La boîte de Pandore

La boîte de Pandore

Solido Lancia Flaminia avec phares moulés, jantes en acier et volant à deux branches
Solido Lancia Flaminia avec phares moulés, jantes en acier et volant à deux branches

C’est Solido qui a ouvert la boîte de Pandore en 1961 avec sa Lancia Flaminia équipée de portes ouvrantes. La Ferrari 250GT 2+2 et la Ford Thunderbird qui viennent juste après marquent encore une progression dans la reproduction de nouveaux détails. (voir le blog consacré à la version française de la Ferrari 250 GT 2+2).

(voir le blog consacré à la Ford Thunderbird)

Désormais, une nouvelle tendance apparaît dans la fabrication des miniatures automobiles. Celle de « la miniature maquette ». Une course effrénée a lieu entre les bureaux d’étude de Solido, Politoys, Mebetoys,Tekno, Corgi Toys et Dinky Toys pour savoir qui sera le premier à introduire de nouveaux détails, de nouvelles sophistications sur les miniatures. La surenchère technique entre les fabricants finira par engendrer selon moi des gadgets inutiles. Autre calamité, des firmes au passé glorieux, comme C-I-J, JRD ou même Mercury vont être exclues de cette course. Le manque de moyens financiers pour les uns (C-I-J) ou techniques (Mercury) pour les autres peut expliquer ce renoncement.

A partir du milieu des années soixante, les Mercury ne sont plus que l’ombre des premières productions. Je passe sous  silence la piètre Simca 1000 coupé Bertone de chez C-I-J avec tous les ouvrants, sortie en 1964.

Solido pré série Jaguar Type D ex collection Bertrand Azéma
Solido pré série Jaguar Type D ex collection Bertrand Azéma

Cette course à la sophistication qui a commencé avec les suspensions, puis le vitrage puis les portes ouvrantes va s’accélérer. Quatre ans séparent les suspensions de la Jaguar Type D (1957) des portes ouvrantes de la Lancia Flaminia (1961). (voir le blog consacré à  la Jaguar Type D).

Tout va très vite : peinture métallisée, phares en strass, châssis ajouré laissant voir la mécanique et enfin modèles équipés de toutes les parties ouvrantes. C’est beau, mais cela a un coût. Et c’est vraisemblablement ce coût qui a précipité la fin de ce type de miniatures, l’arrivée des fameuses roues rapides et de la simplification à outrance.

Je suis persuadé que beaucoup de fabricants ont vu arriver cette nouvelle vague et ses roues rapides avec soulagement !  (voir le blog sur les Dinky Toys prototypes avec roues rapides)

Ce ne sera pas le cas de Solido qui restera fidèle à la qualité qui a fait sa renommée depuis les années trente.

Il faut dire que Solido avait un atout de taille. Je veux parler de ses accords commerciaux avec l’Espagne (Dalia), le Danemark (Tekno), l’Argentine (Buby), le Brésil (Brosol) et même les Etats-Unis avec l’accord conclu chez Marx (fabrication délocalisée à Hong-Kong). Ainsi, elle a pu amortir plus facilement un outillage et une fabrication coûteux.

La Ferrari 250 GT 2+2 et la Ford Thunderbird vont connaitre une très belle carrière à l’international. Il faut rappeler aussi que les pays latins ont une clientèle très ciblée « voitures de sport ».

Pour Dalia c’est simple. Solido envoyait les pièces détachées, et les autos étaient peintes, assemblées, mises en boîte et distribuées en Espagne.

La Ferrari gardera son châssis gravé Solido contrairement à la Ford Thunderbird qui reçoit une gravure indiquant son origine ibérique « Solido-Dalia » , ce qui facilite son identification.

Du fait de l’absence d’identification Dalia, certaines couleurs de Ferrari 250GT 2+2 de chez Dalia ont été répertoriées par erreur comme des Solido dans le premier livre de Bertrand Azéma consacré aux productions françaises,.

Les Ferrari 250 GT 2+2 de chez Dalia équipées de jantes en acier sont faciles à identifier, car en France, Solido n’a produit le modèle qu’avec des jantes à rayons. La difficulté est donc de reconnaitre une Dalia lorsqu’elle est équipée de jantes à rayons. Cela demande une petite analyse.

