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Sur la route de Madison

La participation chaque année à la bourse d’Allentown en Pennsylvanie m’a conduit à emprunter les nombreux « antiques » qui jalonnent la route reliant l’aéroport de Philadelphie à la ville d’Allentown. Ces bâtiments, souvent très spacieux, sont érigés sur d’anciennes structures industrielles. Ils abritent des centaines de petits stands, souvent aménagés avec goût, que des gens louent, afin de proposer tout ce dont ils ne veulent plus.

pont couvert
pont couvert

La gestion de l’ensemble relève d’une personne qui a accès aux vitrines des stands de l’ensemble du bâtiment. Il faut du temps et de la patience pour arpenter ces labyrinthes.

Mais un bon chineur, tout excité par sa prochaine trouvaille, ne compte pas les kilomètres.

C’est dans ces conditions, qu’un jour j’ai découvert ce pont couvert en fonte. Ayant vu le film de Clint Eastwood : « Sur la route de Madison », je me souvenais parfaitement de l’architecture inhabituel ce ces ponts couverts enjambant de petites rivières. Je n’ai pas été réellement surpris puisque je me trouvais dans l’Etat de l’Iowa ou est censé se dérouler le film. La curiosité m’a d’ailleurs conduit à localiser précisément cette petite bourgade.

L’objet en question est en fait une tirelire à l’échelle du 1/60 environ. Compte tenu du matériau utilisé, il s’agit de fonte (cast iron), nous pouvons sans nous tromper dater l’objet d’avant guerre. Ces ponts, très caractéristiques, sont uniquement attachés à cette région et leur reproduction constituait sans nul doute un souvenir pour les visiteurs de cet Etat. J’ai acquis ce petit pont sans hésitation : les accessoires sont très importants à nos yeux, ce sont les âmes de nos vitrines…

Dans le film, le héros qui fait un reportage photographique sur ces fameux ponts est équipé d’un pick-up. Nous vous présentons donc, pour cette petite mise en scène, un pick-up Londontoy qui est également réduit à une échelle similaire.

Il s’agit de la reproduction d’une Studebaker issue de la production canadienne de cette firme dont les modèles sont moins courants que ceux issus de la production américaine. L’intérêt du modèle présenté est dû à la présence d’un curieux mécanisme qui a nécessité de la part du fabricant la perforation de la porte avant gauche pour maintenir en place celui-ci. Cette version est peu fréquente. Le succès escompté par ses concepteurs n’a certainement pas dû être au rendez vous. Les versions dépourvues de mécanisme sont par contre beaucoup plus faciles à se procurer.

Nous profitons cette fenêtre sur les Londontoy pour vous présenter également une autre création Canadienne de cette firme. Le coffret avec la station service « Esso Imperial » : un des intérêts de ce coffret est la présence du logo Esso impérial, logo que l’on trouvait sur le réseau Canadien uniquement. Nous vous présenterons plus tard un autre coffret Canadien. Enfin, je ne peux fermer cette page sans une pensée pour mon épouse, admiratrice de Clint Eastwood. C’est grâce à sa patience et ses talents de correctrice que vous pouvez lire ces modestes lignes.

Qu’est-ce que c’est ? D’où ça vient ?

Qu’est-ce que c’est ? D’où ça vient ?

Les collectionneurs qui s’intéressent aux plombs américains sont vite confrontés à un problème : celui de l’authentification des modèles. Connaître l’origine d’un modèle est souvent plus difficile que de savoir si la peinture est ou non d’origine.
Le collectionneur est ainsi fait : il aime comprendre, analyser, classer et dater. Qu’est-ce que c’est ? D’où ça vient ?

C’est une des raisons qui m’ont poussé à lancer ce blog il y a déjà quelques années. Outre le plaisir de partager des anecdotes, il y a un intérêt à diffuser l’histoire des miniatures. Le but semble atteint.

J’ai eu beaucoup de retours qui m’ont notamment permis de corriger certaines inexactitudes. L’intérêt de la démarche, c’est qu’elle conduit à la vérité.

