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La caravane et l’Aston Martin

La pérennité de la série 100 est à mettre à l’actif de Jean De Vazeilles. Lorsque le père de ce dernier avait créé Solido, il avait pour ambition de proposer des jouets démontables. Les reproductions d’automobiles tenaient alors une grande place dans les catalogues. Le coté ludique du jouet résidait dans la possibilité pour l’enfant de construire son propre modèle.

La caravane et l’Aston Martin
Face avant et arrière

Il avait à sa disposition un châssis, des capots, et des éléments de carrosserie variés. Il ne restait plus qu’à les assembler au gré de son imagination. L’enfant pouvait ainsi passer d’un coupé chauffeur à une pointe de course. Le passage à la série 100 n’a pas totalement supprimé cet esprit de jouet démontable. Mais il s’agit désormais de proposer des autos fidèles et ce critère impose de réaliser des châssis aux cotes de chaque auto : c’est la fin des châssis standardisés.

Jean de Vazeilles ne souhaita jamais se séparer de ce qui avait fait le premier succès de la marque : les autos démontables, transformables, ludiques. Il adapta le concept à ses nouvelles productions. Il choisit deux modèles de la série 100, la Ford Thunderbird et l’Alfa Romeo 2600 Bertone.

Le moule fut modifié de manière très simple. Du sertissage comme moyen de maintenir le châssis à la carrosserie, on passa au vissage grâce aux fameuses vis Solido qui n’avaient guère évolué depuis le début de l’histoire de la Solido. Deux tailles de coffret furent proposées : Caravaning 1 et Caravaning 2. L’enfant qui recevait le second coffret pouvait choisir d’assembler, à l’aide d’un châssis très simple qui avait été créé au milieu des années 50, la caravane ou la remorque pour véhiculer le hors-bord. L’enfant qui recevait le petit coffret ne pouvait accrocher à son Alfa Romeo que la caravane. Il est bien clair que l’intervention de l’imagination est désormais très cadrée. Plus tard, l’opération sera renouvelée avec des modèles du milieu des années 70, preuve qu’il y avait là un petit marché laissé vacant par les autres fabricants.

Vous allez me dire, mais quel rapport y a t-il avec notre Aston Martin DB5 ? Le voici. Solido a eu une grande carrière à l’international. Les moules ont voyagé en Espagne, en Argentine, au Brésil, et se sont parfois un peu détériorés. Ainsi notre Alfa Romeo 2600 a dû partir en Espagne alors qu’il y avait une livraison de coffrets Caravaning 1 à honorer.

La direction conclut bien vite que la seule auto présentant des caractéristiques similaires était l’Aston Martin DB5.

La caravane et l’Aston Martin
La caravane et l’Aston Martin

Il fallut juste modifier le châssis. Un pas de vis remplaça le sertissage pour permettre de fixer la carrosserie au châssis. Cette modification fut conservée jusqu’à la fin de production du modèle. Cette version, peinte d’un beau vert cru est toujours équipée de jantes en acier, ce qui en fait une exception pour une Aston Martin DB5 « made in France ». A contrario, l’Alfa Romeo 2600 partie en Espagne et vendue en étui individuel sera produite vissée !

Là aussi ce sera une exception. Au retour de l’outillage en France, l’Alfa Romeo réintégrera les coffrets caravaning jusqu’au milieu des années 70.

My tailor is rich : camion Guy Dinky Toys – 2

C’est une vraie réussite que ce camion Guy de la série Dinky Toys. D’un tonnage moyen (4 tonnes), il apparaît au catalogue de 1948.

Camion Guy Dinky Toys
chassis avec axe arrière pincé

Avec les camions Foden, il marquera les esprits par l’échelle de reproduction choisie : il est au 1/50ème et met un terme à la série des camions au 1/60.

Meccano opte pour une conception en deux parties : un châssis cabine sur lequel viennent se greffer différentes carrosseries. Simple et efficace. Ce principe sera réutilisé plus tard à Bobigny, d’abord sur la série des Ford et Studebaker, puis sur les Simca Cargo que l’on peut comparer plus facilement aux camions Guy, du fait de l’échelle similaire de reproduction.

