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Luxe, Riviera et Ami 6 break

Luxe, Riviera et Ami 6 break

Tout avait bien commencé. Un casting de rêve : Ferrari 500 Superfast, Lamborghini Miura, Maserati Mistral, BMW 2000CS  et Ford Mustang. Avec ses voitures de rêve, le catalogue Solido de 1966 ressemblait aux rues de la principauté de Monaco. Il présentait en effet le genre d’autos que l’on croisait dans la cité princière, sans qu’on ait même l’envie de se retourner, tellement elles semblaient faire partie du paysage.

En 1967, Solido surprit son monde. Sont-ce les prémices de l’année 1968 et des turbulences à venir ?   M. de Vazeilles a -t-il eu la prémonition du changement qui allait s’opérer ? Que voit-on dans ce  catalogue 1967.

Trois coffrets. Jusque là, rien d’extraordinaire. Collectionneurs, nous savons tous que les fabricants de jouets ont usé jusqu’à la corde l’astuce consistant à créer des coffrets dits ”coffret cadeau » afin d’écouler des modèles en fin de carrière.

Lesdits coffrets étaient présentés de manière avantageuse, dans des boîtes avec socle en plastique et couvercle en plastique cristal transparent (made in Monaco s’il vous plait !).

L’intitulé des coffrets est des plus sobres :

– 159 coffret cadeau « B » avec une automobile et un bateau hors-bord sur remorque L220 ;

– 158 coffret cadeau « C »  avec une automobile avec caravane, hayon relevable ;

– 215 coffret cadeau « G » avec un camion Renault 4×4 , une motocyclette et deux motards.

On remarque tout de suite que dans sa description Solido fait abstraction du nom des constructeurs automobiles, sauf pour le camion Renault de la gendarmerie, comme il le faisait déjà avec les modèles démontables Junior des années cinquante. La lettre accolée en suffixe à l’intitulé du coffret sert à identifier  le contenu : « B » comme Bateau, « C » comme Caravane et « G » comme Gendarmerie.

La surprise vient de la composition des coffrets. N’avez vous rien remarqué ? La placide ami 6 break, auto familiale est associée au hors-bord de luxe tandis que le pimpant cabriolet transalpin à deux places, icône de la séduction masculine est attelé à une caravane ordinaire. Etrange non ? Dans quel état d’esprit se trouvait-on chez à Solido pour constituer ces deux associations ? Un courant avant-gardiste, pré soixante-huitard parcourait-il les troupes ?

Je me rappelle fort bien que des amateurs qui possédaient ces rares coffrets dans leurs vitrines avaient  jugé bon de les remettre dans « le bon ordre ». Aujourd’hui encore, dans la conversation, les gens inversent  souvent la composition des coffrets, l’Alfa Romeo étant jugée plus plausible que la Citroën Ami 6 break pour tracter le hors- bord. Il est bien évident que Solido a conçu ces coffrets de manière consciente. Si le terme générique « automobile » utilisé dans le descriptif du catalogue laisse ouvertes toutes les suppositions, les dessins illustrant le carton protecteur du coffret plastique sont clairs et sans équivoque.

D’ailleurs j’aime assez l’image de cette Citroën Ami 6 break avec son canot à moteur au milieu des autos de luxe, perdue  dans la circulation de la Principauté. Comme une incongruité. Le luxe à Monaco  ne serait-il pas de tracter son Riva  au moyen d’un break Ami 6 plutôt que d’une banale Lamborghini Miura ? Les artistes de l’Ecole de Nice y auraient peut-être trouvé une source d’inspiration.

 

Quant à l’Alfa Romeo Giulietta spider, en 1967, c’est déjà une antiquité. Elle a 11 ans. Pour séduire les belles, il y a désormais la nouvelle Alfa Romeo Duetto sortie en 1966. Là, on imagine un ancien playboy rangé des affaires de cœur emmenant son ultime conquête au camping des flots bleus.

Finalement, le choix de Solido est osé mais plein de bon sens, c’est un choix anticonformiste qui sied  bien  à l’époque

Ces deux références sont, sans conteste, les plus difficiles à se procurer de toute la série 100.

