Archives de catégorie : camions

Où allons-nous ?

Où allons-nous ?

La mention « simple, robuste et bien français, ces deux derniers mots soulignés, sur la publicité, ne manque pas de questionner.

C’est ainsi que Renault présente en 1950, son nouveau tracteur agricole.

Il faut flatter le sentiment national dans cette période d’après -guerre. Pour les concurrents étrangers de Renault, au regard des perspectives de ventes, le marché du tracteur en France est perçu comme un Eldorado. La France est en retard dans la mécanisation des outils agricoles. Tout est à faire. Les concurrents, allemands notamment, sont aux aguets. Cette mention sur la publicité est loin d’être anodine. La perspective du traité de Rome en 1957, avec l’union douanière et la libre circulation des biens s’apparente à une menace pour les petits fabricants nationaux de tracteurs, français, allemands ou italiens.

D’ailleurs en 1962, la régie Renault va acquérir la branche agricole de Porsche, « Porsche Diesel ». La Régie profitera de cette ouverture pour exporter en Allemagne ses tracteurs. C’est à cette occasion qu’une partie de la production des tracteurs Renault passera du traditionnel orange au rouge.

Jean-Marc Bougan, amateur de miniatures agricoles m’avait raconté que Porsche était fort implanté en Alsace. Renault avait donc choisi, pour une partie de sa production, de reprendre la couleur des tracteurs Porsche, le rouge, afin de ne pas déboussoler une clientèle fidèle. Je ne sais si cet artifice a suffi à rassurer.

Parallèlement, Renault modifie l’orange de sa production initiale. Il s’éclaircit pour devenir saumon. Ses concurrents français, Vendeuvre et surtout Someca, le bras armé de la Fiat dans le secteur agricole avaient également choisi l’orange comme identifiant visuel. En modifiant sa teinte initiale, Renault se démarque de ses concurrents.

C-I-J s’adaptera à la réalité. Une partie de ses tracteurs miniatures sera finie de couleur rouge et l’autre de couleur saumon. La firme de Briare s’adaptera également en modifiant les faces avant (radiateur et plaque d’immatriculation). Ces modèles sont peu fréquents et souffrent souvent de métal fatigue.

Les miniatures promotionnelles de tracteurs allemands ne risquent pas, elles, de connaitre ce type de problème. Elles sont toutes injectées en plastique.

Du moins dans la période contemporaine à ces années-là (1950-1965). On peut y voir deux raisons : la grande maîtrise technique de cette matière par les industriels allemands, et le faible coût de revient, ce qui a son importance pour un objet promotionnel.

Au gré de mes voyages en Allemagne, j’ai donc constitué un petit ensemble de tracteurs, avec leur boîte promotionnelle souvent très évocatrices d’une atmosphère. D’un constructeur à l’autre, elles varient, et donnent une indication sur le message envoyé par ce dernier.

L’échelle de reproduction, tourne autour du 1/32, au diapason de ce qui se faisait en France. Encore une fois, ce sont les figurines agricoles qui ont déterminé celle des tracteurs miniatures. Il y a quelques exceptions, le Hanomag et le Fahr de chez Wiking.

Un constat s’impose en voyant ces marques qui étaient encore présentes dans ces années cinquante-soixante, c’est qu’elles ont pratiquement toutes disparues. Elles ont été victimes de restructurations et de regroupements, pour finir au sein d’un groupe de stature mondiale comme John Deere ou New Holland. C’est un exemple de la mondialisation qui n’épargne que peu de domaines économiques.

Des Société Française Vierzon ou des Hanomag, des Renault ou des Lanz, il nous reste ces merveilleuses maquettes promotionnelles. Elles avaient vocation à fidéliser la clientèle. Elles devaient aussi faire rêver l’enfant qui était censé reprendre l’exploitation afin qu’il se souvienne, le moment venu, combien il avait aimé son Hanomag 55 ou son Lanz Bulldog identique à celui du père.

Le titre cette série de trois blogs n’est autre que celui d’une toile de très grand format peinte par Paul Gaugin   » D’où venons-nous? que sommes-nous ?où allons-nous ? ».

