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Habits de noce.

Habits de noce.

Les photos de jeunes mariés, immortalisés en studio, ont une dimension particulière. Ces derniers comprennent que l’instant est important et que, durant des décennies, cette image servira de repère, pour le meilleur ou peut-être pour le pire.

Ils posent fièrement et n’ont pas peur de défier le temps et les événements à venir, comme les jeunes matelots qui se faisaient photographier avant leur départ pour Terre-Neuve, encore inconscients de ce qui les attendait.

J’ai retrouvé cette dimension dans les clichés de Yann Arthus-Bertrand. Une exposition à Nice était consacré à ce photographe-réalisateur.

Le personnage est atypique, sa vie pleine de rebondissements. Un brevet de pilote d’avion, l’amour de la nature, des animaux, et la passion de la photographie ont façonné l’artiste que nous connaissons. Nous avons tous en mémoire les images aériennes de la planète qu’il a publiées dans son livre « La terre vue du ciel » en 1992.

Les photos aériennes ne sont pas le seul centre d’intérêt du photographe. Il peut aussi se mettre au niveau de son sujet et immortaliser sur la pellicule la complicité entre l’homme et l’animal.

Il utilise pour ce travail un accessoire, une bâche tendue, qui lui sert de studio. Cet accessoire deviendra sa marque de fabrique, et dès lors il l’utilisera pour tous ses portraits. Pour l’occasion il travaille avec de la lumière artificielle et des assistants.

Ces clichés ne peuvent laisser indifférents. On perçoit la force de la relation entre l’homme et l’animal. On devine la fierté, mais aussi la tendresse. Pour l’occasion, comme on le fait pour toute photo importante, les protagonistes ont revêtu des vêtements qui les mettent à leur avantage et honorent leur compagnon. L’un et l’autre s’en trouvent magnifiés.

J’ai retenu six photos que le conservateur du musée de la photographie Charles Nègre à Nice a judicieusement accrochées. Ces clichés qui se mettent en valeur les uns les autres ont pour point commun le cheval et son cavalier.

L’artiste a choisi un cadre très large, qu’il a dénommé « bâche décalée » montrant l’installation de la fameuse bâche mais au milieu d’un décor naturel, immédiatement identifiable. Ainsi « Parouss » étalon karatchaï monté par Roussian Liskanitch est photographié au milieu d’un décor moscovite tandis que « Valur » étalon islandais monté par Linda Run est au centre d’un paysage volcanique.

On se sent tout petit au milieu de ces photos. L’adage qui dit que le cheval est la plus noble conquête de l’homme semble ici prendre tout son sens.

Mais pour assouvir sa soif de conquête, l’homme a trouvé un autre moyen, plus rapide, plus fiable pour se déplacer. Et petit à petit, le chemin de fer a supplanté le cheval.

Au point que l’homme a conçu des wagons pour le transporter, d’un point à un autre, comme une simple marchandise. Aurait-on imaginé au milieu du 19eme siècle ce type de transport ?

Le transport des chevaux apparaît comme une nécessité pour consolider la conquête de l’Ouest américain. Mais lors de la première guerre mondiale, il faudra aussi emmener rapidement les équipages sur les champs de bataille.

La paix revenue, les courses hippiques vont conduire l’homme à carrosser de beaux et luxueux camions. Les anglais se sont montrés experts dans cet art et cela s’est traduit dans les reproductions de camions miniatures.

Le camion Maudslay de chez Dinky Toys, luxueusement carrossé en transport de chevaux est somptueux. Il est le parfait exemple du soin que l’homme a pris pour concevoir des véhicules « confortables » pour déplacer les chevaux.

La première mouture du jouet est aux couleurs de la British Railways, l’équivalent de notre « SNCF » en Grande-Bretagne, prouvant bien toute l’importance du ferroviaire pour ce type de transport. Le camion ne vient qu’au bout de la chaîne du transport.

Ce formidable jouet a une histoire singulière. Le début de sa production coïncide avec la guerre de Corée (1950-1953). Quel rapport me direz-vous ? le gouvernement anglais impliqué dans les forces onusiennes va, temporairement, rationner l’utilisation du zamac dans l’industrie britannique.