L’antique bateau en plastique de la Citroën Ami 6 break vient des Junior des années 1955, tout comme la caravane en plastique équipant l’Alfa Romeo. C’est peut être là que réside le charme désuet des ces deux articles au milieu des fantastiques modèles de la série 100.

Solido reste fidèle à sa ligne de conduite.  Imperturbable. Ces coffrets de la série 100 ne sont que le prolongement de ces beaux coffrets apparus 15 ans plus tôt. Solido apparait comme une firme sachant à la fois innover et garder les recettes anciennes qui ont fait son succès.

Au plan technique, Solido s’est contenté de modifier astucieusement le moule du châssis sur les deux autos.

Solido coffret Alfa Romeo Giulietta avec crochet
Solido coffret Alfa Romeo Giulietta avec crochet

Le crochet d’attelage en acier, provenant aussi des modèles Junior est fixé lors du sertissage du châssis et maintenu droit grâce à un têton en zamac créé sur chacun des deux châssis. Signe de modernité, les deux autos et les attelages sont équipés des jantes moulées en zamac dénommées « standard » par BertrandAzéma.

Votre œil exercé aura remarqué l’étrange association des couleurs d’une des remorques tractées par l’Ami 6 break.On retrouve cette couleur sur les remorques des séries Junior. Dans le coffret de la série 100, elle est logiquement équipée des jantes « standard ».

Si l’Alfa Romeo est tout de même plus fréquente que l’Ami 6, la version de couleur bleu pâle est extrêmement rare.

 

 

 

Le collectionneur conservateur pourra se rassurer avec le troisième coffret. La lettre « G » est sans équivoque, c’est la lettre initiale de la gendarmerie.

Son numéro de catalogue le fait classer dans la série 200, constituée des modèles militaires On voit là toute l’habileté de Solido : après deux coffrets à destination d’une jeune clientèle contestataire, un troisième coffret empreint de bon sens s’adresse aux tenants de l’ordre public d’autant qu’un des gendarmes est en train de dresser un procès-verbal tandis que l’autre fait signe à un automobiliste de s’arrêter.

 

 

 

Numéros dans le désordre

Numéros dans le désordre

Le rituel est incontournable.

Comme les Grecs qui consultaient les oracles avant de partir en voyage, avant de me lancer dans l’étude d’un modèle de la game Solido j’ai besoin d’ouvrir le livre de Bertrand Azéma. A chacun sa méthode.

Au risque parfois de lasser le lecteur, ce dernier a choisi de privilégier la description des variantes de moules. Les subtilités sont souvent difficiles à transposer visuellement.

Pour ma part je préfère mettre en avant les variantes de couleurs, de jantes, ou de carrosseries au détriment des variantes de châssis, de fixations, de suspensions ou de vitrages.

Il est tout de même réconfortant de pouvoir s’appuyer sur le travail de Bertrand Azéma. La base est solide et la chronologie de fabrication rarement mise en défaut. Ce dut être un travail assez ingrat que de répertorier tout cela.

Pour chaque modèle de la série 100 Bertrand Azéma fait une rapide introduction. J’aime relire ces quelques lignes, souvent attendues, parfois déconcertantes.

Pour notre modèle du jour, la « Porsche GT », qui porte la référence 138, introduite au catalogue en 1964, Bertrand Azéma a voulu replacer l’auto dans son contexte historique.

De manière confuse, il indique que Solido a choisi de représenter la voiture qui a participé aux 24 heures du Mans, et oublie de préciser l’année. Il raconte comment Ferrari a dominé la course et comment une Cobra s’est glissée au milieu des autos italiennes au classement général. Quant à la Porsche, objet de l’étude, elle a, dit-il, vaillamment combattu. ll nous explique enfin que le numéro 30 choisi par Solido correspond à une autre Porsche « GT » qui a abandonné à la 9ème heure. Il conclut sur le fait que la firme d’Oulins sera bientôt plus rigoureuse dans le choix des décorations.

Grâce à la description du palmarès, il m’a été assez facile de retrouver le millésime des 24 heures du Mans dont parle Bertrand Azéma. C’est l’année 1963.

