démesure

Démesure.

Le jeune homme est agenouillé. Il regarde son reflet dans l’eau. C’est un tableau attribué au Caravage qui représente Narcisse. Vous savez, ce jeune homme qui tombe amoureux de sa propre image.

Le Caravage Narcisse
Le Caravage Narcisse

Pas besoin d’une flaque d’eau pour voir se refléter la personnalité d’un collectionneur. La façon de disposer une collection renseigne sur les goûts et les choix de son propriétaire. Les vitrines parlent d’elles-mêmes.

Mon père avait une grande maison. Il avait mis un point d’honneur à mettre sa collection en valeur et à l’exposer en vitrine.

Il était primordial pour lui de la voir afin de l’apprécier pleinement.

Il n’y eut pas de jour sans qu’il aille la regarder.  Parfois, il évoquait un modèle redécouvert quelques jours plus tôt, et me rappelait combien son acquisition nous avait donné du fil à retordre.

Après avoir déménagé en appartement, il avait tenu à conserver une très grande vitrine. C’était pour lui un lien indispensable avec son passé de collectionneur.

Notre collection était ordonnancée par zone géographique de fabrication, puis à l’intérieur de chacune d’elles, par fabricant. Nous reprenions en cela la classification en vigueur dans les ouvrages de M. Nakajima dont nous avions apprécié la pertinence.

Les jouets ont une identité visuelle. II me semble que l’on apprécie mieux les petites marques anglaises ou françaises quand les jouets de ces pays sont rassemblés.

Nous avions quelques particularités de classement. Nous avions mis à part les modèles représentant notre premier centre d’intérêt : les autos de course et de record.

Les exceptions de classement sont un point commun à de nombreux collectionneurs, il y a toujours un moment où l’affect prime la logique.

Médaille souvenir du musée Schlumph offerte par mon frère !
Médaille souvenir du musée Schlumph offerte par mon frère !

Ce soir je suis à Mulhouse avec mon frère,  afin de participer demain à la manifestation de jouets anciens. En passant cet après-midi devant le musée Schlumpf je me suis souvenu qu’avec mon père, nous l’avions visité ensemble, en 1982, dès son ouverture au public, à l’occasion de notre venue pour cette même bourse d’échange.

La visite de ce musée a marqué mon père pour la vie. Combien de fois, plus tard, lors de nos lointains déplacements, ne m’en a -t’-il pas reparlé.

La collection Schlumpf a été constituée principalement de 1960 à 1967, les deux frères achetant environ une centaine d’autos par an. On peut y voir une forme de boulimie. Ensuite, ils se sont principalement consacrés à les faire restaurer. Durant cette même période, ils vont acquérir en 1963 le fonds Bugatti constitué de pièces détachées, de documentation, de machines, de prototypes mais aussi de la Royale d’Ettore Bugatti.

Vous connaissez tous la suite de cette saga. Ceci est une autre histoire.

Mon père avait été marqué par la façon dont ces deux frères avaient constitué leur collection, par l’idée qu’une collection peut s’étendre à l’infini, dans une logique qui n’appartient qu’à la personne qui l’a constituée. Et surtout par la volonté de rechercher le beau et le rare, sans se fixer aucune limite, dans une forme de démesure.

Cette démesure, elle peut se traduire par le véhicule que je vais vous présenter ce jour. C’est un camion plateau  White  des années 1930  chargé d’un  container portant la publicité « Adam » produit par Micro au Danemark.

Le modèle est injecté en plomb soufflé. Il est constitué de deux parties : le camion, monobloc avec son plateau sur lequel est gravé le nom du fabricant danois « Micro » et le container qui s’emboîte sur le plateau.

On peut, à travers cet exemple, essayer d’appréhender notre approche de la collection.

Pour pouvoir continuer à enrichir notre collection de Tekno publicitaires (Volkswagen, Ford et autres Volvo)  nous avions décidé, assez tôt, dans les années 80, d’aller en Scandinavie. Sur place, nous avons d’abord pu nouer des contacts, repérer dans des collections les modèles que nous recherchions. Il nous fallut bien du temps pour les acquérir. Ce ne fut pas facile.