Moi aussi, j’ai été confronté à l’identification des plombs américains et je le suis encore. Il n’y a pas d’ouvrage spécifique consacré à ce thème. Pourtant, des collectionneurs ont écrit des ouvrages sur la production des jouets américains. Ainsi, les modèles promotionnels, les « Rubber » (caoutchouc), les Hubley et les Tootsietoys ont leur ouvrage de référence. Il est intéressant de constater que certains auteurs comme Dave Leopard ont édité une seconde mouture de leur ouvrage qu’ils ont été amenés à compléter à la suite des informations recueillies après la publication du premier volume. Le supplément d’informations et les rectifications apportées incitent à acheter le second ouvrage. Il en est ainsi du livre sur les Tootsietoys qui a connu trois éditions.

Malheureusement les plombs dits « Slush » n’ont pas eu cet honneur. Pourtant je connaissais « le spécialiste » du sujet, Ferdinand Zegel de Washington. Sa maison était un incroyable capharnaüm : il y avait des jouets partout, jusque dans la salle de bain.

Ferdinand étant célibataire, cela ne gênait pas sa femme. Victime d’un petit accident de la route alors qu’il se rendait à une bourse aux USA, il est mort peu de temps après. Il nous reste sa participation à une série d’ouvrages recensant les fabricants de jouets et donnant les cotes de ces jouets. Je parle de série d’ouvrages, car des éditions révisées sont régulièrement publiées. Il faut alors naviguer dans ces pavés qui comptent des centaines de pages. Cela demande du temps car le classement aléatoire ne facilite pas les recherches. Il faut s’aider des clichés en noir et blanc. Un autre ouvrage parle de ces plombs, c’est celui de Paolo Rampini. Une fois n’est pas coutume, je ne louerai pas cet ouvrage qui contient beaucoup d’erreurs. Il faut reconnaitre que si l’on ne va pas régulièrement sur place, il est difficile de référencer ces jouets.

Je vais donc revenir à plusieurs reprises sur ces plombs. (voir:https://autojauneblog.fr/2016/04/10/investissement/). J’ai choisi de les classer par thème. Cette semaine vous découvrirez des ambulances, des autos de police, des semi-remorques et des véhicules de travaux publics.

Ces derniers ont énormément de charme. Ils symbolisent bien l’essor industriel du pays. A la même époque, ce thème est assez peu fréquent en Europe. C’est le sort des utilitaires qui n’ont jamais vraiment suscité l’intérêt des fabricants européens dans les fabrications avant-guerre. (voir aussi : https://autojauneblog.fr/2014/08/30/camions-du-futur/ )

J’accordera une mention particulière pour cette superbe ambulance Metal cast. Je n’en ai rencontré qu’une seule. Le modèle est rare, c’est certain. !

(sur le même sujet: https://autojauneblog.fr/2011/06/22/sur-l-ovale-d-indianapolis/https://autojauneblog.fr/2011/06/20/y-a-cent-ans-lovale-dindianapolis/ )

Investissement ?

 

Investissement ?

En attendant mon vol retour pour la France, je déambule dans les couloirs de l’aéroport de Newark. Mon œil est attiré par la une d’un magazine. Il s’agit d’une peinture dans laquelle dominent le vert et le bleu.

Barclay torpédo
Barclay torpédo

Plus que la couleur ou le thème, c’est la technique qui m’attire. On devine les touches rapprochées, à la façon des pointillistes ou des divisionnistes italiens. J’aime énormément ces œuvres où les peintres ont mis en œuvre des traités scientifiques sur la perception de l’œil humain. Seurat, Signac, Delaunay plus tard furent emblématiques de ce mouvement.

Je m’approche donc du magazine et je demeure consterné par le titre : « Comment faire un investissement fructueux ? » Je n’ai même plus envie de regarder car je comprends que le sujet du magazine est centré sur l’investissement et le rapport au profit.

Des clients m’ont parfois posé ce type de question : « Est-ce un bon investissement que l’achat de ce produit ? » En toute franchise, j’avoue être incapable de répondre. C’est une question que je ne me pose jamais. Mon père ou moi n’avons jamais poursuivi cet objectif.
Parfois, nous avons été déraisonnables. C’est bien ce qui caractérise un collectionneur. Où est la raison ?
Cependant, réunir une collection de qualité est autant une question de moyens que d’opportunités. L’argent ne fait pas tout, loin de là. Je sais qu’en écrivant cela je vais déclencher des railleries.

