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Des Cam cast à la station service

Des Cam cast à la station service – 2

Voici la suite de notre série sur les Cam cast entamée avec les Dodge fourgons : voir Les embouteillages dans l’Ohio. Nous avions quitté notre petit fabricant de l’Ohio avec sa série de fourgons.

De conception similaire, monobloc, moulé dans un zamac très dense, voici donc la citerne. Sa réalisation a nécessité un nouveau moule. Il est probable que Cam cast n’avait pas envisagé la création d’un autre support publicitaire que le fourgon.

Citernes Cam cast
Citernes Cam cast

Il aurait été alors plus simple et moins couteux de mouler la cabine avec le châssis et d’adapter ensuite un fourgon, une citerne ou bien d’autres carrosseries. La ligne harmonieuse de la cabine a été conservée. Le traitement de la citerne est minimaliste. Les orifices de remplissage ne sont pas reproduits. L’essentiel pour ce fabricant était de symboliser une citerne.

Comme pour les fourgons, le modèle a surtout concerné une clientèle locale : Marathon marque distribuée dans l’Ohio et Farm bureau qui devait être une laiterie. Mais, et c’est logique pour ce genre de produit, figurent aussi des marques nationales (Shell, Gulf Sunoco). Il est plus difficile de se procurer ces citernes que les fourgons. Cam cast a t-il produit d’autres miniatures ? le mystère reste entier.

Nous y reviendrons prochainement pour un dernier épisode…

Cam Cast North American Lines

Cam Cast North American Lines

Sur les routes de l’Ohio

Dodge North American Van Lines
Dodge North American Van Lines

Modèle à forte densité de plomb. Ce qui se traduit souvent par des pneumatiques affaissées… dû au poids du modèle. Ce fabricant de l’Ohio  a produit une série de véhicules à usage promotionnel. Beaucoup de compagnies de l’Ohio, mais aussi quelques firmes nationales… Comme celui ci. Il est très difficile d’établir la liste de toutes les publicités produites.

Paolo Rampini a dressé une liste qui me parait déjà une base sérieuse… Beau travail de recherche, un vrai passionné ! J’ai d’ailleurs découvert avec émerveillement les premiers modèles dans son livre.

Lors de mes premiers voyages aux USA, je me suis aperçu que ces véhicules étaient méconnus de la plupart des collectionneurs américains ! Il a fallu une rencontre avec Steve Butler; collectionneur qui a réalisé de nombreux ouvrages sur le jouet pour avoir la chance d’en récupérer un très beau lot…ceux de sa collection ! Je me souviens d’avoir ramené ces camions, environ 25 d’un coup de Chicago…à l’époque aucune limite de poids pour les bagages… je les avaient réglé avant, il ne voulait pas les envoyer… J’ai compris pourquoi ! Je pense que c’est l’une des premières firmes, aux USA, a avoir utilisé le concept du modèle « promotionnel »… cadeau, afin de promouvoir une marque, un produit. Il est intéressant de voir que, comme souvent, lorsqu’un fabricant de jouet trouve un créneau avec une branche d’activité, cela fait souvent tache d’huile, chaque firme voulant aussi son « petit modèle ».

L’un des secteurs le plus concerné est celui du déménagement… très actif aux USA. Ce petit Dodge vante donc les mérites de « North American Van Lines ». L’harmonie des couleurs est vraiment très réussie..

Je vous ferai découvrir d’autres jolies publicités plus tard.

Il existe aussi des versions citerne

« Messieurs les anglais tirez les premiers ! »

« Messieurs les anglais tirez les premiers ! »

Nous sommes sous le règne de Louis XV. La scène se passe lors de la bataille de Fontenoy. D’après la légende, cette phrase aurait été prononcée par le Comte d’Auteroche en réponse au capitaine anglais Charles Hay, qui invitait les troupes françaises à ouvrir le feu. Après de lourdes pertes dans les deux camps, les Français aidés des Irlandais ont finalement réussi à repousser la  coalition formée des Autrichiens, des Hollandais et des Anglais. Cette victoire ouvrit la voie à la conquête de la Flandre par Louis XV.

La bataille  que je vais vous conter fit moins de victimes. Elle eut pour théâtre la salle des ventes de chez Christies à South Kensington, les 24 et 25 Septembre 2001.

Il s’agit d’une fameuse collection venant de Belgique. L’imbroglio juridique qui a suivi le décès de son propriétaire a longtemps bloqué la vente. Une fois réglés les problèmes juridico-administratifs, c’est la grande maison anglaise qui a été choisie pour disperser la collection.

A peine le catalogue reçu, il a fallu préparer un plan de bataille et rassembler les munitions, c’est à dire le budget disponible pour la vente. Ce genre de vente ne s’improvise pas, il y a un gros travail à mener en amont.  Il faut analyser le catalogue, séparer les modèles susceptibles d’enrichir ma collection et ceux destinés à la revente et estimer les lots. C’est cette phase capitale qui fait la différence  entre les enchérisseurs.

