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les souvenirs de collectionneur de Vincent Espinasse

Au bois de mon coeur

Au bois de mon coeur.

La vue des cyprès et des pins parasols à travers la baie vitrée du train qui relie l’aéroport de Fiumicino à Rome est un enchantement. C’est avec la nature, et plus particulièrement les arbres, que le dépaysement s’opère. Ces cyprès bordant la voie de chemin de fer m’ont fait oublier l’endroit que j’avais quitté une heure et demi auparavant.

Les arbres font partie de nos voies de communication. On se demande parfois s’ils n’ont pas guidé l’homme dans le dessin des routes !

De 2006 à 2008, j’ai photographié avec un appareil jetable le même groupe d’arbres, situé sur une butte au bord de l’autoroute du Nord, juste après la jonction des autoroutes A1 et A2.

Ces arbres étaient situés exactement à mi-distance, 140 kilomètres, entre Paris et Calais. Passé ce repère je savais alors combien de temps il me restait pour attraper le bateau ou la navette du tunnel vers la Grande-Bretagne.

J’aime jalonner mes parcours d’autoroute de points de repère, de balises. Comme les marins en mer.

Lorsque la route est éprouvante ces repères mettent du baume au coeur. Parfois au terme d’un rapide calcul, on comprend qu’on ne pourra pas attraper la navette et qu’il faudra prendre le départ suivant.

Et puis un jour, ces arbres ont disparu. Ils ont été abattus. Pendant très longtemps, à chaque passage, j’ai ressenti de la tristesse devant la butte dégarnie. J’avais perdu ma balise. Ce n’était plus pareil, même si la distance à parcourir restait la même.

Bien longtemps après, la société gérant l’autoroute du Nord a replanté de jeunes arbres. Au départ, les tuteurs étaient plus hauts que les troncs. Désormais, ils ont commencé à prendre forme.

C’est donc tout naturellement que je traduis dans mes vitrines et dans mes photos de miniatures mon attachement à la nature et particulièrement aux arbres

Les arbres sont souvent liés à un type de paysage. Ces reproductions miniatures de sapins sont d’origine allemande. L’industrie du jouet de ce pays a toujours été aux avant-postes dans le domaine du modèlisme ferroviaire, et dans celui du décor de ce dernier.

Ces sapins ont été créés pour les réseaux de chemin de fer. J’en ai fait un usage détourné pour créer trois scénettes où j’ai mis en place des miniatures automobiles. Dans notre imagerie populaire, le sapin est facilement associé à l’hiver et au froid.

Une route nationale en période hivernale dans le Forez. Les automobilistes ont mis les skis sur la galerie et la jeep chasse-neige passe pour dégager la chaussée. Cette dernière est bien appréciée des automobilistes en période hivernale, ils savent que grâce à son action, la voie sera dégagée.

L’autre scéne se passe en Allemagne. Le chasse-neige est un camion Borgward. Ces camions fort robustes n’ont pas connu en Europe, une carrière aussi active qu’en Allemagne.

J’apprécie les deux personnages que Siku a créés spécialement pour cette miniature. Un petit sac de sel est également fourni par le fabricants pour plus de réalisme. L’enfant devait l’ouvrir et disperser le contenu afin de recréer un salage sur sa chaussée imaginaire.

Une fois le contenu du sachet vidé, il pouvait compléter le salage avec la salière familiale, sans trop de dommages, un coup d’aspirateur suffisant à effacer l’initiative malheureuse.

La troisième  se passe à Berlin dans les années cinquante, en pleine guerre froide. Nous sommes dans un bois jouxtant la ville. J’ai créé une rencontre entre fonctionnaires des deux blocs. ll ne fait pas chaud dehors, et il faut se faire violence pour sortir de la confortable Mercedes, qui est équipée d’un puissant chauffage, comme le sont souvent les berlines allemandes.

Face à la Mercedes 300 de chez Märklin, la Wartburg MS(RDA) paraît frêle. Il n’en est pas de même avec la carrure du fonctionnaire sortant de l’auto.

Il doit se dire que la Mercedes doit être bien confortable et qu’elle conviendrait mieux à sa morphologie. Je vous laisse imaginer la suite de l’histoire. Tout est permis, nous sommes dans la fiction.

