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Pas de quoi en faire un disque !

Pas de quoi en faire un disque !

Désormais, rien n’arrête les metteurs en scène d’opéra, Calixto Bieito introduit des Mercedes de seconde main dans Carmen tandis que Laurent Pelly invite un kombi Volkswagen dans son Arianne à Naxos. Alors, pourquoi pas un tracteur dans le ballet « Appalachian Spring » de Martha Graham ? (voir le blog consacré à cette commande de Martha Graham au compositeur Aaron Copland )

En 1944, date de la création du ballet, la mécanisation est une chose acquise pour les campagnes américaines. La chorégraphe aurait donc pu choisir un tracteur d’occasion, parfait pour épauler le jeune couple débutant dans la dure vie de fermier. Voici quelques jouets représentant le matériel qu’elle aurait pu choisir pour son décor.

Un tracteur de seconde main.

La marque qui me semble répondre le mieux aux attentes des petits paysans en herbe est Kansas Toys. Son Fordson est de bonne facture.

Mais ce sont surtout les accessoires créés pour être attelés au tracteur et animer les travaux des champs qui sont somptueux. Charrue, semoir, rouleau et brise-mottes ont été proposés par ce fabricant. Ces ensembles articulés sont de belle qualité. Les couleurs vives finissent d’habiller ces jouets.

Kansas proposa aussi une locomobile à vapeur. Le fabricant est ici facilement identifiable, ce qui n’est pas toujours le cas avec ce type de jouets, du fait qu’il a choisi de cercler d’un trait de couleur le pourtour des roues, simulant un bandage.

Barclay qui est le fabricant le plus prolifique pour ce type de jouets injectés en plomb a bien sûr également proposé des tracteurs. Celui équipé de roues jumelées avant (row crop) est en fait emprunté à la série militaire. Observez le fermier : il a revêtu un casque. Barclay n’a pas jugé utile de modifier le personnage militaire de son tracteur d’artillerie.

L’autre modèle de taille plus modeste semble reproduire un Fordson. Il a aussi été vendu en coffret tractant trois wagonnets.

Savoye a également inscrit deux tracteurs à son catalogue. Le premier est équipé de roues de type artillerie, assez succinctes..On adhère ou pas à ce type de jouets, il faut peut-être du temps pour en apprécier le charme désuet.

L’autre version de forme simplifiée, inspire la puissance. Elle est équipée des fameuses et facilement identifiables jantes en bois de grand diamètre de couleur rouge.

Enfin, Tootsietoys a reproduit un beau tracteur de la marque Star. A l’inverse de Barclay, la firme de Chicago modifiera son tracteur pour l’adapter à l’univers militaire et le transformer en tracteur d’artillerie. Le capot moteur reste identique, mais on notera l’ajout d’un caisson à munitions et la présence d’un soldat au volant. La boîte en carton est des plus rares. Elle contenait des accessoires.

Le tracteur d’avant-garde

Une autre hypothèse fort séduisante pour la chorégraphe d’avant-garde que fut Martha Graham aurait été de présenter sur scène, dans son décor, un tracteur » ultramoderne ».

Alors, imaginons donc ces jeunes fermiers miser sur l’avenir avec du matériel sophistiqué. Le temps de faire les démarches à la banque, deux ans se sont écoulés pour obtenir l’emprunt permettant l’achat du tout nouveau et ultramoderne Ferguson TE20 .

Vous le connaissez sûrement par son nom : « Petit Gris ». C’est un « outil » qui a contribué au développement des campagnes. Il bénéficie surtout d’une invention révolutionnaire : un attelage hydraulique pour accrocher les outils.

Dans l’esprit du grand public ce tracteur marque un tournant esthétique. Fini les tracteurs aux formes cubiques. Les angles droit des « Fordson » et autres tracteurs de la marque « Star » ont fait place aux rondeurs du Ferguson.

De manière étrange, ce tracteur n’aura pas le même succès chez les fabricants de jouets. J’avance l’hypothèse selon laquelle c’est la couleur de ce dernier, gris, peu engageante pour un jouet, qui a conduit les fabricants a préférer les teintes vives, le rouge du Massey Harris, l’orange, du Field Marshall ou même le plus sobre bleu du Fordson.(voir l’article sur le Massey Harris).

