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Pas de quoi en faire un disque !

Pas de quoi en faire un disque !

Désormais, rien n’arrête les metteurs en scène d’opéra, Calixto Bieito introduit des Mercedes de seconde main dans Carmen tandis que Laurent Pelly invite un kombi Volkswagen dans son Arianne à Naxos. Alors, pourquoi pas un tracteur dans le ballet « Appalachian Spring » de Martha Graham ? (voir le blog consacré à cette commande de Martha Graham au compositeur Aaron Copland )

En 1944, date de la création du ballet, la mécanisation est une chose acquise pour les campagnes américaines. La chorégraphe aurait donc pu choisir un tracteur d’occasion, parfait pour épauler le jeune couple débutant dans la dure vie de fermier. Voici quelques jouets représentant le matériel qu’elle aurait pu choisir pour son décor.

Un tracteur de seconde main.

La marque qui me semble répondre le mieux aux attentes des petits paysans en herbe est Kansas Toys. Son Fordson est de bonne facture.

Mais ce sont surtout les accessoires créés pour être attelés au tracteur et animer les travaux des champs qui sont somptueux. Charrue, semoir, rouleau et brise-mottes ont été proposés par ce fabricant. Ces ensembles articulés sont de belle qualité. Les couleurs vives finissent d’habiller ces jouets.

Kansas proposa aussi une locomobile à vapeur. Le fabricant est ici facilement identifiable, ce qui n’est pas toujours le cas avec ce type de jouets, du fait qu’il a choisi de cercler d’un trait de couleur le pourtour des roues, simulant un bandage.

Barclay qui est le fabricant le plus prolifique pour ce type de jouets injectés en plomb a bien sûr également proposé des tracteurs. Celui équipé de roues jumelées avant (row crop) est en fait emprunté à la série militaire. Observez le fermier : il a revêtu un casque. Barclay n’a pas jugé utile de modifier le personnage militaire de son tracteur d’artillerie.

L’autre modèle de taille plus modeste semble reproduire un Fordson. Il a aussi été vendu en coffret tractant trois wagonnets.

Savoye a également inscrit deux tracteurs à son catalogue. Le premier est équipé de roues de type artillerie, assez succinctes..On adhère ou pas à ce type de jouets, il faut peut-être du temps pour en apprécier le charme désuet.

L’autre version de forme simplifiée, inspire la puissance. Elle est équipée des fameuses et facilement identifiables jantes en bois de grand diamètre de couleur rouge.

Enfin, Tootsietoys a reproduit un beau tracteur de la marque Star. A l’inverse de Barclay, la firme de Chicago modifiera son tracteur pour l’adapter à l’univers militaire et le transformer en tracteur d’artillerie. Le capot moteur reste identique, mais on notera l’ajout d’un caisson à munitions et la présence d’un soldat au volant. La boîte en carton est des plus rares. Elle contenait des accessoires.

Le tracteur d’avant-garde

Une autre hypothèse fort séduisante pour la chorégraphe d’avant-garde que fut Martha Graham aurait été de présenter sur scène, dans son décor, un tracteur » ultramoderne ».

Alors, imaginons donc ces jeunes fermiers miser sur l’avenir avec du matériel sophistiqué. Le temps de faire les démarches à la banque, deux ans se sont écoulés pour obtenir l’emprunt permettant l’achat du tout nouveau et ultramoderne Ferguson TE20 .

Vous le connaissez sûrement par son nom : « Petit Gris ». C’est un « outil » qui a contribué au développement des campagnes. Il bénéficie surtout d’une invention révolutionnaire : un attelage hydraulique pour accrocher les outils.

Dans l’esprit du grand public ce tracteur marque un tournant esthétique. Fini les tracteurs aux formes cubiques. Les angles droit des « Fordson » et autres tracteurs de la marque « Star » ont fait place aux rondeurs du Ferguson.

De manière étrange, ce tracteur n’aura pas le même succès chez les fabricants de jouets. J’avance l’hypothèse selon laquelle c’est la couleur de ce dernier, gris, peu engageante pour un jouet, qui a conduit les fabricants a préférer les teintes vives, le rouge du Massey Harris, l’orange, du Field Marshall ou même le plus sobre bleu du Fordson.(voir l’article sur le Massey Harris).

Tekno, qui n’avait pas encore de tracteur à son catalogue a choisi ce petit Ferguson. Dans la même  logique, le fabricant danois choisira la couleur orange pour décorer sa miniature. Plus tard quelques exemplaires seront réalisés de couleur grise. C’est un grand classique. C’est surtout le coffret avec tous les accessoires qui provoque la convoitise. Tekno a su mettre en avant tout l’intérêt technique de ce tracteur et notamment son système hydraulique .

Un autre fabricant danois, Lion Molberg a offert en reproduction son descendant qui porte sur le capot l’inscription « Massey Ferguson ». En effet, en 1953 Ferguson s’associera à l’un de ses concurrents, Massey Harris pour créer Massey Ferguson. C’est un jouet splendide et une vraie rareté.