Pour les deux scénettes suivantes, j’ai utilisé un autre arbre, associé, lui,  plutôt à la chaleur : le palmier.

Sur la première route, ce sont les véhicules typés qui doivent vous aider à reconnaitre le lieu. Les inscriptions apposées sur le camion et le car sont un indice.

Vous n’arrivez pas à les déchiffrer ? C’est normal, c’est de l’hébreu.

Nous sommes sur la route reliant Tel Aviv à l’aéroport David-Ben -Gourion. Le car Leyland aux couleurs de la compagnie d’aviation nationale « El-Al » est splendide. Ces couleurs vives répondent à celle du Bedford type « S » bâché reconverti en camion école ! C’est à ma connaissance la seule reproduction en jouet d’un tel véhicule.(voir le blog consacré à ce véhicule « permis poids-lourds à Tel-Aviv »)

Il fait chaud, les vitres sont ouvertes.

L’autre composition est plus énigmatique. Reconnaitre du premier coup la localisation de la photo n’est pas aisé. Je vous aide. Que voit-on ? Des autos anglaises.

En fait, sans être un spécialiste de l’automobile, le lecteur aura compris que ces autos, peintes dans ces couleurs suaves ne peuvent appartenir qu’à des ressortissants du pays de  sa Gracieuse Majesté. La végétation ne ressemble pourtant pas à celle que l’on croise en Grande-Bretagne. De plus, il y a une auto française.

Elle se reconnaît aussi à sa couleur : gris anthracite. Les consommateurs français ont peu d’attirance pour les couleurs vives. L’auto est stationnée devant un panneau d’interdiction …de stationner. Pas de doute, nous sommes en France !

…vous avez trouvé ? Nous sommes sur la Promenade des Anglais, à Nice bien sûr ! Cette artère, bordée de palmiers, symbolise bien la Riviera française.

Et puis, quoi de plus logique que de trouver des autos anglaises sur la route qui a pris ce nom en l’honneur de l’importante colonie d’Outre-Manche qui venait chaque hiver couler des jours heureux à Nice.

J’aime retranscrire dans mes vitrines l’univers des routes bordées d’arbres. La verticalité du tronc permet de construire des images différentes, où la miniature s’efface un peu face au décor.

J’ai été marqué par les artistes japonais et par l’utilisation qu’ils font des arbres,  et  autres structures verticales, qu’il s’agisse de peintres d’estampes ou de cinéastes comme Yasujiro Ozu.

Les fabricants de jouets n’ont pas été sensibles comme moi. Peu d’entre eux ont proposé des reproductions d’arbres qui viennent plutôt de fabricants de décors ferroviaires ou de figurines.

Siku est une exception et on peut remercier la marque d’avoir compris que les enfants aimaient aussi la verdure.

 

 

Mes premières leçons.

Mes premières leçons.

Cet après-midi, je suis dans mon abri de jardin où sont rangées mes archives. Je recherche des photos de voitures de course, plus précisément des cartes postales pour illustrer un blog.

Ces cartes postales de voitures de course ont été mon premier lien avec la collection.

Aux yeux de certains il est bien étrange ce comportement qui consiste à amasser des objets divers et sans utilité apparente.

Aujourd’hui, je recherche la photo d’une Chaparral, prise au Mans dans les esses du Tertre Rouge. C’est une carte postale que j’ai adorée lorsque j’étais adolescent.

Dans le carton étiqueté « archives personnelles collection », je suis attiré par un petit carnet à spirale de couleur verte. Un répertoire. Il s’agit de celui de de notre collection que j’avais pieusement conservé.

C’est le début modeste de ma vie de collectionneur qui est consigné là et qui défile devant mes yeux.

Je pense pourtant aux mots de Barbara dans sa chanson « Mon enfance » :

« Il ne faut jamais revenir aux temps cachés des souvenirs
Du temps béni de son enfance »

Fallait-il rouvrir ce carnet ? Tout me revient. Mes débuts. J’avais 11 ans en 1974 quand j’ai commencé ce répertoire. Mon père m’avait conseillé de noter tous les modèles que j’avais, afin d’avoir quelques éléments dans le futur, notamment la date et le prix d’achat.

