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Des formes avantageuses

Des formes avantageuses.

Tous les goûts sont dans la nature. Il suffit d’arpenter les allées d’un musée comme Le Louvre pour constater qu’à travers les siècles, l’idéal morphologique a évolué.

Si l’on prend comme point de départ, tout à fait arbitraire, la Grèce antique, ce sont d’abord les hommes qui ont été représentés dans le plus simple appareil.

Au milieu du XV siècle, le statut des artistes évolue avec les commandes de riches marchands flamands. Les sujets ne sont plus uniquement religieux.

Adam et Eve sont prétexte à représenter le corps de la femme dénudée. Une des premières Eve, celle de Van Eyck en 1432 a dû choquer plus d’un fidèle.

Que dire de l’érotisme sous-jacent de celles de Lucas Cranach au milieu du XVI siècle? Bientôt la mythologie fournira d’autres arguments aux peintres mais aussi aux mécènes.

Même si vous n’êtes pas un amateur de musées, les nus de Rubens n’ont pu vous laisser indifférents. A regarder ces femmes bien en chair, à l’opposé des critères des stylistes de mode actuels on comprend que les critères de beauté ont évolué.

Pourtant dans l’éditorial du magazine Le Monde daté du 31 octobre 2020, la journaliste Marie-Pierre Lannelongue commence son papier ainsi:

« Sans mes fesses, je n’aurais jamais pu venir dans un endroit pareil ».

L’éditorialiste nous invite à lire l’article de la journaliste Ghalia Kadiri. On apprend qu’au Maroc, les cliniques de chirurgie esthétique se multiplient. Mieux, le Maroc serait en train de concurrencer les pays leaders, les Etats-Unis et le Brésil. Le phénomène s’explique par l’explosion d’audience des réseaux sociaux où de jeunes marocaines publient clichés et vidéos pour expliquer comment leur vie s’est métamorphosée depuis qu’elles ont eu recours à la chirurgie esthétique.

L’opération relève de l’investissement.

La journaliste raconte que certaines d’entre elles, entretenues par de riches hommes, « font même désormais vivre leur famille avec leurs fesses ». Le modèle est une certaine Kim Kardashian. Nombre de jeunes femmes rêvent d’en devenir le clone.

La journaliste nous emmène à la rencontre du chirurgien le plus célèbre, un certain « docteur Guess » (Mohamed Guessous). Son but explique t-il est de démocratiser la chirurgie esthétique. Il a rebaptisée l’opération consistant à prélever la graisse du ventre de la patiente pour la réinjecter dans les fesses « MBL » : Maroccan Butt Lift en place du traditionnel et labellisé « BBL » (Brazilian Butt Lift).

Ce dernier se targue de proposer à ses clientes plusieurs tailles de fesses: de « S » à « XL », mais n’incite pas à la modération car « plus c’est gros plus ça marche ! ».

Le docteur Guess a même inventé la silhouette « Ferrari »: « c’est un BBL auquel on a ajouté un côté latéral pour plus de féminité par rapport aux fesses bombées du Brésil, où sont préférées les silhouettes sportives. »

Si Enzo Ferrari était encore de ce monde, aurait-il été heureux de cette comparaison ?

J’ai cherché une Ferrari qui pourrait correspondre à cet idéal alliant rondeur, féminité et sex appeal.

Un modèle me parait assez bien correspondre : la Ferrari 275GTB.

Elle a, me semble t-il, une place particulière dans la généalogie des Ferrari de route.

L’auto est superbe, c’est évident, et elle a marqué les esprits à sa sortie. Pour s’en convaincre il suffit de lister les fabricants de miniatures qui l’ont mise à leur catalogue : Dinky Toys, Politoys, Edil Toys, Norev, et même le Tchèque Igra, sans compter les dérivés (Meboto, Mc Gregor)

Pourtant quand on regarde l’histoire, on peut se dire que Solido a bien fait d’attendre et de proposer celle qui a suivi et qui allait, de manière radicale donner un sérieux coup de vieux à la 275GTB, la Ferrari 365GTB4 Daytona. Avec ses formes anguleuses, cette dernière tranche radicalement. Finies les rondeurs de la 275GTB. Le modèle qui fait école c’est la Carabo et ses angles, suivie de toutes les productions italiennes de chez Bertone, Ital Design et autres Pininfarina.

Les Lamborghini Miura, puis les Maserati Indy, Lancia Stratos, Lamborghini Countach et autres pur-sangs italiens vont arriver et notre 275GTB va très vite se trouver démodée. Curieux destin pour cette auto qui marque pour moi la fin d’une période. Enfant, j’avais déjà ce ressenti. La 275GTB aussi belle soit-elle m’a toujours semblé tournée vers le passé. Un passé glorieux certes, mais le passé.

