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La Muse, le moteur et la musique.

La Muse, le moteur et la musique.

Comme un inventaire à la Prévert : une affiche publicitaire pour un hamburger, la une d’un journal, le comportement des visiteurs dans un musée.

Toutes ces petites choses quotidiennes peuvent servir de prétexte à la réalisation d’un blog, ou du moins à son point de départ. La vie de tous les jours est source d’inspiration.

La radio est souvent à l’origine de mes divagations, notamment la station de radio  publique France Musique.

L’émission d’Anne-Charlotte Rémond, « Musicopolis », qui nous plonge dans l’histoire des compositeurs et de la création de leurs oeuvres m’inspire beaucoup, qu’il s’agisse de Maître Pérotin, compositeur français au passage de l’an 1200, dont la journaliste avoue que l’on ne sait pratiquement rien ou d’ Arvo Pärt compositeur estonien contemporain.

Son émission me fournit de la matière, je la retravaille et la transpose à l’univers de la collection des miniatures automobiles. Cela oblige parfois à quelques contorsions.

(voir celui consacré à la cantate du café) 

(voir celui consacré à Aaron Copland)

Aujourd’hui c’est pourtant une autre émission de France Musique qui m’a donné le déclic. Nous sommes en plein confinement, et contrainte à des rediffusions, France Musique puise dans ses archives. Durant cette étrange période, à 11 heures, c’est l’émission « Comme si vous y étiez » du journaliste Jérémie Rousseau qui est extirpée du passé.

Il s’agit de présenter un compositeur à travers la période de son existence qui a été déterminante dans son oeuvre. Ce mardi 5 mai l’émission est consacrée à John Adams, compositeur étasunien. Tout en travaillant, j’écoute d’une oreille le récit du journaliste.

C’est l’art du conteur que de vous embarquer dans une histoire. Et cela fonctionne parfaitement ce jour-là.

Pour évoquer le début de la carrière de John Adams, le journaliste le présente en train de démarrer sa Volkswagen. Elle est de couleur bleu-clair, et « il en est très fier ».

Le journaliste précise que c’est dans ce véhicule que John Adams a raccompagné le compositeur Aaron Copland, le jour où ce dernier est venu à Harvard écouter de jeunes diplômés. Nous sommes en 1971, et John Adams est effectivement tout juste diplômé d’Harvard.

A ce stade, on comprend que pour avoir autant de détails, le journaliste s’est appuyé sur une biographie très complète du compositeur. Le récit, vivant, me ravit. Il est rare d’évoquer l’ histoire d’une automobile dans la vie d’un compositeur.

Il décrit pourtant le long périple de notre homme, qui, accompagné de son épouse, parcourt les 4 000 km qui séparent leur lieu d’attache, en Nouvelle-Angleterre, de la Californie, destination finale.

« C’est long en Volkswagen » précise le journaliste. Mais il indique comment les rencontres et les arrêts dans des motels miteux, les grands espaces et la nature qui évolue au fil du voyage vont forger le style du compositeur.

Le journaliste explique l’approche du compositeur, ses tâtonnements. Ce qu’il cherche explique-t-il, c’est « un langage musical spécifiquement américain ». Et c’est en lisant le livre de John Cage « Silence » que John Adams a cette révélation :

« Et si tout était musique? le bruit de la pluie, le crachotis de la radio , le silence…intéressant. »

Malicieusement, j’ai fait le rapprochement de ce concept du « tout est musique », avec le voyage initiatique en Volkswagen.

Avez-vous déjà fait ne serait-ce que 200 km dans une Volkswagen Coccinelle ?

Si la réponse est positive, vous savez que le moteur a un bruit très caractéristique, entêtant à la longue. C’est amusant d’apprendre qu’un compositeur cherchant sa voie a peut-être été influencé par le bruit de sa voiture.

Il m’a été assez facile de trouver une miniature correspondant à la coccinelle de John Adams en 1971.

Au début des années soixante-dix, les fabricants européens de jouets considéraient la coccinelle comme une antiquité et tournaient les yeux vers les nouvelles Volkswagen qui tentaient sans succès, de la faire oublier. L’auto avait fini sa carrière en Europe, mais en Amérique du Sud, elle avait encore de beaux jours. Au Mexique bien sûr, mais au Brésil également. Elle sera finalement produite jusqu’en 2019.

