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Des Gak à l’infini

Des Gak à l’infini

Le Berliet Gak, ce populaire camion qui a sillonné les routes durant les années soixante et qui symbolisait cette période de forte croissance a logiquement connu  un beau succès  chez les fabricants de jouets français.  Il prend la suite du Berliet GLB qui pour le grand public était « le camion » par excellence. Le « Gak » prend la relève pour la génération suivante.

Fort logiquement, les fabricants de jouets ont compris l’intérêt d’inscrire le Berliet Gak à leur catalogue.

Solido est le seul fabricant français de jouets à n’avoir pas cédé aux charmes du Berliet Gak.

Il faut dire que la firme d’Oulins avait déjà inscrit à son programme d’autres Berliet, dont le TBO (voir le blog consacré à ce camion) puis le révolutionnaire Stradair  avant de conclure, au début des années 70 avec le TR300.

Berliet ne refusait jamais de fournir les plans de ses véhicules aux  fabricants de jouets. Paul Berliet trouvait là une reconnaissance et une publicité à moindres frais, fort valorisante pour ses produits. Il n’hésitait pas à commander des séries, reconnaissables à leur boîtage, et distribuées dans son réseau de garages.

Dans un article précédent, nous avons vu les versions reproduites en zamac (voir l’article consacré au Berliet Gak en zamac). Le Berliet Gak a également eu droit à de très nombreuses versions injectées en plastique. Le choix du matériau, et donc du prix de vente, dépendait de la clientèle visée.

Le plastique avait un coût de revient très inférieur au zamac. Pour cette même raison c’est en plastique qu’a été réalisée la grande majorité des modèles promotionnels.

Passons sur le Norev qui reproduit la superbe grande échelle. Le choix de la carrosserie « double cabine » de Norev a interdit toute réutilisation du moule. En tout état de cause le fabricant de Villeurbanne avait déjà un camion de tonnage équivalent au Berliet Gak à son catalogue, un Saviem. Il se dispensera logiquement de tomber dans le piège du doublon.

Minialuxe a décliné de très nombreuses versions du Berliet Gak, de facture honnête. Certaines sont venues garnir de jolis coffrets.

J’ai sélectionné celui qui fut réalisé pour la société « Bâches Saint Frères ». Les couleurs sont particulièrement harmonieuses. On appréciera le boîtage qui valorise l’ensemble. Le fabricant de bâches se devait de présenter son produit sous le meilleur jour. Minialuxe a donc conçu cette bâche en simili toile plastifiée qui a un rendu satisfaisant. La bâche « plastique » de la version Dinky Toys a un rendu inférieur.

Le budget alloué à ce produit promotionnel devait être limité, et de toutes les façons le modèle de Bobigny ne serait sûrement pas rentré dans le budget de cette entreprise picarde.

Je ne pouvais passer sous silence la version créée lors du lancement de ce camion avec sur la boîte la photo du camion à l’échelle 1 et les caractéristiques techniques. Il est fort possible qu’il ait également été distribué dans le réseau Berliet.

Vapé-Bourbon proposa aussi un Gak. Il remplaçait avantageusement le GLR et modernisait ainsi l’offre de ce fabricant. Pour l’occasion Bourbon a repensé sa conception. Le modèle précédent, le GLR n’existait qu’en version citerne car il s’agissait d’une version monobloc. Ceci limitait considérablement la possibilité de voir appliquer sur ce type de carrosserie une publicité d’un commanditaire qui ne soit pas dans les produits pétroliers.

Pour diversifier son offre, Bourbon a donc créé une cabine et plusieurs moules de carrosserie : tracteur, porteur, plateau brasseur, citerne, ridelles sur lesquelles on peut appliquer une bâche.

Cependant, le plus grand nombre de modèles publicitaires est consacré aux versions citernes, héritage sans doute de la version précédente. On appréciera tout de même la version équipée d’une benne aux couleurs de la marque d’engrais « Engrais azotés ».

ll y a bien sûr des publicités rares sur les versions citernes, notamment celle réalisée au Portugal pour « Sonap ».

Mais ma préférée est celle aux couleurs de …BP…Calais ! Plus précisément la station BP Socoda située au 8/10 boulevard Lafayette à Calais , ville de mon épouse.

