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La pinte,Bruxelles et le tracteur.

La pinte, Bruxelles et le tracteur.

Ce titre surréaliste pourrait être celui d’un tableau de l’artiste belge René Magritte. Il n’en est rien. C’est encore une fois le Premier ministre anglais qui m’a inspiré, mais il est vrai que ce dernier verse parfois dans le surréalisme. Tout est parti de la lecture de la chronique d’Eric Albert dans le journal « Le Monde » du mercredi 12 janvier 2022.

Le journaliste rappelle que depuis trente ans le premier ministre anglais en exercice a toujours su très habilement déformer des faits relatifs à la question européenne.

Il cite dans le désordre la demande italienne de fabriquer des préservatifs plus petits, de raser le bâtiment actuel du parlement au profit d’une tour immense ou encore le souhait par les bureaucrates de Bruxelles d’imposer un test d’odeur au fumier…Boris Johnson a l’art de détourner les informations pour conforter les certitudes de son électorat euro-sceptique.

Dernièrement, afin de montrer tout l’intérêt du Brexit il a expliqué que les producteurs de Champagne allaient, pour le marché britannique, sortir des « règles européennes » en vigueur et re-fabriquer des bouteilles d’une contenance d’une pinte (0,57 litre).Celles qu’appréciait paraît-il,  Sir Winston Churchill : « assez pour deux au déjeuner et une au dîner ». Comme relève le journaliste: « l’information a fait le tour du monde : elle est drôle, simple, et le 23 décembre 2021, il ne se passait pas grand-chose d’autre. »

Il semble cependant que dans le monde viticole aucun producteur n’ait envisagé ce type de contenance.

Eric Albert conclut sa chronique par une interrogation  » Cinq ans de crise politique et institutionnelle pour en arriver là, cela en valait-il la peine ? »

Vous connaissez mon attachement à la Grande-Bretagne. Nos amis anglais ont une approche de l’univers de la collection de miniatures automobiles que j’apprécie, leurs manifestations sont conviviales et bien organisées, leur sens de l’humour et leur grande connaissance des modèles réduits m’ont toujours séduit.

J’ai là-bas beaucoup d’amis et nous évitons soigneusement de parler du Brexit, laissant cela aux grandes personnes.

EuroTunnel : en route pour la Grande -Bretagne !
EuroTunnel : en route pour la Grande -Bretagne !

Je me suis souvenu que dans les années cinquante, bien avant de rejoindre le marché commun en 1973, les fabricants anglais de miniatures automobiles avaient su faire preuve d’une véritable indépendance par rapport aux autres fabricants européens. 

Je m’explique. Nous avons vu précédemment (lire d’où venons nous?) que les premières reproductions de machines agricoles en jouets le furent à l’échelle du 1/32. Cette échelle correspondait à celle des figurines agricoles fabriquées par Britains en Grande-Bretagne, Quiralu en France ou Elastolin en Allemagne.

Cette échelle a été conservée partout en Europe, sauf en Grande-Bretagne ! Les deux grands fabricants, Dinky Toys et plus tard Corgi Toys, se sont affranchis de cette échelle pour adopter celle de leur gamme existante (1/43 pour les automobiles et le 1/50 pour les utilitaires).

Cette décision me paraît des plus logiques. Enfant j’ai personnellement dû me rabattre sur les miniatures agricoles de chez Corgi Toys. Solido n’avait d’yeux que pour les miniatures associées à la vitesse, tandis que Dinky Toys France et Norev ne juraient que par les berlines familiales.

Les fabricants français ont laissé le champ libre aux fabrications de jouets agricoles britanniques.

Vous connaissez tous la grande variété des produits proposés par Corgi Toys. La lecture des catalogues prouve l’intérêt de la firme de Swansea pour le monde agricole.

Elle veillera d’ailleurs à rajeunir constamment son offre. Le Massey- Ferguson type 65 sera remplacé par le célèbre et universel 165 . Les Fordson connaitront aussi, comme les vrais, des cures de rajeunissements au fil des ans. Corgi Toys a complété ses tracteurs avec une très belle gamme d’accessoires, preuve que la marque a pris ce marché au sérieux .

C’est pourtant Dinky Toys Liverpool qui fut le premier à produire des tracteurs miniatures à l’échelle du 1/43, et ce dès le début de l’aventure, en 1933. La raison est bien connue. Cette échelle correspondait à celle des trains Hornby.