C’est d’ailleurs pour cette raison que les Matchbox ont vu le jour : Lesney a utilisé astucieusement sa ration de matière première (le zamac) pour fabriquer des modèles au 1/75 au lieu des modèles au 1/43 ou au 1/20. Dinky Toys, lui, expérimentera l’aluminium.

Notre Maudslay servira avec le camion Studebaker citerne, et l’Avro Vulcan à l’expérimentation de l’aluminium afin de combler le manque de zamac. En main le camion est très léger. Un des inconvénients de l’aluminium est la mauvaise tenue de la peinture aux chocs car elle n’accroche pas aussi bien que sur le zamac.

Ce camion est aussi singulier pour une autre raison. Une version sera réalisée pour le marché américain, sans la mention « British Railways » qui n’évoque pas grand chose pour le petit américain mais avec celle d’ « Express Horse Van Hire Service ». Il conserve cependant sa belle robe bordeaux. Fait très rare chez Dinky Toys, une autre numérotation sera appliquée et une boîte spécifique sera créée avec la nouvelle numérotation. Cela se reproduira aussi pour la MG TF.

Ce camion marque le point culminant de la relation entre le mythique importateur américain Hudson Dobson et la firme de Liverpool.

Je m’explique. Après guerre en 1946-1947, à la reprise de l’ activité économique, une très grande partie de la production est envoyée outre-Atlantique. La Grande-Bretagne, comme l’Europe, est économiquement sinistrée. Il faut faire rentrer des devises.

Outre-Atlantique, les importateurs savaient déjà,  négocier durement et tordre le cou aux fabricants. L’importateur exigeait des conditions tellement avantageuses qu’il devenait difficile pour Dinky Toys de produire une boîte spéciale et une décoration spécifique tout en préservant son profit.

Bien plus tard, Dinky Toys relancera son modèle selon une technique qui semblait inusable, mais qui finira par trouver ses limites : une finition bicolore, certes du plus bel effet, gris perle et jaune pâle, et deux chevaux …en plastique ! le tour était joué.

Dinky Toys avait créé avant guerre, puis repris après, un petit coffret d’animaux de ferme avec deux superbes chevaux que l’enfant pouvait placer dans son Maudslay à la sortie du wagon à bestiaux Hornby.

Ce beau Maudslay fut si célèbre que d’ autres fabricants anglais, lui consacrèrent une reproduction. Tout d’abord Charbens. L’échelle est plus proche du 1/55. Il n’a certes pas l’élégance du Dinky Toys mais il est bien plus rare. Le trouver avec une boîte peut demander du temps. De plus, il souffre parfois de métal fatigue.

Morestone livrera également une version, mais à l’échelle du 1/87 qui n’est pas très fréquente.

Preuve que ce type de transport a toujours passionné nos amis anglais, Budgie proposera lui un Bedford TK équipé d’une carrosserie spécifique. Il se caractérise par sa capucine et ses portes latérales et arrière ouvrantes permettant à l’enfant de faire descendre les petits chevaux en plastique.

J’ai gardé pour la fin ce modèle de fabrication inconnue. Il est réduit au 1/50. C’est aussi une carrosserie spécifique qui ne pourra resservir à une autre déclinaison. On devine l’attachement du fabricant envers ce type de véhicule !

J’ai laissé de côté les tracteurs semi-remorque et leur remorque spécifique simulant de vrais « box ambulants ». Ils sont bien sûr de conception plus moderne, un peu trop moderne pour moi.

Citons Matchbox dans sa gamme au 1/60 qui proposa un beau Dodge aux couleurs de la fameuse course d’Ascot avec ses inévitables petits chevaux en plastique qui devaient bien souvent être l’élément déclencheur du choix de l’enfant.

Et enfin, le plus spectaculaire, le Bedford TK, tracteur de Corgi Toys aux couleurs du cirque Chipperfields qui sera ensuite décoré aux couleurs de « Newmarket racing stables ». Ce dernier sera ensuite remplacé par un Berliet. Mais nous approchons des années 80.

