Pour illustrer cette course, j’ai choisi des autos de fabrication américaine, toutes reproduites à une échelle proche du 1/43. Comme souvent avec les fabricants de jouets d’outre-Atlantique, les gammes sont déclinées dans plusieurs échelles. Ceci est particulièrement vrai pour les jouets réalisés en cast iron, mais les modèles en caoutchouc (rubber) et en plomb (slush) n’échappent pas à cette logique. Il existe ainsi une série de bolides similaires reproduits à l’échelle du 1/60.
Craft Toys Miller
La période de production de ces jouets s’étale de 1930 à 1950 environ. Les deux reproductions avec capot moteur amovible sont particulièrement intéressantes : le capot moteur est réalisé en tôle et coulisse verticalement pour laisser entrevoir une reproduction sommaire du moteur. Ils ont été réalisés par Craftoy.
départ des 500 miles d’Indianapolis
Craft Toys Miller
Craft Toys Miller
départ des 500 miles d’Indianapolis
Barclay monoplace
Barclay monoplace
Les modèles équipés de jantes en bois, peintes de couleur rouge, sont des Barclay. Le bolide bleu est particulièrement impressionnant par son aspect agressif.
Le modèle de couleur verte, avec le pilote installé très en retrait est une Kansas. Le modèle sera repris par d’autres fabricants.
Les monoplaces, rouge et turquoise, équipées de roues en caoutchouc de couleur blanche sont des Lincoln.
Enfin, celle de couleur argent dans la vignette en haut à gauche de l’article 144 est également une Lincoln, celle de droite étant une CAW portant la référence CWV08.
Le 29 mai 2011, sur l’ovale d’Indianapolis, les bolides se sont élancés pour la course du centenaire. La course a lieu tous les ans depuis 1911. Les années de guerre, avec l’engagement des troupes américaines ont constitué les seules exceptions, en 1917 et 1918 puis de 1942 à 1945.
Indianapolis « slush américain » Miller
Les Américains se sont toujours distingués par leur sens du spectacle. On parle d’ailleurs d’un show à l’Américaine, qu’il s’agisse d’une campagne électorale, du tour de chant d’une vedette du show-biz ou d’un événement sportif. Le domaine qui nous est cher, celui du sport automobile, ne fait pas exception.
Aux USA, les courses automobiles répondent à un véritable rituel, une occasion sans pareil de communier avec le public.
En Europe, je ne vois comme équivalent que les 24 heures du Mans. Parade des pilotes, ouverture des stands au public, séances de dédicaces : nous sommes à l’opposé des préoccupations des gens qui gèrent actuellement la Formule 1. C’est cet esprit de sport-spectacle qui est à l’origine de la création de la course mythique.
Petit retour en arrière, sur la base des informations issues d’un article très instructif de Jean Paul Delsaux paru dans la revue Auto-Hebdo. La première compétition automobile, Paris-Rouen en 1894, consiste à relier deux villes. Pendant de nombreuses années, ce sera le seul format de course automobile.
Il n’est pas transposable outre-Atlantique où les réseaux routiers sont réduits et les grandes villes reliées par le chemin de fer. Les organisateurs se replient donc sur les grandes étendues de sable offertes par les plages à marée basse.
Pour les villes intérieures, ce sont les « fairgrounds » (champ de foire) qui servent de support à des exhibitions de vitesse. Comme la dimension des terrains varie en fonction de l’importance de la cité, les organisateurs vont homologuer des châssis compatibles avec la taille de ces « fairgrouds ». C’est le début d’une certaine idée de standardisation, idée toujours en vigueur en 2011.
monoplace type Miller
Indianapolis Motor Speedway
Indianapolis Motor Speedway
CAW monoplace
départ des 500 miles !
Kansas : monoplace typique américaine
La première course sur un ovale aura lieu sur le Rhode Island State fair en 1896. Les courses sur « dirt track ovals » vont ensuite se multiplier. Cet engouement favorise l’émergence des clubs automobiles. Le premier d’entre eux, l’AAA American Automobile Association, représente les constructeurs automobiles américains. L’autre, l’ACA Automobile Club d’Amérique est dirigé par des industriels de la côte Est, passionnés par les progrès techniques et les belles automobiles européennes. Avec notamment l’organisation de la coupe Vanderbilt, ces derniers importeront la conception européenne de la compétition automobile, c’est-à-dire une épreuve disputée sur route.