Bien estimer permet d’acheter à un prix raisonné. Or l’évaluation n’est pas une science exacte. Elle résulte d’un ensemble de facteurs : expérience des prix précédents, l’évolution de ces prix dans le temps, la demande propre à sa clientèle, cette dernière évoluant également dans le temps. L’équation est difficile, c’est un des charmes du métier de marchand.

A l’issue d’un premier examen du catalogue de la première vente consacrée exclusivement aux Dinky Toys anglais, un premier constat s’est imposé. Il y avait dans cette vente une extraordinaire série de prototypes en bois de la série 39 formant  un ensemble unique. De nombreuses autres miniatures, notamment d’avant-guerre, me tentaient mais je préférais garder mon budget pour cette série : il faut savoir se limiter et entre un modèle de série et un prototype, mon choix se porte sur le prototype.

Cette série de prototypes je l’ai découverte dans le livre de Mike and Sue Richardson. Avoir la possibilité d’en acquérir un ou plusieurs exemplaires excite ma convoitise.   Je concentre mon objectif  sur les lots 174 à 182. Je me souviens très bien avoir fait des projections d’estimation, mon but étant d’en récupérer trois, avec une préférence pour les modèles jamais commercialisés par Dinky Toys : la Hupmobile , la Ford Luxicab et la Lincoln Zephyr limousine. Ces lots arrivaient assez vite dans la vente car le catalogue était conçu de manière chronologique, présentant successivement les séries 22, 23, 30, 36, 38 et 39.

La bataille était donc programmée pour se tenir dans le premier quart de la vente.  Je redoutais beaucoup les collectionneurs anglais qui aiment particulièrement les produits qui constituent  la série 39. Passionnés, connaisseurs, ce sont de redoutables adversaires,  ils ne lâchent jamais rien facilement. C’est pourquoi mon objectif concentré sur ces  8 lots se révélait difficile à atteindre.

 

Lorsqu’une succession de lots  a un point commun, il faut attaquer tout de suite, dès le premier lot.  En effet, les lots passants, ceux qui n’ont rien eu  au départ jettent toutes leurs forces pour avoir quelque chose sur le dernier et l’avant-dernier lot. Les deux derniers lots font toujours plus cher que le premier ou le second !

Le lot 174 arriva. Contre toute attente, l’attaque ne vint pas  de collectionneurs anglais mais français. Curieusement, les Anglais ont participé à cette joute d’enchères mais n’y ont pas brillé. En fait, rien ne s’est passé comme je l’avais imaginé ils n’ont pas défendu leur patrimoine et les modèles ont pour la seconde fois,  quitté leur pays d’origine. Sur chaque lot j’ai dû me battre avec la même personne. J’ai laissé  filer le numéro 175, l’Oldsmobile six  qui était assez abimée. Mon intuition était la bonne, j’ai  pu enlever tous les lots suivants tout en restant d’équerre avec le budget prévisionnel. Au total j’ai pu réunir  8 des 9 pièces. Ce fut inespéré. J’avais réussi mon coup au-delà de mes espérances.

A l’issue de la vente et après avoir réglé les lots, la collecte des modèles a été un des moments les plus agréables de la journée. Les enchérisseurs ont rangé les armes et c’est dans une ambiance de respect mutuel que  les participants, tout en emballant leurs acquisitions  respectives, sont venus féliciter les autres  pour leurs achats. La tension était retombée.  La paix était revenue.

A cet instant  un Anglais qui m’était inconnu s’est approché de moi. Il s’est présenté comme étant Julien Loffet et m’a félicité pour mes achats. Il m’a raconté avoir été le premier propriétaire de ces pièces.

Il les avait acquises avec d’autres pièces dont deux Série 38 en bois que j’ai pu aussi acquérir auprès d’une personne ayant travaillé au bureau d’étude. Il les avait mises en vente chez Phillips le mercredi  19 avril 1989. C’est là que Jean Vital-Rémy les avait acquis. Il était aussi surpris que moi, et sans doute un peu déçu, que pas un des modèles ne reste en Grande-Bretagne. Il aurait surement aimé que ce patrimoine reste sur place. Par la suite, nous avons établi une correspondance.  Il m’a offert le catalogue Phillips  du mercredi 19 avril 1989. J’ai été très touché de cette attention,

Ces modèles, je ne me lasse pas de les contempler. Ils forment un ensemble incomparable. C’est bien sûr le côté historique qui me plaît. On imagine facilement la direction de Binns Road ayant ces objets entre les mains. Ils marquent un tournant dans l’histoire de Dinky Toys. Après les séries 24 et 30, ces autos présentaient un indéniable progrès dans la qualité d’exécution des miniatures.

 

Mercury : béni des Dieux

Mercury : béni des Dieux

Un peu d’attention à notre patrimoine artistique, architectural ou culturel révèle combien notre société est redevable à la Grèce antique.

Mercury : rare version
Mercury : rare version

Nombre d’auteurs classiques ont puisé leur inspiration dans la tragédie grecque. Le théâtre et l’opéra ne cessent de nous raconter l’histoire de Phèdre, d’Alceste et d’Eurydice. Une bonne connaissance de la mythologie grecque est indispensable à la compréhension de l’histoire de l’art. Plus tard Rome reprendra à son compte la mythologie grecque et donnera des noms latins à ses divinités.