Cependant, la firme de Liverpool n’affichera pas le volontarisme de son concurrent Corgi Toys. Elle peinera à offrir une offre élargie, renouvelée et modernisée. Il faudra attendre le milieu des années soixante pour voir de nouveaux tracteurs au catalogue, les David Brown.

Pourtant tout avait bien commencé pour Dinky Toys. La firme avait même dédié un numéro de code désignant la série agricole, le 27. Au début de l’aventure, elle attribuait à chacune de ses branches un numéro spécifique : berlines (40), cabriolets (38), voitures américaine (39) etc….

Chaque produit numéroté 27 était suivi d’un suffixe composé d’une lettre de l’alphabet. Le 27 A Massey Harris fut le plus célèbre. Il eut une vie très longue …trop longue même ! Imaginez que ce tracteur était encore en vente en 1970. Il avait été rebadgé « Massey Fergusson » du fait de la transformation de la société.

Les vénérables roues en zamac brut avec moyeux peints de couleur jaune avaient fait place à des jantes plastique/zamac montées sur pneus en caoutchouc. Le personnage était désormais en plastique comme le pot d’échappement.

Pour l’occasion, Liverpool avait créé un coffret et avait attelé à son tracteur une remorque de type rateau.  Une façon de se rappeler qu’il y a très longtemps elle avait proposé un superbe coffret cadeau contenant plusieurs miniatures de la gamme 27. Plus tard un autre coffret « supertoys » dans lequel le Massey Harris était attelé à une remorque de type rateau sera proposé.

Pour être le plus complet possible, n’oublions pas le très rare coffret conçu en France de type « importation » avec étiquette en langue française. De couleur rouge, dans l’esprit de ceux créés pour les camions laitiers Nestlé, Meccano France avait choisi l’épandeur pour être attelé au tracteur.  L’attache permettant à l’ensemble d’être fixé sur le socle manque très souvent.

Pour les amateurs de variantes de boîtes, l’intérieur du coffret peut être de couleur jaune ou de couleur rose, comme sur les camions laitiers d’ailleurs, et ce en fonction de la période de production. Les intérieurs roses ont précédé les jaunes.

Ce beau et symbolique tracteur a même fait un grand voyage en Afrique du Sud. Pour l’occasion il a reçu un marquage (Diesel Harris) et bien sûr une boîte spécifique. Ce dernier est très rare.

Le deuxième tracteur de la gamme 27 a été le Field Marshall. Il porte la référence 27 N. Lui aussi connaîtra une interminable carrière. Equipé de roues en zamac avec moyeux peintes de couleur argent, puis vert il finira comme le Massey Fergusson avec des jantes plastique/zamac et un personnage en plastique.

Un véhicule possède un charme certain et l’on aurait aimé d’ailleurs que Dinky Toys poursuive dans cette voie : le motocart. D’abord livré en boîte de 4 pièces, il recevra plus tard une boîte individuelle. Trois nuances de vert existent. Le vert foncé est rare comme le vert très pâle d’ailleurs.

Je passe sur les accessoires, ils figurent dans le coffret cadeau. Une mention spéciale, pour le plus rare à mes yeux, la triple tondeuse qui fut livrée en étui individuel. Ses couleurs chamarrées et sa conception ingénieuse marquent le sommet de gamme. On peut d’ailleurs l’atteler à la Land Rover, autre incontournable de la série 27. (voir le blog consacré à ce modèle)

Dans la gamme 27, figure enfin un break woody. On retrouve là toute la singularité britannique : le nom de l’auto reproduite ne figure pas, ni sur les boîtes de 6 pièces ni sur l’étui individuel ! Il s’agit en fait d’une Plymouth. Mais dans une logique ne pouvant appartenir qu’à une firme anglaise, les dirigeants de Meccano avaient décidé qu’il fallait un break pour compléter l’offre « agricole ».

Un break en finition « bois », donnant un côté rustique au modèle leur semblait la meilleure idée, au point de faire l’impasse sur le nom du constructeur !

Mes amis anglais, ne changez rien ! C’est comme cela que l’on vous apprécie. Il faut aussi savoir cultiver sa différence. Jusqu’à un certain point cependant !

Rendez-vous début septembre pour le prochain article.

 

 

Habits de noce.

Habits de noce.

