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Heureux comme un Saviem dans l’eau

Heureux comme un Saviem dans l’eau

Comme me dit mon frère, spécialiste en communication, l’important, c’est de faire le « buzz ». Traduisez par l’événement. Ainsi, désormais, sur les réseaux sociaux, on assiste à une véritable surenchère de photos et de vidéos. C’est à celui qui réussira à attirer le plus grand nombre de visiteurs sur son compte et pourra ensuite s’en glorifier.

Les médias ne sont pas en reste, ils comptabilisent les visites sur les réseaux sociaux des hommes politiques ou du spectacle. C’est à cela qu’on mesure l’importance de telle ou telle personnalité. Le contenu importe peu, c’est le chiffre qui compte.

Prenons la photo que mon frère a postée sur Facebook. Une explication s’impose. Nous avions acheté quelques jours auparavant une collection. Ayant loué un étal à la bourse de Houten aux Pays-Bas, nous avons profité de notre arrivée la veille de l’événement pour déballer la marchandise et l’étiqueter. L’hôtel est un superbe établissement situé à quelques centaines de mètres du hall d’exposition où se déroule l’événement. Les chambres sont spacieuses, voire luxueuses, mais le week-end, l’hôtel pratique des prix plus abordables. Mon frère a tout de suite répéré la baignoire avec jacuzzi. Comme j’avais un rendez-vous avec un marchand anglais, je le laissai seul et je l’habilitai à faire un rapide nettoyage de la marchandise. En effet, la personne à qui j’avais acheté le matériel avait subi une inondation. Comme elle n’avait pas jugé utile de jeter les cartons mouillés une odeur d’humidité forte et tenace avait imprégé les modèles.

Quelle ne fut pas ma surprise à mon retour de trouver mon frère dans un bain de mousse géant, entouré des Saviem CIJ qui bénéficiaient ainsi d’un nettoyage à grande eau.

 

Amoureux de la marque, le vendeur en avait rassemblé huit, tous dans la même variante, calandre à une barre, cabine bleue et benne rouge foncé.

Aprés avoir immortalisé la scène, mon frère avait posté la photo sur sa page Facebook !

C’est ainsi que j’ai vu dans ce cliché l’opportunité de vous parler d’un modèle qui n’aurait peut être jamais eu l’honneur du blog. Il faut avouer que ce camion dans sa version de base est commun. C’est un grand classique de chez C-I-J. L’idée du fabricant d’équiper la cabine Saviem d’une benne de type charbonnière est excellente.

Les fabricants de jouets préférent bien souvent reproduire des bennes carrières équipées d’une casquette. Pourtant ces dernières semblent moins fréquentes dans la réalité que celle de type charbonnière. Elles circulent souvent en circuit fermé dans des carrières à ciel ouvert, à l’abri des du regard des automobilistes.

Ce n’est pas le cas des bennes de type « charbonnières ». Ayant grandi en Picardie, mes saisons ont été rythmées par celles des campagnes betteravières. Ce sont ces bennes de type « charbonnières » qui étaient utilisées lors des récoltes se déroulant durant l’automne et l’hiver.

Elles faisaient « la joie » des automobilistes. Chargés de manière déraisonnable ces camions laissaient tout au long du parcours les conduisant à la sucrerie de larges traces d’une terre grasse qui rendait la chaussée glissante et maculait les flancs des automobiles.

Aussi, sur le plateau, à la sortie de Compiègne, après Venette, pour rejoindre l’autoroute A1, je les ai souvent maudits ces camions. Il faut ajouter au désagrément l’odeur très particulière s’échappant des sucreries. Je retrouve ces mêmes effluves lorsque partant pour la Grande- Bretagne j’arrive à l’aube au niveau dit du « Camp du drap d’or », juste avant Calais. Au loin j’aperçois alors le halo des projecteurs illuminant la sucrerie et ses cheminées qui recrachent de longs panages blancs dont l’inclinaison s’est souvent révélée prometteuse d’une traversée agitée.

Et j’ai fini par éprouver une certaine sympathie pour ces camions qui me rappellent tant de souvenirs.

La première cabine Saviem, de type LRS a connu une vie sans histoire. Il n’y a pas de couleurs vraiment rares. La cabine qui lui a succédé, équipée d’une calandre verticale de forme rectangulaire à 3 barres horizontales est également assez facile à se procurer. Il a été produit une version équipée d’une casquette en tôle incorporée dans un sympathique coffret dénommé « Sablières de la Loire ». Il est certain que le surplus produit a été distribué en étui individuel.

