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Investissement ?

 

Investissement ?

En attendant mon vol retour pour la France, je déambule dans les couloirs de l’aéroport de Newark. Mon œil est attiré par la une d’un magazine. Il s’agit d’une peinture dans laquelle dominent le vert et le bleu.

Barclay torpédo
Barclay torpédo

Plus que la couleur ou le thème, c’est la technique qui m’attire. On devine les touches rapprochées, à la façon des pointillistes ou des divisionnistes italiens. J’aime énormément ces œuvres où les peintres ont mis en œuvre des traités scientifiques sur la perception de l’œil humain. Seurat, Signac, Delaunay plus tard furent emblématiques de ce mouvement.

Je m’approche donc du magazine et je demeure consterné par le titre : « Comment faire un investissement fructueux ? » Je n’ai même plus envie de regarder car je comprends que le sujet du magazine est centré sur l’investissement et le rapport au profit.

Des clients m’ont parfois posé ce type de question : « Est-ce un bon investissement que l’achat de ce produit ? » En toute franchise, j’avoue être incapable de répondre. C’est une question que je ne me pose jamais. Mon père ou moi n’avons jamais poursuivi cet objectif.
Parfois, nous avons été déraisonnables. C’est bien ce qui caractérise un collectionneur. Où est la raison ?
Cependant, réunir une collection de qualité est autant une question de moyens que d’opportunités. L’argent ne fait pas tout, loin de là. Je sais qu’en écrivant cela je vais déclencher des railleries.

Bien connaître les miniatures et l’histoire des fabricants permet de saisir les bonnes affaires au bon moment. Cet opportunisme est à mes yeux la clef d’une collection réussie : il faut savoir s’intéresser avant les autres à un produit. Beaucoup de collectionneurs ne font que prendre le train en marche.

La hausse de la demande par rapport à un produit qui n’est plus commercialisé entraîne mécaniquement une hausse des tarifs. Depuis plus de trente ans que j’exerce mon métier j’ai bien souvent essayé de conseiller mes clients, parfois de les lancer sur de nouveaux thèmes. Je ne suis pas toujours suivi dans mes conseils. De très nombreuses pièces qu’on n’a pas su saisir ne sont jamais repassées, ou alors à des tarifs fort différents.

Il y a quelque temps, un client m’a interpellé sur un point. Il trouvait que je ne mettais que très peu de mentions « rare » dans le descriptif de mes annonces. Il avait cherché dans tout le site les quelques mentions rares et avait alors acheté les produits pensant faire un investissement.

A ce niveau de réflexion, j’ai dû lui expliquer que rareté ne coïncide pas forcément avec un prix élevé. Un modèle peut être rare mais n’intéresser que très peu de collectionneurs. C’est la rencontre du facteur rare et d’un nombre important de gens cherchant cet objet qui fait que les prix vont alors s’envoler. Je n’ai rien inventé, c’est la simple notion de marché que l’on apprend en seconde.

Je vais donc vous présenter un échantillon de pièces peu fréquentes, C’est un ensemble de plombs américains. Certains modèles présentés ce jour, je ne les ai vus qu’une fois. D’autres sont plus fréquents mais peu souvent dans cet état de conservation.
Placement ? je ne les définis pas comme tel. Cela vous inciterait peut-être à les collectionner et à faire s’envoler les prix ! Où serait alors le plaisir d’acquérir des pièces intéressantes sans casser sa tirelire ?

