Archives de catégorie : souvenirs

les souvenirs de collectionneur de Vincent Espinasse

La valse des zéros

La valse des zéros

« C’est le tango du temps des zéros
J’en avais tant des minces des gros
Que j’en faisais des tunnels pour Charlot
Des auréoles pour Saint-François »

Ces paroles de Jacques Brel sont extraites de la chanson « Rosa ». Il y décrit avec tendresse son univers scolaire et ses premiers émois amoureux qui présagent de relations complexes avec les femmes. (voir la vidéo de la chanson de Jacques Brel « Rosa »https://youtu.be/v6rLLE48RL0)

Aujourd’hui, le zéro est mieux perçu par nos contemporains. Si dans le passé il était synonyme d’échec scolaire, il évoque aujourd’hui le prix astronomique d’un objet.

Désormais, lorsqu’on me parle en millions d’euros de certaines autos anciennes, je suis perdu, je n’arrive pas à me représenter la réalité de la somme. Mon unité de mesure étant le prix de ma maison, j’en suis réduit à tout ramener au prix de mon habitat.

Au hasard d’une conversation avec des collectionneurs, j’apprenais ainsi que le 24 juin 2017, un Saviem JM240 tracteur semi-remorque « Transcontinental express » de chez C-I-J avait été enlevé pour 10 000,00€ au marteau, dans une salle des ventes. Avec les frais, cela faisait plus de 12 000,00€. Ce genre de résultats suscite toujours bien des commentaires, plus ou moins avisés, mais souvent empreints de jalousie.

Cet événement m’a rappelé mon histoire personnelle de collectionneur. Mon père et moi étions sur les rangs pour le premier exemplaire mis en vente en 1983, dans une salle des ventes de l’Eure, à Vernon précisément. On peut même dire que c’est à ce moment-là que le modèle fut officiellement référencé par les amateurs de C-I-J. J’ai conservé la coupure d’un journal local annonçant l’événement.

Le journaliste avait titré : « Un mini »bahut » à un maxi prix » ! Il devait être en mal d’inspiration. On voyait en photo le camion dans les mains du commissaire priseur. Les vacations dispersant cette importante collection s’étaient étalées sur plusieurs week-ends. Le journaliste annonçait fièrement que celle du 11 décembre 1983 allait en être le moment fort. Le camion était estimé entre 12 000,00 et 15 000,00Francs  (1830,00€ et 2286,00€). ce qui était à l’époque une très belle somme pour un jouet.

Mon père était bien décidé à ramener l’objet à la maison, pourtant, ce ne fut pas le cas. Contre toute attente, le camion atteignit le prix de 50 000,00Frs (7500,00€), somme considérable. J’ai appris ce jour que rien n’est jamais gagné aux enchères !

Il nous fallut patienter jusqu’au 30 aout 1988 pour trouver un exemplaire neuf en boîte auprès de Jean Bernard Sarthe pour 10 000Frs (mille cinq cents euros). On notera le gros écart de prix avec celui de la vente aux enchères vu plus haut.

Toujours en 1988,  une autre salle des ventes proposa des modèles C-I-J provenant de la valise d’un ancien représentant de la marque. Au vu de son contenu, on comprenait que son propriétaire avait connu la fin de l’aventure C-I-J.
Les véhicules proposés à cette vente étaient des échantillons destinés à être montrés aux marchands de jouets en vue d’éventuelles commandes. Parmi les modèles figurait la présérie du fameux Saviem décrit plus haut.

Il était donc bien antérieur au modèle commercialisé et avait été fabriqué sur la base d’une calandre à 3 barres et non à une barre comme celui vu plus haut.

Le plus étonnant était le schéma de couleurs inversé par rapport à celui retenu en série.

Le système d’accrochage de la remorque n’avait pas encore bénéficié des améliorations vues sur la version définitive.

