Archives par mot-clé : Ford Thunderbird

Sous les feux de la rampe.

Sous les feux de la rampe.

« Il y a Jean-Pierre Pernaut qui te cherche partout ! » s’amuse mon épouse au téléphone.

Jean-Pierre Pernaut ? alors que je cherche à mettre un visage sur le nom de ce ce client, elle ajoute, « mais non, le présentateur du journal de TF1 de 13 heures ! » Puis elle m’explique qu’une journaliste a laissé un message sur le téléphone et souhaite réaliser un reportage sur ma collection.

La surprise passée, je recontacte cette journaliste. Cette dernière m’indique que la direction de la chaîne a prévu une série de reportages sur le thème des collectionneurs de jouets pour les fêtes de fin d’année. En une demi-heure de conversation au téléphone, elle m’explique la finalité du projet : présenter en 4 minutes un collectionneur de petites voitures qui de plus en a fait son métier. Il ne s’agit pas de rentrer dans les détails, comment le pourrait-on d’ailleurs dans un laps de temps si court.

La forte audience de ce journal, plus de 6 millions de spectateurs, est due en partie à ces reportages, réalisés aux quatre coins du pays, et qui portent sur des gens discrets qui se singularisent par leur passion ou leur métier.

Il ne s’agit pas de montrer des pièces rares, des prototypes, mais des jouets que les téléspectateurs ont connu, ou des reproductions d’autos qu’ils ont conduites ou rêvé de conduire. Bref, de réveiller les souvenirs. Le journal de 13 heures touche un public qui a le temps d’être le midi devant la télévision, notamment les retraités. Ce type de reportage est donc ciblé.

J’ai saisi cette opportunité sans hésiter. La caméra est intimidante mais on finit par l’oublier. Avec la journaliste nous avons essayé en quatre minutes de montrer quelques miniatures éveillant la curiosité et donnant envie, pourquoi pas, de collectionner.

Ces jouets sont des objets qui font désormais partie de notre histoire, de celle nos parents, et même de celle de nos grand-parents. Leurs formes, leurs couleurs ne peuvent laisser indifférent. Ce sont de beaux objets, que l’oeil profane ou averti regarde avec un égal plaisir.

Ils sont liés à une autre aventure, celle de l’automobile.

La centaine de messages reçue deux heures après l’émission et le téléphone qui sonnait sans arrêt m’ont confirmé le bien fondé de cette analyse. Même notre site internet a sauté.

Et c’est d’ailleurs la question d’un téléspectateur qui m’a inspiré cette chronique : « Bonjour . j’ai vu une Ford Thunderbird coupé Dinky Toys, je suppose que ce n’est pas une réplique et que les feux arrière fonctionnent ? Merci ».

En trente-sept ans de métier, je n’avais jamais pris le temps de mettre une pile et de faire fonctionner ce gadget. Bien que cette auto fasse partie des jouets de ma génération- elle est sortie en 1969- je n’ai jamais été attiré par ce genre de miniature. A l’époque, les gadgets ne me passionnaient pas.

On peut se féliciter de la manière dont la branche française de Dinky Toys a résolu l’équation qui consiste à loger une pile forcément volumineuse, dans le modèle, sans en déformer la ligne.

On s’en félicite d’autant plus quand on voit comment Liverpool a traité ce genre de problème : les BMW 2000 Tilux et les Mercedes 250SE ne sont pas franchement des réussites.

J’ai donc pris le temps de placer une pile sur un modèle. La surprise fut de taille. Superbe. On est surpris de ne l’avoir pas fait avant ! J’ai décidé de tester aussi les autres versions que je possède.

Au fil des années, j’ai rassemblé un ensemble de couleurs qui n’ont jamais dépassé le bureau d’étude.

J’ai d’abord récupéré un modèle empruntant les couleurs de la DS présidentielle auprès d’un ancien du bureau d’étude.

Plus tard j’ai pu récupérer deux autres exemplaires de cette couleur laissant penser qu’il pourrait s’agir d’une petite série réalisée pour un événement particulier comme le salon du jouet par exemple.

C’est avec la Renault Floride de couleur blanche que Meccano a commencé à soigner ses clients, les revendeurs, en leur réservant une surprise lors de leur passage sur le stand. La boîte bleue de la DS présidentielle a ainsi été distribuée lors de cet événement.

