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Le mystère du Cargo de Bobigny – 2

Le mystère du Cargo de Bobigny – 2

Description du modèle photographié:

Jantes en zamac convexes ; roue de secours vissée ; marchepied en relief. Caractéristiques identique au fourgon prototype, châssis sans la mention Ford, intérieur du pavillon lisse. Ceci confirme le modèle de pré-série.

Cargo
Cargo

Observons le système de levage de la benne : le diamètre de la tige en acier est plus petit que sur la version définitive et laisse supposer une certaine fragilité à l’utilisation.

Il sera renforcé sur le modèle de production de même que la clef qui sert de levier. Meccano venait d’abandonner le système de crémaillère que l’on trouvait sur les Ford de la série 25. Manifestement le bureau d’étude a dû tâtonner.

Le plus intéressant est peut être le hayon de la benne. Il est très inspiré de ceux de la série 25 qui le précède : c’est un morceau de tôle plat, peint de la couleur de la benne, et relié à celle-ci par un axe pincé. Le hayon du modèle série sera injecté en zamac avec moulures, monté sur une axe boutrelé le reliant à la benne.

Cela constituera un progrès certain. Ce modèle provient comme le Cargo fourgon de la famille Chaudey. (voir l’article  consacré au  Ford Cargo fourgon)

Le mystère du Simca Cargo de Bobigny – 1

Jantes zamac convexes ; caisse vissée au châssis ; marchepied en relief. A première vue, ce camion n’a rien de particulier. Vous allez même vous demander ce qu’il fait dans cette rubrique. En fait l’intérêt des collectionneurs pour cette série est récent : il y a 25 ans elle était boudée. J’ai moi même mis un certain temps à apprécier les camions de cette série.

Simca Cargo de pré série: pavillon lisse et sans indication Simca sous le chassis
Simca Cargo de pré série: pavillon lisse et sans indication Simca sous le chassis

Il est vrai qu’ils n’ont pas eu à l’échelle 1 un grand succès : au cours de mes voyages, je n’ai rencontré en tout et pour tout, sur les routes de la côte d’azur, qu’un seul camion en version fourgon, identique à celui produit par Meccano.

Un rapide coup d’œil autour du camion ne révèle rien de particulier. Juste un petit détail : les poignées des portes ouvrantes du fourgon ont une étrange position : au lieu de la position traditionnelle ( légèrement incurvé vers le bas), l’une est incurvée vers le haut, l’autre vers le bas. Si nous retournons le véhicule, l’intérieur du pavillon révèle une surface lisse ce qui est totalement inédit pour ce véhicule puisque la version de série présent toujours un intérieur de pavillon quadrillé.

Mais le plus intéressant se situe au niveau de l’inscription : « CARGO ». .. pas de trace du nom du constructeur Simca !

Enfin, la taille démesurée du pas de vis de la roue de secours finit de prouver que nous sommes en présence d’un essai hors commercialisation.

En fait, reprenons l’histoire. Dinky Toys souhaite rajeunir sa gamme d’utilitaires. Elle a connu un certain succès avec le petit Ford Poissy. Ayant de bons rapports avec cette firme on peut facilement imaginer que Meccano a eu vent du projet CARGO. Dinky Toys fabriqua donc son moule, tandis que Ford Poissy cédait son activité à Simca… Il n’y aura jamais de Ford cargo dans la réalité mais uniquement des Simca CARGO avec des moteur Ford empruntés aux vedettes. Dinky Toys sans doute averti de ce changement a réalisé son prototype sans le nom du constructeur.

Aucun autre exemplaire n’est connu. En avez-vous déjà vu d’autres ?

(voir  l’article consacré à la version benne basculante)

« Messieurs les anglais tirez les premiers ! »

« Messieurs les anglais tirez les premiers ! »

Nous sommes sous le règne de Louis XV. La scène se passe lors de la bataille de Fontenoy. D’après la légende, cette phrase aurait été prononcée par le Comte d’Auteroche en réponse au capitaine anglais Charles Hay, qui invitait les troupes françaises à ouvrir le feu. Après de lourdes pertes dans les deux camps, les Français aidés des Irlandais ont finalement réussi à repousser la  coalition formée des Autrichiens, des Hollandais et des Anglais. Cette victoire ouvrit la voie à la conquête de la Flandre par Louis XV.

La bataille  que je vais vous conter fit moins de victimes. Elle eut pour théâtre la salle des ventes de chez Christies à South Kensington, les 24 et 25 Septembre 2001.

Il s’agit d’une fameuse collection venant de Belgique. L’imbroglio juridique qui a suivi le décès de son propriétaire a longtemps bloqué la vente. Une fois réglés les problèmes juridico-administratifs, c’est la grande maison anglaise qui a été choisie pour disperser la collection.

A peine le catalogue reçu, il a fallu préparer un plan de bataille et rassembler les munitions, c’est à dire le budget disponible pour la vente. Ce genre de vente ne s’improvise pas, il y a un gros travail à mener en amont.  Il faut analyser le catalogue, séparer les modèles susceptibles d’enrichir ma collection et ceux destinés à la revente et estimer les lots. C’est cette phase capitale qui fait la différence  entre les enchérisseurs.