J’ai continué et aujourd’hui encore, je consigne par écrit sur des fiches bristol tous mes achats, avec les mêmes critères qu’au début.

Même à la retraite, je n’aurai jamais le temps de tout reprendre dans un fichier informatique.

Je fais défiler les pages. L’écriture est celle d’un enfant. Apparaissent quelques Dinky Toys, des Mercury. Que des autos de course, bien sûr.

Les prix sont modestes, quelques dizaines de francs. Surgit soudain un modèle annoté d’un 750 francs. Autant dire que ce prix se détache nettement des autres.

Je me souviens très bien de ce modèle. Comment pourrait-il en être autrement ? 750 francs en novembre 1976. La scène est resté gravée à jamais.

C’était chez M. Scherpereel. Jusqu’à présent, lors de nos visites dominicales, je me concentrais sur la vitrine plate à l’entrée du magasin, ou mieux, celle dans le coin à droite. C’était en quelque sorte les vitrines des premiers prix.

Ce jour-là, mon père qui devait avoir en tête le prochain Noël, entama la conversation avec le commerçant. Cela faisait un an que nous venions de temps en temps acheter une miniature ou deux.

Mon père, qui a toujours été attiré par le beau, avait bien compris que la petite vitrine, derrière le commerçant, devait contenir les pièces rares. Le fait qu’elles soient en petit nombre, dans une vitrine en forme de calandre l’intriguait. .

Mon père avait bien sûr tout compris. Ce fut ma première leçon. Savoir où poser les yeux.

A sa demande, M. Scherpereel en sortit cette monoplace Auto Union de chez Märklin qui répondait parfaitement à nos critères de recherche et nous en expliqua tout l’intérêt.

Quand j’ai vu le prix, 750 francs, je crois que j’ai été gêné. Mais mon père ce jour-là franchit le cap.

Il l’acheta en me disant que ce serait mon cadeau de Noël, un peu comme pour justifier cette folie. Vu le niveau de notre collection à l’époque, c’en était une. Il ne savait pas qu’il venait de mettre le doigt dans un engrenage qui allait faire de la collection de miniatures notre passion, et plus tard mon métier. Quel destin quand j’y repense.

J’ai oublié les autres miniatures qui étaient dans cette vitrine ce jour là, sauf une. En bas à gauche.

C’était sûrement la miniature la plus récente de cette vitrine réservée aux modèles rares et anciens. Une étrange Dinky Toys. La boîte ne m’était pas familière. Elle intriguait. Il s’agissait d’une Triumph Vitesse fabriquée en Inde.

Un exemplaire du début de cette fabrication de Binns Road délocalisée en Inde. Une vraie Dinky Toys, et non une copie comme des ignorants ont pu le colporter. (voir le blog consacré à ce sujet) .

Dans l’euphorie de l’achat de l’Auto Union, moi qui étais pourtant réservé, j’ai demandé alors au marchand pourquoi cette Dinky Toys figurait dans cette vitrine. Il nous la sortit. Son prix me déçut. Je pensais que cette vitrine élitiste ne contenait que des modèles au prix élevé.

Ce fut la deuxième leçon du jour. Rareté et prix élevé sont deux choses bien différentes. M. Scherpereel, en plaçant cette rare miniature Dinky Toys de fabrication indienne à cet endroit voulait simplement attirer le regard des connaisseurs.

Je me souviens que ce modèle est resté très très longtemps à cet endroit, des années, ne trouvant pas preneur. J’y repense quelquefois, quand, moi aussi, j’essaie d’attirer l’attention sur un modèle peu fréquent, pas forcément très cher, mais que j’ai eu du mal à faire rentrer dans ma collection.

Il arrive que je ne trouve pas d’acheteur. Je repense alors à cette miniature indienne. Il est parfois difficile d’expliquer aux collectionneurs tout l’intérêt d’un modèle.

En 2020, une Auto Union monoplace 16 cylindres se négocie à des prix allant de 100 à 200 €. Une Dinky Toys indienne de première génération, 3 à 4 fois plus.

Cela m’amène à la troisième leçon du jour. Ecoutez toujours les gens qui ont de l’expérience. J’ai écouté religieusement ce que disaient M. Scherpereel, et d’autres anciens comme Charles Prieur. Et puis un jour, j’ai compris que j’étais mûr pour analyser, comprendre, évaluer un modèle.