Cette oeuvre de Paul Gaugin résume les trois âges de la vie sur une même surface. Il m’est apparu comme une évidence pour décrire la mutation de la civilisation française et l’exode rural du siècle dernier, la lente mécanisation du monde agricole et enfin la disparition des constructeurs de tracteurs de taille moyenne au profit de quelques géants du secteur. Le tout vu par le prisme de la production des jouets agricoles .

Je vous invite à les lire dans l’ordre.

« D’où venons nous ? »  premier épisode

« Que sommes nous? »second épisode

les rois du béton

Les rois du béton.

Le message d’un lecteur allemand, M. Herman Hirsch m’a conduit à imaginer une suite au blog sur les camions toupie.

Il m’a fait parvenir une vidéo consacrée à la construction du pavillon Le Corbusier à Zürich où l’on aperçoit les beaux camions Scania qui ont participé à sa réalisation. Il avait rapproché ces images de celles du blog que j’avais consacrée à ces camions, et leur site de prédilection : les chantiers (voir le blog consacré aux Scania ). Il faut dire que, par sa profession M. Hirsch est un familier des chantiers.

Le béton que les camions toupies/malaxeurs permettent de transporter jusqu’aux chantiers de construction est fabriqué dans des centrales qui utilisent comme liant du ciment. Ces centrales à béton sont ravitaillées par des camions dont les cuves peuvent adopter différentes formes. Les camions de transport de ciment à deux cuves sphériques semblent avoir été particulièrement populaires en Scandinavie dans les années cinquante.

Le fabricant danois Vilmer est le premier à offrir aux enfants une reproduction de ce type de véhicule. Cela semble confirmer l’intérêt des enfants  celui-ci.

Vilmer a probablement été motivé par la volonté de s’approprier une nouveauté ainsi que par l’originalité du véhicule. Le côté ludique de la toupie a disparu. Vilmer a réutilisé les deux camions qu’il avait auparavant équipés d’une toupie : le Chevrolet et le Bedford.  Ce choix donne au jouet une touche de modernité.

Tekno va lui emboîter le pas quelques années plus tard avec son superbe Scania 76. Il faut dire que ce camion semble aussi à l’aise sur les parcours internationaux que sur les chantiers.

Dans ses campagnes publicitaires, Scania associera cette image des chantiers à celle de son camion : benne, ridelles, transport de poutres de béton et bien sûr transport de béton.

Tekno va astucieusement adapter son châssis existant, en créant quelques accessoires, deux boules, une petite échelle, un compresseur et le tour est joué. Elle concevra ses cuves en deux parties, afin d’installer un système de vidange monté sur ressort. La dimension du véhicule (sa hauteur) la contraindra cependant à réaliser un boîtage particulier.

Scania se servira de ce jouet pour son usage promotionnel. Le nom du constructeur apparaît sur les cuves. Il existe plusieurs finitions de couleurs. Celle avec les cuves orange est peu fréquente.

La version la plus commune, « InterConsult », présente une harmonie de couleurs très réussie.

Deux déclinaisons sont nettement plus rares et semblent, dans un premier temps tout du moins, avoir été destinées à un usage promotionnel. C’est le cas du « Dansk cement central » de couleur grise et du très beau « Gulhogens » suédois et sa finition jaune d’or et argent.

Ce type de véhicule semble avoir passionné nos amis danois. Il faut croire que les ventes étaient au rendez-vous.

Vilmer va surenchérir et proposer une reproduction d’un autre moyen de transport du béton « frais » : des cuves ouvertes montées sur vérin pour la vidange. C’est la simplicité du montage qui a dû encourager Vilmer dans cette réalisation. Or cette simplicité est relative : Vilmer a utilisé un châssis nu de Volvo N88 sur lequel le bureau d’étude a greffé un ensemble constitué d’un bac monté sur deux vérins. L’ensemble est fort harmonieux et les belles décorations finissent de crédibiliser le montage.

Il y a peu, j’ai fait une découverte fort intéressante. Une remorque sur laquelle était installé ce même système de transport de béton et qui était destinée à la version « Cro Beton » à Koge au Danemark. Elle est d’origine sans aucun doute. Vilmer avait pour habitude de proposer sur sa série de Volvo une remorque pour certaines déclinaisons (bâché,citerne, plateau…) . L’ensemble a belle allure.

