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Des formes avantageuses

Des formes avantageuses.

Tous les goûts sont dans la nature. Il suffit d’arpenter les allées d’un musée comme Le Louvre pour constater qu’à travers les siècles, l’idéal morphologique a évolué.

Si l’on prend comme point de départ, tout à fait arbitraire, la Grèce antique, ce sont d’abord les hommes qui ont été représentés dans le plus simple appareil.

Au milieu du XV siècle, le statut des artistes évolue avec les commandes de riches marchands flamands. Les sujets ne sont plus uniquement religieux.

Adam et Eve sont prétexte à représenter le corps de la femme dénudée. Une des premières Eve, celle de Van Eyck en 1432 a dû choquer plus d’un fidèle.

Que dire de l’érotisme sous-jacent de celles de Lucas Cranach au milieu du XVI siècle? Bientôt la mythologie fournira d’autres arguments aux peintres mais aussi aux mécènes.

Même si vous n’êtes pas un amateur de musées, les nus de Rubens n’ont pu vous laisser indifférents. A regarder ces femmes bien en chair, à l’opposé des critères des stylistes de mode actuels on comprend que les critères de beauté ont évolué.

Pourtant dans l’éditorial du magazine Le Monde daté du 31 octobre 2020, la journaliste Marie-Pierre Lannelongue commence son papier ainsi:

« Sans mes fesses, je n’aurais jamais pu venir dans un endroit pareil ».

L’éditorialiste nous invite à lire l’article de la journaliste Ghalia Kadiri. On apprend qu’au Maroc, les cliniques de chirurgie esthétique se multiplient. Mieux, le Maroc serait en train de concurrencer les pays leaders, les Etats-Unis et le Brésil. Le phénomène s’explique par l’explosion d’audience des réseaux sociaux où de jeunes marocaines publient clichés et vidéos pour expliquer comment leur vie s’est métamorphosée depuis qu’elles ont eu recours à la chirurgie esthétique.

L’opération relève de l’investissement.

La journaliste raconte que certaines d’entre elles, entretenues par de riches hommes, « font même désormais vivre leur famille avec leurs fesses ». Le modèle est une certaine Kim Kardashian. Nombre de jeunes femmes rêvent d’en devenir le clone.

La journaliste nous emmène à la rencontre du chirurgien le plus célèbre, un certain « docteur Guess » (Mohamed Guessous). Son but explique t-il est de démocratiser la chirurgie esthétique. Il a rebaptisée l’opération consistant à prélever la graisse du ventre de la patiente pour la réinjecter dans les fesses « MBL » : Maroccan Butt Lift en place du traditionnel et labellisé « BBL » (Brazilian Butt Lift).

Ce dernier se targue de proposer à ses clientes plusieurs tailles de fesses: de « S » à « XL », mais n’incite pas à la modération car « plus c’est gros plus ça marche ! ».

Le docteur Guess a même inventé la silhouette « Ferrari »: « c’est un BBL auquel on a ajouté un côté latéral pour plus de féminité par rapport aux fesses bombées du Brésil, où sont préférées les silhouettes sportives. »

Si Enzo Ferrari était encore de ce monde, aurait-il été heureux de cette comparaison ?

J’ai cherché une Ferrari qui pourrait correspondre à cet idéal alliant rondeur, féminité et sex appeal.

Un modèle me parait assez bien correspondre : la Ferrari 275GTB.

Elle a, me semble t-il, une place particulière dans la généalogie des Ferrari de route.

L’auto est superbe, c’est évident, et elle a marqué les esprits à sa sortie. Pour s’en convaincre il suffit de lister les fabricants de miniatures qui l’ont mise à leur catalogue : Dinky Toys, Politoys, Edil Toys, Norev, et même le Tchèque Igra, sans compter les dérivés (Meboto, Mc Gregor)

Pourtant quand on regarde l’histoire, on peut se dire que Solido a bien fait d’attendre et de proposer celle qui a suivi et qui allait, de manière radicale donner un sérieux coup de vieux à la 275GTB, la Ferrari 365GTB4 Daytona. Avec ses formes anguleuses, cette dernière tranche radicalement. Finies les rondeurs de la 275GTB. Le modèle qui fait école c’est la Carabo et ses angles, suivie de toutes les productions italiennes de chez Bertone, Ital Design et autres Pininfarina.