Bien connaître les miniatures et l’histoire des fabricants permet de saisir les bonnes affaires au bon moment. Cet opportunisme est à mes yeux la clef d’une collection réussie : il faut savoir s’intéresser avant les autres à un produit. Beaucoup de collectionneurs ne font que prendre le train en marche.

La hausse de la demande par rapport à un produit qui n’est plus commercialisé entraîne mécaniquement une hausse des tarifs. Depuis plus de trente ans que j’exerce mon métier j’ai bien souvent essayé de conseiller mes clients, parfois de les lancer sur de nouveaux thèmes. Je ne suis pas toujours suivi dans mes conseils. De très nombreuses pièces qu’on n’a pas su saisir ne sont jamais repassées, ou alors à des tarifs fort différents.

Il y a quelque temps, un client m’a interpellé sur un point. Il trouvait que je ne mettais que très peu de mentions « rare » dans le descriptif de mes annonces. Il avait cherché dans tout le site les quelques mentions rares et avait alors acheté les produits pensant faire un investissement.

A ce niveau de réflexion, j’ai dû lui expliquer que rareté ne coïncide pas forcément avec un prix élevé. Un modèle peut être rare mais n’intéresser que très peu de collectionneurs. C’est la rencontre du facteur rare et d’un nombre important de gens cherchant cet objet qui fait que les prix vont alors s’envoler. Je n’ai rien inventé, c’est la simple notion de marché que l’on apprend en seconde.

Je vais donc vous présenter un échantillon de pièces peu fréquentes, C’est un ensemble de plombs américains. Certains modèles présentés ce jour, je ne les ai vus qu’une fois. D’autres sont plus fréquents mais peu souvent dans cet état de conservation.
Placement ? je ne les définis pas comme tel. Cela vous inciterait peut-être à les collectionner et à faire s’envoler les prix ! Où serait alors le plaisir d’acquérir des pièces intéressantes sans casser sa tirelire ?

Lego Chevrolet  » panel van »

Lego Chevrolet  » panel van »

L’industrie automobile américaine a connu son apogée entre les deux guerres.  Elle a cherché à étendre son influence partout dans le monde,  s’engouffrant dans la moindre brèche pour conquérir de nouveaux marchés.

En Europe,  notamment en Belgique, aux Pays-Bas et dans  les pays scandinaves,  l’absence d’industrie automobile locale permit aux constructeurs américains  de pénétrer  facilement les marchés.

En toute logique, ce phénomène eut des répercussions chez les fabricants de jouets scandinaves notamment dans le choix des véhicules à reproduire.

Prenons la firme  danoise Tekno.  A ses débuts,  elle ne proposera à sa jeune clientèle  que  des Packard, des Buick, des Dodge, des Mercury, des Ford et des Harley-Davidson. On observe la même tendance chez Vilmer avec des Dodge et des Chevrolet. Lego n’échappera pas à la règle,  avec une petite particularité.

Bien souvent les véhicules industriels américains étaient livrés  en Europe châssis nus. Ils recevaient sur place chez un carrossier local un équipement spécifique. Ainsi la Packard  reproduite par Tekno a reçu une carrosserie  scandinave, tout comme les camions Ford, avec leurs bennes équipées de volets rabattables typiquement scandinaves.

Lego quant à lui optera pour la reproduction d’une carrosserie franchement américaine, dénommée aux Etats-Unis « panel van » (que l’on peut traduire par fourgon tôlé). La forme est bien particulière, simple et efficace, en un mot taillée à la serpe.