Je me suis plongé dans l’excellent et très complet ouvrage de Dominique Pascal « Porsche au Mans » sorti en 1983 afin de visualiser les propos de Bertrand Azéma. Et là, les surprises ont commencé. Bertrand Azéma s’est emmêlé les pinceaux.

En 1963, la Porsche qui porte le numéro 30 est une 2000GS engagée en catégorie GT. Elle n’a rien à voir avec la miniature reproduite par Solido.

Cette dernière correspond plutôt à l’auto qui porte cette année-là le numéro 27. D’après Dominique Pascal elle répond au patronyme de « 718/8 ». Elle est animée par un 8 cylindres et concourt dans la catégorie « sport » et non « GT ».

Elle possède deux imposantes prises d’air sur les custodes et un becquet arrière. Or la miniature reproduite par Solido est dépourvue de ces appendices. Etrange. Bertrand Azéma se serait-il trompé de millésime de course ? Ma curiosité naturelle m’a fait remonter le temps.

Grace au numéro de châssis répertorié par Dominique Pascal (718_046) j’ai retrouvé cette auto deux ans auparavant, toujours aux 24 heures du Mans, mais en 1961. Elle portait alors comme patronyme RS61.

C’est en fait le même châssis (718_046) qui servira de base commune au modèle RS61 et 718/8. Elles ne font qu’une. Et quel numéro de course arborait-elle en 1961 ? le 30, comme notre Solido.

On constate enfin que la Porsche RS 61 de 1961 possède des custodes lisses. Solido l’a donc globalement bien reproduite. Toutefois, on aperçoit une grille recouvrant une ouverture pratiquée sur ces custodes. Si l’on veut être puriste, Solido a donc  bien traité l’avant de l’auto, mais la partie arrière  laisse  grandement à désirer.

Le pauvre moteur 4 cylindres devait avoir bien du mal à respirer dans la version Solido. En 1963, il sera remplacé par un 8 cylindres , comme l’a indiqué Solido sur le châssis de l’auto.  Les deux imposantes grilles, typiques des Porsche de compétition ont été purement et simplement oubliées.

Notre numéro 30 , avec Bonnier et Gurney renoncera à la 23ème heure, sur panne moteur (vilebrequin , nous précise Dominique Pascal) après une très belle course.

Les Porsche du début des années 60 sont peu connues. Les résultats en dents de scie  durant le début de cette décennie, se sont opposés à ce qu’elles entrent dans l’histoire comme les 550 ,ou plus tard les 904 et les 906. Il faut bien dire que durant cette période, la firme de Stuttgart végétera en endurance, sans doute en raison du lancement d’ambitieux programmes. A cette époque Porsche est en effet engagée en monoplace et en endurance. D’ailleurs, elle installe dans notre RS 61 le moteur 8 cylindres conçu pour la formule 1.

L’entreprise a du mal à gérer les deux programmes.(voir les blogs consacrés aux monoplaces Porsche). Il est intéressant de constater que la firme allemande montera en puissance en endurance, quand elle aura définitivement abandonné son coûteux programme en monoplace.

Solido a donc reproduit la bonne voiture avec le bon numéro, contrairement à ce que laisse croire Bertrand Azéma.

Durant sa très longue carrière en France, le modèle ne connaitra que deux couleurs.

Et encore, le modèle de couleur vert très pale ne fera qu’une apparition éphémère. La voiture a mis trois ans à sortir et dès son apparition elle a un côté obsolète.

Notre « RS61 » poursuivra son bonhomme de chemin. Elle connaitra , plusieurs variantes de jantes : acier concave, puis logiquement, zamac moulé de type « standard » et enfin les jantes empruntées à l’Alpine A310.

Elle connaît en parallèle toutes les variantes de boîtage.

L’ultime version française en étui transparent est rare.

Elle est décorée au départ d’une bande aux couleurs allemandes et du numéro 30. La bande perdra ensuite la couleur jaune. On retrouve également une version équipée de la décalcomanie vu sur les monoplaces Porsche avec le numéro 3. Ensuite, le modèle portera  juste un numéro de course sur fond blanc, puis sur fond transparent. En fait on constate que Solido a géré au mieux la disponibilité de ces fameuses décalcomanies avec bandes. Si l’on suit la chronologie des variantes de jantes on s’aperçoit que lorsque il y avait une rupture de  stock, Solido se contentait d’apposer un numéro de course.