Les photos de jeunes mariés, immortalisés en studio, ont une dimension particulière. Ces derniers comprennent que l’instant est important et que, durant des décennies, cette image servira de repère, pour le meilleur ou peut-être pour le pire.

Ils posent fièrement et n’ont pas peur de défier le temps et les événements à venir, comme les jeunes matelots qui se faisaient photographier avant leur départ pour Terre-Neuve, encore inconscients de ce qui les attendait.

J’ai retrouvé cette dimension dans les clichés de Yann Arthus-Bertrand. Une exposition à Nice était consacré à ce photographe-réalisateur.

Le personnage est atypique, sa vie pleine de rebondissements. Un brevet de pilote d’avion, l’amour de la nature, des animaux, et la passion de la photographie ont façonné l’artiste que nous connaissons. Nous avons tous en mémoire les images aériennes de la planète qu’il a publiées dans son livre « La terre vue du ciel » en 1992.

Les photos aériennes ne sont pas le seul centre d’intérêt du photographe. Il peut aussi se mettre au niveau de son sujet et immortaliser sur la pellicule la complicité entre l’homme et l’animal.

Il utilise pour ce travail un accessoire, une bâche tendue, qui lui sert de studio. Cet accessoire deviendra sa marque de fabrique, et dès lors il l’utilisera pour tous ses portraits. Pour l’occasion il travaille avec de la lumière artificielle et des assistants.

Ces clichés ne peuvent laisser indifférents. On perçoit la force de la relation entre l’homme et l’animal. On devine la fierté, mais aussi la tendresse. Pour l’occasion, comme on le fait pour toute photo importante, les protagonistes ont revêtu des vêtements qui les mettent à leur avantage et honorent leur compagnon. L’un et l’autre s’en trouvent magnifiés.

J’ai retenu six photos que le conservateur du musée de la photographie Charles Nègre à Nice a judicieusement accrochées. Ces clichés qui se mettent en valeur les uns les autres ont pour point commun le cheval et son cavalier.

L’artiste a choisi un cadre très large, qu’il a dénommé « bâche décalée » montrant l’installation de la fameuse bâche mais au milieu d’un décor naturel, immédiatement identifiable. Ainsi « Parouss » étalon karatchaï monté par Roussian Liskanitch est photographié au milieu d’un décor moscovite tandis que « Valur » étalon islandais monté par Linda Run est au centre d’un paysage volcanique.

On se sent tout petit au milieu de ces photos. L’adage qui dit que le cheval est la plus noble conquête de l’homme semble ici prendre tout son sens.

Mais pour assouvir sa soif de conquête, l’homme a trouvé un autre moyen, plus rapide, plus fiable pour se déplacer. Et petit à petit, le chemin de fer a supplanté le cheval.

Au point que l’homme a conçu des wagons pour le transporter, d’un point à un autre, comme une simple marchandise. Aurait-on imaginé au milieu du 19eme siècle ce type de transport ?

Le transport des chevaux apparaît comme une nécessité pour consolider la conquête de l’Ouest américain. Mais lors de la première guerre mondiale, il faudra aussi emmener rapidement les équipages sur les champs de bataille.

La paix revenue, les courses hippiques vont conduire l’homme à carrosser de beaux et luxueux camions. Les anglais se sont montrés experts dans cet art et cela s’est traduit dans les reproductions de camions miniatures.

Le camion Maudslay de chez Dinky Toys, luxueusement carrossé en transport de chevaux est somptueux. Il est le parfait exemple du soin que l’homme a pris pour concevoir des véhicules « confortables » pour déplacer les chevaux.

La première mouture du jouet est aux couleurs de la British Railways, l’équivalent de notre « SNCF » en Grande-Bretagne, prouvant bien toute l’importance du ferroviaire pour ce type de transport. Le camion ne vient qu’au bout de la chaîne du transport.

Ce formidable jouet a une histoire singulière. Le début de sa production coïncide avec la guerre de Corée (1950-1953). Quel rapport me direz-vous ? le gouvernement anglais impliqué dans les forces onusiennes va, temporairement, rationner l’utilisation du zamac dans l’industrie britannique.

C’est d’ailleurs pour cette raison que les Matchbox ont vu le jour : Lesney a utilisé astucieusement sa ration de matière première (le zamac) pour fabriquer des modèles au 1/75 au lieu des modèles au 1/43 ou au 1/20. Dinky Toys, lui, expérimentera l’aluminium.

