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Les quatre Ford rubber de 1935

L’histoire de ces autos est assez mystérieuse. Dans l’article précédent, nous avons fait connaissance avec la firme « The Perfect Rubber Company ».

Ford V8 Rubber V8
Ford V8 Rubber V8

La démarche de cette dernière consistait à contacter les concessions automobiles des marques Chrysler, Pontiac et De Soto afin que ces dernières commandent des miniatures estampillées du nom de leur garage. Dans l’histoire présentée ce jour, c’est la firme Ford qui est à la manœuvre. C’est une démarche opposée à celle de « The Perfect Rubber Company ».

Le géant de Detroit doit faire face à une rude concurrence. Fini le modèle unique. Pour garder sa clientèle il faut, comme General Motors, proposer très régulièrement un nouveau modèle. La publicité a fait son entrée dans ce marché énorme. Tous les supports sont les bienvenus. En 1935, le bureau de la publicité a l’idée de promouvoir le lancement de son modèle V8 par l’édition de sa reproduction en miniature. Il faut un matériau bon marché car les quantités souhaitées sont très importantes : nous sommes aux Etats-Unis, le potentiel est à l’échelle de ce pays.

C’est alors que l’idée de faire mouler ces jouets en « rubber » fait son apparition. Nous avons vu précédemment que ce matériau était déjà utilisé dans le monde du jouet, mais pas encore dans celui de la reproduction de miniatures automobiles.

Il est vraisemblable que la proximité des petites fabriques de jouets en caoutchouc avec celles des fabricants de pneumatiques automobiles ait été un élément déclencheur de la décision. Aux USA, les centres d’importation du caoutchouc étaient centralisés et les firmes travaillant ce matériau se trouvaient sur place.

La décision fut donc prise de commander des miniatures de Ford V8 berline. La décision a entrainé des conséquences inattendues. Aucune firme de jouets travaillant le caoutchouc ne pouvait répondre à une telle commande. Aucune n’avait les capacités de produire de telles quantités dans le laps de temps requis. Il semblerait que plusieurs d’entre elles, jouant de leur proximité se soient alliées afin de répondre à la demande du géant de Detroit. Comment expliquer en effet que, 80 ans après, nous soyons en présence de quatre reproductions portant quatre noms de fabricants différents alors que ces quatre autos sont identiques en tous points ? Cette auto fut aussi déclinée en jouet en versions coupé, fourgon et camion ridelles. La berline est sortie des quatre unités de fabrication. Le coupé n’a été produit que par trois d’entre elles, comme le camion ridelles. Quant au fourgon dit « panel van », il n’a été proposé que par deux fabricants. C’est mon préféré, car il est très représentatif de cette période (ici, sur la photo en version ambulance).

Sur une des images de la galerie trois exemples de modèles vendus comme souvenir lors de différentes foires expositions durant la période 1935-1936, représentant également une Ford V8 1935. Ils sont équipés de pneus Firestone, au contraire de la De Soto de la fiche 190, qui est équipée de pneus Goodyear. Le logo Firestone apparait aussi très clairement sur les boîtages.

Tekno Ford Taunus FK 1000

Copenhague Cologne en Taunus FK 1000

La proximité de l’Allemagne qui représente un marché non négligeable, fait que Tekno, firme danoise, a inscrit à son catalogue de nombreuses reproductions de voitures germaniques.

Tekno Ford Taunus pick up; A droite version moins fréquente
Tekno Ford Taunus pick up; A droite version moins fréquente

Cependant Tekno n’a jamais travaillé directement pour Volkswagen, la place étant déjà occupée par Wiking. Elle a par contre réalisé de très nombreuses versions publicitaires pour l’importateur Danois de Volkswagen. Tekno a également travaillé pour Mercedes. Des boîtages particuliers destinés à être distribués en concessions ont ainsi été créés. Tekno a enfin produit pour Lloyd des coffrets avec des autos déclinées en différentes couleurs afin d’aider les éventuels acheteurs dans le choix de la teinte de leur véhicule. Mais Ford Cologne est certainement le partenaire allemand avec lequel Tekno a le plus travaillé. Leur collaboration la plus importante aura lieu pour le lancement du Ford Taunus FK1000 (FK pour Ford Köln). C’est lors d’un voyage outre-Rhin, en récupérant des modèles aux teintes particulières, que j’ai eu l’intuition d’une collaboration active entre les deux firmes. En effet, ces couleurs particulières, je ne les ai rencontrées qu’en Allemagne, à une époque où l’internet n’était pas encore développé. Ce détail est très important pour les gens qui cherchent comme moi à comprendre la petite histoire de nos miniatures. Désormais, grâce à cet outil, les miniatures voyagent aux quatre coins de la planète à la vitesse d’un clic, et il va être de plus en plus difficile d’établir avec certitude la provenance de certains modèles.

