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Ballade dans le New York de 1939

A chaque voyage outre-Atlantique, j’essaie de ramener un objet pour lequel j’ai eu un vrai coup de cœur, sans aucun critère prédéterminé. Ce sont souvent des objets dont j’ignorais l’existence même avant de les trouver. Voici un objet  créait par Arcade  pour l’exposition de New York de 1939.

Il faut reconnaître que la production de miniatures automobiles a été suffisamment importante et variée pour que je découvre à chacun de mes voyages des miniatures inédites. Pour certaines d’entre-elles, je ne les ai jamais plus rencontrées.

souvenir de l'expo de New York 1939
souvenir de l’expo de New York 1939

Nous avons du mal, en Europe, à imaginer le très vaste marché qu’étaient les Etats-Unis en ce qui concerne l’industrie du jouet. Au début du 20ème siècle, c’est bien évidemment l’industrie allemande qui domine dans le domaine du jouet de qualité. L’industrie locale a mis du temps à s’organiser. A titre d’exemple, la firme américaine Tootsietoys commença avec des reproductions de jouets SR. La firme SR a elle-même tenté sa chance outre-Atlantique, en proposant des modèles uniquement pour ce marché, comme le célèbre « Yellow cab ». Puis les Anglais, et surtout les Japonais, ont trouvé aux Etats-Unis un véritable Eldorado, et ce bien avant la seconde guerre mondiale.

Sur place, l’industrie du jouet s’est vite développée pour répondre à une demande existante et surtout à des goûts particuliers.

Un matériau s’est alors imposé pour la production de ce qu’on appelle les cast iron. Je ne connais pas d’autres pays où ce matériau a été utilisé pour l’industrie du jouet.

Nous pourrions traduire cela par « fonte »…oui, comme nos radiateurs ! Ce matériau excessivement robuste ne permet pas des réalisations très fines au niveau de la gravure mais il convient parfaitement aux jouets de grande taille et permet de les réaliser à la chaîne : c’est bien là que réside son intérêt. La plupart des modèles ont été réalisés en plusieurs tailles, parfois 5 ou 6, parmi lesquelles le client peut choisir en fonction de son budget. C’est certainement pour cette raison que les collectionneurs américains affectionnent les jouets de grande taille : ils symbolisent le pouvoir d’achat !

Parfois, la vue de certains modèles en cast iron qui pèsent plusieurs kilos me laisse dubitatif sur le fait qu’ils aient pu réellement être utilisés en tant que jouets. Evidemment, il y a quelque avantage à offrir à ses enfants, surtout ceux qu’on range dans la catégorie « brise-fer », un jouet indestructible ! La technique de fabrication évoluera dans le temps. Elle passe d’un moulage monobloc (une pièce) à un moulage en deux parties, puis très vite trois parties offrant plus de détails (les modèles sont alors dénommés par les amateurs « 3 parts »). Cela permet de faire ressortir la calandre, en métal chromé qui constitue la troisième partie et qui, souvent, maintient l’axe avant. Il faut avouer qu’aucun modèle ne peut être regardé comme une reproduction fidèle. Il s’en dégage par contre beaucoup de charme. Ces jouets ont été une véritable découverte pour moi.

Certains américains m’ont raconté qu’ayant amené avec eux ce type de jouets en Europe, ils n’avaient suscité que du mépris de la part des collectionneurs européens. Notons enfin que les cast iron constituent un marché très important aux Etats-Unis et que les prix sont souvent dissuasifs pour nous. C’est la seconde guerre mondiale qui stoppera l’essor de firmes comme Arcade, qui constitue la référence en la matière, ou Hubley. Cette dernière saura d’adapter en passant au zamac, avec une certaine habileté qui la conduira parfois à marier les deux matériaux alors qu’Arcade ne survivra pas et verra l’arrêt de son activité en 1943. Il est certain que le coût de fabrication des modèles en cast iron devait être élevé par rapport à celui des modèles en zamac ou en tôle. Par ailleurs cette production n’était plus en adéquation avec une demande qui avait évolué et qui réclamait davantage de fidélité dans les reproductions.

Ainsi ce petit train de l’exposition universelle de New York de 1939 peut être considéré comme une des dernières productions d’Arcade. Il sera produit en deux versions : une version de base avec le tracteur et un wagon, et une version « luxe » avec le tracteur et trois wagons. Ce train conjugue déjà deux matériaux : les pavillons des wagons sont réalisés en tôle lithographiée. Si l’ensemble manque de finesse il n’est pas dénué de charme et devait constituer le cadeau idéal pour un papa visitant la foire et désireux de faire plaisir à sa progéniture…le visiteur attentionné pouvait d’ailleurs également combler son épouse en lui offrant la reproduction miniature des deux symboles futuristes de la foire, la « Perisphere » et le « Trylon », faisant respectivement office de salière et de poivrière (visibles sur les clichés).

