Le gout du luxe.

Le goût du luxe

Je n’irai pas par quatre chemins. Au risque de diviser et de créer la polémique entre collectionneurs, Solido est à mes yeux la marque de jouets la plus passionnante du siècle dernier. Elle a su se montrer innovante tout en assurant la constance de sa production.

Je suis un collectionneur éclectique, mes centres d’intérêt sont nombreux, mais s’il faut avoir une préférence, c’est à Solido qu’elle va.

L’acquisition récente de quelques coffrets de montage Solido m’a ramené à l’excellent ouvrage de Bertrand Azéma, « Jouets Solido 1932-1957 », ouvrage qui fait la part belle au créateur de la marque, Ferdinand De Vazeilles, et aux premières productions.

J’ai relu l’interview qu’avait donné son fils, Jean de Vazeilles en 2001 Ce dernier lui avait succédé en 1953.

Ferdinand et Jean de Vazeilles représentent à eux deux près de cinquante ans d’histoire de la production .

Et l’on constate que Solido a toujours été en avance sur les autres. La firme a produit pendant cinquante ans des jouets de qualité, robustes et ludiques grâce à leur conception intelligente.

Le fil rouge qui relie les premières Solido aux dernières n’est pas toujours évident à percevoir. On peine à établir le lien entre une auto de type « 140 » de 1932 (c’était la dimension en cm), qui prendra le nom de  » Major » en 1938 et une Alfa Romeo 2600 encore disponible en 1978 en coffret « Week End 1 » devenu par la suite « Caravaning 1 ».

Elles ont pour point commun d’être démontables et disponibles dans d’attrayants coffrets. Leurs montage, démontage et transformation ont occupé plusieurs générations d’enfants.

Pour mieux comprendre l’intérêt de cette firme, il faut remonter à sa création. Je me suis inspiré des écrits de Bertrand Azéma qui avait eu des relations privilégiées avec le fondateur, Ferdinand de Vazeilles.

En 1919, Ferdinand de Vazeilles est le premier industriel en France à créer une entreprise de fonderie sous pression.

C’est lors d’un voyage en Angleterre, juste après la grande guerre de 14-18 qu’il a découvert cet outillage révolutionnaire. Il comprend immédiatement que ce type de machine possède un potentiel infini dans ce monde de l’après 1918, qui est à reconstruire. Son premier client sera Pleyel, le fabricant de pianos. Très rapidement l’industrie automobile suivra. Renault et Citroën seront de fidèles clients de sa société « Aluvac ».

L’affaire prospère. Ferdinand de Vazeilles prospecte sans cesse de nouveaux secteurs industriels qui pourraient avoir besoin de ses services. Parmi ceux-ci , l’industrie du jouet lui semble tout indiquée.

Il trouve que les jouets disponibles à cette époque, surtout ceux fabriqués en France  dits « jouet de quat’sous » mais  aussi les jouets en composition, sont dépassés. Il démarche les industriels du secteur, mais n’essuie que des refus.

Qu’à cela ne tienne, il les fabriquera lui-même. Il scinde sa société en deux, pour, très peu de temps après, ne garder que la fabrication de jouets. Il fallait qu’il soit sûr de lui. Le succès sera vite au rendez-vous. Il s’est positionné sur le haut de gamme, avec des articles assez chers. La finition chromée des autos renforce cette impression.

Ferdinand de Vazeilles a toujours eu le goût du beau. Dès la création des premiers modèles, l’idée de les proposer dans de luxueux coffrets a germé. Pour diffuser les grandes boîtes de montage, au prix élevé, il se tourne évidemment vers les boutiques de jouets les plus renommées, comme le fameux Nain Bleu rue Saint-Honoré à Paris.

Ferdinand de Vazeilles doit composer et offrir également des coffrets de taille plus modeste, au prix plus accessible. Des boîtes de deux carrosseries seront ainsi très vite proposées à la clientèle.

Ces dernières assureront la renommée de la firme. Les grandes boîtes demeurent, elles ont un côté inaccessible et font rêver les enfants.

Le principe de ces coffrets prestigieux perdure jusqu’en 1956. A cette date, le coffret « Concours d’élégance » contient plus de 20 modèles ! C’est un sommet inégalé dans le domaine des coffrets de miniatures automobiles. Summum du luxe, pour ce coffret, la clientèle peut choisir entre trois tailles.

Je vous laisse imaginer la dimension des coffrets. Ils constituent un véritable catalogue couvrant la production Solido du moment. On y retrouve mélangés des camions, des autos, des scooters, des avions provenant de diverses séries. Les Mosquito sont au 1/75, les Baby au 1/60 et les Junior au 1/40 environ. Un inventaire à la Prévert en quelque sorte.

Précisons que sur les notices professionnelles, ces coffrets ne sont pas décrits. Solido demande aux professionnels intéressés de se rapprocher de l’entreprise pour obtenir des renseignements. Peu furent produits.

Solido devait réserver ces coffrets à un petit nombre de commerçants, ceux qui avaient la clientèle potentielle. On imagine la fierté du commerçant qui, au moment de Noël, pouvait présenter un coffret de ce type dans sa vitrine illuminée.