Notre Maudslay servira avec le camion Studebaker citerne, et l’Avro Vulcan à l’expérimentation de l’aluminium afin de combler le manque de zamac. En main le camion est très léger. Un des inconvénients de l’aluminium est la mauvaise tenue de la peinture aux chocs car elle n’accroche pas aussi bien que sur le zamac.

Ce camion est aussi singulier pour une autre raison. Une version sera réalisée pour le marché américain, sans la mention « British Railways » qui n’évoque pas grand chose pour le petit américain mais avec celle d’ « Express Horse Van Hire Service ». Il conserve cependant sa belle robe bordeaux. Fait très rare chez Dinky Toys, une autre numérotation sera appliquée et une boîte spécifique sera créée avec la nouvelle numérotation. Cela se reproduira aussi pour la MG TF.

Ce camion marque le point culminant de la relation entre le mythique importateur américain Hudson Dobson et la firme de Liverpool.

Je m’explique. Après guerre en 1946-1947, à la reprise de l’ activité économique, une très grande partie de la production est envoyée outre-Atlantique. La Grande-Bretagne, comme l’Europe, est économiquement sinistrée. Il faut faire rentrer des devises.

Outre-Atlantique, les importateurs savaient déjà,  négocier durement et tordre le cou aux fabricants. L’importateur exigeait des conditions tellement avantageuses qu’il devenait difficile pour Dinky Toys de produire une boîte spéciale et une décoration spécifique tout en préservant son profit.

Bien plus tard, Dinky Toys relancera son modèle selon une technique qui semblait inusable, mais qui finira par trouver ses limites : une finition bicolore, certes du plus bel effet, gris perle et jaune pâle, et deux chevaux …en plastique ! le tour était joué.

Dinky Toys avait créé avant guerre, puis repris après, un petit coffret d’animaux de ferme avec deux superbes chevaux que l’enfant pouvait placer dans son Maudslay à la sortie du wagon à bestiaux Hornby.

Ce beau Maudslay fut si célèbre que d’ autres fabricants anglais, lui consacrèrent une reproduction. Tout d’abord Charbens. L’échelle est plus proche du 1/55. Il n’a certes pas l’élégance du Dinky Toys mais il est bien plus rare. Le trouver avec une boîte peut demander du temps. De plus, il souffre parfois de métal fatigue.

Morestone livrera également une version, mais à l’échelle du 1/87 qui n’est pas très fréquente.

Preuve que ce type de transport a toujours passionné nos amis anglais, Budgie proposera lui un Bedford TK équipé d’une carrosserie spécifique. Il se caractérise par sa capucine et ses portes latérales et arrière ouvrantes permettant à l’enfant de faire descendre les petits chevaux en plastique.

J’ai gardé pour la fin ce modèle de fabrication inconnue. Il est réduit au 1/50. C’est aussi une carrosserie spécifique qui ne pourra resservir à une autre déclinaison. On devine l’attachement du fabricant envers ce type de véhicule !

J’ai laissé de côté les tracteurs semi-remorque et leur remorque spécifique simulant de vrais « box ambulants ». Ils sont bien sûr de conception plus moderne, un peu trop moderne pour moi.

Citons Matchbox dans sa gamme au 1/60 qui proposa un beau Dodge aux couleurs de la fameuse course d’Ascot avec ses inévitables petits chevaux en plastique qui devaient bien souvent être l’élément déclencheur du choix de l’enfant.

Et enfin, le plus spectaculaire, le Bedford TK, tracteur de Corgi Toys aux couleurs du cirque Chipperfields qui sera ensuite décoré aux couleurs de « Newmarket racing stables ». Ce dernier sera ensuite remplacé par un Berliet. Mais nous approchons des années 80.

Petit bonheur

Petit bonheur

Le contraste est saisissant. Violent même. La lumière artificielle et surexposée des spots renforce cet effet. C’est presque aveuglant.

Vous avez passé non sans mal le contrôle de sécurité de l’aéroport et vous débarquez dans le royaume du « Duty free ». Tout y est luxueux, cela brille, l’or jette ses feux.

A ce moment vous vous demandez même si vous ne vous êtes pas trompé de chemin. Mais non, la route est imposée. Obligé de traverser ce pays de Cocagne pour rejoindre l’avion.