On sait que Bourbon démarchait astucieusement les stations-service de France et de Navarre afin que chaque gérant commande une série de véhicules arborant la raison sociale et l’adresse de la station service qu’il tenait. Le coût ne devait pas être bien important. L’adresse est toujours figurée d’un seul côté. Cela peut constituer un thème de collection !

Plus sérieusement, il m’est arrivé d’en acquérir au seul motif que l’adresse figurant sur la citerne était celle d’ une ville qui m’est chère et ce doit être la même chose pour tous les amateurs de ce type de produit !

Si vous aimez le Berliet Gak, c’est bien avec la série Sésame que vous pourrez vous laissez aller aux variantes.

Ce n’est pas, loin s’en faut, la meilleure reproduction de ce camion. Mais avant de commencer vous devez savoir que vous n’arriverez jamais au bout de la collection car il est impossible d’établir une liste exhaustive. C’est un aspect  intéressant de la collection de miniatures, cela rend modeste.

Les versions de base sont assez faciles à se procurer et sont aussi très peu onéreuses. Ces modèles étaient distribués sur les marchés et dans les bazars. Ils sont restés à vendre jusque dans les années 80, quand j’ai commencé à m’intéresser à la collection. J’avais l’impression de remonter le temps en traquant ces modèles !

Une fois lancé dans l’aventure, ce sont les versions hors commerce qui vont séduire l’amateur. Le type de support de la publicité, lithographie ou décalcomanie, donne une indication sur la quantité produite : tôle lithographiée pour une quantité importante et au contraire décalcomanie pour une petite production.

Il semble que le fabricant devait toujours avoir en stock une quantité de véhicules de couleur blanche (plastique pour la cabine et le châssis et tôle pour la caisse). C’est cette couleur qui domine nettement dans ce type de modèles avec publicités en décalcomanie.

J’ai le souvenir d’avoir partagé avec M. Dufour un très important lot lors du salon Rétromobile il y a une vingtaine d’années. Nous étions heureux comme des enfants avec toutes ces versions qui nous étaient pour la plupart inconnues et que nous n’avons quasiment jamais revues !

Un dernier aspect me séduit particulièrement avec ces camions Sésame. C’est qu’ils véhiculent les enseignes de petites firmes ou de magasins de taille réduite qui n’auraient jamais pu espérer voir appliquer leurs noms sur un autre modèle réduit. Pas besoin de gros budget publicitaire. Ce sont des publicités locales et cela change de « Coca Cola » ou de « Nestlé ».

Comme pour le modèle Bourbon, un camion Sésame portant le nom d’une ville qui vous est chère ou évoquant des souvenirs peut prendre une importance démesurée à vos yeux de collectionneur. Ce côté subjectif est à prendre en considération dans les recherches.

Le Berliet Gak de chez Sésame, équipé ou non d’une friction en fonction du budget du commanditaire, reste un produit assez soigné. L’alliance du plastique et de la tôle lui confère un petit côté luxueux, par rapport à des productions de jouets tout en plastique. Cet aspect a dû peser bien des fois chez les commanditaires.

Ce camion peut largement occuper une vie de collectionneur, elle sera  compliquée et semée d’embûches

PS: le nouveau Pipelette (5) est disponible à la lecture sur la page d’accueil du site de l’Auto Jaune Paris. Bonne lecture.

 

Les Cargo à tonton

Les Cargo à tonton

La famille cherchera à savoir. Et lors des repas de fin d’année un petit neveu osera peut-être cette question : « Alors Tonton, tu l’as cette 2cv ? »

C’est que le grand public a pu découvrir, ébahi, à la une du journal « Antiquité Brocante » du mois de septembre 2018, une magnifique Dinky Toys 2cv « Philips » et surtout son prix : 12 000 € …sans les frais précise-t’-on ! Le commentaire imparable qu’on trouve en couverture est ici reproduit :

« A  ceux qui estimaient que les collections de véhicules miniatures Dinky Toys évoluaient désormais tel un astre mort, la vacation du 5 juillet, à l’hôtel des ventes de Nîmes(30) a dû les faire tomber de l’armoire ».

Minialuxe panneau Philips
Minialuxe panneau Philips

C’est bien le genre d’article qui transforme le tranquille collectionneur de Dinky Toys en héros. Tous les collectionneurs de Dinky Toys ont finalement un morceau de cette 2cv.  Cette enchère a redoré le blason, un peu terni, de l’amateur de Dinky Toys.

Elle a donné un statut social à leur collection.