En Espagne, la plaque d’immatriculation est peinte de couleur blanche. Par ailleurs, je n’ai jamais rencontré de Ferrari 250GT 2+2 Dalia équipée du tableau de bord rapporté, ce qui tend à prouver qu’il y a eu un décalage entre le début de la production française et les premières Dalia.

Par contre, si la majorité des Dalia a des phares en strass, il y a bien un modèle avec les phares moulés et cette version me semble plus rare.

La Ford Thunderbird ne pose pas de soucis d’identification. Si les versions équipées de jantes en acier sont dignes des fabrications françaises, il n’en est pas de même de celles affublées de jantes à rayons.

Le temps aidant, le regard que les amateurs portent sur ces dernières versions a évolué. Elle sont désormais très convoitées. On appréciera les couleurs.

Enfin, contrairement à ce que voudraient nous faire croire certaines personnes, les Dalia ont bénéficié d’une certaine rigueur dans leur fabrication. Observez les finitions des modèles photographiés : tous les modèles avec jantes en acier sont pourvus de feux arrière rapportés et d’une finition argent typée. Celles avec jantes à rayons en sont toutes dépourvues.Il n’y a pas d’anachronismes mais bien une logique chronologique. Un lecteur a signalé l’existence  d’une version de premier type avec jante en acier et phares moulés.

Dans l’Espagne franquiste, le pouvoir d’achat était limité et les Dalia ont rencontré un beau succès. Dinky Toys a essayé de contrer Solido avec la fabrication Poch. En vain, le succès n’a pas été au rendez vous. Les Dalia avaient des prix de vente nettement inférieurs. La création de la populaire Seat 1400C, prouve tout l’intérêt de Solido pour ce marché.

La Ferrari 250GT 2+2 finira sa carrière au Brésil. Comme toutes les productions Brosol possédant un châssis en zamac, la Ferrari porte l’identification du pays producteur (Brésil) sur le châssis. Il a donc été regravé. L’outillage a été envoyé au Brésil, marquant de fait la fin de la production de la version Dalia.

Le moule reviendra ensuite ien France. Verem ressortira le modèle avec des peintures clinquantes. Une version intéressante a été produite en édition limitée pour la gamme « Glamour » en Italie .

Elle reproduit une auto qui a équipé la police romaine. Deux autos ont été livrées à Rome. Une des deux fut détruite très rapidement dans un accident, la seconde existe toujours !

 

La Ford, elle ne sera jamais fabriquée en amérique latine. Cela peut s’expliquer par sa très longue carrière en France. Elle restera incorporée au coffret caravaning jusqu’au milieu des années soixante-dix . (voir le blog consacré à ce sujet).

 

 

Heureux comme un Saviem dans l’eau

Heureux comme un Saviem dans l’eau

Comme me dit mon frère, spécialiste en communication, l’important, c’est de faire le « buzz ». Traduisez par l’événement. Ainsi, désormais, sur les réseaux sociaux, on assiste à une véritable surenchère de photos et de vidéos. C’est à celui qui réussira à attirer le plus grand nombre de visiteurs sur son compte et pourra ensuite s’en glorifier.

Les médias ne sont pas en reste, ils comptabilisent les visites sur les réseaux sociaux des hommes politiques ou du spectacle. C’est à cela qu’on mesure l’importance de telle ou telle personnalité. Le contenu importe peu, c’est le chiffre qui compte.

Prenons la photo que mon frère a postée sur Facebook. Une explication s’impose. Nous avions acheté quelques jours auparavant une collection. Ayant loué un étal à la bourse de Houten aux Pays-Bas, nous avons profité de notre arrivée la veille de l’événement pour déballer la marchandise et l’étiqueter. L’hôtel est un superbe établissement situé à quelques centaines de mètres du hall d’exposition où se déroule l’événement. Les chambres sont spacieuses, voire luxueuses, mais le week-end, l’hôtel pratique des prix plus abordables. Mon frère a tout de suite répéré la baignoire avec jacuzzi. Comme j’avais un rendez-vous avec un marchand anglais, je le laissai seul et je l’habilitai à faire un rapide nettoyage de la marchandise. En effet, la personne à qui j’avais acheté le matériel avait subi une inondation. Comme elle n’avait pas jugé utile de jeter les cartons mouillés une odeur d’humidité forte et tenace avait imprégé les modèles.