Aucun pays producteur de miniatures ne proposera autant de véhicules dédiés au transport de béton et de ciment. Ils sont peu fréquents chez nos fabricant hexagonaux (Norev, France Jouet, C-I-J …) .

Et pour rendre un juste hommage à Herman Hirsch signalons que ce dernier avait été à l’origine d’un autre blog il y a quelques années. (voir le blog « Viele Dank »)

 

C’est béton !

C’est béton !

La photo est troublante. Elle interroge. C’est le but d’une oeuvre d’art. Elle a été prise par Marc Riboud et s’intitule « High court, bâtiment conçu par Le Corbusier ».

Marc Riboud High Court, bâtiment conçu par Le Corbusier, Chandigarh, 1956
Marc Riboud High Court, bâtiment conçu par Le Corbusier, Chandigarh, 1956

L’homme au centre de la photo porte un turban et une barbe grise. Dans notre imagerie occidentale on associe cette représentation à celle d’un habitant de l’Inde. Cette tenue séculaire contraste avec la structure en béton, moderne, située derrière lui. Nous sommes en 1956.

Le Caravage La vocation de Saint Matthieu
Le Caravage La vocation de Saint Matthieu

Un rayon de soleil illumine en diagonale le bâtiment, rappelant le trait de lumière traversant la célèbre toile du Caravage, la vocation de Saint Mathieu. On pourrait interpréter celui de la photo comme une approbation céleste de l’architecte et du matériau.

L’homme est connu. Il s’agit de Charles-Edouard Jeanneret, plus connu sous le nom de Le Corbusier. Avec Oscar Niemeyer, ils ont marqué l’histoire de l’architecture moderne. L’utilisation comme « matière première » du béton caractérise leurs bâtiments et même leurs villes, Chandigarh pour le premier et Brasilia pour le second.

La reconstruction après la seconde guerre a fait la part belle à ce matériau. Le béton a longtemps véhiculé une image négative. Les premiers défenseurs de la nature s’inquiétaient de son omniprésence dans la ville au détriment des espaces verts.

Cinéastes, écrivains, chanteurs, tous ont, à travers leur travail alerté les citadins. Cette prise de conscience a pris de l’ampleur après les mouvements sociaux de la fin des années soixante. Ceux qui sont de ma génération ont été bercés par le disque de Maxime Le Forestier « Mon frère » et de sa chanson « Comme un arbre »:

Entre béton et bitume

Pour pousser je me débats

Mais mes branches volent bas

Si près des autos qui fument

Entre béton et bitume

 

Depuis l’arrivée d’Anne Hidalgo à la mairie de Paris, les chantiers se sont multipliés. Aux quatre coins des rues, des blocs en béton censés délimiter les restrictions de chaussée ont surgi. Ils demeurent, ici et là, abandonnés, comme les jouets d’un enfant qui aurait oublié de ranger sa chambre.

Un de mes instituteurs disait « finissez d’abord ce que vous avez commencé avant d’entreprendre autre chose ». La leçon est oubliée, à Paris, le « temporaire » a fait place à du « définitif ».

Cependant, un affichage de la municipalité m’a fait réfléchir. La ville de Paris a en effet lancé une opération nommée « Rencontre inattendue ». Cela consiste à fondre dans la ville près de 80 oeuvres d’art dans les lieux du quotidien. Tout s’est éclairé : ces blocs de béton sont peut être à percevoir différemment.

"rencontres inattendues" Ville de Paris
« rencontres inattendues » Ville de Paris

Leur disposition, leurs tags, leurs formes contrariées, leurs brisures, leur saleté participent sans doute à ce que l’on nomme une « performance artistique ». D’ailleurs, rue de Rivoli, devant le musée du Louvre ils sont là, distants de quelques centaine de mètres chacun. Participent-ils au plaisir de la visite de ce lieu culturel ?

Même lorsqu’elle omniprésente il est bien difficile de s’habituer à la laideur.

Il faut être un artiste pour donner une âme au béton.

Et il faut avoir une âme d’enfant pour apprécier les reproductions de véhicules transportant ce matériau.