La volonté de proposer de beaux coffrets est toujours restée ancrée dans l’esprit de la famille. Des coffrets Junior de grande taille, certes plus modestes que les démesurés « Concours d’élégance », sont restés très longtemps au catalogue. Ils figurent sur les listes professionnelles jusqu’en 1967.

Quand la série 100 a été lancée, l’idée de la proposer parallèlement en version démontable ne semble pas avoir été retenue. Seuls trois modèles, au début des années soixante, connaîtront une déclinaison démontable : la Ford Thunderbird 63, l’Alfa Romeo 2600 et l’Aston Martin DB5 (voir les blogs consacrés à ce sujet).

Les accessoires issus des modèles Junior, le hors-bord et la caravane, reprendront pour l’occasion du service, et ce jusqu’à la fin des années soixante-dix !

Au début des années soixante, la direction va, à sa manière ressusciter les « Concours d’élégance ». De mémoire, cette tentative n’a jamais été consignée dans aucun ouvrage. Il faut dire que très peu d’exemplaires semblent avoir survécu . Ces coffrets sont exceptionnels de par leur rareté.

Pour les fêtes de fin d’année (1963 sûrement), il s’agit de proposer un produit exceptionnel à une clientèle exigeante et fortunée. Pour ces coffrets cadeau, la direction a réutilisé les emballages destinés à ses premiers coffrets de montage poids lourds. Elle les a garnis de modèles issus des séries 100, 200 et 300 : deux chars, un Patton américain et un PT76 russe, deux camions, un Berliet TBO benne et un Renault 4×4 bâché, deux autos, une Citroën Ami 6 et une Ferrari 250GT 2+2 et enfin deux voitures de course, une monoplace Ferrari 156 et un coupé Abarth 1000. L’étude de la liste des modèles montre combien la gamme était étendue.

La direction semble s’être « amusée à bien marquer les contrastes : deux blindés appartenant à deux camps opposés, une paisible berline française et un fougueux coupé italien, une fine monoplace et une GT de petite cylindrée.

Autos, camions et même char de combat se mélangent. On est bien dans l’idée de proposer un échantillon de la gamme du moment. Le poids de l’ensemble a peut être été un frein à la constitution d’une boîte de plus grande taille ! Les modèles de la série 100 ont tous pris de l’embonpoint, et celui des chars et des camions est conséquent.

J’ai pu trouver deux autres coffrets avec les véhicules encore ficelés réalisés à la même époque et utilisant la même base, le coffret de montage Poids-Lourd.

Le premier ne contient que des autos de tourisme de la série 100. On notera que Solido a pris soin de présenter ses modèles avec les portes ouvertes. L’aspect visuel est des plus réussis. Les modèles sont bien sûr maintenus sur le socle par le même type de ficelle qui était utilisé avec les modèles Junior.

Il va de soi que l’intérêt de ce type de produit est de le trouver avec les miniatures encore ficelées sur le socle. Quel enfant a pu résister au plaisir de couper la ficelle pour jouer avec ces belles miniatures ? Ceci explique le fait qu’ils soient restés si longtemps inconnus.

Un second contient la gamme des autos de course. Il est tout aussi somptueux. C’est un condensé des voitures qui ont dominé les divers championnats automobiles sur la période de la fin des années soixante. On notera l’uniformité des couleurs pour les modèles de nationalité anglaise. Ils sont désormais finis dans un »racing green » des plus convaincants.

Avant ces grands coffrets illustrés, Solido testa sa formule de coffret en réutilisant des boîtes de couleur jaune destinées aux coffrets Junior . Ces derniers ont été listés par Bertrand Azéma. J’ai d’ailleurs trouvé la trace d’une « boîte Le Mans » dans la notice destinée aux professionnels de 1958 et 1959.

Dans ses recherches sur Dinky Toys, Claude Wagner a retrouvé dans un catalogue « Le Bon Marché » édité pour les fêtes de fin d’année une photo  de ce coffret jaune contenant les autos de course de la série 100.

Avec le même boîtage, de forme plus grande, il existe un autre coffret, où les autos sont présentées en arc de cercle, comme dans la courbe d’un circuit. D’autres coffrets existent, contactez-moi si vous possédez l’un d’eux !

Le fait que la direction n’ait jamais cherché à créer un emballage spécifique semble indiquer qu’il s’agissait de ballons d’essai.

Dernièrement, j’ai eu l’opportunité de récupérer auprès de Mme Azéma deux autres coffrets des plus étranges. Ils témoignent encore de la volonté de proposer des objets luxueux.

Dans ce cas particulier, Solido a choisi la couleur or pour décorer le coffret contenant les miniatures. En voyant la boîte, on imaginerait plutôt qu’elle est destinée à recevoir un flacon de parfum. L’examen des autos nous amène au début des années soixante-dix (1973-1974). Ces coffrets n’avaient jamais été ouverts. Le film plastique scellant l’ensemble prouve qu’ils sont d’origine.