Tekno, qui n’avait pas encore de tracteur à son catalogue a choisi ce petit Ferguson. Dans la même  logique, le fabricant danois choisira la couleur orange pour décorer sa miniature. Plus tard quelques exemplaires seront réalisés de couleur grise. C’est un grand classique. C’est surtout le coffret avec tous les accessoires qui provoque la convoitise. Tekno a su mettre en avant tout l’intérêt technique de ce tracteur et notamment son système hydraulique .

Un autre fabricant danois, Lion Molberg a offert en reproduction son descendant qui porte sur le capot l’inscription « Massey Ferguson ». En effet, en 1953 Ferguson s’associera à l’un de ses concurrents, Massey Harris pour créer Massey Ferguson. C’est un jouet splendide et une vraie rareté.

La vie des jouets étant tout sauf un long fleuve tranquille, le moule sera cédé en …Colombie. Chico Toys, l’heureux nouveau propriétaire de l’outillage sortira son modèle dans les années soixante-dix. C’est bien évidemment comme toutes les productions sud-américaines de l’époque une pièce rare, d’autant qu’une partie de la production a été injectée avec du zamac de médiocre qualité qui n’a pas bien résisté dans le temps.

J’en ai croisé deux dans ma vie et je les ai pieusement conservés.

Enfin le modèle produit par Micro Modèls, de couleur grise est tout simplement une rareté.Il est injecté en zamac. Dans les années 90 des copies en white metal furent réalisées .  Il est reproduit  au 1/32. On appréciera le commentaire sur la boîte: « Le tracteur le plus populaire au monde, utilisé quotidiennement dans plus de 76 pays » .

Je l’ai eu en 1986.  Je ne me souviens pas en avoir revu un autre neuf en boîte. Je l’avais acquis à Donnington, auprès d’un amateur venu en vacances  de Nouvelle-Zélande, voir sa famille restée dans la « vieille Europe ». J’ai revu cette personne 25 ans plus tard aux Etats-Unis lors d’une manifestation de jouets anciens et elle se souvenait de notre rencontre en Grande-Bretagne et de ce fameux tracteur.

Qui mettra en scène « La marcha  de triunfo » ?

Y avait-il des mélomanes à la direction de chez Massey Ferguson ? C’est la question que l’on peut se poser à la vue de la pochette de ce disque qui, dans une logique qui m’échappe, sera offert dans ses concessions.

La photo de la pochette ainsi que le titre laissent interrogateur : « La marcha de triunfo » en espagnol. On y voit en photo une parade de tracteurs et autres engins de la marque Massey Ferguson. Les fières postures des conducteurs sont également une interrogation.

Certes, ce sont des Massey Ferguson qu’ils ont entre les mains, mais de là à parader si fièrement ! On est loin de l’image du paysan partant aux champs.

Le titre du disque, « La marcha de triunfo  » semblerait plus indiqué pour un opéra ballet à la gloire du roi Louis XIV, composé par Lully. Les beaux habits de nos glorieux conducteurs pourraient presque nous transporter à Versailles.

Cependant en cherchant le nom et l’origine de l’orchestre on s’aperçoit qu’il s’agit en fait de morceaux d’accordéon, plus près du bal musette du samedi soir que de la galerie des glaces.

Et puis, observez bien. Aucune présence féminine sur la photo. Dans les années cinquante, pour vendre des tracteurs il fallait placer de solides paysans pour conforter l’acheteur sur l’aspect viril de l’engin. Aujourd’hui, aucune marque ne se risquerait à une telle photo. On sait combien, à la campagne comme ailleurs, le rôle de la femme a son importance.

C’est bien ce que Martha Graham mettait en scène dans son ballet : un jeune couple à la campagne, et la vie devant lui.

Restons sur cette belle image.

 

 

 

 

 

 

Oh celle-là, elle est moche !

Oh celle-là, elle est moche !

