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les souvenirs de collectionneur de Vincent Espinasse

Avec le temps, va, tout s’en va

Avec le temps, va, tout s’en va

Dans 10 ans, en 2028, qui se souviendra avec précision des fabuleuses autos de course des années soixante ? Vous allez sûrement hausser les épaules. Impossible ne pas s’en souvenir. Et pourtant. Le temps qui passe fait son oeuvre et efface petit à petit les souvenirs de nos mémoires.

Pour illustrer ces propos, m’est revenue une petite histoire. Au milieu des années soixante-dix, animé d’une louable intention, le collectionneur suisse Michel Sordet publiait une revue qui cherchait à recenser les miniatures à travers une encyclopédie trimestrielle. Les articles de la revue « Ma collection » pouvaient traiter d’un fabricants de jouets, d’une marque automobile ou d’un autre thème. Je me souviens par exemple d’un intéressant et très documenté numéro consacré aux autos américaines.

Dans un autre article, qui portait sur la firme C-I-J, l’amateur de voitures de course que j’étais avait repéré une monoplace identifiée comme Mercedes. Ce modèle correspondait à l’exemplaire que j’avais acquis au marché aux puces de Saint-Ouen, chez M. Gilles Scherpereel.

Michel Sordet est un amateur de voitures de course, et pourtant, il avait confondu la Mercedes avec la Bugatti T59/50B. Juste avant la guerre et à la libération, cette monoplace avait marqué les esprits. Pas suffisamment, cependant, car 30 ans après sa dernière victoire, le 9 septembre 1945 lors de la coupe des prisonniers , plus personne ne savait l’identifier.(voir le blog consacré à la Delahaye  145 du GP du Million)

Inca, petit fabricant français, offrira une reproduction de la Bugatti qui avait participé au Grand Prix du Million. Avec son moteur de 4,5L, son appui-tête profilé et son radiateur avant caréné cette Bugatti T59 a effectivement des airs de Mercedes.

Cela entrainera de nombreuses confusions dans les années 80 chez les collectionneurs qui attribueront à Mercedes la paternité de cette miniature.(voir le blog consacré  aux Mercedes de Grand Prix)

Il faut dire que sa silhouette symbolise à la perfection la monoplace des années d’avant-guerre.

Il existe plusieurs tailles de reproductions de cette Bugatti. Comme souvent, il y a débat pour savoir s’il s’agit d’une  contraction  du matériau dans le temps ou de l’utilisation de plusieurs moules, ces derniers ayant eu une existence assez courte.

Enfin, signalons l’existence d’un dérivé de cette Bugatti, moins fréquent, qui possède un radiateur très différent.

Un exemplaire de cette Bugatti T59/50B, grandeur nature, est présenté au musée Schlumpf. Hasard de la présentation, elle est placée juste devant une fabuleuse Mercedes W125.

Dans les compétitions d’avant-guerre, bien souvent c’est la Bugatti qui voyait l’arrière des Mercedes et des Auto Union.

Je profite de cet article pour présenter une mystérieuse monoplace française, produite aussi en plastiline.  Qui pourra nous en dire plus? Une chose est sûr, elle est rare.

 

Un autre regard

Un autre regard

Au coin d’une rue,  garée le long du trottoir, une 404. Elle est superbe. Nous avons quitté la capitale, et désormais l’action se situe en pleine campagne. Le contraste est saisissant. L’architecture baroque de la capitale et ses larges avenues à l’européenne sont bien loin. Les maisons sont modestes, les rues poussiéreuses. Une 504  de couleur ocre arrive à l’angle de la rue où la 404 est en planque. Détail singulier, elle est équipée de phares doubles.

Nous sommes en Argentine. Le film c’est « Dans ses yeux » de Juan José Campanella.  Film prenant,  qui une fois commencé vous hypnotise  jusqu’au bout. Il reçut l’oscar du meilleur film étranger à Hollywood en  2010.

La vue de ces autos  sur l’écran m’a instantanément fait plongé dans un autre film. Un film plus personnel. C’est la similitude  des lieux , le contraste de la capitale et de la pampa et bien sûr  la 404 qui m’ont plonger dans une autre histoire.  Un film dans le film en quelque sorte.