Les Lamborghini Miura, puis les Maserati Indy, Lancia Stratos, Lamborghini Countach et autres pur-sangs italiens vont arriver et notre 275GTB va très vite se trouver démodée. Curieux destin pour cette auto qui marque pour moi la fin d’une période. Enfant, j’avais déjà ce ressenti. La 275GTB aussi belle soit-elle m’a toujours semblé tournée vers le passé. Un passé glorieux certes, mais le passé.

Dinky Toys a offert un modèle sublime. Sans chauvinisme aucun, c’est la plus belle reproduction industrielle de cette auto. Bobigny a fait de gros efforts. Admirez les lignes d’échappement en plastique chromé rapportées, bien proportionnées, n’alourdissant nullement le modèle et n’entravant  pas son roulement. C’est sûr, nous sommes en présence d’une maquette plus que d’un jouet.

Toutes les parties sont ouvrantes et les dessinateurs du bureau d’étude ont réussi la gageure de ne pas altérer la ligne du modèle. Les vitres des portières à demi baissées permettent d’admirer l’habitacle. Raffinement supplémentaire, des autocollants ont même été créés afin de cacher les disgracieuses fixations de vitres. Pare-chocs rapportés en plastique chromé, feux et clignotants en strass : le grand jeu. Elle supplante à mes yeux les fabrications italiennes (Politoys et Edil Toys) qui sont pourtant de très bon niveau.

Les couleurs choisies sont réalistes. J’ai un faible pour celle de couleur jaune, qui permet de rompre la monotonie dans une vitrine consacrée aux Ferrari où la couleur rouge domine.

Sachez que quelques exemplaires ont été réalisés en rouge-métallisé (rubino). Le résultat est superbe. J’ai récupéré la mienne chez Jean-Bernard Sarthe qui avait eu la vraie, avec laquelle il avait fait quelques rallyes régionaux et autres courses de côte.

La version bicolore mérite que l’on s’y attarde. Elle est d’origine. Il ne faut pas la confondre avec les modèles bariolés (Citroën DS19…) remontés par un vendeur établi au marché de Vanves dans les années 90 avec des pièces provenant de l’usine après sa fermeture. Cette Ferrari je l’ai récupérée chez un couple qui travaillait sur la chaîne à Bobigny. L’histoire est assez singulière. Peu de temps après mon installation en 1984, ils m’avaient contacté pour me vendre un lot de 150 pièces. Superbe. Ils m’avaient expliqué qu’ils avaient constitué pour chacun de leurs deux enfants une petite collection identique. Ils me proposèrent d’abord la collection de leur fille. Cette dernière n’ayant aucune affinité avec les Dinky Toys, elle les avait conservées dans un grand carton, dans leur boîte, sans les avoir jamais ouvertes.

C’est là que j’ai eu cette version bicolore ainsi qu’une R8S jaune avec bande blanche. Leur authenticité ne fait aucun doute.

On peut imaginer que les ouvriers travaillant sur la chaîne avaient été inspirés pour la Ferrari par ce que proposait Norev à la même époque dans son coffret Stock car et sur sa CD Peugeot.

La permutation des ouvrants avec un modèle fini dans une autre couleur permettait d’obtenir à peu de frais un modèle « course » bicolore rompant la monotonie.

Ces autos ont-elles eu l’aval de la direction ? Sont-elles juste des amusements d’ouvriers qui, profitant de l’absence du contremaître, se permettaient de tels montages à l’insu de la direction ? cela est fort possible.

Tout récemment chez un autre ouvrier ayant travaillé sur la chaine j’ai récupéré une Ferrari 500F2 tardive jantes concaves affublée de jantes kaki militaires rigoureusement matées chez Dinky Toys. Les ouvriers semblent avoir gardé ces objets comme des trophées.