La firme Solex a signé un contrat avec Solido pour la production et la distribution de miniatures Solido à Sao Paulo au Brésil. Cette entité a même commandé un moule inédit afin de reproduire sur place cette auto populaire. Elle est dénommée 1500. C’est un modèle intéressant pour les européens. Il résulte d’un panachage : les ailes avant conservent les phares sans support verticaux, comme les modèles antérieurs à 1968 tandis que les feux arrière sont de grande dimensions, comme les modèles post 68.

Sans que cela soit prouvé on peut penser que le moule a été conçu en France. On retrouve les caractéristiques propres à la firme d’Oulins : qualité de moulage, finesse de gravure, parties ouvrantes fonctionnant parfaitement, juste proportion des formes.

Sa production a été courte. Les premiers modèles sont équipés de jantes gravées VW conçues spécifiquement. On note un problème récurent : le pneu en nylon semble avoir été conçu avec un diamètre trop juste. De nombreux exemplaires souffrent de pneus découpés. Il faut savoir accepter ce défaut.

Les derniers exemplaires sont équipés de jantes à rayons, peu crédibles, empruntées aux autos de course.

Brosol, nom de l’entité chargée de fabriquer ces miniatures a décliné une version taxi et une version policia. Elle a utilisé les décorations réalisées pour la Chevrolet Opala, qui comme la Volkswagen 1500 est une création brésilienne.

La version policia a été réalisée en deux versions. On comprend que celle avec les portes peintes en noir ait été éphémère. La couleur nuit à la perception de la décalcomanie.

Je pense qu’une version bomberos a été réalisée, mais je ne peux pas le démontrer : si j’en ai entendu parler, je ne l’ai jamais vue.

John Adams semble avoir été marqué par l’automobile. Dans la série d’émissions qu’elle lui a consacrée, Anne-Charlotte Rémond rappelle que c’est une équipée à bord d’une Lamborghini qui lui a inspiré la partition : « Short ride in a fast machine ».

Rendez-vous dans 15 jours. Désormais le blog parait deux fois par mois.

Pas de quoi en faire un disque !

Pas de quoi en faire un disque !

Désormais, rien n’arrête les metteurs en scène d’opéra, Calixto Bieito introduit des Mercedes de seconde main dans Carmen tandis que Laurent Pelly invite un kombi Volkswagen dans son Arianne à Naxos. Alors, pourquoi pas un tracteur dans le ballet « Appalachian Spring » de Martha Graham ? (voir le blog consacré à cette commande de Martha Graham au compositeur Aaron Copland )

En 1944, date de la création du ballet, la mécanisation est une chose acquise pour les campagnes américaines. La chorégraphe aurait donc pu choisir un tracteur d’occasion, parfait pour épauler le jeune couple débutant dans la dure vie de fermier. Voici quelques jouets représentant le matériel qu’elle aurait pu choisir pour son décor.

Un tracteur de seconde main.

La marque qui me semble répondre le mieux aux attentes des petits paysans en herbe est Kansas Toys. Son Fordson est de bonne facture.

Mais ce sont surtout les accessoires créés pour être attelés au tracteur et animer les travaux des champs qui sont somptueux. Charrue, semoir, rouleau et brise-mottes ont été proposés par ce fabricant. Ces ensembles articulés sont de belle qualité. Les couleurs vives finissent d’habiller ces jouets.

Kansas proposa aussi une locomobile à vapeur. Le fabricant est ici facilement identifiable, ce qui n’est pas toujours le cas avec ce type de jouets, du fait qu’il a choisi de cercler d’un trait de couleur le pourtour des roues, simulant un bandage.

Barclay qui est le fabricant le plus prolifique pour ce type de jouets injectés en plomb a bien sûr également proposé des tracteurs. Celui équipé de roues jumelées avant (row crop) est en fait emprunté à la série militaire. Observez le fermier : il a revêtu un casque. Barclay n’a pas jugé utile de modifier le personnage militaire de son tracteur d’artillerie.

L’autre modèle de taille plus modeste semble reproduire un Fordson. Il a aussi été vendu en coffret tractant trois wagonnets.