Dans cette variante, ce sont les couleurs des jantes qui font la différence. Pour faire simple,  celles de couleur argent sont fréquentes, toutes les autres sont peu fréquentes.

Pour qui collectionne les C-I-J, la vraie difficulté est de se procurer les dernières productions. Lorsque Saviem a simplifié sa calandre en ne conservant qu’une barre horizontale, C-I-J a collé à l’actualité en modifiant son moule.

Cependant, il est assez difficile pour le collectionneur de répertorier toutes les dernières variantes. Tombée en décrépitude, la firme assemblait ses modèles avec ce qui restait à sa disposition. Cela se vérifie au niveau des assemblages de couleurs mais également aux jantes de couleurs variées qui les équipent.

C’est un pur bonheur et une véritable aventure qui attendent l’amateur intéressé. J’ai donc photographié les modèles que j’ai obtenus. Il y en a d’autres bien sûr.

La C-I-J a choisi des couleurs vives pour habiller ses modèles. Dans la réalité, la couleur grise était souvent de mise. Il faut dire que la couche de boue recouvrant les véhicules au bout de quelques trajets à la sucrerie rendait les couleurs difficilement identifiables.

Mon frère en train de nettoyer des Saviem C-I-J
Mon frère en train de nettoyer des Saviem C-I-J

Est-ce le souvenir de la Picardie de son enfance et de ses routes boueuses qui a incité mon frère à mettre les miniature CIJ dans son bain moussant?    

 

voir le site de mon frère.    http://autojaunejunior.com/

 

 

L’incontournable événement de septembre 2016

L’incontournable événement de septembre 2016

 Un évènement exceptionnel a eu lieu le 8 septembre 2016 et il ne vous a certainement pas échappé. Les médias en ont conté le déroulement et le résultat. C’est en effet à cette date historique que s’est couru le prix « Auto Jaune Junior » sur l’hippodrome de Compiègne ! Je n’ai aucun lien avec le monde de la course hippique excepté le fait que pendant de nombreuses années un PMU jouxtait ma boutique. Il semblerait même que c’était un des PMU les plus importants de France.

Le prix « Auto Jaune Junior » était la 4 ème course de la réunion, une course de plat d’une distance de 1 400 mètres. C’est Pierre Bazire (tunique grise avec une croix de Saint-André rose) qui franchit en vainqueur la ligne d’arrivée sur sa jument irlandaise (Chiarush) entrainée à Chantilly par un Italien du nom d’Alessandro Botti.
Mon frère est dans le domaine de la communication. Il est dans ses attributions d’assurer l’animation de cet hippodrome. La collaboration dure depuis suffisamment longtemps pour qu’il ait trouvé intéressant de faire le buzz avec ce prix « Auto Jaune Junior ». Pour l’occasion, il avait fait installer un petit stand avec des miniatures.
Cela fait plus d’un an que le site a été lancé. Nous sommes désormais centrés sur la vente de miniatures de fabrication ancienne, avec un bon rapport qualité prix. Lorsque nous avons dû choisir le logo des cartes de visite, c’est bien évidement l’image d’une Citroën 2cv qui m’est venue à l’esprit.

Quelques années après son lancement, cette voiture est devenue le symbole de la voiture économique. En seconde, troisième ou quatrième main, elle a été pour de nombreux jeunes tout juste possesseurs du précieux sésame, la première auto, symbole de liberté et d’ouverture sur le monde. Désormais, c’est devenu un art de vivre.

J’ai choisi le modèle Dinky Toys qui, à mes yeux, est le chef d’œuvre de la série 24 et qui aura une vie bien longue. Même la sortie du modèle équipé du second capot, l’Azam 61, n’arrêtera pas sa production. Très attaché à cette auto, Dinky Toys trouvera les moyens d’offrir une troisième version, également fort réussie, avec la capote dépliée et le capot ouvrant. Ce modèle sera prolongé en fabrication espagnole. Cette 2 CV aura une importance telle dans l’histoire de Dinky Toys que la marque proposera même le dernier capot avec les phares de forme rectangulaire.

Le constat s’impose : si Dinky  Toys a toujours eu une 2cv à son catalogue, c’est bien que la demande était là.

La première mouture, apparue en 1952 est reconnaissable au premier coup d’œil. En effet elle est équipée d’un seul feu arrière, comme la vraie voiture. Le pavillon est lisse. La toute première série est reconnaissable au fait que Dinky Toys n’a pas trouvé judicieux de mater l’axe arrière: on peut donc enlever les roues arrière. Cette variante ne sera disponible qu’en couleur argent. Comme toutes les versions équipées d’un seul feu elle ne sera vendue qu’en boîte de six pièces. Très vite l’axe arrière recevra un matage.