Dans un premier temps Dinky Toys proposera une livrée uniforme pour le châssis cabine et son équipement. Seules les ailes reçoivent une couleur différente. Les harmonies sont réussies et réalistes. Elles reproduisent fidèlement les camions vus sur les routes anglaises durant les années cinquante. Plus tard, pour d’évidentes raisons de commodité de fabrication Dinky Toys abandonnera ce schéma de peinture au profit d’une finition bicolore, châssis cabine d’une teinte et équipement d’une autre.

Durant sa longue carrière la série des camions Guy connaîtra trois numérotations différentes (séries 500, 400 et 900).

Dans un premier temps les véhicules seront dotés de jantes convexes peintes. Ils recevront ensuite des jantes concaves. La roue de secours d’abord maintenue au châssis par une vis sera ensuite rivetée. Bien évidemment des variantes de moule apparaîtront tout au long de la carrière de ce camion.

Camion Guy Dinky Toys
Guy Dinky Toys. A droite version avec renfort en triangle

Citons les renforts au bas du radiateur sur la face avant du véhicule et la modification du système de maintien de l’axe arrière du camion (un support moulé au châssis succédera aux agrafes en tôle).

Quand le Modélisme fit son apparition – 1

Pour ce premier épisode consacré à Modélisme, voici une série de Porsche 908/02. Elles sont toutes moulées en résine et décorées à la main. Il est possible que d’autres versions aient été réalisées. N’hésitez pas à compléter la liste

Modélisme Porsche
Modélisme Porsche 908/02 Sonauto BP

La Porsche de Steve Mac Queen, de Solar Productions, (numéro 48) qui arbore une décoration des plus simples est certainement la plus courante.

Elle faillit remporter les 12 heures de Sebring en 1970 et se classa seconde. Il est évident que la version BP demandait beaucoup plus de travail ! (Ecurie Sonauto numéro 3 victorieuse des 3 heures du Mans 1971). La numéro 18 est celle de l’écurie AAW à la Targa Florio 1970. La numéro 1 est une auto d’usine qui s’illustrera dans cette décoration en fin de saison 1969 (remportant entre autres les 1000 km du Nürburgring). La numéro 266 gagnera la Targa Florio , toujours en 1969 (voiture d’usine). Enfin, malgré mes nombreuses recherches je n’ai pas d’information sur la numéro 52. La présence du sticker Martini sur le capot peut laisser envisager qu’il s’agit d’une auto de l’écurie pour les 12 heures de Sebring. Monsieur Evrat a peut-être tout simplement trouvé l’inspiration lors d’une course en France,  par exemple à Monthléry.

Ferrari 512S
Ferrari 512S longue Le Mans 1970

La Ferrari 512 S longue est très rare. C’est une carrosserie en résine adaptée à un chassis de Solido. L’Alfa Romeo 33/3 est celle victorieuse des 1000 km de Brands Hatch en 1971. Enfin les Ford GT 40 reproduisent les autos de l’écurie Gulf et celle de l’Allemand Joest au Mans 1969. Les couleurs des bandes sont erronées. Il n’y avait pas à l’époque la documentation dont l’on dispose actuellement.

National Products Studebaker

Les trois discours du Président

1934. Après les années de récession dues à la crise de 1929, l’économie américaine repart. Les constructeurs automobiles montrent la voie en proposant sur le marché de nombreux véhicules innovants au plan technique mais également au plan du design.

National Products Studebaker
National Products Studebaker

Les campagnes publicitaires rompent également avec le passé. Nous avons vu récemment comment Ford essaye de convaincre les acheteurs en utilisant des reproductions en miniature de sa berline V8. Comme Ford, Chrysler et De Soto avec leurs gammes Airflow vont aussi avoir recours aux miniatures moulées en rubber, pour essayer de séduire les consommateurs. Quant à Studebaker, il choisit de s’orienter vers un autre matériau pour la reproduction ses modèles promotionnels.