Il y a une vingtaine d’années, un fidèle client de la boutique s’en est allé faire un long voyage en Argentine. Plein d’espoir , il partit avec l’  objectif de trouver des miniatures. Le pays est grand. Très grand. Il me décrivit à son retour ce contraste entre la très grande ville et la campagne. En ville, il fit chou blanc. Rien. Comme le  héros du  film qui comprend que son enquête avancera à la campagne, il partit  donc dans la pampa. Il me raconta que dans un village isolé il repéra un petite échoppe, où en vitrine trônaient des Buby. Problème, la boutique était fermée, et rien n’indiquait qu’elle allait réouvrir. Persévérant, il interrogea  des gens dans le village. Au bout d’un moment , on trouva une personne qui avait les clefs et il put acheter plus d’une centaine de Buby, toutes des 1/60 , dont près de 80 Peugeot 404 !

Le film, « Dans ses yeux » se passe en 2009, mais une grande partie du film se déroule en flashback.  En 1975, pour être précis. De nombreuses autos qui  le jalonnent ont été produites par Buby.  La Peugeot 404 par qui ses souvenirs sont remontés à la surface a été reproduite au 1/60 par Buby. La miniature est réussie.  Comme pour toutes les versions de cette époque, la marque en a extrapolé une version « carrera » des plus parlantes. Pour l’occasion, Buby a découpé les ailes arrières.

La Peugeot 504, que l’on voit aussi dans le film, a eut les honneurs  à deux échelles  différentes, le 1/43 et le 1/60. Elles sont fidèlement reproduites. . Le très regretté Christian Moity, dans un article daté de mars 1971 dans la revue L’automobile déplora que Buby n’ait choisi la version équipée des doubles phares, comme celle que l’on voit dans le film d’ailleurs.Cet équipement  permettait de la différencier  au premier regard de la version européenne. Pourtant José Andrade en a depuis trouvé un exemplaire.

Une autre auto, qui nous est familière en Europe, apparait dans la dernière partie du film.   Le mari, dont la femme a été sauvagement assassinée, raconte à un magistrat qu’il a enlevé le meurtrier pour se venger. C’est dans la malle d’ une Fiat 1500 qu’il a placé le meurtrier avant de l’abattre le long d’une voie de chemin de fer. Buby nous a gratifié  d’une magnifique reproduction. L’échelle est comme souvent avec ce fabricant légèrement supérieure au 1/43. Pas de parties ouvrantes. Cela confère au jouet un aspect compact qui lui va bien.

Plus tard, Buby  proposera une extraordinaire version pick-up sur cette même base réservée au marché argentin. Je ne peux m’empêcher de vous la présenter.

Assurément, ce type de carrosserie , très populaire en Amérique du Sud  aurait été  plus commode, pour, dans le film,  transporter le corps de l’assassin !

Enfin, comment ne pas évoquer les fameux taxis de Buenos Aires ainsi que les autos de police. Elles jalonnent le film, bien sûr. Nous autres amateurs d’automobiles, nous guettons à chaque plan l’apparition de ces autos. Elles sont comme des marqueurs à notre propre collection.

Le catalogue Buby est révélateur de la culture automobile en Amérique du Sud.  Si toutes les miniatures ou presque ont trouvé un débouché en version  course, les versions police ont également eu un petit succès, et ce dès  le début. (voir le blog deux poupées dans la pampa).

Ford Fairlane, Chevrolet Impala, Ford Falcon ou Torino elles sont superbes.

Profitant d’un cycle sur le cinéma argentin sur la chaîne Arte, j’ai  donc guetté l’apparition de véhicules  représentatifs du paysage local.

Vivement un cycle de films provenant de Nouvelle-Zélande, d’Australie ou du Japon, afin de mettre des images  concrètes sur mes miniatures . Quel plaisir de voir une station service au Japon, une Holden Utility  en Nouvelle Zélande ou un taxi australien en plein Sidney.

Qu’est ce qu’une « petite série »?

Qu’est ce qu’une « petite série »?

Dans l’histoire de l’art, de nombreuses œuvres ont connu des « petites séries ». Le malicieux René Magritte, qui n’appréciait guère le marché de l’art et ses spéculations, a sciemment reproduit en plusieurs exemplaires certaines de ses oeuvres, dans le but avoué de déstabiliser les spéculateurs, et donc le marché de l’art. Il voyait d’un mauvais oeil que l’on puisse parler de son oeuvre par le prisme de l’argent et de la valeur marchande.

Pour nous autres, amateurs collectionneurs de miniatures Dinky Toys la notion de « petite série » est bien différente.