Une scission se dessine : alors que l’AAA développe des compétitions ouvertes à des autos issues de la série, bon marché, l’ACA se tourne vers l’innovation technique, réservée à une minorité. Cela ne vous rappelle rien ? En 2011, ces deux conceptions du sport automobile s’affrontent toujours. A partir de là, un dénommé Carl Fisher, encore jeune et déjà à la tête d’une importante fortune, comprend tout l’intérêt de la construction d’un grand stade consacré à la compétition automobile.
En 1909, est inauguré aux Etats-Unis le plus grand ovale jamais réalisé dans ce pays : Indianapolis Motor Speedway.
La première course, le 22 août 1909, sur une distance de 300 miles, sera une véritable hécatombe : elle devra être interrompue en raison du nombre important d’accidents mortels : c’est le revêtement qui est en cause. La décision est prise de le remplacer par une piste en brique, de là son surnom le «brickyard ». Deux ans plus tard, en 1911 les premiers 500 miles auront lieu. Une bande pavée est toujours en place sur l’actuel circuit, en souvenir de cette glorieuse époque. (voir un autre article sur Indianapolis)https://autojauneblog.fr/2011/06/22/sur-l-ovale-d-indianapolis/
La firme canadienne Real Types a conçu une gamme équilibrée de miniatures représentative du paysage routier nord-américain. Une camionnette de livraison y a naturellement sa place. Le choix s’est porté sur un véhicule de la marque Chevrolet. Le modèle P20/P30 : remerciements à Steven Goodstein pour cette précision.
Real Types chassis « Made in Canada »
Il ressemble au modèle produit par la firme International qui, lui a a été conçu par Raymond Loewy, celui-là même à qui l’on doit les célèbres Studebaker des années d’après guerre. Raymond Loewy marqua de son empreinte le design des automobiles mais également des objets usuels. C’est lui qui créa, entre autre, la fameuse bouteille d’un soda venu d’outre-Atlantique. Le modèle aura une carrière très longue et connaîtra des évolutions, mais sa physionomie générale n’en sera pas modifiée. L’image qui vient à tous les amateurs est celle de la flotte de fourgons aux couleurs du célèbre service de livraison « UPS ». Il en existe de nombreuses reproductions mais, curieusement, aucun fabricant de jouets renommé ne mettra ce modèle à son catalogue.
C’est pourtant un véhicule très représentatif du paysage américain qu’on retrouve nécessairement dans les films et les séries télévisées.
Les versions proposées par Real Types sont superbes. Les décorations bicolores sont harmonieuse et flatteuses à l’œil : le fabricant canadien ne s’est pas contenté de livrées unicolores Rcomme le fera plus tard Hubley. Si les modèles produits à Lancaster pour Hubley possédaient parfois une planche de décorations à apposer soi-même, les versions Real Type étaient vendues toutes décorées.
J’ai découvert cette version TCA, une compagnie de fret canadien, portant la référence RT240, en visite chez Steve Butler. Elle m’était totalement inconnue.
Real Types Chevrolet Eaton’s Canada
Real Types Chevrolet pour le marché Real Types Chevrolet pour le marché canadien
Made in Canada
Real Types Chevrolet TCA
Real Types Chevrolet Eaton’s Canada
Made in Canada
J’ai pu m’en procurer un exemplaire quelque temps plus tard. Steve Butler par contre ne connaissait pas la version « Eaton’s of Canada » que nous possédions depuis longtemps. « Eaton’s of Canada » était une chaîne de grands magasins implantée au Canada. Cette enseigne a disparu il y a quelque temps bien qu’elle ait occupé très longtemps une place prépondérante dans le pays. Tootsietoys a également produit pour cette enseigne un « panel van » aux couleurs rouge et bleu caractérisant la chaîne de magasins. Il faut d’ailleurs signaler la présence de deux versions. La société avait certainement dû commander une nouvelle série, mais la firme « Real types » n’existant plus, il est probable qu’elle ait été dirigée vers Hubley. La deuxième mouture, à la nuance plus claire, possède en effet un châssis gravé « Made in USA ». L’existence d’autres versions est fort probable. Ainsi, sur un listing figurant au dos d’un emballage canadien un mystérieux « bread van » apparaît.