Dès le milieu des années trente, Studebaker s’adresse à « National Products », firme basée à Chicago. Cette dernière sera absorbée après guerre par Banthrico, célèbre depuis les années 20 pour ses fabrications de tirelires pour les enfants, thème, o combien populaire au pays de l’oncle Sam. Les modèles sont conçus dans un alliage à fort pourcentage de plomb. Ce dernier est injecté sous pression. Cet alliage est dénommé « slush » dans le milieu des collectionneurs américains. Il a été répandu par Barclay. Au départ, les modèles conçus par National Products sont au 1/35, puis, rapidement, le fabricant choisit de passer au 1/30. De toute évidence, les fabricants de miniatures vont se lancer dans une guerre concernant l’échelle de reproduction. Si nos Ford, présentées précédemment, étaient dans leur version de base au 1/43, les reproductions créées pour Firestone seront au 1/40. Les reproductions pour Airflow quant à elles seront au 1/38, de même que la Studebaker President de National Products. Les fabricants passeront ensuite au 1/30. Il y aura même une série de Studebaker en version quatre portes avec malle au 1/20 ! Mais si la technique a bien évolué depuis les premières Barclay, une telle masse à injecter relève de la gageure. Les modèles, très fragiles, se brisent facilement. Il faut également signaler un autre problème que j’ai malheureusement rencontré, celui de la mauvaise tenue dans le temps du matériau. A cet égard, il est évident que des essais ont été faits en zamac : les traces de métal fatigue de certains exemplaires sont sans équivoque.

La version Land Cruiser President que je vous propose ce jour possède une particularité. Elle a été conçue comme modèle promotionnel, délivrant à ce titre un message publicitaire.

Sa spécificité est qu’en fait National Product s’en est servi pour trois événements particuliers. Comme la vraie Studebaker, National Product n’hésitera pas à faire évoluer légèrement sa reproduction, afin de coller au plus près à l’actualité. Les évolutions porterons notamment sur le radiateur et le capot moteur. Le modèle délivrera ainsi trois discours publicitaires pour une même President.

La première version comporte un message gravé sur la face arrière vantant la nouvelle Studebaker présentée à la foire de Chicago en 1934 : « replica of giant worlds fair Studebaker ».

La seconde version porte un message à la gloire de Firestone. Nous avons déjà vu qu’à cette période le fabricant de pneumatiques avait une politique agressive. Une troisième série porte enfin le slogan « Studebaker miracle ride » gravé sur la face arrière. Il reprend sans aucun doute celui des catalogues que les constructeurs distribuaient dans les concessions, en remplacement de la publicité pour la foire de Chicago de 1934. Il est assez logique que Studebaker ait eu besoin d’un slogan national, sans référence à un événement daté : le temps qui passe sur un produit n’est pas toujours bien vu. Ceci est particulièrement vrai à une époque où les constructeurs viennent de comprendre que l’on entre dans une société de consommation, et qu’il faut sans cesse renouveler l’offre.

En conclusion, il faut retenir que National Product est la première firme créée afin de produire des modèles promotionnels. Arcade et Tootsietoys lui emboîteront le pas en proposant des modèles promotionnels parmi leurs gammes de jouets. Mais la firme National Product, conçue elle dans ce seul but demeurera une pionnière à ce titre

La Ford de Mrs Robinson

C’est la récente rediffusion du film de Mike Nichols, « The graduate », en français « Le lauréat », qui m’a inspiré cette rubrique hebdomadaire. Si le titre n’évoque rien pour vous, la bande son du film, signée Simon and Garfunkel ne peut vous être inconnue.

Et Mrs Robinson de répondre : « C’était une Ford ! »
Et Mrs Robinson de répondre : « C’était une Ford ! »

Cette bande son comprend plusieurs classiques qui ont envahi les ondes sur les radios périphériques à partir de 1967, date de la sortie du film. Le son est typique de la fin des années 60. C’est le début de la vague hippie. Tout le monde a entendu au moins une fois le titre « Mrs Robinson », ou « Sound of silence », sans faire toujours le lien avec le film.

Le héros du film, interprété par Dustin Hoffman, rentre chez lui après l’obtention de son diplôme. Il n’arrive pas à se projeter dans l’avenir et sans véritablement rejeter le monde confortable dans lequel il évolue, il hésite sur ses choix de vie. On sent nettement poindre les idées de changement des jeunes gens des années 70.