Nos Dinky Toys sont des produits manufacturés qui ont été produits selon une logique industrielle. A de très rares exceptions près, la direction n’a jamais été intéressée par le fait de glisser une petite série au milieu d’une production de masse planifiée.

Dinky Toys n’avait pas pour cela la capacité d’adaptation de Tekno qui, pour diverses raisons (conception des modèles en deux ou trois parties, fabrication de toutes petites quantités de décalcomanies..), a pu se consacrer à la production de petites séries.

Mais au fait, de quoi parlons-nous ? Une « petite série » c’est combien de modèles ? J’ai récupéré un étonnant document qui éclaire un peu le sujet. Il s’agit d’une lettre adressée par la direction de Meccano à un client qui avait demandé s’il était possible d’obtenir une Renault Floride de couleur blanche. La direction lui a répondu qu’il n’y en avait eu qu’une centaine de produite et que malheureusement, plus aucun exemplaire n’était disponible. L’en tête de la lettre porte la mention « Meccano Tri-Ang », ce qui veut dire que nous sommes au minimum en 1964. Pour information, cette couleur est datée de 1960.

Comparé à la production des Renault Floride réalisée par Dinky Toys, ce chiffre est une goutte d’eau. Il faut donc se pencher sur la finalité de cette production.

On sait désormais de façon certaine que cette miniature a été distribuée lors d’un salon du jouet aux détaillants méritants. Un ancien employé du bureau d’étude m’a conté combien les détaillants étaient choyés lors de ces salons.

En effet Dinky Toys n’avait pas de grossistes, comme Solido par exemple. En conséquence, la direction de Meccano accordait une grande importance aux « abonnements ». Il s’agissait de contrats par lesquels les commerçants s’engageaient à prendre chaque nouveauté dans une quantité à définir.

On peut imaginer qu’en fonction de cette quantité, une remise était accordée. Mon interlocuteur m’a souvent parlé de ce système, en insistant sur le fait qu’à sa sortie chaque nouveauté était donc déjà en partie pré-vendue, ce qui permettait à la direction de rentrer de la trésorerie.

On comprend donc toute l’importance de ces modèles distribués durant les salons du jouet. Comme le dit Jean-Michel Roulet, il est vraisemblable qu’un surplus de ces miniatures a été distribué dans le commerce ou lors de visites de l’usine. D’ailleurs, pour revenir au courrier de 1964 décrit plus haut, le décalage de 4 ans peut s’expliquer par le fait que la distribution de ces autos spéciales s’est étalée sur plusieurs salons du jouet.

Il m’a paru intéressant de dresser une liste des modèles dont je peux affirmer qu’ils ont été distribués lors de ces salons. Outre la Renault Floride de couleur blanche, il y eu la Citroën DS présidentielle en boite bleue.

Vous remarquerez l’importance du logo Meccano Tri Ang souligné de couleur or, comme pour bien montrer la provenance.

Durant la même période a également été réalisée et distribuée au salon du jouet la Ford Thunderbird qui reprend les couleurs de la Citroën DS présidentielle, argent et anthracite.

Pour ce modèle j’ai deux témoignages concordants. J’ai comptabilisé une dizaine d’exemplaires de ce modèle.

Dernièrement, un autre modèle ayant eu également un usage « hors-commerce » au salon du jouet a été découvert. Pour être plus précis, c’est sa destination qui nous a été récemment révélée.

Cette auto avait été découverte par Jean-Michel Roulet dans les années 80. Il l’avait ensuite cédée à Jean-Bernard Sarthe auprès duquel je l’ai récupérée. Il s’agit d’une banale Panhard PL17 de couleur parme.

Sa particularité tient au fait qu’elle est sans vitres et sans aménagement intérieur, ce qui n’a rien d’extraordinaire. Par contre, en la retournant nous nous sommes aperçu qu’elle était équipée d’un châssis peint de couleur noire, dépourvu d’inscription et bouterollé normalement.

Tout l’intérêt réside dans ce châssis, semblable à celui de série mais sans inscription. Quant à l’endroit d’où provient cette auto, il ne laisse aucun doute sur l’authenticité du modèle.

Près de 20 ans se sont écoulés. Dernièrement, les descendants des frères Parodi de Gênes ont mis en vente la collection constituée par leurs parents. Quel étonnement de découvrir dans le catalogue un exemplaire de ce modèle, mais surtout, quelle surprise de lire le commentaire du lot.

Un des enfants se souvenait que la miniature leur avait été offerte au salon du jouet par la direction de Meccano.