L’homme de Picardie

C’est le projet du Gouvernement de fusion des régions qui est à la source de ma rubrique hebdomadaire. Ce projet ne semble faire que des mécontents, ce qui ne constitue pas une originalité dans notre beau pays. Originaire de Picardie, je ne peux qu’ajouter ma voix au concert des insatisfaits. J’ai appris par la presse la disgrâce de ma région natale : aucune autre région voisine ne veut se voir adjoindre la Picardie. Le Nord-Pas-de-Calais a peur d’y perdre son identité et le capital sympathie dont la région dispose depuis Bienvenue chez les Ch’tis. La région Champagne-Ardennes est fort contrariée de penser que son image de luxe pourrait être tachée par les betteraves picardes.

camion International de 1947
camion International de 1947

Cela m’a rappelé la chanson de Georges Brassens : La ballade des gens qui sont nés quelque part. Ce dernier se moque de la vanité stupide des gens qui se glorifient d’être originaires d’un endroit particulier. Moi qui suis originaire de Picardie, je n’en tire aucune gloire particulière.

Il faut dire qu’au plan culinaire, la ficelle picarde n’a jamais été à la carte des grands restaurants et la renommée des « Picantins », friandises de Compiègne, ne semble pas s’être étendue au-delà des rives de l’Oise. Quant aux plages du Crotoy, elles n’ont jamais pu rivaliser avec celles du Touquet, plus au nord. La région agricole n’a pas su mettre en valeur ses atouts.

Pourtant dans les années soixante-dix, le feuilleton « L’homme du Picardie » avait mis la région à l’honneur. Le feuilleton racontait l’histoire au fil de l’eau d’un marinier et de sa péniche. J’ai le souvenir d’une série sans fin où il ne se passait rien ; une série pas dérangeante qui plaisait beaucoup à ma grand-mère.
Pour illustrer cette chronique, j’ai choisi de vous montrer des objets qui, comme la mal-aimée Picardie sont boudés par les collectionneurs. Mais comme la Picardie et ses trésors architecturaux, ses espaces naturels du Marquenterre, et ses roses si bien chantées par Yves Montand, voici des miniatures qui méritent que l’on s’intéresse à elles.

Commençons par les miniatures américaines injectées en plomb dites « slush ». La production des « slush » s’étale des années trente à la fin des années quarante. Cette technique, simple, a permis à de petites firmes de produire avec des moyens limités des miniatures parfois distribuées dans la seule région où elles étaient produites. Ainsi les firmes « Kansas » ou bien « Mid West » sont évocatrices du lieu de fabrication. L’injection en zamac, plus moderne et permettant des productions plus importantes et de meilleure qualité prendra le relais de celle en plomb. Mais cette nouvelle technique qui demande des investissements plus lourds fera disparaître les petites firmes. L’entreprise Barclay qui bénéficiait d’un réseau de représentants dans le pays a bien essayé de se convertir à l’injection en zamac, mais il était déjà trop tard.

Pour vous faire découvrir ces productions en plomb, je vous présente aujourd’hui des véhicules utilitaires. Ils sont moins fréquents que les reproductions d’automobiles ou de bolides de course. J’ai longtemps pensé que cela était dû à leur taille de reproduction plus importante qui présentait davantage de contraintes à la fabrication. Une meilleure connaissance des fabrications américaines m’a prouvé que cela n’était pas le cas. En effet, c’est bien avec la même technique que la firme National Products de Chicago, injectera ses premiers modèles, avant de remplacer le plomb par du zamac, souvent de qualité médiocre.

Voici donc deux superbes utilitaires destinés uniquement à des usages promotionnels. Ils constituent des exceptions. Avant la guerre et jusqu’aux années cinquante, les industriels accordaient peu d’importance à la diffusion de camions ou tracteurs promotionnels. Seules les automobiles bénéficiaient de cette attention. Voici donc un White Horse van de 1939. On appréciera avec quel soin le bloc moteur ainsi que l’arbre de transmission ont été reproduits. La firme White avait mis en avant la simplicité de fabrication et d’entretien de ses véhicules dans ses catalogues publicitaires. L’autre véhicule est un splendide camion International de 1947 servant à la pose de poteaux électrique.
Dans l’épisode suivant nous continuerons notre tour d’horizon des productions d’utilitaires en plomb aux Etats-Unis à cette période.