Pour beaucoup d’entre eux, les modèles «Chinois» (Atlas) avaient porté préjudice à l’image de leur collection de «vraies Dinky Toys».

Il faut bien trouver un responsable à la baisse de certaines cotes, même s’il serait plus judicieux, à mes yeux, d’évoquer, entre autres, la baisse du pouvoir d’achat des collectionneurs.

Revenons à notre repas de fin d’année. Vous pourrez toujours expliquer que cette 2cv  Philips vous l’avez en partie. Je m’explique. Ce fameux modèle, cette 2cv camionnette «Philips» semble bien avoir été réalisée sur la base de la version postale et décorée avec les décalcomanies empruntées au Citroën 1200Kg Philips. Qui n’a pas les deux modèles ?

Plus sérieusement, c’est bien ici que réside le manque d’intérêt de ce modèle, et ce malgré les commentaires enthousiastes du journal. Le Citroën 1200Kg Philips est sorti en 1964. C’est un produit sophistiqué. Tout le contraire de cette 2cv camionnette qui est en fin de carrière : elle n’a ni vitre ni aménagement intérieur. Quel contraste avec le 1200Kgs. J’avoue avoir du mal à comprendre la logique de la gestation de cette 2cv « Philips ». D’autre part, Philips aurait certainement souhaité pour sa promotion une fourgonnette un peu plus en phase avec l’actualité automobile.

On pouvait penser qu’il s’agissait d’un modèle réalisé par le bureau d’étude pour la firme Philips mais ce raisonnement ne tient plus dès lors qu’on a découvert un second exemplaire. Or le bureau d’étude n’a pas vocation à produire plusieurs exemplaires d’un modèle.

Hasard des trouvailles, au moment de la diffusion de l’article j’ai mis la main sur d’étranges modèles qui m’ont également laissé interrogateur. J’en ai tiré l’enseignement selon lequel, tout comme Dinky Toys, la marque Sésame possède aussi ses mystères.

De quoi s’agit-il ? de Simca Cargo. Jusque là, rien de particulier. Ce camion a marqué le début de l’histoire de la firme, mais les modèles dont je vous parle aujourd’hui se distinguent par une finition aléatoire. C’est le moins que l’on puisse dire.

Les parties vitrées sont mal ébarbées, les accessoires en tôle joignent mal et les couleurs sont inhabituelles.

Enfin, les châssis sont en plastique et portent la gravure «Volvo», ils ne sont pas en tôle comme ceux de la série de base et ne possèdent pas de moteur à friction. Il est facile de constater qu’ils n’ont pas les standards de qualité qu’arborent habituellement les miniatures de cette marque.

On pourrait, au premier regard penser à des modèles réalisés au Maghreb. Plus étrange encore, les versions citernes affichent des compagnies pétrolières inconnues chez Sésame France comme Mobil et Fina.

J’avoue ne pas en savoir plus. Philippe Cazaniga m’a cédé un exemplaire équipé d’une benne décorée aux couleurs « transsahara » comme les Sesame français. Cependant, l’intérieur de la benne est de couleur verte.

J’ai également trouvé une version ambulance qui est proche de la version française. En attendant d’éclaircir le mystère , je vais vous présenter quelques Sésame plus traditionnels, d’origine française.

Le Simca Cargo sera le premier camion choisi par Sésame. C’est à mes yeux le plus réussi. Les formes rondes de la cabine associées à celles, à angle droit, de la caisse en tôle lui vont à merveille.

Ainsi, vous pourrez répondre à vos amis ou à votre famille qui ne comprennent pas vos choix de collectionneur que Sésame est une firme à prendre en considération.

Et à la fin du repas, au lieu de montrer cette 2cv Dinky Toys que vous n’avez pas ( moi non plus je vous rassure) vous pourrez leur dévoiler votre incroyable collection de véhicules Sésame et leur expliquer tout l’intérêt de réunir cette série.

Et si le neveu persévère :

« Dis Tonton, pour le prix de la 2cv on a combien de camions Sésame? »

Il vous faudra prendre une calculatrice, pour ne pas faire d’erreur de calcul, mais vous arriverez à une quantité dépassant très largement le nombre de modèles existants.

« Oh là  là ! cela en fait beaucoup ! tu n’en as pas autant ! »

Et là, vous serez bien obligé d’acquiescer.