On a l’impression que cette auto a servi de marqueur aux collectionneurs, comme pour mieux montrer le temps qui passe. Lorsqu’enfant j’avais reçu cette auto en cadeau. J’avais eu l’impression que l’on m’offrait une antiquité.

Le mystérieux Unic Sahara de chez Solido

Le mystérieux Unic Sahara de chez Solido

Lorsque j’étais petit, pour occuper le temps lors des longs trajets en automobile qui nous conduisaient vers le sud, j’essayais d’identifier les cabines des poids lourds que mon père arrivait à dépasser au volant de sa Simca 1501 spécial. 

Par la suite, il a pu acquérir  une BMW 2000TI, bien plus fringante. Certes un peu lourde, sous- équipée au niveau du freinage mais avec un moteur 2 litres à injection Kügelfischer.

Désormais, les dépassements des semi-remorques se faisaient beaucoup plus vite, et il me fallait donc être plus rapide pour les identifier.

porte clefs Unic
porte clefs Unic

Aussi, lorsque nous avons commencé la collection, le tracteur Unic Sahara m’a beaucoup intrigué. Je  n’avais jamais vu ce type de cabine sur nos nationales ou sur nos autoroutes. Il m’a fallu attendre longtemps avant de trouver la première photo d’un tel camion, semblable à mes Solido. C’était une époque où il n’y avait  pas encore internet, ni surtout les nombreuses publications qui sont apparues par la suite.

Dans le hors-série de Charge Utile  «Les transports au Sahara », l’auteur, Jean-François Colombet explique que la firme Unic était fort implantée en Afrique du Nord. On peut même dire qu’elle y était aussi populaire que la firme Berliet. Cependant, les camions Unic étaient fragiles sur les pistes défoncées et leurs cabines étaient mal isolées pour affronter les variations de température. Ils  étaient donc plutôt destinés au transport de fret sur des pistes en bon état. Ainsi, pour répondre aux modèles spéciaux que Berliet et Willème avaient  conçu pour la prospection pétrolière, Unic va proposer ce camion dénommé « Sahara » le bien nommé. Ceci explique son absence sur les routes de l’hexagone.

Pour l’isolation thermique, Unic a fait fabriquer chez Autobineau une cabine équipée d’un double toit faisant aussi office de visière. Cette caractéristique est fort bien reproduite par Solido. Comme les Berliet GBO, on a fait simple au niveau des lignes de la cabine. Les phares sont intégrés dans la calandre.

porte clefs Unic
porte clefs Unic

En 1959, des accords sont signés entre Willème et Unic. Ce dernier mettra donc fin à la fabrication de ses modèles « Sahara » pour ne pas concurrencer son nouvel allié, déjà  implanté dans ce secteur.

Ajoutons que des soucis techniques liés à la  rigidité de la cabine ainsi qu’un prix de vente élevé avaient freiné la diffusion des premiers exemplaires de cet Unic « Sahara ».

Entretien et réparations sont le lot quotidien des transports dans le Sahara !
Entretien et réparations sont le lot quotidien des transports dans le Sahara !

Dans les pages du hors-série « Les transports au Sahara », on trouve de nombreuses photos de remorques  équipées de citernes d’eau potable.

On notera tout le mérite qu’a eu Solido de s’être fort bien documenté sur le sujet, sa reproduction est parfaite. Ce type d’équipement peut nous paraître incongru. Mais il ne faut pas oublier que les conditions de vie très difficiles dans les exploitations pétrolières, en plein désert, nécessitaient  une logistique très particulière.

Aux quatre cuves en plastique, de couleur argent et de  forme cylindrique installées en position transversale, succéderont quatre cuves rondes surmontées d’un couvercle. C’est la même décalcomanie « eau potable  5000L » qui décore ces deux premières versions.