Savoye a également inscrit deux tracteurs à son catalogue. Le premier est équipé de roues de type artillerie, assez succinctes..On adhère ou pas à ce type de jouets, il faut peut-être du temps pour en apprécier le charme désuet.

L’autre version de forme simplifiée, inspire la puissance. Elle est équipée des fameuses et facilement identifiables jantes en bois de grand diamètre de couleur rouge.

Enfin, Tootsietoys a reproduit un beau tracteur de la marque Star. A l’inverse de Barclay, la firme de Chicago modifiera son tracteur pour l’adapter à l’univers militaire et le transformer en tracteur d’artillerie. Le capot moteur reste identique, mais on notera l’ajout d’un caisson à munitions et la présence d’un soldat au volant. La boîte en carton est des plus rares. Elle contenait des accessoires.

Le tracteur d’avant-garde

Une autre hypothèse fort séduisante pour la chorégraphe d’avant-garde que fut Martha Graham aurait été de présenter sur scène, dans son décor, un tracteur » ultramoderne ».

Alors, imaginons donc ces jeunes fermiers miser sur l’avenir avec du matériel sophistiqué. Le temps de faire les démarches à la banque, deux ans se sont écoulés pour obtenir l’emprunt permettant l’achat du tout nouveau et ultramoderne Ferguson TE20 .

Vous le connaissez sûrement par son nom : « Petit Gris ». C’est un « outil » qui a contribué au développement des campagnes. Il bénéficie surtout d’une invention révolutionnaire : un attelage hydraulique pour accrocher les outils.

Dans l’esprit du grand public ce tracteur marque un tournant esthétique. Fini les tracteurs aux formes cubiques. Les angles droit des « Fordson » et autres tracteurs de la marque « Star » ont fait place aux rondeurs du Ferguson.

De manière étrange, ce tracteur n’aura pas le même succès chez les fabricants de jouets. J’avance l’hypothèse selon laquelle c’est la couleur de ce dernier, gris, peu engageante pour un jouet, qui a conduit les fabricants a préférer les teintes vives, le rouge du Massey Harris, l’orange, du Field Marshall ou même le plus sobre bleu du Fordson.(voir l’article sur le Massey Harris).

Tekno, qui n’avait pas encore de tracteur à son catalogue a choisi ce petit Ferguson. Dans la même  logique, le fabricant danois choisira la couleur orange pour décorer sa miniature. Plus tard quelques exemplaires seront réalisés de couleur grise. C’est un grand classique. C’est surtout le coffret avec tous les accessoires qui provoque la convoitise. Tekno a su mettre en avant tout l’intérêt technique de ce tracteur et notamment son système hydraulique .

Un autre fabricant danois, Lion Molberg a offert en reproduction son descendant qui porte sur le capot l’inscription « Massey Ferguson ». En effet, en 1953 Ferguson s’associera à l’un de ses concurrents, Massey Harris pour créer Massey Ferguson. C’est un jouet splendide et une vraie rareté.

La vie des jouets étant tout sauf un long fleuve tranquille, le moule sera cédé en …Colombie. Chico Toys, l’heureux nouveau propriétaire de l’outillage sortira son modèle dans les années soixante-dix. C’est bien évidemment comme toutes les productions sud-américaines de l’époque une pièce rare, d’autant qu’une partie de la production a été injectée avec du zamac de médiocre qualité qui n’a pas bien résisté dans le temps.

J’en ai croisé deux dans ma vie et je les ai pieusement conservés.

Enfin le modèle produit par Micro Modèls, de couleur grise est tout simplement une rareté.Il est injecté en zamac. Dans les années 90 des copies en white metal furent réalisées .  Il est reproduit  au 1/32. On appréciera le commentaire sur la boîte: « Le tracteur le plus populaire au monde, utilisé quotidiennement dans plus de 76 pays » .

Je l’ai eu en 1986.  Je ne me souviens pas en avoir revu un autre neuf en boîte. Je l’avais acquis à Donnington, auprès d’un amateur venu en vacances  de Nouvelle-Zélande, voir sa famille restée dans la « vieille Europe ». J’ai revu cette personne 25 ans plus tard aux Etats-Unis lors d’une manifestation de jouets anciens et elle se souvenait de notre rencontre en Grande-Bretagne et de ce fameux tracteur.