Ces Dinky Toys indiennes de première génération, j’ai pu en obtenir en Grande-Bretagne, il y a fort longtemps. J’avais retenu la leçon. Le seul bémol résulte du fait qu’elles sont très fragiles. j’ai renoncé à certains achats à cause de la mauvaise tenue dans le temps de ce zamac de qualité médiocre. Cela contribue à leur conférer une rareté supplémentaire.

On appréciera la grande variété de couleurs. J’ai gardé aussi les Nicky Toys, qui sont venues ensuite, découlant de ces premières séries. Mais je n’ai jamais cherché à collectionner les couleurs de ces dernières.

Elles étaient très communes dans les années 80, alors que les Dinky Toys indiennes elles, étaient déjà rares. Cela M. Scherpereel le savait, lui qui avait placé la Triumph Vitesse à cet endroit pour éveiller la curiosité que doit avoir tout collectionneur.

démesure

Démesure.

Le jeune homme est agenouillé. Il regarde son reflet dans l’eau. C’est un tableau attribué au Caravage qui représente Narcisse. Vous savez, ce jeune homme qui tombe amoureux de sa propre image.

Le Caravage Narcisse
Le Caravage Narcisse

Pas besoin d’une flaque d’eau pour voir se refléter la personnalité d’un collectionneur. La façon de disposer une collection renseigne sur les goûts et les choix de son propriétaire. Les vitrines parlent d’elles-mêmes.

Mon père avait une grande maison. Il avait mis un point d’honneur à mettre sa collection en valeur et à l’exposer en vitrine.

Il était primordial pour lui de la voir afin de l’apprécier pleinement.

Il n’y eut pas de jour sans qu’il aille la regarder.  Parfois, il évoquait un modèle redécouvert quelques jours plus tôt, et me rappelait combien son acquisition nous avait donné du fil à retordre.

Après avoir déménagé en appartement, il avait tenu à conserver une très grande vitrine. C’était pour lui un lien indispensable avec son passé de collectionneur.

Notre collection était ordonnancée par zone géographique de fabrication, puis à l’intérieur de chacune d’elles, par fabricant. Nous reprenions en cela la classification en vigueur dans les ouvrages de M. Nakajima dont nous avions apprécié la pertinence.

Les jouets ont une identité visuelle. II me semble que l’on apprécie mieux les petites marques anglaises ou françaises quand les jouets de ces pays sont rassemblés.

Nous avions quelques particularités de classement. Nous avions mis à part les modèles représentant notre premier centre d’intérêt : les autos de course et de record.

Les exceptions de classement sont un point commun à de nombreux collectionneurs, il y a toujours un moment où l’affect prime la logique.

Médaille souvenir du musée Schlumph offerte par mon frère !
Médaille souvenir du musée Schlumph offerte par mon frère !

Ce soir je suis à Mulhouse avec mon frère,  afin de participer demain à la manifestation de jouets anciens. En passant cet après-midi devant le musée Schlumpf je me suis souvenu qu’avec mon père, nous l’avions visité ensemble, en 1982, dès son ouverture au public, à l’occasion de notre venue pour cette même bourse d’échange.

La visite de ce musée a marqué mon père pour la vie. Combien de fois, plus tard, lors de nos lointains déplacements, ne m’en a -t’-il pas reparlé.

La collection Schlumpf a été constituée principalement de 1960 à 1967, les deux frères achetant environ une centaine d’autos par an. On peut y voir une forme de boulimie. Ensuite, ils se sont principalement consacrés à les faire restaurer. Durant cette même période, ils vont acquérir en 1963 le fonds Bugatti constitué de pièces détachées, de documentation, de machines, de prototypes mais aussi de la Royale d’Ettore Bugatti.

Vous connaissez tous la suite de cette saga. Ceci est une autre histoire.

Mon père avait été marqué par la façon dont ces deux frères avaient constitué leur collection, par l’idée qu’une collection peut s’étendre à l’infini, dans une logique qui n’appartient qu’à la personne qui l’a constituée. Et surtout par la volonté de rechercher le beau et le rare, sans se fixer aucune limite, dans une forme de démesure.