Une fois la « Sahara mania » finie, Solido recyclera ses cuves en apposant  des décalques « farine transport en  vrac ». tracteur et semi-remorque sont le plus souvent finis de couleur bleue. Dans un premier temps ces modèles sont équipés de jantes en acier puis dans un second temps de jantes en plastique.

Enfin, ce sont des cuves décorées avec des décalcomanies« ciment  transport en vrac » qui seront offertes aux enfants.

Pour les amateurs, signalons que les couleurs jaune ou beige sont nettement moins fréquentes. (voir l’article consacré au Solido Berliet TBO transport de derrick)

(voir l’article consacré aux Berliet Quiralu dans le Sahara)

Vielen Dank !

Vielen Dank !

Ce matin-là, lorsque  la factrice m’a apporté le courrier au magasin, j’ai été intrigué par une grande enveloppe. Les timbres apposés dans l’angle droit représentaient des automobiles et signaient déjà une attention délicate. La lettre avait été postée d’Allemagne. A l’intérieur j’ai trouvé une petite boîte plate et une lettre dont le contenu m’a fait grand plaisir.

 

Un client de Munich, lecteur du blog, M. Hirsch me remerciait pour le plaisir que lui avaient procuré la lecture et les photos du blog sur les camions sahariens Quiralu. Et pour accompagner sur les photos les dromadaires de mes Berliet Quiralu, il m’offrait des petits animaux en bois de chez Erzgebirge.

Au- delà du geste, j’ai énormément apprécié cette petite reconnaissance venant de l’étranger. Ce n’est pas la première fois que des lecteurs non francophones me parlent du plaisir qu’ils ont à lire, et à essayer de comprendre le texte qui accompagne les photos du blog. En Suède, en Grande-Bretagne, plusieurs personnes m’en ont parlé. L’attention m’a beaucoup touché, et c’est avec jubilation que le soir à la maison je montrai cela à mon épouse.

 

C’est donc à M. Hirsch que je dédie la suite des aventures des camions français au Sahara, en n’oubliant pas de placer sur les clichés ses petits animaux en bois.

Nous avons vu précédemment que la France du milieu des années cinquante  avait les yeux tournés vers le Sahara. Et le pétrole du Sahara a retenu l’attention de nos fabricants de jouets nationaux.

Dans ces années, Solido, commençait sérieusement à grignoter des parts de marché avec la série 100, mais aussi avec la série 300 consacrée aux gros porteurs.

Cette série est équipée des mêmes innovations techniques que la série 100 : vitrage, aménagement intérieur, et surtout suspension. Elle est de plus conçue de manière très intelligente puisqu’elle est prévue pour être démontable, avec des éléments interchangeables entre les différentes cabines. En fait elle synthétise le savoir-faire (suspension…) et l’histoire de la firme (jouets ludiques transformables).

Je pense qu’on ne met pas assez en avant ces prouesses techniques. Un ancien employé du bureau d’étude de Meccano me confia récemment toute l’admiration qu’il avait pour le bureau d’étude de chez Solido.

Le camion du jour est tout simplement majestueux. Il ouvre cette série 300. Dans l’ouvrage consacré aux transports dans le Sahara, le Berliet TBO est omniprésent, bien plus fréquent que le GBO vu auparavant (voir le blog sur le Berliet  GBO).

L’idée d’avoir conçu un derrick à assembler comme chargement de la remorque plateau est excellente. En effet, au fil des pages des ouvrages consacrés à ce type de véhicules, une évidence s’impose : tout est simple dans les remorques, chargement, équipement. On doit pouvoir réparer, entretenir et décharger rapidement. Cela a donné des idées à Solido.

En effet, avec quelques boulons, la remorque plateau se transforme en remorque ridelles ou en remorque équipée de glissières où sont fixées latéralement des cuves.

Sur notre TBO, ce sont de simples ranchers en plastique qui sont censés maintenir en place le derrick.

Les premiers exemplaires sont équipés de superbes jantes en acier, et reçoivent une finition tricolore du plus bel effet .Le pavillon du tracteur est peint de couleur blanche. Les éléments en plastique (filtre, treuil, et ranchers) sont injectés en plastique de couleur verte. La boîte reçoit une mention « 200cv ».