Cette année, deux autres exemplaires provenant directement de la famille de Vazeilles ont été mis sur le marché. Cette découverte prouve qu’une série a été faite. On comprend que le boîtage a été réalisé spécialement. Les miniatures sont dans leur boîte standard. Les boîtes superposées forment une colonne, insérée dans le luxueux carton.

Qui se souvient de ces éphémères coffrets ? Ils sont très rares. On comprend bien qu’une fois les fêtes de fin d’année passées, le commerçant pouvait facilement mettre en vente individuellement les miniatures des coffrets invendus.

On pourrait aussi ajouter à cette liste le rare cendrier avec la Panhard. Le cendrier est estampillé Solido. La boîte à elle seule transpire l’idée du luxe. D’ailleurs sur la notice le vocable est utilisé.

Durant la période de la présidence De Vazeilles, les coffrets hors norme ont été le fil rouge de la production. Ils témoignent d’une réelle volonté de proposer des jouets différents de ceux des concurrents, et d’associer à la marque une image de qualité. Une certaine idée du luxe en somme.

 

 

C’est un métier !

C’est un métier !

Vous souvenez-vous de l’achat de votre dernière paire de chaussures? Non? c’est normal. Désormais, on achète généralement ses chaussures chez des commerçants qui pourraient le lendemain vendre des parapluies ou des surgelés.

Vous rappelez-vous la dernière fois qu’un vendeur vous a installé confortablement pour mesurer votre pied, a pris ensuite un chausse-pied pour vous passer la chaussure, vous a demandé de vous lever, et a finalement tâté l’extrémité de la chaussure pour voir où le pied arrivait ? Il y a très, très longtemps n’est-ce pas ?

Pourtant dans la boutique de mes parents, il aurait été impensable qu’un client se serve lui-même et enfile seul la chaussure à son pied.

Mon père qui reprenait l’affaire familiale avait appris son métier en passant son brevet de technicien du cuir. A la fin de ses études, il savait, entre autres, fabriquer une chaussure de A à Z. Je revois dans son bureau les exemplaires qu’il avait présentés en fin de cycle pour valider son diplôme comme d’autres présentent une thèse. Il était fier de me montrer son travail d’artisan. Ces chaussures, de taille réduite, de la pointure de celle d’un enfant de dix ans en fait, reprenaient exactement les formes des chaussures d’adulte.

Mon père aimait faire partager son métier et sa passion du cuir à ses clients en les conseillant. Une chaussure, il savait ce que c’était et comment c’était fait ! Il prenait parfois le temps de faire une réparation pour un client. C’était une autre époque. Il faut vivre avec son temps.

Désormais, une paire de chaussures cousues main, n’est pas à la portée de toutes les bourses…et qui sait encore apprécier ce travail ?

Dans mon magasin, il arrive qu’un nouveau client me demande mon avis. Que me conseillez-vous pour débuter une collection ? Pas facile de répondre à ce type de question…

Une collection c’est une réunion d’objets choisis en fonction d’une sensibilité personnelle. Elle reflète la personnalité de chacun et en dit souvent beaucoup sur son existence. Les souvenirs, les affinités pour un constructeur automobile, ou pour un fabricant de jouets, mais aussi les rêves. Tous ces éléments façonnent le collectionneur de jouets automobiles.

Si la personne a une affinité avec les Dinky Toys, alors je l’orienterai sans hésitation sur les camions de la série 25 anglaise !

Pourquoi ? Ces modèles répondent parfaitement à « l’esprit » Dinky Toys : des miniatures automobiles créées pour animer les réseaux de trains Hornby.

Quoi de plus vivant que ces camions 25 imaginés pour faire vivre les quais de marchandises Hornby. Avec un peu d’imagination, il est facile de voir le « 25 E » équipé de sa benne basculante venant chercher le sable qui arrive par wagon tombereau ou bien le  » 25C » avec sa carrosserie plateau chargeant ses fûts et ses sacs de toile sur le quai de la gare de marchandises. Avec leurs carrosseries variées ils ont attisé l’imagination des enfants.

Ces camions « 25 » ont participé à la vie des réseaux Hornby, bien plus encore que les autos, cantonnées au rôle de décor fixe. Observez les photos de diorama créés par Meccano, les autos sont le plus souvent sur des parkings. Ce n’est donc pas un hasard si la gamme des autos s’est rapidement développée de manière autonome.

Les autos de la série 24 ont pris leur indépendance dans les catalogues Meccano où rapidement elles ont été conçues comme des reproductions automobiles que les enfants pouvaient identifier comme telles : Daimler, Chrysler, Rolls Royce et Vauxhall. Elles ont rapidement perdu leur fonction d’animation des réseaux de train contrairement aux petits utilitaires.

Signalons une incohérence de la part de Meccano. On dit toujours que l’échelle choisie pour sa gamme Dinky Toys a été le 1/43, échelle correspondant à l’échelle de reproduction de ses trains Hornby.

Si cela est vrai pour les autos, force est de constater que pour d’évidentes raisons de coût (la quantité de zamac est moindre pour un camion réduit au 1/50 qu’au 1/43), de logique de gestion (taille des boîtes de conditionnement identique pour les autos et les camions) mais aussi d’harmonisation et d’équilibre esthétique, ces camions série 25 sont réduits au 1/50 environ.