Nous avons profité de ces voyages pour commencer à rassembler notamment, les couleurs de voitures Tekno, les Vilmer et surtout les modèles d’avant-guerre.

Nous avons su saisir les opportunités qui s’offraient à nous pour élargir notre collection.

Et c’est cette volonté de saisir toute opportunité qui a en partie permis l’étendue de notre collection.

Ainsi nous nous sommes mis très tôt à rechercher les Birk et les Micro d’avant-guerre. Les modèles s’échangeaient déjà sur des bases élevées. Les bus et tout l’univers des transports en commun forment un ensemble assez exceptionnel, de par la qualité d’exécution des jouets et la diversité des reproductions.(voir le blog consacré aux cars Micro)

Je resterai marqué à vie par la visite du musée des transports en commun de Copenhague où j’ai pu contempler à l’échelle 1 les modèles qui étaient dans nos vitrines.

Puis ce fut le premier plateau porte-containers aux couleurs Adam. Le nom de cette firme nous était familier.

Il s’agissait d’une importante firme de déménagement danoise. Tekno avait réalisé trois déclinaisons de Volkswagen Kombi à usage promotionnel, toutes très rares.

Les modèles Micro ont beaucoup de charme. Les collectionneurs des années 70-80 comme Marco Bossi ont voué un véritable culte à ces jouets. Nous autres, jeunes amateurs, avons bien enregistré la leçon de nos maîtres.

Si on replace ce type de produits à l’époque où il fut commercialisé, au milieu des années trente, on comprend que la firme Micro n’avait pas à rougir devant les Dinky Toys d’avant guerre, firme qui était alors très représentée au Danemark. (voir un blog sur les camionnettes de la série 28)

Ce camion Micro a beaucoup de charme. Cela tient à sa conception, sa taille imposante et bien sûr sa finition bicolore et son inscription Adam au pochoir.

Alors, quand un second exemplaire, dans une autre livrée se présenta à l’achat, pourquoi s’en priver ! puis ce fut un troisième, un quatrième.

En quelques trente ans nous en avons trouvé 7. A un moment, cela devient comme un jeu. On se demande combien de combinaisons de couleurs Micro a pu réaliser. On se dit que c’est le dernier et que l’on est arrivé au bout. Le dernier exemplaire rentré dans notre collection, (bleu pâle et jaune), je l’ ai acquis quelques jours après le décès de mon père.

C’est même le premier modèle que j’ai acheté après son départ. Autant dire que je le considère comme un maillon spécial de ma collection. Il a une valeur symbolique. Désormais, je reste persuadé qu’il y a d’autres couleurs. Peut-être d’ailleurs avez-vous une combinaison de couleurs que nous n’avons pas ?

Voilà ce qui fait le charme de la collection. Vous partez en Scandinavie pour des Tekno. Vous revenez avec des Micro. Trente- cinq ans après vous avez décliné 7 versions d’un même modèle. Démesure.

Les »petits plaisirs » du ministre.

Les « petits plaisirs » du ministre.

A peine m’avait-elle dit bonjour que ma mère ouvrit son sac à main et me lança : « Je t’ai découpé un article dans Match. Il y a un article sur un ministre qui, comme toi, collectionne les Dinky Toys ! ».

On imagine toute la fierté de la mère qui trouve un point commun entre son fils et un ministre. Ce sera le seul.

Il faut vraiment que l’attente chez le médecin soit interminable pour que je daigne ouvrir Paris- Match. Tout m’y semble superficiel. Pourtant, beaucoup de personnalités aiment venir y poser, qu’elles soient du monde politique, sportif ou économique. Il y a ceux qui ont le privilège d’être dans Match et les autres.

Cette semaine là, Stéphane Travert, ministre de l’agriculture au moment de l’article (ministre de juin 2017 à octobre 2018) pose dans Paris-Match. Il nous parle de son métier au ministère, on devine que ce n’est pas un métier facile.

Heureusement, il a « des petits plaisirs  » qui lui suffisent. Parmi ses lectures préférées, Maupassant et Victor Hugo. Le journaliste précise qu’effectivement deux exemplaires trônent sur la table.

Stéphane Travert a choisi de s’établir à Lithaire (Manche) 600 habitants. On sent les liens profonds avec la terre, comme le souligne encore le journaliste. L’image est belle.

