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Vous avez aimé John and Betty. Vous adorerez José y Carmen !

Vous avez aimé John and Betty. Vous adorerez José y Carmen !

Ma première méthode d’Anglais racontait la vie quotidienne d’un frère et une soeur. Ils s’appelaient John and Betty. Je me souviens de la prédominance de la couleur verte dans les vignettes. On retrouvait tous les clichés relatifs à la société anglaise. Je suis né en 1963.

Au petit déjeuner, les « baked beans » (haricots blanc sauce tomate) trônaient sur la table avec les céréales, les oeufs au bacon, les toasts et la marmelade.

Je ne me souviens plus s’il y avait un ordre à respecter dans la dégustation, mais la famille était réunie comme pour une cérémonie. Les enfants ne tenaient pas leur bol d’une main et le téléphone portable de l’autre. C’était une autre époque.

Les parents allaient à l’opéra et leur progéniture n’écoutait ni les « Clash » ni les « Sex pistols »mais des disques de Haendel pour les plus roturiers, de John Dowland, célèbre joueur de luth de l’époque Elisabethaine pour les plus mélomanes (petit extrait musical )

Ils étaient bien peignés et habillés avec chic. Je me suis souvent demandé même comment ce grand pays avait pu voir naître la vague punk.

Côté boisson, je me souviens du whisky, bu avec modération, recueillement et régularité, mais uniquement par le papa, installé dans son fauteuil. La bière, il n’en était pas question.

J’ai découvert bien plus tard l’existence des « pubs », totalement absents des vignettes de ce livre.

Moi, j’avais bien apprécié les dessins représentant le laitier qui déposait la bouteille devant la maison avec son traditionnel camion électrique.

Amateur de véhicules industriels, les formes particulières de la camionnette électrique du laitier m’avaient séduit. Elles représentaient la singularité britannique la plus marquante, bien plus que les bus à deux étages et le traditionnel taxi Austin.

Je n’ai pas appris l’Espagnol mais je me suis toujours demandé si l’ouvrage avec John and Betty avait un équivalent ibérique, un « José y Carmen ».

Les deux pays ont des points communs. Ils ont une monarchie qui n’a aucun pouvoir politique. Ils se déchirent aussi depuis 300 ans pour un territoire de 6,8km2, le rocher de Gibraltar. C’est à peu près tout.

Quand John passe méticuleusement sa tondeuse dans le jardin, José cueille les oranges. Quand Betty s’abrite sous un parapluie dans les brumes londoniennes, Carmen joue de l’éventail dans les ruelles de Séville.

En Espagne, pas de bus à deux étages pour aller à l’école mais le scooter du père. Il peut emmener les deux enfants grâce à sa selle biplace. Lorsqu’ils seront plus grands, il devra s’équiper d’un side pour emmener toute la famille.

Comme la Grande-Bretagne, l’Espagne regorge de véhicules typés associables au mode de vie.

Après la guerre civile de 1936, le pays a été plongé dans une léthargie économique. Il s s’est donc tourné vers des véhicules économiques. Le laitier espagnol est ainsi équipé d’un triporteur Lambretta avec une caisse à l’avant, comme le livreur de bouteilles de gaz ou de boissons.

L’entrepreneur local se sert d’un dérivé du Biscuter Voisin en version fourgonnette ou de l’Isetta équipée d’un plateau. Les rues espagnoles sont ainsi envahies de véhicules simples, aux couleurs bigarrées, dont la motorisation deux temps laisse échapper des gaz d’échappement bleutés.

On imagine la cacophonie régnant dans les ruelles encombrées de ces engins pétaradants.

J’ai un faible pour ces véhicules aux formes simplistes. Le grand fabricant ibère, Dalia, a su capter le charme des versions tricycle. La firme de Barcelone a décliné une multitude de versions, au point qu’on s’y perd.

Au début de ma collection, devant l’ampleur de la tache, je m’étais contenté d’en garder quelques-uns. Et puis j’ai eu l’opportunité d’ acquérir un lot qui en comprenait plus de 40 différents. Je n’ai pas laissé passer cette chance.

Désormais, les Lambretta, les Vespa aux couleurs Obras publicas, Butano, Cruz Roja, policia, Coca Cola animent mes vitrines, et me transportent en Andalousie en quelques secondes.

On peut s’interroger sur la réalité de certaines versions comme Cruz Roja . On imagine l’équipage assumant les urgences en triporteur ou en scooter avec side-car.

Il faut prendre ces versions comme des jouets. Ils établissent combien ces petits véhicules faisaient partie de la vie de tous les jours au point d’en multiplier les variantes même les plus improbables.

les versions « militar » sont là pour nous rappeler la présence du Général Franco à la tête du pays jusqu’en 1975. Certaines versions sont décorées aux couleurs « policia ». La police a toujours eu, en Espagne, ce type de véhicules.