La vie des jouets étant tout sauf un long fleuve tranquille, le moule sera cédé en …Colombie. Chico Toys, l’heureux nouveau propriétaire de l’outillage sortira son modèle dans les années soixante-dix. C’est bien évidemment comme toutes les productions sud-américaines de l’époque une pièce rare, d’autant qu’une partie de la production a été injectée avec du zamac de médiocre qualité qui n’a pas bien résisté dans le temps.

J’en ai croisé deux dans ma vie et je les ai pieusement conservés.

Enfin le modèle produit par Micro Modèls, de couleur grise est tout simplement une rareté.Il est injecté en zamac. Dans les années 90 des copies en white metal furent réalisées .  Il est reproduit  au 1/32. On appréciera le commentaire sur la boîte: « Le tracteur le plus populaire au monde, utilisé quotidiennement dans plus de 76 pays » .

Je l’ai eu en 1986.  Je ne me souviens pas en avoir revu un autre neuf en boîte. Je l’avais acquis à Donnington, auprès d’un amateur venu en vacances  de Nouvelle-Zélande, voir sa famille restée dans la « vieille Europe ». J’ai revu cette personne 25 ans plus tard aux Etats-Unis lors d’une manifestation de jouets anciens et elle se souvenait de notre rencontre en Grande-Bretagne et de ce fameux tracteur.

Qui mettra en scène « La marcha  de triunfo » ?

Y avait-il des mélomanes à la direction de chez Massey Ferguson ? C’est la question que l’on peut se poser à la vue de la pochette de ce disque qui, dans une logique qui m’échappe, sera offert dans ses concessions.

La photo de la pochette ainsi que le titre laissent interrogateur : « La marcha de triunfo » en espagnol. On y voit en photo une parade de tracteurs et autres engins de la marque Massey Ferguson. Les fières postures des conducteurs sont également une interrogation.

Certes, ce sont des Massey Ferguson qu’ils ont entre les mains, mais de là à parader si fièrement ! On est loin de l’image du paysan partant aux champs.

Le titre du disque, « La marcha de triunfo  » semblerait plus indiqué pour un opéra ballet à la gloire du roi Louis XIV, composé par Lully. Les beaux habits de nos glorieux conducteurs pourraient presque nous transporter à Versailles.

Cependant en cherchant le nom et l’origine de l’orchestre on s’aperçoit qu’il s’agit en fait de morceaux d’accordéon, plus près du bal musette du samedi soir que de la galerie des glaces.

Et puis, observez bien. Aucune présence féminine sur la photo. Dans les années cinquante, pour vendre des tracteurs il fallait placer de solides paysans pour conforter l’acheteur sur l’aspect viril de l’engin. Aujourd’hui, aucune marque ne se risquerait à une telle photo. On sait combien, à la campagne comme ailleurs, le rôle de la femme a son importance.

C’est bien ce que Martha Graham mettait en scène dans son ballet : un jeune couple à la campagne, et la vie devant lui.

Restons sur cette belle image.

 

 

 

 

 

 

Tri Ang Minic New Zealand Alfa Romeo 158

Des Alfa au bout du monde

Les petits fabricants de jouets de pays lointains proposèrent à leur catalogue des reproductions de monoplaces. Selon la même logique  que  les firmes bien établies en Europe, ils les conservèrent très longtemps. Compte tenu du prix de l’outillage, ces firmes opéraient un choix et ne reproduisaient qu’une monoplace. 

Notre Talbot nationale sera immortalisée en Australie et en Nouvelle-Zélande. Il faut dire qu’un champion local cumulait les victoires à son volant et c’est donc en toute logique que le fabricant Micro Models l’inscrira à son catalogue. Ce sera « la » voiture de course du catalogue Micro Models. Continuer la lecture de Tri Ang Minic New Zealand Alfa Romeo 158

Taxi au pays des kangourous

L’histoire de Holden commence en 1920 avec la Holden Motors Body Builders (HMBB). Cette société est spécialisée dans l’assemblage, en Australie, d’autos des firmes Dodge, Buick, Ford, Chevrolet, Studebaker ainsi que de quelques marques européennes dans le but de contourner les taxes élevées touchant les produits finis importés.

Micro Models Holden
Micro Models Holden

En effet, afin de favoriser l’utilisation de la main d’œuvre locale, le gouvernement australien ne soumet pas au même taux les produits résultant d’un assemblage sur place de leurs différents composants.

Dès 1923, HMBB ne travaille plus que pour General Motors (GM) qui s’installe en Australie en 1924. En 1925, l’entreprise HMBB recentre son activité sur l’automobile en et ne se limite plus à son activité de sellerie automobile. Son activité est florissante jusqu’en 1929. Mais à la faveur de la crise qui se fait durement sentir GM rachète Holden en 1931.

Le projet relatif à la réalisation d’une auto entièrement australienne est suspendu le temps de la seconde guerre mondiale mais l’idée fait son chemin et les pourparlers avec Detroit reprennent après la guerre.