Cette démesure, elle peut se traduire par le véhicule que je vais vous présenter ce jour. C’est un camion plateau  White  des années 1930  chargé d’un  container portant la publicité « Adam » produit par Micro au Danemark.

Le modèle est injecté en plomb soufflé. Il est constitué de deux parties : le camion, monobloc avec son plateau sur lequel est gravé le nom du fabricant danois « Micro » et le container qui s’emboîte sur le plateau.

On peut, à travers cet exemple, essayer d’appréhender notre approche de la collection.

Pour pouvoir continuer à enrichir notre collection de Tekno publicitaires (Volkswagen, Ford et autres Volvo)  nous avions décidé, assez tôt, dans les années 80, d’aller en Scandinavie. Sur place, nous avons d’abord pu nouer des contacts, repérer dans des collections les modèles que nous recherchions. Il nous fallut bien du temps pour les acquérir. Ce ne fut pas facile.

Nous avons profité de ces voyages pour commencer à rassembler notamment, les couleurs de voitures Tekno, les Vilmer et surtout les modèles d’avant-guerre.

Nous avons su saisir les opportunités qui s’offraient à nous pour élargir notre collection.

Et c’est cette volonté de saisir toute opportunité qui a en partie permis l’étendue de notre collection.

Ainsi nous nous sommes mis très tôt à rechercher les Birk et les Micro d’avant-guerre. Les modèles s’échangeaient déjà sur des bases élevées. Les bus et tout l’univers des transports en commun forment un ensemble assez exceptionnel, de par la qualité d’exécution des jouets et la diversité des reproductions.(voir le blog consacré aux cars Micro)

Je resterai marqué à vie par la visite du musée des transports en commun de Copenhague où j’ai pu contempler à l’échelle 1 les modèles qui étaient dans nos vitrines.

Puis ce fut le premier plateau porte-containers aux couleurs Adam. Le nom de cette firme nous était familier.

Il s’agissait d’une importante firme de déménagement danoise. Tekno avait réalisé trois déclinaisons de Volkswagen Kombi à usage promotionnel, toutes très rares.

Les modèles Micro ont beaucoup de charme. Les collectionneurs des années 70-80 comme Marco Bossi ont voué un véritable culte à ces jouets. Nous autres, jeunes amateurs, avons bien enregistré la leçon de nos maîtres.

Si on replace ce type de produits à l’époque où il fut commercialisé, au milieu des années trente, on comprend que la firme Micro n’avait pas à rougir devant les Dinky Toys d’avant guerre, firme qui était alors très représentée au Danemark. (voir un blog sur les camionnettes de la série 28)

Ce camion Micro a beaucoup de charme. Cela tient à sa conception, sa taille imposante et bien sûr sa finition bicolore et son inscription Adam au pochoir.

Alors, quand un second exemplaire, dans une autre livrée se présenta à l’achat, pourquoi s’en priver ! puis ce fut un troisième, un quatrième.

En quelques trente ans nous en avons trouvé 7. A un moment, cela devient comme un jeu. On se demande combien de combinaisons de couleurs Micro a pu réaliser. On se dit que c’est le dernier et que l’on est arrivé au bout. Le dernier exemplaire rentré dans notre collection, (bleu pâle et jaune), je l’ ai acquis quelques jours après le décès de mon père.

C’est même le premier modèle que j’ai acheté après son départ. Autant dire que je le considère comme un maillon spécial de ma collection. Il a une valeur symbolique. Désormais, je reste persuadé qu’il y a d’autres couleurs. Peut-être d’ailleurs avez-vous une combinaison de couleurs que nous n’avons pas ?

Voilà ce qui fait le charme de la collection. Vous partez en Scandinavie pour des Tekno. Vous revenez avec des Micro. Trente- cinq ans après vous avez décliné 7 versions d’un même modèle. Démesure.

La fée verte

La fée verte.

« Où se gareront les voitures ? Il y en a déjà beaucoup moins et il y en aura de moins en moins.  » C’est en ces termes que la maire de Paris, Anne Hidalgo répond à un ensemble de journalistes du journal  » Le Parisien dimanche  » le 12 janvier 2020.

J’ai apprécié  la concision de cette réponse. A l’école, le maître me reprochait souvent de faire des réponses manquant de clarté et de cohérence. Avec le temps j’ai appris à synthétiser. La maire de Paris maîtrise donc parfaitement cet art. Comment faire plus simple ?