Notre train de New-York rencontrera un succès moindre que celui réalisé pour l’exposition de Chicago. Celui-ci représente un GMC tractant une longue remorque aux couleurs de la Greyhound. Ce véhicule produit par Arcade pourrait constituer un thème à part entière. Il existe en 5 tailles avec de nombreuses variantes dans les décorations.

Vacances sur les bords du lac Michigan

Tootsietoys est une firme établie à Chicago dans l’Illinois. Cette firme a connu une étrange histoire. Ses créateurs sont issus de l’industrie de la presse ; on leur doit à ce titre la publication de « the National Laundry Journal ».

Tootsietoys remorque Uhaul
Tootsietoys remorque Uhaul

En 1893, alors qu’il visitait la World ‘s columbian exposition, l’un d’eux, Samuel Dowst, s’intéresse à une machine qui injecte des boutons en zamac. Il en fit l’acquisition et se lança dans ce type de production. Afin de rentabiliser ces machines, d’autres applications furent rapidement trouvées, notamment la production de petits jouets distribués dans les pochettes surprises.

L’usine connut un essor économique important. L’année 1914 vit la production de la Ford T chez Tootsietoys qu’on estime à 50 millions d’exemplaires ! (source David Richter).

Bien avant Dinky toys, la firme de Chicago eut un succès très important. Il faut aussi bien comprendre que contrairement à la firme de Liverpool, la qualité d’exécution n’était pas la motivation première de cette firme ; c’est plutôt la production de masse qui était le but.

Durant toute son existence la firme de Chicago inondera de ses modèles le marché américain. Le modèle que nous présentons se situe à une période où la concurrence étrangère commence à s’attaquer au marché prometteur que constituent les USA.

Notre Packard Patrician vit le jour sur les chaînes de Tootsietoys en 1955. Elle fait partie de la série « six inch ». Cette auto verra son destin lié à celui de la Cadillac 62 sedan. Toutes les deux seront d’abord vendues à la pièce puis recevront chacune un châssis en tôle lithographié et un étui individuel, fait peu fréquent chez ce fabricant. Enfin, elles seront associées à des attelages, le hors-bord, et la remorque Uhaul qui constitue le fil conducteur de notre petite chronique

Les américains ont toujours été attachés à leur mobilité : depuis l’arrivée des premiers immigrants, il est dans leur tradition d’accepter de se déplacer. Il est de coutume d‘évoquer la grande mobilité des salariés américains, qui n’hésitent pas à partir à l’autre bout du pays pour progresser dans leur carrière, contrairement aux français qui sont davantage attachés à leurs racines. Cette différence culturelle a favorisé l’émergence de très grandes sociétés de déménagement.

Pour notre grand plaisir de collectionneurs de miniatures ces entreprises ont d’ailleurs offert de nombreuses reproductions. On peut même dire qu’il s’agit d’un thème de collection à part entière. La société Uhaul est spécialisée dans la location de véhicules ou de remorques car bien avant que cette possibilité ne soit offerte en Europe il était possible aux USA de louer un utilitaire ou simplement une remorque pour un déménagement. Cette société existe encore aujourd’hui.

Il y a quelques années, un collectionneur louait des encarts publicitaires dans la revue Antique toy world pour faire savoir qu’il recherchait tous les produits en rapport avec ce thème (gadget, publicité, jouets). La vision de sa collection sur le thème de la marque Uhaul donnait le vertige. Des firmes comme Nylint et Buddy L ont apposé les couleurs Uhaul sur des véhicules de leur production. Ainsi de nombreux jouets de grande taille furent proposés sur le marché, dont un grand nombre à usage promotionnel.

Les deux remorques Uhaul sont une parfaite illustration de ce fait. Celle en carton fait même office de tirelire… symbole des économies que les utilisateurs de ces véhicules pouvaient réaliser… ce terme revient souvent sur les publicités Uhaul, qui n’hésitent pas à chiffrer le gain qui profite aux clients.

