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La quiche et l’Équipe

La quiche et l’Équipe.

« Eh ! dis donc, l’auto à 10 000 € qui traîne en bas de l’escalier, tu aurais pu la ranger ! »

Ainsi fus-je interpellé récemment par mon épouse, qui d’ordinaire ne s’intéresse aux miniatures que parce qu’elle a pour mission de corriger le blog hebdomadaire.

 » Comment cela ?  » lui répondis-je.  » Ne me prends par pour une quiche !  » dit-elle  » J’ai lu l’article de l’Equipe du mardi 18 décembre de Frédéric Ferret « . Je dois ici vous fournir un brin d’information : le terme « quiche » est joyeusement utilisé par les journalistes de l’excellente revue « Causette » qui est aux féministes ce que l’Équipe est aux sportifs, un trait d’union. Pour comble de mon bonheur, mon épouse, lectrice convaincue de Causette, parcourt les colonnes de l’équipe depuis qu’elle s’adonne au body attack.

Renault Estafette
Renault Estafette Vache Grosjean

Je décidai alors de lire ce riche article. Riche, le mot est juste, car dès le titre le ton est donné : « Ces très chers jouets ». On y apprend ainsi que nos miniatures sont devenues avec le temps un produit de luxe. Cette révélation est à l’origine de la réaction de mon épouse. Le journaliste poursuit : « les possesseurs de Dinky ont compris qu’ils avaient entre les mains un objet de grande valeur. Aujourd’hui, certaines éditions un peu rares dépassent largement les 10 000 € et sont recensées dans un argus spécialisé ». Il éclaire le lecteur en prenant l’exemple d’une auto vendue « autour » de 25 000 € en 2009 en salle des ventes et assortit sa démonstration d’un laconique commentaire : « C’était l’unique survivant d’une camionnette publicitaire sortie en 1936 ». J’espère que l’acheteur sera rassuré sur la pertinence de son investissement. J’espère surtout qu’un journaliste ne diffuse pas une telle explication sans en avoir validé la véracité.

Citons également le passage dans lequel le journaliste nous explique le plus sérieusement du monde qu’il y a dans la collection de miniatures deux écoles : celle des collectionneurs de Dinky Toys et celle des collectionneurs de Corgi Toys ! Amis collectionneurs qui ne rentrez dans aucune de ces deux cases, j’ai le regret de vous faire savoir que vous êtes bannis du monde des collectionneurs, au mieux réduits au rôle de faire-valoir.

J’avoue que cet article m’a mis en colère. Il y a, cher Monsieur Ferret autant de collectionneurs qu’il y a de types de collections. Chacun met dans cette entreprise son imaginaire, sa passion, ses moyens, sa volonté. Chacun y trouve son plaisir. Il n’y a ni grande, ni petite collection. Toutes sont placées au même niveau.
En période difficile, il me paraît déplacé d’aborder le sujet sous l’angle unique des tarifs. On n’achète pas des miniatures comme des actions en bourse. Le journaliste qui le donne à croire fait preuve au mieux de légèreté au pire d’incompétence.

L’argent est depuis un certain temps le principal vecteur de communication de la presse. Nous sommes envahis de chiffres. A titre d’exemple, lorsque les journalistes évoquent le monde des collectionneurs de Tintin, ils se bornent le plus souvent à évoquer les sommets atteints par certaines éditions. L’article paru dans l’Equipe conforte ce sentiment et m’incite à réagir : les collectionneurs méritent mieux que cela, mieux que des articles réducteurs qui ramènent tout à l’argent. Ainsi, depuis la naissance du blog, au fil de plus de deux cents fiches je n’ai jamais fait apparaître la moindre valeur. J’essaie simplement de faire partager mon enthousiasme pour certaines séries, d’expliquer leur intérêt historique, de susciter l’étonnement ou l’amusement par des anecdotes. Le prix d’un modèle n’est pas un sujet tabou, mais j’estime que ce n’est pas le sujet du blog. Ce qui nous unit, c’est la passion.

Pour la première fois aujourd’hui, et pour faire un pied de nez à l’Équipe et à tous les auteurs d’articles qui ne savent s’extasier que sur un montant en euros, je vais moi aussi vous parler d’argent. A partir de ma série de Renault Estafette de chez Sésame, je vais vous présenter une collection à moins de 50 € la pièce. Et encore, au prix de 50 €, vous aurez atteint l’Everest de la collection Sésame. Tous les lecteurs attirés par cette firme se reconnaitront dans ces lignes. Qui parmi les amateurs de Sésame n’a pas dégotté un jour une Estafette à moins de 10 € ? Si, de plus, le modèle est un peu rare, alors, amis collectionneurs ne me dites pas qu’il n’y a pas de la jubilation. De quoi ensoleiller la journée, donner naissance à un joli souvenir. Je vous livre avec plaisir une petite anecdote très personnelle. Je venais de rencontrer mon épouse. Lors d’une de mes premières visites à mes beaux-parents, mon beau-père à qui j’avais révélé ma passion me sortit justement une Renault Estafette de chez Sésame. C’est une version peu fréquente. Il la tenait d’un marchand de meubles de Calais, les meubles D3 avec qui il avait été en relations et qui la lui avait offert. Mon futur beau-père fut tout heureux de me l’offrir à son tour pour qu’elle rejoigne nos vitrines. Elle n’a aucune valeur pécuniaire, mais je ne m’en séparerais pour rien au monde.
Je vous présente donc cette série de miniatures. La caractéristique principale de ces jouets est l’alliance originale d’une carrosserie en plastique injecté à une tôle lithographiée. Cela permettait à Sésame d’offrir des reproductions bon marché et originales en changeant uniquement les lithographies. Cette technique le différenciait de tous ses concurrents et l’alliance des deux matériaux est à mes yeux une réussite. Ensuite, en fonction du budget de l’annonceur ou du marché auquel étaient destinées ces miniatures, elles étaient ou non équipées d’un petit moteur à friction. Cette série est fort plaisante à rassembler. Économique, elle ne creusera pas un déficit dans votre budget. Vous pouvez également l’augmenter quasiment à l’infini , car Sésame ne sera pas toujours rigoureux dans les assemblages de couleurs de carrosserie et de publicités. Ainsi certains modèles comme la version Elf, ont pu recevoir plusieurs couleurs de carrosserie différentes. Une grande partie des modèles est aisée à trouver. Les versions réalisées en petite quantité recevaient une tôle de couleur blanche le plus souvent et la publicité était alors en décalcomanie et non lithographiée.
Vous aurez ainsi aux quatre coins de la France la possibilité de dénicher dans les bourses d’échange et les brocantes des versions locales, rares, qui seront le fleuron de votre collection. Ces petits modèles dénichés ça et là vous auront donné l’occasion de vous fabriquer des histoires pour plus tard !

Article publié le 1 Mai 2014.