Pourtant, moi qui tous les jours fait mes trente kilomètres de vélo, par toute saison, je n’ai pas eu l’impression qu’il y avait moins de circulation. Plus d’embouteillages, cela est certain. Il faut peut-être faire la différence, certes subtile, entre le nombre d’autos dans Paris et le nombre d’embouteillages.

Ces propos simples, empreints de certitude, exempts de toute explication pourraient avoir été tenus par un enfant.

Le collectionneur de jouets anciens qui a gardé un coté rêveur ne peut que les apprécier. Il suffit peut-être d’y croire très fort pour que cela se réalise, comme dans les contes pour enfants.

Nous connaissons tous la fée bleue de Pinocchio. Mais la fée bleue étant associée à l’électricité, il m’a semblé inutile de revenir sur le fiasco des Autolib’ et des Velib’.

Non, il faut savoir oublier les expériences malheureuses et aller de l’avant. Par contre, le surnom de fée verte me paraît tout indiqué pour notre candidate à sa succession.

D’ailleurs le ton est donné sur la prochaine affiche des municipales de 2020. Les journalistes décrivent ainsi l’affiche :  » un sourire franc, de multiples nuances de vert (et non de rose)…. »

Il faut au moins être une fée pour faire disparaître d’un coup de baguette magique les automobiles de Paris, quand, faute d’arguments on ne peut que se persuader qu’ « il y en a déjà beaucoup moins et il y en aura de moins en moins». C’est la fameuse méthode Coué.

Ainsi, collectionneurs, clients, touristes qui essayaient de circuler en auto dans Paris, dès le prochain embouteillage, persuadez-vous qu’il y a de moins en moins d’autos, que tout va s’arranger, et que ce n’est qu’un mauvais moment à passer. Répétez le dix fois, cent fois, comme un mantra, vous vous sentirez mieux.

Madame la maire a d’ailleurs bien fait les choses. Si vous n’avancez pas, pour passer le temps, voire pour profiter d’une petite sieste réparatrice, vous pouvez compter les moutons.

Pendant quelque temps elle a en effet installé de superbes spécimens le long du périphérique. Leur mission consistait à entretenir l’herbe de manière écologique. Plus besoin de tracteurs, tondeuses ou désherbant.

Accessoirement, les gentils moutons pouvaient occuper les automobilistes ( et les enfants des automobilistes) coincés dans les embouteillages. Un coup de baguette magique ou une intervention de la SPA les aura fait disparaître.

Sinon que faire des autos ? Les journalistes qui étaient pourtant quatre n’ont pas pensé à lui demander.

Dommage. Par contre, j’ai trouvé l’éditorial maladroit de la part d’un journaliste qui présente un candidat qui se targue de bouter les autos hors de Paris.

Intituler cet édito « Sur les chapeaux de roue»…quand on connaît la vitesse moyenne pour traverser Paris, est-ce une bonne idée ?

Et fallait-il poursuivre : « Anne Hidalgo a mis la clé de contact. En route pour le 15 mars 2020 ».

Ah bon, Madame le maire se déplace en auto dans Paris? moi, je pensais qu’elle prenait son vélo ! Comme quoi, un siècle d’automobile dans Paris ne s’efface pas d’un coup de baguette magique. Les réflexes sont là et l’automobile encore bien présente dans nos pensées et notre langage.

Finalement, les autos préférées de la Maire de Paris sont sans doute les reproductions miniatures. Elles ne gênent personne, elles ne polluent pas et ne font pas de bruit.

J’ai donc préparé un échantillon de miniatures automobiles de couleur verte, allant du vert pâle au vert foncé, de vélos et de feux rouges qui ces dernières années, ont poussé comme des champignons.

Sur des rails

Sur des rails.

A travers la collections de jouets, c’est le monde perdu de l’enfance que nous cherchons tous.

Mes plus grandes émotions de gamin sont toujours arrivées à un moment inattendu : non pas devant les vitrines d’un magasin de jouets, mais dans un hall de gare, devant une maquette de locomotive de chez Arma, dans une agence de voyage qui exposait une reproduction de Caravelle, et même devant les auto-écoles qui n’hésitaient pas à mettre en vitrine des Dinky Toys Simca Aronde ou des tractions en 1970.