Comme Ulysse vous devez résister aux sirènes du monde du luxe. Elles sont toutes là, plus belles les unes que les autres, rivalisant d’ingéniosité afin de se démarquer des voisines.

Je résiste à la tentation de m’arrêter quand soudain j’entrevois comme une échappatoire, une faille, une ouverture… Une pancarte indique que l’entrée est libre : j’y vais.

Vous n’avez pas rêvé, des oeuvres d’art sont là. Offertes au regard des voyageurs, comme une récompense après les différentes épreuves que vous venez de traverser. Un vrai bol d’air. Je m’y engouffre avec délice.

Cette petite exposition est consacrée à Dina Vierny. Elle fut le modèle d’ Aristide Maillol puis de Bonnard, Matisse et Dufy.

C’est beau et c’est touchant de découvrir la même femme à travers le regard de plusieurs artistes. Chacun avec le style qui lui est propre. Plus tard cette femme ouvrira une galerie à Paris. Saluons donc cette heureuse initiative des aéroports de Paris. Cette exposition était visible dans le terminal 2E hall M.

Vous l’avez compris c’est ce hall que j’ai emprunté afin d’embarquer pour la bourse d’Allentown aux Etats-Unis comme chaque année à pareille époque.

La-bas j’ai eu aussi,  comme à l’aéroport mon lot de désagréments avant l’éclaircie.

Deux camions semi-remorque couchés sur la chaussée, dont un coupé en deux, bloquant le Highway. Plus de 3 heures d’embouteillage pour rejoindre mon hôtel en Pennsylvanie. Plus de connection avec mon téléphone. Puis plus tard une panne de secteur éléctrique : plus de lumière, plus d’ascenseur, d’internet ni de feux de  circulation ! Bref, il a fallu faire face.

Tout est déjà oublié quand la bourse débute ce vendredi. Beaucoup de tables sont encore vides, la bourse commence lentement. Soudain, un éclair. Un exposant que je n’ai jamais vu. La présence devant sa table d’un collectionneur américain de 1/43 de mes connaissances me fait comprendre que le marchand propose sûrement ce type de produits.

J’en ai la confirmation en m’approchant. Dans une vitrine plate sont placées des miniatures de qualité. Ce sont toutes des Corgi Toys. Au vu des prix demandés, le vendeur est un connaisseur.

Placé dans le coin inférieur de sa vitrine plate j’aperçois un intrigant tube en carton  gris. Je n’y aurais sûrement pas prêté attention, s’il  n’avait choisi de le placer avec ses modèles de premier choix. C’est ce détail qui m’a poussé à être curieux et à lui demander ce que contenait le tube.

Le cylindre de  carton est fermé par deux couvercles métalliques. Rien d’excitant. Un papier collé à en-tête commercial et le nom d’un destinataire me font comprendre qu’il s’agit d’un emballage d’expédition.

En l’ouvrant, la surprise est de taille. Le tube coulisse et à l’intérieur se trouvent une Corgi Toys, une petite boite ronde et surtout un ensemble de papiers, catalogues et documents enroulés autour de l’étui du modèle réduit. Une lettre accompagne l’ensemble.

Il s’agit du modèle que Corgi Toys envoyait en cadeau à tout nouveau membre de son club, section américaine. Un certificat numéroté officialisait l’entrée du nouveau membre dans la communauté Corgi Toys.

Sans oublier un catalogue (1969) afin que ce dernier ne se trompe pas de marque de miniatures lors de son prochain achat.

La petite boîte ronde contient le badge que l’heureux propriétaire pouvait arborer à l’école. Un petit livret explique, entre autres, le cheminement d’un modèle, du bureau d’étude à la production.

Venait enfin une petite lettre de bienvenue du secrétaire du club expliquant le choix de la Ford Mustang comme cadeau de bienvenue. Ce dernier rappelait à juste titre, les deux succès de l’auto en championnat Trans-Am (qu’il a rebaptisé Trans America) .

C’est la période d’or des « muscle cars ». Tous les constructeurs automobiles possédant ce type d’auto à leur catalogue  participeront à ce championnat qui intéressa un très large public.

C’est un superbe ensemble. Bien que n’étant pas un grand amateur de Corgi Toys, j’ai été sensible à ce produit, à son exceptionnel état de conservation et à surtout à sa fonction.

C’est un produit des plus originaux. Je ne le connaissais pas .