« Oh celle-là, elle est moche ! Je ne comprends pas que l’on puisse l’acheter ! Qu’en pensez -vous ? Ne me dites pas qu’elle vous plait ! »

C’est ainsi qu’un client s’exprimait à la boutique au sujet d’une auto, un jouet américain de la marque Barclay, un véhicule en forme de bouteille de lait, réduit à l’échelle du 1/43 environ. En voyant l’objet sur mon bureau, dérouté, cet amateur de Solido et de Dinky Toys s’était laissé aller à émettre cet avis résolument tranché.

Je me suis juste permis de lui faire la remarque suivante : « Il serait plus juste de dire que le modèle ne vous plaît pas » .

En fait cette réaction est des plus logique. Lorsque l’on n’a pas toutes les clefs, on laisse plus facilement parler ses émotions. Devant cet objet inconnu et de forme étrange, notre homme avait eu une réaction de rejet.

« ouvrir les yeux des collectionneurs »

Je me souviens que je n’appréciais pas la peinture du douanier Rousseau. Comme mon client, j’avais de grandes réserves sur l’intérêt de ce peintre.

Pourtant, poussé par la curiosité et par l’envie de comprendre je suis allé au musée d’Orsay découvrir l’exposition qui lui était consacrée il y a quelques temps. Ce fut une superbe découverte. Tout d’abord , il faut saluer le travail des commissaires des expositions de ce musée. Ils rendent passionnante la moindre exposition. Nous sommes repartis emballés par cette visite. Surtout nous  avons découvert l’univers d’un artiste. Sachant qu’il s’inspirait des catalogues des grands magasins de l’époque pour y trouver ses décors, j’ai constaté que pour représenter ses navires, avions ou dirigeables il avait pris pour modèles les jouets figurant dans les catalogues d’étrennes. Ceci n’était pourtant pas mentionné dans les passionnants commentaires.

Le blog est donc un formidable outil pour ouvrir les yeux des collectionneurs sur des produits qu’ils n’auraient pas regardé dans d’autres circonstances. Il ne s’agit pas d’inciter à collectionner tel ou tel produit mais simplement de donner des clefs afin de mieux comprendre. Petit à petit, je constate que de nombreux amateurs s’intéressent à des productions qui leur étaient inconnues.

Pour ma part, ce sont les petits ouvrages japonais de M. Noboru Nakajima, édités au milieu des années soixante-dix qui furent le déclencheur de ma curiosité pour l’univers de la miniature automobile. Ils m’ont révélé la diversité et surtout la dimension abyssale de cet univers. Une vie entière ne suffirait pas à tout étudier.

On est admiratif devant la volonté qu’a eu M. Nakajima de rassembler ces miniatures. N’oublions pas qu’à son époque internet n’existait pas. Il fallait beaucoup de courriers pour concrétiser achats et échanges. On sait que ce dernier a beaucoup pratiqué par échange, comme beaucoup de collctionneurs de cette époque. Et là cela renforce mon admiration.

La course aux « Slush »

Voici donc quelques modèles en « slush » que j’ai acquis récemment, et que je tenais à vous présenter. (voir le blog consacré à ces modèles publié précédemment).

Chaque année, lors de mon voyage outre- Atlantique j’ai pour challenge de complèter ma collection de « slush » (modèles injectés en plomb)

Mes préférées sont les autos de course.(voir le blog consacré  à ce sujet)

Voici quelques exemplaires qui sortent des sentiers battus. Outre les couleurs vives, caractéristiques de ces jouets, c’est l’échelle de reproduction, peu fréquente qui m’a impressionné.

La Miller de chez Lincoln est au 1/41 environ.

L’étrange « Bearcat » de chez Kansas est reproduite à une échelle similaire. Le dessin original et, disons-le, rustique, contraste avec la belle Miller.

La Barclay équipée de son système d’éclairage est également rare. En fait c’est cet équipement qui lui confère sa rareté. On appellera cela « version luxe ».

Enfin, la Tip-Top Toy est une firme des plus intéressantes qui n’a rien fait comme les autres. Toute sa production, de belle qualité, s’identifie facilement. C’est Ferd Zegel qui m’a éclairé sur l’intérêt de cette firme. J’ai bien compris le message et je ne laisse jamais passer l’opportunité d’acquérir un modèle de cette marque quand l’occasion se présente.