Quelle ne fut pas ma surprise à mon retour de trouver mon frère dans un bain de mousse géant, entouré des Saviem CIJ qui bénéficiaient ainsi d’un nettoyage à grande eau.

 

Amoureux de la marque, le vendeur en avait rassemblé huit, tous dans la même variante, calandre à une barre, cabine bleue et benne rouge foncé.

Aprés avoir immortalisé la scène, mon frère avait posté la photo sur sa page Facebook !

C’est ainsi que j’ai vu dans ce cliché l’opportunité de vous parler d’un modèle qui n’aurait peut être jamais eu l’honneur du blog. Il faut avouer que ce camion dans sa version de base est commun. C’est un grand classique de chez C-I-J. L’idée du fabricant d’équiper la cabine Saviem d’une benne de type charbonnière est excellente.

Les fabricants de jouets préférent bien souvent reproduire des bennes carrières équipées d’une casquette. Pourtant ces dernières semblent moins fréquentes dans la réalité que celle de type charbonnière. Elles circulent souvent en circuit fermé dans des carrières à ciel ouvert, à l’abri des du regard des automobilistes.

Ce n’est pas le cas des bennes de type « charbonnières ». Ayant grandi en Picardie, mes saisons ont été rythmées par celles des campagnes betteravières. Ce sont ces bennes de type « charbonnières » qui étaient utilisées lors des récoltes se déroulant durant l’automne et l’hiver.

Elles faisaient « la joie » des automobilistes. Chargés de manière déraisonnable ces camions laissaient tout au long du parcours les conduisant à la sucrerie de larges traces d’une terre grasse qui rendait la chaussée glissante et maculait les flancs des automobiles.

Aussi, sur le plateau, à la sortie de Compiègne, après Venette, pour rejoindre l’autoroute A1, je les ai souvent maudits ces camions. Il faut ajouter au désagrément l’odeur très particulière s’échappant des sucreries. Je retrouve ces mêmes effluves lorsque partant pour la Grande- Bretagne j’arrive à l’aube au niveau dit du « Camp du drap d’or », juste avant Calais. Au loin j’aperçois alors le halo des projecteurs illuminant la sucrerie et ses cheminées qui recrachent de longs panages blancs dont l’inclinaison s’est souvent révélée prometteuse d’une traversée agitée.

Et j’ai fini par éprouver une certaine sympathie pour ces camions qui me rappellent tant de souvenirs.

La première cabine Saviem, de type LRS a connu une vie sans histoire. Il n’y a pas de couleurs vraiment rares. La cabine qui lui a succédé, équipée d’une calandre verticale de forme rectangulaire à 3 barres horizontales est également assez facile à se procurer. Il a été produit une version équipée d’une casquette en tôle incorporée dans un sympathique coffret dénommé « Sablières de la Loire ». Il est certain que le surplus produit a été distribué en étui individuel.

Dans cette variante, ce sont les couleurs des jantes qui font la différence. Pour faire simple,  celles de couleur argent sont fréquentes, toutes les autres sont peu fréquentes.

Pour qui collectionne les C-I-J, la vraie difficulté est de se procurer les dernières productions. Lorsque Saviem a simplifié sa calandre en ne conservant qu’une barre horizontale, C-I-J a collé à l’actualité en modifiant son moule.

Cependant, il est assez difficile pour le collectionneur de répertorier toutes les dernières variantes. Tombée en décrépitude, la firme assemblait ses modèles avec ce qui restait à sa disposition. Cela se vérifie au niveau des assemblages de couleurs mais également aux jantes de couleurs variées qui les équipent.

C’est un pur bonheur et une véritable aventure qui attendent l’amateur intéressé. J’ai donc photographié les modèles que j’ai obtenus. Il y en a d’autres bien sûr.

La C-I-J a choisi des couleurs vives pour habiller ses modèles. Dans la réalité, la couleur grise était souvent de mise. Il faut dire que la couche de boue recouvrant les véhicules au bout de quelques trajets à la sucrerie rendait les couleurs difficilement identifiables.

Mon frère en train de nettoyer des Saviem C-I-J
Mon frère en train de nettoyer des Saviem C-I-J

Est-ce le souvenir de la Picardie de son enfance et de ses routes boueuses qui a incité mon frère à mettre les miniature CIJ dans son bain moussant?    

