Une petite perle que ce modèle. Les Lada ne sont finalement que des Fiat assemblées en URSS. La firme Turinoise Mercury avait à son catalogue bon nombre de reproductions de Fiat.
Historiquement, Mercury travaillait essentiellement le zamac et proposait une large gamme de jouets qui ne se limitait pas aux petites autos. Elle produisait également en sous-traitance des accessoires en zamac, notamment des carburateurs, pour Fiat, entreprise voisine. On espère à ce propos que le zamac utilisé à cette fin était de meilleure qualité que celui des premières productions !
Parallèlement, Novoexport, distributeur et fabricant de jouets russes s’est adressé à Mercury et lui a demandé d’adapter le moule de sa Fiat 124 pour pouvoir produire des reproductions de Lada. La différence est que la reproduction de la Lada s’est faite en Italie, et n’a pas été délocalisée comme pour la vraie auto.
Cette Lada est l’Arlésienne du collectionneur Italien. Il faut dire qu’il n’a vraisemblablement été distribué que dans les concessions de la marque.
Mercury Lada
boîte Lada Mercury
Mercury Lada
Mercury Lada
Lada
boîte Lada Mercury
La calandre a été adaptée, avec au centre l’écusson Lada. Sous le châssis figure le monogramme Lada. Enfin, pour le dessin de la boîte, l’illustrateur qui souhaitait montrer la Fiat sous son meilleur jour, n’a pas hésité à placer la modeste berline au milieu d’un parcours de golf. Pour la version Lada, il retouchera juste le dessin de la calandre et ajoutera le nom et l’adresse de Novoexport à Moscou en caractère cyrilliques ; il laissera la voiture prolétaire au milieu du green…peut être un signe d’ouverture sur l’occident avant l’heure !…
Les miniatures Edil Toys avaient toutes les caractéristiques qu’on reconnaît aux productions de la capitale lombarde : luxueuses, élégantes, chic et d’avant-garde. A une finition irréprochable s’ajoutaient de belles peintures. Cependant, un choix de modèles peu inspiré et un coût de production assurément trop élevé conduisirent cette marque prometteuse à sa perte. N’oublions pas qu’au milieu des années soixante, la demande avait évolué. Il fallait proposer des autos de course, des prototypes, des voitures de rêve.
On ne sait pas dans quelles conditions l’industriel milanais céda son outillage à Meboto en Turquie. Une chose est sûre, l’industriel d’Istanbul essaya de produire des miniatures de la même qualité que la production milanaise d’origine. Il ne chercha pas à simplifier les moules. Or un transfert d’outillage n’est pas une mince affaire et il est souvent nécessaire d’adapter les moules au système d’injection en place dans la nouvelle usine.
A titre d’exemple, M. Juge qui avait supervisé le rachat des moules de Norev pour Eligor m’avait raconté qu’il avait fallu un long et coûteux travail d’adaptation pour que LBS qui sous-traitait la fabrication des Eligor puisse sortir les premiers modèles issus des moules Norev. Visiblement, ce travail d’adaptation ne fut pas réalisé en Turquie. Rapidement, la qualité déclina. Pire, les modèles commencèrent à sortir sans accessoires. La Ferrari 275GTB reçut ainsi une couche de peinture argent à la place de ses phares en plastique translucide d’origine. La Lancia Flavia perdit également ses strass. Puis le chromage des pare-chocs disparut. Quant à l’ajustement des parties ouvrantes, au fur et à mesure de la production, l’écart entre la caisse et les portes ne fit que croître. Ce fut un long déclin pour ces modèles produits sur la rive du Bosphore.