Je vous rassure, l’auto-école utilisait des Peugeot 204 ou des Simca 1000 pour former ses jeunes conducteurs.

Le temps semblait s’être arrêté avec ces objets en place depuis des années, au même endroit. C’était une époque où tout allait moins vite, Il fallait du temps pour qu’un objet se démode. Mais un regard de collectionneur trouvait de l’intérêt à ces modèles.

Vous avez tous connu cela.

Dernièrement, à la très réussie bourse d’échange d’Orléans, mon regard a été attiré par un wagon porte-autos. Rien d’extraordinaire en soi.

En fait, c’est le souvenir d’ une vieille photographie de presse en noir et blanc sur laquelle figurait ce même wagon et qu’un client m’avait montrée il y a quelques années, qui a éveillé ma curiosité. Il n’y aucun doute sur le fait qu’elle émanait d’un photographe professionnel. Il s’agissait du genre de cliché commandé par la SNCF pour être ensuite diffusé dans la presse.

On y voyait une somptueuse et très détaillée maquette de wagon porte-voitures à deux étages de la STVA, garnie de miniatures Dinky Toys. C’était, bien sûr, le chargement de Dinky Toys qui avait incité le collectionneur à me montrer le cliché.

Plus tard François Laurent trouva d’autres clichés, en couleur  cette fois d’un wagon reproduit à une échelle supérieure. Le wagon était en effet garni de Renault 4cv de chez C-I-J  et de Citroên 2cv camionnette  JRD en tôle .

J’ai tout de suite fait le lien entre  cet objet trônant sur la table d’un marchand et ces photos.

 Le wagon était fabriqué par Arma, petite société de maquettes implantée dans Paris même. Cette firme avait une spécialité, les maquettes destinées à la SNCF : motrices et wagons. Plusieurs échelles de reproduction ont été utilisées.

L’échelle la plus fréquente était celle du 1/43, dite « O » chez les collectionneurs de matériels de chemin de fer. Il faut toujours avoir en mémoire que l’échelle de reproduction choisie par Meccano pour ses miniatures  Dinky Toys ne doit rien au hasard.

Les trains Hornby étant apparus bien avant les miniatures automobiles, Meccano s’est adapté à leur échelle. Les automobiles faisaient partie du décor, au même titre que les personnages et autres petits accessoires. Il ne faut jamais oublier cette histoire, elle a déterminé l’échelle de nos miniatures.

Ce wagon est donc au 1/43. La qualité de reproduction de ce dernier est exceptionnelle. C’est une vraie maquette bénéficiant d’une finition main.

Arma a utilisé du laiton pour façonner les plateaux. Le wagon est positionné sur un socle figurant des rails. Un tampon Arma indiquant l’adresse de la firme figure sur ce socle. Pas de doute c’est un travail de professionnel.

S’il n’y avait les Dinky Toys, la photo en noir et blanc pourrait presque laisser croire à la photo d’un vrai wagon !

Les miniatures ne sont pas au même degré de finition que le wagon. C’est aussi ce qui confère un charme à l’ensemble. L’amateur de variantes aura vite fait de détecter une curieuse monte de pneus. 

Les sept Dinky Toys sont équipées de pneus en nylon avec marquage Dunlop. Je n’ai jamais vu la 403 ainsi équipée en série. De plus la Citroën 2cv Azam est montée avec pneus nylon blancs. Elle est connue avec des pneus caoutchouc blancs, crantés, mais pas ainsi.

Il se peut qu’Arma ait équipé tous les modèles de pneus nylon, afin de rendre les miniatures plus réalistes. Ces pneus étaient en vente chez les revendeurs. A l’époque il n’était pas difficile de s’en procurer.

Laurent Sockeel, éminent spécialiste de matériel ferroviaire et marchand m’a indiqué en avoir déjà eu deux autres.

La vue du wagon a aussi réveillé des souvenirs auprès de certains clients. Ces maquettes Arma étaient exposés dans les agences SNCF, les grandes gares ou dans les bureaux de la direction. Elles animaient les halls. Elles devaient susciter la convoitise des enfants.. et des collectionneurs.