Vacances sur les bords du lac Michigan

Tootsietoys est une firme établie à Chicago dans l’Illinois. Cette firme a connu une étrange histoire. Ses créateurs sont issus de l’industrie de la presse ; on leur doit à ce titre la publication de « the National Laundry Journal ».

Tootsietoys remorque Uhaul
Tootsietoys remorque Uhaul

En 1893, alors qu’il visitait la World ‘s columbian exposition, l’un d’eux, Samuel Dowst, s’intéresse à une machine qui injecte des boutons en zamac. Il en fit l’acquisition et se lança dans ce type de production. Afin de rentabiliser ces machines, d’autres applications furent rapidement trouvées, notamment la production de petits jouets distribués dans les pochettes surprises.

L’usine connut un essor économique important. L’année 1914 vit la production de la Ford T chez Tootsietoys qu’on estime à 50 millions d’exemplaires ! (source David Richter).

Bien avant Dinky toys, la firme de Chicago eut un succès très important. Il faut aussi bien comprendre que contrairement à la firme de Liverpool, la qualité d’exécution n’était pas la motivation première de cette firme ; c’est plutôt la production de masse qui était le but.

Durant toute son existence la firme de Chicago inondera de ses modèles le marché américain. Le modèle que nous présentons se situe à une période où la concurrence étrangère commence à s’attaquer au marché prometteur que constituent les USA.

Notre Packard Patrician vit le jour sur les chaînes de Tootsietoys en 1955. Elle fait partie de la série « six inch ». Cette auto verra son destin lié à celui de la Cadillac 62 sedan. Toutes les deux seront d’abord vendues à la pièce puis recevront chacune un châssis en tôle lithographié et un étui individuel, fait peu fréquent chez ce fabricant. Enfin, elles seront associées à des attelages, le hors-bord, et la remorque Uhaul qui constitue le fil conducteur de notre petite chronique

Les américains ont toujours été attachés à leur mobilité : depuis l’arrivée des premiers immigrants, il est dans leur tradition d’accepter de se déplacer. Il est de coutume d‘évoquer la grande mobilité des salariés américains, qui n’hésitent pas à partir à l’autre bout du pays pour progresser dans leur carrière, contrairement aux français qui sont davantage attachés à leurs racines. Cette différence culturelle a favorisé l’émergence de très grandes sociétés de déménagement.

Pour notre grand plaisir de collectionneurs de miniatures ces entreprises ont d’ailleurs offert de nombreuses reproductions. On peut même dire qu’il s’agit d’un thème de collection à part entière. La société Uhaul est spécialisée dans la location de véhicules ou de remorques car bien avant que cette possibilité ne soit offerte en Europe il était possible aux USA de louer un utilitaire ou simplement une remorque pour un déménagement. Cette société existe encore aujourd’hui.

Il y a quelques années, un collectionneur louait des encarts publicitaires dans la revue Antique toy world pour faire savoir qu’il recherchait tous les produits en rapport avec ce thème (gadget, publicité, jouets). La vision de sa collection sur le thème de la marque Uhaul donnait le vertige. Des firmes comme Nylint et Buddy L ont apposé les couleurs Uhaul sur des véhicules de leur production. Ainsi de nombreux jouets de grande taille furent proposés sur le marché, dont un grand nombre à usage promotionnel.

Les deux remorques Uhaul sont une parfaite illustration de ce fait. Celle en carton fait même office de tirelire… symbole des économies que les utilisateurs de ces véhicules pouvaient réaliser… ce terme revient souvent sur les publicités Uhaul, qui n’hésitent pas à chiffrer le gain qui profite aux clients.

Le coffret présenté n’est pas à usage promotionnel. Il était livré de manière alternative avec la Cadillac ou la Packard dès 1959. Autre point commun de ces deux berlines, elles sont les seules à être équipées d’un crochet de remorquage. La remorque Uhaul a connu des évolutions chez Tootsietoys ; elle a ensuite été attelée à l’Oldsmobile convertible en 1960 puis à la Ford Sation wagon en 1962. Viendra ensuite toute une série d’attelages dont un très rare ensemble composé de la MGTF avec Tubby teddy un des héros de dessins animés américains. Cela résume assez bien la popularité de cette firme. Nous imaginons aisément notre Packard partant pour quelques semaines de congés bien mérités de Chicago vers le lac Michigan…. La remorque de location n’est pas de trop pour trois semaines de vacances et pour emmener les jouets des trois enfants piaillant d’impatience dans l’habitacle surchauffé de la berline. Et puis il ne faut pas non plus oublier le matériel de pêche et le barbecue pour les grillades le soir au coin du feu . Non, décidément, l’année prochaine, il faudra une remorque à double essieu…certes on a toute l’année pour y penser et si on se fie aux grilles de réduction d’Uhaul , le surcoût ne sera pas un problème.