Quand ce dernier nous explique que le ministre a aussi un tracteur miniature, nous sommes tout à fait rassurés.

Cet homme est bien comme vous et moi, il a des joies simples.

Mais sa fierté, d’après le journaliste, Eric Hacquemand ce sont ses collections : « Des figurines de BD de l’école belge, des petits trains et une jolie série de voitures Dinky Toys».

On voit d’ailleurs notre homme posant assis devant un échantillonnage de modèles neufs en boîte.

Même ma mère, pourtant habituée à l’univers des collectionneurs (40 ans auprès d’un mari et d’un fils collectionneur) a été impressionnée.

Les belles pièces ne manquent pas. C’est bien une collection de ministre : j’aperçois notamment une Renault Floride blanche…vous connaissez tous la rareté de cette pièce (voir le blog consacré au modèle), et une Buick Roadmaster noir et saumon.

Mais ce qui m’attire tout de suite, et je pense qu’en voyant la photo, vous aurez le même réflexe, c’est le 25 A Ford camion ridelles ajourées de couleur jaune et rouge. Cette combinaison de couleurs n’a pas été retenue pour la série.

J’ai une histoire particulière avec ce modèle. Quand Jean-Michel Roulet sortit en 1978 son premier livre, mon père et moi avions déjà un faible pour la série 25 dont fait partie ce véhicule. (voir le blog consacré à mon père et à la série 25).

Et lorsque Jean–Michel Roulet nous convia à venir voir sa collection à la fin des années soixante-dix, je suis resté admiratif devant ce camion présumé unique. C’est le modèle qui m’avait le plus marqué au sein de cette collection mythique.

Il fut ensuite cédé à Jean-Bernard Sarthe. Plus tard ce dernier s’en sépara par le biais d’une salle des ventes. Les années passèrent, et cet acheteur le mit de nouveau sous le feu des enchères. C’est là que j’ai saisi l’occasion de l’acquérir.

Il était dans la logique de collection que mon père et moi avions planifiée, celle qui tendait à regrouper des modèles hors du commun, en particulier ceux qui font l’histoire d’une marque.

Entraient dans cette logique les plans d’usine, les prototypes en bois et les essais de couleurs. Il faut cependant savoir faire la différence entre les modèles exceptionnels dont l’histoire est traçable, comme ce camion Ford 25 A ayant appartenu à Jean-Michel Roulet et ceux dont l’histoire est trouble pour ne pas en dire plus.

Ainsi, récemment, François Clément m’avait alerté sur un modèle mis en vente sur le site d’enchères Ebay. Un camion Ford 25 A à ridelles ajourées de couleur vert foncé et rouge. En fait, il s’agissait d’un assemblage de deux couleurs existantes : la cabine vert foncé, empruntée à la version benne basculante et les ridelles rouges à un Studebaker. Le vendeur faisait pourtant un parallèle avec ce fameux exemplaire jaune et rouge, se permettant même de faire une comparaison sur l’état de conservation des deux modèles, afin de s’en servir pour établir l’estimation du sien.

Le texte était très long très précis. Le vendeur avait juste oublié de signaler un détail. Les deux équerres situées au niveau des passages de roue arrière avaient été limées.

L’empattement du Ford est différent du Studebaker auquel il emprunte cette ridelle ajourée. Une des équerres située sous le plateau entravait le roulement de l’axe arrière du Ford. Le pneu frottait sur cette dernière. Dinky Toys réduisit la taille des six équerres.

Le modèle jaune et rouge possède, logiquement cette caisse modifié, comme d’ailleurs tous les Ford et Studebaker à partir de 1952.  Le modèle proposé à la vente sur Ebay ne répondait pas à cette caractéristique. De quoi nourrir des interrogations.

Et celui du ministre ? vous avez remarqué qu’il trône sur une boîte individuelle. Vous savez que ces véhicules n’étaient diffusés que par boîte de six pièces.

Oui, il s’agit donc de Dinky Toys Atlas, modèles réalisés en Chine grâce aux extraordinaires techniques modernes qui permettent de copier grâce à un laser les formes d’une miniature afin de créer un nouvel outillage servant à la reproduire en série.