Des modèles de taille XXXL

Savoye est également une firme intéressante, comme Tip-Top Toys. Ses productions sont reconnaissables aux jantes en bois peintes de couleur rouge dont le dessin est très particulier.

J’ai découvert le véhicule que je vous présente ce jour dans le livre de M. Noboru Nakajima puis dans celui de Philippe Moro et Mick Duprat consacré aux bus et aux cars en miniature. C’est un ouvrage plaisant à feuilleter dotés de superbes photos où les modèles sont mis en scène au milieu d’autres objets. Les photos prises par M. Duprat m’ont inspiré plus tard pour le blog.

L’objet est un incroyable tracteur semi-remorque …autocar. Sur les flancs de la semi-remorque la gravure « motor coach » est évocatrice. On imagine un intérieur cossu, douillet. Dans la réalité ce type de véhicule n’a pas connu le succès. Il est à rapprocher du Nite à deux étages, tout aussi surprenant. (voir le blog consacré aux modèles futuristes  américains).

Je ne collectionne pas les variantes de couleurs sur ce type de produit. J’ai pourtant fait une exception avec ce modèle. Il m’a été impossible de trancher entre les deux couleurs que je venais de dénicher ! On trouve les excuses que l’on peut pour garder un modèle .

Restons dans les véhicules utilitaires. Ce camion « Mack » équipé d’une caisse fourgon est impressionnant. Il est rare. Cela s’explique aisément. Le fabricant, peut-être Barclay, a dû essuyer de nombreuses pertes lors de sa production. Le modèle réduit est démesuré au vu de la technique d’injection utilisée. Lorsqu’on a le camion en main, malgré sa taille et sa forme compacte on saisit toute sa fragilité.

Le camion citerne « Esso Gas » est aussi de taille conséquente, mais on comprend que la fabricant maîtrisait son sujet. La gravure est acceptable.

Les deux camions de pompiers de chez Savoye sont évocateurs d’une époque. Ils semblent sortir d’un autre âge. Les roues de type artillerie, très hautes, empruntées à du matériel hippomobile leur donnent un aspect désuet.

Ces modèles précédent les Savoye équipées des fameuses jantes en bois décrites plus haut. Là, encore, je me souviens fort bien avoir repéré ces objets dans un des ouvrages de M. Nakajima. Les photos étaient en noir et blanc !

La limousine de chez Barclay est également une rare miniature pour la simple raison qu’elle est  reproduite au 1/43 ! Vous avez peut-être cru reconnaitre une Barclay très fréquente qui lui ressemble, mais qui elle, est reproduite au 1/60 !

Nées pour choquer

Pour finir, j’ai gardé deux modèles. Comme mon client, en les voyant, j’aurais pu dire : « Qu’elles  sont moches ! »

Si les modèles dits futuristes ne m’attirent pas plus que cela au plan esthétique, ils m’intéressent au plan historique. Ils annoncent le changement qui s’opérera dans les années 70, avec les Hot Wheels et les autres modèles fantaisistes de chez Matchbox. Comme dans l’art, on peut voir un courant se profiler.

Imaginons la tête du dirigeant de Meccano en voyage aux USA dans les années trente devant ce type de modèles. Comment aurait-il réagi ? Sarcasme, moquerie, haussement d’épaules sûrement.

Pourtant dans les années soixante-dix ce type de véhicules fantastiques, voire démoniaques, seront légion et attireront après 1968 un important public, comme si les évènements de cette année avait fait tomber les interdits.

En les voyant, je m’interroge sur les motifs qui ont conduit les fabricants Erie et Futuristic le bien nommé à concevoir ce type de véhicules. N’y a-t-il pas la volonté de choquer, de provoquer ? Je vois dans ces jouets comme une prophétie de chaos.

Ils sont rares. Je ne pense pas que le succès ait été au rendez-vous. Ce qui est sûr c’est qu’ils avaient quelque chose de précurseur. A ce titre, ils méritent une place dans mes vitrines.

