Archives de catégorie : avant-guerre

fabrication avant la seconde guerre mondiale

The Perfect Rubber Ford V8

Le mystère V8 1935

L’histoire de ce jour est, je pense, un cas unique dans l’histoire de l’industrie de la miniature automobile. De nombreux collectionneurs américains s’y sont intéressés et n’ont pas réussi à s’accorder sur la réalité des faits. Je vais donc vous proposer ma version.

The Perfect Rubber Company : à gauche De Soto et à droite la Chrysler
The Perfect Rubber Company : à gauche De Soto et à droite la Chrysler

Nous sommes en 1935-1936. Dans l’industrie du jouet automobile, un nouveau matériau vient de faire son apparition, le caoutchouc dit « rubber ». Il n’est pas utilisé ici comme accessoire, pour reproduire les pneumatiques des miniatures, mais bien comme matière première dans l’injection monobloc des jouets automobiles.

C’est à la crise de 1929 que le caoutchouc, doit son succès. Il était devenu absolument nécessaire de réduire les coûts de fabrication. C’est ainsi que sont apparus en 1935 les premiers jouets automobiles « rubber » qui disparaitront en 1955.

Il est bien évident que leur fabrication était moins onéreuse que celle des modèles en zamac. Non seulement la matière première était bon marché, mais en plus, la réalisation du moule posait peu de contraintes. Ces deux facteurs permettaient un prix de revient modéré. En fait, pour être rigoureux, cette matière était déjà utilisée dans le monde du jouet, mais cantonnée à la reproduction de soldats, de poupées et figurines. Auburn, le leader dans ce domaine a commencé par mouler des pneus pour des firmes de cast-iron. Ce sera sa principale activité à compter de 1910. Puis vont apparaître des figurines, des soldats et des reproductions d’animaux ! Au milieu des années 30, le directeur d’Auburn, Monsieur Murray, entreprend un voyage en Europe. Il va ramener dans ses valises de nombreux jouets. C’est à la suite de ce voyage qu’il décide, en 1936 de créer des automobiles. Je suis persuadé qu’il a dû être inspiré par nos modèles C-I-J et JRD moulés en plastiline. Bien que le matériau diffère, il y a une grande similitude dans la conception de ces jouets. Il est pertinent de souligner qu’Auburn était installée à Akron, haut lieu de l’industrie du caoutchouc et où l’on trouve le siège GoodYear.

Cette information m’a conforté. Durant mes premiers voyages aux Etats-Unis, j’avais été très attiré par les jouets en rubber, car j’y voyais un lien de parenté avec les modèles C-I-J et JRD en plastiline. Lorsqu’au cours de mes recherches j’ai découvert l’existence du voyage en Europe de Monsieur Murray, cela n’a fait que confirmer ce que j’avais pressenti devant ces jouets. Lors de la prochaine fiche, je vous promets d’autres révélations sur ces rubber !

Pour illustrer cet article j’ai choisi de vous présenter des modèles provenant de la firme « The Perfect Rubber Company ». Cette firme de Mansfield dans l’Ohio, produisit sur une très courte période quelques modèles en caoutchouc.

Dotés d’une bonne finition, ces jouets étaient la reproduction fidèle de modèles Pontiac, Chrysler et De Soto du millésime 1935. Cette petite firme avait entrepris de contacter tous les points de vente et garages des modèles reproduits afin de leur proposer d’appliquer leurs noms et adresses sur le pavillon des miniatures. Des collectionneurs américains ont ainsi retrouvé quelques exemplaires de Pontiac encore emballés dans une petite boîte qui servait d’emballage de livraison. Une notice expliquait la démarche de la société, avec les tarifs et les conditions de vente. Les amateurs de ce type de jouets pensent qu’il en fut de même avec les Chrysler et De Soto Airflow. On peut sans doute en déduire que les quelques d’exemplaires retrouvés sans marquage, sont ceux qui avaient été envoyés aux quatre coins des Etats-Unis afin de présenter ce type de produit.

Bugatti 57 : une nouvelle ère

Pour les historiens de la compétition automobile, notamment les spécialistes des 24 heures du Mans, cette auto, la Bugatti 57, est le premier prototype à avoir concouru dans la Sarthe.

Bugatti 57C de chez JRD
Bugatti 57C de chez JRD

Créée en 1923, la course des 24 heures était réservée aux autos de série, voire de petite série qui conservaient obligatoirement leur carrosserie. Il y eut quelques exceptions comme le tank Chenard et Walcker, en 1925 dont la carrosserie s’apparentait davantage à du bricolage qu’à une véritable carrosserie aérodynamique, comme cette Bugatti 57.

Cela mérite quelques explications. Afin de redynamiser le sport automobile français, l’Automobile Club de France (ACF) publie en 1936 un nouveau règlement afin d’ouvrir la course à une catégorie d’autos pourvues d’une carrosserie biplace ouverte.

