1959 : le déclin commença à Bobigny

Il arrive que certains détails passent inaperçus et qu’on ne comprenne que bien plus tard leur importance. Le catalogue Dinky Toys de 1959 offre une belle illustration de cette généralité.

Dinky Toys chassis Studebaker
Dinky Toys chassis Studebaker

Observez bien cette page ; dans un premier réflexe, le collectionneur ne peut que se mettre à rêver : un taxi ariane aux couleurs inversées, une Buick saumon avec pavillon bleu, une Plymouth belvédère deux tons de brun, et enfin une Studebaker deux tons de bleu. Bien sûr ce ne sont que les dessins d’un catalogue. Je suis pourtant convaincu que ces modèles ont existé, au moins en tant qu’essais pour permettre au dessinateur d’utiliser ces autos peintes pour préparer les illustrations. On peut d’ailleurs constater qu’à part quelques rares exceptions, les couleurs utilisées existaient déjà dans la palette Meccano.

Les modèles seront effectivement produits avec des évolutions : la Buick deviendra saumon avec pavillon noir. La Belvédère havane et brun métallisé et la Studebaker dans la couleur inversée à celle que nous vous présentons. La poursuite de l’analyse conduit à penser que cette page est révélatrice du début du déclin de Dinky Toys.

L’année 1957 commence bien pour Meccano : la régie Renault suspend le contrat d’exclusivité pour la reproduction des miniatures Renault qui la liait à la CIJ.

Tout irait donc pour le mieux sans l’émergence de Solido qui propose sur le marché des innovations techniques majeures : suspension indépendante, vitre, aménagement intérieur, pilote amovible, et un peu plus tard portes ouvrantes !

En Grande-Bretagne, Corgi Toys bouscule aussi la hiérarchie des fabricants avec une politique très agressive à l’exportation. Corgi toys sera d’ailleurs une des rares firmes implantée dans le monde entier, comme Matchbox.

Deuxième ombre au tableau, Norev conquiert l’hexagone avec des prix bas très attractifs. Face à cette concurrence inventive, Dinky Toys n’aura jamais plus la réactivité qui lui aurait permis de reprendre l’avantage.

Ainsi, lorsque Dinky toys se décidera à équiper ses modèles de vitres, la concurrence aura déjà pensé à peaufiner l’aménagement intérieur de ses modèles. Quand Dinky Toys équipera ses modèles d’aménagement intérieur, Solido proposera des miniatures avec portes ouvrantes.

Notons enfin, que Dinky Toys maitrise mal ces innovations, notamment les parties ouvrantes. Revenons à ces étranges couleurs. L’interprétation que l’on peut en avoir est que la direction de Meccano souhaitait dynamiser son catalogue et ses ventes à moindre coût et qu’elle avait demandé au bureau de proposer de nouvelles et pimpantes couleurs. Le résultat est là, les couleurs sont réussies. Mais évidemment, cette simple réussite esthétique ne permit pas à Dinky Toys de garder sa suprématie face aux innovations techniques de ses concurrents, d’autant que les miniatures de Bobigny, certes de belle qualité, étaient comparativement plus chères.

Voilà pourquoi, à nos yeux ce catalogue est un peu le chant du cygne.

Travaux des champs à Johannesburg

Le second modèle connu de la firme PMI est un beau tracteur Massey Harris 745. Il est reproduit au 1/43 environ (9,5cm). L’inscription «pmi » est gravée à l’intérieur des ailes arrière. Le volant moulé d’une seule pièce actionne la direction. La gravure est très fine : les inscriptions Massey Harris et « 745 » sont gravées en creux ce qui est peu fréquent pour des miniatures.

Tracteur Massey Harris produit en Afrique du Sud
Tracteur Massey Harris produit en Afrique du Sud

La boîte, joliment illustrée est en quadrichromie, au contraire du Bantam, qui est dans le style sépia. Nous n’avons pas d’autres d’informations sur cette firme mais il serait étonnant qu’il n’y ait pas eu d’autres modèles, notamment des voitures.

Revenons aux Dinky Toys assemblées chez Harris : il est troublant de constater qu’il n’y a pas de camions ou tout au moins que nous ne les connaissons pas. Dans son livre sur les Dinky Toys, Jean-Michel Roulet évoque un Mercedes autocar de 18 places de couleur ivoire et bleu .Il est possible que cette couleur soit une production sud africaine. Mais nous ne l’avons jamais vu. Nous profitons de la présentation du tracteur de PMI, pour signaler que nous avons trouvé une version sud africaine du Massey Harris issu de l’outillage de Liverpool. Pour l’occasion celui ci est renommé « diesel Harris ». Ce marquage figurait très certainement sur les modèles à l’échelle 1 dans ce pays. Nous possédons également le boîtage ce qui garantit l’authenticité du modèle.