Plus tard lors des ventes Vieville, un autre ancien du bureau d’étude, j’ai récupéré d’autres couleurs empruntées à des modèles de la gamme (Opel Admiral). Ces exemplaires sont des pré-séries. Il est fort possible qu’elles soient uniques. On peut ici parler de pré-séries au regard du traitement des châssis.

Ainsi, celui équipant l’auto peinte de couleur bleu métallisé, ne possède pas encore la gravure des éléments mécaniques (carter, boîte de vitesses, ni même les inscriptions Dinky Toys). Il a cependant reçu une couche de peinture noire.

Ce qui n’est pas le cas du châssis de l’auto rouge métallisé qui est resté à l’état brut, bien qu’il ait reçu sa gravure définitive.

Ces deux modèles ne possèdent pas le système électrique. On se doute qu’il n’était pas encore prêt et que ,comme très souvent chez Meccano, on se sert des premières injections de série pour réaliser les essais de couleur.

J’ai un lien particulier avec ce modèle. M. Badaroux que j’ai eu la chance de rencontrer il y a quelques années, a participé à sa conception. Ce dernier me racontait qu’au bureau d’étude, les tâches étaient variées et parfois surprenantes. Ainsi, on lui demandait de la même manière de faire le plan de l’Opel Admiral, mais également d’adapter le système électrique d’un jeu de société ayant fait ses preuves sur un autre jeu très différent. Il fallait se débrouiller, avec un budget des plus réduits. Je revois la fierté qu’il avait à me montrer son tour de passe-passe.

M. Badaroux avait une préférence pour le chemin de fer HO. Il a toujours une faiblesse pour « ses » locomotives. Il maîtrisait parfaitement les circuits électriques miniaturisés et leur intégration. C’est donc en toute logique qu’il a participé à la conception de la Ford Thunderbird et de ses feux stop électriques.

Ainsi quand j’ai convoité la Ford Thunderbird bicolore de couleur argent qui trônait dans ses trésors, il m’a expliqué le lien qu’il entretenait avec cette miniature et les raisons pour lesquelles il préférait la garder. J’avais déjà cette auto et je n’insistai pas.

Plus tard, lors d’une autre visite, je remarquai un détail : la couleur de l’intérieur était différente de celle de la mienne, qui provenait d’un collègue de M Badaroux. J’entretenais un lien amical avec M. Badaroux et ce dernier accepta finalement de me la céder.

Quel plaisir il eut lors de sa venue à mon domicile avec son fils de voir toutes ses anciennes miniatures et ses plans au milieu de ma collection. L’histoire continue et le plaisir qu’il a eu à me conter ses anecdotes est révélateur de l’état d’esprit qui l’anime : transmettre aux futures générations.

Rendez vous le dimanche 7 fèvrier 2021 pour Pipelette numéro 7.

 

Plus vite, toujours plus vite.

Plus vite, toujours plus vite.

Deux secondes. C’est l’écart qui a permis à Odile, Arthur et Franz, les protagonistes du film de Jean Luc Godard « Bande à part » de battre le record de la visite du musée du Louvre la plus rapide de l’histoire. Le précédent record appartenait à un américain dont l’histoire n’a heureusement pas retenu le nom, tant son record était stupide et sans intérêt.

Ce record n’avait sans doute pas d’autre but que de faire parler de son détenteur. Pari perdu, on a retenu l’absurdité du record on en a oublié l’auteur.

Le cinéma se servira de ce fait divers. Il inspira à Godard cette scène où les trois personnages cités plus haut moquent l’auteur du record et nous mettent peut-être en garde contre une société de l’excès.

Plus vite, toujours plus vite. Le cinéaste avait bien senti et anticipé toutes les dérives de ce mouvement venu des Etats-Unis. Tout est superficiel, dénué d’analyse ou de réflexion.

On va au Louvre, au Café de la Paix et aux Folies Bergère, parce qu’il le faut .

Des lecteurs du blog m’ont quelquefois reproché d’écrire des textes trop longs, fastidieux à lire. Faites plus court, plus simple.