Vous avez aimé John and Betty. Vous adorerez José y Carmen !

Vous avez aimé John and Betty. Vous adorerez José y Carmen !

Ma première méthode d’Anglais racontait la vie quotidienne d’un frère et une soeur. Ils s’appelaient John and Betty. Je me souviens de la prédominance de la couleur verte dans les vignettes. On retrouvait tous les clichés relatifs à la société anglaise. Je suis né en 1963.

Au petit déjeuner, les « baked beans » (haricots blanc sauce tomate) trônaient sur la table avec les céréales, les oeufs au bacon, les toasts et la marmelade.

Je ne me souviens plus s’il y avait un ordre à respecter dans la dégustation, mais la famille était réunie comme pour une cérémonie. Les enfants ne tenaient pas leur bol d’une main et le téléphone portable de l’autre. C’était une autre époque.

Les parents allaient à l’opéra et leur progéniture n’écoutait ni les « Clash » ni les « Sex pistols »mais des disques de Haendel pour les plus roturiers, de John Dowland, célèbre joueur de luth de l’époque Elisabethaine pour les plus mélomanes (petit extrait musical )

Ils étaient bien peignés et habillés avec chic. Je me suis souvent demandé même comment ce grand pays avait pu voir naître la vague punk.

Côté boisson, je me souviens du whisky, bu avec modération, recueillement et régularité, mais uniquement par le papa, installé dans son fauteuil. La bière, il n’en était pas question.

J’ai découvert bien plus tard l’existence des « pubs », totalement absents des vignettes de ce livre.

Moi, j’avais bien apprécié les dessins représentant le laitier qui déposait la bouteille devant la maison avec son traditionnel camion électrique.

Amateur de véhicules industriels, les formes particulières de la camionnette électrique du laitier m’avaient séduit. Elles représentaient la singularité britannique la plus marquante, bien plus que les bus à deux étages et le traditionnel taxi Austin.

Je n’ai pas appris l’Espagnol mais je me suis toujours demandé si l’ouvrage avec John and Betty avait un équivalent ibérique, un « José y Carmen ».

Les deux pays ont des points communs. Ils ont une monarchie qui n’a aucun pouvoir politique. Ils se déchirent aussi depuis 300 ans pour un territoire de 6,8km2, le rocher de Gibraltar. C’est à peu près tout.

Quand John passe méticuleusement sa tondeuse dans le jardin, José cueille les oranges. Quand Betty s’abrite sous un parapluie dans les brumes londoniennes, Carmen joue de l’éventail dans les ruelles de Séville.

En Espagne, pas de bus à deux étages pour aller à l’école mais le scooter du père. Il peut emmener les deux enfants grâce à sa selle biplace. Lorsqu’ils seront plus grands, il devra s’équiper d’un side pour emmener toute la famille.

Comme la Grande-Bretagne, l’Espagne regorge de véhicules typés associables au mode de vie.

Après la guerre civile de 1936, le pays a été plongé dans une léthargie économique. Il s s’est donc tourné vers des véhicules économiques. Le laitier espagnol est ainsi équipé d’un triporteur Lambretta avec une caisse à l’avant, comme le livreur de bouteilles de gaz ou de boissons.

L’entrepreneur local se sert d’un dérivé du Biscuter Voisin en version fourgonnette ou de l’Isetta équipée d’un plateau. Les rues espagnoles sont ainsi envahies de véhicules simples, aux couleurs bigarrées, dont la motorisation deux temps laisse échapper des gaz d’échappement bleutés.

On imagine la cacophonie régnant dans les ruelles encombrées de ces engins pétaradants.

J’ai un faible pour ces véhicules aux formes simplistes. Le grand fabricant ibère, Dalia, a su capter le charme des versions tricycle. La firme de Barcelone a décliné une multitude de versions, au point qu’on s’y perd.

Au début de ma collection, devant l’ampleur de la tache, je m’étais contenté d’en garder quelques-uns. Et puis j’ai eu l’opportunité d’ acquérir un lot qui en comprenait plus de 40 différents. Je n’ai pas laissé passer cette chance.

