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Les Cargo à tonton

Les Cargo à tonton

La famille cherchera à savoir. Et lors des repas de fin d’année un petit neveu osera peut-être cette question : « Alors Tonton, tu l’as cette 2cv ? »

C’est que le grand public a pu découvrir, ébahi, à la une du journal « Antiquité Brocante » du mois de septembre 2018, une magnifique Dinky Toys 2cv « Philips » et surtout son prix : 12 000 € …sans les frais précise-t’-on ! Le commentaire imparable qu’on trouve en couverture est ici reproduit :

« A  ceux qui estimaient que les collections de véhicules miniatures Dinky Toys évoluaient désormais tel un astre mort, la vacation du 5 juillet, à l’hôtel des ventes de Nîmes(30) a dû les faire tomber de l’armoire ».

Minialuxe panneau Philips
Minialuxe panneau Philips

C’est bien le genre d’article qui transforme le tranquille collectionneur de Dinky Toys en héros. Tous les collectionneurs de Dinky Toys ont finalement un morceau de cette 2cv.  Cette enchère a redoré le blason, un peu terni, de l’amateur de Dinky Toys.

Elle a donné un statut social à leur collection.

Pour beaucoup d’entre eux, les modèles «Chinois» (Atlas) avaient porté préjudice à l’image de leur collection de «vraies Dinky Toys».

Il faut bien trouver un responsable à la baisse de certaines cotes, même s’il serait plus judicieux, à mes yeux, d’évoquer, entre autres, la baisse du pouvoir d’achat des collectionneurs.

Revenons à notre repas de fin d’année. Vous pourrez toujours expliquer que cette 2cv  Philips vous l’avez en partie. Je m’explique. Ce fameux modèle, cette 2cv camionnette «Philips» semble bien avoir été réalisée sur la base de la version postale et décorée avec les décalcomanies empruntées au Citroën 1200Kg Philips. Qui n’a pas les deux modèles ?

Plus sérieusement, c’est bien ici que réside le manque d’intérêt de ce modèle, et ce malgré les commentaires enthousiastes du journal. Le Citroën 1200Kg Philips est sorti en 1964. C’est un produit sophistiqué. Tout le contraire de cette 2cv camionnette qui est en fin de carrière : elle n’a ni vitre ni aménagement intérieur. Quel contraste avec le 1200Kgs. J’avoue avoir du mal à comprendre la logique de la gestation de cette 2cv « Philips ». D’autre part, Philips aurait certainement souhaité pour sa promotion une fourgonnette un peu plus en phase avec l’actualité automobile.

On pouvait penser qu’il s’agissait d’un modèle réalisé par le bureau d’étude pour la firme Philips mais ce raisonnement ne tient plus dès lors qu’on a découvert un second exemplaire. Or le bureau d’étude n’a pas vocation à produire plusieurs exemplaires d’un modèle.

Hasard des trouvailles, au moment de la diffusion de l’article j’ai mis la main sur d’étranges modèles qui m’ont également laissé interrogateur. J’en ai tiré l’enseignement selon lequel, tout comme Dinky Toys, la marque Sésame possède aussi ses mystères.

De quoi s’agit-il ? de Simca Cargo. Jusque là, rien de particulier. Ce camion a marqué le début de l’histoire de la firme, mais les modèles dont je vous parle aujourd’hui se distinguent par une finition aléatoire. C’est le moins que l’on puisse dire.

Les parties vitrées sont mal ébarbées, les accessoires en tôle joignent mal et les couleurs sont inhabituelles.

Enfin, les châssis sont en plastique et portent la gravure «Volvo», ils ne sont pas en tôle comme ceux de la série de base et ne possèdent pas de moteur à friction. Il est facile de constater qu’ils n’ont pas les standards de qualité qu’arborent habituellement les miniatures de cette marque.

On pourrait, au premier regard penser à des modèles réalisés au Maghreb. Plus étrange encore, les versions citernes affichent des compagnies pétrolières inconnues chez Sésame France comme Mobil et Fina.

J’avoue ne pas en savoir plus. Philippe Cazaniga m’a cédé un exemplaire équipé d’une benne décorée aux couleurs « transsahara » comme les Sesame français. Cependant, l’intérieur de la benne est de couleur verte.

J’ai également trouvé une version ambulance qui est proche de la version française. En attendant d’éclaircir le mystère , je vais vous présenter quelques Sésame plus traditionnels, d’origine française.

