Archives par mot-clé : Mac Gregor

Une Ferrari chez les Aztèques

Le titre est justifié par la provenance de notre Ferrari 246SP. Les amateurs éclairés que vous êtes auront reconnu le modèle produit par Ingap. Pourtant si l’outillage provient bien de chez Ingap en retournant le modèle, c’est l’inscription « Mac Gregor made in Mexico » qui apparaît, firme plus connue pour avoir récupéré l’outillage de Politoys, autre fabricant transalpin.

Coffret illustré Ingap
Coffret illustré Ingap

Il est fort probable que Mac Gregor a commencé son activité avec les moules de chez Ingap avant de tisser des liens plus étroits avec la firme Politoys.

J’avoue qu’avant de trouver ce modèle j’ignorais qu’Ingap avait envoyé des moules au Mexique. J’ai trouvé cette auto à Milan. Paolo Rampini présent sur place lors de cette édition de la bourse de Novegro ignorait également l’existence de ce lien commercial.

Quelle curieuse idée que de choisir cette teinte pour un jouet! Le culte voué par la civilisation aztèque au métal précieux pourrait à lui seul justifier le titre de notre chronique.

Cette couleur est peu fréquente dans les productions en zamac (coût de la peinture), et bien plus fréquente pour les réalisations en plastique teinté dans la masse. Ingap firme Italienne basée à Padoue a eu une intense activité dans le domaine de la production de jouets. Elle a produit des articles de qualité, utilisant des matériaux aussi différents que la tôle lithographiée ou le plastique injecté. Cette Ferrari en plastique fait partie d’un petit coffret joliment illustré comprenant six autos. Curieusement, le coffret contient 5 monoplaces et cette barquette, ce qui a permis au fabricant italien de glisser deux Ferrari… qui se sont illustrées en étant championnes du monde en 1961!

Mais ce qui a le plus motivé la présentation de ce modèle Mac Gregor, outre une certaine rareté, c’est l’histoire de cette auto, qui a une place dans l’histoire de Ferrari beaucoup plus importante qu’il n’y paraît. C’est en effet la première sport prototype de Maranello, avec le moteur placé en position centrale. Elle fut présentée le 13 février 1961 comme nous l’explique avec force anecdotes Christian Moity dans son superbe et très complet ouvrage paru chez Etai « Endurance, 50 ans d’histoire 1953-1963 ». Comme la monoplace, elle reçoit un moteur V6. C’est la première fois qu’Enzo Ferrari consent à utiliser une soufflerie pour l’étude aérodynamique, d’où la présence d’une dérive sur le capot arrière, un peu à la mode des Jaguar type D. C’est bien cette version qu’Ingap puis Mac Gregor ont reproduit. Pourtant, l’auto ne participera à aucune compétition dans cette configuration ! En effet, dès les premiers essais, elle se révélera très instable, aux dépens de Wolfgang Von Trips notamment qui ne pourra éviter de faire un tonneau ! C’est Richie Ginther qui trouvera la solution en faisant monter une lame d’aluminium sur la bordure du capot arrière…ce sera la naissance du becquet ! L’autre caractéristique de cette production de Maranello est la présence de calandre « à narines ».Carlo Chiti, l’ingénieur de l’époque l’imposera sur toute la gamme. En 1961 les versions TR 12 cylindres, moteur avant s’imposeront dans 3 manches (Sebring, Le Mans et Pescara) laissant à notre petite 246SP la Targa Florio tandis que la Maserati Birdcage s’impose au Nürburgring. Ce modèle servira de base à la future génération de sport prototype.

Mais je ne peux terminer cette petite histoire sans une pensée pour les deux grands champions natifs du Mexique comme notre petite miniature : les frères Rodriguez. Ils se font connaître au début des années 60. Un de leurs premiers faits d’arme sera l’édition des 24 heures du Mans 1961 où ils donneront bien du fil à retordre à l’usine Ferrari avec leur Ferrari TR du Nart. C’est sûrement en pensant à ces deux champions que les gamins de Mexico jouaient avec notre petite Ferrari.