Un Dodge Royal Taxi à Mexico

  • Dodge Royal ’58 Taxi de Mexico
  • 13,5 cm ; échelle voisine du 1/43
  • roues monobloc en plastique de couleur noire dont les enjoliveurs sont rehaussés de peinture argent
  • modèle injecté en plastique, dépourvu d’aménagement intérieur
  • les pare-chocs et les feux arrières de couleur argent sont dessinés au pochoir
  • la partie basse des flancs est peinte en noir, ainsi que l’extrémité du capot avant, ceci dans un souci de reproduire fidèlement le modèle original.

La délimitation de la peinture noire sur les côtés est rehaussée d’une bande en papier autocollante décorée de triangles blancs, dans un souci évident d’offrir une finition de qualité. Cette technique permet en effet d’atténuer les projections de peinture involontaires…

Une bande figure aussi au dessus de la malle arrière ; la plaque d’immatriculation indique « mexico 1958 ». Nous avouons humblement n’avoir aucune information sur cette firme mexicaine. Même son identité nous échappe. Connaissez-vous d’autres modèles provenant du Mexique, représentant des autos américaines ? Il serait bien n’étonnant qu’il n’y ait pas d’autres modèles, et même d’autres versions (panaméricaine, police…) L’ensemble a fière allure. La combinaison de couleurs est harmonieuse. On se plaît à imaginer ces belles américaines, un peu fatiguées, dans les rues polluées de Mexico…

Le côté exotique de ces jouets nous a toujours attiré, notamment ceux d’Amérique du sud. N’est ce pas une partie du plaisir de la collection que de voyager en regardant nos vitrines ?

Déesses au pays des Aztèques

Politoys est une firme italienne, d’origine milanaise fondée en 1955. Très vite, grâce à une politique commerciale agressive elle se développe, en Italie bien sûr, mais aussi hors des frontières transalpines. Cette gamme se positionne dans le créneau des articles bon marché : l’Italie mettra plus de temps que ses voisins à se redresser de la guerre.

DS Mc Gregor
DS Mc Gregor

On peut facilement faire un parallèle avec notre fabricant national Norev en raison de deux points communs : les années de lancement et l’utilisation du plastique. Celui employé par Politoys s’avère avec le temps de meilleure qualité ; sa résistance est excellente et les couleurs vives perdurent. Les modèles sont assemblés par vis contrairement aux modèles Norev. Par contre, globalement, notre fabricant national a souvent reproduit de manière plus fidèle les autos que son concurrent milanais. A titre d’exemple, la reproduction de certaines Alfa Roméo est approximative.

Les Citroën DS Politoys que nous vous présentons ne sont pas non plus des modèles d’exactitude. L’ensemble de la gamme dégage un charme certain. Nous avouons avoir un faible pour les poids lourds, particulièrement réussis notamment les Fiat 682N et les utilitaires légers de marque Romeo. Ces modèles sont reproduits au 1/43, ce qui fait un autre point commun avec notre fabricant villeurbannais.

La similitude des deux camions semi remorque porte autos, le Fiat (Politoys) et le Berliet (Norev) est intéressante. Grâce à des prix de vente assez bas, ces miniatures s’imposeront rapidement. Lorsque, au milieu des années 60, le niveau de vie s’élèvera en Italie, Politoys passera à la production de miniatures en zamac. Avant cela, elle produira une étrange série dénommée « fibre glass ». L’idée était de proposer des autos injectées en plastique, puis peintes et équipées d’un châssis en zamac, donnant du poids à l’auto. On peut penser que Politoys a utilisé cette technique après avoir tiré les leçons du résultat peu convaincant des teintes métallisées injectées dans la masse. Les peintures métallisées, signe d’un certain luxe (!!!?) commençaient alors à envahir les catalogues des fabricants de jouets. Le résultat, flatteur dans un premier temps montra vite ses limites. En effet les parties ouvrantes équipant ces miniatures en plastique avaient tendance à écailler très rapidement les parties voisines de la carrosserie.