Le coffret présenté n’est pas à usage promotionnel. Il était livré de manière alternative avec la Cadillac ou la Packard dès 1959. Autre point commun de ces deux berlines, elles sont les seules à être équipées d’un crochet de remorquage. La remorque Uhaul a connu des évolutions chez Tootsietoys ; elle a ensuite été attelée à l’Oldsmobile convertible en 1960 puis à la Ford Sation wagon en 1962. Viendra ensuite toute une série d’attelages dont un très rare ensemble composé de la MGTF avec Tubby teddy un des héros de dessins animés américains. Cela résume assez bien la popularité de cette firme. Nous imaginons aisément notre Packard partant pour quelques semaines de congés bien mérités de Chicago vers le lac Michigan…. La remorque de location n’est pas de trop pour trois semaines de vacances et pour emmener les jouets des trois enfants piaillant d’impatience dans l’habitacle surchauffé de la berline. Et puis il ne faut pas non plus oublier le matériel de pêche et le barbecue pour les grillades le soir au coin du feu . Non, décidément, l’année prochaine, il faudra une remorque à double essieu…certes on a toute l’année pour y penser et si on se fie aux grilles de réduction d’Uhaul , le surcoût ne sera pas un problème.

Un Dodge Royal Taxi à Mexico

  • Dodge Royal ’58 Taxi de Mexico
  • 13,5 cm ; échelle voisine du 1/43
  • roues monobloc en plastique de couleur noire dont les enjoliveurs sont rehaussés de peinture argent
  • modèle injecté en plastique, dépourvu d’aménagement intérieur
  • les pare-chocs et les feux arrières de couleur argent sont dessinés au pochoir
  • la partie basse des flancs est peinte en noir, ainsi que l’extrémité du capot avant, ceci dans un souci de reproduire fidèlement le modèle original.

La délimitation de la peinture noire sur les côtés est rehaussée d’une bande en papier autocollante décorée de triangles blancs, dans un souci évident d’offrir une finition de qualité. Cette technique permet en effet d’atténuer les projections de peinture involontaires…

Une bande figure aussi au dessus de la malle arrière ; la plaque d’immatriculation indique « mexico 1958 ». Nous avouons humblement n’avoir aucune information sur cette firme mexicaine. Même son identité nous échappe. Connaissez-vous d’autres modèles provenant du Mexique, représentant des autos américaines ? Il serait bien n’étonnant qu’il n’y ait pas d’autres modèles, et même d’autres versions (panaméricaine, police…) L’ensemble a fière allure. La combinaison de couleurs est harmonieuse. On se plaît à imaginer ces belles américaines, un peu fatiguées, dans les rues polluées de Mexico…

Le côté exotique de ces jouets nous a toujours attiré, notamment ceux d’Amérique du sud. N’est ce pas une partie du plaisir de la collection que de voyager en regardant nos vitrines ?

Des Studebaker de toutes les couleurs

Les trois autos présentées proviennent de la famille Chaudey. Dans la fiche 74, nous nous sommes expliqués sur l’origine des couleurs des modèles des années 1958-1959. Ces trois Studebaker bicolores devaient faire partie de la palette qui avait été proposée à la direction.

Studebaker  et café Masda
Studebaker et café Masda

La version de notre rubrique présente d’ailleurs les couleurs inversées de celle du catalogue. La studebaker commander bleue arbore les couleurs inversées de celle du catalogue : le bleu pâle était à la mode au bureau d’étude. Durant cette période, on retrouve ce bleu pâle sur le projet du camion Unic boilot porte auto, sur une autre Studebaker qui a le pavillon crème et sur une étrange Ford Vedette qui reprend les deux bleus de notre studebaker, et une découpe de couleur identique à celle de la version taxi ; cette Ford Vedette, provient également de la famille Chaudey. La Studebaker beige et noir reprend exactement les couleurs de la Ford vedette taxi.

Le mystère demeure cependant pour la version prune. C’est l’exception qui confirme la règle selon laquelle Meccano utilisait des teintes provenant de ses produits déjà en fabrication : aucun autre véhicule de cette couleur n’est connu à ce jour.

Pour illustrer cette volonté Meccano de se renouveler en jouant sur les couleurs et leur disposition, nous vous présentons une autre version intéressante : seuls les flancs sont parés d’une couleur différente qui se distingue de la couleur de base. A l’arrivée, le modèle commercialisé aura un ton de base plus mastic que crème et son pavillon reprendra également la couleur contrastée retenue pour les flancs avec une nuance de ton. Ces modèles sont tous finis au pochoir et rivetés comme des modèles de série. C’est pourquoi ils ne sont certainement pas uniques.