La C-I-J avait dû se rendre compte qu’elle n’avait pas assez de pièces récupérées chez JRD pour concevoir son système d’attelage. N’oublions pas que ce modèle, de toute fin de production, était  l’assemblage d’un tracteur de fabrication C-I-J et d’une remorque récupérée lors de la cession du stock de pièces détachées de JRD. La décalcomanie est également issue de chez JRD ; elle décorait à l’origine le Simca Cargo tracteur semi-remorque en tôle reproduit à une échelle bien supérieure.

Par miracle, elle s’adapte parfaitement sur les flancs de la remorque recevant normalement la décalcomanie « Kronenbourg ».

La finition est digne d’un modèle de série, ce qui permet de penser qu’une petite série a été fabriquée dans cette première mouture, au moins pour les représentants.
Il ne fallait pas laisser passer l’occasion d’acquérir une telle pièce. C’est toujours à ce jour le seul exemplaire connu. Mon père ne l’a pas laissé passer ! Il fit 17 500,00 Frs. soit  2668,00€.

La première constatation c’est qu’il est parti pour un prix inférieur à celui du premier modèle mis en vente alors qu’il était encore plus rare. Cela donne à penser que les scores des ventes aux enchères sont le résultat d’une étrange alchimie.
J’avoue avoir souri au résultat de l’enchère du 24 juin 2017. Il me conforte dans l’idée que j’avais fait un bon choix trente ans auparavant.

Je pense aussi à l’enchérisseur qui, ce 24 juin 2017, a dû laisser filer l’objet convoité. Combien de temps lui faudra-t-il attendre pour en trouver un autre ? Sera-t’-il encore intéressé, à quel prix ? L’échec d’un jour conduit parfois à l’abandon. Saura-t-il persévérer ?

Ce fut notre cas. Nous n’avons jamais baissé les bras lorsqu’un autre emportait le modèle convoité. Bien au contraire, cela décuplait notre motivation. La logique est imparable : celui qui l’a emporté ne sera plus sur les rangs la prochaine fois que le modèle sera proposé !
Parfois cependant, de nouveaux collectionneurs entrent dans la compétition.

L’échec n’est finalement pas bien grave, le plus important est d’apprécier la collection déjà construite.

Voir l’autre article consacré à l’autre version du Saviem JM240 tracteur semi remorque tôle « Kronenbourg »

 

La conscience du travail bien fait.

La conscience du travail bien fait.

« Non, non, ils sont en polyéthylène . Le nylon, c’était bien trop cher. Ca coûtait environ six fois plus. Nous nous en servions pour les engrenages des locomotives. De plus cette matière avait une propriété intéressante, elle était auto-lubrifiante.» Voilà de quelle manière m’a repris un ancien employé du bureau d’étude de chez Meccano. Nous parlions des pneus apparus au milieu des années soixante avec les jantes en aluminium et qui portent la gravure « Dunlop ». Comme tous les collectionneurs je les pensais injectés en nylon.

Dinky Toys Berliet GBO benne
Dinky Toys Berliet GBO benne

Mon interlocuteur a travaillé au bureau d’étude de l’entreprise Meccano depuis les années soixante jusqu’à la dissolution au milieu des années quatre-vingt.
Pour un collectionneur de miniatures, rien n’est aussi passionnant qu’une rencontre avec un ancien membre du bureau d’étude d’une entreprise de jouets.

Bien évidemment, le regard que porte le collectionneur sur sa marque préférée est différent de celui porté par un ancien salarié. Mais ce dernier finit toujours par comprendre l’intérêt que vous lui portez et apprécie que son histoire professionnelle soit une source d’émerveillement.

Les souvenirs remontent à la surface ; les souvenirs et les noms des collègues perdus de vue depuis longtemps. Comme j’ai eu la chance d’en croiser un certain nombre, il m’arrive de suggérer un nom. Parfois, cela fait mouche, le regard du narrateur s’anime et l’histoire repart.

Nous sommes devant des plans originaux. Mon interlocuteur me raconte comment les modèles sont réalisés. C’est le travail en amont du plan qui retient toute mon attention. Lorsque la direction avait opté pour un projet, un long travail de recherche et de documentation commençait.