Le modèle sera ensuite peint de couleur grise. Les amateurs de variantes noteront qu’il existe de nombreuses nuances de gris, aussi bien avec le pavillon lisse qu’avec le pavillon quadrillé. Mais les différences les plus frappantes concernent les couleurs de jantes. Celles de couleur mastic sont moins fréquentes. Il existe une version équipée de jantes de couleur argent, provenant sans doute du surplus des premiers modèles : chez Meccano on ne jetait rien. Ensuite, comme bon nombre de modèles de la série 24, les pavillons seront quadrillés afin de favoriser la diffusion du zamac lors de l’injection. On notera une variante gris clair très peu fréquente équipée d’un seul feu arrière. Cette variante annonce la version suivante équipée des 3 feux.
(voir le second  épisode consacré à la Citroën 2cv Dinky Toys)

Junior à Bobigny

Junior à Bobigny
« Je n’écris pas pour la foule, j’écris pour les gens cultivés » La phrase est de Beethoven. Nous sommes en 1806 et c’est la réplique qu’il adresse au Baron Von Braun lorsque ce dernier lui fait remarquer que la salle où l’on joue l’opéra « Fidelio » peine à se remplir. En fait, si la partie de la salle réservée à l’aristocratie est bien garnie, l’autre partie, celle qui accueille le peuple, demeure clairsemée. Le baron fait la comparaison avec Mozart qui, lui, avait connu un vrai succès populaire et avait su remplir les salles. Il remarque que si Mozart avait demandé un pourcentage du prix des places vendues pour assister à ses opéras, comme Beethoven qui fut le premier à recevoir ce genre de rétribution, il serait devenu riche !

 

Cette anecdote entendue dans l’excellente émission « Musicopolis » d’Anne-Charlotte Rémond sur France Musique m’a fait réfléchir.

Faut-il être élitiste? Faut-il plutôt chercher à rassembler le maximum d’amateurs ? Rapporté à mon univers de la collection et de la vente de miniatures, cela se traduit par la question suivante. Ne doit-on vendre que des modèles en parfait état, avec de belles boîtes ce qui entraîne de facto un prix certain et une clientèle ciblée, ou faut-il proposer l’éventail de produits le plus large possible pour toucher le maximum de collectionneurs ?

J’ai choisi cette seconde solution depuis le début de mon activité. C’est la seule qui me paraisse viable.
Aujourd’hui, je pense même que l’on peut faire un site dédié à des modèles dont le prix est accessible à presque toutes les bourses.

La crise économique est passée par là et le budget que le collectionneur consacre à sa passion s’est réduit. Voilà donc en quelques mots les raisons qui nous ont motivés, mon frère et moi, à ouvrir le site « Auto Jaune Junior ».

Dans le passé, au milieu des années soixante, afin de doper ses ventes de Dinky Toys, Meccano avait créé une gamme économique  à Bobigny dénommée « Junior ». Nous étions alors en période de forte croissance et l’idée d’élargir la clientèle en proposant des produits économiques ne fut pas couronnée de succès.

Cela peut s’expliquer par le fait qu’une marque renommée a toujours beaucoup de mal à se positionner sur un produit économique qu’on appellerait aujourd’hui « low cost », elle y perd un peu son âme. Il est sûrement plus facile de monter en gamme.

Cette gamme Dinky Toys  junior est désormais assez prisée des collectionneurs qui voient dans cette aventure éphémère le moyen de diversifier leurs étagères. En effet, ces modèles ont été proposés dans des teintes différentes des modèles de la série 500 dont ils étaient issus. Mais, et c’est là que réside le charme de la collection, les choses ne sont pas aussi simples. Par le passé, en achetant des collections auprès de gens ayant travaillé au bureau d’études Dinky Toys, notamment M. Malherbe, j’ai eu le plaisir de trouver des exceptions.

On peut penser que ces modèles ont été présentés à la direction, lors des fameuses réunions où étaient prises les grandes décisions, afin d’entériner la nouvelle gamme. Pour cela, le bureau d’étude s‘est servi des couleurs disponibles sur la chaîne et les ont assemblées avec des châssis Junior. Pour certaines versions, je connais plusieurs exemplaires. Il est également possible que Dinky Toys, devant fournir des commandes programmées et n’ayant pas le temps de faire repasser ces autos sur la chaine de peinture, se soit contenté de les assembler avec les couleurs de séries (Série 500 en l’occurrence). On ne saura jamais. Le fait est là, ce type de modèles existe. Ils sont dûment rivetés.