Le support «tout fait» que j’emprunte à  » Worldpress  » qui me sert pour réaliser le blog me le répète : «Faites des phrases courtes, utilisez des mots simples». Voilà le type de commentaires qui jalonnent mes textes, il faut être compréhensible par tous… et facile à traduire dans toutes les langues…

Petite histoire d’un modèle au long cours.

Pour faire plaisir à ces quelques lecteurs et à mon système d’exploitation je vais vous présenter rapidement et sans trop de détails une Solido des plus classiques, l’Alfa Romeo 2600 Bertone. Bertrand Azéma souligne que c’est un des modèles qui a connu une des plus longues carrières des modèles de la série 100.

Très logiquement, comme la Ford Thunderbird déjà étudiée dans un blog précédent (voir le blog sur la Ford Thunderbird), elle a été placée dans un coffret de montage : «caravaning 1». Ce dernier a été produit jusqu’au début des années quatre-vingt, comme celui de la Ford d’ailleurs.

Comme évoqué également dans un précédent blog consacré à l’Aston Martin DB5, le prêt de l’outillage de l’Alfa Romeo 2600 au Brésil a contraint Solido à la remplacer dans son coffret « caravaning 1 » de manière temporaire par le coupé anglais.(voir le blog consacré à l’Aston Martin DB5 de Solido).

Portant la référence 125, elle est donc la quatrième miniature de la série 100 a être équipée de portes ouvrantes. La comparaison avec la Politoys en zamac  sortie à la même époque est assez intéressante.

Sans chauvinisme aucun, ma préférence va nettement au modèle français. Plus fluide, possédant une gravure exceptionnelle (admirez la calandre et le traitement du radiateur) la Solido me paraît nettement supérieure.

Politoys qui ne maîtrisait pas encore parfaitement la technique des ouvrants, qu’elle avait d’ailleurs empruntée à Solido a voulu en faire trop : tout s’ouvre, au détriment de la justesse de la ligne et de la qualité des ouvrants.

Solido attendra avec raison quelques années pour offrir des modèles tout ouvrant comme la Panhard 24BT ou la Lamborghini Miura, miniatures aux qualités exceptionnelles.

Plein phares !

On distingue trois variantes principales sur ce modèle, variantes qui concernent toutes le traitement des phares. Au fur et à mesure de la production, apparaîtront également des variantes de jantes.

La première version se distingue par le traitement en peinture des optiques de phares. Ils sont soulignés grâce à un pochoir de couleur bronze. Ces modèles sont toujours équipés d’un châssis peint de couleur gris clair et de jantes en acier chromé de forme concave empruntées aux modèles de la série 100.

j’ai référencé quatre couleurs d’intérieur. Il y a une logique de combinaison chez Solido. Cependant on ne peut exclure des combinaisons qui seraient dues au hasard.

Dans l’ensemble les couleurs sont assez fréquentes. Je sortirai du lot quelques nuances de bronze qui sont moins courantes. Une seule couleur mérite le qualificatif de rare, c’est la version finie en rouge métallisé.

La seconde version se distingue par des phares rapportés. Bertrand Azéma les qualifie de strass poli dans son ouvrage. Le châssis sera désormais de couleur noire ou gris. le modèle sortira d’abord avec les classiques jantes en acier vues sur le premier modèle, puis il sera équipé des fameuses jantes  moulées, dites »standard » chez Solido.

Parmi les couleurs, je distinguerai celle de couleur  bronze équipée de jantes en acier.

Enfin, comme souvent, il existe un modèle qui ne répond à aucune logique. La version est rare. Elle est finie en rouge brun métallisé ( j’ai même deux nuances assez nettes) . Sa singularité vient du fait qu’elle semble avoir toujours été assemblée avec un châssis vissé et non bouterollé, emprunté aux modèles « Caravaning ».

Depuis ma première découverte j’ai trouvé deux autres exemplaires pour la boutique avec les mêmes caractéristiques. Ces modèles sont bel et bien sortis uniquement en étui individuel, malgré leurs châssis vissé.

Enfin la troisième variante se singularise par le traitement des phares rapportés qui sont désormais en strass à paillettes. Ces modèles, plus tardifs sont donc forcement équipés des jantes « standard ». Les modèles du coffret « caravaning » ont cette caractéristiques de phares, mais sont toujours équipés de jantes en acier.