Le succès international de ces camions 25 est dû à une autre cause. Ces camions ont une forme générique. Après guerre Dinky Toys oubliera cet aspect, se cantonnant à reproduire des véhicules (trop?) typés britanniques (voir le blog consacré au Leyland Comet)

Tout enfant, qu’il soit américain, suédois, brésilien ou anglais, reconnaît dans ce jouet la reproduction du camion qu’il croise au coin de sa rue tous les matins. C’est l’image, le stéréotype du camion du milieu des années trente, avec son petit capot et ses deux gros phares accolés à la calandre .

Les couleurs participent aussi au charme de la série. Très colorés avant-guerre, période d’insouciance ils vont, à partir de 1946, date de la reprise d’activité à Binns Road, s’habiller de nuances sobres, représentatives de cette période d’après. Les nuances vont du beige au gris, en passant par le vert et le bordeaux.

C’est l’époque. Cependant, comme pour essayer de retrouver un peu de joie, Binns Road ajoutera un peu de jaune, de rouge et même d’orange. On note que généralement ces couleurs sont les plus difficiles à se procurer aujourd’hui, prouvant bien qu’elles ont été faites en petite quantité.

Enfin, dernier élément, et non des moindres pour justifier mon choix. Ces modèles, je parle des productions d’après-guerre, sont pour la plupart encore faciles à se procurer. Leur cote est donc très abordable. De plus, on peut assez facilement, trouver des modèles en très bel état de conservation. les prix sont raisonnables, la gamme n’attire pas les faussaires !

Je suis surpris qu’il n’y ait pas plus d’amateurs. Sûrement parce que peu de gens ont su montrer tout l’intérêt de ces camions qui synthétisent merveilleusement l’esprit Dinky Toys.

Un Dinky Toys doit-il être cher pour être beau ? sûrement pas ! Certains vont me dire qu’ils n’ont pas de boîtes ? J’entendais déjà il y a trente ans cet argument, notamment en Grande-Bretagne, où ces objets du fait de l’absence de boîtage intéressaient peu de collectionneurs.

Les mentalités évoluent lentement, et si je devais donner un conseil ce serait de profiter des prix modérés.

Green Cad’

Green Cad’

Splendide, impériale, elle trône dans une artère d’un quartier de New York que l’on devine huppé. Elle est à sa place . C’est une Cadillac. Rutilante dans sa robe bleu-vert métallisé.

Je devrais d’ailleurs dire « elles » car elles sont deux, en tout point identiques. Tout le long du film  « Green Book » de Peter Farrelly, elles vont servir de fil conducteur à l’histoire. Un road movie à travers les Etats du sud de l’Amérique avec pour acteurs un chauffeur italo-américain et trois musiciens de jazz.

Or au début des années soixante, dans les Etats du Sud, la ségrégation raciale est toujours très présente.

Le film est tiré d’une histoire vraie : la rencontre improbable d’un pianiste surdoué, Don Shirley qui, du fait de sa couleur de peau n’a pu faire une carrière de soliste et d’un immigré d’origine italienne, Tony Lip, qui accepte le boulot de chauffeur de maître le temps d’une tournée pour renflouer son compte en banque.

Tout les oppose. Si le pianiste noir est raffiné, cultivé, le chauffeur qui s’est donné comme surnom « Tony la tchatche » est plutôt mal dégrossi et capable de manger au volant de sa Cadillac son fried-chicken avec les mains !

Petit plaisir auquel il initiera son illustre passager.

En se tournant vers le jazz, Don Shirley a obtenu la reconnaissance d’un public de connaisseurs. Il sera même invité à la Maison Blanche, par les Kennedy qui veulent faire bouger les mentalités sur la question de la ségrégation raciale.

Pianiste reconnu, il est recherché par la bonne société chez qui il est de bon ton de l’inviter. Comme par défi choisit de faire une tournée dans les Etats du Sud.

Malgré sa renommée il va connaitre les humiliations faites aux gens de couleur : les hôtels, les restaurants, les bars réservés aux noirs. Le titre du film de Peter Farrelly, « Green book » reprend le titre du guide édité pour les gens de couleur qui voyageaient, afin de leur indiquer les endroits où ils étaient autorisés à s’arrêter.

Une des scènes les plus marquantes est celle où le trio est invité à jouer chez un riche propriétaire du Sud qui a organisé une réception fastueuse. La Cadillac est garée devant l’entrée de l’opulente demeure.

On leur fait remarquer que leur auto a la place d’honneur. Aux yeux de tous elle est bien le symbole de la réussite et ils sont accueillis comme des hôtes de qualité.

A l’entracte cependant, Don Shirley se verra interdire par le majordome l’accès des toilettes et sera invité à utiliser la cabane en bois, au fond du parc, réservée aux gens de couleur !

Il sera finalement moins bien traité que sa voiture.

De nombreux fabricants de jouet ont reproduit cette fameuse Cadillac 62 (millésime soixante), auto  qui a marqué une époque.