Il y a donc peut être eu d’autres utilitaires provenant de l’outillage de chez Dinky toys… et pourquoi pas des autos de chez PMI… profitez donc de la coupe du monde pour rechercher ces trésors entre deux matches de football, … surtout si vous avez un peu plus de temps libre que vous ne l’auriez souhaité.

Des Studebaker de toutes les couleurs

Les trois autos présentées proviennent de la famille Chaudey. Dans la fiche 74, nous nous sommes expliqués sur l’origine des couleurs des modèles des années 1958-1959. Ces trois Studebaker bicolores devaient faire partie de la palette qui avait été proposée à la direction.

Studebaker  et café Masda
Studebaker et café Masda

La version de notre rubrique présente d’ailleurs les couleurs inversées de celle du catalogue. La studebaker commander bleue arbore les couleurs inversées de celle du catalogue : le bleu pâle était à la mode au bureau d’étude. Durant cette période, on retrouve ce bleu pâle sur le projet du camion Unic boilot porte auto, sur une autre Studebaker qui a le pavillon crème et sur une étrange Ford Vedette qui reprend les deux bleus de notre studebaker, et une découpe de couleur identique à celle de la version taxi ; cette Ford Vedette, provient également de la famille Chaudey. La Studebaker beige et noir reprend exactement les couleurs de la Ford vedette taxi.

Le mystère demeure cependant pour la version prune. C’est l’exception qui confirme la règle selon laquelle Meccano utilisait des teintes provenant de ses produits déjà en fabrication : aucun autre véhicule de cette couleur n’est connu à ce jour.

Pour illustrer cette volonté Meccano de se renouveler en jouant sur les couleurs et leur disposition, nous vous présentons une autre version intéressante : seuls les flancs sont parés d’une couleur différente qui se distingue de la couleur de base. A l’arrivée, le modèle commercialisé aura un ton de base plus mastic que crème et son pavillon reprendra également la couleur contrastée retenue pour les flancs avec une nuance de ton. Ces modèles sont tous finis au pochoir et rivetés comme des modèles de série. C’est pourquoi ils ne sont certainement pas uniques.

Un mot sur la Studebaker orange unicolore. Elle provient d’un employé du bureau d’étude de Meccano, M. Malherbe. La finition est au pinceau et non au pochoir, ce qui lui confère une allure spécifique au niveau de la calandre. Elle n’a pas un intérêt particulier à l’exception de son châssis dont on ne connaît pas d’équivalent. Nous ne savons pas dans quel but ce modèle a été conçu. On peut se demander s’il ne s’agit pas d’un essai pour connaitre les délimitations du cache à créer ? La nature du châssis fait en effet penser à un modèle de pré série.Enfin, pour conclure sur la studebaker commander, nous ne pouvons passer sous silence la promotion du café Masda de Sao Paolo. Le buvard est connu, mais le sachet en papier beaucoup moins. Il est fort peu probable que des couleurs spéciales aient été distribuées en échange de bons de café. On peut facilement imaginer que si cela avait été le cas, Masda les aurait faites figurer sur ses publicités.

Il assez intéressant de constater que n’apparaît nulle part la mention Dinky Toys.

1953 : 1ère ébauche de la Studebaker 24 Y

Dinky Toys a toujours eu beaucoup d’affinités avec la firme Studebaker. Cela commence à Liverpool avec la 39F Studebaker Commander de 1939 et se poursuit avec la Land Cruiser et enfin la Golden Hawk.

Prototype Studebaker 24 Y Dinky Toys
Prototype Studebaker 24 Y Dinky Toys

La collaboration ne se limite pas aux voitures mais s’étend aux utilitaires notamment une belle série de camions citerne, arborant des publicités différentes. Le marché américain était certainement la cible des décideurs.

En héritant de l’outillage de la 39F anglaise, Bobigny fera à peu de frais de la Commander une de ses nouveautés d’après guerre. Puis, pour accompagner le petit camion Ford Poissy, la direction choisira une camionnette Studebaker.

Ce véhicule est peu connu sur les routes de France mais il est le symbole des véhicules américains circulant sur les routes des années 50. Bref, Studebaker est souvent à l’honneur chez Meccano.