Le réalisateur installe son héros au volant d’une superbe Alfa Romeo Duetto rouge. Il y a une volonté d’anticonformisme dans le choix étonnant de cette auto pour l’Amérique des années 70. Il est tentant de faire le rapprochement avec la Dolce vita où Marcello Mastroianni roule en Triumph dans Rome, plutôt que dans une sportive italienne. Notre jeune diplômé californien roule donc dans une italienne plutôt que dans une « muscle car » américaine. En 1967, les constructeurs américains rivalisaient d’audace afin de proposer des autos sportives et colorées. Mais après avoir lu ces quelques lignes, vous êtes certainement en train de vous demander pour quelles raisons, alors que je vous parle d’autos de 1967, j’ai choisi de vous présenter, afin d’illustrer cette fiche une Ford de millésime 1940 ?

Pour cela, revenons à notre film. Benjamin, « Ben », notre jeune diplômé, a succombé sans trop d’états d’âme aux avances de Mrs Robinson, quadragénaire pleine de charme, amie et voisine de la famille. Le jeune homme aimerait connaître un peu mieux sa partenaire qui semble peu encline à parler et se satisfait d’une relation purement physique. Alors qu’ils sont ensemble dans la chambre d’hôtel où ils ont coutume de se retrouver, il commence à l’interroger sur son passé. Mrs Robinson refuse d’abord de livrer le moindre détail. Le jeune homme insiste, et le spectateur apprend de cette confession forcée que Mrs Robinson a dû se marier parce qu’elle était enceinte.

Le jeune homme se fait plus pressant et il lui demande où cela s’est passé. Mrs Robinson répond que sa fille a été conçue dans une auto. Benjamin, avide d’obtenir davantage de détails finit par demander la marque de l’auto. Et Mrs Robinson de répondre : « C’était une Ford ! »

Ce savoureux dialogue m’a beaucoup plu. La fille de Mrs Robinson, Elaine est du même âge que Benjamin. Elle a donc été conçue dans une Ford, approximativement vers 1945. Quel merveilleux et charmant prétexte pour aller chercher des Ford de ces années-là et vous les présenter ! Maintenant vous avez les clefs de l’énigme de l’article du jour.

Mrs Robinson ne m’a pas facilité la tâche en m’imposant une période de transition pour l’industrie automobile américaine. Le modèle Ford de cette période a été produit par Tekno, mais uniquement en version taxi. Sa conception monobloc, avec les compteurs sur les ailes, lui interdira toute autre utilisation. La version de couleur noire est la plus fréquente. Elle est aux couleurs des taxis « taxa » danois. Le décalque est positionné sur les portes arrière ou avant (un peu plus rare). Celle de couleur jaune, « taxi » était réservée pour le marché américain. Enfin les versions bleu métallisé ou beiges sont plus récentes, mais aussi beaucoup plus rares. Comme nous n’avons pas d’indice supplémentaire sur le modèle Ford dont parle Mrs Robinson, on peut aussi imaginer qu’il s’agit d’une Ford un peu plus ancienne. Par exemple un modèle V8 Brewster de la fin des années 30. Hubley proposera une jolie série vers 1938, en taille « Pocket toy », proche du 1/45. Plusieurs carrosseries seront déclinées. Un cabriolet, un coupé, tous les deux parfaits pour séduire la belle Mrs Robinson. Une version coupé chauffeur sera même proposée par Hubley. La conception est assez astucieuse. Le châssis en cast iron chromé est en forme de poutre. Monobloc, il reçoit la calandre sur la partie avant, et sur la partie arrière, le moyeu de la roue de secours qui porte la gravure « V8 ». Le châssis est maintenu à la carrosserie après emboîtage de la calandre avant et mise en place du pneu en caoutchouc sur le moyeu de la roue de secours. Enfin, dans mes recherches relatives aux carrosseries d’époque, il me faut vous signaler la présence d’un break Woody. Pour Ed Force, il s’agirait d’une Ford millésime 1940. C’est un classique de chez Tootsietoys, mais j’ai toujours du plaisir devant ce type de véhicule.

Je ne peux que vous inviter à voir ou revoir « Mrs Robinson ». Ce film est un plaisir pour les amateurs de véhicules anciens. On y croise beaucoup de véhicules utilitaires colorés dont un superbe autocar dans la scène finale.