Dinky Toys a offert un modèle sublime. Sans chauvinisme aucun, c’est la plus belle reproduction industrielle de cette auto. Bobigny a fait de gros efforts. Admirez les lignes d’échappement en plastique chromé rapportées, bien proportionnées, n’alourdissant nullement le modèle et n’entravant  pas son roulement. C’est sûr, nous sommes en présence d’une maquette plus que d’un jouet.

Toutes les parties sont ouvrantes et les dessinateurs du bureau d’étude ont réussi la gageure de ne pas altérer la ligne du modèle. Les vitres des portières à demi baissées permettent d’admirer l’habitacle. Raffinement supplémentaire, des autocollants ont même été créés afin de cacher les disgracieuses fixations de vitres. Pare-chocs rapportés en plastique chromé, feux et clignotants en strass : le grand jeu. Elle supplante à mes yeux les fabrications italiennes (Politoys et Edil Toys) qui sont pourtant de très bon niveau.

Les couleurs choisies sont réalistes. J’ai un faible pour celle de couleur jaune, qui permet de rompre la monotonie dans une vitrine consacrée aux Ferrari où la couleur rouge domine.

Sachez que quelques exemplaires ont été réalisés en rouge-métallisé (rubino). Le résultat est superbe. J’ai récupéré la mienne chez Jean-Bernard Sarthe qui avait eu la vraie, avec laquelle il avait fait quelques rallyes régionaux et autres courses de côte.

La version bicolore mérite que l’on s’y attarde. Elle est d’origine. Il ne faut pas la confondre avec les modèles bariolés (Citroën DS19…) remontés par un vendeur établi au marché de Vanves dans les années 90 avec des pièces provenant de l’usine après sa fermeture. Cette Ferrari je l’ai récupérée chez un couple qui travaillait sur la chaîne à Bobigny. L’histoire est assez singulière. Peu de temps après mon installation en 1984, ils m’avaient contacté pour me vendre un lot de 150 pièces. Superbe. Ils m’avaient expliqué qu’ils avaient constitué pour chacun de leurs deux enfants une petite collection identique. Ils me proposèrent d’abord la collection de leur fille. Cette dernière n’ayant aucune affinité avec les Dinky Toys, elle les avait conservées dans un grand carton, dans leur boîte, sans les avoir jamais ouvertes.

C’est là que j’ai eu cette version bicolore ainsi qu’une R8S jaune avec bande blanche. Leur authenticité ne fait aucun doute.

On peut imaginer que les ouvriers travaillant sur la chaîne avaient été inspirés pour la Ferrari par ce que proposait Norev à la même époque dans son coffret Stock car et sur sa CD Peugeot.

La permutation des ouvrants avec un modèle fini dans une autre couleur permettait d’obtenir à peu de frais un modèle « course » bicolore rompant la monotonie.

Ces autos ont-elles eu l’aval de la direction ? Sont-elles juste des amusements d’ouvriers qui, profitant de l’absence du contremaître, se permettaient de tels montages à l’insu de la direction ? cela est fort possible.

Tout récemment chez un autre ouvrier ayant travaillé sur la chaine j’ai récupéré une Ferrari 500F2 tardive jantes concaves affublée de jantes kaki militaires rigoureusement matées chez Dinky Toys. Les ouvriers semblent avoir gardé ces objets comme des trophées.

Revenons à notre Ferrari bicolore. L’histoire ne s’arrête pas là. Un an après, ils sont revenus me voir. Ils avaient été contents de la première transaction, et m’ont proposé la collection du fils, rigoureusement identique, à un détail près : le jeune garçon avait soigneusement exposé les modèles dans sa chambre et avait jeté les boîtes…impossible pour moi d’acheter une telle collection au même prix qu’avec les boîtes. Déjà il y a 35 ans les boîtes ajoutaient une plus-value importante.La Ferrari 275GTB  était en contraste de la première…

J’ai récupéré cette seconde auto plus tard, au hasard d’un achat mais je ne l’ai pas conservée. Que penser de ces modèles ? Il sont à mon sens de simples témoignages de la vie sur la chaîne de Bobigny. Ils n’ont pas à mes yeux l’intérêt du modèle peint de couleur rouge-métallisé qui lui a eu l’aval de la direction et du bureau d’étude.