Revenons à notre Ferrari bicolore. L’histoire ne s’arrête pas là. Un an après, ils sont revenus me voir. Ils avaient été contents de la première transaction, et m’ont proposé la collection du fils, rigoureusement identique, à un détail près : le jeune garçon avait soigneusement exposé les modèles dans sa chambre et avait jeté les boîtes…impossible pour moi d’acheter une telle collection au même prix qu’avec les boîtes. Déjà il y a 35 ans les boîtes ajoutaient une plus-value importante.La Ferrari 275GTB  était en contraste de la première…

J’ai récupéré cette seconde auto plus tard, au hasard d’un achat mais je ne l’ai pas conservée. Que penser de ces modèles ? Il sont à mon sens de simples témoignages de la vie sur la chaîne de Bobigny. Ils n’ont pas à mes yeux l’intérêt du modèle peint de couleur rouge-métallisé qui lui a eu l’aval de la direction et du bureau d’étude.

La Ferrari 275GTB a une place à part dans mon histoire de collectionneur. C’est la seule Dinky Toys France que j’ai acquise directement en boutique ! En 1975 les Nouvelles-Galeries de Compiègne avaient reçu un arrivage de Dinky Toys. Quand j’ai pu récupérer le catalogue général de 1975, quelle ne fut pas ma surprise de m’apercevoir que le modèle était encore en stock chez Dinky Toys en 1975 comme d’ailleurs quelques véhicules militaires !

Ce modèle a donc eu une longue vie. Nous avons été tout heureux d’acheter les 3 modèles proposés et nous nous en sommes servi de monnaie d’échange comme cela se faisait à cette époque.

Prochain blog le 20 Mars 2021.

 

 

« POUSSE-AU-CRIME »

«Pousse-au-crime»

Il y a juste quinze ans, un client que j’avais perdu de vue depuis qu’il avait quitté la région parisienne m’a contacté. Il m’annonce qu’il cède sa collection de Norev et qu’il a pensé à moi. Je suis touché et j’apprécie cette reconnaissance, fruit de nos bonnes relations antérieures.

Je pars donc dans la Somme chercher la collection.

En trente cinq-ans, des collections j’en ai acheté un certain nombre. Mais celle-ci m’a marqué pour plusieurs raisons. La première est qu’il y a quinze ans, le phénomène Norev avait commencé. Comme souvent dans pareil cas la publication d’un ouvrage avait éveillé des vocations. Trouver une collection de Norev neuves en boîtes était donc fort appréciable.

Outre la qualité indéniable des produits, la seconde raison tenait à la présence d’une lettre, une enveloppe de couleur saumon et son tampon à l’encre rouge «Les jouets de Norev». L’enveloppe était datée du 23/08/1961.

Avant même de l’ouvrir, un détail m’a interpellé, l’adresse d’expédition :

NOM STAMBACH Prénom Alain

Avenue Gambetta N°40

Ville Saint-Maur Département Seine

Pays France

Je venais de déménager au même moment dans ce département. Mon vendeur me confia qu’il avait acquis toutes ces Norev dans une boutique de Saint-Maur, « Bambi » avenue Charles-de-Gaulle. Il s’agissait d’un magasin spécialisé en articles de puériculture.

La boutique existe toujours. Aujourd’hui, on y vend des vêtements pour enfants. Quand il m’arrive de passer devant, je ne peux m’empêcher de penser à M. Stambach et à ses Norev.

J’ai gardé comme un précieux témoignage la lettre de chez Norev. Les insignes à épingler au revers de son veston étaient encore dans leur sachet d’origine.

Il y avait aussi une carte d’adhésion au club Norev, avec son numéro d’inscription. M. Stambach tirait un trait sur une partie de sa vie. Il ne pouvait savoir quel plaisir il me faisait en me confiant ces documents.

En lisant les deux feuillets que contenait également la lettre, on est admiratif devant la manière dont Norev soignait sa clientèle. Les offres exclusives du club n’était pas anodines.

Ainsi après avoir lu le premier feuillet vous félicitant de votre acquisition et vous confortant dans votre choix des miniatures Norev, le second feuillet détaillait les modalités d’acquisition des cadeaux exclusifs.