Si ces quelques lignes ont pu éveiller votre curiosité de collectionneur, faire évoluer le regard que vous portez sur tout ce que vous ne collectionnez pas, tout ce qui n’est pas Dinky Toys, elles auront atteint leur but.

PS: le nouveau Pipelette (5) est disponible à la lecture sur la page d’accueil du site de l’Auto Jaune Paris. Bonne lecture.

 

 

 

 

 

à la conquête de l’Ouest en camion Mack

Les collectionneurs ont toujours un œil sur le passé. Pour ma part, j’ai toujours du plaisir à m’intéresser aux conditions de fabrication d’un type de jouet, ou à l’histoire de l’entreprise qui l’a produit. Avec mon père, très tôt, nous avons eu envie de rassembler ce que les pionniers de la collection appellent « les avant-guerre » par opposition aux « après-guerre ».

Le classement des modèles selon qu’ils ont été produits avant ou après la seconde guerre mondiale a le mérite de la clarté. Après avoir posé cette ligne de partage, il faut rajouter une troisième catégorie, celle des modèles produits pendant la guerre, période courte, mais assez importante.

Camion Mack
Camion Mack

La chose se complique avec les productions américaines. J’ai mis un temps certain à réaliser que l’Amérique était entrée dans le conflit beaucoup plus tard que l’Europe. En conséquence de cela, les collectionneurs américains classent les productions de 1941 dans les modèles d’avant-guerre. Pour les fabricants de jouets américains, l’entrée dans le conflit armé de leur pays a eu de fortes répercussions. Ce n’est pas le conflit lui-même qui en est la cause, mais l’accélération de l’industrialisation rendue nécessaire par son imminence. La fabrication de masse impose une constance dans la qualité de production. Le plastique et le zamac sont des matières qui répondent à ce critère. Les petites unités de fabrication qui produisent des jouets en plomb injecté (slush) vont toutes disparaître durant cette période. Lorsque la firme Barclay se met à utiliser le zamac, il est déjà trop tard pour qu’elle puisse concurrencer les firmes comme Tootsietoys ou Hubley qui ont su anticiper leur reconversion et utilisent cette nouvelle matière depuis un certain temps. Ainsi, la fin du conflit sera aussi celle des jouets en tôle, en cast iron et en plomb. Ces matériaux ne répondent plus aux nouvelles exigences industrielles. Pour les jouets en tôle la disparition se fera progressivement jusque dans les années 70, pour les jouets en plomb et en cast iron l’arrêt sera brutal.

A travers un camion qui nous est familier, le Mack, je vais essayer de vous faire découvrir l’univers complexe des fabricants de jouets en plomb américains. La silhouette du Mack nous renvoie aux clichés en noir et blanc pris durant le premier conflit mondial.

Le fabricant de miniatures en plomb soufflé le plus représentatif et le plus diffusé se nomme Barclay, à tel point que pour beaucoup de vendeurs de jouets miniatures aux Etats-Unis, toutes les autos en plomb soufflé sont automatiquement dénommées « Barclay ». C’est le nom générique identifiant ce type de production.

S’il est exact que Barclay a dominé le marché du jouet en plomb, il ne faut pas méconnaître ses concurrents. Dans l’état du Kansas, trois firmes, C-A-W Novelty, Mid West Novelty et Kansas Toys, la bien nommée, ont également produit des jouets en plomb soufflé. A l’automne dernier, j’ai rencontré un collectionneur originaire de cet Etat très fier de ces anciennes productions locales. Il faut dire que le Kansas était plus connu à l’époque du Far West et des Pawnees qu’il ne l’est maintenant.