C’est bluffant et très réussi n’en déplaise à certains. Les peintures sont parfois un peu clinquantes. Personnellement c’est le traitement des jantes en acier ainsi que les pneus qui me déplaisent. Très intelligemment, Atlas a été chercher la seule personne qui avait l’autorité nécessaire pour conduire cette série à bon port : Jean-Michel Roulet.

Des sentiments d’aigreur et de jalousie ont pu conduire à critiquer ce travail. Qui n’aurait pas aimé être approché pour diriger cette série ? Mais personne n’aurait su aussi bien que lui le faire.

D’ailleurs, c’est sûrement avec un brin de nostalgie qu’il a choisi de faire reproduire cette version rouge et jaune qu’il avait possédée dans le temps.

C’est ainsi que Monsieur le Ministre a sur ses étagères une reproduction de ce modèle, dans cette mythique couleur.

Les modèles sont si bien réalisés que le journaliste n’y a vu que du feu. La vraie question qui se pose après cet article est celle de savoir si l’on peut faire confiance aux journalistes.

L’arrivée du cirque en ville.

L’arrivée du cirque en ville.

On peut mesurer la réussite d’une exposition au sentiment de tristesse qu’on a lorsqu’on arrive à la dernière salle. Heureusement, ce sentiment s’estompe au profit d’un autre, plus agréable, celui d’avoir enrichi ses connaissances et de pouvoir en faire profiter les autres.

C’est donc en sortant d’une magnifique exposition organisée au musée Masséna de Nice, ayant pour sujet l’histoire du cirque et intitulée « Le cercle enchanté » que m’est venu le sujet du jour.

L’exposition abordait l’histoire du cirque à travers ses rapports avec la ville de Nice. On apprenait ainsi que la ville de Nice avait possédé une installation fixe, rue Pastorelli.

C’est l’extraordinaire collection du docteur Alain Frère qui a servi de support à cette féérique exposition. On découvre que le premier établissement fermé servant à recevoir un spectacle équestre est l’œuvre de Philip Astley en 1779 en Grande-Bretagne.

Les historiens avancent l’idée que cette structure fermée permettait de produire le spectacle sans se soucier de la météo que l’on sait parfois capricieuse outre-Manche.

La trace du premier chapiteau démontable, et donc mobile, apparaît en 1825 aux Etats-Unis.

Le cirque se déplaçait d’une ville à l’autre par convoi ferroviaire. On imagine bien, notamment aux Etats-Unis, les grandes distances pouvant séparer une ville d’une autre. Avant que n’apparaisse la traction automobile au début du 20 eme siècle, c’est la traction hippomobile qui servait à convoyer le matériel, mais aussi les cages et les éléments du chapiteau, de la gare à l’endroit choisi pour implanter le cirque.

Un panneau de l’exposition rapporte à quel point l’arrivée du cirque Barnum et Bailey à Nice en avril 1902, fut un évènement marquant : quatre trains spéciaux composés de 67 wagons chacun ! Le gigantisme à l’américaine.

Trois places de la ville furent investies par le cirque. 500 chevaux participèrent au spectacle et bien sûr au montage de ce véritable « Barnum » qui est devenu un terme désignant le gigantisme.

Bien sûr, tous les cirques n’avaient pas cette dimension exceptionnelle. Et dans les petits cirques, les chevaux avaient un dur labeur : après avoir tracté les ensembles ils devaient le soir assurer la représentation. De nombreux documents attestent de ce fait.

Voyez ces ensembles de chez Barclay. Les chevaux sont encore somptueusement décorés de plumets, et cependant ils sont au travail, tirant la cage contenant du lion.

Je n’ai pas pu résister au plaisir de glisser ce découpage offert par un fabriquant de pâtes alimentaire…Ses spaghettis servaient à figurer les barreaux derrière lesquels un terrible léopard attendait l’heure de la parade. Nul doute, le fabricant de pâtes a conçu d’autres cages afin que l’enfant puisse reconstituer une vraie caravane de cirque.

La firme anglaise de personnages miniatures Charbens a reproduit un exceptionnel ensemble dans lequel il revient à l’éléphant de tirer les deux cages et les animaux sauvages. On peut imaginer que ce type de convoi a réellement existé.