Grâce à sa ténacité, le patron réussit à récupérer un projet du bureau d’étude de Chevrolet qui était demeuré sans suite car les dirigeants trouvaient le modèle trop petit pour le marché américain. Les premiers prototypes circulent en 1946 et le premier modèle de pré série sort des chaînes de Fishermens Bend le 1er octobre 1948. Le lancement aura lieu le 29 novembre.

La Holden 48-215 sera la première automobile australienne. On peut avancer une comparaison avec Micro Models. Micro Models fut le premier et le plus renommé des fabricants de miniatures en Océanie.

Il faut effectivement parler du continent car la production se situa à la fois en Australie et en Nouvelle-Zélande, certains modèles étant produits dans les deux pays et d’autres dans un seul des deux. Les numéros figurant sous les châssis sont toujours d’origine australienne. Les renumérotations provenant de Nouvelle Zélande n’apparaissent que sur les étuis. Les suffixes apparaissant sur ceux-ci (GB) sont les initiales des deux firmes associées qui fondèrent Micro Models. « G » pour Goodwood productions Pty (Australie) et « B » pour J.A.Brent and Co. La présence des deux initiales sur les références confirme la propriété commune des moules. La production s’est étalée de 1952 à 1961.

En 1956, une firme de Nouvelle Zélande (Lincoln Industries) a fabriqué sous licence des modèles distribués par la « Alex Tolmer and associates Pty.Ltd ». Les moules seront réutilisés plus tard : de manière éphémère en 1974 par Matai, et par Torro en 1976 ; à nos yeux ce ne sont plus de vrais Micro Models.

La majorité des modèles arbore des couleurs de base : rouge, bleu, vert, gris et crème.

Seules les versions taxi sont bicolores et associent pour notre grand plaisir des couleurs particulièrement chatoyantes. Ces versions taxi sont difficiles à se procurer.

La passion inoxydable

Quelque soit son domaine de prédilection, l’amateur ne peut enrichir ses connaissances et assouvir sa soif de découverte qu’en consultant les écrits laissés par les gens désireux de faire partager leur passion.

Ainsi, il est temps de rendre hommage à celui qui le premier comprit l’importance du phénomène de la collection des miniatures automobilesIl s’agit bien sûr de Jacques Greilsamer, qui avec sa revue Modélisme, puis avec l’ouvrage du même nom publié en 1967, offrit des sources documentaires à tous les collectionneurs.

Micro Models
Micro Models

Encore maintenant, il nous arrive de rencontrer des pionniers de la collection, Anglais et Suédois notamment, évoquer ces publications, qui, malgré la barrière du langage, permirent la diffusion de listes et de photos. A l’heure d’internet, il est difficile d’imaginer combien ces écrits furent précieux, notamment parce que les collectionneurs les plus chevronnés se faisaient un plaisir de faire partager leurs découvertes.

C’est ainsi que dans le numéro 71, paru à l’automne 1970 un jeune collectionneur nancéien, Hubert Haas, présenta ses trésors à d’autres passionnés.

Hubert Haas avait un frère dans la marine marchande. Ses fréquents voyages au long cours lui firent sillonner toutes les mers du globe. Il profita de ses escales pour ramener à son frère ces productions du bout du monde que sont les Micro Models. Comme les collectionneurs de l’époque, Hubert Haas avait découvert cette firme lors de la première exposition consacrée aux miniatures automobiles en 1960 par le C.I.A.M.

Nombreux furent les amateurs de miniatures automobiles qui se mirent à rêver devant ces modèles de qualité venant de contrées lointaines. Mais il y a 50 ans, il fallait une réelle obstination pour en acquérir.

Hubert Haas précise dans son article que, déjà, en 1960, ces miniatures, étaient aussi difficiles à se procurer là-bas que des Solido Junior en France ! Il poursuit en valorisant la qualité de reproduction de ces miniatures et en fustigeant au passage des marques telles que Metosul ou Joal qui ne supportent pas la comparaison : les collectionneurs étaient plus critiques que nous ne le sommes maintenant et il est vrai qu’avec le temps les firmes comme Metosul ont trouvé des amateurs. Enfin, toujours animé par le plaisir de faire découvrir les modèles, il dresse la liste de la production Micro Models assortie de commentaires amusants. Il trouve ainsi la Vanguard break un peu généreuse au regard des critères du 1/43, se réjouit de constater que la Humber super Snipe s’ajoutera à celle produite par Chad Valley, que la Vauxhall Cresta de Micro models est le modèle qui précède celle de Spot On…

Ce sont les commentaires d’un passionné, souvent pertinents, touchants avec le recul. Quarante ans plus tard, Hubert Hass est toujours aussi passionné et prêt à s’enflammer à la découverte d’un nouveau Tekno ou d’un véhicule publicitaire qui pourrait venir enrichir sa collection.

Ainsi sont les pionniers de la collection, comme le sont également M. Dufour et M. Sée unis par une passion qui ne les a jamais quittés. La collection de miniatures automobiles a sans doute des vertus en terme de longévité.