Les trois firmes étaient situées précisément dans le nord du Kansas, entre les villes de Clay Center et de Clifton. C’est un dénommé C-E Stevenson qui est à l’origine de la création de cet ensemble industriel. Il commence par créer sa société, Mid West Novelty, en 1923. C’est un homme d’affaires déjà investi dans d’autres secteurs économiques qui voit là une opportunité d’étendre son activité à la miniature automobile. Dès 1925, il absorbe Kansas Toy qui vient de démarrer son activité. Selon Ferd Zegel, éminent spécialiste de ce type de jouets aujourd’hui décédé, C-E Stevenson préserve deux entités distinctes, mais fortement liées : Mid West Novelty fabrique et fournit à Kansas Toys les moules de ses nouveaux modèles. L’entreprise connaît un grand succès, grâce à l’intervention de Clayton D. Young, entreprenant commercial, qui n’hésite pas à contacter les grands magasins new-yorkais et leurs succursales (Sears, Kress, Kresge) afin d’assurer la diffusion de ces jouets. Kansas Toy deviendra après Barclay le plus important fabricant de jouets en plomb soufflé.

La crise de 1929 stoppera son extension. C-E Stevenson réussit ensuite à s’introduire chez C-A-W Novelty en devenant le fournisseur des roues en plomb et autres accessoires. La suite est facile à deviner, petit à petit il va devenir actionnaire principal de cette dernière. On retrouve enfin la trace de C-E Stevenson chez Lincoln White metal works, en tant que fournisseur de moules de miniatures automobiles.

C’est ainsi, que pour nous collectionneurs, il est bien difficile de se repérer entre ces quatre firmes. Les moules, les roues et les autres accessoires ayant joyeusement circulé entre ces entités qui n’ont jamais frappé les modèles de leur marque.

Prenons nos camions Mack de ce jour. La version équipée de ridelles hautes ajourées et d’un conducteur détouré semble être de chez Kansas Toys.

La version qui possède une cabine pleine est de chez Mid West Novelty : c’est un des traits de fabrication de ce dernier que d’injecter les modèles sans détourer l’intérieur des cabines. Ainsi des copies de Tootsietoys verront le jour chez Mid West Novelty, affublées de cabines pleines et de stries verticales.

Il semble que notre Mack de ce jour ait également été inspiré par celui de Tootsietoys. Je présente une version publicitaire ; il est probable que d’autres versions existent.

J’ai souhaité vous présenter également ce Mack camion semi- remorque porte-autos qui a été produit par Barclay. Son intérêt réside dans le choix du fabricant d’avoir proposé une cabine torpédo. Il semble que ce genre de carrosserie était réservée au transport des autos à l’intérieur d’une unité de fabrication. On peut facilement imaginer les modèles finis en bout de chaîne de montage et convoyés vers un lieu d’expédition ferroviaire. C’est un modèle attrayant. Nul doute que Barclay s’est inspiré lui aussi du modèle produit par Tootsietoys.

Les versions équipées d’une pelle en butte, de bennes sont également l’œuvre de Barclay. Soulignons les progrès du fabricant du New-Jersey avec le moulage en deux parties de ses camions bennes ce qui donne de la mobilité à l’objet.

Nous reviendrons prochainement sur ce sujet pour vous faire découvrir d’autres modèles en slush intéressants.

L’ouverture sur le monde

L’ouverture sur le monde.

1543. Cette date ne vous dit sûrement rien. Rassurez-vous, elle me laissa également de marbre. Pourtant en 1543, un événement important s’est passé à l’autre bout du monde.

Débarquement des portugais
Débarquement des portugais

Trois navires portugais ont accosté à Tanegashima au Japon. C’est, pense-t-on, la première fois que le pays s’est ouvert à des étrangers. Le choc, on l’imagine a été de taille, deux cultures totalement différentes se rencontraient.
Les Portugais étaient venus convertir les Japonais à la religion catholique. Accessoirement ils voulaient en profiter pour ouvrir un nouveau comptoir commercial.

Les Japonais furent impressionnés par la stature des marins portugais. Sur le paravent qui narre la scène ils sont représentés très grands, voire disproportionnés par rapport à la stature des autochtones.

Le noir est la couleur qui domine les habits des européens tandis que les japonais arborent des vêtements aux couleurs chatoyantes. D’après des historiens, les japonais ont trouvé que ces étrangers manquaient singulièrement de manières.
Pour immortaliser cette extraordinaire rencontre, les artistes japonais de l’école Kano ont reproduit le débarquement sur des tentures servant de paravent. L’événement sera à l’origine d’un courant artistique baptisé « Namban Bunka » ou culture des barbares du sud.
J’ai fait le rapprochement avec l’univers de la collection et les découvertes que j’ai fait récemment.