Qui mettra en scène « La marcha  de triunfo » ?

Y avait-il des mélomanes à la direction de chez Massey Ferguson ? C’est la question que l’on peut se poser à la vue de la pochette de ce disque qui, dans une logique qui m’échappe, sera offert dans ses concessions.

La photo de la pochette ainsi que le titre laissent interrogateur : « La marcha de triunfo » en espagnol. On y voit en photo une parade de tracteurs et autres engins de la marque Massey Ferguson. Les fières postures des conducteurs sont également une interrogation.

Certes, ce sont des Massey Ferguson qu’ils ont entre les mains, mais de là à parader si fièrement ! On est loin de l’image du paysan partant aux champs.

Le titre du disque, « La marcha de triunfo  » semblerait plus indiqué pour un opéra ballet à la gloire du roi Louis XIV, composé par Lully. Les beaux habits de nos glorieux conducteurs pourraient presque nous transporter à Versailles.

Cependant en cherchant le nom et l’origine de l’orchestre on s’aperçoit qu’il s’agit en fait de morceaux d’accordéon, plus près du bal musette du samedi soir que de la galerie des glaces.

Et puis, observez bien. Aucune présence féminine sur la photo. Dans les années cinquante, pour vendre des tracteurs il fallait placer de solides paysans pour conforter l’acheteur sur l’aspect viril de l’engin. Aujourd’hui, aucune marque ne se risquerait à une telle photo. On sait combien, à la campagne comme ailleurs, le rôle de la femme a son importance.

C’est bien ce que Martha Graham mettait en scène dans son ballet : un jeune couple à la campagne, et la vie devant lui.

Restons sur cette belle image.

 

 

 

 

 

 

La vision des Appalaches selon Copland

La vision des Appalaches selon Copland

La vie est faite de hasards et de petits riens. Un mot, perdu au milieu d’une phrase, un simple mot et vous voilà parti ailleurs. C’est le titre d’une oeuvre qui a éveillé mon imagination.

Cela s’est produit en écoutant France Musique, en l’occurence la passionnante émission d’Anne-Charlotte Rémond, « Musicopolis ». L’émission du jour prenait pour sujet l’histoire d’une commande passée à Aaron Copland, compositeur américain, un des premiers à avoir été reconnu comme tel par la critique internationale.

le compositeur Aaron Copland
le compositeur Aaron Copland

Aaron Copland a fait ses classes de compositeur en France entre 1921 et 1924, auprès de la grande Nadia Boulanger.

L’œuvre en question est devenue une de ses compositions les plus célèbres : «Appalachian Spring». j’avais déjà entendu des extraits de cette suite pour orchestre et elle m’avait marqué.

Comment ne pas voir dans ce titre et à l’écoute de cette musique, les grands espaces, la nature, mais aussi les premiers habitants, les indiens. C’était en tout cas ma vision personnelle.

Peu de temps avant cette émission, j’avais acquis une miniature des plus singulières, et je n’ai pu m’empêcher de faire le rapprochement avec cette oeuvre.

C’est une des dernières pièces que j’ai acquises auprès de mon vénérable confrère Gilles Scherpereel. Il s’agit d’une torpédo (peut- être de la marque Mors) avec un indien au volant. M. Scherpereel m’a expliqué que ce modèle faisait partie d’un ensemble. Il connaissait également une version avec la figurine de Buffalo Bill. C’est une fabrication ancienne. En la voyant, vous allez sans doute penser qu’il s’agit d’une caricature.

Pourtant, Buffalo Bill a bien importé en Europe un spectacle dénommé « Wild West Show » qu’il avait rodé aux Etats-Unis. La première représentation eut lieu en 1889 année de l’exposition universelle. Il reviendra en 1905 pour une grande tournée dans toute la France. Il se mettait en scène avec des indiens et des centaines de figurants. A lire les commentaires de l’époque, le spectacle était haut en couleurs. Il était précédé d’une parade à cheval.

Il est fort possible que des automobiles aient été utilisées lors de cette cavalcade. Le fabricant de jouets, malheureusement inconnu, n’a pu avoir une imagination telle qu’il ait placé un sioux au volant. On imagine la surprise des passants dans les rues où défilait le cortège annonçant le spectacle.