Ce jouet a eu en son temps un beau succès d’estime. Il est plein de poésie. Je l’apprécie tellement que j’ai cru bon en acquérir trois en raison des variantes de production.

Plus tard c’est la traction automobile qui remplacera l’animal.

Le fabricant allemand Siku a proposé deux merveilleux éléments qui peuvent être tractés par de nombreux véhicules de la gamme. Cependant, la firme a conçu un coffret composé d’un tracteur Fahr, de la roulotte d’habitation et d’une remorque cage.

Ces éléments ont cependant été le plus souvent vendus à la pièce, en étui individuel.

Siku est un fabricant qui sait faire vivre les jouets et développer l’imagination de l’enfant. Avec ses artistes placés sur la partie avant, la roulotte est d’un charme désarmant. On appréciera la petite cheminée qui donne de la vie au jouet. L’échelle de reproduction se situe au 1/60.

Minialuxe a utilisé un tracteur avec une cabine tôlée de dessin libre, d’origine anglaise, tirant deux cages transparentes. Nous sommes très loin de Siku. Le charme est différent.

La boîte est très plaisante. Minialuxe remplacera plus tard ce tracteur par un Berliet Gak à ridelles bâché. L’ensemble avec les deux cages sera alors vendu en boîte transparente.

Les fabricants de jouets, particulièrement ceux spécialisés dans les figurines, ont concentré leurs efforts sur la reproduction de personnages. L’échelle retenue étant le 1/32, le coût était trop élevé pour créer des véhicules et des remorques. Quiralu a reproduit des véhicules et des cages en bois, mais en s’affranchissant de cette échelle.

Dans les années soixante, Corgi Toys sera le premier grand fabricant de miniatures à offrir un superbe ensemble de véhicules. Cet ensemble a beaucoup contribué à la renommée de la firme, il a marqué un grand nombre d’entre nous.

Cela est une autre histoire.

 

PS: si le sujet vous intéresse, je ne peux que vous conseillez le très beau livre paru pendant cette exposition et consacré à cette fantastique collection  du docteur Alain Frère (Editions Giletta).

Les affiches et autres  documents insérés dans cet article proviennent de la collection du docteur Frère. Les miniatures et les figurines de notre collection.

La Diva des miniatures

La Diva des miniatures.

A la fin de sa vie, Maria Callas s’épancha auprès d’un journaliste sur certaines attaques de la presse à son encontre. Elle les avait vécues comme des injustices.

Une partie de la presse lui reprochait certains caprices, comme celui d’avoir interrompu une représentation de Tosca. La Callas expliquait qu’elle avait sûrement annulé moins de prestations que la plupart de ses collègues, mais que, comme tout un chacun, elle avait eu des jours « sans ». Elle trouvait en revanche que la presse ne parlait jamais de ses éblouissantes prestations, préférant souligner ses défaillances.

Elle qui avait tant travaillé pour arriver où elle était, disait qu’une « Prima Donna » devait être respectée pour tous les sacrifices qu’elle avait consentis.

Maria Callas la Diva !
Maria Callas la Diva !

Ces déclarations de la Diva et l’attitude de la presse à son égard montrent bien que le personnage de la Callas était hors norme, c’était une icône dont l’aura dépassait largement le cadre du monde lyrique.

On ne peut en parler qu’en utilisant des superlatifs. C’est peut être aussi cela une Diva.

Des superlatifs, le modèle que je vais vous présenter ce jour en mérite également. Les experts de certaines salles des ventes aux enchères ayant déjà tendance à s’enflammer pour le plus banal modèle, je n’ose imaginer le qualificatif qu’ils choisiraient pour ce jouet tellement exceptionnel.

Ce modèle produit par DC, en France, est le fruit d’un bricolage, d’un arrangement à des fins d’amortissement de moule, comme il en a existé beaucoup, particulièrement chez les petits fabricants hexagonaux.

DC avait créé, pour la promotion de la société « Persil », un tracteur Panhard équipé d’une double cabine et d’une remorque tôlée à un essieu . (voir le blog consacré à ce véhicule). La reproduction était fort fidèle. A partir de ce moule elle a décliné une autre version arborant son nom commercial : « Jouets DC ».