Pour cela il fallait collecter les bons qui étaient joints à chaque miniature Norev achetée. Selon le barème il fallait avoir acquis un engin de travaux publics d’une valeur de 16 Frs pour avoir 4 bons. Les miniatures à 9 Frs ne donnaient droit qu’à un bon.

Pour avoir le Berliet TBO porte-autos (nu), il fallait 40 bons. N’oublions pas un petit détail : la carte devait être remplie dans le délai d’un an à compter de la date d’inscription au club. Il était possible de bénéficier d’une année supplémentaire à condition de « joindre une quantité augmentée de moitié ».

Un vrai pousse-au-crime ! De quoi dilapider le budget miniature. Comment vouliez-vous après cela pouvoir acheter des Dinky Toys ?

M. Stambach a acquis le Berliet TBO porte-autos (nu) ! C’est vous dire comme sa collection était importante!

Je vous présente donc ce jour «le» Berliet TBO de M. Stambach gagné grâce à sa fidélité à la marque de Villeurbanne.

Les années ont passé. J’ai racheté d‘autres collections de Norev . Et j’ai bien sûr agrandi la mienne au passage. Récemment, j’en ai acquis une assez importante, composée uniquement de modèles «plastique» neufs en  boîte.

Près de cinq cents pièces. La personne avait entrepris de collectionner également les variations de boîte qui correspondent aux différentes évolutions dans le temps.

Coïncidence, en début d’année lors de la bourse d’Orléans, M. Philippe Cazaniga m’avait fait un très beau cadeau .

Il y a quelque temps déjà, ce dernier avait récupéré les archives de l’imprimeur qui travaillait pour Norev. Chaque modèle Norev bénéficiait d’un «dossier» où étaient référencés les différents types de boîtes qui avaient jalonné la vie du modèle. Les années et les quantités y étaient bien sûr indiquées. Le document est exceptionnel et concerne l’intégralité des modèles avec socles en carton. Il m’a offert le dossier du Saviem SC10 bus urbain portant la référence 98.

Ce geste m’a beaucoup touché. Il souhaitait marquer sa reconnaissance envers ma passion pour les modèles réduits.

C’est le genre de cadeau qui marque. Du coup, quand quelques mois plus tard j’ai rentré cette collection importante avec de très nombreuses déclinaisons de boîte, je me suis senti obligé de les garder.

Comme Norev qui poussait ses clients à consommer plus en leur faisant collecter des points, ces documents ont eu le même effet sur moi, en me poussant à conserver ces variantes de boîte. N’ayant plus trop de place chez moi, une partie est exposée sur des présentoirs d’époque à la boutique.

Cette histoire faite de belles rencontres et de vrais gestes d’amitié prouve que l’on peut encore espérer de belles choses des êtres humains.

 

Satanique plastique

Satanique plastique.

La vie des saints a rarement été un long fleuve tranquille. On peut même dire qu’ils avaient la peau dure au vu des différents supplices que leur ont infligé leurs tortionnaires. On ne peut qu’être marqué par l’iconographie relative à leur martyre, notamment dans la peinture des « primitifs italiens ».

J’ai repensé à cela lors d’une conversation avec un sympathique client, M. Danglard qui m’expliquait qu’enfant, malgré les moyens limités de sa maman, il ne jouait qu’avec des miniatures en « métal », bien plus onéreuses que celles en plastique.

Il ne supportait pas les miniatures en plastique que cette dernière avait parfois la mauvaise idée de lui offrir. « Elles n’étaient pas solides. Elles survivaient rarement plus d’une journée entre mes mains. » m’expliqua -t-il.

J’ai été un peu étonné, car il se trouve que je préparais à ce moment-là un article sur la « Rhodialite » et sa légendaire robustesse, comme le vantait la pubicité. Je pensais qu’il forçait un peu le trait. Et M. Danglard m’avoua qu’il leur faisait subir des tests extrêmes. (voir le blog consacré  à ce sujet)

Projection contre un mur, chute d’une table de cuisine ou démontage en force de l’habitacle. Vous comprenez alors que ces images barbares m’ont immédiatement fait penser aux tableaux cités plus haut, comme ceux représentant par exemple Sainte Catherine d’Alexandrie.