Il s’agit des premières miniatures automobiles fabriquées au Japon, elles datent manifestement des années trente. Ce fut une vraie surprise de découvrir ces miniatures du pays du soleil levant, bien éloignées des standards des productions européennes de la même époque.

Pourtant certaines d’entre elles dégagent un air de déjà vu.
Prenons cette splendide limousine bicolore. Elle est en plomb injecté. La gravure est correcte et l’injection de très belle qualité. C’est la nécessité de loger le mécanisme qui a façonné les formes de l’auto et je ne suis pas en mesure de dire si elle reproduit avec fidélité une auto japonaise d’avant guerre. Elle ne ressemble à aucun autre jouet automobile de la même époque. Les teintes utilisées par le fabricant de cette miniature sont caractéristiques de celles appliquées sur les jouets japonais en tôle d’avant-guerre : le dégradé de vert était à la mode.

La Toyota AA de 1936, qui semble être la première Toyota produite, est, elle, réalisée dans un matériau en vogue de l’autre côté du Pacifique, aux USA.

Le jouet est en caoutchouc (rubber) comme bon nombre d’autos américaines réalisées à la même époque. Il est amusant de constater que si Toyota s’est fortement inspiré de la ligne aérodynamique immortalisée par la Chrysler Airflow, le fabricant japonais, inconnu malheureusement, a fait de même en s’inspirant des productions Auburn et Sun Rubber en caoutchouc.

Signalons juste que l’échelle de reproduction est inférieure à celles des modèles américains contemporains (1/50 environ).

Le bus est également digne d’un grand intérêt en raison de son traitement. La finition fait penser aux premiers modèles de la marque SR (France) qui avaient inondé le marché américain, dès les années 1910. Ce n’est pas un hasard si cette firme japonaise s’est inspirée des fabrications françaises. Les firmes japonaises qui se sont intéressées très tôt au marché américain ont forcément rencontré ce type de jouets, elles s’en sont inspirées. Le marché américain était la cible principale des japonais à l’époque car il fallait faire rentrer des devises dans le pays.

Le modèle reproduit un car japonais, reconnaissable à sa porte latérale, située côté droit, puisqu’au Japon on roule à gauche. On remarquera également que les personnages sont figurés de dos. En effet ils sont assis sur des banquettes alignées sur les parois du véhicule et non transversales comme chez nous en Europe. L’inscription « Noriai » signifie « bus ».

J’ai trouvé ce modèle dans une bourse américaine. La protubérance à l’arrière a une fonction ludique. Le vendeur a tenu à m’en faire la démonstration, se mettant à souffler comme un forcené dans l’arrière du véhicule pour émettre un sifflement strident qui a fait se retourner tous les gens de la bourse ! En effet, ce qui fait office de cache roue de secours est en fait une petite turbine qui émet ce sifflement lorsqu’ on souffle.

L’auto de course possède aussi une clef solidaire du mécanisme comme la limousine décrite plus haut. Son inspiration est sans aucun doute américaine. C’est également aux Etats-Unis que j’ai trouvé cet exemplaire. Pour l’anecdote, un autre fabricant japonais de jouets en celluloïd copiera ce bolide. J’en possède un de couleur rose du plus bel effet. Je l’ai également rencontré équipé d’un petit crochet en acier sur la tête du pilote, ce qui permet de l’accrocher dans le sapin de Noël les modèles exportés aux Etats-Unis.

Avant de devenir la grande puissance économique que l’on connaît, le Japon s’est inspiré de ce qui se produisait de mieux aux Etats-Unis mais aussi en Europe. Les fabricants ont délibérément copié bon nombre de produits, comme vous avez pu le constater avec ces quelques exemples. Ils ont appris très vite.