Il faut se replacer dans le contexte historique. Depuis le milieu des années trente, les autos allemandes ne trouvent comme concurrents sérieux qu’Alfa Romeo et Maserati. Les concurrents français sont systématiquement évincés des podiums des Grands Prix. Bugatti va alors trouver, grâce à ce règlement, le moyen de revenir par la grande porte. Le règlement impose la construction d’au moins 20 châssis. Bugatti empruntera donc celui de la 57S : il le modifie et l’adapte à la compétition.

Une carrosserie enveloppante est fabriquée, le règlement est ainsi respecté. Pour la première fois, un véritable prototype concourt aux 24 heures, bien qu’ayant un châssis issu du grand tourisme. L’édition des 24 heures du Mans ayant été annulée en 1936, en raison des évènements politiques, deux autos vont faire leurs débuts en compétition, avec succès au GP de l’ACF à Montlhéry, puis au GP de la Marne à Reims. C’est en 1937 qu’elles débutent au Mans. Deux autos sont à nouveau engagées. Dans un souci d’efficacité aérodynamique, les autos apparaissent aux essais avec les ailes entièrement carénées. Ces carénages sont démontés pour la course. Pour répondre au règlement la roue de secours est montée sur la poupe. Des projecteurs supplémentaires sont installés dans la calandre, ainsi qu’un feu incrusté côté droit de la carrosserie, afin d’aider à la reconnaissance des véhicules durant la nuit par les panneauteurs. Les deux autos occupent longtemps les deux premières places, puis celle de Labric-Veyron doit abandonner, victime d’une fuite au réservoir d’essence. Le tandem Wimille-Benoist remporte l’épreuve, en battant le record du tour, le record de la distance et en remportant l’indice de performance. C’était bien la preuve de l’efficacité d’une telle auto. Bugatti reviendra en 1939, en modifiant son tank, qui prendra l’appellation 57C, car il est désormais équipé d’un compresseur. L’empattement est également modifié. Les pilotes Wimille et Veyron s’imposeront, en battant de nouveau le record de la distance. Malheureusement, c’est dans cette auto qu’il essaie après la course sur les routes d’Alsace que Jean Bugatti perdra la vie. La marque ne se relèvera jamais de sa disparition.

JRD, dont la principale activité était la reproduction des automobiles Citroën, décida cependant d’inscrire cette glorieuse auto à son catalogue. Elle est moulée en plastiline. L’auto a été réalisée en deux tailles différentes. Les jantes sont moulées en plomb et équipées, comme les autres modèles de la gamme, de pneus « Michelin » de couleur rouge. JRD proposera de nombreuses couleurs, sans retenir la vraie, qui est bicolore et associe deux tons de bleu (1937). La reproduction est honnête. L’échelle retenue pour la plus imposante des deux est le 1/50ème environ. Signalons enfin l’existence de modèles réalisés en celluloïd, en deux formats également. La version au 1/40ème est assez difficile à se procurer.

Je me suis inspiré d’un excellent article paru dans Le Mans Racing sur cette auto pour réaliser ce texte.

Le jour du 14 Juillet …

En entendant dernièrement la proposition d’Eva Joly, candidate à la prochaine élection présidentielle, de remplacer le défilé militaire du 14 juillet par un défilé citoyen, les paroles d’une la chanson de Georges Brassens me sont revenues à l’esprit. Dans une de ses œuvres de jeunesse, « La Mauvaise Réputation », il entonnait le couplet suivant :

« Le jour du 14 Juillet
Je reste dans mon lit douillet
La musique qui marche au pas
Cela ne me regarde pas »

Les Incassables RF
Les Incassables RF

Il ne m’appartient pas de polémiquer sur la double nationalité franco-norvégienne d’Eva Joly, ni de me prononcer sur l’opportunité de sa proposition. A mon niveau de collectionneur, je me contenterai de rappeler une caractéristique des pays Scandinaves. Lors de mes nombreux voyages, je me suis rendu compte que les Scandinaves n’affectionnent pas les jouets militaires. Ils n’ont pas la culture de ce type de jouets et les amateurs sont marginaux, à l’opposé de pays comme la Grande-Bretagne et les USA, où les amateurs de Dinky Toys militaires et de blindés Solido sont très nombreux. La relative faiblesse des prix demandés pour ce type de jouets sur les étals de bourses d’échange nordiques confirme ce phénomène.

Mes amis scandinaves m’ont expliqué que la vente de jouets représentant des engins militaires et des armes à feu a été interdite à l’aube des années soixante.