DC avait très peu de modèles à son catalogue. Elle avait produit également deux très belles Renault Vivasport, un coupé et une berline. Il lui vint naturellement l’idée qu’avec un investissement assez modeste, celui nécessaire à la réalisation d’une remorque en tôle pliée, elle pouvait étoffer son catalogue grâce à un semi-remorque porte-autos.

Il est fort possible qu’elle ait sous-traité la remorque à un autre petit fabricant, plus familier avec l’utilisation de la tôle. Cela se faisait beaucoup juste avant-guerre.

De très nombreuses petites officines de ferblanterie coexistaient dans l’Est parisien et faisaient de la sous-traitance de modèles, d’accessoires ou de mécanismes à remontage à clef.

La remorque a naturellement été conçue en fonction de la longueur des autos. C’est là que réside le caractère exceptionnel de l’ensemble. DC avait conçu sa Vivasport à une échelle avoisinant le 1/43. Les pointilleux prendront un pied à coulisse et les cotes de la vraie voiture pour déterminer l’echelle exacte. Mais à mes yeux cela n’a pas tellement d’importance, en effet, nous sommes dans le domaine du jouet et non de la maquette.

Il faut cependant signaler que l’échelle de reproduction du tracteur est inférieure à celle des autos. Ces Vivasport mesurent 11cm chacune. Bout à bout sur la remorque cela se traduit par une longueur hors du commun pour un jouet français d’avant guerre 45 cm !

DC a créé pour son ensemble un boîtage de toute splendeur. Le graphisme évoque bien l’insouciance des années 30. Il est ancré dans le monde de l’enfance .

Si le dessin de la boîte est assez naïf, DC a reproduit un type d’attelage qui a existé dans la réalité.

Au fil de mes recherches, et grâce à François Laurent, j’ai trouvé un tracteur Latil d’avant-guerre, équipé d’un châssis surbaissé tractant ce type de remorque porte-autos. Comme pour le jouet, sur le catalogue Latil, trois voitures reposent sur la remorque plateau.

Ce type d’objet est familier à ceux qui collectionnent les jouets «made in USA». On peut imaginer qu’un employé de chez DC a eu entre les mains un des camions Mack produits par Tootsietoys ou Hubley.

Si le modèle produit est hors norme au niveau de ses caractéristiques techniques, la façon dont j’ai pu en obtenir trois exemplaires est au diapason.

Ce camion j’en avais beaucoup entendu parler sans jamais en avoir vu un seul, même en photo. Mais un samedi, au marché Vernaison, un confrère m’en montra un exemplaire. Il m’indiqua qu’il avait renoncé à l’acquérir en vue de sa revente car le prix demandé lui paraissait excessif. En voyant ma réaction, il réalisa qu’il pouvait finalement tirer un substantiel bénéfice de cette affaire, notamment avec un autre amateur, M Chabanes, qui a l’époque monopolisait ce marché bien particulier. J’ai été fort déçu de ne pas avoir acquis ce modèle car j’étais vraiment tombé sous le charme ce cet incroyable ensemble.

J’ai attendu dix ans avant qu’un autre confrère me contacte pour un autre exemplaire. Il s’agissait d’un invendu de magasin, stocké pendant 70 ans, une version plus tardive, équipée de trois Peugeot 202. Heureusement, l’affaire se passa cette fois normalement. Mieux, mon vendeur réussit à me procurer deux exemplaires.

Lorsque la collection de M. Chabannes a été dispersée aux enchères, je tenais vraiment à récupérer le camion qui m’avait échappé, équipé des ses Renault Vivasport. Seulement, comme cela arrive bien souvent dans la mise en vente d’ importantes collections les lots ont été constitués à la hâte et les autos dépareillées.

Il a fallu acheter plusieurs lots pour reconstituer « le » modèle qui m’avait filé entre les doigts de longues années auparavant. A l’issue de la vente j’ai finalement pu reconstituer deux autres  ensembles complets.

Il est bien évident que je ne me serais pas autant investi pour reconstituer un modèle classique. Pas de doute, ce modèle est une « diva ».

 

La fée verte

La fée verte.