 

voir le site de mon frère.    http://autojaunejunior.com/

 

 

L’apparition

L’apparition

Un vrai miracle. En ce week-end pascal, c’est bien le mot qui me vient au sujet de l’histoire que je vais vous conter et du modèle concerné. Ce samedi de Pâques, j’ai connu la surprise, l’interrogation et finalement la joie, toute la palette des sentiments qui font le charme de la vie d’un collectionneur.

Catalogue Dinky-toys Hudson Dobson 1956-1957
Catalogue Dinky-toys Hudson Dobson 1956-1957

La veille, le vendredi, je me rendais à Rotterdam afin d’acheter des Dinky Toys chez un collectionneur néerlandais. Je rentabilisais ainsi le voyage qui me conduisait à la bourse aux jouets de Houten, dans la banlieue d’ Utrecht, prévue le lendemain. Le vendeur avait apporté les modèles dont il souhaitait se séparer dans les bureaux de sa compagnie de transport situés dans le labyrinthe de la zone portuaire. Impressionnant.

Toute la Chine débarque ici ses produits manufacturés. La zone est également occupée par la compagnie Shell qui raffine ses produits sur place. Mon GPS a peiné pour localiser l’adresse.

Une fois l’achat conclu, je me suis souvenu que dans le passé, je me rendais dans une boutique de jouets située à l’entrée de la ville qui avait un petit rayon de modèles d’occasion. Cependant, en repartant de mon rendez-vous, je n’ai pas réussi à reconnaitre le chemin qui me conduisait à cet endroit. La fatigue venant, j’ai préféré rentrer directement à mon hôtel d’Utrecht.

Coincidence, le lendemain, à la bourse aux jouets, je me suis trouvé justement en face de la table de ce marchand de Rotterdam. Il avait amené quelques Lion Car. Il n’y en avait pas beaucoup, une dizaine. Il s’agissait des premières versions. Au vu des déclinaisons, des couleurs et de l’état de conservation, ils étaient tous légèrement patinés, j’ai compris qu’ils venaient d’une même collection. Tous les Lion Car du début de production étaient là, sauf les Renault. Je questionne le marchand sur l’absence de ces derniers. A ces mots, sa fille qui était venue l’aider se penche et prend d’un carton de dessous la table un fourgon de couleur rouge. Comme elle sortait le modèle, son père prononce une phrase en néerlandais. Elle reprend le modèle et le remet sous la table. Le marchand s’adresse alors à moi en anglais et me dit « it’s sold ».

Je reste quelques secondes abasourdi. J’ai eu le bon pressentiment, il y avait bien une version postale dans cette petite collection. Mais une question me taraude.

J’ai eu le temps de voir le modèle quelques secondes, et le pavillon n’était pas noir. Or, la version Lion car est toujours bicolore. Le modèle aurait-il été repeint ? Etrange, car la dizaine de véhicules présents sur la table sont tous en peinture d’origine. Y aurait-il une autre version inconnue jusqu’ici ? Je demande à mon vendeur la permission de revoir le modèle.

Et là, le temps s’arrête. Je suis en présence non pas d’un modèle Lion Car, mais d’un C-I-J totalement inconnu. Une version d’un 1000kg qui n’a jamais été répertoriée. Comment, ce samedi 31 mars 2018, un tel modèle a -t’il- pu refaire surface ? On peut parler d’un petit miracle. D’une apparition en quelque sorte.

Je n’ai pas eu besoin de très longtemps pour confirmer l’authenticité du modèle. Il reprend tout simplement le schéma de la version française de la poste. Le filet noir qui ceinture le fourgon est réalisé au pochoir. Il est strictement identique à celui de couleur jaune qui décore la version française. C’est aussi la même décalcomanie. Les amateurs que vous êtes auront repéré qu’il est équipé des premières jantes, de type convexe. A ce niveau là, je n’ai pu m’empêcher de faire le parallèle avec l’autre version postale destinée à un marché spécifique, je veux parler de la Deutsche Bundespost. Ils sont contemporains et ils partagent un autre point commun des plus intéressants.