(voir le blog consacré  au Simca Cargo de chez Dinky Toys)

 

Minialuxe et la télévision

Minialuxe et la télévision

400ème

Nous y sommes. Voici le 400ème article publié. Je ne suis pas attaché aux chiffres, mais le tableau qui permet de mettre en ligne les articles est formel : à l’issue de cette dernière mise en ligne le compteur affichera 400 articles publiés.

J’ai pensé qu’il était temps de revenir un peu en arrière. La création de ce « blog » correspondait au besoin de faire partager ma passion pour le monde de la miniature automobile et de faire découvrir aux collectionneurs sous un angle original, des autos qu’ils pensaient parfois bien connaître.
Le démarrage a été laborieux. Je me souviens de la tête de mon épouse lorsque je lui ai demandé de lire et de corriger les premiers textes. Ils étaient manuscrits et copieusement raturés, sans doute illisibles pour tout autre que moi. L’exercice m’a été salutaire. J’ai appris à composer ces textes en me mettant à la place du lecteur. Mon épouse est ma première lectrice. Comme elle n’est pas du tout collectionneuse, elle est exigeante au regard du critère d’intelligibilité.
Il y a deux ans, nous avons dû évoluer : le langage (HTML) servant à mettre en ligne ces écrits était devenu obsolète. Patrick, l’informaticien qui travaille avec moi a dû reformater et remettre en ligne les textes un par un. Aujourd’hui, je dispose d’un outil moderne qui tient le compte des articles en cours d’écriture, de correction ou de relecture. J’ai environ 30 articles d’avance. Certain attendront deux ans ou plus avant d’être publiés, d’autres le seront tout prochainement.

Charbens Caravane de gitan
Charbens Caravane de gitan

J’ai profité de cet événement pour faire un bilan et une sélection de mes trois articles préférés. Je vous invite, sur le portail du site à me communiquer votre préféré. Sur la troisième marche du podium figure « Mon pote le gitan ». Ce texte a été écrit en très peu de temps. Il collait à l’actualité politique. S’agissant des reproductions de caravanes de gitans, j’avais trouvé intéressant sociologiquement de confronter l’approche des fabricants anglais et des fabricants français.

Vient ensuite l’article sur la Porsche 917 de chez Dinky Toys. La première raison est l’attachement que mon père et moi vouons aux bolides de la firme de Züffenhausen. Nous avions commencé la collection de miniatures automobiles en rassemblant des autos de course et notamment des Porsche. Cela perdure et depuis le départ de ma fille de la maison, j’entasse dans sa chambre les nouveautés Spark et Minichamps.

Il faut donc imaginer quelle a été mon émotion lorsqu’au milieu des années quatre-vingt, dans l’étroit couloir d’un appartement parisien, j’ai découvert trônant dans une petite vitrine murale au milieu d’autres prototypes Dinky Toys, cette Porsche 917. C’était l’extase de l’explorateur découvrant un trésor.
Il nous faudra près de trente ans pour acquérir ces pièces. Une fois l’affaire conclue, le propriétaire m’a fait partager ses souvenirs. C’est un scénario qui s’est souvent reproduit lorsque j’ai traité avec des personnes qui avaient travaillé chez Meccano. Triant ses archives Dinky Toys, ce dernier avait trouvé une photo prise durant les essais des 24 heures du Mans 1969 : il était immortalisé avec son frère devant la Porsche 917. Etudiant, sans le sou, tous les moyens étaient bons pour admirer les bolides de près et ils étaient rentrés grâce à la complicité de mécaniciens de chez Matra. (Relire le texte sur la Porsche 917 Dinky Toys). Cette anecdote dota le modèle d’une aura toute particulière.

Enfin, notre article préféré à mon épouse et à moi-même est celui intitulé « La quiche et l’équipe » (relire le texte « La quiche et l’Equipe »). Il fut écrit très vite, sur un sujet qui m’irrite. C’est la tendance de la presse à ne savoir parler que d’argent pour intéresser et captiver le public. Cela touche malheureusement tous les domaines. C’est un angle très réducteur mais c’est aussi celui qui demande au journaliste le moins de travail de recherche. Plusieurs fois, j’ai été approché par des médias. Après une petite discussion, je les ai invités à lire ce texte, cela m’a permis ensuite de mieux cadrer les choses.
Ces reportages ont beaucoup fait pour mon activité, je le reconnais volontiers bien que j’en sois assez détaché. Je n’ai jamais démarché qui que ce soit pour les obtenir et, fait qui surprend toujours, je n’ai jamais voulu voir les documentaires. Je préfère entendre les commentaires des tiers.