Plus tard, c’est la mention « 300cv » qui apparaitra sans autres changements que la peinture devenant bicolore (plus d’ailes avant peintes de couleur noire). Le châssis du tracteur pouvant être de couleur gris ou sable. Fort logiquement, en rapport avec la réalité, les éléments en plastique sont désormais injectés de couleur noire.

 

J’ai trouvé une version intéressante où la remorque plateau équipée du derrick a fait place à celle équipée des ridelles.  Cette variante est peut-être due à une rupture momentanée du stock de derricks en plastique. La remorque est rivetée.

Le derrick a également été vendu séparément en boîte transparente. Pour l’occasion il est plus important et possède un phare à positionner à son sommet (très rare accessoire).

Parallèlement Solido produira des coffrets « Sahara » où l’on retrouve le bungalow, le derrick et les cuves en plastique. Là aussi, ces coffrets sont difficiles à se procurer.

Ce camion demeure un émouvant témoignage de cette période. C’est à mes yeux la plus belle réussite de la série Sahara.

Mise à mort

Mise à mort

« L’attelage entra par le pont tournant des Tuileries. Dehors, le peuple avait choisi le silence pour marquer son mépris et sa colère. Un vaste silence. La lourde berline allemande roulait, funèbre ». Ces phrases sont extraites de l’émission de Karine Le Bail diffusée sur France Musique le dimanche 2 juillet 2017 et consacrée  au silence.

Elle décrivait ainsi le retour de Louis XVI à Paris après sa fuite avortée à Varennes, parlait d’excommunication du silence,  de mise à mort cérémonielle de la monarchie.

Le retour du roi aurait pu s’accompagner de vociférations et  de cris de colère. C’est tout le contraire qui se produisit.

 

Je n’ai pu m’empêcher de faire un parallèle avec une autre mise à mort, celle des miniatures  automobiles qui étaient apparues dans les années vingt et qui reproduisaient des véhicules réalistes.

Le silence résultant du roulement des roues en plastique montées sur des axes aiguilles a révolutionné le paysage des miniatures automobiles. Revenons en arrière. En 1967, Mattel, un des leaders mondiaux de la fabrication de jouets lance une branche dénommée « Hot Wheels ». Les autos sont reproduites à une échelle inférieure au 1/43, elles sont environ au 1/70. Mais ce n’est pas là que réside l’innovation. La première résulte du choix des véhicules. Nous sommes en pleine révolution culturelle et idéologique. Les premières miniatures reproduisent des autos sportives américaines, que l’on appelle familièrement « muscle car » : Corvette et Mustang figurent au catalogue. Au milieu des années soixante, la Californie voit l’apparition des beatniks et de leurs drôles de véhicules qui cherchent à se démarquer de l’idéologie bien pensante. Hot Wheels s’affirme alors comme une entreprise californienne décomplexée et lance une série de miniatures reproduisant des véhicules provocants.

Le paysage routier est bouleversé :  jeunes et moins jeunes transforment leurs motos en chopper, les autos d’avant-guerre en « hot rod » ou les décorent avec des fleurs et les messages pacifiques des Kombi Volkswagen. Hot Wheels va surfer sur cette transformation du parc automobile californien.

La seconde innovation c’est l’utilisation de ces fameux axes aiguilles et l’emploi de roues monobloc en plastique qui assurent aux miniatures un roulement sans friction et des vitesses de déplacement jamais vues. Le succès est immédiat. Très bien implantées aux Etats-Unis, Matchbox et Corgi Toys observent la chute de leurs ventes et comprennent  très rapidement le changement qui s’opère.  Elles réagissent plus vite que les autres firmes européennes, moins ancrées au pays de l’oncle Sam. Elles adapteront dans un premier temps leurs modèles aux axes aiguilles. Le mouvement est irréversible. Il va s’accélérer. Une petite analyse montre que les fabricants de jouets, outre l’obligation de s’adapter à la demande, ont tout intérêt à aller dans ce type de fabrication. Les miniatures sont plus économiques à fabriquer. Finie la course aux gadgets. Finis les modèles avec toutes les parties ouvrantes, finies les innovations coûteuses comme la direction au volant et l’éclairage intérieur. Les fabricants  ont  également tout intérêt à opter pour une standardisation des roues.