Mieux, des membres du personnel allaient étudier le véhicule in situ. Ainsi mon homme me conte comment, un matin d’hiver bien froid, la direction l’avait envoyé avec un collègue dans une casse automobile au Bourget, afin de photographier un GMC bâché militaire et d’en relever les cotes. Plus tard, il sera également envoyé à Tours, chez Pinder, également en plein hiver, pour cause d’hivernage du cirque. Ce jour là, l’épouse du directeur marketing, que l’expédition tentait car une partie des animaux était également là, l’avait accompagné.

 

On comprend alors que la qualité d’exécution, de gravure, de détail des Dinky Toys France n’est pas due au hasard. Il y a en amont un travail fantastique pour réaliser des plans riches en détails. Je me souviens très bien que M. Malherbe s’était fait retoquer le plan de son moteur Matra de formule 1 jugé trop complexe. Quand on voit la version retenue, on n’ose imaginer jusqu’où était allé ce dernier.
L’autre point qui a retenu mon attention c’est la préoccupation d’exactitude. Ainsi, on peut dire que quasiment tous  les modèles réalisés par Dinky Toys trouvent leur source dans la réalité. Rien n’est dû à l’imagination d’un prototypiste, ce qui est rare chez les fabricants de jouets.

Ainsi, le Berliet GBO benne carrière a bel et bien existé avec cet équipement. J’ai pu dernièrement voir une photo du vrai véhicule. Destiné au désert, il était fort peu répandu sur le territoire. Tout est fidèlement reproduit.

La firme Quiralu n’a visiblement pas été animée du même souci d’exactitude. Ayant comme Dinky Toys un Berliet GBO à son catalogue, elle cherchait elle aussi à amortir son outillage. Le choix se porta sur une tribenne Marrel.

Je doute que ce modèle ait existé. On peut d’ailleurs relever que ce type d’équipement sur un châssis GBO est impossible. Il faut donc prendre ce modèle pour ce qu’il est, un jouet. Il est connu en trois déclinaisons de couleurs.

 

S’agissant du modèle Dinky Toys, une seule variante de jantes est répertoriée. La benne réalisée en plastique a pu décontenancer. Certes, en zamac elle aurait eu plus de cachet mais c’est l’époque qui  voulait cela, ainsi que la nécessité de réduire les coûts de production. Pourtant, j’avoue que j’aime bien ce camion.
Mon interlocuteur m’a également expliqué comment Liverpool cherchait encore à récupérer des modèles français au milieu des années soixante. Le bureau d’étude parisien freinait les ardeurs de Liverpool et mettait une certaine mauvaise volonté à s’exécuter. Notre homme n’hésita à me confier que ses collègues anglais ne lui semblaient pas être au même niveau. Il est vrai que la gamme de Liverpool, surtout après 1960, est assez chaotique. Effectivement, les graveurs semblent moins performants que leurs homologues français.

Terminons en soulignant que mon interlocuteur avait une grande admiration pour Solido. Lui sont revenus les mots que le graveur, amateur de voitures de sport, lançait fréquemment : « Arrêtez avec vos berlines familiales, place aux coupés sportifs !  » Meccano France aurait sans doute été avisé de corriger le tir dès le début des années soixante soixante. (voir l’article sur le Berliet GBO saharien)

 

 

Le 20 Juin 1977

Le 20 Juin 1977

Je me souviens très bien du 20 Juin 1977. C’était un lundi. La veille, le 19 juin, Jacques Laffite s’était imposé au volant de sa Ligier-Gitanes JS7 au Grand Prix de Suède. C’était la première victoire au championnat du monde de formule 1 d’une monoplace entièrement française.

Ce 20 Juin 1977, pour aller au lycée, j’arborais fièrement l’anorak, aux couleurs de l’écurie Ligier-Gitanes. Ce n’était plus de saison, le tee-shirt aurait été plus approprié. Mais le résultat de la course m’avait transporté et je n’y pensais même pas. Les couleurs tricolores ne passaient pas inaperçues.