Je n’ai pu me résoudre à faire plus simple. Pour expliquer certaines variantes, il faut bien rentrer dans les détails.

Évitons de faire comme la presse spécialisée qui nous abreuve de photos avec des prix sans l’analyse qui les justifierait. C’est facile, cela, tout le monde peut le faire. Comprendre, analyser, questionner fait partie de la vie du  vrai collectionneur.

N’ayant pas de recettes publicitaire à encaisser je n’ai aucun compte à rendre aux statistiques de visites du blog.

Je rassure la fraction de mes lecteurs qui apprécient mon travail, au risque d’être à contre-courant je continuerai dans cette voie.

 

Qu’est ce qu’une « petite série »?

Qu’est ce qu’une « petite série »?

Dans l’histoire de l’art, de nombreuses œuvres ont connu des « petites séries ». Le malicieux René Magritte, qui n’appréciait guère le marché de l’art et ses spéculations, a sciemment reproduit en plusieurs exemplaires certaines de ses oeuvres, dans le but avoué de déstabiliser les spéculateurs, et donc le marché de l’art. Il voyait d’un mauvais oeil que l’on puisse parler de son oeuvre par le prisme de l’argent et de la valeur marchande.

Pour nous autres, amateurs collectionneurs de miniatures Dinky Toys la notion de « petite série » est bien différente.

Nos Dinky Toys sont des produits manufacturés qui ont été produits selon une logique industrielle. A de très rares exceptions près, la direction n’a jamais été intéressée par le fait de glisser une petite série au milieu d’une production de masse planifiée.

Dinky Toys n’avait pas pour cela la capacité d’adaptation de Tekno qui, pour diverses raisons (conception des modèles en deux ou trois parties, fabrication de toutes petites quantités de décalcomanies..), a pu se consacrer à la production de petites séries.

Mais au fait, de quoi parlons-nous ? Une « petite série » c’est combien de modèles ? J’ai récupéré un étonnant document qui éclaire un peu le sujet. Il s’agit d’une lettre adressée par la direction de Meccano à un client qui avait demandé s’il était possible d’obtenir une Renault Floride de couleur blanche. La direction lui a répondu qu’il n’y en avait eu qu’une centaine de produite et que malheureusement, plus aucun exemplaire n’était disponible. L’en tête de la lettre porte la mention « Meccano Tri-Ang », ce qui veut dire que nous sommes au minimum en 1964. Pour information, cette couleur est datée de 1960.

Comparé à la production des Renault Floride réalisée par Dinky Toys, ce chiffre est une goutte d’eau. Il faut donc se pencher sur la finalité de cette production.

On sait désormais de façon certaine que cette miniature a été distribuée lors d’un salon du jouet aux détaillants méritants. Un ancien employé du bureau d’étude m’a conté combien les détaillants étaient choyés lors de ces salons.

En effet Dinky Toys n’avait pas de grossistes, comme Solido par exemple. En conséquence, la direction de Meccano accordait une grande importance aux « abonnements ». Il s’agissait de contrats par lesquels les commerçants s’engageaient à prendre chaque nouveauté dans une quantité à définir.

On peut imaginer qu’en fonction de cette quantité, une remise était accordée. Mon interlocuteur m’a souvent parlé de ce système, en insistant sur le fait qu’à sa sortie chaque nouveauté était donc déjà en partie pré-vendue, ce qui permettait à la direction de rentrer de la trésorerie.

On comprend donc toute l’importance de ces modèles distribués durant les salons du jouet. Comme le dit Jean-Michel Roulet, il est vraisemblable qu’un surplus de ces miniatures a été distribué dans le commerce ou lors de visites de l’usine. D’ailleurs, pour revenir au courrier de 1964 décrit plus haut, le décalage de 4 ans peut s’expliquer par le fait que la distribution de ces autos spéciales s’est étalée sur plusieurs salons du jouet.

Il m’a paru intéressant de dresser une liste des modèles dont je peux affirmer qu’ils ont été distribués lors de ces salons. Outre la Renault Floride de couleur blanche, il y eu la Citroën DS présidentielle en boite bleue.

Vous remarquerez l’importance du logo Meccano Tri Ang souligné de couleur or, comme pour bien montrer la provenance.