La version pour le marché allemand est peinte de couleur jaune. La nuance est très particulière et n’a rien à voir avec le jaune de la version Astra ou Teinturerie. Non, il s’agit d’un jaune emprunté à la version Shell. Cette version néerlandaise emprunte, elle, la couleur rouge assez foncée du fourgon « Shell ». Ceci est logique. La version Shell a commencé sa carrière très tôt et les premiers exemplaires sont aussi équipés de ces jantes convexes.

A ce moment du récit, je dois faire une mise au point. Le vendeur m’a décrit le modèle comme étant « une sorte » de poste belge. Il n’en est rien. La C-I-J a bien réalisé une version aux couleurs de la poste belge, mais un peu plus tard. J’avance même l’hypothèse selon laquelle c’est ce ballon d’essai néerlandais qui a incité la C-I-J à mettre à son catalogue la version belge. J’ai interrogé sur place quelques collectionneurs anciens. Personne n’a entendu parler de ce modèle.

Je lance donc un appel aux collectionneurs néerlandais. Avez-vous déjà rencontré ce fourgon que l’on peut qualifier de « fourgon poste pour les Pays-Bas ».  La quantité  produite a dû être minime, si réduite qu’elle n’a pas justifié la réalisation d’une décalcomanie spécifique.

Un pochoir comme celui de la version « Boucherie », plus tardive, permettant de peindre  le pavillon dans une couleur différente de celle de la carrosserie, aurait pu être conçu pour la version hollandaise. Mais là encore, la très faible quantité produite pour le marché néerlandais n’a pas justifié la création de ce pochoir spécifique. Mais là encore, la très faible quantité réalisée pour le marché néerlandais n’a pas justifié la réalisation de ce pochoir particulier. C-I-J a produit cette version en adaptant ce qu’elle avait à disposition, avec les moyens du bord.

A ce moment de l’histoire, j’ai le véhicule en main, mais il ne m’appartient pas. C’est ici qu’intervient un deuxième miracle. Le nouveau propriétaire se trouve en fait à côté du vendeur. Il semble être ami avec ce dernier. Après quelques questions sur ses motivations de collectionneur, je commence par lui confirmer l’authenticité de son acquisition et m’empresse de lui expliquer ma motivation pour acquérir son modèle. Par chance, il me connait et rajoute même qu’il est déjà venu au magasin. Il me demande de lui faire une offre. J’ai vu l’étiquette mentionnant le prix d’acquisition. Une misère. Nous nous entendons et c’est avec un sentiment de joie intense que j’enveloppe précieusement ma nouvelle acquisition, savourant à l’avance le récit que je vais pouvoir en tirer.

Lorsqu’à nous autres, collectionneurs anciens, on pose la question « Alors, vous avez tout maintenant ?  » nous répondons mécaniquement qu’il nous reste heureusement encore bien des choses à découvrir.

Ce samedi confirme ce fait, et de manière éclatante. Ce fut une véritable apparition. Par quel hasard ce petit véhicule a- t-il atterri dans ce carton ? Qu’est-ce qui m’a incité à poser la question qui a fait surgir ce jouet comme une apparition ? Voilà bien des mystères auxqels je ne saurais répondre.

Lot de consolation sur la Route Napoléon

Lot de consolation sur la Route Napoléon

Le quotidien du personnel de la caravane du Tour de France ne devait pas être de tout repos. Cette foule pressante, implorante, quémandant le cadeau, tous ces bras tendus vers les véhicules publicitaires et les hôtesses auraient pu laisser croire que l’on distribuait des bons points pour l’accès au paradis.

La loi du plus fort régnait sur le bord des routes empruntées par la caravane. On imagine bien les vainqueurs exhibant fièrement leurs cadeaux comme autant de trophées de chasse : un éventail Saint-Raphaël, une visière en carton Cinzano, un drapeau en papier vantant une marque de soda.

Dans  le film « La Route Napoleon », l’instituteur voit sa classe désertée. Il ne reste plus qu’un élève. (voir le blog consacré à ce film et à la caravane du Tour de France). Celui-ci avoue les raisons de sa présence : il a raté le car qu’ont pris ses camarades pour aller passer le concours « Cinzano » au village voisin.