Désormais, les Lambretta, les Vespa aux couleurs Obras publicas, Butano, Cruz Roja, policia, Coca Cola animent mes vitrines, et me transportent en Andalousie en quelques secondes.

On peut s’interroger sur la réalité de certaines versions comme Cruz Roja . On imagine l’équipage assumant les urgences en triporteur ou en scooter avec side-car.

Il faut prendre ces versions comme des jouets. Ils établissent combien ces petits véhicules faisaient partie de la vie de tous les jours au point d’en multiplier les variantes même les plus improbables.

les versions « militar » sont là pour nous rappeler la présence du Général Franco à la tête du pays jusqu’en 1975. Certaines versions sont décorées aux couleurs « policia ». La police a toujours eu, en Espagne, ce type de véhicules.

Les Lambretta triporteurs ont permis à Dalia de multiplier les chargements. Lait, vin, soda Coca Cola, bouteilles de gaz et chargements variés sont au catalogue. Pour chaque version Dalia a pris soin de réaliser une cale en carton à la dimension des accessoires contenus dans la benne du triporteur.

Cette astuce des fabricants de jouets consistant à décliner un grand nombre de variantes leur permettait de gonfler leur catalogue à peu de frais et donc d’accroître les commandes des revendeurs. Ces petits modèles fort attrayants devaient être vendus bon marché.

Le scooter c’est aussi l’image de la jeunesse, donc de l’insouciance. Comment interpréter autrement la version »rallye » qui emprunte à la Porsche GT  et l’Aston Martin DB5 leur numéro de course et leur bande tricolore?

Il y a là quelque chose de prémonitoire, comme si Dalia pressentait l’émergence en 1980 de la « Movida » et la sortie du franquisme. Il fallait oser proposer un scooter rallye à côté de la version kaki militaire. Laquelle eut le plus de succès ? il me semble que la version militaire est bien plus fréquente que l’autre, et qu’elle a été produite en plus grand nombre.

Merci à José Andrade pour son aide dans l’acquisition  de ces miniatures. Prochain blog le 25 Janvier 2021.

Jour de fête

Jour de fête.

Vous avez sûrement en tête les images du film « Jour de fête » de Jacques Tati, avec l’arrivée joyeuse du petit cirque dans le village de Sainte-Sévère-sur -Indre. Les enfants du village courent derrière les roulottes. C’est la fête, les forains arrivent.

On retrouvera cette même joie liée à l’arrivée des forains plus tard, dans le film de Jacques Demy, « Les demoiselles de Rochefort » . (voir l’extrait de l’arrivée des forains avec les camions Saviem et les bateaux Rocca !) 

L’arrivée des roulottes symbolise ce moment de fête, de rupture avec le quotidien, comme carnaval au Moyen Âge.

C’est en 1779 que l’on trouve la trace des premiers spectacles de cirque, en Grande-Bretagne en plein air. Puis des structures en dur ont été construites afin d’assurer le spectacle quelque soit le temps. On parle ici de spectacles d’une certaine envergure.

Plus tard, grâce à la traction hippomobile, de toutes petites structures ont sillonné les routes de Grande-Bretagne puis de France. En France, des décrets sont venus réglementer les déplacements et le stationnement des gens du voyage, des saltimbanques.

Pas de chapiteau bien sûr, mais des bancs, une estrade. parfois quelques animaux, un montreur d’ours par exemple. Quelques numéros de jonglage, de clown au son d’un ou deux instruments de musique. Cela suffit pour apporter joie et divertissements dans les petits villages.

Nous sommes bien loin du gigantisme du cirque à l’américaine. Les saltimbanques arpentent les routes toute l’année.

En parallèle, les femmes exercent parfois leurs dons de voyance. Roulottes et diseuses de bonnne aventure vont de pair. Les peintres se sont emparés de cette image d’Epinal.

Certains artistes ont su saisir sur la toile les deux facettes de la vie des gens du voyage : le divertissement et les prédictions d’avenir. Lucien Simon qui était professeur à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris a réalisé une série de toiles mettant en scène un petit spectacle sur une estrade et une diseuse de bonne aventure.