La couleur verte est omniprésente chez les différents fabricants de jouets qui l’ont mise à leur catalogue : du vert pâle  et du vert foncé de la Politoys au bleu-vert métallisé des Dinky Toys, Cherryca et Diapet.

La teinte de ces trois dernières ressemble à celle vue dans le film. A cette époque les peintures métallisées sont synonymes de luxe. Cette couleur sied parfaitement au modèle. Le fabricant anglais Lonestar optera pour un bleu soutenu et un  bleu pâle pour sa version réalisée pour Tootsietoy.

Et puis elle change de la couleur noire fortement associée à la marque. On ne compte plus les films avec des Cadillac noires, accessoires de la pègre, du pouvoir, de la finance. Cherryca Phenix la déclinera également dans cette teinte .

Le premier constat que l’on peut faire est qu’à part Politoys, les trois autres fabricants de jouets ont choisi une échelle de reproduction plus proche du 1/50, afin de la faire cohabiter avec le reste de leur gamme, sans que cela entraîne des surcoûts de fabrication et des problèmes de conditionnement.

La Politoys est donc au 1/43 mais souffre de ses parties ouvrantes disgracieuses. Dommage. Il existe, comme pour toutes les Politoys une dérivée mexicaine chez Mc Gregor . Elle porte sur son châssis le logo de la firme de Mexico. Elle est également équipée de jantes différentes qui évolueront au gré de la production.

Celle proposée par Dinky Toys est à l’image de la firme de Liverpool. Elle symbolise son déclin. Les formes sont brouillonnes, mal proportionnées. On a du mal à percevoir toute la classe de cette auto. Que dire des versions peu crédibles  « police US » et « police montée canadienne »?

Cherryca Phenix ne réussira pas non plus à traduire les qualités de la Cadillac. C’est bien le conditionnement (taille de la boîte) qui a contraint Cherryca à la compresser .

On ne comprend pas comment la marque japonaise qui a offert une belle Dodge Polara, une Chevrolet Impala ou une Ford Falcon des plus réussies a pu ainsi rater sa Cadillac. La firme japonaise avait les moyens d’offrir une « belle » Cadillac mais l’harmonisation des boîtages a eu le dernier mot. Dommage. Cette Cadillac est difficile à se procurer. Elle me semble plus rare que les autres reproductions d’autos américaines.

 

La version tardive, sortie chez Diapet est très rare. La boîte blanche, portant juste un tampon avec la référence et le nom du modèle prouve que la quantité produite fut des plus réduite. Elle se distingue par sa couleur (bicolore) et par le logo Diapet frappé sur le chassis.

On reste admiratif devant le talent d’un cinéaste qui, dans « Green book », en utilisant des véhicules d’une autre époque, quelque panneaux de signalisation ou des publicités réussit à nous replonger dans le passé.

 

Le mal-aimé.

Le mal-aimé

Un gamin. Avec ses cheveux ébouriffés, il semble se réjouir de la bonne farce qu’il vient de jouer. Parfois le sourire peut virer aux larmes quand on n’a pas bien mesuré les répercussions de sa blague. L’enfance est apprentissage.

C’est l’image qui m’est venue à l’esprit lorsque j’ai vu le Premier Ministre britannique présenter ses voeux pour 2020.

Enfin débarrassé de l’Europe et de Bruxelles, semble-t-il dire.

Il tente dans son allocution de communiquer son enthousiasme à ses compatriotes : « “A fantastic year and a remarkable decade for our United Kingdom”.

Malgré cela, cette année 2020 a été particulièrement difficile pour nos voisins britanniques, entre l’impréparation du Brexit et la crise sanitaire.

Le Premier Ministre fanfaronnait encore début mars dans une conférence de presse « J’étais en visite dans un hôpital où il y avait des patients du Covid et vous serez contents de savoir que j’ai serré les mains à tout le monde » (source Le Monde 12/01/2021 article d’Eric Albert) avant de se retrouver plus tard durant 3 jours en soins intensifs, soigné par des infirmiers étrangers.

Comme le rappelle le journaliste, ceux-là mêmes qui pourraient bien avoir du mal en 2021 à obtenir un visa pour travailler en Grande-Bretagne. Avis de tempête annoncé.

En tant qu’Européens « continentaux », nous voyons dans ce type de comportement au pire, une forme d’arrogance, au mieux une singularité britannique.

Singularité c’est le mot qui me vient à l’esprit. Durant toute ma scolarité, on ma expliqué que nos voisins britanniques ne faisaient rien comme les autres : système de mesure, prises électriques, sens de circulation sur les routes et maintenant claviers d’ordinateurs !

A travers nos collections de jouets nous mesurons aussi cette singularité. La production de Dinky Toys Liverpool est révélatrice plus qu’aucune autre de cet état de fait.

Corgi Toys et Matchbox ont su garder juste ce qu’il faut de singularité britannique dans leur gamme et ont pu ainsi se développer dans le monde entier de façon durable.