La Ferrari 275GTB a une place à part dans mon histoire de collectionneur. C’est la seule Dinky Toys France que j’ai acquise directement en boutique ! En 1975 les Nouvelles-Galeries de Compiègne avaient reçu un arrivage de Dinky Toys. Quand j’ai pu récupérer le catalogue général de 1975, quelle ne fut pas ma surprise de m’apercevoir que le modèle était encore en stock chez Dinky Toys en 1975 comme d’ailleurs quelques véhicules militaires !

Ce modèle a donc eu une longue vie. Nous avons été tout heureux d’acheter les 3 modèles proposés et nous nous en sommes servi de monnaie d’échange comme cela se faisait à cette époque.

Prochain blog le 20 Mars 2021.

 

 

Réalisme Socialiste.

Réalisme Socialiste.

C’est un rectangle rouge. Intitulé « Pur rouge ». C’est un tableau. Il date de 1921. Son auteur est Alexandre Rodchenko.

Lors de la fameuse exposition d’art moscovite « 5 x 5 = 25 » Nikolaï Taraboukine dira de lui que c’est le « dernier tableau ».

"Pur rouge" d'Alexandre Rodchenko.
« Pur rouge » d’Alexandre Rodchenko.

La boucle est bouclée. Pour les artistes de l’avant-garde russe, « les constructivistes » il est temps pour l’art de passer à d’autres supports. Pour ce groupe d’artistes, la peinture de chevalet sera dès lors associée à la bourgeoisie.

Il s’agit désormais de fondre l’art dans la vie de tous les jours. Il doit être partout et pour tous. Tous les supports sont les bienvenus. La révolution de 1917 sera un formidable vecteur pour la mise en oeuvre de cette idée.

Cependant, dès 1920, le pouvoir bolchévique, Trotsky mais aussi Lénine, se montrent réservés à l’égard de cet art qu’ils ne comprennent pas. Pendant quelques années un certain pluralisme perdure. Le courant « constructiviste » cohabite avec un courant plus traditionnel attaché à un certain réalisme.

Quand Staline prend le pouvoir à la mort de Lénine, le changement est brutal. Ce dernier va mettre en place un art « officiel ». En 1932 apparaît le terme « réalisme socialiste ». Les artistes doivent traduire dans leurs oeuvres non pas la réalité mais l’avenir radieux engendré par le communisme.

« Optimisme et idéalisation sont de rigueur », pour reprendre la phrase du commissaire de l’exposition du Grand Palais : « Rouge, art et utopie au pays des soviets ».

Pas question de sortir de ce cadre. Certain le paieront de leur vie. Malevitch sera écarté des expositions. Gustav Klutsis, spécialiste du photomontage et Vsevolod Meyerhold, metteur en scène seront déportés et fusillés. Beaucoup des artistes constructivistes peineront à trouver des commandes.

Les artistes doivent produire des oeuvres figuratives célèbrant le héros. Homme ou femme, .ils sont jeunes, en pleine possession de leurs moyens. Les corps sains sont glorifiés. Les thèmes des grands travaux reviennent souvent. Usine, mine, barrage, travaux des champs, toutes les activités productives sont ainsi représentées. L’avenir semble radieux pour la population .

Il m’a semblé intéressant de faire le parallèle avec la production de jouets automobiles. Placé devant ma vitrine, j’ai constaté un nombre élevé et inhabituel de véhicules industriels proposés aux enfants par les fabricants, comme si ces derniers avaient voulu traduire à travers leurs jouets ce « réalisme socialiste ».

Prenons le cas de la Tchécoslovaquie. Il est facile de faire le parallèle grâce à l’article paru sur la production automobile. (voir le blog consacré aux miniatures automobiles Tchèque).

Le cas le plus intéressant est celui du Skoda 706. Igra en a décliné pas moins de sept versions. Le fabricant n’a pas lésiné. A chaque fois il s’agit de vraies carrosseries et non de la déclinaison d’un modèle unique par adjonction d’une décalcomanie ou d’un accessoire.

Igra avait déjà proposé la première mouture de cette cabine du 706 (voir la calandre). Le fabricant n’avait alors visiblement décliné qu’une carrosserie, une benne simple. Les premiers exemplaires sont en bakélite, puis les suivants seront en plastique.

Restons avec Igra. Le Praga 5T a été décliné en au moins trois versions. Une originale grue, une benne de chantier et une citerne. Cette dernière version a reçu deux marquages différents : Mleko (lait) et Benzin.

Mon préféré chez Igra est le Skoda benne réalisé en bakélite avec son drapeau Tchèque sur le capot.

Enfin, signalons les trois variantes de la camionnette Barkas (pick-up, fourgon de police et ambulance),

Smer est l’autre grande firme Tchèque ayant reproduit des jouets automobiles.