En souvenir de ces bons moments et puisque nous parlons télé, je me suis rappelé que nous avions acquis un original présentoir Minialuxe qui n’avait jamais été utilisé par la boutique à laquelle il avait été offert.

notice du présentoir
notice du présentoir

En effet, nous l’avions trouvé dans son carton d’origine, jamais déballé, avec sa notice d’utilisation. Cette dernière stipule qu’il est formellement interdit de placer des miniatures autres que les Minialuxe sur les côtés du présentoir.

Comme vous pouvez le voir il reproduit un poste de télévision, luxe suprême dans les années cinquante. Ne reculant devant rien, Minialuxe avait demandé à la société prestataire de concevoir ce présentoir de manière à ce que l’écran puisse s’éclairer. J’ai un souvenir particulier lié à la prise électrique de ce dernier, celui d’avoir fait sauter les plombs de la maison.

C’est peut être la raison pour laquelle le propriétaire du magasin laissa l’objet dans sa boîte, à moins que ce dernier n’ait rompu toute activité commerciale avec Minialuxe au regard de la qualité perfectible des produits diffusés. Avouons que ces modèles avaient cependant un certain charme et qu’ils étaient originaux. Ces qualités font cruellement défaut aux modèles sortis sous le même nom il y a quelques années et fabriqués en Chine.

La quiche et l’Équipe

La quiche et l’Équipe.

« Eh ! dis donc, l’auto à 10 000 € qui traîne en bas de l’escalier, tu aurais pu la ranger ! »

Ainsi fus-je interpellé récemment par mon épouse, qui d’ordinaire ne s’intéresse aux miniatures que parce qu’elle a pour mission de corriger le blog hebdomadaire.

 » Comment cela ?  » lui répondis-je.  » Ne me prends par pour une quiche !  » dit-elle  » J’ai lu l’article de l’Equipe du mardi 18 décembre de Frédéric Ferret « . Je dois ici vous fournir un brin d’information : le terme « quiche » est joyeusement utilisé par les journalistes de l’excellente revue « Causette » qui est aux féministes ce que l’Équipe est aux sportifs, un trait d’union. Pour comble de mon bonheur, mon épouse, lectrice convaincue de Causette, parcourt les colonnes de l’équipe depuis qu’elle s’adonne au body attack.

Renault Estafette
Renault Estafette Vache Grosjean

Je décidai alors de lire ce riche article. Riche, le mot est juste, car dès le titre le ton est donné : « Ces très chers jouets ». On y apprend ainsi que nos miniatures sont devenues avec le temps un produit de luxe. Cette révélation est à l’origine de la réaction de mon épouse. Le journaliste poursuit : « les possesseurs de Dinky ont compris qu’ils avaient entre les mains un objet de grande valeur. Aujourd’hui, certaines éditions un peu rares dépassent largement les 10 000 € et sont recensées dans un argus spécialisé ». Il éclaire le lecteur en prenant l’exemple d’une auto vendue « autour » de 25 000 € en 2009 en salle des ventes et assortit sa démonstration d’un laconique commentaire : « C’était l’unique survivant d’une camionnette publicitaire sortie en 1936 ». J’espère que l’acheteur sera rassuré sur la pertinence de son investissement. J’espère surtout qu’un journaliste ne diffuse pas une telle explication sans en avoir validé la véracité.

Citons également le passage dans lequel le journaliste nous explique le plus sérieusement du monde qu’il y a dans la collection de miniatures deux écoles : celle des collectionneurs de Dinky Toys et celle des collectionneurs de Corgi Toys ! Amis collectionneurs qui ne rentrez dans aucune de ces deux cases, j’ai le regret de vous faire savoir que vous êtes bannis du monde des collectionneurs, au mieux réduits au rôle de faire-valoir.

J’avoue que cet article m’a mis en colère. Il y a, cher Monsieur Ferret autant de collectionneurs qu’il y a de types de collections. Chacun met dans cette entreprise son imaginaire, sa passion, ses moyens, sa volonté. Chacun y trouve son plaisir. Il n’y a ni grande, ni petite collection. Toutes sont placées au même niveau.
En période difficile, il me paraît déplacé d’aborder le sujet sous l’angle unique des tarifs. On n’achète pas des miniatures comme des actions en bourse. Le journaliste qui le donne à croire fait preuve au mieux de légèreté au pire d’incompétence.