Je vous présente donc un échantillon de modèles de  Taunus FK 1000 certainement conçus pour Ford. Il est vraisemblable, comme pour tout produit industriel, qu’un reliquat de ces teintes ait fini dans le commerce. La version du fourgon dont l’inscription en langue allemande mentionne « Ford Kundendienst » Service après-vente Ford est sans équivoque quant au marché ciblé. Les nombreuses versions « luxe » finies dans des teintes métallisées (brun, bleu, vert) ont également été conçues pour le marché allemand. On peut même imaginer que ces trois couleurs ont été réalisées aussi bien en pickup, minibus et fourgons. La version minibus de couleur saumon est très intéressante. La couleur est empruntée à la Taunus 17 M. C’est typiquement une couleur Ford de l’époque.

Mais le plus intéressant, c’est le décalque sur le pavillon de couleur ivoire qui donne une finition bicolore. Un décalque spécifique, reprenant la forme du pavillon a donc été créé qui ne sera jamais utilisé sur un modèle du commerce. Il est possible que l’on découvre un jour d’autres couleurs avec cette finition !

Notons enfin que Tekno créa un modèle pour Ford et le marché anglo-saxon. Je l’ai acquis auprès d’un ancien vendeur de Ford dans la banlieue londonienne. Lors des manifestations, ce personnage hors du commun était toujours habillé de rouge de la tête aux pieds. Les anglais l’avait surnommé « the man in red ». C’était là une bonne approche commerciale. Peut être avait-il appris tout cela lors de son stage de vendeur pour Ford ? La version pickup avec le logo Ford vient aussi de là. Le bleu est très différent de celui de la version que l’on trouve dans le commerce.

Pour les amateurs de Tekno, le Ford Taunus est moins prestigieux que le Volkswagen Kombi. C’est très injuste, car avec mon père nous le trouvons particulièrement réussi et nous avons mis la même énergie à rassembler les uns et les autres. La seconde version avec le châssis rallongé et la porte ouvrante perdra une partie du charme des premiers modèles.

Les fantastiques Peugeot en plastique – listing

Les fantastiques Peugeot en plastique – listing

Tentatives de listing des fantastiques
Peugeot en plastique de chez Vapé  : à vous de compléter ! (voir les autres photos)

 

  • Ever Sharp
  • Sans publicité
  • Thé Lipton
  • Arthur Martin / Ets/Giraud 87 Bd de la Corderie Marseille
  • Arthur Martin / S.A.L.E.M.A.C  15 rue de l’aspic Nîmes
  • Arthur Martin / quincaillerie Devert et fils  Barrière du Médoc Le Bouscat
  • Shell
  • Belga
  • Kuom
  • Schneider
  • Galliasec 4 modèles :  Lait Gallia ou baby galllia ou Galliacid ou Farigallia
  • Pétrol Hahn
  • Thermor
  • Hilti
  • Pam Pam
  • Michelin jaune inscriptions bleu
  • Michelin bleu inscriptions jaune
  • Pneu Michelin jaune inscriptions bleu
  • Pneu Michelin bleu inscriptions jaune
  • Pneu Michelin rouge inscriptions jaune
  • Argentil / Lion Noir
  • Vanoptic Rouen St Sever
  • Peugeot : vert foncé avec jantes en plastique de couleur bleu
  • La voix du Nord : ivoire avec jantes en plastique de couleur bleu, provenance Patrick Dufour
  • Astral Celluco : jaune avec inscriptions de couleur rouge
  • PK 300 : Potasse d’Alsace : ivoire avec inscriptions et jantes en plastique de couleur verte
  • Ets Petit-Montgobert Palaiseau  (S_O)  et Veto glancox La santé du bétail : vert sapin  avec jantes de couleur bordeaux . 
  • Ets Petit-Montgobert Palaiseau  91 et Veto glancox La santé du bétail : vert pré avec jantes de couleur bordeaux .
  • Veto glancox La santé du bétail et  Ets Petit-Montgobert Palaiseau  (S_O) vert sapin avec jantes de couleur bordeaux . 
  • beurre pasteurisé Sadac : ivoire avec jantes de couleur bleu provenance Noël Couillard
  • Milliat Frères : jaune avec jantes de couleur rouge provenance M. Sée
  • Socoralsace ivoire avec jantes de couleur verte
  • Cirage Sady  jaune
  • Sadac Beurre Pastaurisé