 

Les camions anglais équipés d’une calandre en forme de fer à cheval, type Guy ou Foden MK1 ont le charme du passé. Si les marques européennes ont modernisé leur gamme après la seconde guerre mondiale, les anglais sont restés eux très conservateurs. Un Foden MK2 en 1955 semble venir d’un autre âge par rapport aux Mercedes, Volvo, Scania ou Berliet de la même époque.

 

 

Une question me taraude : comment Hudson Dobson a-t-il pu vendre aux USA des Foden type 1, fer de lance des catalogues Dinky Toys de l’après-guerre ?

Jusqu’en 1951-52, afin de faire rentrer des devises, l’exportation vers les USA a été le débouché commercial principal de Binns Road, en attendant que le pays se relève et que la consommation britannique reparte.

Aux USA, ces Foden devaient sembler venir d’une autre planète. Comment les enfants habitués à voir des Mack, Autocar et autres tracteurs à long capot sillonner les highways ont-ils pu accepter de jouer avec des camions porteurs, habillés d’une cabine avancée et équipés de châssis à 4 essieux ?

Ces Foden sont adulés en Grande-Bretagne, comme les Leyland Octopus. Ce sont « leurs camions ».

En fait c’est surtout le type de carrosserie à 4 essieux qui emporte l’adhésion, plus que le nom du constructeur. Nous retrouvons chez les amateurs de Spot-On le même engouement pour les 4 essieux qu’ils soient badgés AEC Mammoth ou ERF 88G.

Il suffit de voir la cote élevée de ces camions à 4 essieux par rapport aux autres, les porteurs simples ou tracteurs semi-remorque pour s’en persuader.

Lorsque nous avons abordé la collection de poids lourds Dinky Toys, nous avons été fort surpris de voir que l’échelle de prix échappait à une certaine logique, qui veut que le prix soit fait en fonction de la rareté et de la demande.

Un Foden MK1 plateau de couleur classique valait beaucoup plus qu’un Leyland Comet rare. Ainsi je me souviens fort bien de l’acquisition du très rare Leyland Comet rouge et bleu aux enchères.

Il reprend la couleur du prototype Austin ridelles qui n’a jamais vu le jour. C’était le premier exemplaire que je voyais, j’avais fait le voyage en Angleterre en grande partie pour l’acquérir, et il fit ce jour là moins cher que tous les Foden Type 1 que l’on voyait pourtant quasiment à chaque vente.

Dans la gamme Dinky Toys, un autre camion bénéficie d’une belle cote d’amour : le Guy, avec sa cabine typée. Sa cote est cependant inférieure à celle des fameux 4 essieux. Le mal-aimé dans cette série de camions, c’est le Leyland Comet !

En y réfléchissant, je ne vois qu’une explication. Trop banal ! pas assez « British » ! Avec son capot long , il ressemble un peu trop aux véhicules européens. Pourtant, il est beau ce Leyland Comet. Je le trouve même majestueux. Sa dimension le place dans les « gros » camions, de la gamme Supertoys. Son empattement long peut déplaire à certains.

Dinky Toys a proposé trois carrosseries afin d’amortir son moule. Ces trois carrosseries sont plus élaborées que celles qui équipent les camions décrits précédemment : la version plateau est habillée de panneaux latéraux verticaux. La version ridelles est équipée d’un hayon mobile et enfin la troisième version est équipée de ridelles ajourées réalisées en tôle épaisse.

Le plateau n’est connu qu’en Portland Cement. Il est fort réussi. Au fil de la production sa couleur jaune évoluera, pour finir dans une nuance plus pâle. Binns Road aurait sans doute gagné à fournir un chargement de sacs de ciment. Le plateau qui équipe le Guy a été calculé pour recevoir le cadre en bois provenant de la gamme Hornby. L’absence de publicité laisse libre cours à l’imagination de l’enfant dans son utilisation ludique. Ce n’est pas le cas avec le Comet et sa publicité « Porland Cement » qui a sûrement bridé son utilisation auprès des enfants.

Celui équipé de ridelles hautes a reçu plusieurs combinaisons de couleurs. Il a d’abord repris la teinte du prototype Austin, prouvant bien que cette harmonie avait plu à la direction. C’est la couleur rare.

Une autre combinaison de couleurs est rare, celle finie en bleu foncé avec les ridelles bleu clair. Très rapidement le bleu layette sera remplacé par un bleu soutenu. Comme mon ami Charles, j’aime ce camion et je n’ai pas hésité à rechercher les variantes de couleurs …de jantes !

Ainsi, celui très classique ayant deux tons de bleu, prend un intérêt supplémentaire si il possède des jantes de couleur crème, rouge et mieux encore jaune. Bien souvent ces variantes correspondent à un moment particulier de la production. Elles possèdent donc des nuances de bleu différentes tout comme la version équipé de la ridelle ajourée.

Les premiers exemplaires  de ce dernier sont finis en bleu, allant du bleu  de saxe au bleu violine et sont équipés d’une caisse couleur caramel censée imiter le bois. Vous pouvez aussi faire les variantes de jantes.

C’est la couleur tardive qui est la plus rare. Elle est finie en jaune et vert pâle, mariage particulièrement heureux pour un jouet à mes yeux.