Le Simca Cargo sera le premier camion choisi par Sésame. C’est à mes yeux le plus réussi. Les formes rondes de la cabine associées à celles, à angle droit, de la caisse en tôle lui vont à merveille.

Ainsi, vous pourrez répondre à vos amis ou à votre famille qui ne comprennent pas vos choix de collectionneur que Sésame est une firme à prendre en considération.

Et à la fin du repas, au lieu de montrer cette 2cv Dinky Toys que vous n’avez pas ( moi non plus je vous rassure) vous pourrez leur dévoiler votre incroyable collection de véhicules Sésame et leur expliquer tout l’intérêt de réunir cette série.

Et si le neveu persévère :

« Dis Tonton, pour le prix de la 2cv on a combien de camions Sésame? »

Il vous faudra prendre une calculatrice, pour ne pas faire d’erreur de calcul, mais vous arriverez à une quantité dépassant très largement le nombre de modèles existants.

« Oh là  là ! cela en fait beaucoup ! tu n’en as pas autant ! »

Et là, vous serez bien obligé d’acquiescer.

(voir le blog consacré  au Simca Cargo de chez Dinky Toys)

 

« Tant pis pour l’exactitude »

« Tant pis pour l’exactitude »

« C’est un effet de vignes que j’ai vu à Arles. J’y ai mis des Bretonnes. Tant pis pour l’exactitude ». Ces mots sont de Paul Gauguin dans une lettre qu’il adresse au peintre Emile Bernard qu’il avait rencontré à Pont-Aven.

Ensemble, ils avaient développé une théorie inspirée des estampes japonaises basée sur la simplification et les couleurs.

Pour Gauguin, l’important dans son tableau intitulé « Misères humaines » ou « Les vendanges à Arles » c’est l’effet de couleurs. Plus tard, dans sa période tahitienne, il prendra encore plus liberté. Ainsi le public le moquera pour son tableau « Ararea » l’un des plus célèbres, et pour le chien rouge placé au premier plan.

Dans l’histoire de l’art, nombreux sont les artistes qui ont suscité la polémique avant d’accéder à la reconnaissance. C’est inévitable. Le public a besoin de temps pour apprécier et comprendre ces évolutions. Le collectionneur russe Sergueï Chtchoukine, amateur éclairé dont nous avons pu admirer il y a peu de temps une partie de la splendide collection achetait notamment des oeuvres de Picasso.

Cependant il déclarait ne pas toujours le comprendre. Il avait eu cette phrase que j’aime beaucoup : « C’est probablement lui qui a raison et pas moi ».

« Tant pis pour l’exactitude » disait donc Paul Gauguin. Cent ans plus tart, on comprend la portée de la phrase tant le sujet est ailleurs dans son tableau.

Certes, il y a peut-être une forme de provocation chez l’artiste dans le fait de placer des bretonnes à Arles, pour faire les vendanges. Mais on sait que quelques mois auparavant il sillonnait les routes du Finistère et que ses carnets étaient remplis de croquis de paysannes pris sur le vif. Il est probable que la posture et l’authenticité des ces paysannes l’avaient inspiré au point qu’il ait souhaité les recycler et les replacer en Provence.

La direction des « Jouets Citroën » semble avoir tenu le même raisonnement quand elle a décidé d’offrir aux enfants des reproductions de Citroën T23 semi-remorque chenillé. « Tant pis pour l’exactitude, ils sont si beaux ces tracteurs semi-remorques ! » aurait pu s’écrier le directeur commercial des Jouets Citroën.

J’ai cherché. J’ai questionné des amateurs. Nulle trace de ce type de véhicule dans la réalité.

On sait juste que l’ingénieur Kégresse a travaillé pour Citroën en adaptant son brevet d’autochenille qui finira d’ailleurs aux Etats-Unis et qui sera même à l’origine du fameux White Half-track de la seconde guerre mondiale.

LaCroisière Noire (1924-1925) et  la Croisière Jaune (1931-1932) rendirent populaires les autochenille, ces véhicules taillés pour l’aventure. En fait, ce sont les dérivés militaires de ces camions chenillés, notamment les tracteurs d’artillerie conçus pour tracter les lourds canons sur les champs opérationnels, qui connurent le plus de succès dans la réalité. Pourtant, « les Jouets Citroën » ne déclinèrent aucune version militaire. Il est assez intéressant de faire un parallèle avec la firme allemande Märklin qui à la même période consacre une page complète aux véhicules militaires. En France, les fabricants de jouets sont à l’image du pays et de ses dirigeants qui ne veulent pas voir arriver le conflit.