Le tracteur Praga semi-remorque porte-engin est un engin impressionnant. Il est peu fréquent.

Contrairement aux autres fabricants de jouets, Smer n’a pas décliné de version militaire. Il est intéressant de constater que ces firmes ont préféré mettre dans les mains des enfants des véhicules qui symbolisaient un avenir prometteur et pacifique.

Ma préférence chez Smer va au Skoda 706. La version équipée d’un fourgon rectangulaire frigorifique est sublime. Les deux citernes arborant des publicités Benzin et Prazdroj (bière) sont également très réussies. La version ridelles, classique, est elle aussi représentative d’une époque. L’échelle de reproduction est supérieure aux autres camions détaillés ce jour. Les premiers  exemplaires sont en bakélite.

Le Tatra 111 benne charbonnière est un modèle expressif. Il semble que cette cabine n’ait pas été réutilisée dans d’autres versions, en raison d’une conception monobloc.

Enfin, Smer sortira un autre camion à capot long. Il reproduit un Tatra (peut être un T148). Il existe deux carrosseries : une ridelle et une citerne , déclinée comme pour le Praga en laitier et en citerne essence.

Je ne pouvais oublier les fantastiques cars et trolleybus. Ites déclinera sur la même base un trolleybus (avec un mécanisme à remontage à clef) et un car (avec friction). Les boîtes sont un enchantement.

Le Skoda 706 de chez Smer est merveilleux. Il est équipé d’une friction. On appréciera la fluidité de la ligne. La finition au pochoir lui donne beaucoup de charme .

L’Ikarus en tôle est le fruit de la marque Omnia. C’est un objet peu fréquent .

Nul doute que toute une génération d’enfants a été bercée par ces véhicules utilitaires, symboles d’un avenir prometteur. A travers cette importante production de véhicules industriels, on comprend que les fabricants Tchèques avaient le désir de montrer à leur « petite » clientèle que l’avenir était dans les véhicules industriels et pas dans l’auto individuelle symbolisant la propriété.

C’est en tout cas mon interprétation, mais il s’agit peut être d’une lecture « occidentale ».Il serait intéressant pendant qu’il en est encore temps d’interroger sur ce point les gens ayant travaillé dans les firmes Smer, Igra ou Ites.

 

 

 

Prague au printemps, le temps de l’insouciance.

Prague au printemps, le temps de l’insouciance.

« Aviez-vous vu la date ? Mai 1968 !  » Je viens de la découvrir sur la languette de la boîte de la Tatra de la marque Tchèque Igra que j’ai entre les mains.

Igra Tatra 603 avec caravane (boîte 29/056/1968
Igra Tatra 603 avec caravane (boîte 29/056/1968

« Bien sûr me répond M Haas en riant, j’étais à Prague à ce moment là ! Nous sommes même allés sur le tournage d’un film de Truffaut aux studios Barrandov ».

Pour les Français, mai 1968, cela évoque le chaos social, la « chienlit » pour reprendre le mot de notre Président de la République de l’époque. Mais à l’Est, en Tchécoslovaquie, soufflait alors un vent d’espoir. Depuis le début de l’année, on s’acheminait vers « un socialisme à visage humain ».

M Haas avait-il voulu prendre un bol d’air en cette difficile année 1968 ? Voulait-il apprécier sur place les réformes d ‘Alexander Dubček, à la tête du pays depuis le 5 janvier 1968 ? Il ne m’en dira pas plus.

C’est lors d’un « grand » rangement chez lui, qu’il a remis la main sur plusieurs boîtes à chaussures, dont une contenant une petite vingtaine de jouets en plastique provenant de son voyage en Tchécoslovaquie. En l’ouvrant, comme par enchantement, les souvenirs lui sont revenus à la mémoire.

Autant vous le dire tout de suite, M Haas n’accordait pas un grand intérêt à cette boîte et à ces modèles. Il les avait acquis en 1968, plus par curiosité que par passion pour ce type de jouets.

Il faut dire qu’il était un collectionneur averti de Micro Models, Tekno et Buby. On comprend que ces petits jouets pouvaient lui sembler désuets.

Peut-être fut-il un peu surpris du fait que parmi les quelques boîtes exhumées ce soit celle contenant les modèles de l’Est qui m’attira le plus. C’est en effet une collection où j’ai encore beaucoup à découvrir. Et cela fut bien le facteur  déterminant qui me fit choisir cette boîte parmi les autres !