Durant la même période a également été réalisée et distribuée au salon du jouet la Ford Thunderbird qui reprend les couleurs de la Citroën DS présidentielle, argent et anthracite.

Pour ce modèle j’ai deux témoignages concordants. J’ai comptabilisé une dizaine d’exemplaires de ce modèle.

Dernièrement, un autre modèle ayant eu également un usage « hors-commerce » au salon du jouet a été découvert. Pour être plus précis, c’est sa destination qui nous a été récemment révélée.

Cette auto avait été découverte par Jean-Michel Roulet dans les années 80. Il l’avait ensuite cédée à Jean-Bernard Sarthe auprès duquel je l’ai récupérée. Il s’agit d’une banale Panhard PL17 de couleur parme.

Sa particularité tient au fait qu’elle est sans vitres et sans aménagement intérieur, ce qui n’a rien d’extraordinaire. Par contre, en la retournant nous nous sommes aperçu qu’elle était équipée d’un châssis peint de couleur noire, dépourvu d’inscription et bouterollé normalement.

Tout l’intérêt réside dans ce châssis, semblable à celui de série mais sans inscription. Quant à l’endroit d’où provient cette auto, il ne laisse aucun doute sur l’authenticité du modèle.

Près de 20 ans se sont écoulés. Dernièrement, les descendants des frères Parodi de Gênes ont mis en vente la collection constituée par leurs parents. Quel étonnement de découvrir dans le catalogue un exemplaire de ce modèle, mais surtout, quelle surprise de lire le commentaire du lot.

Un des enfants se souvenait que la miniature leur avait été offerte au salon du jouet par la direction de Meccano.

Cette Panhard est en fait une véritable « petite série » réalisée pour le salon du jouet, afin de donner aux clients un aperçu de la future gamme Junior. Au vu de cette série économique, il est bien évident qu’il fallait préparer la clientèle, mais surtout les professionnels. Ces derniers habitués à vendre les Dinky Toys comme des produits haut de gamme ont sans doute été décontenancés par cette gamme. Cette Panhard de pré-série n’a pas dû suffire à dissiper les doutes.

En tant que collectionneur, c’est une très belle découverte. Avant qu’on n’en connaisse la destination, cette auto n’avait pas d’intérêt particulier, à part son châssis, intriguant sans marquage. Elle prend aujourd’hui un intérêt significatif. La circonstance qu’on en ait trouvé une seconde, avec en plus l’explication de sa gestation, a donné un réel intérêt au produit. Je reste persuadé que d’autres exemplaires ressortiront un jour. Reste à savoir le nombre de modèles réalisés. Il est difficile de se prononcer, mais il est sûrement moindre que celui des Renault Floride dont on compte quelques dizaines d’exemplaires dans les vitrines de collectionneurs.

La boîte de Pandore

La boîte de Pandore

Solido Lancia Flaminia avec phares moulés, jantes en acier et volant à deux branches
Solido Lancia Flaminia avec phares moulés, jantes en acier et volant à deux branches

C’est Solido qui a ouvert la boîte de Pandore en 1961 avec sa Lancia Flaminia équipée de portes ouvrantes. La Ferrari 250GT 2+2 et la Ford Thunderbird qui viennent juste après marquent encore une progression dans la reproduction de nouveaux détails. (voir le blog consacré à la version française de la Ferrari 250 GT 2+2).

(voir le blog consacré à la Ford Thunderbird)

Désormais, une nouvelle tendance apparaît dans la fabrication des miniatures automobiles. Celle de « la miniature maquette ». Une course effrénée a lieu entre les bureaux d’étude de Solido, Politoys, Mebetoys,Tekno, Corgi Toys et Dinky Toys pour savoir qui sera le premier à introduire de nouveaux détails, de nouvelles sophistications sur les miniatures. La surenchère technique entre les fabricants finira par engendrer selon moi des gadgets inutiles. Autre calamité, des firmes au passé glorieux, comme C-I-J, JRD ou même Mercury vont être exclues de cette course. Le manque de moyens financiers pour les uns (C-I-J) ou techniques (Mercury) pour les autres peut expliquer ce renoncement.