Enfant, j’aimais particulièrement les autos de course miniatures de couleur bleue, celles arborant les couleurs nationales. Les Alpine en rallye, les Matra en endurance et puis les Ligier en Formule 1. Cette fierté nationale, est, je pense, commune à tous les individus, plus ou moins prononcée selon l’histoire et la culture du pays où l’on est né. Il ne faut pas la confondre avec le chauvinisme qui pousse à l’excès et conduit à dénigrer l’adversaire étranger. Il faut bien sûr qu’il y ait un lien assez fort entre le constructeur automobile et le pays qu’il représente.

Il est intéressant de constater que lorsque Renault s’est engagé en compétition au milieu des années soixante-dix, en arborant non la couleur nationale, le bleu de France, mais ses couleurs, le jaune et le blanc, je n’ai pas éprouvé le même attrait.

Cette fierté nationale a disparu depuis bien longtemps. Il faut dire que l’arrivée des sponsors à la fin des années soixante-dix a changé la donne. Les autos ont perdu leur identité nationale pour arborer celle d’un commanditaire. Les Lotus 72 aux couleurs du cigarettier J.P.S n’ont pas la même force symbolique que la Lotus  que pilotait Jim Clark, de couleur vert et jaune.
Enfant, mes miniatures préférées étaient les Matra 650 puis 670 de chez Solido. Dans les simili-courses que j’organisais, elles finissaient toujours en tête, battant à plate couture les Porsche 917 et les Ferrari 512S ! Bien sûr, cela ne reflétait pas la réalité, mais elles étaient de couleur bleue et donc invincibles à mes yeux !

 

Je me suis replongé dans le passé, et plus précisément dans les années 30.J’ai tenté d’imaginer quelles miniatures reproduisant les bolides bleus de l’époque permettaient aux gamins de s’identifier à leurs héros. Alors que j’étais jeune collectionneur la Bugatti Type 35 des années 30 de chez Rami, reproduite dans les années soixante, me semblait une pièce importante. Elle reproduisait une auto française glorieuse.

Pourtant, dans les années trente, très peu de fabricants se sont intéressés à la reproduire. Il y eut bien sûr une très belle Bugatti type 35 chez Jep en tôle lithographiée, mais à une échelle bien supérieure au 1/43ème. Ce n’est pas le jouet que l’on pouvait glisser dans sa poche pour jouer dans la cour de récréation à l’école.

Dans les années trente, CD a reproduit une Bugatti. L’Argus de la Miniature l’a dénommée Brescia 13 mais je pense que cette appellation est erronée. Selon mes recherches, la Brescia 13 est très différente. En fait il est difficile d’identifier ces autos, notamment parce que les photos sont peu nombreuses et de médiocre qualité. De plus, depuis que les compétitions automobiles existent, les concurrents ne cessent de modifier leurs autos afin  d’essayer de les rendre toujours plus performantes. Il est parfois étonnant de voir combien un même châssis a pu recevoir de carrosseries et subir de modifications. Pour les miniatures de cette période, c’est l’allure, l’aspect général qui prime. Une chose est certaine c’est bien une Bugatti qu’a reproduit CD.

Mais la présence contradictoire, d’ailes couvrant les roues et d’un poste de pilotage presque central en fait une auto hybride avant l’heure.

J’ai retrouvé une auto similaire dans une épreuve dénommée Grand Prix de tourisme disputée à Montlhéry en 1925 dans le livre de Pierre Dumont : Bugatti les »pur sang » de Molsheim. Gilles Scherpereel m’en a toujours parlé comme d’une miniature très rare. Je n’en ai vu qu’une chez lui et en état très quelconque. La dispersion d’une collection exceptionnelle a récemment permis d’en revoir quelques exemplaires.

CD l’a réalisée en plusieurs couleurs : actuellement, les couleurs argent, rouge, vert et bien sûr bleu sont répertoriées. Bugatti avait su séduire de nombreux pilotes étrangers et des Bugatti de couleurs variées ont réellement existé. J’ai tenté de les mettre en situation sur les différents clichés.