Cette Panhard est en fait une véritable « petite série » réalisée pour le salon du jouet, afin de donner aux clients un aperçu de la future gamme Junior. Au vu de cette série économique, il est bien évident qu’il fallait préparer la clientèle, mais surtout les professionnels. Ces derniers habitués à vendre les Dinky Toys comme des produits haut de gamme ont sans doute été décontenancés par cette gamme. Cette Panhard de pré-série n’a pas dû suffire à dissiper les doutes.

En tant que collectionneur, c’est une très belle découverte. Avant qu’on n’en connaisse la destination, cette auto n’avait pas d’intérêt particulier, à part son châssis, intriguant sans marquage. Elle prend aujourd’hui un intérêt significatif. La circonstance qu’on en ait trouvé une seconde, avec en plus l’explication de sa gestation, a donné un réel intérêt au produit. Je reste persuadé que d’autres exemplaires ressortiront un jour. Reste à savoir le nombre de modèles réalisés. Il est difficile de se prononcer, mais il est sûrement moindre que celui des Renault Floride dont on compte quelques dizaines d’exemplaires dans les vitrines de collectionneurs.

Le Pélican et la loi Evin

Le Pélican et la loi Evin

Certains noms de ministre restent dans le temps et reviennent ainsi, presque malgré eux, sous les feux de l’actualité, parfois vingt ou trente ans après que la fonction ait cessé d’être exercée par son titulaire. Il en est ainsi lorsque le nom du ministre est étroitement associé à une loi ayant fait polémique ou ayant été farouchement combattue. Ainsi, le nom de Simone Veil récemment disparue sera pour toujours associé à la loi légalisant l’avortement et à son combat contre un parlement composé majoritairement d’hommes qui ne voulait pas entendre parler de cette loi. Aujourd’hui encore certains rêvent d’un retour en arrière.

Pour tout dire ce n’est pas à cette loi que je pensais quand m’est venue l’idée de faire ce blog. Non, je pensais à la loi Evin relative à la lutte contre le tabagisme et l’alcoolisme et l’idée m’est venue alors que je rangeais en vitrine un buvard publicitaire édité dans les années cinquante par la bière « Pélican ».

Le sympathique volatile s’adressait ainsi aux enfants : « Votre collection d’autos miniatures va s’accroitre grâce au Pélican » tandis qu’un astérisque renvoyait au bas du buvard où l’on trouvait les explications permettant d’acquérir ce joli petit camion Renault : « conservez soigneusement les étiquettes !…500 donnent droit à un attrayant CADEAU PUBLICITAIRE !  » (texte original)

Deux choses m’ont surpris. La première est que ce message soit à destination des enfants. La seconde, c’est la quantité requise pour bénéficier du cadeau ! 500 bouteilles de bière Pélican pour mériter le petit camion Renault brasseur de chez Polichinelle, cela fait beaucoup ! C’est un vrai pousse -au -crime. On notera également qu’il devait être bien fastidieux d’enlever les 500 étiquettes des bouteilles.

Je me souviens très bien qu’à l’école, le peu de fois où j’ai mangé à la cantine, on servait encore de la bière à table. L’industrie brassicole devait par ce biais éduquer les jeunes gens au doux plaisir de ce breuvage.

Cependant, la marque Pélican va plus loin. Elle invite clairement à boire en famille : « En famille buvez Pélican la grande Bière française ». A titre personnel, je n’aime pas la bière et je remercie la famille de mon épouse originaire de Calais de ne jamais m’en avoir tenu rigueur, dans la mesure toutefois où j’accepte bien volontiers un verre de vin rouge.

Un dernier détail, assez amusant. Observez le dessin. On voit cinq enfants. Les quatre garçons sont déjà sous l’emprise de l’alcool. La jeune fille baisse les yeux. Elle a l’air très sage et visiblement n’a pas touché à la bière Pélican.

Elle est presque gênée d’être là et de voir le comportement des jeunes garçons qui l’entourent.

Le petit Renault ATD Polichinelle est superbe. Plein de charme. Réalisé en tôle lithographiée, c’est un beau témoignage d’une époque. Pour l’occasion un étui a été réalisé. A priori, cette version plateau brasseur n’a pas été reprise en série.

Quatre carrosseries ont été proposées en magasin de jouets…ou plutôt chez les marchands de couleurs et autres bazars, circuit privilégié de distribution de ces petites firmes. Il faut noter un détail important : les modèles du commerce sont découpés dans des tôles unies. Plus de lithographie, même pour souligner les phares ou la calandre.