On connait cependant quelques rares exceptions dont la très drôle Citroën dite « Traction militaire ». (Voir le blog consacré à ce sujet).

Parmi les versions proposées par « les Jouets Citroën », une seule semble crédible. J’ai d’ailleurs une belle anecdote au sujet de cette miniature. Dans les années quatre-vingt-dix, un monsieur âgé est venu me trouver au magasin. Il venait du Jura et avait emmené dans ses bagages quelques jouets à céder, tous issus de son coffre à jouets d’enfant.

Au milieu de son petit trésor, il y avait un superbe Citroën tracteur chenillé semi-remorque forestier.

Il m’a expliqué qu’il s’agisssait du jouet le plus cher à son coeur car, venant d’une région aux forêts profondes, il avait été bercé enfant par ces engins chenillés tractant les grumes. Il est bien évident que ce type de camion n’a d’utilité que dans ces conditions d’utilisation : adhérence précaire, terrain dénivelé, lourde charge à tracter.

Si la superbe version avec la remorque emplie de sable peut paraître crédible, il est bien évident que les autres déclinaisons sont assez farfelues.

J’ai un faible pour la rare version citerne arborant le décalque en papier issu des jouets Citroën « Mobiloil » en tôle.

La remorque chargée de caisses est d’une rare poésie. On l’imagine sur les quais du port de Marseille ou du Havre près d’une grue, prête à être déchargée. Idem pour celle transportant les tourets.

Il faut signaler ici que toutes ces versions existent aussi équipées « simplement » de jantes avec pneus « Michelin » en place des poulies et des chenilles. Trouver les modèles avec les chenilles d’origine est une véritable gageure.

On imagine que les « Jouets Citroën » ont assez vite retiré ces versions au profit de celles équipées de jantes à pneus. Les rassembler toutes m’a demandé près de 30 ans. Collectionneurs, ouvrez grands vos yeux devant ces jouets extraordinaires et poétiques.

Le Pélican et la loi Evin

Le Pélican et la loi Evin

Certains noms de ministre restent dans le temps et reviennent ainsi, presque malgré eux, sous les feux de l’actualité, parfois vingt ou trente ans après que la fonction ait cessé d’être exercée par son titulaire. Il en est ainsi lorsque le nom du ministre est étroitement associé à une loi ayant fait polémique ou ayant été farouchement combattue. Ainsi, le nom de Simone Veil récemment disparue sera pour toujours associé à la loi légalisant l’avortement et à son combat contre un parlement composé majoritairement d’hommes qui ne voulait pas entendre parler de cette loi. Aujourd’hui encore certains rêvent d’un retour en arrière.

Pour tout dire ce n’est pas à cette loi que je pensais quand m’est venue l’idée de faire ce blog. Non, je pensais à la loi Evin relative à la lutte contre le tabagisme et l’alcoolisme et l’idée m’est venue alors que je rangeais en vitrine un buvard publicitaire édité dans les années cinquante par la bière « Pélican ».

Le sympathique volatile s’adressait ainsi aux enfants : « Votre collection d’autos miniatures va s’accroitre grâce au Pélican » tandis qu’un astérisque renvoyait au bas du buvard où l’on trouvait les explications permettant d’acquérir ce joli petit camion Renault : « conservez soigneusement les étiquettes !…500 donnent droit à un attrayant CADEAU PUBLICITAIRE !  » (texte original)

Deux choses m’ont surpris. La première est que ce message soit à destination des enfants. La seconde, c’est la quantité requise pour bénéficier du cadeau ! 500 bouteilles de bière Pélican pour mériter le petit camion Renault brasseur de chez Polichinelle, cela fait beaucoup ! C’est un vrai pousse -au -crime. On notera également qu’il devait être bien fastidieux d’enlever les 500 étiquettes des bouteilles.

Je me souviens très bien qu’à l’école, le peu de fois où j’ai mangé à la cantine, on servait encore de la bière à table. L’industrie brassicole devait par ce biais éduquer les jeunes gens au doux plaisir de ce breuvage.

Cependant, la marque Pélican va plus loin. Elle invite clairement à boire en famille : « En famille buvez Pélican la grande Bière française ». A titre personnel, je n’aime pas la bière et je remercie la famille de mon épouse originaire de Calais de ne jamais m’en avoir tenu rigueur, dans la mesure toutefois où j’accepte bien volontiers un verre de vin rouge.