Y avait-il dans ce concours une petite Renault 4cv « Cinzano » de chez C-I-J à gagner ? (voir le blog sur la Renault 4cv). Pourquoi pas? Ce qui est certain c’est que Cinzano a distribué dans ce type de concours un joli découpage représentant un car Delahaye à ses couleurs  qui participait à la caravane publicitaire. Il devait y avoir un éventail assez large de cadeaux de pacotille vantant le célèbre apéritif.

L’occasion est trop belle pour ne pas vous présenter toute une série de véhicules conçus pour cette parade populaire, reproduits en modèles réduits et distribués comme cadeau  publicitaire.

Les plus simples et les plus modestes sont en carton. Il n’en demeure pas moins qu’ils ont beaucoup de charme. Ils étaient donnés en planche à découper. C’était le cadeau facile à distribuer en grande quantité. On constate aussi que ce type de produit a permis à ces firmes de faire reproduire avec une certaine exactitude leur flotte publicitaire à moindres frais.

Ces deux découpages en sont la preuve . Le Renault carrossé par « Le Bastard » aux couleurs des « Laines Pernelle », que l’on voit d’ailleurs dans le film « La Route Napoleon » et le Delahaye dû au styliste Philippe Charbonneaux, carrossé par Heuliez aux couleurs de la lessive « Saponite ».

Il fallait ensuite des heures de patience pour les assembler et donner naissance au petit véhicule dont les formes extravagantes exigeaient rigueur et soin.

Petit, je ratais tous mes découpages. Les véhicules réalisés par mes soins ressemblaient plus à des oeuvres de Picasso dans sa période cubiste qu’à un véhicule de la caravane publicitaire. Roues carrées, ouvertures approximatives, ils finissaient immanquablement à la poubelle. Je jurais qu’on ne me reprendrait pas à perdre autant de temps pour un résultat aussi décevant. Je soupçonnais les créateurs de ces planches d’avoir élaboré des engins irréalisables.

Je me suis rattrapé plus tard et c’est avec fierté que je vous présente une petite sélection réalisée par mes soins.

La planche avec les véhicules du journal « L’union » dont le fameux Renault 2,5T carrossé par « Le Bastard » est très évocatrice. On appréciera le paquet de journaux à réaliser en pliage et à positionner sur la plate-forme arrière . Le très décoratif camion aux couleurs des confiseries « Delespaul » est des plus réussis. Il s’harmonise fort bien avec les autres véhicules industriels que sont les PR .

Tous n’ont pas participé au Tour de France cycliste, mais ils ont pu être distribués comme petit cadeau dans les critériums, autre occasion pour les publicistes de diffuser l’image d’une marque ou d’un produit.

Autre support fort économique pour un industriel qui veut laisser une trace durable de ses produits dans la mémoire des clients, la reproduction de la silhouette du véhicule publicitaire posée sur un socle.

Cela reprend l’idée des fameux soldats en demi-ronde- bosse. Ces produits étaient le plus souvent distribués dans les emballages des produits qu’ils servaient à promouvoir.

On peut imaginer qu’ils ont existé dans la réalité. Voici un Renault 1400Kg « Frivor boissons », un Peugeot D4A « Aspor service sanitaire du tour » et un break ( Peugeot?) « Père Queru le meilleur des cafés » qui va devenir « Tropica le meilleur des cafés » .

Ce dernier semble postérieur (surcharge du socle). Il doit exister bien d’autres produits similaires. Il émane beaucoup de charme de ces petits objets qui ne sont pas à négliger. Ils font partis de l’histoire des véhicules publicitaires au même titre qu’une Renault 4cv « Cinzano ».(voir le blog consacré aux véhicules du Tour de France).

Enfin voici une sélection de buvards, représentant des véhicules publicitaires vus sur ce type d’épreuve.

 

Depuis, la collection de ces véhicules est venue s’enrichir de très beaux modèles artisanaux, puis industriels.

Selon moi, un petit découpage en carton ou la silhouette en plastique d’un véhicule publicitaire évoque beaucoup mieux cette période qu’un produit industriel très fidèle « made in China ». Mais encore une fois, chacun ses goûts.

Camion jaune

Camion jaune

Dernièrement, lors d’une manifestation aux Pays- Bas, mon ami Jakob, marchand danois, a mis en vente de belles publicités d’époque sur support cartonné, façon carte postale, éditées par Scania au milieu des années cinquante. Elles mettent en scène les mythiques camions Scania 75 et leurs dérivés, en action. Sur chacune des trois cartes, ce sont les hommes au travail qui sont mis en avant.