Cette dernière avait refusé les avances de l’empereur Maxence. Furieux ce dernier la fit enfermer sans nourriture. Elle fut sauvée par une colombe qui lui apportait de quoi se substenter. Qu’à cela ne tienne, l’empereur la condamna au supplice de la roue…qui d’après la légende se brisa suite à intervention divine et devint ainsi son attribut iconographique.

Excédé, l’empereur décida de lui faire trancher le cou. Ces épisodes décrits dans la Légende Dorée ont fourni matière aux artistes. De Rogier Van der Weyden à Hans Memling en passant par Giovanni da Milano.

Les siècles ont passé. Désormais, dans le prolongement de l’action de M. Danglard qui martyrisait ses modèles en plastique, c’est la matière même qui est vouée aux gémonies.

Regardez ce splendide catalogue Norev du début de production. Pour convaincre de la qualité du plastique utilisé par Norev une clientèle réticente, le dessinateur s’est surpassé. Pour peu, on penserait qu’il s’est servi des « expériences » de M. Danglard.

On voit le bambin utiliser des outils dignes des tortionnaires sous l’inquisition espagnole, tenailles et autres pinces, afin de vérifier la bonne tenue de la « peinture » !

L’expérience du « grand saut dans le vide » est également décrite avec force  détails. Je passerai rapidement sur la projection de la version mécanique contre la plinthe de l’appartement. Malgré cet ajout de puissance, la carrosserie résistera. Enfin selon la publicité du catalogue.

Tous ces efforts de communication n’étaient pas vraiment utiles. Ces miniatures en plastique avaient déjà trouvé leur clientèle. J’en fais partie.

Il y a quelque temps, une partie de la population a pris conscience du danger pour la planète de la profusion du plastique, et surtout de son difficile (impossible ? ) recyclage .

Cela a commencé avec la suppression des sacs plastiques dans les commerces. Désormais ce sont les emballages et les bouteilles dans cette matière qui sont dans le collimateur du législateur et des écologistes.

Ainsi mon épouse est partie en croisade contre le plastique. Désormais, elle n’achète plus de pot de fromage blanc au supermarché mais va à la crémerie avec son pot réutilisable qu’elle fait remplir. Idem pour le café et pour bien d’autres produits qui étaient auparavant conditionnés avec des emballages jetables. A la maison, haro sur le plastique.

Et mes miniatures ?

Après l’article réalisé il y a quelques années sur le blog « Le plastique c’est fantastique » (voir cet article) , désormais le leitmotiv à la maison c’est « Le « plastique c’est satanique ».

Je commence à regarder mes Norev d’un autre oeil.

Vu la tournure des événements, l’heure est à l’urgence pour réaliser des articles sur mes miniatures en plastique. Prochainement, faire l’apologie de ces miniatures pourrait être limité, contrôlé, voire interdit.

Oser montrer des autos en plastique, avec leur emballage en plastique ! Une hérésie ! On en a décapité pour moins que cela.

Avant qu’il ne soit trop tard, j’ai donc souhaité vous présenter quelques raretés injectées en plastique.

Le bassin méditerranéen a été un grand pourvoyeur de jouets en matière plastique, toutes qualités confondues.

En Italie, une firme se détache des autres par son utilisation différente, plus luxueuse, de la matière plastique. On pourrait la comparer à Gégé, marque française, qui, elle aussi, a proposé des miniatures dignes déjà à l’époque d’être placées à côté des plus belles productions en zamac.

Cette firme c’est ICIS Fergam de Milan. Les premières séries sont équipées de châssis en tôle et de très belles jantes en acier chromé qui donnent à ces miniatures une fière allure.

Plus tard, à l’image des Norev, elles recevront des jantes en plastique ayant reçu une finition chromée, qui malheureusement ont du mal à tenir dans le temps. Les nombreuse parties rapportées en plastique chromé donnent à ces autos de la prestance.

Il y a dans cette gamme une auto qui  se détache nettement des autres par sa rareté. C’est un modèle mythique, l’Alfa Romeo Giulia TI .

J’ai pu trouver deux couleurs de cette miniature. Il semble qu’il existe également un modèle vert. Esthétiquement, l’auto n’a rien d’extraordinaire. Mais l’Alfa Romeo a été produite très peu de temps et elle est rare.