Un mot sur la Studebaker orange unicolore. Elle provient d’un employé du bureau d’étude de Meccano, M. Malherbe. La finition est au pinceau et non au pochoir, ce qui lui confère une allure spécifique au niveau de la calandre. Elle n’a pas un intérêt particulier à l’exception de son châssis dont on ne connaît pas d’équivalent. Nous ne savons pas dans quel but ce modèle a été conçu. On peut se demander s’il ne s’agit pas d’un essai pour connaitre les délimitations du cache à créer ? La nature du châssis fait en effet penser à un modèle de pré série.Enfin, pour conclure sur la studebaker commander, nous ne pouvons passer sous silence la promotion du café Masda de Sao Paolo. Le buvard est connu, mais le sachet en papier beaucoup moins. Il est fort peu probable que des couleurs spéciales aient été distribuées en échange de bons de café. On peut facilement imaginer que si cela avait été le cas, Masda les aurait faites figurer sur ses publicités.

Il assez intéressant de constater que n’apparaît nulle part la mention Dinky Toys.

Un Mack pompier dans les rues de Londres

Il est parfois des logiques industrielles qui échappent au premier abord. Le cas de ce camion Mack pompier semi-remorque grande échelle en est une. C’est en effet le fabricant britannique Moore qui est l’auteur de cette reproduction.

Que peut bien faire ce beau camion Mack d’origine américaine dans les rues de Londres ? Le Royaume uni s’est toujours singularisé avec des véhicules que l’on ne rencontre nulle part ailleurs à l’exemple de ses autobus et de ses taxis. Les véhicules d’incendie ne font pas exception à la règle.

Camions Mack pompier Tootsietoys et Moore
Camions Mack pompier Tootsietoys et Moore

Les Merryweather et les Dennis, constructeurs britanniques de véhicules spéciaux, dont bien évidemment des véhicules d’incendie, ont produit des véhicules aux formes typiques que l’on ne croise que dans les pays du Commonwealth.

Remontons le temps. Tootsietoys, firme qui vit le jour dans les années 20, à Chicago, avait implanté une unité de fabrication en Grande-Bretagne. Ce fait est peu connu. Il y a une vingtaine d’années, dans une bourse à Londres, nous avons acquis un coffret Tootsietoys composé de camions Mack bulldog. La présentation du coffret ainsi que l’étiquette était identique aux coffrets américains. Mais un examen minutieux révéla une surprise : la présence de la mention Made in England. Plus tard, lors de nos voyages outre-atlantique, nous avons eu l’occasion de converser avec de grands amateurs de Tootsietoys. Nous leur avons signalé cette variante étrange et nous nous sommes aperçu que peu d’entre eux avait eu connaissance de cette branche anglaise. Nous avons découvert ensuite bien d’autres Tootsietoys « made in England » : Ford A, Ford T, Yellow cab… et un splendide coffret ayant pour thème la poste aérienne et comprenant des avions trimoteurs et des camions Mack qui avaient troqué la livrée US air mail pour celle du royal air mail !

Après quelques recherches auprès de gens compétents nous apprîmes que Jo Hill co, en parallèle à sa propre production, avait fabriqué sous licence ces Tootsietoys. On peut penser que Tootsietoys avait expédié en Grande-Bretagne des moules utilisés pour la production de modèles qui n’étaient plus à son catalogue. Le moulage, en plomb est plus grossier, plus empâté, que les modèles américains. Nous aurons le plaisir de vous présenter plus tard ces coffrets. Il y a donc bien eu une tentative d’implantation de production en Europe. Enfin, en Grande Bretagne pour être précis. Il est clair que Tootsietoys USA essaya par le biais d’importateurs de diffuser ses produits « made in USA » en Belgique, Suisse, Suède et même en Angleterre par l’intermédiaire de l’entreprise Moore.

Il est assez fréquent de rencontrer des jouets provenant de Chicago dans ces contrées, mais en aucun cas des Jo hill co, qui n’ont jamais été exportées. L’histoire se répétera, mais dans l’autre sens, avec une série de Lone star exploitée outre atlantique par Tootsietoys

Concernant ce camion Mack, nous possédons très peu d’éléments. Au premier regard on peut penser à un modèle où la seule différence serait le boîtage. C’est d’ailleurs la présence de cette étrange boîte qui nous a attiré. Un examen comparatif avec la version américaine nous amène à conclure que de nombreux détails ont été retouchés. Nous vous laissons constater sur les clichés.

Le fabricant Moore n’est pas listé par Paolo Rampini. D’ailleurs est-ce un fabricant ? … en fait, Moore était l’importateur officiel de Tootsietoys en Grande-Bretagne. Avant la Guerre, il a donc vendu, parallèlement aux modèles Jo Hill co fabriqués en Angleterre des modèles made in USA. Après guerre, il s’est aventuré dans la production comme Jo Hill co en retouchant ce camion Mack : ce fut un essai unique et malheureux.