Il faut reconnaître que commercialement parlant, Corgi Toys était extrêmement habile. Le voyageur que je suis le confirme. C’est le seul fabricant de miniatures automobiles à avoir diffusé ses produits dans le monde entier. Il suffit de regarder les catalogues : la production pouvait s’adapter à tous les marchés. Le succès que rencontre la firme auprès des collectionneurs du monde entier en est la meilleure preuve.

J’en profite pour mettre en avant d’autres types de boîtage  originaux qui, comme ce tube en carton, donnent un intérêt supplémentaires à des modèles classiques.

Voici par exemple quelques variantes de boîtage concernant la série des Morris Mini Cooper Monte Carlo. j’apprécie aussi beaucoup ce boîtage promotionnel pour Dunlop  et cette boîte « temporaire » réalisée en attendant que le réassortiment n’arrive. C’est à ce genre de détails que l’on comprend le succès des Corgi Toys !

 

La lectrice

La lectrice

Dernièrement, une information a retenu mon attention. Un chercheur gallois annonçait que les suites pour violoncelle de Jean-Sébastien Bach avaient été en partie composées par son épouse, Maria-Magdalena. Il récidiva plus tard en annonçant que la soeur de Mozart avait participé aussi à la composition de quelques oeuvres. Je ne sais s’il faut accorder trop de crédit à ce genre d’annonces, mais une chose est sûre, je ne vais pas attendre qu’un journaliste découvre le pot aux roses avec le blog de l’Auto Jaune : je l’avoue dès à présent, mon épouse participe à l’écriture du blog.

Je me souviens du jour où elle a regardé la feuille sur laquelle j’avais rédigé le brouillon de mon premier blog. Connaissant ses facultés de rédaction, je souhaitais qu’elle ait un regard critique sur mon travail. Ce fut la douche froide.

Contresens, erreurs de syntaxe, fautes d’orthographe, le bilan n’était pas fameux. On peut dire qu’elle s’arrachait les cheveux. Elle m’a confié plus tard avoir bien cru que nous n’y arriverions jamais.
Moi qui partais avec de grandes illusions, j’ai compris qu’il allait falloir travailler dur si je voulais arriver à mon but : partager et transmettre ma passion des autos miniatures.

Ainsi, à « grands coup de ciseaux » pour reprendre son expression favorite, mon épouse a remanié le texte afin qu’il soit clair et compréhensible de tous. N’ayant pas un égo surdimensionné, j’ai pris la chose avec philosophie. Avec le temps, j’ai pu constater que ses corrections permettaient aux gens non initiés au monde de la collection de miniatures de trouver un intérêt à la lecture de ces quelques lignes.

Il faut reconnaître que le support papier n’était pas la bonne solution et que le traitement de texte facilite le travail à quatre mains. Mais l’inspiration me venant souvent de manière soudaine, sur mon vélo, dans une salle de cinéma, dans un musée ou dans le métro j’ai toujours besoin de consigner l’idée sur une feuille avant qu’elle ne s’envole.

Cependant, poursuivant notre petit bonhomme de chemin, nous voici arrivés au cinq-centième blog, ce qui représente quelques feuillets. Je n’ai  pourtant jamais eu la tentation de concevoir un ouvrage sur notre collection. Ce qui m’intéresse, c’est de présenter les miniatures à travers leur histoire et mes expériences personnelles, sous un angle original et différent de ce qui existe déjà. Pour cela, le blog laisse une liberté sans pareille : il est de plus accessible à tous. Et si de livre il n’y aura jamais, j’ai quand même décidé de faire un clin d’oeil au monde de l’édition en retenant ce thème pour le blog du jour.

En fait, je dois avouer, qu’il y a déjà très longtemps que je cherchais un prétexte pour vous montrer une miniature qui me tient à coeur. Il s’agit d’un véhicule réalisé par Erzgebirge.

C’est plutôt la thématique choisie par le fabricant qui est exceptionnelle. Il s’agit d’un bibliobus des années trente. D’après des photos que j’ai pu voir du vrai véhicule, il aurait été conçu sur la base d’un Büssing.

Réalisé bien sûr en bois, comme tous les jouets de cette firme, il possède un charme indéniable. Le fabricant a même pris le soin de faire figurer à l’intérieur, à l’aide d’un tampon, des livres rangés sur des étagères.