Essayant de vérifier cette information, je me suis adressé à l’ambassade du Danemark en France qui m’a très gentiment répondu. Elle m’a procuré les textes actuellement en vigueur qui datent de 2003 et ne concernent plus que l’interdiction de vendre des reproductions exactes d’armes à feu. Il est bien possible que les textes aient évolué au fil des ans. Certes, la firme Tekno a bien produit, juste après guerre, une série de camions Dodge. Mais par la suite, elle se contentera d’adapter aux livrées militaires des camions bien pacifiques : un Volkswagen minibus, un camion Volvo citerne et un Volvo express bâché. La seule exception réside dans un jouet ludique, sur la base de la grande échelle pompier Scania, double cabine, transformé en lance-missiles. Il est important de remarquer que tous ces véhicules sont aux couleurs de l’US Army et ont été destinés à l’exportation. Ils sont donc très rares au Danemark.

Pour le marché local, Tekno contournera la législation en étant le premier fabricant à proposer des versions aux couleurs des Nations-Unies, « UN » de couleur blanche… Ainsi le Volvo express sera accompagné par une Willys dont le conducteur sera équipé d’un « casque bleu » !

Malgré ses accords commerciaux avec Tekno, Solido ne pourra exporter ses blindés. Il y aura sans doute toujours des tentatives d’explications psychologiques pour faire le lien entre jouets militaires et agressivité. En ce qui me concerne, j’ai un souvenir bien précis. Mon approche de la collection, et mes premiers émois de collectionneur, je les ai connus avec des chars Solido. J’ai passé de longues heures à faire défiler ces petits chars accompagnés de figurines Starlux et Airfix. Je ne pense pas que cette activité enfantine ait perturbé mon équilibre. J’avoue quand même un forfait, qui a sans doute constitué le seul acte de violence de ma vie : celui d’avoir lancé à la tête de mon frère un AMX 30 de chez Solido, ce qui m’a valu une confiscation immédiate de l’objet du délit. Depuis, j’ai retrouvé mes jouets et des relations pacifiées avec mon frère. Il nous arrive désormais de chanter de concert cette autre chanson de Georges Brassens « Les deux oncles »

« Que les seuls généraux qu’on doit suivre aux talons
Ce sont les généraux des p’tits soldats de plomb
Ainsi, chanteriez-vous tous les deux en suivant
Malbrough qui va-t-en guerre au pays des enfants »

PS: ce beau coffret a été produit par « Les Incassables RF ». On ne peut exclure que cette firme se soit contentée de commander à un ou à plusieurs fabricants de jouets en aluminium les modèles qui le composent (les autos et le blindé semblent de fabrication différente). Ce type d’assemblage était assez fréquent chez les petits diffuseurs de jouets. La période de fabrication, juste après la seconde guerre mondiale, est sans équivoque. La présentation des Champs-Élysée à nouveau revêtus des drapeaux tricolores a dû être un argument de vente. L’illustration est très réussie.

Il faut bien remarquer la présence d’une auto d’état-major aux couleurs américaines alors que la cocarde tricolore n’est présent que sur le blindé.

L’après-midi du 15 Février 1935 Auto Union

La grande majorité des clichés pris lors de ce record montre l’auto, avec des ailes arrière dépourvues de carénage. Sur les autres clichés, les sabots d’ailes derrière les roues avant ont également disparu. Durant une autre tentative, ce sont les flasques de roues qui sont retirés, qui sont retirées, laissant apparaître les jantes à rayons.

Micro Auto Union
Micro Auto Union

On peut imaginer les hypothèses suivantes :

  •  le poids de ces appendices aérodynamiques réduisait à néant le gain de performance engendré par l’aérodynamisme poussé ;
  • l’existence de nuisances aérodynamiques, ces carénages perturbant le bon écoulement de l’air.

Si les ingénieurs disposaient déjà à cette époque de souffleries aérodynamiques, on était loin des outils de simulation d’aujourd’hui . Après enquête, il semble bien que c’est sans son carénage recouvrant les roues arrière que l’auto battra son record.

Un détail vient étayer cette histoire. Un très beau cliché de la voiture a été pris, après la tentative à Zwickau, dans l’atelier. L’auto est dépourvue de ses carénages au-dessus des ailes arrière. Elle a été préparée pour la photo : les pneus ont été cirés afin d’optimiser le cliché, comme les engins militaires pour un défilé …

C’est bien dans cette configuration que les fabricants allemand la reproduiront. Il est bien sûr possible de rétorquer qu’il est plus facile pour un industriel de reproduire le jouet sans le carénage des roues arrière.

Ce sera la deuxième auto de la série 5521 Märklin. Son étui porte de ce fait le numéro 5521/2. On retrouve sur le côté gauche un numéro 2 gravé. Il est encore assez facile de se procurer cette auto. Une version promotionnelle a été créée pour la firme Kolben, équipementier automobile. Pour l’occasion elle a reçu un châssis gravé au nom de la société. On apprend ainsi que Kolben a fourni des accessoires aux équipes de course Mercedes et Auto Union, notamment des freins.