Elle est conçue à moindre coût et permet un chargement facile sans perte de place. Le seul lien avec la Scandinavie se trouve dans les publicités apposées sur ces fourgons : « Lys Kraft » (compagnie électrique), « Maelk  Flode» (laitier), « Brod Kager » (boulangerie) et autres dénominations nordiques. Le choix de Lego peut paraître curieux dans la mesure où cette camionnette n’entre pas dans la logique ludique de la marque qui consiste à offrir aux enfants la possibilité de permuter des éléments. Cette camionnette est de fabrication monobloc. Le seul côté ludique consiste dans l’ajout sur certaines versions d’une petite friction, comme cela se faisait beaucoup à l’époque. Signalons que ce type de gadget n’a jamais fait l’unanimité chez les enfants.

La friction se révèle très vite encrassée ce qui a pour effet de bloquer totalement la miniature. C’est un comble pour un accessoire qui devait lui permettre un meilleur roulement !

Sa courte existence explique sa rareté. Les décalcomanies sont très fragiles. C’est un très beau jouet, désormais difficile à se procurer.

Mercury Willys station wagon

La Mercury Willys station wagon ou comment transformer une auto tout terrain en un objet chic et de bon goût !

Mon père a toujours eu un faible pour la firme Mercury. Comme j’ai déjà eu l’occasion de l’indiquer, cela tient notamment au talent déployé par la firme turinoise dans le mélange des couleurs.

Mes parents avaient une activité liée à la mode, je les ai fréquemment entendus louer les Italiens pour leur sens des couleurs et leur habileté à les marier.

Mercury est un peu passé de mode en Italie. Il y a trente ans c’était la marque préférée des collectionneurs. La roue a tourné. Les générations qui ont joué avec des Mebetoys et des Edil Toys sont désormais en âge de collectionner. Elles n’ont connu que la fin de Mercury, qui ne fut pas une période heureuse pour la firme de Turin. Pour ces collectionneurs, ce sont les Mebetoys, Politoys, ICIS ou Edil Toys qui comptent.

Pour moi, l’Italie reste et restera attachée pour toujours à Mercury.

couleurs de Mercury Willys
couleurs de Mercury Willys

Je suis particulièrement intéressé par la période qui s’étale de l’après-guerre aux années soixante. Bien que je n’aie pas joué avec ces autos, je suis sensible à la poésie qui s’en dégage. De plus, elles sont très bien fabriquées, peut-être trop bien : ce sont davantage des maquettes que des jouets. En effet, au milieu des années soixante la demande imposait ce type de fabrication sophistiquée.
La gamme Mercury invite à se plonger dans la production automobile italienne. Aucune  auto populaire produite dans la péninsule vers le milieu des années cinquante ne manque. Lancia, Fiat, Alfa Romeo ou Innocenti, elles ont toutes été reproduites. L’échelle choisie, pas vraiment standard, était le 1/45. Cette série faisait suite à la première gamme qui proposait des autos plus près du 1/40.

Il y a cependant une exception notable : la fameuse numéro 8 reproduite au 1/25 environ. Elle est rare et manque encore à beaucoup de collectionneurs.

Curieux destin que celui de cette miniature qui connaitra deux matériaux différents. Une partie de la production sera injectée en zamac, l’autre en aluminium. Il faut tenir le modèle en main pour sentir la différence, aucun signe extérieur n’aide à l’identification. Mercury a peut-être voulu alléger le modèle en vue de son l’exportation. La technique ne sera plus réutilisée à Turin.
Une rapide analyse de la gamme Mercury démontre que c’est le marché américain qui était visé. Au delà des marques italiennes et d’une Volkswagen allemande, la production Mercury est consacrée aux autos américaines : Lincoln, Studebaker, Willys, Cadillac. Il faut dire que la colonie italienne était très nombreuse en Amérique. L’achat d’une petite Mercury au fils devait constituer pour le père comme un lien avec sa patrie d’origine et peut-être un moyen de l’éduquer au bon goût.

couleurs de Mercury Willys
couleurs de Mercury Willys

Cette belle Willys avait tout pour plaire : une caisse bois, une finition bicolore, une allure atypique et l’aventure au coin de la rue. Nos actuels bureaux d’étude ne renieraient pas cette tout terrain chic et de bon goût. Elle était peut-être trop en avance.
Gasquy livrera également une très belle reproduction de ce modèle, au 1/43 en zamac. Comme la Mercury, elle est peu fréquente.