Bien estimer permet d’acheter à un prix raisonné. Or l’évaluation n’est pas une science exacte. Elle résulte d’un ensemble de facteurs : expérience des prix précédents, l’évolution de ces prix dans le temps, la demande propre à sa clientèle, cette dernière évoluant également dans le temps. L’équation est difficile, c’est un des charmes du métier de marchand.

A l’issue d’un premier examen du catalogue de la première vente consacrée exclusivement aux Dinky Toys anglais, un premier constat s’est imposé. Il y avait dans cette vente une extraordinaire série de prototypes en bois de la série 39 formant  un ensemble unique. De nombreuses autres miniatures, notamment d’avant-guerre, me tentaient mais je préférais garder mon budget pour cette série : il faut savoir se limiter et entre un modèle de série et un prototype, mon choix se porte sur le prototype.

Cette série de prototypes je l’ai découverte dans le livre de Mike and Sue Richardson. Avoir la possibilité d’en acquérir un ou plusieurs exemplaires excite ma convoitise.   Je concentre mon objectif  sur les lots 174 à 182. Je me souviens très bien avoir fait des projections d’estimation, mon but étant d’en récupérer trois, avec une préférence pour les modèles jamais commercialisés par Dinky Toys : la Hupmobile , la Ford Luxicab et la Lincoln Zephyr limousine. Ces lots arrivaient assez vite dans la vente car le catalogue était conçu de manière chronologique, présentant successivement les séries 22, 23, 30, 36, 38 et 39.

La bataille était donc programmée pour se tenir dans le premier quart de la vente.  Je redoutais beaucoup les collectionneurs anglais qui aiment particulièrement les produits qui constituent  la série 39. Passionnés, connaisseurs, ce sont de redoutables adversaires,  ils ne lâchent jamais rien facilement. C’est pourquoi mon objectif concentré sur ces  8 lots se révélait difficile à atteindre.

 

Lorsqu’une succession de lots  a un point commun, il faut attaquer tout de suite, dès le premier lot.  En effet, les lots passants, ceux qui n’ont rien eu  au départ jettent toutes leurs forces pour avoir quelque chose sur le dernier et l’avant-dernier lot. Les deux derniers lots font toujours plus cher que le premier ou le second !

Le lot 174 arriva. Contre toute attente, l’attaque ne vint pas  de collectionneurs anglais mais français. Curieusement, les Anglais ont participé à cette joute d’enchères mais n’y ont pas brillé. En fait, rien ne s’est passé comme je l’avais imaginé ils n’ont pas défendu leur patrimoine et les modèles ont pour la seconde fois,  quitté leur pays d’origine. Sur chaque lot j’ai dû me battre avec la même personne. J’ai laissé  filer le numéro 175, l’Oldsmobile six  qui était assez abimée. Mon intuition était la bonne, j’ai  pu enlever tous les lots suivants tout en restant d’équerre avec le budget prévisionnel. Au total j’ai pu réunir  8 des 9 pièces. Ce fut inespéré. J’avais réussi mon coup au-delà de mes espérances.

A l’issue de la vente et après avoir réglé les lots, la collecte des modèles a été un des moments les plus agréables de la journée. Les enchérisseurs ont rangé les armes et c’est dans une ambiance de respect mutuel que  les participants, tout en emballant leurs acquisitions  respectives, sont venus féliciter les autres  pour leurs achats. La tension était retombée.  La paix était revenue.

A cet instant  un Anglais qui m’était inconnu s’est approché de moi. Il s’est présenté comme étant Julien Loffet et m’a félicité pour mes achats. Il m’a raconté avoir été le premier propriétaire de ces pièces.

Il les avait acquises avec d’autres pièces dont deux Série 38 en bois que j’ai pu aussi acquérir auprès d’une personne ayant travaillé au bureau d’étude. Il les avait mises en vente chez Phillips le mercredi  19 avril 1989. C’est là que Jean Vital-Rémy les avait acquis. Il était aussi surpris que moi, et sans doute un peu déçu, que pas un des modèles ne reste en Grande-Bretagne. Il aurait surement aimé que ce patrimoine reste sur place. Par la suite, nous avons établi une correspondance.  Il m’a offert le catalogue Phillips  du mercredi 19 avril 1989. J’ai été très touché de cette attention,

Ces modèles, je ne me lasse pas de les contempler. Ils forment un ensemble incomparable. C’est bien sûr le côté historique qui me plaît. On imagine facilement la direction de Binns Road ayant ces objets entre les mains. Ils marquent un tournant dans l’histoire de Dinky Toys. Après les séries 24 et 30, ces autos présentaient un indéniable progrès dans la qualité d’exécution des miniatures.

 

De Bobigny à Moscou

Cette miniature de Moskvitch est au standard de qualité de la fin de production de Dinky Toys.

Fine gravure (la face avant est très réussie), ingénieux mais fragile système d’ouverture du capot. L’idée de reproduire une auto soviétique était intéressante et même courageuse.