« Où se gareront les voitures ? Il y en a déjà beaucoup moins et il y en aura de moins en moins.  » C’est en ces termes que la maire de Paris, Anne Hidalgo répond à un ensemble de journalistes du journal  » Le Parisien dimanche  » le 12 janvier 2020.

J’ai apprécié  la concision de cette réponse. A l’école, le maître me reprochait souvent de faire des réponses manquant de clarté et de cohérence. Avec le temps j’ai appris à synthétiser. La maire de Paris maîtrise donc parfaitement cet art. Comment faire plus simple ?

Pourtant, moi qui tous les jours fait mes trente kilomètres de vélo, par toute saison, je n’ai pas eu l’impression qu’il y avait moins de circulation. Plus d’embouteillages, cela est certain. Il faut peut-être faire la différence, certes subtile, entre le nombre d’autos dans Paris et le nombre d’embouteillages.

Ces propos simples, empreints de certitude, exempts de toute explication pourraient avoir été tenus par un enfant.

Le collectionneur de jouets anciens qui a gardé un coté rêveur ne peut que les apprécier. Il suffit peut-être d’y croire très fort pour que cela se réalise, comme dans les contes pour enfants.

Nous connaissons tous la fée bleue de Pinocchio. Mais la fée bleue étant associée à l’électricité, il m’a semblé inutile de revenir sur le fiasco des Autolib’ et des Velib’.

Non, il faut savoir oublier les expériences malheureuses et aller de l’avant. Par contre, le surnom de fée verte me paraît tout indiqué pour notre candidate à sa succession.

D’ailleurs le ton est donné sur la prochaine affiche des municipales de 2020. Les journalistes décrivent ainsi l’affiche :  » un sourire franc, de multiples nuances de vert (et non de rose)…. »

Il faut au moins être une fée pour faire disparaître d’un coup de baguette magique les automobiles de Paris, quand, faute d’arguments on ne peut que se persuader qu’ « il y en a déjà beaucoup moins et il y en aura de moins en moins». C’est la fameuse méthode Coué.

Ainsi, collectionneurs, clients, touristes qui essayaient de circuler en auto dans Paris, dès le prochain embouteillage, persuadez-vous qu’il y a de moins en moins d’autos, que tout va s’arranger, et que ce n’est qu’un mauvais moment à passer. Répétez le dix fois, cent fois, comme un mantra, vous vous sentirez mieux.

Madame la maire a d’ailleurs bien fait les choses. Si vous n’avancez pas, pour passer le temps, voire pour profiter d’une petite sieste réparatrice, vous pouvez compter les moutons.

Pendant quelque temps elle a en effet installé de superbes spécimens le long du périphérique. Leur mission consistait à entretenir l’herbe de manière écologique. Plus besoin de tracteurs, tondeuses ou désherbant.

Accessoirement, les gentils moutons pouvaient occuper les automobilistes ( et les enfants des automobilistes) coincés dans les embouteillages. Un coup de baguette magique ou une intervention de la SPA les aura fait disparaître.

Sinon que faire des autos ? Les journalistes qui étaient pourtant quatre n’ont pas pensé à lui demander.

Dommage. Par contre, j’ai trouvé l’éditorial maladroit de la part d’un journaliste qui présente un candidat qui se targue de bouter les autos hors de Paris.

Intituler cet édito « Sur les chapeaux de roue»…quand on connaît la vitesse moyenne pour traverser Paris, est-ce une bonne idée ?

Et fallait-il poursuivre : « Anne Hidalgo a mis la clé de contact. En route pour le 15 mars 2020 ».

Ah bon, Madame le maire se déplace en auto dans Paris? moi, je pensais qu’elle prenait son vélo ! Comme quoi, un siècle d’automobile dans Paris ne s’efface pas d’un coup de baguette magique. Les réflexes sont là et l’automobile encore bien présente dans nos pensées et notre langage.

Finalement, les autos préférées de la Maire de Paris sont sans doute les reproductions miniatures. Elles ne gênent personne, elles ne polluent pas et ne font pas de bruit.

J’ai donc préparé un échantillon de miniatures automobiles de couleur verte, allant du vert pâle au vert foncé, de vélos et de feux rouges qui ces dernières années, ont poussé comme des champignons.