La firme Norev tentera l’expérience, avec plus de succès car elle n’utilisera cette technique que pour des autos… sans partie ouvrante ! Norev produira aussi à cette époque une série dénommé Cométal. Il s’agit de modèles avec la traditionnelle carrosserie en plastique injecté et teinté dans la masse, mais équipés d’un socle non plus en plastique mais injecté en zamac. Nous voyons bien qu’il y a bien plus de points communs avec ces deux firmes que l’on ne l’imagine.

Le succès international pour Politoys sera au rendez vous avec la série 500 qui est une série injectée entièrement en zamac.

Le plastique va être abandonné progressivement. Les dirigeants milanais se sont alors demandé que faire des moules obsolètes et ont trouvé une solution originale à leur problème.

Une entité Mexicaine va être créée en association avec un industriel local du nom de Mc Gregor : tous les moules partent pour Mexico, tous les châssis sont regravés avec l’inscription : « Mc Gregor Politoys made in Mexico ».

La finition des modèles Mc Gregor se singularise par le fait que la plupart des carrosseries sont injectées en plastique de couleur blanche puis peintes. En cela, cette firme se servira de l’expérience acquise par Politoys avec ses modèles en fibre glass. Ainsi les modèles que nous vous présentons sont peints. Aucune Citroën DS sortie de l’usine milanaise n’avait connue cette technique, le plastique étant alors teinté dans la masse. Autre différence notoire, les jantes : celles-ci sont issues de modèles plus récents créés par Politoys. Il faut bien avouer que le choix de jantes à rayons pour un break ID est discutable ! Nous avons trouvé ces autos aux USA, il y a une vingtaine d’années. A cette époque, ces productions exotiques n’intéressaient que très peu de collectionneurs. Nous avions déjà connu ce phénomène avec les Dalia et les Brosol.

Cette collection Mc Gregor est très riche car au fur et à mesure que les moules étaient retirés de fabrication en Italie, ils partaient connaître une deuxième vie sous le soleil de Mexico. Ainsi, après les Politoys, suivirent les Polistil.

Livraison au Cap en Bantam Karrier

Parmi tous les continents, l’Afrique est celui qui a engendré le moins de fabricants de jouets. Pour être plus précis, il faudrait dire le moins de fabricants de miniatures automobiles. Ce constat va de pair avec celui que l’on peut faire en ce qui concerne l’industrie automobile.

Bantam Karrier PMI
Bantam Karrier PMI

La situation de dépendance dans laquelle se trouvait nombre de pays africains a conduit à ce que le secteur de l’automobile reproduise ce qui existait dans les pays colonisateurs. Très rares sont les firmes africaines qui créeront leurs propres modèles. Pour cela, il aurait fallu des conditions économiques plus favorables que celles qui existaient de manière générale sur ce continent puisque la fabrication de miniatures automobiles dépend fortement de la culture automobile de la population.

L’Afrique du Sud cependant est un pays qui avait réuni toutes ces conditions. Sans nous étendre sur la méthode qui a consisté à écarter une très grande partie de la population du bénéfice de cet essor, il faut bien constater que l’Afrique du Sud sera le pays le plus actif pour la production de jouets en Afrique.

L’adoption d’un mode de vie fortement occidentalisé en est la raison. Il est certain que des firmes comme Corgi toys ou Matchbox étaient bien implantées en Afrique du Sud, comme elles l’étaient d’ailleurs au Liban et dans les pays du Maghreb. Ces firmes cependant ne fabriquèrent jamais sur place.

Seuls Dinky toys contournera l’embargo par l’intermédiaire de son importateur en Afrique du Sud, E. Harris, et assemblera des modèles sur place. Nous avouons que la conquête de ces modèles nous a donné bien du fil à retordre.

Si les Dinky toys Afrique du Sud sont bien connues des collectionneurs, qui connaît la firme PMI de Johanesbourg ? C’est en feuilletant le catalogue d’une salle des ventes anglaise, que nous avons été attirés par des photos de modèles de la firme PMI.

Il semblait qu’un collectionneur sud africain avait donné à vendre deux modèles, avec quelques Dinky toys assemblées là bas. Le premier était la reproduction au 1/43 environ (le tout mesure 17cm) d’un Karrier Bantam tracteur et de sa remorque plateau. L’ensemble est moulé assez finement, en zamac. Malheureusement, la qualité de celui-ci est assez médiocre et nous notons la présence de quelques traces de métal fatigue. La calandre rapportée, moulée également en zamac chromé constitue un détail intéressant. Les jantes en plastique de couleur noire portent les inscriptions « pmi ». Elles sont équipées de pneus en nylon de couleur grise. Un châssis en tôle noire maintient l’axe du tracteur. Le système de sellette est bien reproduit. L’ensemble est très réaliste ce qui donne à penser que ce petit tracteur semi remorque devait être fréquent en Afrique du Sud, dans les zones portuaires. La boîte le représente avec un chargement de caisses. l’inscription « S.A.R.H» (south african railways and harbour) et « S.A.S en H » (en afrikaans) figure sur la boîte mais pas sur le modèle réduit.