Les deux associés de Mercury, Attilio Clemente et Antonio Cravero devaient avoir une solide culture antique. Lorsqu’ils ont entrepris de diversifier l’activité de leur entreprise, c’est en l’honneur du dieu du commerce, Mercure, qu’ils ont nommé Mercury la branche jouets de leur entreprise.

La firme naquit donc sous de bons auspices. Au départ, elle se développe grâce au Comte Giansanti Coluzzi. Cependant, le marché italien peine à se remettre de la seconde guerre mondiale et n’est pas assez important. Les dirigeants qui sont conscients du potentiel de leur entreprise, vont tout faire pour favoriser l’exportation des produits Mercury. Après la conquête du marché suisse, qui a été une réussite, Mercury va s’attaquer à d’autres objectifs.

A-t-on bien consulté les oracles avant de s’engager ? Disons simplement qu’une analyse plus fine de la situation aurait permis d’éviter bien des écueils.

Tout commence en 1958. Une nouvelle gamme est lancée avec pour cible le marché nord-américain. Dans ce secteur saturé où la concurrence est rude, Mercury va faire preuve d’imagination. C’est avec une gamme d’engins de travaux publics qu’elle tente une percée. Mercury traite à des échelles très réduites, du 1/75 au 1/110 environ, ces engins aux dimensions impressionnantes. Elle s’affranchit ainsi des coûts de fabrication élevés qu’aurait engendrés une reproduction au 1/50. De plus, à cette époque, la mode est aux réseaux de chemin de fer HO avec lesquels, si l’on n’est pas trop pointilleux, ces engins sont plus ou moins compatibles. Les modèles reproduisent les engins qui figurent dans les catalogues des fabricants américains.

En Europe, où Mercury tente également de les distribuer, le succès n’est pas au rendez-vous. Par contre, aux Etats-Unis un dénommé Povitz approche les dirigeants de Mercury afin de les persuader de produire ces miniatures sur place à Plattsburgh (NY). On peut imaginer aisément les arguments en faveur de cette solution : moins de frais d’expédition et suppression des taxes d’importation. Le prix de revient et le prix de vente se trouvent tirés vers le bas. Mercury en pleine confiance acceptera cette offre. Ainsi à Plattsburgh (NY) une unité dénommée « Little Toy » voit le jour. Elle reprendra la production avec l’outillage provenant de Turin. Les modèles issus de cette unité reçoivent un emballage plus luxueux mais plus fragile, proche de ce que Dinky Toys fera pour le marché américain.

Ce que l’on sait moins, c’est que l’unité de production américaine va créer quelques modèles que l’on ne verra jamais en Europe. Je me souviens fort bien l’avoir fait découvrir à Paolo Rampini, pourtant fin connaisseur et possédant une grande culture sur l’histoire du jouet. Comme il doutait un peu de mes propos, j’ai dû lui prouver l’existence de ces jouets. C’est à cette occasion que j’ai découvert que le fabricant délocalisé aux USA avait fait graver sur les pneumatiques le nom Mercury. Ainsi, je vous présente ces quatre véhicules, tous des Chevrolet. L’échelle de reproduction se situe au 1/75 environ. Ils sont très peu fréquents, notamment le tracteur Chevrolet semi-remorque. On peut imaginer que la branche US envisageait une diversification de sa gamme. L’histoire se gâte quant le gérant, M. Povitz disparaît dans la nature sans avoir réglé à Mercury le prix du prêt de l’outillage. Mercury lance une action judiciaire et fait même intervenir le consulat. Sans succès.

Ce revers a eu de graves conséquences pour la firme turinoise. Mercure avait sans doute mieux à faire ailleurs. Sans oublier qu’il était aussi le Dieu des voleurs…

Sur les routes encombrées de l’Ohio

Sur les routes encombrées de l’Ohio

Voici une sélection de ces superbes Dodge Cam Cast. Le point commun de tous ces modèles est qu’ils appartiennent au secteur agro alimentaire.

Dodge Cam Cast
Dodge Cam Cast

Cam cast, originaire de l’Ohio, démarcha principalement des entreprises de cet état. Les flancs de ces petits fourgons arborent rarement des publicités pour des firmes d’importance nationale comme North American van Lines (voir les autres versions)

Ils supportent plutôt des publicités pour des entreprises locales. Nous avons regroupé les modèles par corps de métier : en premier lieu des laiteries (Schlosser’s ; Brewer’s ; Jerzee milk), puis une boucherie (Eck rich), des traiteurs (Wolf and Dessauer ; Eckert) et enfin un fabricant de pommes chips (Kuehmann’s).

Il est intéressant de relever qu’en s’introduisant dans certaines branches d’activité Cam cast a créé un phénomène de mimétisme au sein de ce secteur ; c’est ainsi qu’on peu trouver plusieurs fourgons vantant les mérites de telle ou telle laiterie.

On peut facilement imaginer qu’il y avait une forme d’émulation entre les petits producteurs locaux pour la réalisation d’une miniature à leur nom.

Voir un autre article sur la firme Cam Cast