Dans la logique qui veut qu’un modèle dont la production est arrêtée soit remplacé par un modèle équivalent mais plus récent, la firme de Bobigny songe dès 1952-1953 à remplacer sa 24 0 dont la reproduction figure un modèle de 1939. Après guerre, grâce à son designer Raymond Loewy, la firme Studebaker bénéficie d’une aura. Meccano entreprend donc l’étude d’un modèle du millésime 1953.

C’est ce modèle que nous vous présentons. Il est réalisé en bois, peint de couleur vert foncé. Dinky Toys se heurte cependant à un problème : chaque année, à Detroit, à l’occasion du salon de l’auto, les fabricants automobiles américains modifient leurs modèles. Certes, ce sont des détails mais l’aspect visuel peu facilement s’en trouver bouleversé. Pour les constructeurs américains, il est primordial de susciter l’envie des clients par des effets de mode. L’Europe sera gagnée par ce phénomène, mais un peu plus tard et dans une moindre proportion. Ainsi, le temps de réaliser un prototype et les plans du modèle de 1953, celui-ci se trouve déjà périmé par l’apparition au salon du millésime 1954. Les stylistes de Studebaker sont visiblement plus rapides que les agents du bureau d’étude de Meccano ! Dinky Toys décide donc de remettre au goût du jour son modèle, et retouche la face avant tout en conservant les ailes arrière. Il procèdera de la même manière avec les retouches opérées sur l’Aronde Elysée au niveau également des ailes arrière.

Au final, c’est donc un modèle de Studebaker peu réaliste que Dinky Toys met sur le marché. Nous avions déjà évoqué la difficulté pour les producteurs de miniatures à suivre les évolutions des constructeurs avec les monoplaces Cooper de chez Solido.

A l’arrivée ce sera pourtant une belle auto qui remplacera avantageusement l’obsolète 24 O.

Ernst Plank : 100 ans déjà – 2

Au premier coup d’œil, ces miniatures sont le pendant des belles autos produites par Carette, Märklin et autres Bing dans la région de Nüremberg, berceau des grandes firmes de jouets Allemandes.

Ernst Plank fut surtout célèbre à ses débuts pour ses machines à vapeur vive, très en vogue à la fin du 19ème siècle, ce qui paraît inconcevable aujourd’hui au regard des normes de sécurité.

Camion militaire Ernst Plank
Camion militaire Ernst Plank

Comme dans la réalité, le fabricant avait d’abord produit des machines fixes puis était passé naturellement en appliquant le même principe, la production d’énergie par la combustion de charbon, à des trains à vapeur. Ce furent les deux grands domaines d’activité de ce fabricant. Il diversifia ensuite sa production par l’intermédiaire de miniatures. Ernst Plank proposa dès les années 1905, une gamme d’autos et de camions réduite à l’échelle environ du 1/60ème. Ces jouets s’adressaient aussi bien aux petits garçons qu’aux petites filles. On note d’ailleurs la présence de nombreux personnages féminins à l’intérieur des autos.

Ces jouets sont à mettre en parallèle avec les Erzgebirge. Ils sont d’ailleurs reproduits à la même échelle, seul le matériau diffère, les Erzgebirge étant en bois. Il y aura des interconnections entre les deux marques : une gamme économique de Plank verra le jour avec des éléments en bois, le capot moteur, et des camions dotés fourgons également réalisés également en bois.

Tous les modèles Plank ont un châssis en tôle épaisse et des capots moteurs moulés en plomb. C’est là que réside le trait de génie de ce fabricant : offrir une gamme conséquente de modèles d’apparence fort différente, sur une base commune.

Les modèles se distinguent notamment par les ailes, quelquefois par leur absence. Ainsi, dans la gamme de véhicules militaires présentée ci-dessous, la carrosserie empruntée à la berline permettra la déclinaison d’une auto d’état major et de deux ambulances. Il a suffi au fabricant d’étudier un système d’ouverture du hayon arrière et de modifier subtilement la carrosserie. Ici, la découpe de la carrosserie, juste avant le poste de conduite, permet d’offrir une allure totalement différente de celle de la berline. On notera que le système d’ouverture du hayon évoluera avec le temps. Nous avons la trace d’un catalogue datant de 1905, où figurent déjà ces véhicules militaires.

Nous reviendrons, et sur plusieurs fiches sur les productions Plank, notamment les autos militaires, qui ont connu chez ce fabricant d’étonnantes déclinaisons…