Un dernier détail, assez amusant. Observez le dessin. On voit cinq enfants. Les quatre garçons sont déjà sous l’emprise de l’alcool. La jeune fille baisse les yeux. Elle a l’air très sage et visiblement n’a pas touché à la bière Pélican.

Elle est presque gênée d’être là et de voir le comportement des jeunes garçons qui l’entourent.

Le petit Renault ATD Polichinelle est superbe. Plein de charme. Réalisé en tôle lithographiée, c’est un beau témoignage d’une époque. Pour l’occasion un étui a été réalisé. A priori, cette version plateau brasseur n’a pas été reprise en série.

Quatre carrosseries ont été proposées en magasin de jouets…ou plutôt chez les marchands de couleurs et autres bazars, circuit privilégié de distribution de ces petites firmes. Il faut noter un détail important : les modèles du commerce sont découpés dans des tôles unies. Plus de lithographie, même pour souligner les phares ou la calandre.

Nuançons enfin l’existence des quatre carrosseries. En fait, il y a une version citerne et une version ridelles. Cette dernière se décline en benne basculante quand elle est articulée sur l’arrière du châssis et en bâché, avec l’adjonction d’une bâche. Si l’on ajoute la version ridelles fixes cela nous fait bien quatre carrosseries qui ont été regroupées dans un superbe petit coffret intitulé « Les routiers ».

Un examen attentif du dessin du couvercle montre que l’illustrateur a reproduit un camion Ford 5 tonnes, celui de chez Dinky Toys, et non un Renault !

Enfin, la présence du nom d’une imprimerie lyonnaise “Bobillon et Beraud” laisse penser que l’origine de la marque est lyonnaise…mais alors pourquoi ne pas avoir reproduit un Berliet local ?

Dernière question. la C-I-J avait un contrat d’exclusivité pour la reproduction des véhicules Renault. Y a -t’-il eu un souci avec la Régie? Le modèle Polichinelle reproduit assez fidèlement un Renault ATD, c’est acquis. Cependant, la marque  au losange n’apparait ni sur le jouet ni sur la boîte.

Pour essayer d’être le plus complet possible signalons enfin l’existence de jolis ensembles, avec remorque, vendus en boîte individuelle. Pour l’occasion, Polichinelle a réalisé une remorque à deux essieux. Ces ensembles sont des plus réussis. Ces productions méritent votre respect de collectionneur et complètent à merveille l’univers des véhicules industriels français .

 

Leçon de géométrie chez Dinky Toys

Leçon de géométrie chez Dinky Toys

Droite, triangle isocèle, rectangle, voilà quelques-unes des figures géométriques que le bureau d’étude de Dinky Toys eut à utiliser pour résoudre une équation des plus délicates, celle consistant à reproduire, sur une miniature, le pare-brise d’un cabriolet. Voici les données du problème : il faut qu’il soit fidèle, esthétique, solide, et qu’il ne nécessite pas trop de contraintes lors de sa production.

A première vue, cela peut sembler facile. Mais celui qui connaît un peu la production mondiale de miniatures sait qu’il y a toujours eu là une source de difficultés et ce, chez tous les fabricants. Dinky Toys, Grande-Bretagne et France, ont été confronté dès l’origine à cette équation.

Pour le premier modèle, celui de la série 22, injecté en plomb et carrossé en cabriolet c’est un rectangle rapporté qui fait office de pare-brise. Sur le modèle produit en France, c’est une pièce comprenant le volant, le pare-brise et le tableau de bord qui est retenue à la carrosserie à l’aide de deux rainures verticales.

C’est simple, efficace, mais fragile.

Sur la version anglaise, antérieure à la française, c’est également une pièce rapportée qui remplit la fonction de pare-brise. Le système de fixation à la carroserie est différent, sûrement moins pratique à mettre en place. A première vue le pare-brise semble plus sophistiqué et plus fin. Cependant, la réalisation n’est pas convaincante car il est finalement plus fragile que sur la version française.

Pour les modèles suivants, ceux de la série 24 d’avant-guerre, c’est un harmonieux rectangle rapporté, ajouré sur les premiers modèles, puis plein, qui fait office de pare-brise. Il vient se fixer simplement sur la carrosserie. Au niveau robustesse, cela semble être un sérieux progrès par rapport aux séries 22. La série reprise après guerre conservera cette technique.