Dans la réalité, le camion toupie est associé à l’image des chantiers et des camions maculés de boue. Malgré ces clichés défavorables, les fabricants ont su rendre attractif ce type de jouet. Ils ont paré les toupies de couleurs chamarrées, donnant à ces accessoires des allures de fêtes foraines. Ils ont ajouté une fonction ludique en installant une crémaillère qui permet le basculement de la toupie.

Une fois encore, je me suis aperçu de ce que l’on devait aux fabricants de jouets danois, passés maitres dans ce type de jouet. (voir le blues de la police). Micro et Birk , les deux grandes firmes danoises d’avant-guerre ont mis à leur catalogue un camion toupie.

Birk s’est servi du châssis et de la calandre communs à tous les modèles de la gamme, et n’a créé que la carrosserie spécifique.

Quand à lui, Micro a créé de toute pièce un moule. Dans les deux cas les toupies ont été injectées séparément et ont reçu une peinture qui contraste avec celle de la carrosserie. Micro a poussé le luxe jusqu’à une  finition bicolore du plus bel effet. Elles sont articulées, permettant à l’enfant de simuler leur vidange. Les deux fabricants ont pris soin de mouler une goulotte, l’accessoire permettant de canaliser le béton lors de la vidange de la toupie.

Après-guerre, Tekno et Vilmer proposeront de nombreuses déclinaisons de ce type de camions. On peut y voir une forme de surenchère entre ces deux firmes danoises.

Avec son beau Ford V8, Tekno ouvre le bal. Une manivelle permet à l’enfant d’orienter la toupie. Une innovation apparait sur ce jouet : la goulotte est orientable et amovible. C’est une réussite. Les couleurs choisies sont harmonieuses, joyeuses, loin des clichés liés au travail pénible et boueux des chantiers.

Il faut croire que ce type de véhicule rencontra le succès car Tekno, dans sa gamme de camions Dodge réduite au 1/60, déclinera également une version toupie malgré le coût de la création de cet accessoire. Du fait de sa dimension (hauteur), il ne pourra être placé dans le beau coffret de montage que Tekno distribua pour écouler une partie de sa production.

Vilmer, autre grand fabricant danois d’après-guerre, lui emboitera le pas avec son Chevrolet. Une déclinaison toupie sera créée, dans la veine du Tekno, dotée de caractéristiques similaires. Vilmer accentuera le côté ludique en affublant sa toupie d’une décalcomanie multicolore qui donne à l’objet une allure de toupie de parquet.

La première série sera équipée d’une direction que l’enfant actionnait depuis une roue de secours placée sur le pavillon. Plus tard Vilmer supprimera cet accessoire et dotera son jouet de suspensions.

Astucieusement, Vilmer a conçu un autre camion, un Bedford type S, sur lequel la toupie initialement conçue pour le Chevrolet s’adapte sans problème. Ce Bedford sera décliné en deux versions, châssis court (à essieu simple) ou long (double essieu).

A l’arrivée le collectionneur se retrouve avec une flotte de toupies pouvant constituer un thème à elle seule. Nous verrons dans le prochain épisode comment les nouvelles méthodes de transport du béton apparues au milieu des années cinquante, dans des cuves sphériques puis dans des bacs, ont donné l’occasion aux fabricants scandinaves de montrer leur savoir-faire en proposant des reproductions de ce type de camions.

Je dédicace ce blog à monsieur Herman Hirsch, fidèle lecteur germanique.

Le mal-aimé.

Le mal-aimé

Un gamin. Avec ses cheveux ébouriffés, il semble se réjouir de la bonne farce qu’il vient de jouer. Parfois le sourire peut virer aux larmes quand on n’a pas bien mesuré les répercussions de sa blague. L’enfance est apprentissage.

C’est l’image qui m’est venue à l’esprit lorsque j’ai vu le Premier Ministre britannique présenter ses voeux pour 2020.

Enfin débarrassé de l’Europe et de Bruxelles, semble-t-il dire.

Il tente dans son allocution de communiquer son enthousiasme à ses compatriotes : « “A fantastic year and a remarkable decade for our United Kingdom”.

