Archives par mot-clé : De Soto

National Products Studebaker

Les trois discours du Président

1934. Après les années de récession dues à la crise de 1929, l’économie américaine repart. Les constructeurs automobiles montrent la voie en proposant sur le marché de nombreux véhicules innovants au plan technique mais également au plan du design.

National Products Studebaker
National Products Studebaker

Les campagnes publicitaires rompent également avec le passé. Nous avons vu récemment comment Ford essaye de convaincre les acheteurs en utilisant des reproductions en miniature de sa berline V8. Comme Ford, Chrysler et De Soto avec leurs gammes Airflow vont aussi avoir recours aux miniatures moulées en rubber, pour essayer de séduire les consommateurs. Quant à Studebaker, il choisit de s’orienter vers un autre matériau pour la reproduction ses modèles promotionnels.

Dès le milieu des années trente, Studebaker s’adresse à « National Products », firme basée à Chicago. Cette dernière sera absorbée après guerre par Banthrico, célèbre depuis les années 20 pour ses fabrications de tirelires pour les enfants, thème, o combien populaire au pays de l’oncle Sam. Les modèles sont conçus dans un alliage à fort pourcentage de plomb. Ce dernier est injecté sous pression. Cet alliage est dénommé « slush » dans le milieu des collectionneurs américains. Il a été répandu par Barclay. Au départ, les modèles conçus par National Products sont au 1/35, puis, rapidement, le fabricant choisit de passer au 1/30. De toute évidence, les fabricants de miniatures vont se lancer dans une guerre concernant l’échelle de reproduction. Si nos Ford, présentées précédemment, étaient dans leur version de base au 1/43, les reproductions créées pour Firestone seront au 1/40. Les reproductions pour Airflow quant à elles seront au 1/38, de même que la Studebaker President de National Products. Les fabricants passeront ensuite au 1/30. Il y aura même une série de Studebaker en version quatre portes avec malle au 1/20 ! Mais si la technique a bien évolué depuis les premières Barclay, une telle masse à injecter relève de la gageure. Les modèles, très fragiles, se brisent facilement. Il faut également signaler un autre problème que j’ai malheureusement rencontré, celui de la mauvaise tenue dans le temps du matériau. A cet égard, il est évident que des essais ont été faits en zamac : les traces de métal fatigue de certains exemplaires sont sans équivoque.

La version Land Cruiser President que je vous propose ce jour possède une particularité. Elle a été conçue comme modèle promotionnel, délivrant à ce titre un message publicitaire.

Sa spécificité est qu’en fait National Product s’en est servi pour trois événements particuliers. Comme la vraie Studebaker, National Product n’hésitera pas à faire évoluer légèrement sa reproduction, afin de coller au plus près à l’actualité. Les évolutions porterons notamment sur le radiateur et le capot moteur. Le modèle délivrera ainsi trois discours publicitaires pour une même President.

La première version comporte un message gravé sur la face arrière vantant la nouvelle Studebaker présentée à la foire de Chicago en 1934 : « replica of giant worlds fair Studebaker ».

La seconde version porte un message à la gloire de Firestone. Nous avons déjà vu qu’à cette période le fabricant de pneumatiques avait une politique agressive. Une troisième série porte enfin le slogan « Studebaker miracle ride » gravé sur la face arrière. Il reprend sans aucun doute celui des catalogues que les constructeurs distribuaient dans les concessions, en remplacement de la publicité pour la foire de Chicago de 1934. Il est assez logique que Studebaker ait eu besoin d’un slogan national, sans référence à un événement daté : le temps qui passe sur un produit n’est pas toujours bien vu. Ceci est particulièrement vrai à une époque où les constructeurs viennent de comprendre que l’on entre dans une société de consommation, et qu’il faut sans cesse renouveler l’offre.

En conclusion, il faut retenir que National Product est la première firme créée afin de produire des modèles promotionnels. Arcade et Tootsietoys lui emboîteront le pas en proposant des modèles promotionnels parmi leurs gammes de jouets. Mais la firme National Product, conçue elle dans ce seul but demeurera une pionnière à ce titre

Les quatre Ford rubber de 1935

L’histoire de ces autos est assez mystérieuse. Dans l’article précédent, nous avons fait connaissance avec la firme « The Perfect Rubber Company ».

Ford V8 Rubber V8
Ford V8 Rubber V8

La démarche de cette dernière consistait à contacter les concessions automobiles des marques Chrysler, Pontiac et De Soto afin que ces dernières commandent des miniatures estampillées du nom de leur garage. Dans l’histoire présentée ce jour, c’est la firme Ford qui est à la manœuvre. C’est une démarche opposée à celle de « The Perfect Rubber Company ».

Le géant de Detroit doit faire face à une rude concurrence. Fini le modèle unique. Pour garder sa clientèle il faut, comme General Motors, proposer très régulièrement un nouveau modèle. La publicité a fait son entrée dans ce marché énorme. Tous les supports sont les bienvenus. En 1935, le bureau de la publicité a l’idée de promouvoir le lancement de son modèle V8 par l’édition de sa reproduction en miniature. Il faut un matériau bon marché car les quantités souhaitées sont très importantes : nous sommes aux Etats-Unis, le potentiel est à l’échelle de ce pays.

C’est alors que l’idée de faire mouler ces jouets en « rubber » fait son apparition. Nous avons vu précédemment que ce matériau était déjà utilisé dans le monde du jouet, mais pas encore dans celui de la reproduction de miniatures automobiles.