Nuançons enfin l’existence des quatre carrosseries. En fait, il y a une version citerne et une version ridelles. Cette dernière se décline en benne basculante quand elle est articulée sur l’arrière du châssis et en bâché, avec l’adjonction d’une bâche. Si l’on ajoute la version ridelles fixes cela nous fait bien quatre carrosseries qui ont été regroupées dans un superbe petit coffret intitulé « Les routiers ».

Un examen attentif du dessin du couvercle montre que l’illustrateur a reproduit un camion Ford 5 tonnes, celui de chez Dinky Toys, et non un Renault !

Enfin, la présence du nom d’une imprimerie lyonnaise “Bobillon et Beraud” laisse penser que l’origine de la marque est lyonnaise…mais alors pourquoi ne pas avoir reproduit un Berliet local ?

Dernière question. la C-I-J avait un contrat d’exclusivité pour la reproduction des véhicules Renault. Y a -t’-il eu un souci avec la Régie? Le modèle Polichinelle reproduit assez fidèlement un Renault ATD, c’est acquis. Cependant, la marque  au losange n’apparait ni sur le jouet ni sur la boîte.

Pour essayer d’être le plus complet possible signalons enfin l’existence de jolis ensembles, avec remorque, vendus en boîte individuelle. Pour l’occasion, Polichinelle a réalisé une remorque à deux essieux. Ces ensembles sont des plus réussis. Ces productions méritent votre respect de collectionneur et complètent à merveille l’univers des véhicules industriels français .

 

La lectrice

La lectrice

Dernièrement, une information a retenu mon attention. Un chercheur gallois annonçait que les suites pour violoncelle de Jean-Sébastien Bach avaient été en partie composées par son épouse, Maria-Magdalena. Il récidiva plus tard en annonçant que la soeur de Mozart avait participé aussi à la composition de quelques oeuvres. Je ne sais s’il faut accorder trop de crédit à ce genre d’annonces, mais une chose est sûre, je ne vais pas attendre qu’un journaliste découvre le pot aux roses avec le blog de l’Auto Jaune : je l’avoue dès à présent, mon épouse participe à l’écriture du blog.

Je me souviens du jour où elle a regardé la feuille sur laquelle j’avais rédigé le brouillon de mon premier blog. Connaissant ses facultés de rédaction, je souhaitais qu’elle ait un regard critique sur mon travail. Ce fut la douche froide.

Contresens, erreurs de syntaxe, fautes d’orthographe, le bilan n’était pas fameux. On peut dire qu’elle s’arrachait les cheveux. Elle m’a confié plus tard avoir bien cru que nous n’y arriverions jamais.
Moi qui partais avec de grandes illusions, j’ai compris qu’il allait falloir travailler dur si je voulais arriver à mon but : partager et transmettre ma passion des autos miniatures.

Ainsi, à « grands coup de ciseaux » pour reprendre son expression favorite, mon épouse a remanié le texte afin qu’il soit clair et compréhensible de tous. N’ayant pas un égo surdimensionné, j’ai pris la chose avec philosophie. Avec le temps, j’ai pu constater que ses corrections permettaient aux gens non initiés au monde de la collection de miniatures de trouver un intérêt à la lecture de ces quelques lignes.

Il faut reconnaître que le support papier n’était pas la bonne solution et que le traitement de texte facilite le travail à quatre mains. Mais l’inspiration me venant souvent de manière soudaine, sur mon vélo, dans une salle de cinéma, dans un musée ou dans le métro j’ai toujours besoin de consigner l’idée sur une feuille avant qu’elle ne s’envole.

Cependant, poursuivant notre petit bonhomme de chemin, nous voici arrivés au cinq-centième blog, ce qui représente quelques feuillets. Je n’ai  pourtant jamais eu la tentation de concevoir un ouvrage sur notre collection. Ce qui m’intéresse, c’est de présenter les miniatures à travers leur histoire et mes expériences personnelles, sous un angle original et différent de ce qui existe déjà. Pour cela, le blog laisse une liberté sans pareille : il est de plus accessible à tous. Et si de livre il n’y aura jamais, j’ai quand même décidé de faire un clin d’oeil au monde de l’édition en retenant ce thème pour le blog du jour.