Comme cette miniature inspire la vitesse, j’ai pensé aux photos de Lartigue avec les arbres qui défilent.
La semaine prochaine je vous présenterai une autre Bugatti de course très originale.

La Cadillac du peuple

La Cadillac du peuple

« Vous savez, avec l’amour on arrangerait bien des choses. Même dans les bureaux de vote. D’ailleurs faut pas voter. Chacun le sait. Les gens votent, c’est comme cela ; c’est la Cadillac du peuple. Alors on les fait monter de temps en temps dans la Cadillac. Ils en descendent vite. »

Les propos sont de Léo Ferré. Je les ai relevés dans une émission de France Musique qui rendait hommage au poète. J’ai été touché par ces mots que Ferré débitait sur un ton presque anodin, bien loin de la gravité du propos. Il part d’un constat, puis rebondit et va là où on ne l’attend vraiment pas. N’est-ce pas le rôle de l’artiste de provoquer, de questionner, de faire réfléchir?  Avec ces mots simples il nous interpelle sur un sujet qui nous concerne tous, la démocratie.
Ce qui m’a accroché c’est bien sûr la comparaison entre l’action d’aller voter et celle d’un voyage en automobile de luxe. Mais c’est aussi le fait d’avoir choisi une marque qui ne viendrait pas spontanément à l’esprit.

Comme symbole d’un voyage luxueux, on penserait plutôt à la marque anglaise Rolls-Royce. On sait qu’une rumeur circula dans les années soixante sur le fait que Léo Ferré possédait une Rolls Royce.

La rumeur avait sûrement été lancée dans le but de troubler dans l’opinion publique l’image d’un artiste engagé et dérangeant. Mais elle n’avait aucun fondement comme le confirme le biographe de l’artiste Robert Belleret.

C’est peut être pour cela qu’il a choisi dans sa démonstration la marque Cadillac et non Rolls-Royce, pour ne pas troubler davantage les esprits. Ceci n’est qu’une supposition car Léo Ferré n’était pas du genre à esquiver.

Personnellement, si je dois associer la représentation du suffrage universel à celle d’un voyage, c’est plutôt l’image d’Ulysse qui me vient à l’esprit, lorsque revenant de l’île des morts, il demande à ses compagnons de l’attacher au mât de son navire pour ne pas succomber aux chant des sirènes.

Afin d’illustrer ces propos, j’ai choisi des miniatures de la marque Mercury. En effet la firme de Turin a inscrit  de manière quasi  simultanée à son catalogue une Rolls-Royce et une Cadillac Eldorado cabriolet. L’occasion était trop belle.

Cette dernière est considérée par beaucoup comme la plus belle miniature jamais reproduite. Mon père a toujours eu une grande affection pour cette auto, qui nous a marqués à tout jamais.

Au début des années 80, il en acheta 18 exemplaires différents issus d’une même collection.  La personne les avaient  toutes acquises dans les années soixante en magasin, fait rarissime  à une époque où l’on se contentait d’un seul exemplaire. On imagine combien cette auto lui tenait à coeur.

 

C’est un superbe modèle, image du luxe à l’américaine, vendue sous la référence 28   dès 1956. Cette miniature n’aurait pas déplu à Léo Ferré, lui qui naquît à Monaco. Il dut en croiser plus d’une dans les rues de la Principauté.

Sera-t-elle fiable pour aller voter dimanche ? Une chose est sûre, d’une telle auto, on n’a pas envie de descendre.

Un écureuil dans votre moteur !

Les collectionneurs ont parfois des attirances qui peuvent paraître étranges. Pour ma part, je dois confesser une faiblesse pour les stations-services. Ainsi, lors de mes nombreux voyages à l’étranger, j’essaie toujours de privilégier les marques d’essence qui sont propres au pays où je me trouve et qui ont un rapport avec ma collection.

Esso
Esso

Aux USA, j’ai beaucoup de plaisir à faire le plein chez Phillips 66 ou chez Sunoco. Ces compagnies ont gardé un lien avec leur passé au niveau des logos et des couleurs.