Fiat 1500 et sa boîte turque
Ferrari 275
Des Ferrari,des Lamborghini et des Fiat. A chaud fois les deux fabrications
Ferrari 275
Fiat 1500
Les collectionneurs sont parfois imprévisibles. Les premières moutures, de belle qualité ont toujours été prisées. Désormais, malgré leur médiocre qualité, même les ultimes Meboto sont recherchées. Il faut dire qu’en Italie, elles sont l’équivalent de nos Dalia par rapport à nos Solido. Ces dernières ont également connu des envolées spectaculaires. Cependant, les modèles espagnols n’ont jamais été produits en deçà d’une certaine qualité, ce qui n’est pas le cas des Meboto tardives. Sur ces dernières, même le carton des boîtes est de piètre qualité. A ce sujet, il est intéressant de noter que Meboto n’a pas repris le schéma de couleurs des boîtes Edil, mais a adopté celui des étuis Dinky Toys en utilisant le rouge et le jaune et le dessin de la silhouette de l’auto. Toute la ressemblance avec Dinky Toys s’arrête là.
C’est une chanson de l’artiste plurielle Jeanne Balibar qui m’a inspiré le titre de l’épisode du jour. Au cœur de l’hiver fleurissent de belles publicités vantant des plages ensoleillées situées à l’autre bout de la planète : bloqué dans les embouteillages, derrière les autobus, vous pouvez admirer étendues de sable blanc, chaises longues, parasols et cocktails multicolores ! Les publicitaires essaient de nous rendre la grisaille de l’hiver insupportable.
Dans les conversations de tous les jours, il arrive parfois que l’un d’entre nous évoque ses rêves de voyage, son souhait de faire le tour du monde. Nous avons tous entendu parler de gens qui ont pris une année sabbatique pour réaliser leur projet. Pourtant, alors qu’à cinquante ans je ne suis pas certain d’avoir complètement fait le tour de la France, je ne suis pas tenté par ce programme ! Les longs voyages me semblent épuisants, les contraintes de sécurité inhérentes au transport aérien m’insupportent, les errances dans les halls d’aéroport me rebutent. Il faut dire que mon activité professionnelle m’amène à voyager toute l’année et qu’au moment de prendre du repos, je privilégie le territoire national.
Buby Chevrolet
Buby Chevrolet
Buby Chevrolet Bel Air
Buby Chevrolet
Buby Chevrolet
les deux formes de pavillon
J’ai pourtant une attirance particulière pour l’Amérique du Sud. Jusqu’à aujourd’hui je l’ai satisfaite par la contemplation de mes vitrines de miniatures. Si le besoin de changer d’air se fait sentir, je file devant mes Buby, et me voilà à Buenos-Aires. Avec de l’imagination je peux voir ces véhicules circuler dans le quartier populaire de La Boca et visiter la ville et le quartier de Montserrat dans le taxi Chevrolet, superbe dans sa livrée jaune et noire. Buby a parfaitement capté le parc automobile argentin. Une vitrine composée de miniatures Buby est ainsi le parfait reflet de la circulation automobile à Buenos-Aires au début des années 60 quand les belles américaines partageaient les embouteillages et les coups de klaxon avec les frêles dauphines IKA Renault et les Volkswagen 1200. Quant aux pick-up produits par Buby, Ford et Fiat Multicargo, ils vous invitent à l’aventure dans les chemins poussiéreux de la pampa.
Nos miniatures ont ainsi le pouvoir de nous emmener à l’autre bout du monde et de stimuler notre imaginaire.
Pour illustrer mon propos j’ai choisi de vous présenter des Buby Chevrolet. Elles portent la référence 1009. Il existe une technique commerciale qui consiste à doter chaque variante d’une référence afin d’étoffer artificiellement un catalogue dans le but de gonfler les bons de commande des commerçants peu regardants sur leurs achats. A l’opposé de cette technique, Buby va proposer trois autos sous la même référence. On trouve ainsi une Chevrolet Impala, puis une Chevrolet Bel Air et enfin une déclinaison police de cette dernière. Curieusement, la version taxi prendra la référence 1010.
Grâce à une conception habile en deux parties, Buby décline deux modèles distincts qui se singularisent par le traitement de leur pavillon. Ce sont de superbes miniatures aux couleurs vernies, de belle qualité, qui ne ressemblent à aucune autre fabrication.
L’histoire tient souvent à peu de choses. Nous allons voir aujourd’hui comment sans la volonté d’un homme, le comte Giansanti de Lausanne, l’histoire de Mercury n’aurait jamais pris cette dimension.