En fait, je dois avouer, qu’il y a déjà très longtemps que je cherchais un prétexte pour vous montrer une miniature qui me tient à coeur. Il s’agit d’un véhicule réalisé par Erzgebirge.

C’est plutôt la thématique choisie par le fabricant qui est exceptionnelle. Il s’agit d’un bibliobus des années trente. D’après des photos que j’ai pu voir du vrai véhicule, il aurait été conçu sur la base d’un Büssing.

Réalisé bien sûr en bois, comme tous les jouets de cette firme, il possède un charme indéniable. Le fabricant a même pris le soin de faire figurer à l’intérieur, à l’aide d’un tampon, des livres rangés sur des étagères.

Une figurine représentant la bibliothécaire finit de donner au jouet toute sa poésie. Enfin, il est intéressant de rapprocher la fabrication de ce jouet de la période troublée que traversait l’Allemagne dans les années trente et notamment de l’autodafé en 1933 des ouvrages écrits par des écrivains juifs ou communistes. Ce pacifique petit véhicule, contemporain de ces exactions, peut être vu comme un symbole de la transmission du savoir, mais aussi comme un pied de nez aux autorités nazies.

A partir de ce véhicule, j’ai choisi de dériver vers les véhicules arborant des noms de journaux ou de maisons d’édition situés dans l’Europe du Nord. Au regard du nombre de miniatures aux couleurs des grands quotidiens allemands, on ne peut s’empêcher de penser qu’il y  avait outre-Rhin un engouement pour ce type de vecteurs publicitaires.

Le grand quotidien « Der Spiegel » fera réaliser des miniatures à ses couleurs.

Märklin fournira tout d’abord un Volkswagen Kombi, puis Tekno un camion Ford D800.

Pour cette occasion, Tekno a conçu cet habillage de type fourgon, peu crédible mais bien pratique pour apposer l’autocollant ceinturant la caisse. Il s’agit bien sûr de véhicules hors commerce.

A partir de son Volkswagen fourgon, Wiking produira une version estampillée à l’aide d’un tampon « BZ » pour le Berliner Zeitung.

En tant que firme berlinoise, Wiking semblait une entreprise toute indiquée pour ce journal.Ce produit est rare. Je ne me souviens pas en avoir croisé un autre que celui que je possède.

C’est à RW Modell qu’un autre journal, le « Berliner Morgen Post » s’adressa pour reproduire ce sympathique Ford Transit châssis court.

La décoration est des plus sobres. Conçu pour une fonction promotionnelle, comme tous les produits présentés ce jour, il est également difficile à se procurer.

Autre pays du Nord a avoir utilisé les miniatures automobiles comme vecteur publicitaire, les Pays-Bas. Présentons deux rares et splendides produits. Le premier, a été réalisé pour un hebdomadaire de programmes de télévisions « Avro Bode ».

En échange d’un abonnement, le journal envoyait par la poste ce très sympathique Bedford 10cwt de Corgi Toys aux couleurs du magazine. Pour cette occasion Corgi Toys a réalisé une couleur spécifique, un très beau bleu dur, et a décoré les panneaux du fourgon de décalcomanies aux armoiries du journal. La boîte, blanche, est très sobre. L’ensemble était bien sûr glissé dans un petit carton d’expédition que je n’ai jamais vu. Le produit est rare.

L’autre modèle est peut être encore plus intéressant. Le 21 décembre 1963, en échange de 3 Florins, le lecteur du journal « Haagsche Courant » pouvait acquérir une reproduction « made in Denmark » (dans le texte) d’un Volkswagen Kombi aux couleurs du journal. Pour ma part, j’ai acquis le journal près de 30 ans après avoir eu la miniature et ce document a autant d’intérêt que la miniature produite par Tekno.

Il se peut que l’objet ait été distribué par l’intermédiaire d’abonnements et qu’un surplus ait été vendu. Des lecteurs néerlandais pourront peut être m’éclairer sur ce sujet.

En attendant la suite, consacrée aux maisons d’édition scandinaves, je dois ici juste remercier mon épouse de m’avoir épaulé, aidé conseillé. Les textes n’auraient pas eu le succès qu’ils ont sans elle. Ils sont le fruit d’une longue complicité et nous avons un plaisir toujours renouvelé à vous les présenter. Quant à moi mon premier plaisir consiste à la surprendre à travers ces histoires.

 

 

 Autojaune

autojaune@orange.fr

 

 

 

Provenance : Courrier pour Windows 10

 

 

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