Les fantastiques Peugeot en plastique

Les fantastiques Peugeot en plastique

En trente ans, le regard des collectionneurs de miniatures automobiles sur les reproductions en plastique a beaucoup évolué. L’époque où nous n’étions qu’une poignée à y trouver de l’intérêt est bien finie. Longtemps, ce matériau a eu mauvaise presse.

Peugeot et Vapé
Peugeot et Vapé

Cela tient, je pense, à la conjonction de deux facteurs. La mauvaise tenue dans le temps de certains modèles Norev ou Minialuxe (déformations de la carrosserie et des jantes) a donné à certains consommateurs une mauvaise image du plastique. La matière devient synonyme de qualité médiocre. Le sentiment est conforté par le fait que ces autos sont vendues moins cher que les autres : le lien est établi entre le matériau, la qualité et le bas prix.

Ce phénomène est particulièrement sensible en France. En Allemagne, le plastique a été utilisé très tôt dans l’industrie du jouet. Ainsi, les premières Märklin d’après-guerre sont en plastique peint. Wiking popularisera également ce matériau, en offrant des plastiques aux couleurs vives, tenant admirablement dans le temps.

En Allemagne, le plastique fait donc partie du paysage des amateurs et il est apprécié par un grand nombre de collectionneurs. En France, en plus de 25 ans d’activité professionnelle, j’ai souvent été touché par les réflexions, parfois surprenantes, des amoureux et des détracteurs de ce matériau.

Pour certains amateurs de Dinky Toys, l’introduction du plastique a sonné le glas de la firme de Bobigny. Son adaptation à la production a été un peu laborieuse et les clients n’ont pas toujours accepté que leur firme favorite sacrifie à la mode de ce matériau jugé moins noble.

La firme Vapé était spécialisée dans la fabrication d’objets divers et variés, dont le seul point commun était justement qu’ils soient en plastique ! A ce titre, elle a eu la bonne idée de fabriquer les reproductions d’un Berliet GLB citerne et d’une camionnette Peugeot. L’objectif visé était de fournir un support publicitaire auprès de firmes souhaitant réaliser une campagne de publicité bon marché. La souplesse d’utilisation du plastique permettait d’offrir d’honnêtes reproductions avec un prix de revient assez bas. Pour des raisons qui me sont inconnues, cette firme sera absorbée par Bourbon. Il est facile d’identifier les deux productions. Le logo Vapé apparaît sur le marchepied côté gauche des véhicules. Bourbon était pour sa part déjà spécialisé dans les objets publicitaires. Cette firme est renommée pour la grande qualité de ses porte-clefs, support publicitaire qui eut son heure de gloire. Le client avait le choix entre plusieurs finitions : il pouvait à ce titre équiper ou non sa reproduction d’un petit mécanisme à friction. Ce dernier s’est avéré de qualité médiocre, et poussif !

Une petite anecdote concernant les modèles à l’effigie de la marque Ever Sharp. J’ai eu comme client il y a 25 ans le petit-fils du fondateur de la société Bourbon. Il était alors instructeur chez UTA, la compagnie aérienne. Il m’a raconté qu’Ever Sharp était une firme américaine qui fabriquait des stylos, lesquels étaient importés en France par son grand-père, M. Bourbon. On n’est jamais aussi bien servi que par soi même ! Il est très difficile d’établir une liste de tous les modèles produits par Bourbon. (voir la liste)

J’ai cependant dressé la liste de ceux que je possède et je vous propose de m’aider au recensement en m’indiquant par l’intermédiaire de la boîte contact de la page du blog les modèles que vous connaissez. Il me semble que nous devons facilement atteindre la cinquantaine !