Les scènes croquées par Lucien Simon se déroulent le 15 août dans le Finistère. Chaque année, au jour du pardon de la chapelle Notre Dame De La Joie, un petit cirque, mais aussi des manèges venaient s’installer à Penmar’ch.

Le plus intéressant est celle où le peintre représente à l’arrière plan une petite estrade où quelques clowns amusent la galerie. Au premier plan des bigoudènes se font lire l’avenir dans les cartes par une diseuse de bonne aventure. Les enfants sont apprêtés et fixent le spectateur. Les chevaux sont au repos. La scène contraste avec l’agitation et le brouhaha du fond du tableau.

On y trouve le mélange du profane et du sacré. Ces fêtes du 15 août sont bien sûr d’ordre religieux. Après les célébrations religieuses, les participants assistaient à ces petits spectacles qui permettaient sans doute le temps de quelques heures d’oublier les rudes conditions de vie en Bretagne à cette époque.

On notera la roulotte de couleur verte, le fronton de la scène, les drapeaux tricolores que l’on retrouve sur plusieurs tableaux et sous différents angles, confirmant qu’il s’agit bien du même lieu.

Les cirques de taille importante ont eux aussi développé leurs numéros de voyance et de magie et ce dés le début de la création des premiers cirques. Ces numéros ont toujours fasciné le public. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder les belles affiches de la collection du Docteur Frère qui illustrent cette page. Qui n’a pas redouté, un jour, au cirque, d’être choisi par l’artiste pour servir de cobaye ?

Les fabricants de jouets anglais ont toujours montré de la bienveillance envers ce monde ambivalent, n’hésitant pas à proposer à leurs petits clients des reproductions de roulottes de gens du voyage.

La vie de bohème et le monde des saltimbanques n’a pas de connotation péjorative outre-Manche. Ils jouissent d’une certaine reconnaissance, les jouets décrits ci-dessous en sont la preuve. La frontière entre gens du voyage, petits cirques ambulants et cartomanciennes est très mince.

Charbens a crée un magnifique ensemble, au 1/32. Les éléments sont injectés en plomb. La roulotte est d’une taille respectable. l’ensemble se compose d’un gitan, debout, d’une gitane assise tenant un enfant au creux de ses bras, d’un brasero et d’une corde à linge avec des vétements suspendus, donnant vie à l’ensemble. C’est une pièce rare. Nos amis anglais vous expliqueraient que le plus rare, à, part la corde à linge, c’est la boîte, ce qui pour ce type de jouets est une réalité. Il en existe au moins deux, de couleurs différentes.

L’ensemble proposé par Morestone est aussi reproduit à la même échelle, le 1/32, échelle de reproduction la plus usitée en Grande-Bretagne pour ce type de jouets. L’ensemble est splendide. Les couleurs très représentatives. je ne ne connais qu’une couleur. L’ensemble est injecté en zamac, comme tous les modèles de cette firme. Ce qui manque très souvent, lorsque l’on croise ce jouet, ce sont le gitan et la pièce rapportée figurant les petites marches à l’arrière de la roulotte.

En France, il n’en a pas été de même. Si les grands cirques sont adulés, les petites structures sont bien souvent mises à l’index. Il suffit de lire les différents arrêtés pris par les maires ou les préfets.

Pour s’en convaincre regardez comment Minialuxe a traité son sujet. La boîte est certes bien décorée. L’artiste a eu cette belle idée de faire figurer le nom du coffret sur les vêtements étendus sur une corde à linge.

Cela nous renvoie à l’image que Charbens véhiculait plus haut. Le linge au vent, en pleine nature symbolise la vie nomade, la liberté mais aussi le lien avec la civilisation.

Le coffret se nomme : « LES ROMANIS ». Cela se disait autrefois, puis en 1974 c’est le terme « Rom » qui a été adopté. Il est composé de peuples nomades (bohèmiens, tsiganes, gitans).