A partir du milieu des années soixante, les Mercury ne sont plus que l’ombre des premières productions. Je passe sous  silence la piètre Simca 1000 coupé Bertone de chez C-I-J avec tous les ouvrants, sortie en 1964.

Solido pré série Jaguar Type D ex collection Bertrand Azéma
Solido pré série Jaguar Type D ex collection Bertrand Azéma

Cette course à la sophistication qui a commencé avec les suspensions, puis le vitrage puis les portes ouvrantes va s’accélérer. Quatre ans séparent les suspensions de la Jaguar Type D (1957) des portes ouvrantes de la Lancia Flaminia (1961). (voir le blog consacré à  la Jaguar Type D).

Tout va très vite : peinture métallisée, phares en strass, châssis ajouré laissant voir la mécanique et enfin modèles équipés de toutes les parties ouvrantes. C’est beau, mais cela a un coût. Et c’est vraisemblablement ce coût qui a précipité la fin de ce type de miniatures, l’arrivée des fameuses roues rapides et de la simplification à outrance.

Je suis persuadé que beaucoup de fabricants ont vu arriver cette nouvelle vague et ses roues rapides avec soulagement !  (voir le blog sur les Dinky Toys prototypes avec roues rapides)

Ce ne sera pas le cas de Solido qui restera fidèle à la qualité qui a fait sa renommée depuis les années trente.

Il faut dire que Solido avait un atout de taille. Je veux parler de ses accords commerciaux avec l’Espagne (Dalia), le Danemark (Tekno), l’Argentine (Buby), le Brésil (Brosol) et même les Etats-Unis avec l’accord conclu chez Marx (fabrication délocalisée à Hong-Kong). Ainsi, elle a pu amortir plus facilement un outillage et une fabrication coûteux.

La Ferrari 250 GT 2+2 et la Ford Thunderbird vont connaitre une très belle carrière à l’international. Il faut rappeler aussi que les pays latins ont une clientèle très ciblée « voitures de sport ».

Pour Dalia c’est simple. Solido envoyait les pièces détachées, et les autos étaient peintes, assemblées, mises en boîte et distribuées en Espagne.

La Ferrari gardera son châssis gravé Solido contrairement à la Ford Thunderbird qui reçoit une gravure indiquant son origine ibérique « Solido-Dalia » , ce qui facilite son identification.

Du fait de l’absence d’identification Dalia, certaines couleurs de Ferrari 250GT 2+2 de chez Dalia ont été répertoriées par erreur comme des Solido dans le premier livre de Bertrand Azéma consacré aux productions françaises,.

Les Ferrari 250 GT 2+2 de chez Dalia équipées de jantes en acier sont faciles à identifier, car en France, Solido n’a produit le modèle qu’avec des jantes à rayons. La difficulté est donc de reconnaitre une Dalia lorsqu’elle est équipée de jantes à rayons. Cela demande une petite analyse.

En Espagne, la plaque d’immatriculation est peinte de couleur blanche. Par ailleurs, je n’ai jamais rencontré de Ferrari 250GT 2+2 Dalia équipée du tableau de bord rapporté, ce qui tend à prouver qu’il y a eu un décalage entre le début de la production française et les premières Dalia.

Par contre, si la majorité des Dalia a des phares en strass, il y a bien un modèle avec les phares moulés et cette version me semble plus rare.

La Ford Thunderbird ne pose pas de soucis d’identification. Si les versions équipées de jantes en acier sont dignes des fabrications françaises, il n’en est pas de même de celles affublées de jantes à rayons.

Le temps aidant, le regard que les amateurs portent sur ces dernières versions a évolué. Elle sont désormais très convoitées. On appréciera les couleurs.

Enfin, contrairement à ce que voudraient nous faire croire certaines personnes, les Dalia ont bénéficié d’une certaine rigueur dans leur fabrication. Observez les finitions des modèles photographiés : tous les modèles avec jantes en acier sont pourvus de feux arrière rapportés et d’une finition argent typée. Celles avec jantes à rayons en sont toutes dépourvues.Il n’y a pas d’anachronismes mais bien une logique chronologique. Un lecteur a signalé l’existence  d’une version de premier type avec jante en acier et phares moulés.

