même en Angleterre par l’intermédiaire de l’entreprise Moore.

Il est assez fréquent de rencontrer des jouets provenant de Chicago dans ces contrées, mais en aucun cas des Jo hill co, qui n’ont jamais été exportées. L’histoire se répétera, mais dans l’autre sens, avec une série de Lone star exploitée outre atlantique par Tootsietoys

Concernant ce camion Mack, nous possédons très peu d’éléments. Au premier regard on peut penser à un modèle où la seule différence serait le boîtage. C’est d’ailleurs la présence de cette étrange boîte qui nous a attiré. Un examen comparatif avec la version américaine nous amène à conclure que de nombreux détails ont été retouchés. Nous vous laissons constater sur les clichés.

Le fabricant Moore n’est pas listé par Paolo Rampini. D’ailleurs est-ce un fabricant ? … en fait, Moore était l’importateur officiel de Tootsietoys en Grande-Bretagne. Avant la Guerre, il a donc vendu, parallèlement aux modèles Jo Hill co fabriqués en Angleterre des modèles made in USA. Après guerre, il s’est aventuré dans la production comme Jo Hill co en retouchant ce camion Mack : ce fut un essai unique et malheureux.

Quand le Willeme devint le camion Bernard …

Tous les collectionneurs de longue date ont souvent été confrontés à cette question : maintenant que vous avez tout, qu’est ce que vous pourriez encore chercher ? Le problème, c’est qu’un collectionneur qui ne cherche plus n’est plus tout à fait un collectionneur !

En fait, le collectionneur n’est jamais rassasié.

Camion Bernard Solido
Camion Bernard Solido

Quel que soit son domaine de prédilection, plus il avance dans sa collection et plus il comprend la complexité et l’étendue de ce domaine. Au final, le collectionneur est rassuré par le sentiment d’infini.

L’anecdote du camion Bernard illustre à merveille cette vérité. Lors du salon 2010 de l’auto ancienne de Reims qui est, soit dit en passant, un salon d’envergure internationale bien plus convivial que nos salons parisiens, au détour d’un stand, j’ai repéré ce camion dans une vitrine. Ma curiosité de collectionneur m’a poussé à l’examiner de plus près.

Ce modèle est normalement issu des coffrets de montage Sahara, PL2 ou PL4 ; ils résultent de l’assemblage par vis des composants : cabine, vitrage, châssis …

Ces coffrets permettaient à leurs propriétaires d’assembler à l’infini les cabines de Berliet, Bernard, Willeme et Unic. Le côté ludique lié au montage-démontage était prédominant.

Mais dans le cas du camion Bernard présenté ci-dessous, l’unité de couleur entre la cabine et la remorque, inhabituelle dans les coffrets, m’interpella. Après l’avoir pris en main ma surprise fut grande de m’apercevoir que le camion et la remorque étaient rivetés. Ce camion Bernard n’était donc pas un assemblage provenant d’un coffret, mais bien un modèle proposé tel quel par Solido. Pour des raisons que nous ignorons, il a remplacé, sur une période excessivement courte le Willeme. On peut imaginer par exemple que le moule de celui-ci était en maintenance. La rareté de ce modèle, qui n’est mentionnée dans aucun livre est évidente.

Preuve que même lorsqu’on ne cherche plus rien, on peut encore espérer trouver quelque chose : ce sont les heureuses surprises de la vie des collectionneurs.

Le Berliet Stradair en plastique de Dinky Toys

Le Berliet Stradair en plastique de Dinky Toys

Non, ce véhicule en plastique ne fut pas produit par Dinky Toys pour concurrencer Norev !

Berliet Stradair en plastique Dinky Toys
Berliet Stradair en plastique Dinky Toys

Au milieu des années 60, Dinky Toys ne testait plus ses moules en injectant du zamac mais en injectant du plastique. Cette technique présentait le double avantage de permettre un repérage plus facile d’éventuels défauts et de ne pas endommager le moule en cas de problèmes de conception. Il est évident que la pression pour injecter du zamac est beaucoup plus forte. Le plastique est plus fluide, emplit mieux le moule et requiert une pression moindre. Ce Berliet Stradair est une des premières injections. Nous connaissons aussi, injecté en plastique, un Saviem porte-fer et un autobus Berliet….On peut penser que bien d’autres modèles connurent un début de carrière similaire. Toujours avec la même logique économique, ces premiers tests étaient recyclés pour les essais de teintes…Ce Stradair a été injecté de couleur blanche, puis peint en 2 tons de vert. Les sièges sont peints de couleur bordeaux.

Détail intéressant, le logo Berliet du capot avant est en tampographie, et non gravé comme la version définitive ; de même le châssis comporte de nombreuses modifications : les lames de ressort de la suspension de l’essieu avant ne sont pas détaillées comme la version définitive et sont absentes sur l’axe arrière ; les réservoirs d’essence sont différents.

Il faut impérativement lire le blog « mea culpa » qui fut édité quelques mois après, suite à l’intervention de Claude Thibivilliers au sujet de la lecture  de cet article.