Le premier modèle que j’ai pris en main était un petit coffret. Le graphisme évocateur de la boîte m’a immédiatement transporté à Prague en 1968. On pourrait y ajouter cette légende  » Après un dur labeur, des vacances bien méritées ».

On y voit une Tatra 603 tirant une petite caravane. Il souffle un vent nouveau à l’Est.

Si le thème du caravaning et donc des vacances nous est familier, je pense que c’est la première représentation de ce sujet à travers un jouet produit de l’autre côté du rideau de fer. Le décor est idyllique, avec cette auto filant sur la route bordée d’arbres,.

Dans le même registre, j’avais acquis un autre coffret intéressant produit en Roumanie. La grande différence, à mes yeux, est que ce coffret est une reprise de modèles fabriqués en Allemagne de l’Ouest par Jean.

On y voit un cabriolet (!) , une « Ford Fairlane », une caravane et même un petit avion de tourisme. Le vrai socialisme à visage humain ! Ce coffret a été produit pour le marché roumain, et non pour un quelconque marché occidental comme sa thématique pourrait le laisser penser.

Il m’a semblé intéressant de montrer qu’à travers le prisme de la fabrication de jouets, on pouvait mesurer l’ouverture d’un pays vers l’extérieur.

Si en URSS il a existé des reproductions d’autos occidentales, elles émanent de reprises d’outillage italien (Politoys, Mebetoys) ou français (Norev). Mais il n’y a pas eu de création d’outillage pour reproduire des autos européennes ou américaines.

Par contre dans les pays satellites de l’URSS, j’ai trouvé quelques exemples. En Roumanie j’ai découvert une Renault 16 au 1/43 créée sur place par I.I.S Metaloglobus en 1969.  Certes les formes sont approximatives, mais on reconnait l’auto. C’est un produit très rare. On appréciera le boitage,  avec le coq dessiné , très loin des standards occidentaux.

En Tchécoslovaquie, Smer fabriqua une série d’autos occidentales dont une Citroën DS21, une Ford Capri, une Volkswagen 1600TL et même une Renault 12. On peut parler d’une véritable ouverture sur l’occident. Cette gamme comprenait naturellement quelques Skoda locales. L’unité de style est assez intéressante à observer.

Smer a également produit une étrange « Chevrolet Corvair ». J’en dois l’identification à M. Dufour. Les faces avant et arrière font certes penser à cette auto, mais le volume de l’auto la rapproche plutôt d’une Ford Galaxie ! Peut-être faut-il l’interpréter comme un croisement des deux! Cette auto symbolise l’auto américaine « moderne. »

Plus classique et identifiable, la Mercedes 220 qui est l’auto »occidentale » par excellence. Deux versions, avec ou sans friction.

La marque Rotor a elle aussi produit une caricature d’auto américaine comme en témoigne cette « Ford Fairlane » en bakélite avec ses lignes approximatives.

Igra, l’autre grand fabricant Tchéque a aussi proposé une Mercedes break qui semble n’avoir connu qu’une version sanitaire.

La Ford Consul Cortina est très réussie. Elle est aussi plus tardive. Elle est injectée en plastique et non en bakélite comme la Mercedes.

Au- delà des modèles décrits ci-dessus, c’est avec plaisir que je vous présente un échantillon d’autos Tchèques et Russes produites sur place par Igra et Smer.

Mais revenons à l’histoire, le 21 aout 1968, l’intervention des troupes du pacte de Varsovie réduit à néant l’espoir de liberté entrevu en début d’année.

Que sont devenus ces petits jouets qui symbolisaient si bien ce vent de liberté ?

Au début des années soixante Igra proposait un coffret étrange par sa composition : il contenait une ambulance, une Skoda et une automitrailleuse. Ces autos bénéficiaient d’éléments interchangeables (châssis avec mécanisme).

C’était une bien curieuse prémonition des événements qui allaient venir. .

Pour finir sur une note plus joyeuse, dans la boîte de M. Haas se trouvait une intruse, une auto qui n’avait rien à faire là : une auto d’origine mexicaine dans une boîte consacrée à des modèles Tchèques. M. Haas n’arriva pas à trouver une explication logique à sa présence.

De plus, sa taille imposante, du vrai 1/43, ne la faisait pas passer inaperçue au milieu des miniatures Tchèques plus  proches du 1/50 .

Il s’agissait d’une Dodge Royale policia produite au Mexique. J’ai consacré un blog il y a fort longtemps à la version taxi. (voir le blog Dodge Royal Taxi à Mexico).

M. Haas l’avait récupérée lors d’un voyage au Mexique ! Merci M. Haas d’avoir ramené au gré de vos voyages ces superbes témoignages d’une époque.