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L’homme de Picardie

C’est le projet du Gouvernement de fusion des régions qui est à la source de ma rubrique hebdomadaire. Ce projet ne semble faire que des mécontents, ce qui ne constitue pas une originalité dans notre beau pays. Originaire de Picardie, je ne peux qu’ajouter ma voix au concert des insatisfaits. J’ai appris par la presse la disgrâce de ma région natale : aucune autre région voisine ne veut se voir adjoindre la Picardie. Le Nord-Pas-de-Calais a peur d’y perdre son identité et le capital sympathie dont la région dispose depuis Bienvenue chez les Ch’tis. La région Champagne-Ardennes est fort contrariée de penser que son image de luxe pourrait être tachée par les betteraves picardes.

camion International de 1947
camion International de 1947

Cela m’a rappelé la chanson de Georges Brassens : La ballade des gens qui sont nés quelque part. Ce dernier se moque de la vanité stupide des gens qui se glorifient d’être originaires d’un endroit particulier. Moi qui suis originaire de Picardie, je n’en tire aucune gloire particulière.

Il faut dire qu’au plan culinaire, la ficelle picarde n’a jamais été à la carte des grands restaurants et la renommée des « Picantins », friandises de Compiègne, ne semble pas s’être étendue au-delà des rives de l’Oise. Quant aux plages du Crotoy, elles n’ont jamais pu rivaliser avec celles du Touquet, plus au nord. La région agricole n’a pas su mettre en valeur ses atouts.

Pourtant dans les années soixante-dix, le feuilleton « L’homme du Picardie » avait mis la région à l’honneur. Le feuilleton racontait l’histoire au fil de l’eau d’un marinier et de sa péniche. J’ai le souvenir d’une série sans fin où il ne se passait rien ; une série pas dérangeante qui plaisait beaucoup à ma grand-mère.
Pour illustrer cette chronique, j’ai choisi de vous montrer des objets qui, comme la mal-aimée Picardie sont boudés par les collectionneurs. Mais comme la Picardie et ses trésors architecturaux, ses espaces naturels du Marquenterre, et ses roses si bien chantées par Yves Montand, voici des miniatures qui méritent que l’on s’intéresse à elles.

Commençons par les miniatures américaines injectées en plomb dites « slush ». La production des « slush » s’étale des années trente à la fin des années quarante. Cette technique, simple, a permis à de petites firmes de produire avec des moyens limités des miniatures parfois distribuées dans la seule région où elles étaient produites. Ainsi les firmes « Kansas » ou bien « Mid West » sont évocatrices du lieu de fabrication. L’injection en zamac, plus moderne et permettant des productions plus importantes et de meilleure qualité prendra le relais de celle en plomb. Mais cette nouvelle technique qui demande des investissements plus lourds fera disparaître les petites firmes. L’entreprise Barclay qui bénéficiait d’un réseau de représentants dans le pays a bien essayé de se convertir à l’injection en zamac, mais il était déjà trop tard.

Pour vous faire découvrir ces productions en plomb, je vous présente aujourd’hui des véhicules utilitaires. Ils sont moins fréquents que les reproductions d’automobiles ou de bolides de course. J’ai longtemps pensé que cela était dû à leur taille de reproduction plus importante qui présentait davantage de contraintes à la fabrication. Une meilleure connaissance des fabrications américaines m’a prouvé que cela n’était pas le cas. En effet, c’est bien avec la même technique que la firme National Products de Chicago, injectera ses premiers modèles, avant de remplacer le plomb par du zamac, souvent de qualité médiocre.

Voici donc deux superbes utilitaires destinés uniquement à des usages promotionnels. Ils constituent des exceptions. Avant la guerre et jusqu’aux années cinquante, les industriels accordaient peu d’importance à la diffusion de camions ou tracteurs promotionnels. Seules les automobiles bénéficiaient de cette attention. Voici donc un White Horse van de 1939. On appréciera avec quel soin le bloc moteur ainsi que l’arbre de transmission ont été reproduits. La firme White avait mis en avant la simplicité de fabrication et d’entretien de ses véhicules dans ses catalogues publicitaires. L’autre véhicule est un splendide camion International de 1947 servant à la pose de poteaux électrique.
Dans l’épisode suivant nous continuerons notre tour d’horizon des productions d’utilitaires en plomb aux Etats-Unis à cette période.

Ring my bell

Au moment de choisir ma nouvelle auto, je n’ai pu que repenser au nuancier Wiking. Commandant une auto du groupe Volkswagen, j’ai d’abord regretté l’heureuse époque où le vendeur remettait à son client la reproduction en miniature de l’auto qui venait d’être commandée. Les constructeurs semblent ignorer la portée de ce geste commercial. Désormais, il faut payer pour obtenir la miniature, et le choix de la couleur se fait sur catalogue.

Wiking Volkswagen 1200 cabriolet
Wiking Volkswagen 1200 cabriolet

Chez le constructeur allemand Audi, vous pouvez vous faire plaisir et choisir parmi un très grand nombre une couleur à la carte, dite « exclusive », c’est à dire hors catalogue. Le collectionneur que je suis, de manière inconsciente certainement, a tout de suite fait un parallèle avec la notion de « couleur rare » ou « variante peu fréquente ». C’est ainsi que j’ai opté, après avoir obtenu l’approbation familiale, pour un bleu pâle, un « bleu cumulus ». Le nom est assez évocateur, la couleur est très douce, elle m’a emballé plus encore que le moteur !