Tel un touriste japonais devant la Joconde, je n’hésite pas à sortir mon appareil photo afin d’immortaliser ces stations, provocant un regard, au mieux interrogateur, au pire soupçonneux, du pompiste.

Si je lui demande de surcroît s’il n’a pas un petit sticker que je pourrais joindre à mes miniatures en vitrine, je sais que je le laisse pour la journée dans une grande perplexité ! J’aime surtout faire le plein dans des stations représentatives. Au milieu du mois d’octobre, je me suis rendu en Allemagne. Aral, l’enseigne locale, y est aussi connue que Total chez nous. Je m’interroge cependant sur un point. Certes, ces marques que je viens de citer dominent leur marché national, mais il y a des pétroliers que vous retrouvez aux quatre coins du monde : Esso, Shell, BP. Il est intéressant de voir comment ces firmes ont réussi à pénétrer la plupart des marchés, bien avant la mondialisation actuelle.

Prenons le cas d’Esso. Les collectionneurs français que vous êtes ont déjà remarqué que cette enseigne se retrouve sur un très grand nombre de jouets des années 50-60, notamment les garages Depreux, les boîtes Starlux et vos Dinky Toys. Bien avant l’apparition de « l’enfant prescripteur » ces firmes cherchaient déjà à conditionner les plus petits. Le logo avec le tigre fait partie de cette démarche.

Ainsi, sur le marché allemand, Esso fut aussi très actif, et c’est le sujet de notre rubrique. Gama fut un des partenaires de la firme américaine et ce durant de nombreuses années. Un des modèles les plus fameux est la reproduction au 1/30 environ de la bonne vieille BMW 1800. Sous des allures de berline familiale, un décalque sur la malle arrière conseille de mettre un tigre dans le moteur (dans la langue de Goethe, évidemment !).

Un ingénieux mécanisme permet à la malle arrière de pivoter et faire apparaitre le terrible félin en plastique qui ressemble en l’occurrence fortement à un gros chat… succès garanti auprès des enfants…

J’avoue que chaque fois que je rencontre ce jouet en Allemagne, je ne peux m’empêcher d’actionner le mécanisme, au prétexte de vérifier simplement, en tant qu’acheteur éventuel, le bon fonctionnement du modèle !

Gama prolongea jusque dans les années 80 son partenariat avec Esso. Siku partagea sa production entre la compagnie nationale Aral, et Esso. Le modèle de camion citerne Esso que je vous présente est particulier.

Il ne s’agit pas du modèle de série, qui est rouge, mais d’une version promotionnelle très peu fréquente et plus tardive. La cabine est dénommée Struver par Siku. Il s’agit d’une mécanique Man et d’une cabine Henschel. Ce modèle était uniquement disponible dans le réseau Esso comme l’autre modèle de la photo, issu de chez Riegel. La cabine est celle du Man. Le texte sur la boîte vante la capacité de la citerne. La reproduction de la miniature est au 1/60, comme les Siku. Pour le détail, observez le logo « Esso » gravé dans la calandre. Enfin, ce fabricant peu connu n’a pas hésité à donner la référence « 1003 » ce qui laisserait présumer une fabrication antérieure importante!

A voir le sourire du pompiste Esso sur la publicité présentée, on se plait à imaginer qu’il vient d’offrir à un bambin une petite reproduction miniature du semi-remorque, comme celle que je vous montre. Epoque bénie, où il y avait encore des pompistes …. En 2010, Esso a automatisé sa distribution, et de pompiste il n’y en plus…. comme de cadeaux d’ailleurs, et même, en ce mois d’octobre, d’essence !

Devant les files d’attente qui créent des bouchons à l’entrée des stations services, on pense avec un sourire nostalgique à Jacques Brel, « emmerdeur » splendide qui préfère tomber en panne d’essence plutôt que de faire le plein dans une station service qui ne distribue pas les cadeaux collectionnés par son neveu…..