Dans la gamme je lui préfère l’originale Ferrari 250 GT Pininfarina ou la Lancia Appia coupé. Le plastique est d’une qualité qu’on pourrait dire supérieure, donnant l’impression qu’une laque a été appliquée. Toutes ces autos sont sorties entre 1959 et 1960. Soixante ans après leur aspect est toujours aussi séduisant.

L’historique de ces modèles est assez compliqué à retracer. Une analyse montre que plusieurs d’entre eux ont connu d’ importantes variantes de moule.

La Lancia Flaminia en est un parfait exemple. Observez les deux calandres, les clignotants et les autres détails de la carroserie. La première version est équipée d’un beau chassis en tôle qui sera remplacé par un châssis moulé en plastique. La version unicolore est peu fréquente.

Les autres Lancia sont fort réussies. Si l’Appia existe en Mercury, à une échelle inférieure, la version coupé d’ ICIS est inédite. Il existe d’autres variantes de couleurs.

Les Fiat n’ont rien d’original. Elles ont toutes été déjà vues, chez Mercury notamment. La seule qui se détache est la Fiat 1200 cabriolet, très convaincante.

La Fiat 1800 berline, même si elle a été vue ailleurs, est loin d’être facile à se procurer. Comme pour la Lancia Flaminia, je n’ai jamais revu une version noire unicolore.

L’Alfa Romeo 2000 berline est assez fréquente.

Cette gamme a toujours été recherchée. Dans les années 80, nous avons pu profiter de quelques opportunités, et ainsi compléter les couleurs. Mais ces modèles sont toujours fort prisés en Italie.

Il est désormais important, pour nos petits enfants, de ne pas encourager la diffusion des jouets en plastique. Mais il ne servirait à rien d’éliminer ces beaux jouets, ces miniatures fabriquées dans une matière pleine d’avenir en 1960 et qui ont gardé tout leur pouvoir d’attraction.

 

J’ai testé la Versailles de Jean Sunny, au 1/43.

J’ai testé la Versailles de Jean Sunny, au 1/43

Norev a raté le coche avec Jean Sunny. Lorsque le fabricant de Villeurbanne a décidé de proposer le coffret de montage avec sa Simca Versailles, il aurait pu profiter des exploits du cascadeur et proposer un coffret « cascadeur » avec la Versailles de Jean Sunny.

Le coffret de montage de la Simca Versailles n’a pas eu le succès escompté. Ce coffret est rare. Je ne l’ai que rarement vu. Je ne collectionnais pas les Norev quand je l’ai trouvé au milieu des années quatre-vingt mais j’ai eu l’intuition de le garder plutôt que de le mettre en vente.

Je me rappelle que M. Gillerau en avait trouvé un autre qui différait par la couleur de l’emballage. Je ne connais ce coffret qu’avec la version classique de la Simca Versailles, dépourvue de la friction.

Pour reproduire les exploits du cascadeur la version équipée d’une friction me paraît tout indiquée.

Cependant, ces petites aides à la propulsion montraient très vite leur limites. Norev proposa sur une partie de sa gamme une finition « Mécanique ». Outre la friction visible à l’intérieur de l’habitacle, la version « Mécanique» se différenciait des modèles normaux par ses jantes de couleur noire.

Ces jantes seront ensuite écoulées sur les modèles équipés de suspensions jusqu’à épuisement des stocks qui étaient, il faut le dire, conséquents.

Minialuxe, autre firme française à concevoir ses miniatures en plastique imitera Norev en équipant aussi sa reproduction au 1/43 de Simca Versailles d’une friction.

Cette dernière est de meilleure qualité que celle du fabricant lyonnais. Elle assure la plupart du temps un roulement impeccable.

Les lignes de l’auto sont moins fidèlement reproduites que sur la Norev. L’absence de parties chromées nuit au rendu de la miniature. Elle possède cependant du charme. Nous avions déjà évoqué son histoire dans un blog ancien. (voir l’article consacré à la Simca Versailles de chez Minialuxe).