Au moment de la diffusion de  l’émission d’Anne Charlotte Rémond, fruit du hasard, j’avais trouvé un article, que j’avais précieusement conservé ainsi qu’une photo faisant un lien parfait avec cette miniature. L’article portait sur une tribu d’indiens, les Osages, dont plusieurs dizaines de membres avaient été assassinés dans les années 20, provoquant une enquête fédérale et l’arrestation du commanditaire des meurtres, un important homme d’affaires local qui voulait faire main basse sur leurs biens..

A l’origine ces indiens occupaient un territoire dans l’actuel Kansas. Ils avaient été déplacés vers des terres situées  dans l’actuel Oklahoma, infertiles en surface, mais qui par la suite s’étaient révélées riches en pétrole .

Ces indiens avaient prospéré et vivaient, à en croire les colons blancs, comme « des rois du pétrole ».

Tootsietoys Ford T devant la pompe à essence
Tootsietoys Ford T devant la pompe à essence

La photo m’avait beaucoup plu. On voyait une Ford T conduite par un indien de la tribu avec une femme assise à l’arrière. Des légendes couraient pour discréditer cette tribu. On racontait que les Osages n‘hésitaient pas à changer d’auto lorsqu’un des pneus était crevé !

Fort de cette intrigante photo, je vais vous présenter quelques représentations de la Ford T, mythique automobile. Elle fut la première voiture a avoir été produite en grande série.(voir le blog consacré à l’arrivée de cette auto en Europe).

Tootsietoys Ford T
Tootsietoys Ford T

Pour faire mentir Henry Ford qui avait donné comme choix de couleur aux acheteurs le noir et …le noir, Tootsietoys a décliné sa miniature en de multiples couleurs. Une telle fantaisie n’est possible que dans le domaine du jouet.

 

Le petit coffret « Baby Ford and outfit » , sous-traité par Tootsietoys pour la firme H.F & Co est exceptionnel. C’est l’histoire qui est là sous vos yeux. Combien de coffrets sont parvenus jusqu’à nous et combien d’entre eux étaient complets avec tous les accessoires ? Ce sont sûrement des invendus de magasins.

En Grande-Bretagne, après avoir importé les Tootsietoys, Jo Hill Co les produira en série, sur place, à Londres. Datant d’avant la seconde guerre mondiale, elles sont tout de même très postérieures aux modèles fabriqués à Chicago. Les grandes roues monobloc peintes de couleur grise sont très reconnaissables. Ces modèles ne sont pas rares mais il est peu fréquents de les trouver en bel état de conservation.

SR, a également reproduit de manière convaincante cette auto. Est-ce l’importance historique du modèle qui a fait que cette firme française ait choisi de la livrer de couleur or ?

Bref, voilà comment j’avais établi un lien entre un morceau de musique et une miniature. Tout s’écroula lors de la diffusion de l’émission d’Anne-Charlotte Rémond. Voici donc le récit que la journaliste donna à l’antenne.

« Appalachian Spring » était une commande de la chorégraphe américaine Martha Graham. Cette dernière avait présenté l’argument suivant à Aaron Copland : une ferme, un jeune couple de fermiers américains, quelques habitants de la petite ville perdue, un pasteur.

Le compositeur se mit au travail et livra la partition. L’œuvre ne portait pas encore de nom. C’est Aaron Copland lui même qui livre l’explication aux auditeurs de la BBC. Quand Martha Graham donna à Aaron Copland le nom du ballet qu’elle avait choisi pour la partition celui-ci s’esclaffa « Oh ! Appalachian Spring, quel joli nom. Où l’avez-vous trouvé ? » Elle lui répondit qu’il s’agissait du titre d’un ouvrage de Hart Crane qu’elle venait de lire et qui l’avait marqué. Aucun lien donc avec les Appalaches.

Aaron Copland explique encore que le ballet eut un grand succès et que ses admirateurs  lui confiaient très souvent que lorsqu’ils écoutaient sa musique, ils voyaient les Appalaches ! Avec un humour au diapason il concluait que lui aussi désormais commençait à voir les Appalaches.

 

J’ai beaucoup aimé cette émission. Moi, j’y voyais des indiens, d’autres auditeurs y ont vu des montagnes.