La paix revenue, l’industrie du jouet japonais inondera le marché américain avec des produits de très grande qualité, innovants et inventifs. Ces jouets supplanteront les jouets allemands, longtemps demeurés le modèle en Amérique.
Le déferlement des jouets japonais aux USA s’est prolongé jusqu’aux années quatre-vingt.
La roue a tourné. Ce n’est plus du Japon que viennent les jouets mais d’un autre pays asiatique, la Chine.

Qu’est-ce que c’est ? D’où ça vient ?

Qu’est-ce que c’est ? D’où ça vient ?

Les collectionneurs qui s’intéressent aux plombs américains sont vite confrontés à un problème : celui de l’authentification des modèles. Connaître l’origine d’un modèle est souvent plus difficile que de savoir si la peinture est ou non d’origine.
Le collectionneur est ainsi fait : il aime comprendre, analyser, classer et dater. Qu’est-ce que c’est ? D’où ça vient ?

C’est une des raisons qui m’ont poussé à lancer ce blog il y a déjà quelques années. Outre le plaisir de partager des anecdotes, il y a un intérêt à diffuser l’histoire des miniatures. Le but semble atteint.

J’ai eu beaucoup de retours qui m’ont notamment permis de corriger certaines inexactitudes. L’intérêt de la démarche, c’est qu’elle conduit à la vérité.

Moi aussi, j’ai été confronté à l’identification des plombs américains et je le suis encore. Il n’y a pas d’ouvrage spécifique consacré à ce thème. Pourtant, des collectionneurs ont écrit des ouvrages sur la production des jouets américains. Ainsi, les modèles promotionnels, les « Rubber » (caoutchouc), les Hubley et les Tootsietoys ont leur ouvrage de référence. Il est intéressant de constater que certains auteurs comme Dave Leopard ont édité une seconde mouture de leur ouvrage qu’ils ont été amenés à compléter à la suite des informations recueillies après la publication du premier volume. Le supplément d’informations et les rectifications apportées incitent à acheter le second ouvrage. Il en est ainsi du livre sur les Tootsietoys qui a connu trois éditions.

Malheureusement les plombs dits « Slush » n’ont pas eu cet honneur. Pourtant je connaissais « le spécialiste » du sujet, Ferdinand Zegel de Washington. Sa maison était un incroyable capharnaüm : il y avait des jouets partout, jusque dans la salle de bain.

Ferdinand étant célibataire, cela ne gênait pas sa femme. Victime d’un petit accident de la route alors qu’il se rendait à une bourse aux USA, il est mort peu de temps après. Il nous reste sa participation à une série d’ouvrages recensant les fabricants de jouets et donnant les cotes de ces jouets. Je parle de série d’ouvrages, car des éditions révisées sont régulièrement publiées. Il faut alors naviguer dans ces pavés qui comptent des centaines de pages. Cela demande du temps car le classement aléatoire ne facilite pas les recherches. Il faut s’aider des clichés en noir et blanc. Un autre ouvrage parle de ces plombs, c’est celui de Paolo Rampini. Une fois n’est pas coutume, je ne louerai pas cet ouvrage qui contient beaucoup d’erreurs. Il faut reconnaitre que si l’on ne va pas régulièrement sur place, il est difficile de référencer ces jouets.

Je vais donc revenir à plusieurs reprises sur ces plombs. (voir:https://autojauneblog.fr/2016/04/10/investissement/). J’ai choisi de les classer par thème. Cette semaine vous découvrirez des ambulances, des autos de police, des semi-remorques et des véhicules de travaux publics.

Ces derniers ont énormément de charme. Ils symbolisent bien l’essor industriel du pays. A la même époque, ce thème est assez peu fréquent en Europe. C’est le sort des utilitaires qui n’ont jamais vraiment suscité l’intérêt des fabricants européens dans les fabrications avant-guerre. (voir aussi : https://autojauneblog.fr/2014/08/30/camions-du-futur/ )

J’accordera une mention particulière pour cette superbe ambulance Metal cast. Je n’en ai rencontré qu’une seule. Le modèle est rare, c’est certain. !

(sur le même sujet: https://autojauneblog.fr/2011/06/22/sur-l-ovale-d-indianapolis/https://autojauneblog.fr/2011/06/20/y-a-cent-ans-lovale-dindianapolis/ )