Je n’ai pu m’empêcher d’acquérir ces publicités d’époque. Ces mises en scène dynamiques sont des plus réalistes et reflètent bien cette période. Cela ne vous a pas échappé, elles font immanquablement penser aux modèles reproduits par Tekno.

Que ce soit le Scania 75-76 Tekno, équipé en plateau ridelles ou en version benne de chantier, ces versions là, personne n’en voulait il y a encore 15 ans. Les collectionneurs danois ou suédois n’avaient d’yeux que pour les versions ridelles bâchées avec publicité ou les semi-remorques citerne.

Je me souviens que l’on me regardait étrangement quand je vérifiais sur mes fiches si j’avais ou non une variation de couleur car ces variantes n’étaient pas faciles à mémoriser. La faute en revient à la conception même des modèles. Prenons le Scania 75. Le châssis/cabine est composé de trois parties injectées et donc peintes séparément, autorisant autant de combinaison de couleur. C’est d’ailleurs par ce biais que j’ai compris comment fonctionnait la firme Tekno. Après des dizaines d’années d’expérience, j’en conclus que l’on ne pourra jamais lister toutes les combinaisons. Certaines sont classiques et reviennent régulièrement. Mais on s’aperçoit qu’aux moments de transition, Tekno n’hésitait pas à panacher joyeusement les restes. (voir le blog consacré à ce sujet avec le Volkswagen Kombi).

Observez le camion qui possède une cabine verte unie. La cabine verte provient d’une série réalisée pour le pétrolier Ora. Vraisemblablement les cabines ont été réalisées en un nombre supérieure à celui des citernes. Déjà peintes, Tekno les a utilisées pour réaliser une version ridelles. Combien de modèles ont été ainsi réalisés ? sûrement très peu, car il s’agit simplement d’utiliser le surplus. Il en est de même pour les ridelles. Elles peuvent être lisses ou striées. Elles proviennent souvent de versions publicitaires produites en trop grand nombre, Tekno voyait là une façon de liquider son stock de pièces déjà peintes.

Les modèles issus de panachages ont souvent été vus à l’export. Là, on se doute que le fabricant danois avait plus de liberté. Sur les marchés scandinaves, une certaine rigueur était de mise. Mais pour les marchés italien, belge ou américain, oubliée la rigueur scandinave ! Mes plus beaux exemples proviennent de ces marchés.

Voici une sélection de Scania de type 75-76 en version ridelles. Si la version orange est la version classique, toutes les autres ne sont pas aisées à se procurer. Il en est certaines comme celle de couleur vert-foncé ou celle de couleur beige, que je n’ai jamais revues. La version avec l’autocollant «Nordisk Diesel » sur le capot est une version promotionnelle.

Comme on peut le vérifier sur la carte publicitaire, la version benne de chantier est des plus réalistes. La version équipée avec la benne de couleur argent est la version du commerce. Celles toute orange ou toute jaune ont été réalisées à usage promotionnel pour Scania Suède. Rares versions !

Comme j’étais dans les modèles promotionnels, je n’ai pu m’empêcher de mettre un autre Scania de couleur jaune, totalement méconnu, également réalisé pour Scania Suède.

Ìl s’agit d’un tracteur semi-remorque porte-autos. On avait déjà découvert un coffret réalisé pour Scania (voir l’article consacré au Scania semi remorque porte autos). Voici désormais une autre version très rare, réalisée dans la même veine que la version benne.

C’est mon ami Lennart qui me l’a échangé. C’est une pièce superbe.

Avec Tekno, il y aura sans doute d’autres surprises à découvrir. Cependant, désormais, un grand nombre de faux circule. La prudence s’impose avant l’achat.

Monsieur Linet de la boutique Camion Jaune Paris
Monsieur Linet de la boutique Camion Jaune Paris

Enfin, le titre de ce blog ne vous a pas échappé. « Camion Jaune ». C’est un clin d’oeil à M. François Linet, qui vient d’ ouvrir un site de vente en ligne dédié aux camions. A compter de la mi-mai , ce désormais confrère se lance dans l’aventure.