Chacun livre sa version en fonction de son histoire, de son imagination, et de sa culture. L’important est que chacun y trouve une émotion.

Junior à Bobigny

Junior à Bobigny
« Je n’écris pas pour la foule, j’écris pour les gens cultivés » La phrase est de Beethoven. Nous sommes en 1806 et c’est la réplique qu’il adresse au Baron Von Braun lorsque ce dernier lui fait remarquer que la salle où l’on joue l’opéra « Fidelio » peine à se remplir. En fait, si la partie de la salle réservée à l’aristocratie est bien garnie, l’autre partie, celle qui accueille le peuple, demeure clairsemée. Le baron fait la comparaison avec Mozart qui, lui, avait connu un vrai succès populaire et avait su remplir les salles. Il remarque que si Mozart avait demandé un pourcentage du prix des places vendues pour assister à ses opéras, comme Beethoven qui fut le premier à recevoir ce genre de rétribution, il serait devenu riche !

 

Cette anecdote entendue dans l’excellente émission « Musicopolis » d’Anne-Charlotte Rémond sur France Musique m’a fait réfléchir.

Faut-il être élitiste? Faut-il plutôt chercher à rassembler le maximum d’amateurs ? Rapporté à mon univers de la collection et de la vente de miniatures, cela se traduit par la question suivante. Ne doit-on vendre que des modèles en parfait état, avec de belles boîtes ce qui entraîne de facto un prix certain et une clientèle ciblée, ou faut-il proposer l’éventail de produits le plus large possible pour toucher le maximum de collectionneurs ?

J’ai choisi cette seconde solution depuis le début de mon activité. C’est la seule qui me paraisse viable.
Aujourd’hui, je pense même que l’on peut faire un site dédié à des modèles dont le prix est accessible à presque toutes les bourses.

La crise économique est passée par là et le budget que le collectionneur consacre à sa passion s’est réduit. Voilà donc en quelques mots les raisons qui nous ont motivés, mon frère et moi, à ouvrir le site « Auto Jaune Junior ».

Dans le passé, au milieu des années soixante, afin de doper ses ventes de Dinky Toys, Meccano avait créé une gamme économique  à Bobigny dénommée « Junior ». Nous étions alors en période de forte croissance et l’idée d’élargir la clientèle en proposant des produits économiques ne fut pas couronnée de succès.

Cela peut s’expliquer par le fait qu’une marque renommée a toujours beaucoup de mal à se positionner sur un produit économique qu’on appellerait aujourd’hui « low cost », elle y perd un peu son âme. Il est sûrement plus facile de monter en gamme.

Cette gamme Dinky Toys  junior est désormais assez prisée des collectionneurs qui voient dans cette aventure éphémère le moyen de diversifier leurs étagères. En effet, ces modèles ont été proposés dans des teintes différentes des modèles de la série 500 dont ils étaient issus. Mais, et c’est là que réside le charme de la collection, les choses ne sont pas aussi simples. Par le passé, en achetant des collections auprès de gens ayant travaillé au bureau d’études Dinky Toys, notamment M. Malherbe, j’ai eu le plaisir de trouver des exceptions.

On peut penser que ces modèles ont été présentés à la direction, lors des fameuses réunions où étaient prises les grandes décisions, afin d’entériner la nouvelle gamme. Pour cela, le bureau d’étude s‘est servi des couleurs disponibles sur la chaîne et les ont assemblées avec des châssis Junior. Pour certaines versions, je connais plusieurs exemplaires. Il est également possible que Dinky Toys, devant fournir des commandes programmées et n’ayant pas le temps de faire repasser ces autos sur la chaine de peinture, se soit contenté de les assembler avec les couleurs de séries (Série 500 en l’occurrence). On ne saura jamais. Le fait est là, ce type de modèles existe. Ils sont dûment rivetés.

La Cantate du café

La Cantate du café

« Ah qu’il m’enchante le doux café, plus délectable que mille baisers, plus suave que du vin  de Muscat.