Junior de Luxe

Junior de luxe

Place aux jeunes ! Voilà en quelques mots ce que j’ai dit à mon frère cadet qui cherchait à diversifier son activité professionnelle. Je l’ai convaincu d’ouvrir un site avec des produits qui auraient pour point commun un rapport qualité prix indiscutable.

J’ai fait ce constat très simple. Le marché est solide.

Contrairement à ce que laissent entendre certain collectionneurs, voire quelques professionnels du secteur de la miniature automobile, le marché est actif et a un avenir certain.

 

Les raisons invoquées par ces personnes sont multiples : Il n’y a pas de jeunes amateurs, les collectionneurs ne n’intéressent qu’aux miniatures contemporaines de leur enfance, il n’y a personne pour reprendre le flambeau.

Mon analyse est différente. Il me semble que le vrai problème est ailleurs. Il se situe au niveau du pouvoir d’achat.

C’est pourquoi le marché doit évoluer. Il doit s’adapter au porte-monnaie des clients. Il faut baisser les prix pour proposer un rapport qualité prix plus attractif : c’est pourquoi nous ouvrons Auto Jaune Junior de 7 à 77 euros.

C’est un challenge mais nous avons des atouts. Mon frère qui a de l’expérience dans la communication s’occupera des relations et du suivi des clients. Il me revient d’utiliser mes 32 ans de métier pour trouver des produits intéressants afin de fidéliser cette nouvelle clientèle.

Tous les jours, à 22H30, comme sur le site de l’Auto Jaune nous allons mettre en ligne quatre nouveaux produits. A l’ouverture, le site en proposait déjà 2500, la réserve est constituée pour alimenter la page quotidienne et fidéliser les amateurs.

Nous ferons également quelques bourses d’échange en qualité de vendeur…cela me rappellera mes débuts.
Mon frère pourra parfaire sa culture musicale durant les déplacements …5 heures de route, c’est juste le temps d’apprécier le Crépuscule des Dieux.

Mon frère n’est pas collectionneur mais il a été élevé dans l’univers de la collection. Par ailleurs, il a pu apprécier très tôt la qualité des jouets Solido. C’est en effet un AMX 30 de chez Solido que je lui ai lancé à la tête, un jour de dispute comme il en existe parfois entre frères. Cet acte impardonnable m’a valu la confiscation immédiate par mon père de tout mon parc d’autos miniatures. Afin de ne pas raviver de vieilles querelles je vais éviter de lui confier ce type de produits pour mise en vente sur son site.

Il va vite apprendre que dans le milieu de la collection, le terme « Junior » est associé à plusieurs fabrications. Celle qui me vient en premier à l’esprit est celle de la gamme des miniatures démontables de chez Solido.

Elle est apparue dès le début de la fabrication de jouets, avant-guerre. Les modèles de la plus grande taille étaient les Major, venaient ensuite les Junior puis enfin les Baby. Ferdinand de Vazeilles avait donc créé trois gammes d’autos et donc trois catégories de prix. Comme souvent dans la production de jouets, la taille définissait le prix. Les Junior sont mes préférées. L’échelle se rapproche des standards imposés par Meccano et ses trains miniatures, le 1/43. Il est assez intéressant de constater que durant l’ère de M. de Vazeilles, jusqu’au milieu des années soixante-dix,  Solido va garder jusqu’au bout ses gammes de miniatures transformables que sont les Major et les Junior. Seules les Baby ne passeront pas le cap des années 60.

Ces autos seront vendues à l’unité. Cependant, pour les périodes de fêtes, Solido produira de somptueux coffrets, des Junior de luxe. Le plus impressionnant, frisant la démesure, est celui qui s’intitule « Concours d’élégance ».

J’ai pu acquérir l’exemplaire de Bertrand Azema. C’est presque un catalogue à la Prévert : scooter, chariot de gare, camions de pompiers, avion à réaction, engin de chantier, triporteur… le plus impressionnant est que Solido ait regroupé dans ce coffret des modèles des gammes Junior, Baby et même Mosquito ! On pourrait croire à un coffret de représentant servant à montrer aux éventuels clients l’étendue des fabrications Solido. Il n’en est rien.
Au regard de la taille et du poids du coffret, on imagine que la production n’a pas été très importante.

Ce coffret n’a dû être mis en vente que dans des magasins haut de gamme. Il fallait que les parents gagnent bien leur vie pour pouvoir offrir un tel cadeau à leur progéniture.