La roulotte est assez précaire, simpliste. L’illustrateur a choisi de représenter un fer à cheval sur les languettes de la boîte symbolisant la bonne aventure, les cartomanciennes. L’allusion au cirque a disparu totalement.

Cette réalisation n’a pas rencontré un franc succès. Minialuxe réutilisera vite cette petite roulotte en accessoire servant à accueillir les cantonniers entretenant les routes. Le clou sera l’utilisation d’un boîtage accueillant les deux thèmes dans un même coffret. Inutile de préciser la rareté de ce dernier.

Au milieu des années soixante, la série de marionnettes d’animation « Kiri le clown  » créée par jean Image , fut diffusée à la télévision française. Elle synthétise  l’image du petit cirque, de la roulotte, de la vie itinérante. Le bruit des sabots du cheval et le déhanchement de la roulotte m’ont beaucoup  marqué. J’avais oublié. Au moment d’écrire ces lignes, ce souvenir bien enfoui m’est revenu. (voir la vidéo du premier épisode…uniquement pour ceux qui ont connus cette période !) 

L’arrivée du cirque en ville.

L’arrivée du cirque en ville.

On peut mesurer la réussite d’une exposition au sentiment de tristesse qu’on a lorsqu’on arrive à la dernière salle. Heureusement, ce sentiment s’estompe au profit d’un autre, plus agréable, celui d’avoir enrichi ses connaissances et de pouvoir en faire profiter les autres.

C’est donc en sortant d’une magnifique exposition organisée au musée Masséna de Nice, ayant pour sujet l’histoire du cirque et intitulée « Le cercle enchanté » que m’est venu le sujet du jour.

L’exposition abordait l’histoire du cirque à travers ses rapports avec la ville de Nice. On apprenait ainsi que la ville de Nice avait possédé une installation fixe, rue Pastorelli.

C’est l’extraordinaire collection du docteur Alain Frère qui a servi de support à cette féérique exposition. On découvre que le premier établissement fermé servant à recevoir un spectacle équestre est l’œuvre de Philip Astley en 1779 en Grande-Bretagne.

Les historiens avancent l’idée que cette structure fermée permettait de produire le spectacle sans se soucier de la météo que l’on sait parfois capricieuse outre-Manche.

La trace du premier chapiteau démontable, et donc mobile, apparaît en 1825 aux Etats-Unis.

Le cirque se déplaçait d’une ville à l’autre par convoi ferroviaire. On imagine bien, notamment aux Etats-Unis, les grandes distances pouvant séparer une ville d’une autre. Avant que n’apparaisse la traction automobile au début du 20 eme siècle, c’est la traction hippomobile qui servait à convoyer le matériel, mais aussi les cages et les éléments du chapiteau, de la gare à l’endroit choisi pour implanter le cirque.

Un panneau de l’exposition rapporte à quel point l’arrivée du cirque Barnum et Bailey à Nice en avril 1902, fut un évènement marquant : quatre trains spéciaux composés de 67 wagons chacun ! Le gigantisme à l’américaine.

Trois places de la ville furent investies par le cirque. 500 chevaux participèrent au spectacle et bien sûr au montage de ce véritable « Barnum » qui est devenu un terme désignant le gigantisme.

Bien sûr, tous les cirques n’avaient pas cette dimension exceptionnelle. Et dans les petits cirques, les chevaux avaient un dur labeur : après avoir tracté les ensembles ils devaient le soir assurer la représentation. De nombreux documents attestent de ce fait.

Voyez ces ensembles de chez Barclay. Les chevaux sont encore somptueusement décorés de plumets, et cependant ils sont au travail, tirant la cage contenant du lion.

Je n’ai pas pu résister au plaisir de glisser ce découpage offert par un fabriquant de pâtes alimentaire…Ses spaghettis servaient à figurer les barreaux derrière lesquels un terrible léopard attendait l’heure de la parade. Nul doute, le fabricant de pâtes a conçu d’autres cages afin que l’enfant puisse reconstituer une vraie caravane de cirque.

La firme anglaise de personnages miniatures Charbens a reproduit un exceptionnel ensemble dans lequel il revient à l’éléphant de tirer les deux cages et les animaux sauvages. On peut imaginer que ce type de convoi a réellement existé.