Une figurine représentant la bibliothécaire finit de donner au jouet toute sa poésie. Enfin, il est intéressant de rapprocher la fabrication de ce jouet de la période troublée que traversait l’Allemagne dans les années trente et notamment de l’autodafé en 1933 des ouvrages écrits par des écrivains juifs ou communistes. Ce pacifique petit véhicule, contemporain de ces exactions, peut être vu comme un symbole de la transmission du savoir, mais aussi comme un pied de nez aux autorités nazies.

A partir de ce véhicule, j’ai choisi de dériver vers les véhicules arborant des noms de journaux ou de maisons d’édition situés dans l’Europe du Nord. Au regard du nombre de miniatures aux couleurs des grands quotidiens allemands, on ne peut s’empêcher de penser qu’il y  avait outre-Rhin un engouement pour ce type de vecteurs publicitaires.

Le grand quotidien « Der Spiegel » fera réaliser des miniatures à ses couleurs.

Märklin fournira tout d’abord un Volkswagen Kombi, puis Tekno un camion Ford D800.

Pour cette occasion, Tekno a conçu cet habillage de type fourgon, peu crédible mais bien pratique pour apposer l’autocollant ceinturant la caisse. Il s’agit bien sûr de véhicules hors commerce.

A partir de son Volkswagen fourgon, Wiking produira une version estampillée à l’aide d’un tampon « BZ » pour le Berliner Zeitung.

En tant que firme berlinoise, Wiking semblait une entreprise toute indiquée pour ce journal.Ce produit est rare. Je ne me souviens pas en avoir croisé un autre que celui que je possède.

C’est à RW Modell qu’un autre journal, le « Berliner Morgen Post » s’adressa pour reproduire ce sympathique Ford Transit châssis court.

La décoration est des plus sobres. Conçu pour une fonction promotionnelle, comme tous les produits présentés ce jour, il est également difficile à se procurer.

Autre pays du Nord a avoir utilisé les miniatures automobiles comme vecteur publicitaire, les Pays-Bas. Présentons deux rares et splendides produits. Le premier, a été réalisé pour un hebdomadaire de programmes de télévisions « Avro Bode ».

En échange d’un abonnement, le journal envoyait par la poste ce très sympathique Bedford 10cwt de Corgi Toys aux couleurs du magazine. Pour cette occasion Corgi Toys a réalisé une couleur spécifique, un très beau bleu dur, et a décoré les panneaux du fourgon de décalcomanies aux armoiries du journal. La boîte, blanche, est très sobre. L’ensemble était bien sûr glissé dans un petit carton d’expédition que je n’ai jamais vu. Le produit est rare.

L’autre modèle est peut être encore plus intéressant. Le 21 décembre 1963, en échange de 3 Florins, le lecteur du journal « Haagsche Courant » pouvait acquérir une reproduction « made in Denmark » (dans le texte) d’un Volkswagen Kombi aux couleurs du journal. Pour ma part, j’ai acquis le journal près de 30 ans après avoir eu la miniature et ce document a autant d’intérêt que la miniature produite par Tekno.

Il se peut que l’objet ait été distribué par l’intermédiaire d’abonnements et qu’un surplus ait été vendu. Des lecteurs néerlandais pourront peut être m’éclairer sur ce sujet.

En attendant la suite, consacrée aux maisons d’édition scandinaves, je dois ici juste remercier mon épouse de m’avoir épaulé, aidé conseillé. Les textes n’auraient pas eu le succès qu’ils ont sans elle. Ils sont le fruit d’une longue complicité et nous avons un plaisir toujours renouvelé à vous les présenter. Quant à moi mon premier plaisir consiste à la surprendre à travers ces histoires.

 

 

 Autojaune

autojaune@orange.fr

 

 

 

Provenance : Courrier pour Windows 10

 

 

L’absence de virus dans ce courrier électronique a été vérifiée par le logiciel antivirus Avast.
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L’héritier de la Shell

L’héritier de la Shell

La scène se passe sur une plage de Floride. Marilyn Monroe campe « Sugar », la chanteuse au ukulélé d’une troupe de Chicago constituée de « girls musiciennes », en tournée dans cet Etat ensoleillé. Le film, c’est « Certains l’aiment chaud ! » de Billy Wilder.