Malgré cela, cette année 2020 a été particulièrement difficile pour nos voisins britanniques, entre l’impréparation du Brexit et la crise sanitaire.

Le Premier Ministre fanfaronnait encore début mars dans une conférence de presse « J’étais en visite dans un hôpital où il y avait des patients du Covid et vous serez contents de savoir que j’ai serré les mains à tout le monde » (source Le Monde 12/01/2021 article d’Eric Albert) avant de se retrouver plus tard durant 3 jours en soins intensifs, soigné par des infirmiers étrangers.

Comme le rappelle le journaliste, ceux-là mêmes qui pourraient bien avoir du mal en 2021 à obtenir un visa pour travailler en Grande-Bretagne. Avis de tempête annoncé.

En tant qu’Européens « continentaux », nous voyons dans ce type de comportement au pire, une forme d’arrogance, au mieux une singularité britannique.

Singularité c’est le mot qui me vient à l’esprit. Durant toute ma scolarité, on ma expliqué que nos voisins britanniques ne faisaient rien comme les autres : système de mesure, prises électriques, sens de circulation sur les routes et maintenant claviers d’ordinateurs !

A travers nos collections de jouets nous mesurons aussi cette singularité. La production de Dinky Toys Liverpool est révélatrice plus qu’aucune autre de cet état de fait.

Corgi Toys et Matchbox ont su garder juste ce qu’il faut de singularité britannique dans leur gamme et ont pu ainsi se développer dans le monde entier de façon durable.

 

Les camions anglais équipés d’une calandre en forme de fer à cheval, type Guy ou Foden MK1 ont le charme du passé. Si les marques européennes ont modernisé leur gamme après la seconde guerre mondiale, les anglais sont restés eux très conservateurs. Un Foden MK2 en 1955 semble venir d’un autre âge par rapport aux Mercedes, Volvo, Scania ou Berliet de la même époque.

 

 

Une question me taraude : comment Hudson Dobson a-t-il pu vendre aux USA des Foden type 1, fer de lance des catalogues Dinky Toys de l’après-guerre ?

Jusqu’en 1951-52, afin de faire rentrer des devises, l’exportation vers les USA a été le débouché commercial principal de Binns Road, en attendant que le pays se relève et que la consommation britannique reparte.

Aux USA, ces Foden devaient sembler venir d’une autre planète. Comment les enfants habitués à voir des Mack, Autocar et autres tracteurs à long capot sillonner les highways ont-ils pu accepter de jouer avec des camions porteurs, habillés d’une cabine avancée et équipés de châssis à 4 essieux ?

Ces Foden sont adulés en Grande-Bretagne, comme les Leyland Octopus. Ce sont « leurs camions ».

En fait c’est surtout le type de carrosserie à 4 essieux qui emporte l’adhésion, plus que le nom du constructeur. Nous retrouvons chez les amateurs de Spot-On le même engouement pour les 4 essieux qu’ils soient badgés AEC Mammoth ou ERF 88G.

Il suffit de voir la cote élevée de ces camions à 4 essieux par rapport aux autres, les porteurs simples ou tracteurs semi-remorque pour s’en persuader.

Lorsque nous avons abordé la collection de poids lourds Dinky Toys, nous avons été fort surpris de voir que l’échelle de prix échappait à une certaine logique, qui veut que le prix soit fait en fonction de la rareté et de la demande.

Un Foden MK1 plateau de couleur classique valait beaucoup plus qu’un Leyland Comet rare. Ainsi je me souviens fort bien de l’acquisition du très rare Leyland Comet rouge et bleu aux enchères.

Il reprend la couleur du prototype Austin ridelles qui n’a jamais vu le jour. C’était le premier exemplaire que je voyais, j’avais fait le voyage en Angleterre en grande partie pour l’acquérir, et il fit ce jour là moins cher que tous les Foden Type 1 que l’on voyait pourtant quasiment à chaque vente.

Dans la gamme Dinky Toys, un autre camion bénéficie d’une belle cote d’amour : le Guy, avec sa cabine typée. Sa cote est cependant inférieure à celle des fameux 4 essieux. Le mal-aimé dans cette série de camions, c’est le Leyland Comet !