Café ! Café c’est mon seul désir et si l’on veut me faire plaisir ah! Que l’on me verse du café »

Ainsi parle Lieschen, la fille de M. Schlendrian dans un texte de Christian Friedrich Henrici (Picander). Le texte est connu sous le nom de « Cantate du café ». Plusieurs compositeurs l’ont mis en musique. La version la plus connue est celle de Jean Sébastien Bach. Cette version recevra d’ailleurs une partie finale dont on ne peut établir si elle est de la main Jean Sébastien Bach ou non.

Il s’agit dune cantate profane. La partie ajoutée est délicieuse et pleine d’humour. Parions qu’elle est de la main de Bach, cela rend le cantor de Leizig moins austère et plus humain.

Tekno Ford Taunus Christgau
Tekno Ford Taunus Christgau

L’histoire raconte les déboires d’un père avec sa fille. Il lui reproche son addiction au café, problème effectif à cette époque. Le père n’accepte pas que sa fille ait des goûts différents des siens. Il a l’impression que tous les efforts consentis pour son éducation sont demeurés vains.
La fille se range finalement à la volonté du père et consent à renoncer au café, en échange de la promesse d’un mari. Mais elle contourne l’interdiction : pleine de malice, elle fera signer à son prétendant un contrat qui lui garantit son café quotidien. Bach finit sur cette phrase :

« Les souris font la joie du chat, le café ravit les demoiselles. « 

Tekno Ford Taunus Christgau
Tekno Ford Taunus Christgau

Cette cantate du café est savoureuse comme un expresso italien.
Ayant deux enfants, je me suis un peu identifié à M. Schlendrian. Souvent, les gens me demandent si mes enfants sont intéressés par les petites voitures et s’ils vont reprendre la collection. Connaissant mon histoire, sachant combien la collection fut une passion commune entre mon père et moi, ils imaginent sans doute avec plaisir une suite à l’histoire. Je n’ai jamais forcé mes enfants à s’intéresser à la collection. J’ai laissé faire le temps. Ils viennent voir parfois, posent une question. Une passion n’est pas forcément héréditaire. J‘ai toujours essayé de ne pas mélanger vie familiale et vie professionnelle, mais si je n’en avais pas fait mon métier, je n’aurais peut être pas continué la collection avec une telle assiduité. J’ai pu mettre à profit mes déplacements professionnels pour enrichir ma collection.

Lors de la naissance de mon fils en 1986, j’ai profité de l’achat d’une collection de Mathcbox pour la boutique, pour lui constituer un embryon de collection, un peu comme on ouvre un livret de caisse d’épargne. Je l’ai complétée au fil des ans. Je lui montrais les nouvelles acquisitions, et même s’il les regardait, j’ai vite compris qu’il n’était pas intéressé. Je vous rassure, il n’a pas reçu de brimades, il n’a pas non plus était privé de Flanby (son dessert préféré)

En fait, je lui imposais cette collection. J’ai fini par comprendre que je collectionnais ces Matchbox pour mon propre plaisir. Je lui remettrai sa petite collection prochainement pour son mariage, sans condition, et s’il veut la vendre, je n’en serai pas affecté.

Pour faire le lien avec notre passion commune, celle des miniatures, je vais vous présenter quelques modèles qui ont pour support une marque de café. Tout naturellement je suis resté dans l’Europe du Nord, celle de Jean Sébastien Bach.

J’ai choisi le Danemark car je me suis souvenu d’un coffret promotionnel réalisé pour une marque de café danoise, « Christgau ». Le modèle est un Ford Taunus Transit assez commun. Par contre, le coffret réalisé pour la promotion des cafés de ce torréfacteur est rare. C’est un étui qui coulisse avec le fourgon et une feuille de papier enroulée vantant les produits de la gamme.

A cette occasion, je me suis aperçu que la firme « Salling » faisait partie du même groupe que le café « Christgau ». Or, à la même époque Tekno a également reproduit un Ford Taunus portant cette marque. Il doit sûrement y avoir un lien entre toutes ces fabrications qui sont contemporaines.

Tekno a aussi reproduit un superbe Volvo N88 Titan ridelles bâché aux couleurs de la marque de café « Kob Kaffen hos Kobmanden ». Il est fort réussi. J’aime beaucoup ces miniatures, même si cette version est vraisemblablement la plus fréquente de la série.

 C’est l’émission Musicopolis de France Musique d’Anne -Charlotte Remond qui m’a inspiré pour cette chronique.