Un Metro chez les Amish

Lancaster, Pennsylvanie. A moins de deux heures de la mégalopole de New York, le contraste est saisissant. C’est la pleine campagne et nous sommes loin de l’agitation de la grande ville. Pour tout dire, nous sommes en pays Amish.

Pays Amish
Pays Amish

Cette communauté originaire de la ville alsacienne de Sainte-Marie-les-Mines qui continue de parler un dialecte allemand vit de façon simple, en retrait de la société de consommation. La vie de ses membres est basée sur la lecture et la mise en œuvre du Nouveau Testament.

Dans les années 1990, la communauté a connu une scission avec l’émergence du courant « new order amish » qui accepte quelques marques du progrès technique, comme l’électricité ou les autos à essence.

Le symbole du pays amish est bien sûr la carriole dite « Buggy ». Il y a quelques années, l’Etat de Pennsylvanie a dû intervenir afin d’obliger les propriétaires de ces Buggy à équiper ceux-ci d’un marquage de couleur rouge afin d’éviter des accidents nocturnes. De nombreux panneaux de signalisation balisent les routes et sensibilisent les usagers à la présence de ces carrioles qui circulent en nombre, surtout le dimanche.

Si la branche moderniste a accepté que les membres de la communauté s’équipent de véhicules à moteur, elle n’a rien cédé sur la couleur : ils sont uniformément de couleur noire. Les modèles, souvent très anciens, sont toujours en excellent état et témoignent du soin et du respect des propriétaires à l’égard de leurs machines. J’ai ainsi croisé dans cette région de superbes autos des années 70, en contraste total avec les critères de design des véhicules américains actuels.

J’ai eu l’occasion de dormir à Lancaster, siège le l’ancienne usine Hubley lors de mon premier séjour en Pennsylvanie, à l’occasion de la bourse d’Allentown. Si j’avais avant mon départ programmé les deux premières journées et réservé les chambres d’hôtel en conséquence, ne sachant pas comment j’allais progresser dans mes visites de marchands et d’antiquaires, je n’avais rien prévu pour la troisième journée. Sinistre imprévision ! Le pays n’a rien de touristique, les hôtels sont rares et connaissent finalement un taux d’occupation élevé. C’est ainsi que j’ai dû, un soir, à Reading, me rabattre sur un hôtel de routiers. Dès 4 heures du matin, j’ai été réveillé par le départ des camions garés devant les chambres du motel. A Lancaster, l’hôtel était certes de meilleur standing, mais l’accueil fut très froid, bien différent de l’ambiance délirante de Las Vegas ! La mentalité amish se faisait sentir. La présence d’un étranger de surcroît ne finissait pas d’intriguer. Comment imaginer qu’on puisse traverser l’Atlantique dans le seul but de dénicher quelques miniatures automobiles !

J’aurais peut être dû entamer la conversation et parler de la grande entreprise que fut Hubley. Car Hubley est bien une des firmes majeures de l’industrie du jouet aux USA, au même titre qu’Arcade ou Tootsietoys.

En qualité de collectionneur français, j’ai ressenti de l’émotion en séjournant dans cette petite ville, berceau de la firme créée en 1894, par John E.Hubley. Elle est demeurée à Lancaster jusqu’en 1966, date à laquelle elle a été reprise par Gabriel Industries dont elle est devenue une des branches. En 1978, Gabriel Industries a cédé Hubley à « The Columbia Broadcasting System » CBS.

Les bâtiments situés à l’angle d’Elizabeth Avenue et de Plum Street existent toujours, malgré un incendie qui a sévi il y a quelques années. Sur ces derniers, aucune trace de la présence ancienne d’Hubley n’est visible. Les bâtiments sont désormais occupés par diverses sociétés. Seul subsiste, à quelques centaines de mètres, un bâtiment sur le fronton duquel on lit l’inscription « Hubley Social Club ». Cette association à caractère social et récréatif, créée en 1934 par les ouvriers de la firme, est toujours active aujourd’hui.