Une autre firme a proposé une Simca Versailles équipée d’une friction. Il s’agit de la marque Gégé. Cette firme est plus connue pour ses poupées et ses modèles au 1/20. Les modèles réduits au 1/43 sont nettement moins fréquents. Les modèles étaient très luxueux et vendus plus cher qu’une Dinky Toys. Ils étaient livrés en coffret, à monter avec un petit tournevis.

Certes, ce sont de très belles miniatures. J’oserai même dire trop belles en ce qui concerne la Versailles.

La Simca Versailles se voulait être une « petite» américaine. Gégé l’a justement chargée de chromes, notamment au niveau de l’entourage du pare-brise.

Certes la Versailles était richement chromée mais, sans être fardée comme une « vraie » américaine et Gégé en a peut être -trop fait.

Je préfère nettement le traitement plus sobre, plus réaliste de la Norev. C’est une question d’appréciation personnelle.

La friction de la Gégé fonctionne parfaitement. Plus tard, pour rentabiliser son moule Gégé créera une version pour circuit électrique.

Il faut dire qu’avec son prix de vente élevé le modèle avec friction n’a pas rencontré le succés escompté. Pour l’occasion, elle perdra ses chromes de pare- brise.

C’est dans un coffret Rallye de Monte-Carlo qu’elle trouvera place, à côté d’une Citroën DS19, cette dernière étant nettement plus appropriée pour ce type de coffret.

La Simca Versailles a peut être brillé dans des rallyes régionaux, mais contrairement à la Citroën DS19 elle n’a pas laissé de souvenirs au palmarès du Monte-Carlo.

La firme Jomat a aussi édité un coffret de circuit électrique, intitulé « « circuit casse-cou » Jean Sunny ».Le programme figurant sur le couvercle du circuit est des plus alléchants :

« Auto-rodéo, saut au tremplin, mur de la mort » et autres acrobaties sont au programme . La Simca Versailles, bardée de stickers « Jean Sunny »est ici réduite au 1/32.

Avec son autre gamme de circuit électrique, intitulée « électro route  » et qui utilise des miniatures au 1/43, Jomat aurait pu proposer un autre coffret cascade.

L’entreprise possédait dans sa gamme de miniatures deux Versailles empruntées à Norev et à Quiralu.

Mais iI faut avouer que ces miniatures, très lourdes devaient avoir du mal à avancer correctement. Alors de là à les faire décoller d’un tremplin !

Une dernière firme a proposé une Simca Versailles équipée d’un mécanisme. C’est Solido, dans sa série Junior. Le modèle est équipé du dernier type de moteur, à plat, à remontage à clef.

Ce dernier ne présente pas les contraintes du précédent qui était vertical. Il est moins encombrant, plus facile à loger. C’est une belle réalisation.

La carrosserie est monobloc, la finition assurée grâce à des pochoirs. Le pavillon est en plastique. Le mécanisme à remontage à clef est puissant.

C’est celle-ci que je choisirai  pour tenter de la mettre sur deux roues. J’attends juste que ma petite-fille grandisse un peu pour tenter l’expérience. Je ne manquerai pas de vous tenir informés de mes tentatives.

Je ne suis pas sûr que M Pigozzi, patron de Simca appréciait les cascades et l’image qu’elles véhiculaient. On y voyait pourtant une auto très équilibrée capable de parcourir de longues distances sur deux roues.

Le fabricant de pneus « Kleber-Colombes » tira profit des acrobaties de Jean Sunny en adoptant ce slogan imparable « Toutes les audaces  en toute sécurité ».

Mais l’image du cascadeur, capable de toutes les audaces au volant de sa Versailles, au risque de la détruire, ne colle pas avec la clientèle petite bourgeoise de cette paisible berline.

M. Pigozzi préféra se servir des exploits de son auto et de son record à Miramas : 200 000 kms parcourus à plus de 100km/h de moyenne. Simca se servira de l’exploit pour sa publicité dans les journaux et donnera même le nom de « Miramas » à une version de sa gamme. Mais aucune miniature ne commémora ce record.

Il nous reste comme témoin de ce record une transformation de Raymond Daffaure sur une base Norev.