(voir la bande annonce du film)

Sugar est à la recherche d’un beau parti. Alors que Sugar a connu bien des déboires sentimentaux auprès de divers musiciens, cette tournée en Floride est pour elle une oportunité, une occasion de dénicher la perle rare. Tony Curtiss, « Joe » dans le film est un musicien sans le sou. Il tombe amoureux de la belle. Comme il connaît les ambitions de la chanteuse, c’est en habit de milliardaire, sur la plage de l’hôtel, qu’il finit par attirer son attention. Il feint l’indifférence. Sugar ne comprend pas qu’on lui résiste, elle s’imagine donc que Joe est très différent de tous les hommes qu’elle a connus auparavant. Elle tente de l’amadouer. Ce dernier se lance dans une improvisation pour lui faire miroiter sa fortune.

Voyant un seau de plage empli de coquillages abandonné par un enfant, il explique alors qu’il collectionne les coquillages, car il est l’héritier de la Shell » (coquillage en anglais) !

Tout cela dit avec le plus grand naturel et avec un accent sud américain des plus charmants. « Sugar » est convaincue d’avoir fait une belle prise.

Mais Joe doit fuir la mafia qui le poursuit. Prisonnier du personnage qu’il joue il ne peut rien révéler à Sugar et lui annonce qu’il doit partir pour le Vénézuela . En larmes, Sugar aura cette phrase

 « Il y a aura toujours une station Shell au coin de ma rue » !

En écho à la réplique de Sugar, je vous présente quelques stations et pompes à essence aux couleurs de la « Shell ». j’ai choisi celles réalisées en bois par Tekno dans les années cinquante. On sait combien Tekno maîtrisait ce matériau. Celui qui voyage en Scandinavie est coutumier des jouets à trainer, des casernes de pompiers et des camions en bois estampillés « Tekno ». Les réalisations vont de la simple pompe aux îlots doubles jusqu’aux garages. Ces produits sont très fragiles, et peu fréquents, surtout en bon état de conservation.

logo Tekno apposé sur le socle de la station
logo Tekno apposé sur le socle de la station

Comme toujours avec les jouets en bois édités par Tekno, une décalcomanie à la base de l’objet rappelle au consommateur qu’il est en présence d’un jouet de cette marque. C’est la griffe « Tekno ».

Pour enjoliver l’ensemble et garder une unité, j’ai mis ces jouets en situation avec les superbes Volvo N88 tracteurs semi-remorque citerne aux couleurs de la « Shell » produits aussi par Tekno. Je vous laisse chercher les variantes des six modèles : décalcomanies (évolution du logo à travers les âges), aménagement intérieur des cabines, trappes sur le dessus des citernes, jantes. Il faut avouer que les harmonies de couleurs sont des plus réussies.

Rien n’est dû au hasard. Les grands groupes pétroliers ont tous une identité visuelle marquée. Esso , le rouge et le blanc, BP le jaune et le vert, Mobil le rouge et Shell le rouge et le jaune.

Pourtant, je vais vous présenter un camion qui aurait troublé le raisonnement de la belle « Sugar » : une citerne « Shell », mais de couleur bleue et blanche.

De quoi chambouler toute sa logique. Maligne, elle aurait vite compris que la « Shell » c’est aussi des produits chimiques, un empire dans l’empire. Car pour toute compagnie pétrolière, le raffinage du pétrole engendre une industrie chimique en parallèle.

Corgi Toys a réalisé un exceptionnel coffret au début des années soixante à la demande de la branche néerlandaise de la compagnie « Shell ». A voir le luxe déployé dans l’édition de ce coffret, on imagine que le produit a été réalisé pour une grande occasion. C’est selon moi le plus beau produit Corgi Toys et l’un des plus désirables. J’ai mis bien du temps à pouvoir en acquérir un. La décoration, originale en bleu et blanc, est des plus réussies. La peinture bicolore est réalisée au pochoir, et des décalcomanies spécifiques ont été réalisées. La boîte, d’une taille hors du commun pour un objet réduit à l’échelle du 1/50 contenait un calage particulier et des fiches publicitaires enroulées à l’intérieur des cales.

Le grand jeu ! « Sugar » avait bien visé, on a les moyens à la Shell.

On pardonnera donc à la « Shell » de nous avoir troublé avec ce coffret ne reprenant pas les couleurs classiques de la firme. Et pour paraphraser le film de Billy Wilder, je reprendrai la toute dernière et célèbre réplique du film: « Personne n’est parfait ! »