L’argent est depuis un certain temps le principal vecteur de communication de la presse. Nous sommes envahis de chiffres. A titre d’exemple, lorsque les journalistes évoquent le monde des collectionneurs de Tintin, ils se bornent le plus souvent à évoquer les sommets atteints par certaines éditions. L’article paru dans l’Equipe conforte ce sentiment et m’incite à réagir : les collectionneurs méritent mieux que cela, mieux que des articles réducteurs qui ramènent tout à l’argent. Ainsi, depuis la naissance du blog, au fil de plus de deux cents fiches je n’ai jamais fait apparaître la moindre valeur. J’essaie simplement de faire partager mon enthousiasme pour certaines séries, d’expliquer leur intérêt historique, de susciter l’étonnement ou l’amusement par des anecdotes. Le prix d’un modèle n’est pas un sujet tabou, mais j’estime que ce n’est pas le sujet du blog. Ce qui nous unit, c’est la passion.

Pour la première fois aujourd’hui, et pour faire un pied de nez à l’Équipe et à tous les auteurs d’articles qui ne savent s’extasier que sur un montant en euros, je vais moi aussi vous parler d’argent. A partir de ma série de Renault Estafette de chez Sésame, je vais vous présenter une collection à moins de 50 € la pièce. Et encore, au prix de 50 €, vous aurez atteint l’Everest de la collection Sésame. Tous les lecteurs attirés par cette firme se reconnaitront dans ces lignes. Qui parmi les amateurs de Sésame n’a pas dégotté un jour une Estafette à moins de 10 € ? Si, de plus, le modèle est un peu rare, alors, amis collectionneurs ne me dites pas qu’il n’y a pas de la jubilation. De quoi ensoleiller la journée, donner naissance à un joli souvenir. Je vous livre avec plaisir une petite anecdote très personnelle. Je venais de rencontrer mon épouse. Lors d’une de mes premières visites à mes beaux-parents, mon beau-père à qui j’avais révélé ma passion me sortit justement une Renault Estafette de chez Sésame. C’est une version peu fréquente. Il la tenait d’un marchand de meubles de Calais, les meubles D3 avec qui il avait été en relations et qui la lui avait offert. Mon futur beau-père fut tout heureux de me l’offrir à son tour pour qu’elle rejoigne nos vitrines. Elle n’a aucune valeur pécuniaire, mais je ne m’en séparerais pour rien au monde.
Je vous présente donc cette série de miniatures. La caractéristique principale de ces jouets est l’alliance originale d’une carrosserie en plastique injecté à une tôle lithographiée. Cela permettait à Sésame d’offrir des reproductions bon marché et originales en changeant uniquement les lithographies. Cette technique le différenciait de tous ses concurrents et l’alliance des deux matériaux est à mes yeux une réussite. Ensuite, en fonction du budget de l’annonceur ou du marché auquel étaient destinées ces miniatures, elles étaient ou non équipées d’un petit moteur à friction. Cette série est fort plaisante à rassembler. Économique, elle ne creusera pas un déficit dans votre budget. Vous pouvez également l’augmenter quasiment à l’infini , car Sésame ne sera pas toujours rigoureux dans les assemblages de couleurs de carrosserie et de publicités. Ainsi certains modèles comme la version Elf, ont pu recevoir plusieurs couleurs de carrosserie différentes. Une grande partie des modèles est aisée à trouver. Les versions réalisées en petite quantité recevaient une tôle de couleur blanche le plus souvent et la publicité était alors en décalcomanie et non lithographiée.
Vous aurez ainsi aux quatre coins de la France la possibilité de dénicher dans les bourses d’échange et les brocantes des versions locales, rares, qui seront le fleuron de votre collection. Ces petits modèles dénichés ça et là vous auront donné l’occasion de vous fabriquer des histoires pour plus tard !

Article publié le 1 Mai 2014.