D’après M. Dufresne, grand spécialiste des langues, cette compagnie serait l’équivalent de la sernam de chez nous.il semble que Paolo Rampini n’ait pas eu connaissance de cette firme…

Mac Laren M8B : la chevauchée fantastique

Cette Mac Laren M8B se situe dans le dernier quart de la série 100.

C’est la période où chaque nouveauté Solido force l’admiration des petits et des grands.

Mac Laren M8B Solido
Mac Laren M8B Solido

La firme D’Oulins s’appuie sur deux concepts pour asseoir sa position dominante sur le marché de la miniature : une exactitude des formes et une richesse de détails qui fit passer ces simples jouets au statut de maquette.

Les formes d’abord. Les concepteurs du modèle ont bien capté les formes en coin de l’auto. Tout semble bien proportionné et la comparaison avec des photos de ces autos confirme le réalisme du modèle Solido. Le traitement du capot arrière constitue un détail significatif du soin apporté par Solido à ses maquettes : le fabricant a fait l’effort d’ajourer cette partie comme sur le modèle réel. Cela n’attire pas l’œil au premier abord mais ce détail a exigé de la part de ses concepteurs d’avoir un moule parfait ainsi qu’une excellente injection afin d’éviter un ébarbage fastidieux. A titre de comparaison, observez la manière dont Dinky Toys Liverpool a reproduit le capot arrière de sa Mac Laren M7A. La différence est éloquente.

Les détails maintenant. La bulle en plastique teintée de couleur bleu est excellemment traitée. Notons que, curieusement, sur les versions brésiliennes, sans que l’on sache pourquoi, elle est toujours teintée de couleur vert. Les accessoires en plastique chromé finissent d’habiller la carrosserie : rétroviseurs, arceaux de sécurité et dessus du block (chevy) si caractéristique des autos de cette série.

Enfin, dernier élément mais non des moindres, les jantes. Elles sont en zamac brut et reprennent le dessin à quatre branches de l’original. Solido fut le premier à comprendre l’importance de la reproduction de cet accessoire. Chaque auto de course à partir du milieu des années soixante était reproduit avec ses jantes caractéristiques.

Un détail cocasse à ce sujet : les miniatures de fabrication délocalisée comme les Dalia en Espagne ou les Brosol au Brésil ne respectent que rarement la rigueur du constructeur d’Oulins. Ainsi, la Mac Laren produite en Espagne reçue des jantes rayon en zamac brut totalement irréalistes. La version brésilienne reçut elle les jantes de la Lola T70…Alors que la T70 brésilienne reçut celle de la Ford MK IV. C’est à ces détails que l’on peut souvent identifier ces productions étrangères.

Enfin, la décoration du modèle est fidèle à celle de l’originale. Depuis l’apparition des sponsors, Solido a compris tout l’intérêt de fournir une planche de décalques permettant de compléter soi-même son modèle.

Dans ce domaine, il fut également un pionnier. Disons enfin un mot sur la couleur ou plutôt sur les couleurs. Le jaune aurait été la première couleur. Très vite abandonnée, elle sera remplacée par la couleur orange conformément à la vraie voiture. Bertrand Azema affirme dans son livre qu’il n’y eu qu’un orange : les variantes signalée ne seraient que des modèles décolorés. Certes, ce phénomène existe on ne peut le nier. Mais nous pouvons tout de même affirmer qu’il y a bien eu à l’origine deux teintes d’orange très distinctes qui ont évolué parallèlement aux oranges utilisés pour la production de la Mercedes C111. La version Dalia ne nous est connue qu’en orange mais il existe sûrement d’autres teintes. Enfin, la Brosol reçoit pour l’occasion un décalque plastifié sous le châssis indiquant sa provenance. Nous la nous possédons en orange, en noir et en vert. Ces trois modèles étaient présentées dans un écrin particulier vissées sur un socle en plastique.

Solido produisit là une superbe miniature et surpassa tous ses concurrents du moment.