Les Lambretta triporteurs ont permis à Dalia de multiplier les chargements. Lait, vin, soda Coca Cola, bouteilles de gaz et chargements variés sont au catalogue. Pour chaque version Dalia a pris soin de réaliser une cale en carton à la dimension des accessoires contenus dans la benne du triporteur.

Cette astuce des fabricants de jouets consistant à décliner un grand nombre de variantes leur permettait de gonfler leur catalogue à peu de frais et donc d’accroître les commandes des revendeurs. Ces petits modèles fort attrayants devaient être vendus bon marché.

Le scooter c’est aussi l’image de la jeunesse, donc de l’insouciance. Comment interpréter autrement la version »rallye » qui emprunte à la Porsche GT  et l’Aston Martin DB5 leur numéro de course et leur bande tricolore?

Il y a là quelque chose de prémonitoire, comme si Dalia pressentait l’émergence en 1980 de la « Movida » et la sortie du franquisme. Il fallait oser proposer un scooter rallye à côté de la version kaki militaire. Laquelle eut le plus de succès ? il me semble que la version militaire est bien plus fréquente que l’autre, et qu’elle a été produite en plus grand nombre.

Merci à José Andrade pour son aide dans l’acquisition  de ces miniatures. Prochain blog le 25 Janvier 2021.

Junior sur deux roues !

Junior sur deux roues !

« Le scooter SOLIDO s’inspire des vrais Scooter français et italiens dont il possède tous les détails et perfectionnements : moteur, fourche de direction mobile, pare-brise, roue de secours, grille d’aération du moteur, têtes des blocs cylindre, plaque de police et lanterne arrière, feu avant et grille d’avertisseur. »

catalogue Solido
catalogue Solido

Comme je l’ai fait moi-même, vous relirez peut-être plusieurs fois ce texte qui figure sur le catalogue Solido fourni aux professionnels, ainsi que sur la notice de montage. La liste descriptive des accessoires reproduits par Solido a de quoi laisser rêveur.

On se demande si l’auteur de ces lignes n’a pas confondu la description d’un vrai Lambretta avec celle de la reproduction offerte par Solido.

Il faut avouer qu’à cette époque, les publicistes n’étaient pas avares en commentaires descriptifs exagérés. Le moindre détail était monté en épingle. Parler de « grille d’aération du moteur » et des « têtes des blocs cylindre » ou de « grille d’avertisseur » pour faire valoir les qualités d’un jouet, il fallait oser. On notera que l’illustrateur s’est arrangé avec la réalité : le modèle dessiné a été amélioré et son allure pataude, due aux contraintes d’assemblage des deux parties, gommée.

Le triporteur est présenté avec un groom tout droit sorti d’un grand hôtel tandis que le scooter est agrémenté d’un fringant jeune homme qui aurait pu être mon père, car ce dernier a effectivement possédé un tel scooter. Et c’est sur cet engin qu’il a emmené, de Compiègne à Romans, dans la Drôme, via la nationale 7, la jeune fille qui allait devenir ma mère.

Solido Lambretta avec orifice pour le passage du mécanisme obstrué
Solido Lambretta avec orifice pour le passage du mécanisme obstrué

Dans la réalité, le même personnage équipera toutes les versions. Curieusement, la notice indique qu’il ne fait pas partie du jouet. Il semble donc que Solido avait envisagé de le vendre à part. Ce ne sera finalement pas le cas.
L’objet a du charme. A juste titre, Bertrand Azéma indique qu’il ne fait pas partie de la gamme Junior. C’est la vocation ludique de l’objet, le fait qu’il soit modulable et démontable qui l’a convaincu de mettre ce scooter dans cette gamme dans son ouvrage. Il peut recevoir un moteur à remontage à clef. Ce dernier provient de la série Baby, il est plus petit que celui équipant un modèle Junior.
Les coffrets sont très réussis, comme toujours avec ce type de produit est-on tenté de dire.

La présentation des accessoires montés et démontés invite l’enfant au jeu. C’est bien ce que recherchait Jean de Vazeilles.

Le coffret le plus tardif, de couleur jaune et contenant le scooter, peint de couleur gris et présenté à plat est beaucoup plus rare que celui qui présente un scooter de couleur vert métallisé.

La version triporteur glacier est tout simplement somptueuse. Elle est peu fréquente, surtout en bon état. Si le modèle ravit désormais les collectionneurs, à l’époque de sa sortie, le succès n’avait pas été au rendez-vous.