La nouvelle édition du festival de Cannes m’offre l’opportunité de rendre hommage au réalisateur italien Federico Fellini. « La dolce vita » présenté à Cannes en 1960 où il reçut la palme d’or, marqua les esprits, notamment en Italie où il divisa la population.
Le film eut un immense succès commercial qui reposait d’ailleurs davantage sur l’intérêt du public pour les scènes érotiques que sur ses qualités intrinsèques. Le Vatican jugea l’œuvre pornographique et blasphématoire !
La dolce vita en Marx
Ainsi, dans « Divorce à l’italienne », tourné en 1961 par Pietro Germi, une scène se déroule devant le cinéma d’un village : la projection de « La dolce vita » provoque une émeute, la salle étant trop petite pour accueillir le public dominical tout émoustillé par la réputation du film. Il est amusant de remarquer que le rôle principal de « Divorce à l’italienne » est tenu par Marcello Mastroianni, qui interprète également le rôle principal de « La dolce vita ». Ce sera la première collaboration de Mastroianni avec le cinéaste Federico Fellini.
Cinq autres films réuniront les deux monstres sacrés qui semblent s’apprécier. De construction moderne, le film est une suite de séquences où nous suivons un chroniqueur interprété par Marcello Mastroianni. La scène la plus connue est bien sûr celle où Anita Ekberg se baigne dans la fontaine de Trévi. Cette scène s’est imposée au cinéaste après avoir lu un article de journal relatant qu’au cours d’une séance de photos Anita Ekberg s’était blessée légèrement au pied ; elle était à proximité de la fontaine de Trévi et était allée y nettoyer sa blessure. Le photographe Pierre Luigi avait alors réalisé une série de photos publiée dans le journal Tempo.
De nombreuses scènes du film font partie de l’histoire du cinéma. Federico Fellini nous offre une vision toute personnelle de certains quartiers de Rome, notamment celui de l’EUR, construit sous Mussolini et structuré en grandes artères rectilignes. La vision est assez déroutante pour qui connaît la capitale romaine. Il semble bien que le cinéaste ait cherché à prendre le contre-pied des clichés faciles sur la « douceur de vivre à l’italienne ».
Ainsi, pour en venir au sujet qui nous est cher, l’automobile, le choix du cinéaste est singulier. Il lui aurait été facile de choisir parmi les voitures sportives, de luxe ou populaires, produites par l’industrie italienne. Pour nous, Français, le titre du film peut facilement évoquer une Alfa Romeo Giulietta, une belle Lancia Aurelia et même une Ferrari 250GT.
Fellini choisit de faire rouler son personnage principal en Triumph TR3.
Le photographe qui l’assiste, Pierotto Paparazzo, (à l’origine du mot paparazzi) apparaît en MG TF. Maddalena, interprétée par Anouk Aimée et symbole de la bourgeoisie désœuvrée roule, elle, dans une Cadillac Eldorado Biarritz. Le spectateur est déstabilisé et il y a fort à parier que Fellini a personnellement choisi les automobiles de ses acteurs.
Marx Triumph TR3 avec Mickey
La dolce vita en Marx
Marx Triumph
ensemble de modèles Marx avec personnages Disney
La dolce vita en Marx
Marx avec ou sans friction
Pour illustrer ce film, j’ai souhaité vous présenter une Triumph TR3 un peu moins connue que celles produites par Corgi Toys ou Spot On. Le modèle a été produit au Japon, par Line Mar, pour la firme Marx sous le nom de « Collectoys ». Compte tenu de la consonance anglo-saxonne, la destination commerciale de ce produit, les Etats-Unis, est évidente. Il faut rappeler que déjà, avant la seconde guerre mondiale, le Japon s’était attaqué au marché américain du jouet. Au départ la qualité de ces jouets était médiocre. Elle s’est vite améliorée.
Après guerre, les jouets produit par la firme Marx ont porté le marquage un brin infamant : « Made in Occupied Japan ».
Les Japonais se sont vite redressés à l’issue du conflit et le marché américain est demeuré leur principale cible. La multitude de belles américaines en tôle à des échelles allant du 1/35 au 1/10 environ en est la preuve. Mais les échelles inférieures n’ont pas été oubliées.