Remontons le temps jusqu’à la création de la Mercury. Nous sommes après la guerre. La Societa Esercizio, fonderie de Ms Attilio Clemente et Antonio Cravero produit des pièces détachées d’automobile pour les firmes Solex, Lancia et Fiat. Elle souhaite diversifier sa production. En effet, à la fin de la guerre, de nombreux contrats qu’avait cette usine d’injection de pièces en zamac ont été dénoncés. La diversification est la condition de la survie de l’entreprise. Deux voies sont choisies par les associés : les accessoires de cuisine et les jouets : c’est ainsi qu’est créée la Mercury. La dénomination est habile. Tout en gardant une sonorité italienne, elle nomme en anglais le dieu Mercure qui veille notamment sur le commerce. A partir de 1950, Mercury abandonne la branche des accessoires de cuisine pour se consacrer pleinement aux jouets.
C’est à ce moment que l’histoire bascule. En 1949, le comte Giansanti de Lausanne se rapproche de la Mercury. Il pressent pour la gamme naissante un avenir en Suisse. Il devient donc l’importateur.
Cet homme très actif propose sa marchandise à la fameuse chaîne de magasins suisses « Franz Carl Weber ». Comme il l’expliquera plus tard, il savait que la partie ne serait pas facile. Il fallut sans doute tout le charme du comte pour dérider l’austère M. Franz Carl Weber lors de leur rencontre à Zürich. Le comte dut être convaincant, car à sa grande surprise, le dirigeant passa une importante commande. Un peu pris de court, le comte Giansanti s’engagea personnellement et de manière un peu inconsidérée à ce que les magasins Weber soient livrés rapidement. Or il n’avait pas consulté l’usine. Quand il revint à Turin le précieux contrat en poche, ce fut la douche froide. Mercury avait ralenti sa production de jouets, accaparée par la production de pièces automobiles. Tout aussi regrettable, Mercury venait de livrer une importante quantité de jouets dans la région de Cunéo et n’avait plus de stock. Qu’a cela ne tienne, soucieux d’honorer sa parole, le comte Giansanti reprit le volant de sa voiture et s’en alla racheter la livraison. L’usine turinoise réussit tant bien que mal à fournir la partie complémentaire !
Cet incident amena les dirigeants de la fonderie à prendre conscience du potentiel de leurs automobiles miniatures. A partir de ce moment, on considéra l’activité comme sérieuse et susceptible de générer des bénéfices.
Mercury : trois versions de VW PTT
Mercury pour le marché suisse
les mythiques taxis de Berne
Mercury : deux variantes de combinaison de couleur
Mercury : extrait de catalogue
Mercury : VW PTT avec grand décalque
Il faut dire que la direction avait caché à ses clients de l’industrie automobile cette activité de fabrication de jouets de peur qu’elle ne donne une image négative de l’entreprise.
Pour illustrer ces propos, voici deux séries de Mercury qui ont été réalisées pour le marché suisse et distribuées en majeure partie chez Franz Carl Weber. Nous sommes au milieu des années soixante.
Pour beaucoup de collectionneurs de Mercury, la Fiat 1100 dite « taxi de Berne » est le modèle le plus désirable. Elle a été produite en très petite quantité. La fabrication est quasiment artisanale. La production a dû être livrée en plusieurs fois, ce qui, au vu du texte précédent n’a rien d’extraordinaire ! En effet, deux calandres différentes ont été utilisées. Bien que Mercury n’ait jamais dénommé ce modèle « taxi de Berne », j’ai pu valider l’exactitude de la décoration à partir de photos prises à Berne et reproduites dans un ouvrage suisse relatif au code de la route.
L’autre modèle est un grand classique du jouet. Tout fabricant ayant à son catalogue une Volkswagen 1200 a réalisé une version des postes suisses. Mercury n’échappe pas à la règle. Deux décalcomanies différentes existent, circonstance qui confirme que la production a été étalée sur plusieurs années. Pour les amateurs, signalons qu’il existe une nuance de jaune.
Nous verrons, que le comte Giansanti va aller encore plus loin dans sa relation avec Mercury. Je conseille vivement la lecture de l’excellent ouvrage « Mercury » de chez Edizioni Libreria Cortina Torino.