Au delà de ses modèles en bois, on sait que l’artiste de Marmande était connu pour de nombreuses transformations sur base plastique (Norev, Minialuxe) ou même, ce qui est moins connu, sur zamac.

Ces transformations sont boudées par beaucoup d’amateurs qui n’en perçoivent pas encore l’intérêt. Pour ma part je les affectionne .

Celle de l’Ariane des records de Miramas est assez émouvante. Elle reste un beau témoignage, contemporain du record. Et cela lui donne bien plus de force qu’à toutes les productions clinquantes actuelles.

 

Versailles sur deux roues

Versailles sur deux roues.

Sur la photo, l’homme apparaît concentré. A le regarder, on comprend que la démonstration requiert de la dextérité. Il tient entre les mains une reproduction miniature d’une Simca Versailles.

Il est en train d’expliquer la technique peu orthodoxe qui lui permet de conduire une automobile sur deux roues, le plus longtemps possible : le public est conquis.

Cet homme c’est Jean Sunny. Il a connu la célébrité grâce à de nombreux records du monde automobile de distance parcourue sur deux roues à travers la France. Son nom sera associé à des spectacles de cascades automobiles, très apréciées jusque dans les années 80. Le concept est importé des Etats-Unis, à l’image des courses de stock-cars apparues en France également après-guerre (voir le blog consacré aux courses de stock car) .

C’est le programme de son spectacle, avec photos, trouvé à Reims lors du salon « Les Belles Champenoises» qui m’a inspiré cet épisode du blog. J’ai été séduit par la photo où il simule avec des reproductions miniatures de Simca Versailles, auto avec laquelle il réalisait une partie de son spectacle, sa technique pour mettre une auto en équilibre sur deux roues.

Les photos semblent tirées d’un reportage que la télévision lui aurait consacré. Cela explique la mise en scène. On remarque en premier lieu que les miniatures ont été floutées. Dinky Toys? Norev ? (voir le reportage diffusé à la télévision et disponible grâce à l’INA…12 minutes de bonheur !)

Combien d’enfants ont été tentés, après avoir vu le reportage, de reproduire les gestes du champion avec leurs miniatures, du haut de la table de la cuisine ? Après une chute de 80 cm ils pouvaient ainsi tester la solidité des modèles.

Ensuite, tout dépendait du revêtement au sol. Moquette ou parquet, et la peinture émaillée de votre Dinky Toys n’avait pas trop souffert.

Carrelage ou béton, dans ce cas, mieux valait avoir tenté l’expérience avec une Norev en Rhodialite.

« Rhodialite », qu’est ce que c’est ?

En feuilletant les pages des annuels professionnels consacrés au monde du jouet, il est instructif de voir comment les sociétés de raffinage de pétrole, principalement installées dans la vallée du Rhône ont tenté de donner une image positive et avantageuse de leurs produits dérivés.

Le plastique ayant très vite été associé à une image de qualité médiocre, peu solide, Rhône-Poulenc va contourner le problème et créer la dénomination « Rhodialite ». Elle va bien sûr déposer le nom de ce type de plastique.

Ainsi votre miniature Norev n’est pas en plastique, mais en « Rhodialite », ce qui change tout.

Il faut dire que la dénomination « plastique » est bien trop générale. Elle englobe une multitude de produits en fonction de leur degré de raffinage.

Dans un premier temps, les publicitaires à la solde de Rhône-Poulenc, vont employer leur talent à convaincre les fabricants de jouets des qualités du produit et de sa parfaite adaptation à ce type de fabrication.

Ils vont ensuite convaincre les commerçants pour leur diffusion. Il reviendra à ces derniers la charge d’expliquer à leur clientèle les avantages de ces nouveaux produits et de combattre les préjugés liés au plastique.

Il est vrai que cette matière a beaucoup de qualités. La solidité en fait partie bien évidemment.

Monsieur Véron a même osé ce slogan au dos d’un des premiers catalogues de la marque: « stop les quelconques bagnoles ». On appréciera la photo avec les modèles maquillés, empruntés à la game Norev !

La semaine prochaine:  » J’ai testé la Versailles, au 1/43, de Jean Sunny ».