On peut même dire que c’est de manière inespérée  qu’ils voient le marché se transformer.  Les gamins des années soixante-dix  réclament des couleurs métallisées criardes, des roues en plastique monobloc, des chromes exubérants, des moteurs simplistes et apparents. Bref,  même  dans le domaine de la miniature automobile nous assistons  à une vraie révolution culturelle ! Pour ma part je n’ai jamais réussi à m’adapter ! Cela reste même du domaine de l’incompréhension. Comment trouver du charme à ces objets ? Encore aujourd’hui, je regarde cela avec étonnement.

Comment le mauvais goût a-t-il pu s’imposer à ce point alors que les fabricants nous régalaient de miniatures de plus en plus attrayantes. Fallait-il faire table rase du passé ?  Casser ce que l’on avait adoré ?

Certaines firmes vont résister et refuser la facilité. Encore une fois, Solido peut sortir grandi de cet épisode. Ici, la méfiance qu’avait M. De Vazeilles pour le marché américain a peut-être joué. Bref, en 1969, Solido continue son bonhomme de chemin, imperturbable. La Porsche 908 L produite cette année-là est donc équipée de jantes en zamac, fidèles à celle de l’auto, et de pneus rapportés. On note la présence de coussinets  en nylon  au niveau des moyeux des roues pour parfaire le roulement …Les portes ouvrantes (ingénieux système d’ouverture) et l’aileron stabilisateur sont les deux « plus » que Solido  offre à ses petits clients.

Fin 1968,  Solido avait déjà pensé à reproduire cette auto. La décoration prévue sur l’affichette ne fait aucun doute. Elle est aussi listée  ainsi sur le catalogue .  C’est la version vue  à Montlhéry et vainqueur de ces mêmes 1000 km de Paris 1968, numéro 12, avec Stommelen et Hermann.

Puis fut prévue la version des 24 heures du Mans 1968. Le catalogue Solido l’atteste.  Cette version sortira en fin de production sous la marque  Top 43 dans les années 1980.

Mais finalement l’arrivée spectaculaire des 24 Heures du Mans 1969 a dû précipiter le choix de cette version . L’auto y sera battue sur le fil par la Ford GT40 de Jacky Ickx. Aujourd’hui encore la course continue de marquer les esprits.(voir la video de l’arrivée des 24 heures du mans 1969) .

C’est aussi dans cette course qu’est apparue la nouvelle Porsche, la 917 qui a laissé son empreinte dans l’histoire (voir le blog consacré à la Porsche 917 Dinky Toys).

Jean de Vazeilles a dû regretter d’avoir trop attendu : la 908 est sortie un peu tard, alors que l’avenir appartenait désormais à la 917 ! Solido proposera la  version courte qui remporta l’édition  1970.  La firme d’Ivry -la-Bataille  aura été plus réactive et proposera une reproduction de toute beauté. Du très grand Solido. Deux superbes Porsche en peu de temps.

La décoration de la 908L (« L » pour Lang Heck – longue queue) est exacte. Elle doit être finalisée à l’aide d’une planche complémentaire.

La miniature finira sa carrière, assez brève, au Brésil. Elle ne semble pas avoir été produite chez Dalia en Espagne dans une décoration différente de celle vue en France.

Solido a résisté à la déferlante roues rapides tandis que Matchbox, Corgi Toys puis Politoys, Mebetoys et même Märklin   succombaient à cette mode basée sur la simplification. Et Dinky Toys ? Les Anglais sont déjà très mal en point, ils vont suivre bien sûr.

Et Dinky Toys France ? Ne manquez pas le blog de la semaine prochaine pour savoir ce qui s’est passé à Bobigny. Une surprise, de taille vous attend. Vous pouvez en attendant  revoir le blog sur la Ferrari 312 P  de chez Dinky Toys France ,miniature contemporaine à la Porsche 908 du jour.

(voir article  suivant  et la surprise de Bobigny)