Ce jouet a eu en son temps un beau succès d’estime. Il est plein de poésie. Je l’apprécie tellement que j’ai cru bon en acquérir trois en raison des variantes de production.

Plus tard c’est la traction automobile qui remplacera l’animal.

Le fabricant allemand Siku a proposé deux merveilleux éléments qui peuvent être tractés par de nombreux véhicules de la gamme. Cependant, la firme a conçu un coffret composé d’un tracteur Fahr, de la roulotte d’habitation et d’une remorque cage.

Ces éléments ont cependant été le plus souvent vendus à la pièce, en étui individuel.

Siku est un fabricant qui sait faire vivre les jouets et développer l’imagination de l’enfant. Avec ses artistes placés sur la partie avant, la roulotte est d’un charme désarmant. On appréciera la petite cheminée qui donne de la vie au jouet. L’échelle de reproduction se situe au 1/60.

Minialuxe a utilisé un tracteur avec une cabine tôlée de dessin libre, d’origine anglaise, tirant deux cages transparentes. Nous sommes très loin de Siku. Le charme est différent.

La boîte est très plaisante. Minialuxe remplacera plus tard ce tracteur par un Berliet Gak à ridelles bâché. L’ensemble avec les deux cages sera alors vendu en boîte transparente.

Les fabricants de jouets, particulièrement ceux spécialisés dans les figurines, ont concentré leurs efforts sur la reproduction de personnages. L’échelle retenue étant le 1/32, le coût était trop élevé pour créer des véhicules et des remorques. Quiralu a reproduit des véhicules et des cages en bois, mais en s’affranchissant de cette échelle.

Dans les années soixante, Corgi Toys sera le premier grand fabricant de miniatures à offrir un superbe ensemble de véhicules. Cet ensemble a beaucoup contribué à la renommée de la firme, il a marqué un grand nombre d’entre nous.

Cela est une autre histoire.

 

PS: si le sujet vous intéresse, je ne peux que vous conseillez le très beau livre paru pendant cette exposition et consacré à cette fantastique collection  du docteur Alain Frère (Editions Giletta).

Les affiches et autres  documents insérés dans cet article proviennent de la collection du docteur Frère. Les miniatures et les figurines de notre collection.

Minialuxe et la télévision

Minialuxe et la télévision

400ème

Nous y sommes. Voici le 400ème article publié. Je ne suis pas attaché aux chiffres, mais le tableau qui permet de mettre en ligne les articles est formel : à l’issue de cette dernière mise en ligne le compteur affichera 400 articles publiés.

J’ai pensé qu’il était temps de revenir un peu en arrière. La création de ce « blog » correspondait au besoin de faire partager ma passion pour le monde de la miniature automobile et de faire découvrir aux collectionneurs sous un angle original, des autos qu’ils pensaient parfois bien connaître.
Le démarrage a été laborieux. Je me souviens de la tête de mon épouse lorsque je lui ai demandé de lire et de corriger les premiers textes. Ils étaient manuscrits et copieusement raturés, sans doute illisibles pour tout autre que moi. L’exercice m’a été salutaire. J’ai appris à composer ces textes en me mettant à la place du lecteur. Mon épouse est ma première lectrice. Comme elle n’est pas du tout collectionneuse, elle est exigeante au regard du critère d’intelligibilité.
Il y a deux ans, nous avons dû évoluer : le langage (HTML) servant à mettre en ligne ces écrits était devenu obsolète. Patrick, l’informaticien qui travaille avec moi a dû reformater et remettre en ligne les textes un par un. Aujourd’hui, je dispose d’un outil moderne qui tient le compte des articles en cours d’écriture, de correction ou de relecture. J’ai environ 30 articles d’avance. Certain attendront deux ans ou plus avant d’être publiés, d’autres le seront tout prochainement.