Le vrai changement arrive après-guerre avec la reproduction de la  Jeep Willys réduite à l’échelle du 1/50 chez les Anglais et au 1/41 environ en France. Un nouveau procédé de reproduction est utilisé. La pièce est en tôle, rapportée, puis encastrée dans deux glissières verticales. Elle ne peut s’enlever. Tout est à angle droit. Un montant vertical divise le pare-brise en deux rectangles. Cette solution est inspirée par la forme du pare-brise de la véritable Jeep.(voir le blog consacré à la Willys jeep Dinky Toys)

Vous avez tous en collection une Simca 8 sport de chez Dinky Toys. Sur ce modèle, très typé, le traitement harmonieux du pare-brise est « La  » caractéristique majeure de la miniature. Ce sont les triangles isocèles faisant office de montants verticaux qui sont remarquables.

Ils permettent une solidité renforcée par rapport aux modèles décrits précédemment, tout en donnant à la Simca une élégance et un raffinement jamais rencontrés jusque- là sur ce type de produit.

 

Pourtant, la découverte récente de trois éléments permet d’établir aujourd’hui que le projet initial, portant le nom de code 100148, était bien différent. C’est en effet sous ce matricule qu’est étudiée le 24 octobre 1950 (!) cette  reproduction de la Simca 8 sport. Il ne reste à ce jour que les vues en coupe.

Un détail est frappant. Il n’y a pas de triangle isocèle, mais un pare-brise en tôle, encastré, comme sur la Willys.

La récente mise en vente du prototype en bois permet de confirmer cet état de fait. Comme le plan de 1950 le modèle en bois comporte un pare-brise en tôle. Le modèle en bois est antérieur aux plans, il servait à la direction pour valider ou non le modèle et donc l’exécution des plans .

Le modèle dessiné sur le plan ne porte pas encore un suffixe à son numéro. La lettre « S » n’a pas encore été choisie.

Mais ce n’est pas tout. J’ai également récupéré un autre dessin du projet 100148 ( le même numéro a été conservé). Celui ci est daté du 21 mai 1951. Les fameux triangles isocèles du pare-brise sont bien là. Comme le subodore Jean-Michel Roulet dans son dernier livre au sujet de la Simca 8 et de sa gestation, Dinky Toys a tardé à concrétiser cette auto. De plus, la vraie voiture a évolué très vite. Le plan de 1951 est révélateur.

Le modèle dessiné possède la calandre de forme ovale que l’on voit sur le prototype en bois. Ce n’est donc pas encore le projet final !

Ces plans et ces prototypes sont des pièces exceptionnelles. Ils permettent une meilleure compréhension de l’histoire de Dinky Toys France.

C’est pourquoi j’avoue avoir été déçu de l’accueil réservé aux plans que j’avais fait tirer à la fin de l’année dernière. Peu de collectionneurs de Dinky Toys se sont révélés intéressés pour en acquérir un jeu. A 30 € les 18 pièces, le coût était pourtant bien raisonnable. (voir l’article sur les 18 plans reproduits).

 

 

 

Heureux comme un Saviem dans l’eau

Heureux comme un Saviem dans l’eau

Comme me dit mon frère, spécialiste en communication, l’important, c’est de faire le « buzz ». Traduisez par l’événement. Ainsi, désormais, sur les réseaux sociaux, on assiste à une véritable surenchère de photos et de vidéos. C’est à celui qui réussira à attirer le plus grand nombre de visiteurs sur son compte et pourra ensuite s’en glorifier.

Les médias ne sont pas en reste, ils comptabilisent les visites sur les réseaux sociaux des hommes politiques ou du spectacle. C’est à cela qu’on mesure l’importance de telle ou telle personnalité. Le contenu importe peu, c’est le chiffre qui compte.

Prenons la photo que mon frère a postée sur Facebook. Une explication s’impose. Nous avions acheté quelques jours auparavant une collection. Ayant loué un étal à la bourse de Houten aux Pays-Bas, nous avons profité de notre arrivée la veille de l’événement pour déballer la marchandise et l’étiqueter. L’hôtel est un superbe établissement situé à quelques centaines de mètres du hall d’exposition où se déroule l’événement. Les chambres sont spacieuses, voire luxueuses, mais le week-end, l’hôtel pratique des prix plus abordables. Mon frère a tout de suite répéré la baignoire avec jacuzzi. Comme j’avais un rendez-vous avec un marchand anglais, je le laissai seul et je l’habilitai à faire un rapide nettoyage de la marchandise. En effet, la personne à qui j’avais acheté le matériel avait subi une inondation. Comme elle n’avait pas jugé utile de jeter les cartons mouillés une odeur d’humidité forte et tenace avait imprégé les modèles.