En y réfléchissant, je ne vois qu’une explication. Trop banal ! pas assez « British » ! Avec son capot long , il ressemble un peu trop aux véhicules européens. Pourtant, il est beau ce Leyland Comet. Je le trouve même majestueux. Sa dimension le place dans les « gros » camions, de la gamme Supertoys. Son empattement long peut déplaire à certains.

Dinky Toys a proposé trois carrosseries afin d’amortir son moule. Ces trois carrosseries sont plus élaborées que celles qui équipent les camions décrits précédemment : la version plateau est habillée de panneaux latéraux verticaux. La version ridelles est équipée d’un hayon mobile et enfin la troisième version est équipée de ridelles ajourées réalisées en tôle épaisse.

Le plateau n’est connu qu’en Portland Cement. Il est fort réussi. Au fil de la production sa couleur jaune évoluera, pour finir dans une nuance plus pâle. Binns Road aurait sans doute gagné à fournir un chargement de sacs de ciment. Le plateau qui équipe le Guy a été calculé pour recevoir le cadre en bois provenant de la gamme Hornby. L’absence de publicité laisse libre cours à l’imagination de l’enfant dans son utilisation ludique. Ce n’est pas le cas avec le Comet et sa publicité « Porland Cement » qui a sûrement bridé son utilisation auprès des enfants.

Celui équipé de ridelles hautes a reçu plusieurs combinaisons de couleurs. Il a d’abord repris la teinte du prototype Austin, prouvant bien que cette harmonie avait plu à la direction. C’est la couleur rare.

Une autre combinaison de couleurs est rare, celle finie en bleu foncé avec les ridelles bleu clair. Très rapidement le bleu layette sera remplacé par un bleu soutenu. Comme mon ami Charles, j’aime ce camion et je n’ai pas hésité à rechercher les variantes de couleurs …de jantes !

Ainsi, celui très classique ayant deux tons de bleu, prend un intérêt supplémentaire si il possède des jantes de couleur crème, rouge et mieux encore jaune. Bien souvent ces variantes correspondent à un moment particulier de la production. Elles possèdent donc des nuances de bleu différentes tout comme la version équipé de la ridelle ajourée.

Les premiers exemplaires  de ce dernier sont finis en bleu, allant du bleu  de saxe au bleu violine et sont équipés d’une caisse couleur caramel censée imiter le bois. Vous pouvez aussi faire les variantes de jantes.

C’est la couleur tardive qui est la plus rare. Elle est finie en jaune et vert pâle, mariage particulièrement heureux pour un jouet à mes yeux.

A ce sujet on peut parler d’une franche réussite au niveau de la gamme des couleurs. Certain Foden Type 1 et Guy sont un peu trop classiques, un peu  trop sages.

La palette des Leyland Comet est somptueuse et j’ai profité de ce désintérêt pour ce camion pour multiplier les variantes. Les choses évoluent d’ailleurs. Désormais, il me semble qu’il suscite plus d’intérêt qu’il ya quarante ans. L’écart s’est tout de même réduit avec les Foden. Profitez-en avant qu’il ne soit trop tard !

 

Conditionné par la publicité.

Conditionné par la publicité.

Nous sommes assaillis par la publicité. Tous les supports sont bons. Radio, télévision, affiches placardées sur les murs. On frise l’overdose. Dans le sport, pas un centimètre carré n’échappe à la publicité. Les joueurs de football sont ainsi devenus de véritables placards publicitaires.

Grâce à un angle de prise convenu, tout champion qui se retrouve face à une caméra est placé devant le nom d’un annonceur qui vante les mérites d’une pâte à tartiner, d’un crédit à la consommation ou d’une serviette hygiénique.

Durant le Tour de France cycliste même les masques servant à se protéger de la propagation du virus ont été les vecteurs d’une publicité. Tout se fait avec le plus grand naturel. Très souvent les produits n’ont aucun rapport avec le sport pratiqué.

La banalisation de cette pratique date d’environ trente ans.

Trop c’est trop.

Il y a quarante ans, je me souviens que des collectifs dans la capitale luttaient contre cette publicité envahissante. A l’époque, bien plus jeune, je n’avais pas compris ce mouvement.