La contrepartie de ce choix téméraire fut une attente de sept mois et demi avant que je ne puisse aller réceptionner ma voiture. Sept mois d’attente, c’est plus qu’il n’en faut pour fantasmer sur le romantisme du bleu cumulus…je m’imaginais déjà au volant, glissant dans une volonté de parfaite harmonie le « Tannhäuser » de Wagner » dans le lecteur de CD.

En fait d’harmonie, c’est « Ring my bell » que j’aurais dû amener. L’impensable s’est produit : les Allemands m’ont livré une auto d’une autre couleur que celle commandée ! Envolé le bleu cumulus, la voiture trônait au milieu du hall, arrogante dans sa robe « bleu spring », pour tout dire bleu-pailleté, tendance disco et années 80. Pour un peu, je me sentais obligé d’emmener ma femme au Queen. Moi qui vante depuis des années la rigueur germanique à tout le monde, j’en suis encore abasourdi.

A l’instar de Georges Brassens qui dans son émouvante « Stances à un cambrioleur », trouve d’abord des circonstances atténuantes à son voleur et finit par conclure qu’il a ainsi trouvé prétexte à une chanson, j’essaierais moi aussi d’être philosophe en remerciant Audi de m’avoir inspiré le blog de la semaine.

Le jour du 14 Juillet …

En entendant dernièrement la proposition d’Eva Joly, candidate à la prochaine élection présidentielle, de remplacer le défilé militaire du 14 juillet par un défilé citoyen, les paroles d’une la chanson de Georges Brassens me sont revenues à l’esprit. Dans une de ses œuvres de jeunesse, « La Mauvaise Réputation », il entonnait le couplet suivant :

« Le jour du 14 Juillet
Je reste dans mon lit douillet
La musique qui marche au pas
Cela ne me regarde pas »

Les Incassables RF
Les Incassables RF

Il ne m’appartient pas de polémiquer sur la double nationalité franco-norvégienne d’Eva Joly, ni de me prononcer sur l’opportunité de sa proposition. A mon niveau de collectionneur, je me contenterai de rappeler une caractéristique des pays Scandinaves. Lors de mes nombreux voyages, je me suis rendu compte que les Scandinaves n’affectionnent pas les jouets militaires. Ils n’ont pas la culture de ce type de jouets et les amateurs sont marginaux, à l’opposé de pays comme la Grande-Bretagne et les USA, où les amateurs de Dinky Toys militaires et de blindés Solido sont très nombreux. La relative faiblesse des prix demandés pour ce type de jouets sur les étals de bourses d’échange nordiques confirme ce phénomène.

Mes amis scandinaves m’ont expliqué que la vente de jouets représentant des engins militaires et des armes à feu a été interdite à l’aube des années soixante.

Essayant de vérifier cette information, je me suis adressé à l’ambassade du Danemark en France qui m’a très gentiment répondu. Elle m’a procuré les textes actuellement en vigueur qui datent de 2003 et ne concernent plus que l’interdiction de vendre des reproductions exactes d’armes à feu. Il est bien possible que les textes aient évolué au fil des ans. Certes, la firme Tekno a bien produit, juste après guerre, une série de camions Dodge. Mais par la suite, elle se contentera d’adapter aux livrées militaires des camions bien pacifiques : un Volkswagen minibus, un camion Volvo citerne et un Volvo express bâché. La seule exception réside dans un jouet ludique, sur la base de la grande échelle pompier Scania, double cabine, transformé en lance-missiles. Il est important de remarquer que tous ces véhicules sont aux couleurs de l’US Army et ont été destinés à l’exportation. Ils sont donc très rares au Danemark.

Pour le marché local, Tekno contournera la législation en étant le premier fabricant à proposer des versions aux couleurs des Nations-Unies, « UN » de couleur blanche… Ainsi le Volvo express sera accompagné par une Willys dont le conducteur sera équipé d’un « casque bleu » !

Malgré ses accords commerciaux avec Tekno, Solido ne pourra exporter ses blindés. Il y aura sans doute toujours des tentatives d’explications psychologiques pour faire le lien entre jouets militaires et agressivité. En ce qui me concerne, j’ai un souvenir bien précis. Mon approche de la collection, et mes premiers émois de collectionneur, je les ai connus avec des chars Solido. J’ai passé de longues heures à faire défiler ces petits chars accompagnés de figurines Starlux et Airfix. Je ne pense pas que cette activité enfantine ait perturbé mon équilibre. J’avoue quand même un forfait, qui a sans doute constitué le seul acte de violence de ma vie : celui d’avoir lancé à la tête de mon frère un AMX 30 de chez Solido, ce qui m’a valu une confiscation immédiate de l’objet du délit. Depuis, j’ai retrouvé mes jouets et des relations pacifiées avec mon frère. Il nous arrive désormais de chanter de concert cette autre chanson de Georges Brassens « Les deux oncles »

« Que les seuls généraux qu’on doit suivre aux talons
Ce sont les généraux des p’tits soldats de plomb
Ainsi, chanteriez-vous tous les deux en suivant
Malbrough qui va-t-en guerre au pays des enfants »

PS: ce beau coffret a été produit par « Les Incassables RF ». On ne peut exclure que cette firme se soit contentée de commander à un ou à plusieurs fabricants de jouets en aluminium les modèles qui le composent (les autos et le blindé semblent de fabrication différente). Ce type d’assemblage était assez fréquent chez les petits diffuseurs de jouets. La période de fabrication, juste après la seconde guerre mondiale, est sans équivoque. La présentation des Champs-Élysée à nouveau revêtus des drapeaux tricolores a dû être un argument de vente. L’illustration est très réussie.

Il faut bien remarquer la présence d’une auto d’état-major aux couleurs américaines alors que la cocarde tricolore n’est présent que sur le blindé.