Charbens Caravane de gitan
Charbens Caravane de gitan

J’ai profité de cet événement pour faire un bilan et une sélection de mes trois articles préférés. Je vous invite, sur le portail du site à me communiquer votre préféré. Sur la troisième marche du podium figure « Mon pote le gitan ». Ce texte a été écrit en très peu de temps. Il collait à l’actualité politique. S’agissant des reproductions de caravanes de gitans, j’avais trouvé intéressant sociologiquement de confronter l’approche des fabricants anglais et des fabricants français.

Vient ensuite l’article sur la Porsche 917 de chez Dinky Toys. La première raison est l’attachement que mon père et moi vouons aux bolides de la firme de Züffenhausen. Nous avions commencé la collection de miniatures automobiles en rassemblant des autos de course et notamment des Porsche. Cela perdure et depuis le départ de ma fille de la maison, j’entasse dans sa chambre les nouveautés Spark et Minichamps.

Il faut donc imaginer quelle a été mon émotion lorsqu’au milieu des années quatre-vingt, dans l’étroit couloir d’un appartement parisien, j’ai découvert trônant dans une petite vitrine murale au milieu d’autres prototypes Dinky Toys, cette Porsche 917. C’était l’extase de l’explorateur découvrant un trésor.
Il nous faudra près de trente ans pour acquérir ces pièces. Une fois l’affaire conclue, le propriétaire m’a fait partager ses souvenirs. C’est un scénario qui s’est souvent reproduit lorsque j’ai traité avec des personnes qui avaient travaillé chez Meccano. Triant ses archives Dinky Toys, ce dernier avait trouvé une photo prise durant les essais des 24 heures du Mans 1969 : il était immortalisé avec son frère devant la Porsche 917. Etudiant, sans le sou, tous les moyens étaient bons pour admirer les bolides de près et ils étaient rentrés grâce à la complicité de mécaniciens de chez Matra. (Relire le texte sur la Porsche 917 Dinky Toys). Cette anecdote dota le modèle d’une aura toute particulière.

Enfin, notre article préféré à mon épouse et à moi-même est celui intitulé « La quiche et l’équipe » (relire le texte « La quiche et l’Equipe »). Il fut écrit très vite, sur un sujet qui m’irrite. C’est la tendance de la presse à ne savoir parler que d’argent pour intéresser et captiver le public. Cela touche malheureusement tous les domaines. C’est un angle très réducteur mais c’est aussi celui qui demande au journaliste le moins de travail de recherche. Plusieurs fois, j’ai été approché par des médias. Après une petite discussion, je les ai invités à lire ce texte, cela m’a permis ensuite de mieux cadrer les choses.
Ces reportages ont beaucoup fait pour mon activité, je le reconnais volontiers bien que j’en sois assez détaché. Je n’ai jamais démarché qui que ce soit pour les obtenir et, fait qui surprend toujours, je n’ai jamais voulu voir les documentaires. Je préfère entendre les commentaires des tiers.

En souvenir de ces bons moments et puisque nous parlons télé, je me suis rappelé que nous avions acquis un original présentoir Minialuxe qui n’avait jamais été utilisé par la boutique à laquelle il avait été offert.

notice du présentoir
notice du présentoir

En effet, nous l’avions trouvé dans son carton d’origine, jamais déballé, avec sa notice d’utilisation. Cette dernière stipule qu’il est formellement interdit de placer des miniatures autres que les Minialuxe sur les côtés du présentoir.

Comme vous pouvez le voir il reproduit un poste de télévision, luxe suprême dans les années cinquante. Ne reculant devant rien, Minialuxe avait demandé à la société prestataire de concevoir ce présentoir de manière à ce que l’écran puisse s’éclairer. J’ai un souvenir particulier lié à la prise électrique de ce dernier, celui d’avoir fait sauter les plombs de la maison.

C’est peut être la raison pour laquelle le propriétaire du magasin laissa l’objet dans sa boîte, à moins que ce dernier n’ait rompu toute activité commerciale avec Minialuxe au regard de la qualité perfectible des produits diffusés. Avouons que ces modèles avaient cependant un certain charme et qu’ils étaient originaux. Ces qualités font cruellement défaut aux modèles sortis sous le même nom il y a quelques années et fabriqués en Chine.