La publicité me semblait inventive, attrayante. J’appréciais celle des années 50. C’est l’époque où j’ai découvert Savignac et le musée de la publicité.

Ce n’est donc pas un hasard si très tôt la publicité  nous a influencés mon père et moi, dans notre collection de miniatures. Mieux, elle est devenu notre moteur.

Ainsi, notre approche des Dinky Toys, C-I-J et JRD tournait autour des véhicules publicitaires : Renault 1000kg et Citroën 1200kg .

Notre choix s’étant d’abord limité aux fourgons, il était logique de découvrir ceux proposés par Tekno. La firme scandinave était la spécialiste du genre. Mieux, elle concevait ses modèles dans le but de décliner des variantes publicitaires. Tekno offrait aux annonceurs un support modulable afin qu’ils puissent aisément accoler leurs messages publicitaires et leurs couleurs.

Le principe du modèle publicitaire est de véhiculer un message en faveur d’une marque ou d’un produit. La publicité doit nous surprendre, nous faire découvrir des produits dont nous ne saurons plus nous passer et leurs qualités.

Dans une langue qui nous est familière cela ne pose en général, aucun problème. Mais dans une langue inconnue, on s’interroge souvent sur la nature de l’activité de la société promue sur le fourgon .

Ainsi, lors de mes voyages nordiques, ce fut un réel plaisir à Copenhague de passer devant une enseigne Fona, Magasin, Ekstra Bladet, Politiken et de pouvoir mettre un nom sur l’activité de ces sociétés (dans l’ordre : électroménager, grand magasin de Copenhague et journaux)

J’ai aussi pu constater que la marque Cloetta existait toujours. Sur le ferry effectuant la traversée entre Helsingor et Helsingborg distante de quelques kilomètres, nous n’avons pu nous empêcher, mon père et moi, d’acheter quelques barres chocolatées de la marque. Nous les avons dégustées religieusement en évoquant entre deux bouchées combien ces modèles nous avaient donné du fil à retordre avant de rejoindre nos vitrines.

Cloetta est une firme suédoise, et Tekno déclina pour ce marché scandinave son camion Volvo et son fourgon Volkswagen.

C’est aussi en Suède, dans un restaurant, que j’ai découvert la nature de l’activité de Slotts, autre modèle mythique de la firme Tekno : de la moutarde.

Je pense que le serveur a dû me prendre pour un original en me voyant emporter un sachet de ce précieux condiment. Il trône en vitrine avec mon modèle comme une barre de Cloetta et une pile Hellesens !

Ma dernière découverte est des plus déconcertantes. Après mon accident de vélo et la pose d’une prothèse de la hanche le chirurgien m’a convoqué pour la visite de sortie. A cette occasion il m’a remis mon dossier médical.

A l’intérieur, un document cartonné édité par le fabricant de la prothèse, m’expliquait ce que je pouvais ou ne pouvais absolument plus faire.

Quelle ne fut pas ma surprise de voir que le fabricant de ma prothèse n’était rien que moins que la firme Leo ! celle-là même qui commanda à Tekno dans les années soixante une variante à ses couleurs du camion Volvo Express ridelles.

A cette occasion, Tekno modifia son moule au niveau des ridelles afin d’appliquer plus facilement les décalcomanies. Elle ajouta quatre caisses en bois estampillées Leo. C’est un camion rare que nous avons eu très tôt dans notre collection.

Je ne sais pas encore si je mettrai mon dossier médical en vitrine avec mon camion mais on comprend toute la fierté du collectionneur Tekno de pouvoir se dire que sa prothèse porte le label d’une firme qui a travaillé avec sa marque de jouets favorite.

Il n’en est pas de même des collectionneurs de Dinky Toys qui n’ont rien d’autre à mettre en vitrine que de la bière Kronenbourg ou une batterie Baroclem !

Prochain blog, le dimanche 10 Janvier. Meilleurs  voeux pour l’année  2021  à tous.  Retrouvons un peu de réconfort, d’espoir  avec nos jouets et nos collections dans ce monde bien tourmenté. Vive 2021 ! …et bientôt le numéro 7 de Pipelette. L’année commence bien !