A ce sujet on peut parler d’une franche réussite au niveau de la gamme des couleurs. Certain Foden Type 1 et Guy sont un peu trop classiques, un peu  trop sages.

La palette des Leyland Comet est somptueuse et j’ai profité de ce désintérêt pour ce camion pour multiplier les variantes. Les choses évoluent d’ailleurs. Désormais, il me semble qu’il suscite plus d’intérêt qu’il ya quarante ans. L’écart s’est tout de même réduit avec les Foden. Profitez-en avant qu’il ne soit trop tard !

 

Des formes avantageuses

Des formes avantageuses.

Tous les goûts sont dans la nature. Il suffit d’arpenter les allées d’un musée comme Le Louvre pour constater qu’à travers les siècles, l’idéal morphologique a évolué.

Si l’on prend comme point de départ, tout à fait arbitraire, la Grèce antique, ce sont d’abord les hommes qui ont été représentés dans le plus simple appareil.

Au milieu du XV siècle, le statut des artistes évolue avec les commandes de riches marchands flamands. Les sujets ne sont plus uniquement religieux.

Adam et Eve sont prétexte à représenter le corps de la femme dénudée. Une des premières Eve, celle de Van Eyck en 1432 a dû choquer plus d’un fidèle.

Que dire de l’érotisme sous-jacent de celles de Lucas Cranach au milieu du XVI siècle? Bientôt la mythologie fournira d’autres arguments aux peintres mais aussi aux mécènes.

Même si vous n’êtes pas un amateur de musées, les nus de Rubens n’ont pu vous laisser indifférents. A regarder ces femmes bien en chair, à l’opposé des critères des stylistes de mode actuels on comprend que les critères de beauté ont évolué.

Pourtant dans l’éditorial du magazine Le Monde daté du 31 octobre 2020, la journaliste Marie-Pierre Lannelongue commence son papier ainsi:

« Sans mes fesses, je n’aurais jamais pu venir dans un endroit pareil ».

L’éditorialiste nous invite à lire l’article de la journaliste Ghalia Kadiri. On apprend qu’au Maroc, les cliniques de chirurgie esthétique se multiplient. Mieux, le Maroc serait en train de concurrencer les pays leaders, les Etats-Unis et le Brésil. Le phénomène s’explique par l’explosion d’audience des réseaux sociaux où de jeunes marocaines publient clichés et vidéos pour expliquer comment leur vie s’est métamorphosée depuis qu’elles ont eu recours à la chirurgie esthétique.

L’opération relève de l’investissement.

La journaliste raconte que certaines d’entre elles, entretenues par de riches hommes, « font même désormais vivre leur famille avec leurs fesses ». Le modèle est une certaine Kim Kardashian. Nombre de jeunes femmes rêvent d’en devenir le clone.

La journaliste nous emmène à la rencontre du chirurgien le plus célèbre, un certain « docteur Guess » (Mohamed Guessous). Son but explique t-il est de démocratiser la chirurgie esthétique. Il a rebaptisée l’opération consistant à prélever la graisse du ventre de la patiente pour la réinjecter dans les fesses « MBL » : Maroccan Butt Lift en place du traditionnel et labellisé « BBL » (Brazilian Butt Lift).

Ce dernier se targue de proposer à ses clientes plusieurs tailles de fesses: de « S » à « XL », mais n’incite pas à la modération car « plus c’est gros plus ça marche ! ».

Le docteur Guess a même inventé la silhouette « Ferrari »: « c’est un BBL auquel on a ajouté un côté latéral pour plus de féminité par rapport aux fesses bombées du Brésil, où sont préférées les silhouettes sportives. »

Si Enzo Ferrari était encore de ce monde, aurait-il été heureux de cette comparaison ?

J’ai cherché une Ferrari qui pourrait correspondre à cet idéal alliant rondeur, féminité et sex appeal.

Un modèle me parait assez bien correspondre : la Ferrari 275GTB.

Elle a, me semble t-il, une place particulière dans la généalogie des Ferrari de route.

L’auto est superbe, c’est évident, et elle a marqué les esprits à sa sortie. Pour s’en convaincre il suffit de lister les fabricants de miniatures qui l’ont mise à leur catalogue : Dinky Toys, Politoys, Edil Toys, Norev, et même le Tchèque Igra, sans compter les dérivés (Meboto, Mc Gregor)

Pourtant quand on regarde l’histoire, on peut se dire que Solido a bien fait d’attendre et de proposer celle qui a suivi et qui allait, de manière radicale donner un sérieux coup de vieux à la 275GTB, la Ferrari 365GTB4 Daytona. Avec ses formes anguleuses, cette dernière tranche radicalement. Finies les rondeurs de la 275GTB. Le modèle qui fait école c’est la Carabo et ses angles, suivie de toutes les productions italiennes de chez Bertone, Ital Design et autres Pininfarina.

Les Lamborghini Miura, puis les Maserati Indy, Lancia Stratos, Lamborghini Countach et autres pur-sangs italiens vont arriver et notre 275GTB va très vite se trouver démodée. Curieux destin pour cette auto qui marque pour moi la fin d’une période. Enfant, j’avais déjà ce ressenti. La 275GTB aussi belle soit-elle m’a toujours semblé tournée vers le passé. Un passé glorieux certes, mais le passé.