Il existe bien entendu son pendant, reproduisant sa concurrente la W25 (la numéro 5521/1 chez Märklin). Curieusement l’Auto Union est plus rare que la Mercedes, déjà très délicate à se procurer. Deux autres détails concernant ces miniatures. Elles ont perdu leurs numéros gravés sur les flancs. Et elles sont de moindre densité que leurs homologues estampillées Märklin : l’alliage est différent. Je n’ai jamais vu de Kolben souffrant de problèmes de métal.

Un autre fabricant allemand, la firme Kibri a également immortalisé cette version. C’est indubitablement une copie de la Märklin, mais l’arrière a été tronqué. Il a été coupé net. Cela lui confère une allure assez étrange. Le modèle semble être en aluminium. Il est équipé de roues monobloc lisses ou avec crampons. Outre la version classique argent, il existe au moins une version bleue. D’autres teintes ont certainement été produites. Un fabricant japonais tentera l’aventure en reproduisant lui aussi cette version. D’une taille équivalente à celle des Märklin (10,5 cm), outre sa pimpante couleur verte, elle doit son originalité au matériau retenu. Elle est en tôle lithographiée. Le fabricant a même reproduit les sorties d’échappement latérales.

Un mot enfin sur un modèle qui relève plus de l’inspiration que de la fidèle reproduction. Je veux parler du modèle produit par Micro au Danemark. Il est moulé en plomb, c’est une fabrication, rudimentaire. Il mesure 9,8 cm. Les axes sont de vulgaires clous, ce qui se faisait assez souvent chez les tout petits fabricants avant-guerre.

Enfin, voici un dernier modèle dont l’histoire est assez tortueuse. C’est la version « matinale », équipée de ses carénages, que Renwal, firme américaine bien connue choisit de reproduire. Comme souvent aux États-Unis, ce fabricant la déclinera en plusieurs échelles (trois) et même en plusieurs matériaux. Comme en Europe, elle rencontrera un beau succès commercial, et suscite encore de nos jours des commentaires admiratifs. Aux Etats-Unis, peu de gens savent reconnaître l’Auto Union. Ils ont plutôt la vision d’une auto de course futuriste. La version intermédiaire mesure 11 cm (environ 1/43ème). Elle est moulée en plastique de qualité, brillant.

L’inscription sur le pavillon est sans équivoque « speed king » !

Renwal en a produit une au 1/25ème (absente des clichés) et une autre au 1/55 ème environ (8,2 cm). Cette dernière est en zamac, peinte de couleur crème. Les Renwal ne furent certainement distribuées qu’aux Etats-Unis.

Après la guerre, un grand nombre de troupes américaines restèrent en Europe, notamment à Berlin. Certain soldats furent rejoints par leurs famille. C’est ainsi que l’on peut expliquer cette copie, produite par Hels en RDA. Le fabricant est-allemand a dû lui aussi être fasciné par cette auto, avant la guerre, et s’est servi du modèle américain pour proposer cette version. La dimension est identique. Pour masquer la qualité inférieure du plastique, Hels peindra ses reproductions. Le modèle existe en plusieurs couleurs, notamment en gris et en rouge. Le nom de la firme est gravé. Les roues sont lisses au contraire du modèle Renwal. Quelques autres détails différencient les deux modèles. Enfin, un autre fabricant s’inspirera du modèle Renwal. Il est Suédois. Il n’est pas étonnant qu’un fabricant scandinave ait été inspiré par des jouets américains. Le modèle n’est pas estampillé mais il est probable qu’il s’agisse de la firme Kabo, spécialiste suédois des jouets en plastique. Une inscription « 1950 » nous renseigne sur sa probable datation. Contrairement au modèle produit par Hels, il bénéficie d’un plastique de qualité. Ce modèle est très peu fréquent.

Correspondance Berlinoise – 2

Correspondance Berlinoise – 2

Ernst Plank

Berlin 10 Juillet 1914.

Amis de Paris 

Heureux de savoir que votre voyage vers votre belle capitale s’est bien déroulé. C’est avec une grande joie que nous répondons par l’affirmative à votre invitation de venir pour Noël à Paris. Nous sommes impatients de gravir votre tour Eiffel. Ici, à Berlin, il y a beaucoup d’inquiétude. Certains évoquent la possibilité d’un embrasement général. Nos deux peuples ne vont pas se déchirer de nouveau ? Nous espérons que la raison reprendra le dessus. Nous irons demain nous renseigner pour notre voyage pour Paris.

Amicales salutations

Hansel et Gretel.
Berlin

PS: Les modèles photographiés sont tous des Ernst Plank. A mes yeux les plus rares que cette firme ait fabriqué.