Voici donc une série attachante de cabriolets et de coupé européens, dont la Triumph fait partie au même titre qu’une Jaguar XK120, une Porsche 356 et même une BMW 507. L’échelle choisie pour ces modèles est environ le 1/50. Le fabricant proposera toute une série d’autos américaines, dont une Edsel. Celles-ci seront alors reproduites au 1/66 environ, l’échelle de reproduction étant dictée par les boîtages, tous de même format !
Marx commandera ensuite à son fabricant de jouets japonais une autre série de modèles extrapolés de cette gamme et installera au volant un personnage issu des dessins animés de Walt Disney. Mickey s’assiéra dans la Triumph TR3 et Goofy prendra les commandes de la Jaguar XK120 ou de la « MGA » ! Cette série est également peu fréquente.
Comme une grande partie des moules de miniatures Solido, les moules des Ami 6 ont fini par arriver en Espagne. La version break présentée possède l’ultime modification du châssis : il est donc évident que Dalia a récupéré cet outillage lors de l’arrêt de la production de l’Ami 6 break en France.
Citroën Ami 6 Dalia
Le modèle connaîtra plusieurs versions, la plus célèbre étant la version sanitaire. Celle-ci a d’ailleurs réellement existé en France. Pour plus de réalisme, Dalia a occulté les vitres passager. Il n’y a pas de brancard.
La finition la plus classique est celle de la Croix-Rouge. Trois décalcomanies habillent et finissent cette version. Je me souviens avoir vu, il y a fort longtemps, une version avec les croix faites au pinceau.
Le modèle était en boîte et en état neuf, et je pense qu’il était d’origine. Intéressons-nous maintenant à une version plus exotique qui a reçu des décalcomanies Falck Zonen, entreprise danoise, en provenance de chez Tekno. En fait, il n’y a rien d’incongru car les firmes Tekno, Solido et Dalia avaient toutes des liens entre elles. Ainsi, on peut supposer que lorsque Tekno avait confié ses moules du Ford Taunus à Dalia, il lui avait également livré des décalcomanies. Certes, Dalia a pris quelques libertés et les a utilisées sur d’autres modèles de sa gamme, préférant décorer sa version Ford Taunus ambulance d’une « cruz roja ». Parmi les modèles qui ont reçu cette décalque Falck Zonen, il y a la Mercedes 220 SE coupé avec gyrophare.
A ma connaissance, il n’y a jamais eu de Dalia exportée au Danemark. Si tel avait été le cas, j’en aurais rencontré lors de mes nombreux séjours.
Par contre, d’autres pays ayant peu de liens avec la culture ibérique ou la langue de ce pays en ont importé. Je pense à l’Italie, mais surtout au Japon qui a importé des Dalia dans les années 70. C’est ainsi que quelques correspondants japonais m’ont procuré au fil des ans de nombreux modèles, comme cette fameuse Citroën Ami 6 Falck Zonen !
peu fréquentes version publicitaires Dalia
version cruz roja et Falck Zonen (rare)
ensemble de couleur d’Ami 6 break Dalia
ensemble de couleur d’Ami 6 break Dalia
chassis Dalia Solido
Dalia Citroën Ami 6 break Butano
Enfin, à propos de Dalia, il ne faut pas occulter une histoire qui concerne les consommateurs français. Les Dalia étant vendues moins cher que nos Solido, certaines boutiques françaises en ont importé. Le phénomène a d’abord touché les boutiques à proximité immédiate de la frontière espagnole, puis s’est étendu à toute la région Midi-Pyrénées. Solido a dû intervenir afin de faire cesser ces importations qui lui faisaient concurrence. Mais on sait que certaines boutiques se sont arrangées pour contourner cet obstacle. Le magasin Manou, au Mans, et le magasin Projet, à Paris, en ont vendu. Nous en avons acheté à l’époque. Ces boutiques avaient comme point commun d’être des pionniers, et de s’adresser déjà aux collectionneurs. La qualité de ces dernières Dalia, était il faut bien l’avouer, inférieure à celle des Solido équivalentes. A la fin de la production, Dalia a multiplié les versions et appliqué ses décalcomanies sans un grand souci de logique.
Pour information, la version de couleur Orange avec une décalcomanie est au couleur « Butano ». Les quatre autres versions sont de classiques break.
Auto Jaune Le Blog de Vincent Espinasse collectionneur