Quelle ne fut pas ma surprise à mon retour de trouver mon frère dans un bain de mousse géant, entouré des Saviem CIJ qui bénéficiaient ainsi d’un nettoyage à grande eau.

 

Amoureux de la marque, le vendeur en avait rassemblé huit, tous dans la même variante, calandre à une barre, cabine bleue et benne rouge foncé.

Aprés avoir immortalisé la scène, mon frère avait posté la photo sur sa page Facebook !

C’est ainsi que j’ai vu dans ce cliché l’opportunité de vous parler d’un modèle qui n’aurait peut être jamais eu l’honneur du blog. Il faut avouer que ce camion dans sa version de base est commun. C’est un grand classique de chez C-I-J. L’idée du fabricant d’équiper la cabine Saviem d’une benne de type charbonnière est excellente.

Les fabricants de jouets préférent bien souvent reproduire des bennes carrières équipées d’une casquette. Pourtant ces dernières semblent moins fréquentes dans la réalité que celle de type charbonnière. Elles circulent souvent en circuit fermé dans des carrières à ciel ouvert, à l’abri des du regard des automobilistes.

Ce n’est pas le cas des bennes de type « charbonnières ». Ayant grandi en Picardie, mes saisons ont été rythmées par celles des campagnes betteravières. Ce sont ces bennes de type « charbonnières » qui étaient utilisées lors des récoltes se déroulant durant l’automne et l’hiver.

Elles faisaient « la joie » des automobilistes. Chargés de manière déraisonnable ces camions laissaient tout au long du parcours les conduisant à la sucrerie de larges traces d’une terre grasse qui rendait la chaussée glissante et maculait les flancs des automobiles.

Aussi, sur le plateau, à la sortie de Compiègne, après Venette, pour rejoindre l’autoroute A1, je les ai souvent maudits ces camions. Il faut ajouter au désagrément l’odeur très particulière s’échappant des sucreries. Je retrouve ces mêmes effluves lorsque partant pour la Grande- Bretagne j’arrive à l’aube au niveau dit du « Camp du drap d’or », juste avant Calais. Au loin j’aperçois alors le halo des projecteurs illuminant la sucrerie et ses cheminées qui recrachent de longs panages blancs dont l’inclinaison s’est souvent révélée prometteuse d’une traversée agitée.

Et j’ai fini par éprouver une certaine sympathie pour ces camions qui me rappellent tant de souvenirs.

La première cabine Saviem, de type LRS a connu une vie sans histoire. Il n’y a pas de couleurs vraiment rares. La cabine qui lui a succédé, équipée d’une calandre verticale de forme rectangulaire à 3 barres horizontales est également assez facile à se procurer. Il a été produit une version équipée d’une casquette en tôle incorporée dans un sympathique coffret dénommé « Sablières de la Loire ». Il est certain que le surplus produit a été distribué en étui individuel.

Dans cette variante, ce sont les couleurs des jantes qui font la différence. Pour faire simple,  celles de couleur argent sont fréquentes, toutes les autres sont peu fréquentes.

Pour qui collectionne les C-I-J, la vraie difficulté est de se procurer les dernières productions. Lorsque Saviem a simplifié sa calandre en ne conservant qu’une barre horizontale, C-I-J a collé à l’actualité en modifiant son moule.

Cependant, il est assez difficile pour le collectionneur de répertorier toutes les dernières variantes. Tombée en décrépitude, la firme assemblait ses modèles avec ce qui restait à sa disposition. Cela se vérifie au niveau des assemblages de couleurs mais également aux jantes de couleurs variées qui les équipent.

C’est un pur bonheur et une véritable aventure qui attendent l’amateur intéressé. J’ai donc photographié les modèles que j’ai obtenus. Il y en a d’autres bien sûr.

La C-I-J a choisi des couleurs vives pour habiller ses modèles. Dans la réalité, la couleur grise était souvent de mise. Il faut dire que la couche de boue recouvrant les véhicules au bout de quelques trajets à la sucrerie rendait les couleurs difficilement identifiables.

Mon frère en train de nettoyer des Saviem C-I-J
Mon frère en train de nettoyer des Saviem C-I-J

Est-ce le souvenir de la Picardie de son enfance et de ses routes boueuses qui a incité mon frère à mettre les miniature CIJ dans son bain moussant?    

 

voir le site de mon frère.    http://autojaunejunior.com/