Dinky Toys a offert un modèle sublime. Sans chauvinisme aucun, c’est la plus belle reproduction industrielle de cette auto. Bobigny a fait de gros efforts. Admirez les lignes d’échappement en plastique chromé rapportées, bien proportionnées, n’alourdissant nullement le modèle et n’entravant  pas son roulement. C’est sûr, nous sommes en présence d’une maquette plus que d’un jouet.

Toutes les parties sont ouvrantes et les dessinateurs du bureau d’étude ont réussi la gageure de ne pas altérer la ligne du modèle. Les vitres des portières à demi baissées permettent d’admirer l’habitacle. Raffinement supplémentaire, des autocollants ont même été créés afin de cacher les disgracieuses fixations de vitres. Pare-chocs rapportés en plastique chromé, feux et clignotants en strass : le grand jeu. Elle supplante à mes yeux les fabrications italiennes (Politoys et Edil Toys) qui sont pourtant de très bon niveau.

Les couleurs choisies sont réalistes. J’ai un faible pour celle de couleur jaune, qui permet de rompre la monotonie dans une vitrine consacrée aux Ferrari où la couleur rouge domine.

Sachez que quelques exemplaires ont été réalisés en rouge-métallisé (rubino). Le résultat est superbe. J’ai récupéré la mienne chez Jean-Bernard Sarthe qui avait eu la vraie, avec laquelle il avait fait quelques rallyes régionaux et autres courses de côte.

La version bicolore mérite que l’on s’y attarde. Elle est d’origine. Il ne faut pas la confondre avec les modèles bariolés (Citroën DS19…) remontés par un vendeur établi au marché de Vanves dans les années 90 avec des pièces provenant de l’usine après sa fermeture. Cette Ferrari je l’ai récupérée chez un couple qui travaillait sur la chaîne à Bobigny. L’histoire est assez singulière. Peu de temps après mon installation en 1984, ils m’avaient contacté pour me vendre un lot de 150 pièces. Superbe. Ils m’avaient expliqué qu’ils avaient constitué pour chacun de leurs deux enfants une petite collection identique. Ils me proposèrent d’abord la collection de leur fille. Cette dernière n’ayant aucune affinité avec les Dinky Toys, elle les avait conservées dans un grand carton, dans leur boîte, sans les avoir jamais ouvertes.

C’est là que j’ai eu cette version bicolore ainsi qu’une R8S jaune avec bande blanche. Leur authenticité ne fait aucun doute.

On peut imaginer que les ouvriers travaillant sur la chaîne avaient été inspirés pour la Ferrari par ce que proposait Norev à la même époque dans son coffret Stock car et sur sa CD Peugeot.

La permutation des ouvrants avec un modèle fini dans une autre couleur permettait d’obtenir à peu de frais un modèle « course » bicolore rompant la monotonie.

Ces autos ont-elles eu l’aval de la direction ? Sont-elles juste des amusements d’ouvriers qui, profitant de l’absence du contremaître, se permettaient de tels montages à l’insu de la direction ? cela est fort possible.

Tout récemment chez un autre ouvrier ayant travaillé sur la chaine j’ai récupéré une Ferrari 500F2 tardive jantes concaves affublée de jantes kaki militaires rigoureusement matées chez Dinky Toys. Les ouvriers semblent avoir gardé ces objets comme des trophées.

Revenons à notre Ferrari bicolore. L’histoire ne s’arrête pas là. Un an après, ils sont revenus me voir. Ils avaient été contents de la première transaction, et m’ont proposé la collection du fils, rigoureusement identique, à un détail près : le jeune garçon avait soigneusement exposé les modèles dans sa chambre et avait jeté les boîtes…impossible pour moi d’acheter une telle collection au même prix qu’avec les boîtes. Déjà il y a 35 ans les boîtes ajoutaient une plus-value importante.La Ferrari 275GTB  était en contraste de la première…

J’ai récupéré cette seconde auto plus tard, au hasard d’un achat mais je ne l’ai pas conservée. Que penser de ces modèles ? Il sont à mon sens de simples témoignages de la vie sur la chaîne de Bobigny. Ils n’ont pas à mes yeux l’intérêt du modèle peint de couleur rouge-métallisé qui lui a eu l’aval de la direction et du bureau d’étude.

La Ferrari 275GTB a une place à part dans mon histoire de collectionneur. C’est la seule Dinky Toys France que j’ai acquise directement en boutique ! En 1975 les Nouvelles-Galeries de Compiègne avaient reçu un arrivage de Dinky Toys. Quand j’ai pu récupérer le catalogue général de 1975, quelle ne fut pas ma surprise de m’apercevoir que le modèle était encore en stock chez Dinky Toys en 1975 comme d’ailleurs quelques véhicules militaires !

Ce modèle a donc eu une longue vie. Nous avons été tout heureux d’acheter les 3 modèles proposés et nous nous en sommes servi de monnaie d’échange comme cela se faisait à cette époque.

Prochain blog le 20 Mars 2021.