Déesses au pays des Aztèques

Politoys est une firme italienne, d’origine milanaise fondée en 1955. Très vite, grâce à une politique commerciale agressive elle se développe, en Italie bien sûr, mais aussi hors des frontières transalpines. Cette gamme se positionne dans le créneau des articles bon marché : l’Italie mettra plus de temps que ses voisins à se redresser de la guerre.

DS Mc Gregor
DS Mc Gregor

On peut facilement faire un parallèle avec notre fabricant national Norev en raison de deux points communs : les années de lancement et l’utilisation du plastique. Celui employé par Politoys s’avère avec le temps de meilleure qualité ; sa résistance est excellente et les couleurs vives perdurent. Les modèles sont assemblés par vis contrairement aux modèles Norev. Par contre, globalement, notre fabricant national a souvent reproduit de manière plus fidèle les autos que son concurrent milanais. A titre d’exemple, la reproduction de certaines Alfa Roméo est approximative.

Les Citroën DS Politoys que nous vous présentons ne sont pas non plus des modèles d’exactitude. L’ensemble de la gamme dégage un charme certain. Nous avouons avoir un faible pour les poids lourds, particulièrement réussis notamment les Fiat 682N et les utilitaires légers de marque Romeo. Ces modèles sont reproduits au 1/43, ce qui fait un autre point commun avec notre fabricant villeurbannais.

La similitude des deux camions semi remorque porte autos, le Fiat (Politoys) et le Berliet (Norev) est intéressante. Grâce à des prix de vente assez bas, ces miniatures s’imposeront rapidement. Lorsque, au milieu des années 60, le niveau de vie s’élèvera en Italie, Politoys passera à la production de miniatures en zamac. Avant cela, elle produira une étrange série dénommée « fibre glass ». L’idée était de proposer des autos injectées en plastique, puis peintes et équipées d’un châssis en zamac, donnant du poids à l’auto. On peut penser que Politoys a utilisé cette technique après avoir tiré les leçons du résultat peu convaincant des teintes métallisées injectées dans la masse. Les peintures métallisées, signe d’un certain luxe (!!!?) commençaient alors à envahir les catalogues des fabricants de jouets. Le résultat, flatteur dans un premier temps montra vite ses limites. En effet les parties ouvrantes équipant ces miniatures en plastique avaient tendance à écailler très rapidement les parties voisines de la carrosserie.

La firme Norev tentera l’expérience, avec plus de succès car elle n’utilisera cette technique que pour des autos… sans partie ouvrante ! Norev produira aussi à cette époque une série dénommé Cométal. Il s’agit de modèles avec la traditionnelle carrosserie en plastique injecté et teinté dans la masse, mais équipés d’un socle non plus en plastique mais injecté en zamac. Nous voyons bien qu’il y a bien plus de points communs avec ces deux firmes que l’on ne l’imagine.

Le succès international pour Politoys sera au rendez vous avec la série 500 qui est une série injectée entièrement en zamac.

Le plastique va être abandonné progressivement. Les dirigeants milanais se sont alors demandé que faire des moules obsolètes et ont trouvé une solution originale à leur problème.

Une entité Mexicaine va être créée en association avec un industriel local du nom de Mc Gregor : tous les moules partent pour Mexico, tous les châssis sont regravés avec l’inscription : « Mc Gregor Politoys made in Mexico ».

La finition des modèles Mc Gregor se singularise par le fait que la plupart des carrosseries sont injectées en plastique de couleur blanche puis peintes. En cela, cette firme se servira de l’expérience acquise par Politoys avec ses modèles en fibre glass. Ainsi les modèles que nous vous présentons sont peints. Aucune Citroën DS sortie de l’usine milanaise n’avait connue cette technique, le plastique étant alors teinté dans la masse. Autre différence notoire, les jantes : celles-ci sont issues de modèles plus récents créés par Politoys. Il faut bien avouer que le choix de jantes à rayons pour un break ID est discutable ! Nous avons trouvé ces autos aux USA, il y a une vingtaine d’années. A cette époque, ces productions exotiques n’intéressaient que très peu de collectionneurs. Nous avions déjà connu ce phénomène avec les Dalia et les Brosol.

Cette collection Mc Gregor est très riche car au fur et à mesure que les moules étaient retirés de fabrication en Italie, ils partaient connaître une deuxième vie sous le soleil de Mexico. Ainsi, après les Politoys, suivirent les Polistil.