Il est vraisemblable que la proximité des petites fabriques de jouets en caoutchouc avec celles des fabricants de pneumatiques automobiles ait été un élément déclencheur de la décision. Aux USA, les centres d’importation du caoutchouc étaient centralisés et les firmes travaillant ce matériau se trouvaient sur place.

La décision fut donc prise de commander des miniatures de Ford V8 berline. La décision a entrainé des conséquences inattendues. Aucune firme de jouets travaillant le caoutchouc ne pouvait répondre à une telle commande. Aucune n’avait les capacités de produire de telles quantités dans le laps de temps requis. Il semblerait que plusieurs d’entre elles, jouant de leur proximité se soient alliées afin de répondre à la demande du géant de Detroit. Comment expliquer en effet que, 80 ans après, nous soyons en présence de quatre reproductions portant quatre noms de fabricants différents alors que ces quatre autos sont identiques en tous points ? Cette auto fut aussi déclinée en jouet en versions coupé, fourgon et camion ridelles. La berline est sortie des quatre unités de fabrication. Le coupé n’a été produit que par trois d’entre elles, comme le camion ridelles. Quant au fourgon dit « panel van », il n’a été proposé que par deux fabricants. C’est mon préféré, car il est très représentatif de cette période (ici, sur la photo en version ambulance).

Sur une des images de la galerie trois exemples de modèles vendus comme souvenir lors de différentes foires expositions durant la période 1935-1936, représentant également une Ford V8 1935. Ils sont équipés de pneus Firestone, au contraire de la De Soto de la fiche 190, qui est équipée de pneus Goodyear. Le logo Firestone apparait aussi très clairement sur les boîtages.

The Perfect Rubber Ford V8

Le mystère V8 1935

L’histoire de ce jour est, je pense, un cas unique dans l’histoire de l’industrie de la miniature automobile. De nombreux collectionneurs américains s’y sont intéressés et n’ont pas réussi à s’accorder sur la réalité des faits. Je vais donc vous proposer ma version.

The Perfect Rubber Company : à gauche De Soto et à droite la Chrysler
The Perfect Rubber Company : à gauche De Soto et à droite la Chrysler

Nous sommes en 1935-1936. Dans l’industrie du jouet automobile, un nouveau matériau vient de faire son apparition, le caoutchouc dit « rubber ». Il n’est pas utilisé ici comme accessoire, pour reproduire les pneumatiques des miniatures, mais bien comme matière première dans l’injection monobloc des jouets automobiles.

C’est à la crise de 1929 que le caoutchouc, doit son succès. Il était devenu absolument nécessaire de réduire les coûts de fabrication. C’est ainsi que sont apparus en 1935 les premiers jouets automobiles « rubber » qui disparaitront en 1955.

Il est bien évident que leur fabrication était moins onéreuse que celle des modèles en zamac. Non seulement la matière première était bon marché, mais en plus, la réalisation du moule posait peu de contraintes. Ces deux facteurs permettaient un prix de revient modéré. En fait, pour être rigoureux, cette matière était déjà utilisée dans le monde du jouet, mais cantonnée à la reproduction de soldats, de poupées et figurines. Auburn, le leader dans ce domaine a commencé par mouler des pneus pour des firmes de cast-iron. Ce sera sa principale activité à compter de 1910. Puis vont apparaître des figurines, des soldats et des reproductions d’animaux ! Au milieu des années 30, le directeur d’Auburn, Monsieur Murray, entreprend un voyage en Europe. Il va ramener dans ses valises de nombreux jouets. C’est à la suite de ce voyage qu’il décide, en 1936 de créer des automobiles. Je suis persuadé qu’il a dû être inspiré par nos modèles C-I-J et JRD moulés en plastiline. Bien que le matériau diffère, il y a une grande similitude dans la conception de ces jouets. Il est pertinent de souligner qu’Auburn était installée à Akron, haut lieu de l’industrie du caoutchouc et où l’on trouve le siège GoodYear.

Cette information m’a conforté. Durant mes premiers voyages aux Etats-Unis, j’avais été très attiré par les jouets en rubber, car j’y voyais un lien de parenté avec les modèles C-I-J et JRD en plastiline. Lorsqu’au cours de mes recherches j’ai découvert l’existence du voyage en Europe de Monsieur Murray, cela n’a fait que confirmer ce que j’avais pressenti devant ces jouets. Lors de la prochaine fiche, je vous promets d’autres révélations sur ces rubber !

Pour illustrer cet article j’ai choisi de vous présenter des modèles provenant de la firme « The Perfect Rubber Company ». Cette firme de Mansfield dans l’Ohio, produisit sur une très courte période quelques modèles en caoutchouc.

Dotés d’une bonne finition, ces jouets étaient la reproduction fidèle de modèles Pontiac, Chrysler et De Soto du millésime 1935. Cette petite firme avait entrepris de contacter tous les points de vente et garages des modèles reproduits afin de leur proposer d’appliquer leurs noms et adresses sur le pavillon des miniatures. Des collectionneurs américains ont ainsi retrouvé quelques exemplaires de Pontiac encore emballés dans une petite boîte qui servait d’emballage de livraison. Une notice expliquait la démarche de la société, avec les tarifs et les conditions de vente. Les amateurs de ce type de jouets pensent qu’il en fut de même avec les Chrysler et De Soto Airflow. On peut sans doute en déduire que les quelques d’exemplaires retrouvés sans marquage, sont ceux qui avaient été envoyés aux quatre coins des Etats-Unis afin de présenter ce type de produit.