Moskvitch
Moskvitch

Ce fut pourtant un fiasco total dû peut être à l’impact de guerre froide dans l’opinion de nombreux occidentaux et à l’image négative que donnaient certain médias des Etats situés de l’autre côté du rideau de fer.

Il est fort possible qu’elle aurait eu davantage de succès si elle avait été produite 10 ans plus tôt, les collectionneurs de la génération précédente étant plus ouverts, peut être, à la diversité. Nous sommes en pleine période post 68, c’est la tendance peace and love, et notre Moskvitch n’est sûrement pas le véhicule dont rêve la jeunesse. Dans le même temps, Solido propose une superbe Carabo bertonne et une Ferrari 365GTB… c’est quand même un autre monde.

Boudée par le public, notre auto n’est absolument pas rare, et reste très abordable. C’est en somme une miniature de prolétaire. La version Novoexport de la Moskvitch, fabriquée en URSS, est, elle, beaucoup plus rare.

Elle peut être considérée comme une interprétation très fidèle de la Dinky Toys qu’il s’agisse de la taille, du capot ouvrant ou des jantes en aluminium. Le châssis, également en plastique, présente un détail intéressant : on note la présence de la même découpe rectangulaire servant sur la Dinky Toys à atteler la caravane !

Pas de doute la Dinky Toys a servi de modèle même si Novoexport l’a mis au goût du jour. Les optiques de phares sont devenues rectangulaires et les feux arrières verticaux. Beaucoup plus intéressant, le dessin du bloc moteur et les accessoires satellites ont été modifiés.

Ce modèle servira de base et sera décliné en de nombreuses variantes, suivant de près les évolutions des Moskvitch. Paradoxalement, on peut penser que ces miniatures ont été peu diffusées dans leur pays mais servaient essentiellement de vitrine du savoir faire soviétique auprès des occidentaux. Des témoignages de collectionneurs évoquent d’ailleurs le fait que l’on trouvait ces autos dans les boutiques de souvenirs. Mais il n’y avait ni suivi, ni logique commerciale et les arrivages étaient irréguliers.

Il demeure une ombre au tableau de ce modèle très intéressant : le zamac utilisé en URSS sur cette série est de qualité médiocre. Ainsi, cette auto rare et difficile à trouver se conserve mal dans le temps.

Dinky Toys : Luxicab projet abandonné

Voici deux pièces aux couleurs de la Luxicab qui auraient dû compléter la série 39 de Dinky Toys. L’une d’elles est présentée dans le livre de Mike and Sue Richardson sur les Dinky Toys Grande-Bretagne. Ce même auteur reprendra dans le détail dans la défunte et passionnante revue « Modellers World » toute une série de véhicules de la série 39 ayant servi à l’étude de cette gamme.

Dinky Toys Luxicab
Dinky Toys Luxicab

C’est un collectionneur anglais de longue date qui trouva ces trésors et les céda ensuite à Jean Vital-Remy. Après la brutale disparition de ce dernier, ces modèles passèrent par la grande société de ventes aux enchères Christie’s où nous pûmes les acquérir. Je me rappelle très bien, après la vente avoir été interpellé par le premier propriétaire, celui qui les avait cédé au grand collectionneur belge et qui avait souhaité se présenter.

Il y a plusieurs manières d’apprécier ces modèles aux couleurs de la Luxicab. Pour notre part ce sont des pièces historiques, uniques. Le fait que le projet ait été abandonné par les décideurs de Binns road, accroît leur intérêt. On rêve d’ailleurs de connaître tous les projets abandonnés.

Nous sommes en présence de deux prototypes quasiment similaires. C’est une situation que nous avons déjà rencontré. En effet, nous avons vu, chez un ancien employé au bureau d’étude de Meccano France, deux Peugeot D3A ambulance, de taille légèrement différente. Ces modèles avaient comme fonction de positionner ces projets au milieu de la gamme existante, afin d’aider les décideurs lors des réunions de la direction de chez Dinky Toys. En aucun cas ces modèles ne servaient à l’élaboration des moules.

A première vue ces modèles semblent identiques. Ils sont aux couleurs de la « Luxicab », compagnie de taxi, mais la teinte jaune utilisée est très différente entre les deux modèles. Les surfaces vitrées, notamment le pare-brise ne sont pas identiques. La proue du capot et les calandres sont également différentes. Il en est de même pour les malles arrières, ainsi que pour le traitement de la découpe latérale au niveau du montant arrière. A mes yeux il y a une Ford et une Mercury (qui est en fait une sous marque du groupe Ford, d’où les ressemblances évidentes). Dinky Toys voulait sans doute faire un pendant à son Austin de la série 36. C’est la guerre qui a interrompu le projet. Après guerre, la série 39 ne sera pas complétée. Il faut dire que la physionomie des autos avait beaucoup évolué.

Nous sommes heureux, mon père et moi de vous faire partager ces documents. Nous reviendrons prochainement sur d’autres projets inaboutis.

Je dédie cette chronique à Frédéric Chillou, grand amateur de belles Dinky Toys prématurément disparu.