Un Total transalpin

C’est une discussion avec un spécialiste du poids lourd qui est à l’origine de cet article. Je venais de mettre en vente un camion Fiat Moplast, sous la référence 682, reprenant ainsi celle utilisée par Mercury. Michel Fonteny a tout de suite relevé mon erreur.

détail de la fine calandre du Moplast
détail de la fine calandre du Moplast

Il faut dire qu’il a passé son enfance dans le milieu du transport routier et en a acquis une expérience telle qu’il est désormais au camion ancien ce que Scarlatti est au clavecin : un spécialiste ! J’ai suivi avec peine et application la description technique détaillée qu’il m’a livrée. La technique, ce n’est pas mon fort. Chaque fois que j’utilise la clef de contact de mon auto je suis émerveillé qu’elle démarre : émerveillé mais incapable de comprendre la magie qui s’opère. Quant à Monsieur Fonteny, intarissable sur le sujet, il m’a égrené tant de chiffres et de références que si j’avais été un inconditionnel de la Française des Jeux j’aurais pu remplir plusieurs bulletins de Loto. Gentiment, il a proposé de m’aider à la rédaction d’un article sur ces beaux camions italiens. J’ai choisi de laisser dans l’intégralité son travail de recherche. Vous trouverez son étude dans la fiche suivante. Pour ma part, je vais vous présenter les reproductions miniatures des camions Fiat conçus chez Moplast.

Moplast est une firme italienne installée à Tradate (Varese). Son activité est basée sur la fabrication d’objets en plastique de qualité. Cette firme existe toujours.  Cela nous rappelle l’histoire de firmes comme Bourbon et Vapé en France. L’arrivée de Moplast dans le monde du modèle réduit ne relève que d’un concours de circonstances. Il ne semble pas y avoir eu, comme pour Bourbon, une réelle volonté de se développer dans ce secteur. C’est certainement dans le souci de rentabiliser un investissement que Moplast a contacté des clients ayant des flottes de camions-citernes. Paradoxalement, la firme italienne ENI (Agip) ne semble pas avoir commandé de reproductions à ses couleurs, ce qui est un comble pour cette firme leader du secteur de la distribution des produits pétroliers dans la péninsule italienne.

Il faut distinguer deux types de distribution pour ces jouets. Ces modèles ne sont pas des promotionnels au sens où on l’entend généralement. Ils ont été distribués et vendus dans le réseau commercial des firmes dont ils portaient les couleurs, mais ils n’ont pas été distribués gracieusement par ces compagnies pétrolières. La seule exception est la version « officine Calabrese Bari ». Les autres versions ont été vendues dans les stations-service Gulf, Shell et Esso qui étaient toutes très bien implantées en Italie. La version Aral a bien entendu été réservée au marché allemand.

J’ai gardé pour la fin la version qui porte les couleurs de notre pétrolier national, Total. Contrairement à Esso, le pétrolier français, malgré son hégémonie, n’a jamais fait l’effort de séduire les fabricants de jouets.

A cet égard, je suis persuadé que des accords ont existé entre certaines compagnies pétrolières et des firmes célèbres de jouets. Amusez-vous à comptabiliser le nombre de véhicules aux couleurs Esso chez Dinky Toys ! Même la Triumph Spitfire arborera le célèbre slogan « put a tiger in your tank ». Total est une des firmes les moins représentées en miniature : JRD, Sésame et Bourbon, le tour est vite fait. Il semble qu’à l’origine, on doive cette commande à la branche italienne de Total. La boîte qui porte des inscriptions en langue italienne ne fait aucun doute. Une déclinaison Total Termo sera créée, certainement destinée aux distributeurs de fuel domestique locaux qui pouvaient ainsi faire graver leur raison sociale. Enfin, des versions pour le marché français sont apparues qui ont nécessité la création d’un nouvel étui. L’utilisation des couleurs du drapeau tricolore atteste du marché de destination. Le succès semble avoir été au rendez-vous. Il existe de très nombreuses variantes. Je n’ai gardé que cinq variantes d’assemblage de couleur bien que j’en aie répertorié au moins trois autres. Un autre indice prouve le succès commercial de ce véhicule : j’ai dénombré trois moules de citernes totalement différentes, prouvant que la production aux couleurs de Total s’est échelonnée sur un laps de temps assez long.

Tout au long de sa production, Moplast modernisera sa citerne : ainsi, les orifices de remplissage de la cuve connaîtront trois dessins différents. La dernière version, toute carénée, semble rare et je ne l’ai rencontrée qu’aux couleurs de Total. Cette version comporte un détail intéressant relatif au marché de destination du véhicule.

Toutes les versions de ce camion transalpin ont le volant à droite, comme c’était la coutume de l’autre côté des Alpes. Mais sur l’ultime production, Moplast a installé le volant à gauche.