Dans l’Espagne franquiste, le pouvoir d’achat était limité et les Dalia ont rencontré un beau succès. Dinky Toys a essayé de contrer Solido avec la fabrication Poch. En vain, le succès n’a pas été au rendez vous. Les Dalia avaient des prix de vente nettement inférieurs. La création de la populaire Seat 1400C, prouve tout l’intérêt de Solido pour ce marché.

La Ferrari 250GT 2+2 finira sa carrière au Brésil. Comme toutes les productions Brosol possédant un châssis en zamac, la Ferrari porte l’identification du pays producteur (Brésil) sur le châssis. Il a donc été regravé. L’outillage a été envoyé au Brésil, marquant de fait la fin de la production de la version Dalia.

Le moule reviendra ensuite ien France. Verem ressortira le modèle avec des peintures clinquantes. Une version intéressante a été produite en édition limitée pour la gamme « Glamour » en Italie .

Elle reproduit une auto qui a équipé la police romaine. Deux autos ont été livrées à Rome. Une des deux fut détruite très rapidement dans un accident, la seconde existe toujours !

 

La Ford, elle ne sera jamais fabriquée en amérique latine. Cela peut s’expliquer par sa très longue carrière en France. Elle restera incorporée au coffret caravaning jusqu’au milieu des années soixante-dix . (voir le blog consacré à ce sujet).

 

 

La Solido Ford Thunderbird au camping

La Solido Ford Thunderbird au camping

S’il est un trait qui caractérise bien Jean de Vazeilles, c’est d’être fidèle à ses convictions. Et c’est dans cet esprit qu’il reprend les rênes de Solido, l’entreprise familiale.

Ludiques. Les autos doivent être ludiques. Pour cela, son père avait conçu des jouets démontables. Et jusqu’à la cession de son entreprise au milieu des années soixante-dix, contre vents et marées, Jean de Vazeilles restera attaché à ce principe et veillera à ce qu’on propose des coffrets contenant des modèles à assembler. C’est ce qui avait fait la renommée de Solido dès le début des années trente.

Les axes aiguille, les couleurs flashy, les parties ouvrantes, les roues en nylon, rien ne viendra contrarier la certitude de Jean de Vazeilles selon laquelle les enfants ont plaisir à démonter leurs miniatures puis à les remonter. Certitude vérifiée, j’ai personnellement beaucoup utilisé la petite clef Solido. Cela fonctionnait si bien que l’on se prenait à rêver, on était le roi de la mécanique.

Nous avons vu il y a quelques temps comment la Ford Thunderbrid cabriolet avait servi de transition entre la série Junior et la série 100 (voir l’article sur la Ford Thunderbird cabriolet). L’histoire bégaie, et c’est sa descendante, la Ford Thunderbird coupé 1963 (voir l’article sur la Ford Thunderbird coupé référence 128) qui va inaugurer les nouveaux coffrets démontables succédant, dans l’esprit, aux coffrets Junior des années cinquante.

Il est bien difficile de savoir si cela est dû au lien avec la maison Ford, au hasard, ou tout simplement au besoin pour Solido d’amortir le moule de cette Ford Thunderbird coupé. N’oublions pas que Jean de Vazeilles était un bon gestionnaire. Le moule, coûteux, devait être rentabilisé au plus vite. Il aurait fallu lui poser la question.

Solido lancera donc deux coffrets : Week-End 1 et Week-End 2. Dans le premier c’est une Alfa Romeo 2600 qui est fournie. Dans le second c’est la Ford Thunderbird qui doit tracter la caravane.
L’Alfa Romeo avait précédé l’américaine au catalogue (référence 125) et possédait aussi les portes ouvrantes. La différence entre les deux coffrets consiste en la fourniture d’un hors-bord, d’une tente de camping et de personnages de la marque Starlux.

D’accord pour le hors-bord, mais quand on a ce type d’auto on va à l’hôtel et pas au camping !

Le coffret Week-end 2 connaîtra une très longue carrière. Encore une manière d’amortir au mieux l’outillage. Il sera rebaptisé « Caravaning » et la Thunderbird s’y verra finalement supplantée par une Renault 30 ou une Citroën CX plus en phase avec les années 80.

L’illustration du couvercle du coffret sera remaniée deux fois ! La dernière coïncide avec nos débuts de collectionneurs, au milieu des années soixante-dix ! C’était hier.